Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
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| Aller à la page : 1, 2 | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Ven 19 Mar - 17:08 La Harpe & le Chien Ft. Abigail Mcfusty
L’automne attise la bise soulevant les tapis de feuilles disséminés dans le parc. Harper prend une profonde inspiration pour reconnaître ses odeurs familières. Un frisson lui parcourt le dos. Qu’il est bon de revenir à Poudlard. Poudlard, notre véritable maison. Celle qui voit se dérouler tant de choses dans ses couloirs, bonnes ou mauvaises, mais qui vous accepte tous tel que vous êtes.
Qui est Harper aujourd’hui ?
Après son retour des Etats-Unis, Harper a essuyé quelques échecs, rencontrée des personnes formidables, effleurée les tourments de la nostalgie, refreinée de surprenantes montées en flamme de détermination prête à affronter toutes les épreuves. Finalement, l’été 2009, elle décide de s’inscrire dans la filière Protection Magique de l’Université flambant neuve de Poudlard. Malgré ses déboires, sa volonté de devenir la meilleure Aurore de tous les temps n’a pas diminuée. Harper est toujours autant déterminée. Sûre d’elle. Certaine du destin qui l’attend.
Nous sommes le 2 octobre 2009. Les étudiants sont rentrés il y a un mois maintenant. A la pause déjeuner, Harper ressert son col avant de mettre le nez dehors, désireuse de promener dans le parc pour se dégourdir les jambes. Depuis la rentrée, elle évite soigneusement certains coins du parc, préférant les détours. Préférant fermer les yeux. Préférant porter des œillets. Préférant se mentir. Mais aujourd’hui, une envie, une curiosité étrange la pique. Pour une fois, elle emprunte un chemin différent qu’à l’ordinaire. Pour une fois, elle emprunte les vieux chemins.
Ici, dans le parc, un banc. Il n’a pas pris une ride de l’usage du temps. Juste quelques gravures supplémentaires. Les mains dans les poches, figée et grelotante (elle aurait dû mieux se couvrir), elle s’approche un peu plus, plisse les yeux…
« La Harpe & le Chien ».
Un délicieux souvenir l’envahit. Abigail… Elles avaient gravé ces inscriptions ensembles. Heureuses et amoureuses. Harper se souvient lui avoir raconté que sa mère était assez bête pour croire que le prénom qu’elle lui a choisi est un dérivé du mot harpe. Qu’elle l’a toujours surnommé « sa petite harpe ». Malgré l’amour désœuvré qu’elle a toujours éprouvé pour sa fille et sa stupidité sans nom, Harper confia à Abigail qu’elle avait toujours trouvé ça mignon. Être sa petite harpe. Toujours pleine d’entrain et de mots rassurants, Abigail lui dit alors qu’elle ferait volontiers parti de son orchestre. Harper lui raconta ce conte musical moldue, pour enfant, où chaque personnage est représenté par le son d’un instrument. Pierre et le loup. Si Abi était un animal, Harper serait sa musique.
Moment de solitude. Froide nostalgie. Harper inspire profondément pour chasser l’once de reg… les sentiments négatifs. Elle s’apprête à détourner les talons quand son regard tombe sur… un truc. Mais… ça bouge ! Par Merlin c’est vert ! Une branche qui bouge ! Par Merlin que je suis bête ! La digne fille de ma mère ! Un botruc.
« Salut ».
Harper n’avait jamais été douée avec les animaux ni les créatures. Elle est beaucoup trop brusque, parle trop fort, et câline beaucoup trop énergiquement. Néanmoins, elle les a toujours adorés. D’autant plus qu’ils lui font penser à… rien.
« Eh mais attend ! Ne t’en va pas ! »
Surpris, le Botruc qui jouait la branche morte depuis l’arrivée de Harper, saute sur le sol pour déguerpir à toutes brindilles. Harper le suit, précisant qu’elle ne lui veut aucun mal. Mais le Botruc à peur. Ils arrivent à l’orée de la forêt interdite, la créature grimpe le long d’un tronc d’arbre pour rejoindre une niche habitée de plusieurs de ses congénères dont quelqu’un est en train de prendre soin…
Douche froide.
Game of Blood Ϟ Tous droits réservés | | | Abigail MacFusty INRP Métier : Professeur de Soins aux Créatures Magiques & directrice de la maison Poufsouffle
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| Ven 19 Mar - 21:31
02 octobre 2009 En trois ans, il peut se passer bien des choses. Pour moi, au contraire, ça avait été plutôt calme et il fallait dire que cette sérénité, je la cultivais du mieux que je le pouvais. Bien que j'aie rejoint les rangs de l'Ordre du Phénix, par allégeance familiale, je n'étais pas un membre éminent et extrêmement actif. Au contraire, je me voyais un peu comme le petit boulet du groupe qui essayait de faire de son mieux. Il fallait dire que l'abandon subit à la sortie de Poudlard n'avait en rien arrangé ma nature déjà très réservée. Ainsi, j'avais passé ces trois ans à étudier les Noirs des Hébrides auprès de mon père et de mon frère, je connaissais l'archipel comme ma poche et j'avais encore parfait mes connaissances en botanique. Petite sorcière se dressant aujourd'hui du haut d'un petit mètre cinquante, je me contentais de ma solitude journalière comme si elle était ma meilleure amie. Je préférais être entourée d'animaux fantastiques que d'êtres humains perfides qui se moqueraient de moi et me jugeraient. Bien sûr, j'avais des projets plein la tête et je savais taper du poing sur la table pour me faire entendre, mais il était difficile d'apprendre les couleurs aux aveugles. Les hauts placés auxquels je devais faire part, et qui avaient le ministère derrière eux se croyaient bienpensants et infaillibles, alors, quand ils me voyaient venir, moi, si minuscule, à l'air candide et peu farouche, avec mes idées nouvellistes, ils ne se privaient pas pour me rire au nez. Pourtant mon travail était tout à fait honorable, et, persuadée des faits et des observations que j'avançais, j'étais penchée aujourd'hui sur un livre que je voulais le plus complet possible. Tout comme d'autres éminents Magizoologistes et Dragonologistes avant moi.
