Le Seigneur des Ténèbres régnait sur le monde magique, ou presque, puisqu'il y avait toujours ces sorciers qui pensaient que la magie noire n'avait pas sa place dans notre monde, qu'il fallait accepter les moldus et leur mode de vie, qu'il fallait les défendre, même... Personne ne pouvait ignorer la montée en puissance des mangemorts, en cette période, et si nous avions été un peu plus organisés, il n'aurait pas été bien difficile de fomenter un coup d'état, un vrai.
Mais il n'existait pas de véritable organisation au sein des mangemorts. Nous étions tous au même niveau, nous recevions tous nos ordres du Seigneur des Ténèbres lui-même et nous n'avions de comptes à rendre à personne d'autre. Bien sûr, il existait quelques affinités entre personnes, c'était normal, dès qu'il y avait un groupe, des personnalités se rapprochaient, d'autres s'éloignaient... c'était un comportement social tout ce qu'il y avait de plus normal.

Ma future femme et moi, comme tous les autres mangemorts, faisions régulièrement partie des sorciers envoyés en mission pour casser du moldu. Nous partions en raid, nos baguettes bien cachées, nous amadouions les moldus visés puis nous les défoncions avec plus ou moins de violence. C'était un loisir qui nous plaisait beaucoup, nous pouvions passer ainsi de bons moments avec de vieux amis, Rodolphus et Rabastan, notamment, pour ne citer qu'eux, et nous avions bien souvent la chance de profiter pleinement de ces instants.
Et, j’adorais cela.
Elianor et moi étions fiancés depuis quelques mois maintenant. La vie était belle, à ses côtés, je me sentais fou amoureux et nous avions la chance de partager pas mal de choses tous les deux. Ces raids contre les moldus en faisaient partie. Nous aimions rivaliser d'imagination et d'originalité, nous jouions à mêler l'élégance à la violence et la classe au sang moldu. C'étaient là des instants précieux, pour nous, nous étions tout à fait libres de laisser nos idées aller et venir au gré de nos envies.

Alors quand je sentis l’appel du Seigneur ce soir-là, via la marque des Ténèbres qui ornait mon avant-bras, ce fut en souriant que je m’adressais à Elianor qui était installée à côté de moi dans le divan en cuir de dragon noir des Hébrides : « Tu as ressenti l'appel, toi aussi, mon coeur ? »

Dans des moments comme celui-là, je sentais bien vite poindre au creux de mon ventre l’excitation des moments à venir. J’anticipais le plaisir que nous allions avoir à participer à ce raid tout en étant ensemble, en partageant une passion peu commune et terriblement agréable à vivre.
Nous étions bien souvent en parfaite osmose pour ce genre de situation, Elianor et moi, et rien qu’imaginer ce que nous allions pouvoir vivre ensemble, à nouveau, cela me rendait impatient, moi qui habituellement étais plutôt du genre à prendre le temps pour que tout soit toujours parfait, jusque dans les moindres détails. Parce que j'aimais ça, qu'il n'y ait aucune ombre au tableau, que nous soyons tous deux dans un élan d'inspiration, que nous soyons comme liés par le goût du sang et du stupre...

Bien sûr, quiconque nous aurait alors vus nous aurait bien vite pris pour des cinglés... et nous étions peut-être un peu fous, certes, tant ces instants nous remplissaient d'une enivrante euphorie.

Chaque moment que nous passions ensemble me conférait un véritable sentiment de bien-être. Et si je n’étais pas un sorcier au sang pur, j’en avais tout de même reçu l’éducation et j’en arborais les attitudes. Il n’aurait pu en être autrement, à vrai dire.
Les moments où le Seigneur des Ténèbres nous demandait étaient souvent des moments privilégiés pour nous amuser avec les autres mangemorts. Nous avions ainsi régulièrement fait de petites sorties avec les frères Lestrange, d’excellents amis à moi, et nous étions alors aussi intenables que des élèves de Poudlard lors de leur première sortie à Pré-au-Lard.
Je savais que j’étais chanceux d’être fiancé à cette femme magnifique, intelligente et raffinée. Elianor aimait aussi les soirées comme celle qui se profilait. Nous allions clairement nous amuser, ce soir.
La main de ma douce s’était posée sur mon avant-bras, et je vins mettre une main par-dessus.

« « N’oublions pas nos masques.» »  

Marchant vers le hall, je pris nos attributs de mangemorts pour lui passer la cape noire et le masque qui étaient siens et prendre les miens.
Une fois prêts, nous pûmes transplaner.

Un château de facture ancienne, quelques mangemorts et le Seigneur au centre. Ce fut avec Elianor au bras que je rejoignis nos camarades pour écouter les explications du Dark Lord.
Nous étions dans une salle cachée d’un château réputé hanté dans le monde moldu. Un château qui, ce soir, servait de décor pour le tournage d’un film d’horreur moldu. Une véritable aubaine pour nous ! Le Seigneur des Ténèbres avait toujours eu un sens de l'humour plaisant et, en plus de cela, il avait bien souvent le don de nous dégotter des petits coins sympathiques, comme celui-ci.

