Toujours à marcher dans les couloirs, la solitude semblait courser le jeune Nott puisque son frère n'était évidemment pas dans les parages. L'entraînement de Quidditch avait arraché Ezekiel à son jumeau qui n'était pas si déboussolé qu'on pourrait le croire. En fin de compte, il recherchait quelque chose ou plutôt quelqu'un, et ce fut un miaulement rauque ainsi qu'un léger coup dans la jambe gauche qui le stoppa dans ses recherches. « Ah t'es là toi. » dit-il à voix basse, remarquant la présence de l'imposant félin à ses pieds. Il n'hésita d'ailleurs pas à le - ou plutôt la - saisir non sans une légère caresse.
Zekie, c'était son nom : un véritable honneur pour son frère qui possédait un nom similaire avec la chatte en surpoids d'Ezrael. À vrai dire, il la cherchait déjà depuis un petit moment afin d'assister à l'entraînement de son frère, mais le temps passé à Poudlard lui avait fait prendre la fâcheuse habitude de se balader dans les couloirs de l'école.

Maintenant qu'elle était là, il l'amena aux dortoirs Serpentard, espérant qu'elle ne s’enfuirait pas une énième fois puisqu'il avait bien mieux à faire. Le match d'Ezekiel avait sûrement débuté, et quoi que pouvait prétendre Ezra, il s'en voudrait de l'avoir raté. Alors, il n'attendit pas plus longtemps pour quitter la salle commune, non sans une écharpe aux couleurs argentée et verte autour de son cou.

Ayant marché au pas de course, l'arrivée fut plutôt rapide et malgré le froid ambiant, il sut s'y habituer juste pour assister aux exploits de son frère. Ce match d'entraînement dura d'ailleurs un bon moment mais la fin arriva bien plus vite qu'il ne l'aurait pensé.
Positionné sur ses deux jambes, l'étudiant descendit discrètement des gradins afin d'attendre son frère au plus proche des vestiaires. Encore une fois, cela sembler une éternité, d'autant plus que Zeke fut le dernier à sortir (après tout, il était capitaine). « Dommage que tu ne sois pas tombé de ton balai, j'étais juste venu assister à ça ... » souffla-t-il presque déçu. « D'ailleurs, tu m'expliques comment t'arrives à tenir dessus après ce que tu t'es pris ? » reprit-il de plus belle, faisant bien évidemment mention de la mission qui leur avait été confiée, non sans un léger rire.
Ezrael n'avait pas été spécialement touché par cet événement psychologiquement parlant. Il faut dire que du moment où il était avec Ezekiel, le reste lui importait peu - même si pour le coup, les deux avaient été blessés lors de l'incident.

Enfin bon, c'en était désormais du passé puisque cela datait d'il y a quelques jours. Sa seule préoccupation dans l’instant était le froid qui les entourait. N'ayant pas bien dormi - comme toujours - et n'étant pas un grand amoureux du froid, Ezrael remonta toujours plus son écharpe sur son visage avant de croiser ses bras histoire de conserver la chaleur. Frileux sur le moment, il espérait que son jumeau ne s'attarderait pas trop et qu'ils finiraient pas rentrer tranquillement. Cela faisait déjà bien un moment qu'il était dehors après tout.

Lui lancer quelques piques n'avait pas été difficile puisqu'on peut aisément parler là de leur quotidien. Bien qu'ils avaient un attachement profond l'un pour l'autre, les gestes d'amour n'étaient pas leur tasse de thé, ils préféraient largement l'amour vache, soit, la facilité.
Entre eux, une sorte de comédie qu'ils ne cessaient de jouer et à laquelle Zeke semblait prendre goût. Main sur le cœur, et tentant de faire croire qu'il en pleurait, il ne cacha pas sa déception, ou plutôt sa fausse déception. Il disait en avoir le cœur brisé, ce qui ne dérouta nullement son jumeau qui le regardait sans grand intérêt. « C'est la vie, mon cher. » annonça-t-il, levant ses bras tout en haussant ses épaules, faisant largement semblant de rien avoir à en faire. Pourtant, il était toujours là au moindre soucis, bien qu'il y avait une exception. On ne pouvait dire qu'ils avaient fait face à la menace moldu ensemble, Ezrael ayant préféré suivre Helios, pensant que son jumeau avait pu le suivre ... Quelle erreur. Elle leur avait coûté leur magie durant une journée et voir le capitaine des Gryffondor reprendre du service en était presque déconcertant. « C'est bien connu que j'suis un dur ! C'est pas un petit mal de tête qui va m'empêcher d'être le meilleur. » lui assura Ezekiel, accompagnant le tout d'un clin d’œil laissant un frère plutôt rassuré. Ne comprenant nullement qu'il ne faisait que fanfaronner, Ezrael se surprit à sourire sincèrement, persuadé que la mission était loin derrière l'esprit de son semblable. Il lui faisait aveuglement confiance, alors chacune de ses paroles : il les buvait.