Quand l'université rouvrit ses portes à Poudlard, ce fut donc une évidence pour moi de retourner sur les bancs d'études pour parfaire mes connaissances, et ainsi, gagner du poids pour enfin être entendue et écoutée. J'avais de l'ambition pour ma carrière, je savais ce que je voulais et j'étais droite dans mes chaussures. Tout cela était au détriment de ma vie sociale qui avoisinait le zéro absolu, mais, encore une fois, j'en avais cure. Cependant, être à nouveau en compagnie d'autres étudiants était un peu compliqué pour moi d'autant plus lorsque nous avions des travaux de groupe à faire. Ça ne faisait qu'un mois que j'avais recommencé l'université, mais mon esprit si habitué au vent et à la liberté des Hébrides, se retrouvait soudainement enchaîné et très rapidement je saturais du brouhaha incessant dans les couloirs ou les salles de classe. Alors, lorsque j'avais du temps, sans négliger mes cours évidemment, je m'éclipsais là où je me sentais le plus à l'aise, à savoir, proche de la nature et des créatures.
Ça avait été avec un plaisir non dissimulé que j'avais retrouvé le petit groupe de Botrucs que j'avais laissé derrière moi trois ans plus tôt. En un mois, j'étais parvenue à renouer quelques liens avec la plupart d'entre eux, moi qui étais d'une nature si douce et patiente. Peu douée pour bien des matières, ce que je faisais avec les créatures et la botanique, je le faisais bien, j'étais clairement née pour ça, puisque tout ce que j'entreprenais je le réussissais, y mettant toute mon énergie et tout mon cœur. Je n'étais pourtant pas exempt de doutes et d'angoisses, et aujourd'hui, alors que j'étais passée une nouvelle fois à côté de ce banc, j'avais détourné le regard. Les fois dernières, j'étais parvenue à venir frôler le bois du bout des doigts, nostalgique de ce passé que j'avais tant chéri, mais qui à présent était enfermé dans un coin sombre de mon cœur, ne désirant plus la rouvrir. Pandore de ma propre âme. Effectivement, dernièrement ça avait été plus difficile pour la simple et bonne raison que je l'avais vue. Là-bas, au détour d'un couloir. Bien trop occupée à courir comme elle avait l'habitude de le faire, elle ne m'avait pas vue, moi qui était si douée pour me fondre dans la masse. Mon regard, en revanche, n'avait pas réussi à décrocher de sa silhouette vive et élancée, et de cette chevelure aussi sauvage que domptable. Cette chevelure dans laquelle j'avais tant aimé plonger mes doigts.
L'entier de mon corps s'était embrasé et mon palpitant s'en vint à nouveau à souffrir. A l'évidence, j'allais à nouveau devoir la côtoyer (ou l'éviter) durant mes années universitaires. Mais bien que désorientée, j'étais aussi en joie d'avoir pu la revoir. Alors, les couloirs et les salles de cours devinrent tous oppressants et trop étroits. Je m'étais enfuie pour retrouver ce calme qui avait dirigé ma vie durant trois ans, cette accalmie derrière ces murs érigés si haut autour de moi afin que personne ne puisse m'approcher et me blesser à nouveau. J'avais peur, et au désespoir de ma famille, j'étais terriblement solitaire à cause de cela. Tout le moins, c'était ce qu'ils me disaient lorsqu'ils me faisaient part de leurs inquiétudes. Mais comment peut-on se sentir seul lorsqu'on est accompagné de si mignons Botrucs ? Sourire bienveillant et doux sur les lèvres, je regardais la petite créature grimper rapidement sur son arbre et rejoindre ses congénères, ceux que j'appréciais tant visiter.
- Bah alors qu'est-ce qui t'effraie ainsi Tatch ? T'es allé jusque ou cette f...
En me retournant pour regarder d'où le petit animal venait, je découvris l'intruse. Elle. Interrompant instantanément ma tirade, mon corps échappa totalement à mon contrôle. Yeux écarquillés, je me figeais comme une statue, ma gorge se noua et mon cœur explosa. Ça passait à un cheveu que je fonde en larmes, et pour m'éviter cette humiliation, mes jambes réussirent à me déplacer jusqu'à derrière l'arbre comme si j'étais devenue moi-même une créature à apprivoiser. Adossée contre le tronc, paniquée par la simple présence de cette femme, je posais une main sur ma poitrine en me mordant puissamment la lèvre afin de ne pas pleurer. Tout de même obligée de me passer une main sur les paupières, je parvenais à tourner à nouveau le visage dans sa direction, regard fuyant, à l'instar de la petite fille de onze ans que j'avais été la première fois que nous nous étions rencontrées. Tête enfoncée dans mes épaules, j'aurai aimé pouvoir creuser un trou et m'y cacher. Au lieu de cela, mes prunelles sombres parcoururent les traits de cette amie, de cet amour, qui se dressait devant moi. D'allure d'enfant, je l'avais vue devenir une jeune adulte magnifique, et aujourd'hui… aujourd'hui, Merlin, qu'elle était belle. Aujourd'hui la voilà dans un corps de femme gracile au visage harmonieux et rayonnant. Harper. Ma Harper. Ma chère et tendre Harper que je n'avais jamais réussi à oublier ni même à totalement détester. Je découvrais à l'instant avec un certain effroi que j'étais toujours éperdument amoureuse d'elle alors que nos regards ne s'étaient même pas encore croisés. La toiser me suffisait. Prenant le temps d'une longue inspiration, je me redressais, contenance retrouvée, mais, sans sortir franchement de ma cachette, les mains obstinément agrippées au bois, le bas du corps toujours en retrait, je sortais ma tête pour m'assurer qu'elle soit toujours là, et constatant (presque avec surprise) que c'était le cas, j'osais lui adresser la parole.
- B… bonjour… Harper. Je glissais une œillade vers Tatch qui me regardait l'air de se demander ce que je foutais, que c'était eux qui devaient avoir peur, pas moi. Concentrée sur les petites bêtes, comme si elles me donnaient une certaine ardeur, je reprenais la parole avec une petite once de courage dans la voix. Tu as perdu quelque chose ?
