Tu tournais, tel un lion en cage enragé. Tu fulmines et tu es sur le point d’exploser. Dans tes mains, un bout de papier. Un simple bout de papier qui contient pourtant tellement plus… Ton avenir. Comme si ce n’était pas assez compliqué comme cela. Comme si ton destin n’était pas déjà tout tracer, on t’imposait encore un choix. Celui d’aimer ou non, celui d’épouser la personne de ton choix. On venait te couper les ailes. Toi, Dimka, tu devenais tel un ange déchu. Est-ce que une fois dans ta vie tu avais pensé au mariage ? Sans doute jamais, sans même t’en rendre compte, tu avais banni ce mot de ton vocabulaire. Tu n’étais pas fait pour te poser, tu n’étais pas fait pour te fixer. Toi tu aimais voyager, tu aimais butiner chaque nouvelle fleur que tu trouvais sur ton chemin. Et même si avec Alcyone tu essayais quelque chose de nouveau, même si le parfum de l’étoile semblait t’avoir enivré pour te garder dans les mailles de ses filets… Le mariage était aux antipodes de ce à quoi tu pouvais penser, ou même imaginer… Aucune fiancée n’avait été trouvé pour ton grand frère, normal n’est-ce pas il avait été simplement renier de la famille et en cet instant tu te demandais si ce n’était pas tout simplement la solution pour être libre… Et alors ton cœur pense à cette petite sœur que tu laisserais seule face à un monde de requin dans lequel elle ne survivrait sans doute pas plus d’un jour si tu n’étais pas là pour la protéger. Ton jeune frère non plus n’avait pas de fiancé. Pourquoi toi ? Encore cette histoire d’héritier ? Mais bon sang tu voulais bien donner ta place s’il le fallait. Tu n’en voulais pas de tout ça, le prix à payer commençait à être de plus en plus élevé. Ces fiançailles dont tu ne voulais pas étaient la goutte d’eau de trop dans l’immensité de l’océan…

Et evidemment, tu savais bien que tu n’avais pas le choix que de courbé l’échine et d’accepter ce choix que l’on faisait pour toi. Si tu avais pensé qu’avoir tes parents en train de pourrir au fin fond d’Azkaban t’aiderais à avoir la paix, tu t’étais apparemment fourvoyé… Cette décision avait apparemment été prise depuis beaucoup plus longtemps, mais personne n’avait cru bon de te tenir au courant… Tes muscles se crispent, ta mâchoire se verouille, tu es près à incendier la première personne qui passerait la porte de ta salle commune… L’atmosphère avait perdu en température, ce n’était clairement pas le moment de te faire chier… Tes prunelles ne cessent de fixer cette lettre que tu tiens entre tes mains comme si les lettres allaient finir par bouger d’elle-même et former d’autres mots… Ce n’était évidemment pas la fille le problème. En dehors de ta sœur ou même Hestia, Alcyone faisait partie des seules femmes de ton entourage à avoir une relation particulière avec toi. Au-delà de cette relation exclusive qui vous lient, vous êtes amis. Tu avais une très haute estime d’elle et sans doute que ta famille n’aurait pas pu faire un meilleur choix que celui-là. Mais il n’était pas là le problème. Le choix t’était tout simplement imposé, tu n’avais pas voix au chapitre et tu n’étais clairement pas prêt pour ce genre d’engagement. Plus il fallait s’engager et plus tu faisais marche arrière… C’était bien connu pourtant. Toi Dimka, le coureur de jupon qui ne promettait jamais rien. Où il était rare qu’une fille ne repasse par deux fois entre tes draps… Alors oui, aujourd’hui la pillule avait du mal à passer. Tes yeux se posaient sur le feu dans la cheminée, tu étais à deux doigts de brûler cette lettre lorsque tu entendis du bruit. Si tu étais déjà près a déversé ton venin pour faire fuir le ou la pauvre élève qui ne faisait que passé, Aidan te coupa l’herbe sous le pied. Evidemment, il fallait qu’il s’agisse de lui. Si ton regard était noir de colère, aucun mot cependant ne traversèrent tes lèvres. Il était sans doute l’un des seuls dont tu pouvais tolérer la présence dans un moment pareil. Et avant qu’il ne te demande quoique ce soit, tu posais la lettre sur le dossier d’un des canapés.