Craindre pour son frère ne lui avait pourtant pas fait oublié le froid de ce début d'année et bien qu'il semblait équipé pour le contrer, il restait un peu frileux sur les bords. Or son frère qui semblait dans ses pensées depuis une minute déjà, ne loupa pas Ezrael remontant son écharpe sur son nez. À peine leurs regards se croisèrent que le plus jeune des jumeaux savait à quoi s'attendre, en soi, ça ne sentait pas bon et les bras tendus de Zeke ne faisait que confirmer le pire. « Non. » dit-il avec fermeté, voyant son frère toujours plus s'approcher. « Viens là, ton grand frère adoré va te réchauffer. », et à ces mots, Ezrael fit un pas en arrière, et lui répondit à la limite de lui hurler de partir : « Arrête. J'ai dit non. ». Pourtant, les mots ne touchèrent nullement Ezekiel qui s'avançait dangereusement vers lui. Ainsi l'instinct primaire de son cadet lui dictait de fuir, alors il marcha toujours plus en arrière avec la peur au ventre de se faire câliner par un homme plein de sueur. C'est d'ailleurs cette peur et son choix de marcher en arrière qui le fit chuter. C'est son arrière train qui avait tout pris, pourtant ça ne le ravissait pas des masses : le sol était froid et sa tenue sûrement sale. « Merde. » pesta-t-il en direction de son postérieur, ayant presque oublié son jumeau qui le releva avec aisance pour finalement atteindre son objectif : le serrer dans ses bras. Et par " serrer ", il faudrait comprendre le câliner jusqu'à n'en plus respirer. Autant dire que ce ne fut pas le meilleur moment de la vie d'Ezrael, déjà qu'il ne faisait qu'inspirer la transpiration de son double. « Sérieusement, t'es en train de me briser. » lâcha-t-il d'une petite voix, suffocant presque sous la pression du grand sportif qu'était Zeke. Or, sur ce point, ils n'étaient pas si semblables et il aurait bien vite fait de lui briser les os.

Son frère semblait le serrer si fort qu'Ezra avait l'impression de suffoquer, laissant entrevoir que le véritable serpent ici, c'était Zeke. Une étreinte douloureuse qui plus et, malodorante, elle n'était de toute évidence pas agréable, or, son double avait dû sûrement le remarquer puisqu'il s’exécuta à le relâcher. De toute évidence, ses paroles l'avaient raisonné et il s'était résolu à laisser son jumeau en paix, du moins pour quelques instants. De là, il reprit son souffle, sans doute en exagérant un peu la chose et bien évidemment, cela avait tapé dans l’œil de son compère. « T'es pas drôle, t'étais bien content de me prendre dans tes bras la dernière fois. » dit-il tout en râlant, faisant référence à leur dernière et première mission. Le plus " jeune " mit plusieurs secondes à comprendre ses pensées, revivant peu à peu cette scène fraternelle, pleine d'amour et ... De gêne. Le visage rouge, il semblait s'accorder parfaitement à la tenue de son frère, laissant entrevoir la honte qu'il possédait à ce moment précis. Ce câlin, il l'avait fait dans le feu de l'action, et de la peur. Jamais en temps normal il ne l'aurait fait, et rien que d'y penser, il pourrait enfoncer sa tête dans le sol. « C'pas ... C'était pas ... Enfin toi, tu- ... » bégayait-il tentant vainement de se défendre sur son acte passé, alors même que le malaise l'entourait. Il n'appréciait pas tous ces gestes d'affection, du moins, n'en avait-il pas l'habitude. La seule personne avec qui il partageait un amour sincère, c'était avec son frère et il s'efforçait de le démontrer chaque jour avec des railleries en tout genre, non avec des étreintes.

Heureusement, Ezekiel semblait passer à autre chose, laissant entrevoir qu'il venait de le sauver du froid, même si son geste n'avait été nullement apprécié. De plus, Ezra ne se souvenait nullement lui avoir dévoilé qu'il ne supportait pas l'hiver, bien qu'un simple coup d’œil suffisait à le deviner. Seulement, leur petit jeu l'obligeait à démentir le fait que la brise lui gelait ses pommettes à chaque fois, sinon, cela reviendrait à perdre contre son prétendu aîné. « Parles pour toi ! J'ai jamais eu froid, moi. » lança-t-il tout fier et revigoré avant qu'un vent glacial ne se fasse sentir, laissant le pauvre menteur frissonner dans son coin, montrant à quel point ses paroles n'étaient que mascarade.