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Dim 21 Mar - 10:19 La Harpe & le Chien Ft. Abigail Mcfusty
Abigail. Abigail Mcfusty. Depuis un mois, Harper se balade dans l’Université dans une bulle d’ignorance pour éviter le contact visuel avec tous les détails éparpillés à Poudlard pouvant lui rappeler le souvenir de Abigail, aussi merveilleux que douloureux. Elle relâche un instant ses efforts pour visiter le banc qui connait leurs fessiers mieux que personne, suit une malheureuse créature pour se retrouver nez à nez glacés avec elle.
Où en étions-nous ? Là : douche froide. Un frisson parcourut ses bras, sa nuque et ses épaules jusqu’à l’entièreté de son buste. Une douche glaciale s’abat sur elle, paralysante, la plongeant dans ces rares moments mystérieux où durant quelques secondes, on se questionne sur la réalité : est-ce que l’instant présent lui appartient ? Cette brève coupure du monde est aussi hâtive que le flash de l’éclair ; les pieds de Harper retrouvent rapidement leur contact avec la terre ferme, l’instant présent appartient bien à la réalité. Ici et maintenant, Harper est face à l’adolescente qu’elle avait quitté alors que c’était la personne qu’elle aimait le plus au monde. Une rupture pour se concentrer sur la réalisation de son rêve le plus cher. Un abandon pour patauger dans la boue de l’échec, néanmoins toujours aussi persuadée qu’elle va réussir à grimper sur la terre ferme. Une adolescente devenue jeune femme. La gorge de Harper se serre. Les mains enfouies dans sa robe de sorcière, les jointures de ses doigts blanchissent sous la pression de ses poings. Rassemblant son courage, Harper balance plusieurs fois sa mâchoire de gauche à droite avant d’avaler péniblement sa salive. Elle est décontenancée, ne veut rien en montrer. Elle avait été éperdument amoureuse et l’avait quitté lâchement pour poursuivre son rêve épineux. Elle avait fait un choix terrible et aujourd’hui, elle devait lui faire face.
Abigail.
Au début de leur rencontre, elle peinait à s’avouer son attirance. Dans sa fierté féminine, elle s’offusquait de se sentir homme aux côtés de Abigail : ce petit gabarit pétillant de dynamisme, flamboyant d’amour ; si frêle dans son hypersensibilité, si forte dans la flamme de ses émotions. Si étincelante dans son authenticité. Ces dernières années, elle avait rencontré une multitude de personnes différentes. Aucune ne respirait autant le « vrai » que Abigail Mcfusty. L’arrondi de ses joues, la beauté de son naturel… Harper n’avait jamais aimé les visages peints de maquillage, les cheveux tirés à quatre épingles, les tenues si impeccablement repassées ; plus qu’aimer la simplicité, Harper aime le « vrai » des gens. Et chez Abigail, tout était vrai. A côté, Harper était grande, la carrure assortie à sa taille, elle coiffait ses cheveux parce que sa mère la raillait depuis petite pour qu’elle le fasse ; elle peignait son visage pour masquer les nuits passées à faire la fête plutôt que de se reposer pour poursuivre ses rêves. Finalement, ce qui la dérangeait, était-ce cette once de différence entre elles qu’elle associait à de la masculinité ou était-ce une admiration cachée ?
Son apparition semble prendre Abigail au dépourvu, l’affublant d’un comportement étrange. Dans son interprétation, Harper pense que Abigail n'a nullement envie lui parler. Qu’elle se sent obligée, par politesse, en souvenir du bon vieux temps. Alors, elle sort à moitié de sa cachette, pour s’adresser, enfin, à elle. Si elle avait perdu quelque chose ? Au fond, son subconscient répondait : oui. Prenant cette question pour une simple formalité afin de paraître aimable, Harper l’ignora :
« Bonjour Abigail. Je ne m’attendais pas à te voir à l’université ».
Quelle affirmation idiote. Elles ont le même âge. Les sorciers ont construit un édifice formidable pour permettre aux étudiants anglais et du monde entier de peaufiner leur éducation magique, les chances de se retrouver nez à nez avec Abigail étaient, en vérité, fortement probable.
« Tu as l’air en forme », précise-t-elle après s’être encore raclé la gorge.
Remarque pathétique. Intérieurement, Harper se maudit d’avoir lancé une discussion aussi fade qu’inutile. Que dire ? Que fallait-il dire ? Harper n’en savait rien, et elle ne voulait rien montrer de son ignorance.
« Enfin, je veux dire tu… euh.. es radieuse ».
C’était peut-être trop, cette fois-ci ?
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| Mar 23 Mar - 19:30
02 octobre 2009 Grâce volcanique. C'était la seule description qui me venait à l'esprit alors que je regardais Harper du coin de l'œil. Je n'arrivais plus à calmer les frénétiques battements de mon cœur ni à détendre les tremblements qui secouaient sensiblement mes épaules. Non pas que je sois traumatisée par sa présence ou que la surprise ait été à ce point intense, je n'étais pas à ce point cardiaque, mais voilà, en étant en présence de la jeune femme, je m'étais toujours sentie un peu fébrile, et je détestais que ce soit encore le cas aujourd'hui. Notre histoire était pourtant terminée, et le fait que ça se soit terminé si brutalement devrait m'avoir permis de tourner la page plus facilement… mais non. J'avais même l'impression que ça avait été la sensation inverse. Je ne pouvais pas dire que nous nous étions quittées en bon terme, puisque j'avais fait le choix de lui dire comme ultime parole que je la détestais, puis j'avais coupé tous les ponts. Un silence qui avait duré jusqu'à aujourd'hui, donc trois ans. Sûrement avais-je du passer la première année à pleurer notre rupture jusqu'à ce que je n'ai plus de larmes à faire couler, puis j'avais essayé de me reconstruire. Essayer seulement, car je m'étais retranchée un peu plus dans le silence et la solitude, et mes histoires d'amour avoisinaient le néant. Je n'étais intéressée par rien, ni personne, quoique cela ne voulait pas dire que je n'avais pas su m'amuser une ou deux fois, des histoires d'un soir, voire de deux soirs, mais jamais plus. J'étais trop bizarre pour les autres, trop anormale, ça avait toujours été le cas. Mais dans un sens, et si je cessais de me voiler la face, je n'avais tout simplement pas été prête à m'engager dans une relation plus sérieuse, car il n'y avait eu que Harper, et il n'y aurait que Harper. Face à elle, tous les autres semblaient être de pâles copies, un peu plus brumeux, plus fades… moins attrayants.