« Tiens. Tu veux les dernières nouvelles des Dimitrov ? Tu devrais lire c’est très… Distrayant. » Lâchais-tu en maintenant cette colère sourde en toi. Ton meilleur ami te connaissait assez pour savoir que ce n’était qu’un masque, qu’une façade et sans doute avait-il deviné ton humeur au moment même où il avait mis un pied dans la pièce. Si tu ne lui avais jamais dit pour la relation qui se déroulait entre toi et la serpentarde, tu ne te voyais pas un seul instant lui cacher une information de cet ordre-là. Et puis sans doute qu’il l’apprendrait tôt ou tard alors autant que ce soit de ta bouche n’est-ce pas ? Ou des lignes écrites de ton oncle en l’occurrence… Aidan te connaissais assez pour savoir que tu étais loin d’avoir des rêves de ce genre, sans doute qu’il comprendrait ta colère après avoir lu cette lettre n’est-ce pas ? Tu devais avouer que peut-être que tu avais de son soutient sur ce coup-là… Tu ne savais pas comment te sortir de cette merde… Aurait-il une idée ?

« Même en prison, ils continuent de me pourrir la vie… » Laissais-tu entendre alors que tu t’étais levé, t’arrêtant juste devant la fenêtre ton regard se perdait sur la vue du parc. Avec Aidan tu n’avais pas besoin de faire semblant, il connaissait ta vie, il connaissait ta situation. Le peu d’amour que tu portais à tes géniteurs, il le savait aussi. Tu n’avais pas non plus besoin de faire comme si rien ne te touchait, ce n’était pas le cas et sans doute qu’il le savait aussi. Beaucoup de choses vous séparaient, votre façon de penser, de voir les choses mais, d’autres choses vous liais comme son secret ou même les tiens. Contre toute attente, cette amitié semblait fonctionner depuis des d’années et aujourd’hui tu avais besoin de lui, sûrement beaucoup plus que tu ne voulais pas bien l’admettre…

Tes émotions sont à vif, tu es sur le point d’exploser, tu ne sais même pas par quel miracle tu arrives encore à te contenir. Tu ne sais pas comment tu avais fait pour ne rien voir venir et te retrouver ainsi devant le fait accomplis. L’atmosphère est glaciale lorsque ton meilleur ami entre dans votre salle commune. Tu es presque mécontent du fait que ce soit lui. Pas parce que tu étais en colère contre lui, mais parce que si ça aurait été n’importe qui d’autre ou presque tu aurais pu te trouver une victime pour passer tes nerfs, comme la petite de Lestang par exemple… Mais non c’était Aidan et avec lui tu te contenais. Parce qu’il était ton ami, l’une des rares personne à avoir ton respect. Tu lui laissais évidemment tout le loisir de lire cette fameuse lettre dans laquelle ton oncle t’apprend tes fiançailles forcées. Après tout en dehors de ta relation avec Alcyone il était rare que tu lui cache quoique ce soit et Aidan connaissait parfaitement tes relations avec ta famille et où se trouvait tes parents en ce moment même, il savait également quel genre de famille tu avais. Hestia avait peut-être un peu plus de détail sur la manière dont tu avais été traité, mais bon dans l’ensemble chacun en savait beaucoup sur toi. L’une des choses que tu appréciais à propos d’Aidan ? C’était qu’il ne parlait pas à tort et à travers, tu le voyais du coin de l’œil il réfléchissait avant de prendre la parole, comme s’il jaugeait ses mots pour éviter de te faire exploser, ce qui ne serait sans doute pas très difficile si c’était ce qu’il cherchait… Tu étais à prendre à des pincettes mais sans doute que ton meilleur pote savait y faire avec le temps n’est-ce pas ? Surtout qu’il était rare que tu décharges ta haine contre lui. A ses mots, un rire amer sortait alors de ta gorge.