L'ironie du sort ayant fait son oeuvre, son jumeau lui proposa alors de rentrer, proposition à laquelle le préfet se contenta d'hocher la tête, ne se doutant nullement de la suite. Moqueur, le premier des frères Nott le railla sur le fait qu'il puisse tomber malade et par la suite le contaminer. Le concerné fronça les sourcils, continuant d'écouter son frère qui se mettait même à sa disposition pour le réchauffer si jamais. « Recolle-toi à moi et j'hésiterais pas à te faire un bisous plein de microbes, histoire que tu sois cloué au lit. » le menaça-t-il presque, bien que son sourire démontrait le contraire. Cependant, il était sûr qu'il ne souhaitait plus être trop à proximité d'Ezekiel, le sport ne pardonnait pas et son odorat non plus. Plissant le nez alors qu'ils se mettaient tous deux en route vers le château, il était alors difficile d'avoir une distance de sécurité avec le capitaine de Quidditch. Grimaçant presque, Ezrael lui adressa un regard très sérieux. « Tu schlingues, Zeke. Je te dis, t'as intérêt à te laver en rentrant. » dit-il, ne souhaitant nullement se balader avec un sportif tout transpirant au sein de l'école. Il ferait mieux de se nettoyer un peu afin qu'ils puissent passer leur journée en toute tranquillité.

D'ailleurs, n'était-ce pas Ezra qui venait de se faire câliner par un Zeke plein de sueur ? Comprenant l'ampleur de la situation, il se sentit quelques zones de sa tunique, espérant ne pas trouver l'odeur actuelle de son frère. Heureusement pour lui, un câlin ne suffisait pas pour ce genre de chose.

Malgré le fait qu'Ezekiel assurait à son frère que cette ancienne embrassade n'était rien, il sembla démontrer le contraire avec cet affreux rictus moqueur qu'il affichait. Dans un automatisme des plus profond, le moqué se contenta de souffler du nez, comme il en avait l'habitude lorsqu'il perdait à ce petit jeu d'amour vache. Ezrael n'alla pas chercher plus loin puisqu'il savait d'avance que ça finirait par lui causer du tord, notamment en remettant ce câlin sur le tapis ; il était sûr que son jumeau reviendrait à la charge pour le taquiner encore et toujours. Or, parler une énième fois de ce moment embarrassant : très peu pour lui, il se contenterait de ne pas dormir la nuit en ressassant ce souvenir inlassablement.

Toujours dans cette lancée là, Ezrael n'avait pas non plus assumé qu'il frissonnait à cause du froid hivernal, refusant de donner raison à son " aîné ". Après tout, ça ne lui ferait prendre que plus d'assurance et une plus grosse tête - vide - qu'il n'en avait déjà, alors il était absolument hors de question qu'il devienne une sorte de monsieur je-sais-tout. Malheureusement, le temps ne fut pas de cet avis, le faisant trembler à peine le vent s'était glissé près de lui et évidemment, Zeke ne put plus vraiment le croire sur le coup. Enervé contre cette satanée météo, il en rentra presque la tête dans son cou, laissant seulement entrevoir sa mine renfrognée, ou du moins ses sourcils froncés et ses narines gonflées à bloc.
Le frileux n'avait d'ailleurs pas hésité à menacer son frère s'il osait s'approcher de lui, histoire de le réchauffer, alors qu'il sortait à peine du sport. Pas qu'il n'appréciait pas son frère, mais déjà qu'il trouvait cela d'une gêne extrême ... Alors, si on ajoutait à cela l'odeur, il n'y avait pas moyen ! Seulement, son reflet n'avait aucunement peur de lui, ce qui l'irrita de plus bel. Pointant le Gryffondor du bout du doigt, il s'exprima à son encontre alors qu'il bataillait pour ne pas avaler son écharpe « Hé bien tu devrais ! » puis il lâcha un petit souffle satisfait avant de continuer « Car je te signale que même si je suis " le petit frère ", dit-il en changeant légèrement son timbre de voix tout en mimant les guillemets avec ses doigts, Je reste un préfet ! Tu me dois donc le respect. ». Ainsi releva-t-il la tête, ravi de faire son petit abus de pouvoir avec son frère.