Présentement, j'étais éblouie, comme à l'époque, par la simple présence de cette femme qui avait été mon amour, et qui, apparemment, l'était toujours, hélas pour moi. Mon cœur toussait, il suffoquait de ressentir ce qu'il ressentait, et le paradoxe était étrange alors que je constatais que c'était aussi douloureux qu'agréable. Que je puisse encore ressentir l'émotion de l'amour me rassérénait, dans un sens. C'était que je n'étais pas totalement brisée, mais pourquoi est-ce que je le ressentais toujours avec elle ? Pourquoi fallait-il que ces sentiments avaient à ce point demeuré malgré la fin et la distance ? Peut-être était-ce parce qu'elle ne semblait pas avoir tant changé. Elle avait mûri bien sûr, cela se voyait au premier coup d'œil, là où mon corps, lui, semblait s'être figé dans le temps puisque j'avais gardé l'apparence d'une adolescente fragile et menue. Elle paraissait toujours aussi vive, pleine d'entrain et si volcanique. Sa remarque m'arracha un sensible sourire amusé, presque tendre. Parlait-elle donc toujours sans réfléchir ? C'était un trait de caractère que j'appréciais vraiment en elle, cette spontanéité qui pouvait la rendre maladroite, voire hautaine, alors qu'il n'en était rien. Nous avions le même âge, la probabilité que nous nous retrouvions à l'ouverture de l'université n'était pas si fou. Tout le moins, en ce qui me concernait puisqu’étudier ne m'avait jamais vraiment posé de problème, elle, elle était un peu plus indisciplinée que moi. C'était sans dire qu'elle était partie en stage, et que, il y a trois ans, elle m'avait parlé de peut-être s'établir là-bas et ne pas revenir. J'étais forcée de constater maintenant qu'elle était donc revenue… et j'en venais à être encore plus attristée de cette rupture que j'avais subie. Lueur un peu attristée passant dans mon regard, je toisais les Botrucs du coin de l'œil avant de répondre comme si je n'avais pas réalisé que sa remarque était de nature rhétorique.
- Éh bien… si je peux me perfectionner en magizoologie, je vais le faire, tu penses bien. J'osais lui jeter un furtif coup d'œil avant de regarder mes propres pieds. Je… Je pourrais te retourner la remarque, ne devais-tu pas aller en Amérique et m'oublier en me laissant derrière ? Pourquoi es-tu revenue ? Pour mieux me torturer ? Je me mordais la lèvre inférieure à ses questions et remarques de colère et de frustration qui vivaient en moi depuis si longtemps. Inspirant longuement, je reformulais de manière moins agressive. Ton stage s'est-il déroulé comme tu le voulais ?
Elle était revenue, était-ce donc parce qu'elle eut été si brillante que le Macusa ne l'avait pas retenue ? Ou alors était-ce l'inverse ? Un stage catastrophique qui l'avait empêché de poursuivre ? J'ignorais quelle version je préférais en réalité. Mon côté loyal me chuchotait de ne vouloir que son bien. Peut-être ressentais-je un certain désir de vengeance qui grondait en moi, pourtant, lorsqu'elle me flatta, je ne pus m'empêcher d'être surprise et de la regarder un peu plus franchement, yeux arrondis. Radieuse ? Était-ce vraiment le mot qu'elle avait voulu employer, ou était-ce l'un de ces nombreux lapsus ? Surtout, devais-je vraiment me fatiguer à décortiquer la manière de parler de Harper ? C'était peine perdue, je le savais. Alors, j'essayais de prendre, d'accepter, sans aller plus loin. Je me laissais toucher, parce que je n'avais aucune volonté de résistance avec la Auburn. Elle était clairement mon point faible. Souriante, je glissais un peu mon regard sur le cou et les épaules de la jeune femme afin de ne pas avoir à soutenir ses prunelles. Touchée, je posais mon front sur le tronc d'arbre derrière lequel je m'étais cachée, un petit sourire accroché aux commissures de mes lèvres.
- Merci beaucoup. Était-ce une petite bouffée de chaleur que je sentais monter sur mes joues ? Sans doute étais-je en train de rougir, comme cela avait souvent été le cas lorsque Harper me complimentait, car j'y avais toujours été sensible, moi, petite sorcière émotive. Tu… tu n'es pas mal non plus. Bravo Abi, ça, c'est de la répartie de folie, je peux même sûrement faire pire… Au secours. Je veux dire, tu n'as pas changé. Voilà oui, ça c'est pire… bravo, vraiment, merveilleux... Je fermais fortement les paupières en secouant la tête. Non, je veux dire tu… soupir. Merde… tu es encore plus belle qu'avant.
Aller hop, comment cracher le morceau bien gênant pour commencer une conversation. Trop gênée, je détournais à nouveau le regard, me redressant un peu pour sortir sensiblement de ma cachette, sans toutefois quitter le tronc d'arbre, comme s'il me permettait de rester debout (c'était sans doute un peu le cas). Curieuse, et parce que j'avais bien remarqué qu'elle avait évité ma question, je décidais de la reposer. J'étais toujours aussi têtue.
- Qu'est-ce qui t'amène à l'orée de la forêt interdite ? Je balayais le paysage dans son dos, comme si je mesurais la direction qu'elle avait prise pour venir jusqu'ici. Serait-elle passée par le banc ? Pourquoi ? Je me mordais une nouvelle fois la lèvre. Si… si tu as besoin d'aide pour quelque chose je…
Je m'interrompais. Oulala sur quel terrain glissant j'étais en train de me lancer là ? Est-ce que j'avais véritablement envie de me risquer à vivre la douleur que j'avais vécue il y a trois ans ? Non. Est-ce que je voulais essayer de me rapprocher à nouveau d'elle ? Oui. Est-ce que l'un n'allait pas sans l'autre ? Je le craignais.