« Parce que tu crois qu’on aurait pris le temps de m’en informer ? Faut croire que c’est beaucoup trop demandé. » Disais-tu avec ironie, évidemment le ton que tu employais n’était pas directement lié à Aidan, ta colère était totalement dirigée contre ta famille. Puis il te posa une première question, tu te passais une main dans les cheveux en soupirant. « Probablement la fin de nos études… » Répondais-tu alors en haussant les épaules de manière nonchalante. Cela voulait dire la fin d’année scolaire pour Alcyone, mais toi tu avais encore quelques années devant toi fort heureusement. D’autres questions pleuvaient, Alcyone… Bien sûr qu’elle arrivait sur le tapis, comment est-ce qu’il pourrait en être autrement ? « Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore vu… » Et valait peut-être mieux pour elle, tu serais capable d’exploser sur elle… Mais Aidan posait de bonne question, était-elle au courant ? Pourtant tu avais cette impression de la connaître, tu aurais pris ce geste pour une trahison… Tu espérais que ce ne soit pas le cas… Quand à ce qu’elle pensait de tout cela, si elle n’était pas au courant elle aussi allait sans doute tomber de haut, car se fiancés n’était ni dans tes projets, ni dans les siens… « Je ne sais même pas si elle est au courant… » Elle était en famille, c’était tout ce que tu savais et depuis qu’elle était chez les Greengrass tu n’avais pas eu d’autres nouvelles, tu allais devoir attendre et la patience dans ce genre de situation, ce n’était vraiment pas ton fort… Ce que tu comptais faire ? Est-ce qu’il en avait d’autre des comme ça ? La pour le moment à part hurler, tu n’en savais rien… Qu’est-ce que tu pouvais réellement faire ? Est-ce que tu pouvais annuler ce qui avait été fait ? Tu n’en savais strictement rien… Et connaissant tes parents, probablement que ce n’était pas du tout envisageable…

« J’en sais rien… » Répondais-tu alors avec cette impression que cette fois, tu étais réellement démuni… Aidan avait mis le doigt sur une chose, il fallait que tu en parles avec elle… Il fallait que tu saches si elle savait, si elle te l’avait joué à l’envers ou non. Ce qu’elle voulait faire également, bien entendu, même s’il était évident que vous n’alliez pas accepter n’est-ce pas ? Mais comment vous y prendre pour mettre fin à ces fiançailles qui venaient tout juste commencer ? « Tu as des suggestions ? » Demandais-tu alors à bout. Après tout si Aidan avait des idées, tu étais tout ouïe. Tu n’étais pas un pro de ce genre de situation, mais lui non plus il te semble… Dans un excès de rage tu attrapes cette foutu lettre et l’envoie balader dans la cheminé, la feuille prend feu alors instantanément. Tu l’as regardes alors brûler… Mais tu ne te sens pas mieux pour autant… C’est même tout le contraire, tu as de plus en plus cette impression de suffoquer…