Par la suite, il lui avait presque ordonné d'aller se doucher en rentrant mais Zeke en avait ri pour finalement le qualifier de diva. Le concerné grimaça toujours plus alors qu'il entendait son jumeau clamer haut et fort qu'il considérerait à le faire pour son petit frère. Ezrael avait beau s'être qualifié par ces mêmes mots avant, il n'empêchait que venant la bouche de son miroir, c'était tout à fait irritant. « Crétin. » susurra-t-il, tout à fait susceptible sur le coup. Puis il s'osa à jeter un bref coup d'œil à Ezekiel avant de presser le pas, ne tardant pas à creuser une réelle distance entre eux deux.
Et bien qu'il semblait réellement fâché, il s'en amusait quelque peu puisqu'il espérait faire raviver une certaine culpabilité chez son frère, éteinte depuis bien trop longtemps avec lui. Ils n'étaient que deux dans leur famille - puisque leur mère était partie depuis bien longtemps, et le reste n'avait jamais été considéré comme tel - alors il ferait mieux d'apprendre quelque peu à l'appeler comme il le faudrait, puisqu'ils risquaient de passer leur vie ensemble. Du moins, en était-il persuadé, que rien ni personne viendrait à les séparer d'une manière ou d'une autre.

Si Ezrael avait simulé une certaine colère, il avait tout de même espéré faire réagir son jumeau qui n'en fit rien. Ils étaient tout deux simplement là à marcher dans le silence le plus total, et quand le Serpentard jeta un bref regard juste sur ses arrières : il fut étonné de voir Zeke souriant, et en était presque déçu. Il faut dire que niveau jeux enfantins, le rouge et or était le principal gagnant. Un caractère bien trempé et désobéissant au possible, il semblait toujours avoir un coup d'avance et un charme indéniable que le dernier des Nott n'avait pas.

Si semblables et pourtant différents, ils avaient chacun des complexes par rapport à l'autre. Et pourtant, ils s'entendaient si bien, bien qu'à l'extérieur, cela ne paraissait que comme une relation avec de constantes disputes.
Mais à en croire le sourire paisible d'Ezekiel, cela ne pouvait que le ravir et Ezrael allait tout à fait dans son sens. Après tout, qu'est-ce qu'ils ne feraient pas l'un sans l'autre ? Non, c'était tout à fait impossible pour eux de s'imaginer un monde où ils viendraient à être séparés, à ce que leur petit monde joyeux s'effondre du jour au lendemain.
Et plutôt que de préserver ce petit moment de bonheur, le préfet décida de briser cette ambiance sans un remord. « Hé, Zeke. » interpella-t-il son frère, toujours un peu plus en arrière, « T'as l'air niais. » pouffa-t-il, se moquant délibérément de ce sourire sincère dont ils n'avaient jamais l'habitude de montrer. Ainsi, il continuait son chemin, tout fier, voyant bien qu'ils approchaient du château et que Zeke n'aurait pas l'occasion de lui rendre la pareille.

D'ailleurs, ils étaient finalement arrivés que le Gryffondor lui signala son intention d'aller se doucher, ce qui signait une petite victoire pour le préfet. Fini la puanteur et la transpiration, Ezrael n'aurait plus à s'en inquiéter, enfin ! Il aurait presque pu faire un soupir de soulagement, néanmoins, mentionner que le Serpentard n'avait rien d'autre de mieux à faire que lire ne lui plaisait guère. Cependant, cette légère frustration fut envolée dès lors qu'il parla du dîner à venir en tête à tête.
Faisant un petit geste de la main, comme pour lui dire de partir vaquer à ses occupations, la réponse du Nott ne se fit pas attendre. « Ouais, ouais. Dépêche-toi avant qu'il ne reste plus rien. » annonça-t-il avant de tourner les talons, allant dans la direction totalement opposée d'Ezekiel. Il laissait ainsi transparaître aucune forme de lassitude quant à la double dose de solitude qu'il se prenait ce soir. Après avoir attendu la fin de l'entraînement de son frère, le voilà de nouveau à patienter pour manger avec lui. A croire que les médicomages les avaient inversés pour l'ordre de naissance ...

Après être retourné dans cette forme de paix inquiétante, aussi prévisible soit-il, Ezrael se trouva un coin bien tranquille en attendant le retour de son frère. Un livre à la main, scientifique, bien évidemment. Mais les sens à vifs, histoire que Zeke ne le prenne pas la main dans le sac : il serait douloureux de lui donner raison sur ce sujet, d'autant plus qu'il n'arrêterait pas de le charrier dessus tout le long du repas.

HRP : Fin pour moi, merci frangin !