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| Mer 24 Mar - 14:33 La Harpe & le Chien Ft. Abigail Mcfusty
Est-ce cette timidité revêche qui la plonge dans l’accoutumance de la réserve ? Il y a des choses qui ne changent pas. Il y a des choses qui toujours vous attendriront au plus profond de votre âme. De la mignonnerie qui vous touchera en plein cœur même les yeux bandés. En réaction à ses flatteries maladroites, Abigail rougie. « Tu… tu n'es pas mal non plus… Je veux dire, tu n'as pas changé… Non, je veux dire tu… Merde… tu es encore plus belle qu'avant. »
Ses bégaiements, témoin de son hésitation, ses joues rosies, ses mots choisis… Harper enfonce la tête dans ses épaules pour éclater littéralement de rire. Un rire franc, sonore, avec les yeux et les lèvres fendant son visage. Son nez s’en étirerait presque. Les yeux portés au sol pour masquer sa gêne, elle reprend son souffle avant de reporter son attention sur son premier amour.
« C’est gentil. Tu me flatte. »
Comme avant.
« Mon stage au Macusa s’est parfaitement bien déroulé. J’ai eu la chance d’apprendre auprès d’un tuteur formidable, un vieux loup fana de sortilèges. Le contrat n’a duré qu’un an ».
En réalité, c’était la seule chose qui s’était bien passée depuis leur rupture. Elle occulte son échec aux épreuves d’entrée dans l’élite des Aurores au Ministère de la Magie anglais, et son travail comme serveuse depuis deux ans en attendant qu’une lueur d’espoir scintille.
Le regard des Botrucs basculent de l’une à l’autre. Une petite femelle se frappe même son long front de sa petite brindille. Pour ce qui est de sa présence ici…
« J’avais besoin de prendre l’air après le déjeuner ».
Demi-mensonge.
« Je commence à le regretter ».
Indélicatesse.
« A cause du froid, je voulais dire », se reprend-elle rapidement pour éloigner les mauvaises interprétations. « Je ne me suis pas assez couverte. Là aussi il y a des choses qui ne changent jamais ».
Tu entourais toujours mon cou d’un foulard, parce que j’étais toujours en retard. J’oubliais la moitié de mes affaires, se rappelle-t-elle en songe. Nostalgie. Les poches d’Abigail devaient encore comporter les miettes des muffins qu’elle lui réservait en prenant son petit-déjeuner, car Harper se levait toujours à la dernière minute, trop feignante pour se dépêcher, couchée trop tard pour être en forme, trop fatiguée pour accorder du temps au petit-déjeuner.
« Peut-être pourrions-nous balader un peu ? Mon prochain cours n’a lieu que dans une heure. Si tu as un peu de temps libre… et que tu en as terminé avec les Botrucs ? ».
A l’unissions, les botrucs hochent la tête pour un non aussi franc et direct que le rire de Harper. A l’évidence, ils n’ont pas envie qu’on les débarrasse de leur bienfaitrice.
« Et si tu acceptes de quitter ton tronc d’arbre », précise-t-elle avec le sourire. « Je n’ai rien besoin d’autres en cet instant que de me dégourdir les jambes pour me réchauffer ».
Et profiter de ce moment innocent pour être avec toi. Sacrée Abigail. Il y a des choses qui ne changent pas. Comme sa manie de toujours donner beaucoup trop aux autres. Harper en avait tant profiter. Après ses onze premières années à vivre dans le désintérêt d’une mère, elle avait réussi à capter l’attention de quelqu’un dont la seule volonté était de lui vouloir du bien.
Et elle avait chassé ce quelqu’un de sa vie.
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| Jeu 25 Mar - 9:29
02 octobre 2009 L'éclat de rire de la Belle me fit me sentir davantage risible. Oh je savais bien qu'elle n'était pas en train de se moquer de moi non, je la savais vive et bien plus spontanée que moi pour le coup, et la raison de son rire pouvait s'expliquer par tant de possibilités que je n'essayais même pas d'en envisager une seule. Je me contentais donc simplement de ce qu'elle était en train de me dire. Que je la flattais. À dire vrai, ce n'était pas le but, je crois même que je n'avais jamais cherché à le faire, mais tout bonnement à rester moi-même, c’est-à-dire franche et à dire ce que je pensais. Bien souvent cela m'avait porté préjudice, exactement comme à Harper, mais pourtant, entre nous, cette franchise avait toujours été ce que nous avions de plus cher… et ce, même si ça devait mener à des drames, comme une rupture totalement injuste. À mes yeux, Harper avait embelli avec l'âge, et je n'osais alors m'imaginer comment elle serait dans dix ans. Encore plus belle à tel point que j'en perde la tête ? Je le craignais.
Les joues davantage roses sous les coups d'éclats de rire de la jeune femme, je l'écoutais me parler du Macusa, tout le moins, de me résumer son stage. Je n'étais pas sans savoir qu'elle pouvait passer rapidement sur un sujet lorsqu'elle n'était pas totalement à l'aise, car à l'inverse, lorsque ça avait été aussi formidable, elle n'en tarissait pas d'éloges. Ainsi, à moins qu'elle n'ait changé sur ce point (ce dont je doutais fort), je détectais comme un malaise, ou plutôt, des mensonges, des cachotteries. Mon cœur en souffrit d'autant plus. Notre relation s'était-elle à ce point étiolée pour qu'elle en vienne à me mentir de manière éhontée ? Le souvenir douloureux de l'instant de notre séparation il y a trois ans me sauta à la figure comme un tigre enragé. "Je te déteste." C'était tout ce dont j'avais été capable de lui dire comme conclusion… alors aujourd'hui, comment pouvait-il en être autrement ? Évidemment que Harper Auburn ne me disait pas la vérité, évidemment qu'elle ne me faisait plus confiance (lui faisais-je encore confiance moi-même ?), et enfin, évidemment qu'elle n'avait plus de sentiments pour moi. Je croyais encore au Père-Noël apparemment. Alors, ce fut d'un sourire calme et d'une œillade presque morose que je répondais après avoir avalé nerveusement ma salive.