Est-ce que Aidan pouvait t’aider ? Sans vouloir l’offenser, la dans l’immédiat tu avais bien peur qu’il ne puisse rien du tout pour toi… Tu étais dans la merde et le silence de ton meilleur ami malgré ses quelques questions voulait sans doute tout dire… Tes yeux se perdent un instant dans les flammes qui emportent avec elle cette lettre que tu as reçue. Tu ne te sens pas mieux pour autant. La lettre brulée, tu n’as pas cette sensation de récupérer ta liberté loin de là… Plus les secondes passaient et plus les fers à tes poignets semblaient peser de plus en plus lourd… Tu réfléchissais à grande vitesse, jamais ton cerveau n’avait autant tourné… Pourtant tu ne voyais pas de solution… A part peut-être tout envoyer boulet, mais tu n’avais pas envie de finir comme ton frère ainé… Même ton second frère avait eu plus de jugeote que lui sur ce coup-là et ce n’était pas peu dire… Lorsque Aidan repris la parole, tu te retiens de le railler. Cela aurait été n’importe qui d’autres certainement que tu aurais lâché une remarque acerbe. Parce que tu n’avais pas besoin de lui pour sauter à la même conclusion. Mais il s’agissait de ton meilleur ami et alors tu réfléchissais à deux fois avant de dire des mots que tu pourrais regretter sous le coup de la colère. Tu avais beau être très impulsif il y avait des personnes que tu ne souhaitais pas blesser et tu le connaissais assez pour savoir qu’il faisait sans doute de son mieux, même si cela ne te semblait pas être assez.

« La seule chose que je pourrais peut-être obtenir c’est de choisir moi-même une fiancée à leur présenté dans l’année… » Mais ça ne changerait absolument rien. Il n’était pas là le problème. Ce n’était pas la personne qui te gênais après tout, aurais-tu choisis quelqu’un d’autre ? Le problème c’était le mot fiancée en lui-même… Tu ne voulais pas de ça. Tu ne voulais pas être attaché, tu ne voulais pas qu’on te prive de ta liberté… Et c’était pourtant chose faite… Quant à Alcyone ? Comment est-ce qu’elle vivait la situation ? « Probablement aussi mal que moi… » Et cela t’arrangerais en quoi de le savoir ? Qu’est-ce qu’elle pourrait faire de son côté si toi tu n’y pouvais rien ? « Aucun de nous deux n’avait envie de ça. » Lâchais-tu alors en soupirant un instant. En tout cas tu l’espérais, parce que si elle était au courant, sans doute allait-elle subir ta colère, tu allais prendre cela comme une trahison et sans doute que jamais tu ne pourrais lui pardonner une chose pareille… Pourtant au fond de toi, tu as envie d’avoir confiance en elle. Tu à envie qu’elle n’y soit pour rien dans toute cette histoire car tu préférais qu’elle soit ton alliée plutôt que l’inverse… Les dernières paroles de ton ami t’arrachèrent un rire amer.

« Il y a des fois Aidan où il vaut mieux ne pas avoir d’espoir. Aujourd’hui est l’une de ces fois-là. » Répondais-tu alors, au moins il t’avait arraché un sourire, il n’avait pas tout perdu n’est-ce pas ? Tes parents indulgents ? Et puis quoi encore… Ils en avaient rien à faire, tous ce qu’il voyait là-dedans c’était leur intérêt et rien d’autre et ça tu le savais bien… Tu te levais soudainement commençant à faire les cent pas dans la pièce, tu n’arrivais pas à te calmer. Au-delà de tout ce que ça comprenais, tu avais aussi peur d’une chose… Que cela foute la merde entre Alcyone et toi et cette relation exclusive que vous aviez ensemble… Dans un excès de rage tu finissais par coller ton poing dans le mur. Tu l’avais à peine effrité, par contre les tableaux autour ne perdait pas un instant pour te sermonner, tu ne les écoutais même pas… Ton regard se posait alors sur tes doigts, quelques gouttes de sang y coulaient, mais comme d’habitude, tu n’avais pas mal, ou presque pas… Tu étais habitué à la douleur, tu pouvais dire merci à tes parents… Tu n’y trouvais donc aucun réconfort… Tu soupirais une nouvelle fois, tu ne t’étais pas encore livré à ton meilleur ami à propos d’Alcyone, tu ne savais pas encore réellement comment lui dire… En générale tu ne lui racontais pas forcément tes histoires de cul… Même si la Greengrass était devenue bien plus que ça…

