Novembre 2019.
Les récents événements m’avaient légèrement mis hors de moi. Le Blood Circle ne perdait rien pour attendre et j’étais franchement prêt et décidé à coincer tout moldu ou cracmol se rattachant à cette organisation de terroristes anti-sorciers. Et alors, là, Salazar seul savait ce que je réserverais comme sort à ces imbéciles qui tomberaient entre mes mains…
C’était compréhensible, aussi. Après cette histoire d’emprisonner des sorciers dans l’université, les membres du Blood Circle avaient osé mener des expériences sur eux… Et je n’aimais pas du tout l’idée que ces pitiponks attardés s’en prennent à Amber Towsen ou à Poppy Tiberius… Ou même à aucun autre sorcier, d’ailleurs. C’était tout bonnement intolérable et je ne voulais pas laisser cela impuni…
Le summum avait été atteint lorsque j’avais appris que mon filleul avait participé à la mission de sauvetage qui avait suivi cette affaire. Bon sang… Mon petit Julius était allé se fourrer dans de beaux draps… Le retrouver à l’hôpital avait été un moment assez difficile, parce que je ne pouvais que difficilement supporter que mon petit bonhomme ait été ainsi malmené…
Et puis, au fil d’échanges épistolaires, j’avais encore appris d’autres choses. Dès sa sortie de Sainte-Mangouste, Juju avait eu d’autres soucis, qu’il ne m’avait pas détaillés, mais qui l’avaient amené directement à l’infirmerie de Poudlard. A ce rythme-là, il allait pouvoir prendre un abonnement auprès des médicomages et des infirmiers ! D’ailleurs, il y avait un décalage entre sa sortie d’hôpital et son retour à Poudlard, mais mon filleul n’était tout simplement pas entré dans les détails. Il ne voulait sans doute pas m’expliquer cela par écrit, alors je n’avais pas creusé, mais il était clair que quelque chose manquait dans le timing. Je n’osais pas imaginer ce que cela pouvait bien signifier, mais c’était aujourd’hui que j’allais pouvoir avoir des réponses à mes questions.
Dans son dernier courrier, Julius me parlait aussi de Marius Bulstrode, qu’il regrettait de ne plus avoir dans son cercle de relations depuis quelque temps. Il fallait dire, aussi, que Bulstrode avait fini par quitter le pays, ce qui rendrait les rencontres en Angleterre légèrement plus difficiles…
Bref, il y avait fort à faire. J’allais devoir me montrer attentif, prévenant et à l’écoute. Peut-être évoquer aussi l’un ou l’autre conseil et puis, accessoirement, peut-être aussi prendre le temps de remercier mon filleul pour la charmante petite attention qu’il m’avait préparée et qui avait rejoint une place de choix dans mon manoir.
J’avais l’avantage, en côtoyant régulièrement Mrs Carrow, de pouvoir pénétrer dans Poudlard avec une certaine facilité, contrairement à d’autres adultes extérieurs à l’école de magie et de sorcellerie. Disnons que j’avais mes entrées, en quelque sorte. D’ailleurs, quand je lui avais fait part de ma visite pour voir notre filleul, Meredith m’avait d’emblée proposé de rencontrer le jeune Lestrange dans ses appartements de vice-rectrice, pour que nous n’y soyons aucunement dérangés. L’idée n’était pas mauvaise, d’autant que je comptais bien retrouver mon amie par la suite pour la remercier comme il se devait pour sa disponibilité et sa promptitude à me rendre ce service.
Mon entrevue avec Julius allait correspondre à la perfection avec l’horaire d’une réunion importante que Meredith devait avoir avec son personnel enseignant. C’était donc parfait pour moi : j’allais pouvoir faire d’une pierre deux coups, comme on dit…
Mais la priorité était donnée à Julius Lestrange. Mon filleul. Je ne pouvais pas le laisser tomber, et je ne voulais pas, d’ailleurs. Pour rien au monde. Le rôle de parrain n’était pas un rôle que je prenais à la légère, pas du tout, même. Je voulais être cet homme de référence, cet adulte qui était présent, disponible, à l’écoute et prêt à tout pour être là pour Juju. Rabastan ne m’aurait pas demandé d’être le parrain de son plus jeune fils s’il n’avait pas eu confiance en moi. N’était-ce pas le genre de demande qui prouvait à la fois la confiance et l’affection que l’on portait à une personne ?
Cela dit, j’avais, moi aussi, demandé à Rabastan pour être le parrain de l’un de mes enfants. C’était peut-être aussi une manière, pour lui comme pour moi, de dire que notre relation était aussi forte que celle pouvant exister entre deux frères. Nous n’avions pas de lien de sang, nous n’avions même pas le même statut de sang… et pourtant…
J’arrivais chez Meredith grâce à un passage express dans sa cheminée (sans aucune arrière-pensée, bien évidemment, j’étais plus du genre à prendre mon temps, voyez-vous ?). Je n’aimais pas spécialement voyager par le réseau de cheminette, mais c’était tout de même le plus simple dans certains cas. Après avoir échangé quelques mots avec ma belle amie, elle fit disposer au salon de quoi ne pas rester déshydraté durant ma rencontre avec Julius. Et juste avant qu’elle ne me quitte pour aller à sa réunion, je ne pus que la gratifier d’un baiser dans le cou, comme elle aimait cela, pour lui assurer qu’à son retour, je l’attendrais ici, patiemment. Nous devions cependant être discrets, elle et moi, d’abord pour éviter de faire jaser dans l’université où elle travaillait, mais aussi parce que son fils et mes propres enfants pouvaient trainer dans les parages. Bon, Helios savait très bien ce qu’il en était de ma relation avec sa mère, mais mes enfants n’avaient jamais eu la surprise de nous trouver, Meredith et moi, dans les bras l’un de l’autre. Jusqu’à présent, en tout cas.
Quand elle ouvrit la porte, Julius se trouvait déjà là et mon amie, sa marraine, le fit entrer dans ses appartements, avec son élégance et son charisme habituels et inimitables. Je ne pouvais que l’admirer, cette femme, en réalité… Mais je n’étais pas ici pour cela, du moins pas dans un premier temps. Je lui fis un baisemain avant qu’elle ne s’en aille pour cette réunion et je me tournai vers Julius.
« Allez, entre, Julius, ta marraine nous a préparé tout ce qu’il faut… » Je ne savais pas s’il connaissait la configuration des lieux, mais je pouvais le guider sans le moindre problème. « On va s’installer au salon, si tu veux… »