- Les sortilèges, ça a toujours été ton truc.
Souvenir d'une Harper bien plus dégourdie et appliquée que moi pour le coup. C'était grâce à elle si j'avais réussi à obtenir un patronus corporel, elle m'avait aidé, elle l'avait vu pour la première fois avant tout le monde. Ironie du sort, le souvenir heureux que j'avais utilisé à cette époque était toujours le même aujourd'hui. Et elle était comptée dans ledit souvenir. Car même, après tant d'années, même après tant de souffrance, Harper avec cette lumière en elle qui ne cessait de m'éclairer et de me réchauffer. Quand bien même j'étais nulle en calcul (voilà pourquoi j'étais une catastrophe en potions et en arithmancie notamment), j'avais bien détecté qu'elle ne m'avait parlé là que d'un an de sa vie, pas trois. Qu'avait-elle fait le reste du temps, et ce, jusqu'à la rentrée universitaire ? Encore une fois, le creux dans ma poitrine ne fit que s'agrandir. Je me sentais décontenancée, et toujours à ce point trahie. Le comportement des Botrucs m'interpella néanmoins, car ces petites bêtes parvenaient à ressentir des choses que moi, simple être humain, ne pouvait pas capter. Peut-être faudrait-il que je les interroge, plus tard, mais je n'étais pas certaine qu'ils veuillent me confier quoique ce soit.
Aux regrets de la Belle de s'être aventurée jusque-là, mon regard s'en vint à fuir une nouvelle fois, et je réalisais ma mauvaise interprétation alors qu'elle s'empressa de se corriger et de préciser sa pensée. Sensiblement rassérénée, j'osais reposer mes prunelles sombres sur elle, ce qui eut pour effet de faire tousser mon cœur dans ma poitrine. Ne pouvant pas m'empêcher de l'admirer, j'essayais tant bien que mal de cacher ce voyeurisme en constatant qu'elle n'avait pas perdu cette mauvaise habitude de se précipiter pour faire les choses, sans y être totalement préparée. Combien de fois lui avais-je prêté l'une de mes paires de gants (parce que j'avais fini par en acheter une deuxième paire exprès pour elle, mais je ne lui avais jamais dit) ? Combien de fois avais-je mélangé les deux couleurs des vêtements de nos maisons alors que je passais mon écharpe noire et jaune autour de son cou, me collant à elle pour lui offrir un peu de ma chaleur ? Ce que Harper ne savait pas, c'était que je profitais moi-même de cette chaleur. Combien de fois m'avait-elle jugée, même pour plaisanter, sur ma faiblesse ? Sur le fait que j'étais très régulièrement malade. Si j'avais eu une pleine confiance en Harper à l'époque, je ne lui avais jamais confié mon secret le plus lourd, parce que je n'avais pas le désir de l'inquiéter plus qu'elle ne l'était déjà par tout le reste. Notre rupture m'avait conforté dans ce choix, et aujourd'hui, je n'étais toujours pas prête à le lui révéler. C'était mieux ainsi.
- Je… J'ai terminé ma journée, alors…
C'était une manière pour moi d'accepter son invitation malgré les regards alarmés que me lançaient les Botrucs. L'avantage en Magizoologie c'était que nous avions beaucoup de temps pour nous entrainer en pratique. C'était aussi pour ça que j'étais ici présente, à côté de ce nid, et bien que j'avais prévu me perdre dans mes révisions et mes théories dans la bibliothèque, je pouvais bien prendre quelques minutes pour elle, pour Harper. Parce que je l'avais toujours fait, et que ça ne changerait visiblement pas.
- Je reviens tout à l'heure.
M'adressais-je aux petites créatures qui couinaient presque pour me faire comprendre qu'elles ne voulaient pas que je parte. Elles n'avaient pas besoin de ça pour que je le saisisse, mais voilà, j'avais besoin de parler avec la jeune femme, j'avais besoin de renouer avec ce passé si douloureux et j'avais besoin de comprendre certaine chose, même si je devais encore une fois en souffrir si c'était pour mieux guérir. J'avais toujours eu cette particularité de parler aux animaux fantastiques comme s'il s'agissait d'êtres humains, comme s'ils avaient la faculté de me comprendre. Bien souvent on me trouvait absurde lorsque je m'adressais ainsi à eux. Avec des gestes mesurés, je me baissais pour attraper mon sac à dos. Ce même sac que j'avais eu à Poudlard et qui, apparemment, ne m'avait pas quittée depuis tout ce temps. Il avait pris quelques rides, il avec une bretelle légèrement décousue, sûrement que je l'avais mal traité en le trainant dans des buissons lors de l'une de mes expéditions.
Me détachant du tronc d'arbre avec peu d'assurance, je fermais les boutons de mon long manteau aux finitions jaunes et noires de cette maison que j'avais à nouveau rejointe. Glissant une main dans ma poche, j'en sortais le bonnet que j'avais caché puis je l'enfilais sur ma tête avec cette délicatesse qui m'était propre. Frange prise dans la laine, j'essayais d'arranger un peu ma coupe de cheveux comme si ça avait une certaine importance, cascade courte me tombant alors sur les épaules et entourant ce cou déjà réchauffer par une écharpe. Cette écharpe. Enfin emballée (c'était le mot), j'osais me rapprocher de quelques pas de Harper, et, sans même attendre son avis, je prenais une direction totalement hasardeuse pour que nous rejoignions tranquillement le parc. Combien de fois nos pieds avaient-ils foulé l'herbe de ce parc ensemble ? Mains enfoncées dans mes poches, je gardais un instant de silence, ce silence plutôt malaisant, avant que je ne trouve enfin un sujet de conversation.
- Tu… mmh… tu es dans quelle filière ? À l'université ? Je lui avais déjà donné la mienne sans qu'elle me le demande, et de toute façon, c'était d'une évidence profonde. Est-ce que le diplôme universitaire t'ouvrira de nouvelles portes pour le Macusa ou le Ministère ?