« Il y a quelque chose entre nous… » Lâchais-tu alors avant de te dire que si toi tu savais de quoi tu parlais, ce n’était peut-être pas le cas d’Aidan. « Avec Alcyone. » Tu fuyais un instant son regard. Tu ne voulais aucun jugement, tu ne voulais pas voir un quelconque regard moqueur ce n’était clairement pas le moment… « Nous ne sommes pas en couple. » Disais-tu alors avec une grimace avant qu’il ne se fasse des films et saute à cette conclusion. « Mais on s’est plus ou moins promis de ne pas aller voir ailleurs tant qu’on se voit l’un et l’autre. » Bref une relation exclusive en somme, mais tu n’assumais pas du tout le terme « relation ». Tu n’assumais pas grand-chose de ce qui se passait entre vous deux d’ailleurs. C’était encore trop frais, trop tôt et tu avais cette impression de te retrouver devant le fait accomplis… « Bref ce n’était pas du tout dans nos plans… » Ni les tiens, ni les siens…

Tu te retrouvais dans un beau merdier et c’était peu de le dire… Même Aidan n’avait pas de solution miracle à te proposer… Au point même où il se mettait à espérer des choses réellement impossible. Tu appréciais énormément le Fleming, mais il y avait des fois où il te désespérait un peu… Cependant tu ne passais pas pour autant ta colère sur lui, loin de là. Il restait Aidan, ton ami depuis de nombreuses années, vous en aviez vécu des choses tous les deux. Le sang coulait de tes doigts qui avaient été rencontrer le mur quelques instants plus tôt, tu ne te précipitais pas pour la soigner, tu t’en fichais bien au contraire… Avant de tout déballer à ton meilleur ami tu aurais aimé trouver du courage dans une bouteille, mais tu n’en avais pas à ta disposition, tu allais donc devoir passer aux aveux à jeun. Tu voyais bien que tes révélations avaient l’air de surprendre Aidan en revanche il attendait que tu es fini de parler avant de réagir, apparemment tu avais essayé de minimiser les faits, mais son cerveau lui avait bien capté ce que tu venais de dire. Tu es légèrement gêné par sa question… Parler de cul, de fille ça n’avait jamais été un problème pour toi bien au contraire, combien de fois avais-tu parler de certaines de tes expériences à Aidan ? Pourtant cette fois c’était différent. Différent parce qu’il s’agissait d’Alcyone, différent parce tu venais de lui avouer que tu lui étais fidèle et que tu avais cette sensation que tu allais être jugé sur place si tu lui répondais. Tu évitais le regard de ton meilleur ami tandis que les mots traversaient tes lèvres…

« Quelques mois… Depuis Octobre à peu près. » Lâchais-tu alors, conscient que ça faisait quand même un petit moment. Et non tu n’avais rien dit, car le dire aurait donné de l’importance à quelque chose qui n’existe pas. N’est-ce pas ? « On a décidé ça le temps que ça nous passe, qu’on se lasse et qu’on passe à autre chose » Parce que c’était ce qui allait se passer n’est-ce pas ? Ce sentiment d’être bien contre elle et uniquement contre elle, allait bien finir par se dissoudre et bientôt tu pourrais reprendre ta vie d’avant, en tout cas c’était ce que tu préférais te dire, car sinon se serait avouer que certaines choses sont possibles et ça… Tu n’en étais pas capable. Aidan reprenait la parole et tu levais les yeux au ciel. « Quelle belle déduction… » Répondais-tu avec lassitude. Certes certains ne se plaindraient peut-être pas, mais sachant qu’aucun de nous deux ne souhaitaient cela… Et ça n’enlevait pas que tu avais cette sensation que l’on venait te couper les ailes… Quand il reprenait à propos de vos plans, tu haussais un sourcil, ah non qu’il ne s’excite pas, vous n’aviez pas ce genre de plan loin de là. « Ouais s’envoyer en l’air jusqu’à l’épuisement, ou la lassitude et reprendre nos vies. » Lâchais-tu alors fier de toi. « Mais non, on ne parlait pas mariage, ni appart, ni bébé, ni avenir, ni rien du tout. » Disais-tu en appuyant sur chacun des mots pour que ce soit clair dans sa petite tête. Ce n’était pas le moment de se faire des films et le fait qu’ils soient fiancés, ils allaient bien trouver une solution n’est-ce pas ?