Les moldus étaient terriblement bêtes. Leur idée de tourner un film d'horreur dans ces décors, c’était nous ouvrir la porte, très clairement. Je pris la main de ma fiancée dans la mienne. Nous allions passer une bonne soirée, c’était une certitude. Le Seigneur des Ténèbres cherchait surtout une façon de faire un nouveau gros coup pour ébranler le monde non magique. Et son idée était excellente. Cela allait semer la terreur dans la ville écossaise d'Edinburgh et nous pourrions profiter du capharnaüm pour faire des prisonniers. Magnifique. Nous fûmes répartis en équipes. Je restais avec ma fiancée, désireux de partager cette soirée prometteuse en sa compagnie plus que charmante, et nous nous répartîmes ensuite le château. Elianor et moi reçûmes l'attribution des sous-sols. Oubliettes, caves, cachots... Je ne pus m'empêcher de penser que nous avions certainement écopé là de l'une des meilleures parties du château ! Et quand nous nous mîmes en route, je fis part à ma promise de ce que cela m'inspirait.

« Toi aussi tu as envie d'innover un peu en matière d'amusement ? » D'après les informations dont nous disposions, il y avait une équipe de deux caméramen et deux preneurs de son, ainsi qu'une actrice et un acteur dans notre section. Il nous fallait avancer silencieusement, une fois en bas, pour ne pas nous faire repérer. L'effet de surprise était toujours bien plus saisissant. Elle ôta alors ses talons et me souffla son idée. J’adorais quand elle m’appelait darling, ça me donnait l’impression d’être unique… « Quand tu me fais ces yeux-là, avec cette démarche-là… je suis d’accord avec tout ce que tu peux dire… »

Quand je voyais Elianor comme cela, je ne pouvais que ressentir cette intensité qui m'envahissait en sa présence. Sa grâce, sa manière délicate d'ôter ses hauts talons, l'aspect menu de ses jolis pieds... Ce n'étaient que de petits détails pour la plupart des gens, mais je prenais pleinement la mesure de ce que je ressentais.
« J’aime bien l’idée… On garderait les acteurs, peut-être ? »
Un homme et une femme, cela laisserait de quoi bien s'amuser...
« Quant aux autres... j'ai bien envie de les cuisiner un peu... Le sortilège de mort sera une vraie libération pour eux. »
Mais d'abord, les maîtriser et les saigner. Je voulais un bain de sang. Un vrai de vrai. Je voulais que ça gicle sur les murs, sur le sol, sur tout ce qui allait nous entourer... Je plaçais une main dans le bas du dos de ma belle.
« Ou on pourrait terminer par un caméraman, après l'avoir forcé à tout enregistrer ? » C’était un peu glauque, mais puisqu’ils étaient payés pour tourner un fil d’horreur, autant y aller à fond, non ?
Je caressais doucement la croupe de ma fiancée. Dans ce genre de moments, je tenais toujours à faire passer son plaisir avant le mien. Nous étions tous deux dotés d’une imagination assez fertile et j’aimais voir ma chère et tendre s’épanouir dans nos activités communes.
« Tant que nous restons masqués, tout sera parfait, ma douce… »
Nous descendîmes ensemble les marches, pour nous retrouver bien vite au niveau du sous-sol. Nous avions hâte de commencer les festivités et il était clair que nous n’allions pas nous faire prier. Depuis que j’étais avec Elianor, les raids de ce genre avaient beaucoup changé. Ce n’était plus comme une virée entre potes où, avec Rodolphus et Rabastan, on s’amusait comme des cons… Elianor ajoutait la grâce, le bon goût, la beauté et l’amour à tout cela… J’avais toujours pris énormément de plaisir à passer du temps avec ma fiancée, mais quand nous pouvions passer du temps ensemble, dans des circonstances aussi joyeuses et prometteuses, c’était toute ma vie qui s’embellissait.

En bas des marches, un couloir faiblement éclairé nous faisait face. Sur les côtés, plusieurs ouvertures laissaient deviner des alcôves, des caves et d’autres caves encore… Nous pouvions entendre des bruits de voix, des bruits de pas et nous pouvions aussi voir quelques lumières… Les moldus n’étaient pas loin.
Je savais que ces moldus allaient mourir, mais je me sentais confiant et puissant. Avec Elianor à mes côtés, je me sentais capable de tout… Aplanir des montages, rehausser des vallées… Faire la chasse aux moldus à visage couvert ou découvert… Redoubler d’imagination, faire preuve de créativité… je ne voulais pas que ma fiancée puisse penser qu’elle s’ennuierait un jour avec moi… C’était un peu ma hantise, d’ailleurs. Elianor me rendait heureux et je me sentais bien avec elle. C’était tout ce qui comptait. Je ne voulais rien d’autre que rester avec elle.
Nous avions la vie devant nous et je me sentais plus que chanceux d’avoir Elianor dans ma vie. J’avais hâte de pouvoir convoler en justes noces avec elle, la femme de ma vie. Je me sentais amoureux comme je ne l’avais jamais été auparavant… et puis… elle m’inspirait.