Je n'avais pas oublié son rêve de devenir Auror, et même si j'avais déjà pratiqué mon métier de dragonologue pendant trois ans, je n'avais pas la sensation que Harper avait eue autant de chance, mais peut-être que je me trompais (et c'était ce que j'espérais au fond de moi). J'essayais d'en apprendre plus, avec finesse. Je marchais sur des œufs, ou des cendres, c'était selon.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Lun 29 Mar - 19:25 La Harpe & le Chien Ft. Abigail Mcfusty
C’était exquis. Abi la rejoint sur le chemin poussiéreux tâché de touffes d’herbes éparses. Rapidement, en un éclair, une fine bise s'engouffre dans les cheveux d'Abigail coiffés désormais d’un bonnet. Brièvement, pendant un court instant, son parfum s'engouffre dans ses narines. Harper hume cette odeur, provoquant un sentiment d'apaisement combiné à une tachycardie étrangement régénératrice.
Sans mot dire ni contrariété, Harper lui emboite le pas dans la direction qu’elle choisit. Les deux jeunes femmes marchent côte à côte. La grande et la petite. La harpe et le chien. Le son qui s’accorde au personnage. Comme autrefois. Certains détails n’ont pas échappé au regard inquisiteur de Harper. Son style vestimentaire n'a pas changé. La vue de son sac à dos fétiche lui arrache un rictus. D'ailleurs, des pieds jusqu'à la tête, tout semblait s'être figé chez Abigail Mcfusty. Ah ! Maman aurait été verte de jalousie. Comment qualifiait-elle ce phénomène déjà ? Ah oui : injustice de la nature. Car pendant qu'elle observait son épiderme se défraîchir avec le temps, d'autres conservent leur peau de bébé. Harper s'imagine que la douceur de sa peau est restée la même.
« J’ai opté pour la Protection Magique. Avec ce diplôme il me sera plus aisé de rentrer dans l’élite », répond Harper les yeux rivés sur l’horizon verdoyant du parc. « Mais, parle-moi de toi, Abi », reprend-t-elle rapidement pour dévier le sujet de conversation. « … qu’as-tu fais ces trois dernières années ? »
Trois ans. Il s’était passé trois ans. Trois ans c’est court. Pourtant, la sortie de Poudlard semble appartenir à une autre époque. Trois petites années : une éternité.
« J’ai lu un article. Un mec du genre moi-je interrogé par le Chicaneur sur ses études sur les grands sauriens. Il a évoqué les idées détractrices d’une, je cite, hurluberlue en mal de reconnaissance ». Harper joint un rire franc à ses mots.
Si elle avait échoué lamentablement jusqu’ici pour accéder à son rêve d’élite, elle savait qu’il n’en est pas de même pour Abigail. Elle, elle poursuit toujours sa passion. Pendant qu’Harper poursuit une ombre. Oui, les sortilèges, cela a toujours été son truc. Mais ce truc ne l’aide pas vraiment pour atteindre son objectif ! D’ailleurs, ce truc n’est pas son objectif. Concernant l’article qu’elle vient d’évoquer, elle sait que le véritable détracteur n’est autre que cet idiot d’opportuniste, et que le simple fait qu’il évoque le travail d’Abi témoigne de l’importance capital de son travail. Sinon, il n’y aurait pas fait allusion. Sinon, il n’aurait pas essayé de la discréditer.
Dans l’horizon baigné de vert, on aperçoit les élèves s’entrainer au quidditch, petits points volants cape au vent. Quelque part, « leur banc » traîne par-là. Harper essaie d’entrainer Abigail sur un nouveau sentier pour être certaine de l’éviter. L’air de rien. Les mains plongées dans les poches de son manteau en laine bouloché par les soins indélicats de la jeune femme, Harper effectue un mouvement de la tête pour dégager une boucle brune venue lui barrer le front. Aujourd’hui, elle s’était éloignée de son code vestimentaire négligé juste pour faire enrager sa mère. Si elle ne prend toujours pas soin de ses affaires, ses vêtements sont devenus plus sophistiqués ; dans le monde des adultes, elle a dû apprendre les codes pour se distinguer, obtenir plus de crédibilité. Ce matin, elle avait peint ses lèvres de vermillons qu’elle oubliera ce soir de démaquiller et étalera profusément sur son coussin pendant son sommeil de plomb.
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| Mar 30 Mar - 22:19
02 octobre 2009 Combien de fois avions-nous marché ainsi elle et moi ? Côte à côte, en parlant de tout et de rien, en flânant simplement, en profitant du paysage à l'horizon, du vent qui secouait nos cheveux et nos vêtements, du chant des oiseaux et même de la simple présence des astres. Combien de fois avions-nous foulé le parc de Poudlard en long, en large et en travers ? Franchement, j'avais perdu le compte, et cette dernière fois, présentement, restait tout aussi exquise que les fois précédentes. Saveur d'un relent passé, il en était que plus précieux et beau, comme si je n'avais plus osé l'espérer et que je m'étais faite à l'idée de le rêver uniquement. Car après tout, comment aurais-je pu savoir que nos routes se recroiseraient ? Harper, bien que mes sentiments pour elle restaient vifs et animés, avait été placée dans une petite case dans mon cœur. Une case qui appartenait au passé. Alors, durant cet instant de silence intangible, j'en venais à me demander ce que nos destins nous réservaient. Est-ce que nous serions vouées à rester en contact cette fois-ci ? Ou est-ce que nous finirions notre relation définitivement en fin de journée et plus jamais nous ne nous retrouverions ? Cette perspective me faisait si peur et m'angoissait tellement… Avoir été séparée d'elle durant trois ans, ça avait été trois ans de trop. Mais peut-être était-ce mieux que nous restions comme des étrangères pour l'autre ? Lentement, je glissais mon regard sur Harper pour l'observer avec discrétion. Et elle ? Que voulait-elle, elle ? Ce qui était certain, c'était qu'elle n'avait pas abandonné ses rêves et ses envies. Protection Magique. Oui, évidemment, pourquoi posais-je la question ? Pour le coup, mon amie d'enfance était comme moi, à ne pas décrocher de ses motivations, nous avions ça en commun, même si nous nous y prenions de manière différente elle et moi. Elle, elle visait l'élite, elle voulait être la meilleure, même si cet objectif m'échappait, je devais l'avouer. Déjà à l'époque j'avais du mal à le saisir. J'étais une personne qui se complaisait dans la recherche, j'étais un puits sans fond qui souhaitait apprendre, encore et toujours. Appartenir à l'élite, être dans les meilleurs, n'était-ce pas une manière de prétendre que nous avons tout réussi ? Que plus personne ne peut nous égaler ou presque ? J'appréciais qu'on me réponde, j'appréciais qu'on me fasse réfléchir intelligemment.