« Je ne suis pas de cette veine-là » disais-tu dans un murmure parfaitement audible, tu n’avais pas besoin de préciser, Aidan te connaissais assez, il savait ton passé, il savait de quoi tu étais fait et pourquoi tu agissais ainsi. Finalement ton meilleur pote finissait par te demander s’il avait loupé d’autre chose. Il était clair que si les rôles avaient été inversés sans doute que tu aurais aimé savoir ce genre de détail finalement… Peut-être bien que tu avais merdé en y repensant… « Ça ne m’avait pas l’air si important que ça… Sinon je t’en aurais parlé tu sais ? » Disais-tu alors en cherchant le regard de ton meilleur ami afin d’être certains qu’il savait que tu ne lui cacherais rien de vitale… Mais cette histoire avec Alcyone, même si évidemment, elle comptait pour toi, ça tu ne pouvais pas le nier, il y avait quelque chose… Tu n’avais pas ressenti le besoin de le partager avec lui… Avec personne, pas même ton cousin. La seule qui savait plus ou moins c’était Hestia. Peut-être que dans le fond tu avais voulu garder tout ça pour toi également. Tu décidais de répondre avec un peu d’humour à sa dernière questions…

« Elle n’est pas enceinte ! » Oui bon d’accord, le moment était peut-être mal choisi pour faire de l’humour, mais au point où tu en étais… « Plus sérieusement… En dehors du fait qu’Hestia Carrow est une très bonne amie depuis des années non rien. » Tu enchainais les révélations aujourd’hui ! Tu n’avais pas eu l’intention de lui dire pour Hestia… Mais tu te disais que si tu répondais non à cette question et que plus tard il l’apprenait ce ne serait pas forcément cool pour lui… Il avait dû quand même se rendre compte de quelque chose, parce qu’avec Hestia vous ne vous cachiez plus trop forcément lorsque vous vous parliez… Peut-être pensait-il à une amitié toute nouvelle ? Même si te faire des amies filles ce n’était pas tellement ton genre… « On a… On a préféré gardé ça pour nous pendant un temps. » Expliquais-tu alors afin qu’il comprenne pourquoi tu n’avais jamais rien dit à propos d’elle et que c’était sans doute la première fois qu’il entendait son nom prononcé dans ta bouche. « Je crois que j’ai fait le tour. » Lâchais-tu alors en te sentant tout de même légèrement con soudainement. Mais même si tu ne lui disais pas tout, pour toi ça ne changeait rien à votre amitié, car de ton côté quoiqu’il puisse t’avouer, tu savais qu’il y avait peu de chance pour que tu changes un jour ta façon de le regarder… Ou alors il faudrait qu’un troisième bras lui ai poussé sur la tête, oui bon peut-être que là, tu aurais un peu de mal…

Est-ce que tu devais t’en vouloir de ne pas en avoir parlé à Aidan ? Pas tellement… Une vieille conscience au fond de toi que tu étouffais te disais que peut-être tu aurais dû lui dire. Mais lui dire voudrait dire rendre les choses plus réelle qu’elle ne l’était. Cela voudrait dire qu’il y avait quelque chose avec Alcy, quelque chose que tu n’avais jamais été capable d’assumer jusqu’ici. Alors tu n’arrivais pas à t’en vouloir et tu espérais que lui ne t’en voudrais pas. Tu étais ainsi, c’était comme ça et il te connaissait suffisamment pour savoir comment tu fonctionnais n’est-ce pas ? Tu répondais à ses questions, après tout il était normal qu’il s’en pose, sûrement qu’à l’inverse tu aurais été curieux toi aussi, même si l’amour ce n’était pas quelque chose que tu comprenais… Tu voyais ton cousin, tu l’avais vu heureux quelques mois et tu voyais où cela l’avait mené à présent… Il ne faisait que se languir de cette petite blonde qui ne lui appartenait même plus… Tu ne comprenais rien et tu avais arrêté d’imaginer comprendre un jour, tu faisais simplement de ton maximum pour être là pour lui tout en espérant qu’être dans son état ne t’arriverais jamais. Alors peut-être que tu y allais un peu fort avec Aidan, mais tu voulais être certain qu’il ne se faisait pas de film, qu’il ne t’imaginait pas dans quelques années la bague au doigt avec des morveux, rien que l’idée te donnais des envies de vomir… Et tu savais qu’Aidan n’était pas comme toi à ce sujet-là. Voilà pourquoi tu tenais à être ferme.

« Et bien m’en voilà soulagé. » Répondais-tu alors en l’entendant. Quant à la suite de sa phrase cela t’arrachais un léger sourire, tu espérais aussi, mais peut-être que tu lui aurais dit dans ces cas-là non ? Enfin tu avais du mal à imaginer un truc pareil parce que tu savais que ça n’arriverait pas, du coup tu n’arrivais pas à répondre à cette question, mais tu savais qu’Aidan savait toujours ce qu’il y avait à savoir dans tous les cas. Mais tu préférais le rassurer à ce propos, lui dire pourquoi tu ne lui avais rien dit, peut-être qu’il comprendrait mieux ? A sa réponse tu fus vite soulagé, certes tu n’avais pas besoin de tout lui dire, mais peut-être que ce genre de chose il s’était attendu à ce que tu lui dises ? Même ton cousin n’en savait rien, la seule qui savait c’était Hestia, mais parce qu’elle t’avait plus ou moins percée à jour, elle savait que quelque chose te perturbait, elle avait mis le doigt sur le problème il y a bien longtemps, tu l’avais même rejetée brusquement la première fois qu’elle t’en avait parlé… Au moins Aidan n’avait pas eu à vivre cela. Tu hochais la tête finalement, tout était okay et tu te sentais tout de même légèrement soulagé. C’était également pour cela, que lorsqu’il te demandait s’il y avait autre chose à savoir, si tout d’abord tu répondais avec ironie, tu t’étais décidé à avouer ton amitié avec Hestia… Sans doute le plus gros secret que tu avais pu lui cacher, le seul… Car pour toi, l’histoire avec Alcyone c’était encore autre chose… En entendant sa réponse tu haussais un sourcil, ne pas aller se promener dans la forêt un soir de pleine lune ? Tu mis un moment à comprendre te rappelant alors qu’Hestia t’avait raconté cette fameuse fois dans une forêt ou un loup était venu à leur secours et peu de temps après Aidan t’avais raconté avoir aidé deux jeunes filles dans une forêt, ton cerveau avait très vite fait le lien. Un nouveau sourire s’affichait sur tes lippes.

« T’inquiète, maintenant c’est fait… Mais je ne sais pas si elle m’écoutera. » Confiais-tu alors à ton ami. Parce que oui, quand tu avais entendu son histoire à Hestia tu avais eu la présence d’esprit de lui dire d’éviter de sortir les soirs de pleine lune, tu espérais que cette soirée là l’ai assez marquée pour qu’elle n’y retourne pas. « D’ailleurs je n’ai jamais pu te le dire, mais merci pour ça. » Parce que s’il n’avait pas été là il se serait passé quoi ?  Rien que l’idée te ferait trembler… Tu soupirais un instant, ton regard se posait de nouveau sur la cheminée… Tu allais devoir aller la voir, tu le savais… « Je crois que je vais devoir allez voir Alcyone pour avoir le fin mot de l’histoire… » C’était le mieux à faire n’est-ce pas ? Même si ton instinct te hurlait de la fuir, tu savais que tu n’allais de toute façon pas avoir le choix de la confronter… Et une part de toi, celle qui ne l’admettrait jamais à voix haute, avait peur de la perdre…