- Je te souhaite sincèrement de réussir. Oui, mes intentions envers elle n'avaient pas changé et elles restaient simples, pleines de bontés et de douceurs. J'étais sincère. Du coin de l'œil, j'osais la regarder timidement avant de sourire, toujours gênée, les joues restant sensiblement rosâtres. Taquine, je m'entendais oser dire. Pour ça il te faudra te concentrer dans toutes tes matières et avoir les meilleurs résultats aux examens. Je penchais la tête dans sa direction, goguenarde. Penses-tu pouvoir faire mieux que moi ? Mise au défi comme je le faisais lorsque nous étions enfants. Je savais que Harper appréciait une certaine forme de concurrence, et c'était l'un des moyens que j'avais trouvés à l'époque pour la motiver. À quel point avait-elle changé sur ce sujet ? Posant mon regard à l'horizon, je gloussais un peu. La grande Harper qui a atteint l'élite, que fera-t-elle une fois son but obtenu ?
Oui, que ferait-elle lorsque son rêve sera accompli ? Le mien n'avait pas de fin, mais le sien ? Dans le fond, je m'inquiétais un peu de cela pour elle. Prunelles foncées observant distraitement les joueurs de Quidditch s'entraîner au loin, petits points s'agitant à l'instar d'un petit essaim de mouches, je répondais sans la moindre hésitation à ses questions. Après tout, je n'avais rien à cacher.
- J'ai étudié les Noirs des Hébrides, aux coins les plus reculés de l'archipel. Éloignée, loin du monde, seule avec la nature et les éléments. J'ai été formée par ma famille. De temps à autre accompagnée par ceux que j'aimais, sinon, ce fut trois ans de solitude qui m'avaient parfaitement convenu. Un fin sourire amusé se peignit sur mes lèvres alors qu'elle me parlait de l'un de mes collègues qui me voyaient comme une farfelue. Néanmoins, un voile légèrement triste passa dans mon regard avant que je développe. Les méthodes que j'essaie de faire connaître et que je teste sont très critiquées. Il y a même des sceptiques au sein de ma famille… alors des sorciers qui pratiquent les mêmes méthodes depuis des années et qui ne connaissent que ça, tu imagines bien qu'ils ne veulent rien savoir. Cet individu typiquement, ne me faisait pas réfléchir intelligemment. Ses critiques étaient gratuites et malsaines. La manière forte, coercitive... Coucher le dragon par la force et le nombre, au lieu d'essayer de comprendre, de voir, d'écouter, au-delà de la créature de feu dangereuse qu'elle était. Être doux ne signifiait pas être naïf ni imprudent. C'était ce que la plupart des sorciers ne comprenaient pas. Après tout, ils appréciaient asseoir leurs supériorités auprès d'autres êtres et créatures, comme les elfes, alors des dragons qui n'avaient rien d'humanoïde…. Un jour peut-être, lorsque j'aurai plus d'expérience et lorsque mes théories auront fait leurs preuves, on me comprendra et on me croira... Enfin… si déjà j'arrive à prouver quoique ce soit. Après tout, tout était nouveau dans ces théories que j'avançais. Je devais faire mes tests, mes essais, mais aussi mes preuves. Tout un chemin à faire. Un chemin de toute une vie.
Sans bien trop y porter attention, je suivais Harper qui changeait sensiblement de cap. Tout le moins, je croyais comprendre pourquoi, et j'étais assez encline à suivre son choix. Moi non plus, je ne désirais pas retourner vers ce banc en sa compagnie. Pas maintenant. Pas aujourd'hui. Pas comme ça. Marquant un instant de silence, je posais à nouveau mes yeux sur Harper tout en m'attardant cette fois-ci vraiment sur sa tenue vestimentaire. Ça, ça avait changé. Elle semblait avoir mûri, elle semblait plus femme, contrairement à moi, figée dans le temps. Bien sûr, je savais me mettre en valeur lorsque je le souhaitais, mais ce n'était pas très recommandé lorsqu'on restait couché ou assis sous un buisson, dans la terre. Alors, d'ordinaire, je préférais garder mes tenues un peu débraillées. Exceptions étaient faites lorsque j'étais en tenue d'étudiante universitaire, comme aujourd'hui. Il n'y avait rien à dire : Harper était belle, et mon cœur s'emballa encore une fois. Il ne fallait pas que je m'attarde trop sur elle, surtout alors qu'elle retirait cette mèche de son front et que son odeur épicée, presque sucrée, parvenait à mes narines sous un léger coup de vent. Cette odeur que j'avais tant aimé humer ces soirs que nous avions partagés toutes les deux... Et ses lèvres soulignées, appel au péché... Clignant des yeux et secouant légèrement la tête, je me raclais la gorge, réalisant que j'étais muette, perdue dans mes pensées, depuis un petit moment déjà. Je me reprenais donc.
- Ta mère et ta sœur, comment vont-elles ? Et tes grands-parents ?
Je ne voulais pas me risquer sur un terrain glissant, mais par cette question je m'inquiétais de la relation qu'avait la Belle avec sa famille. J'étais soucieuse pour elle, pas pour les autres. Il n'y avait que elle qui comptait. Ma musicienne, ma Pierrette dont j'étais la louve.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Sam 3 Avr - 21:12 La Harpe & le Chien Ft. Abigail Mcfusty
Quelques arbres feuillus au ras du sol commencent à perdre de leur superbe, témoignant du déclin de l’été, pendant que leurs confrères résineux, hauts et coniques, ne perdent rien de leur grandeur, résistant aux météos du ciel et des saisons.
Dans le parc de Poudlard, on pourrait s’y balader à l’infini, à qui voudrait s’y prendre. Les pentes abruptes, les descentes vertigineuses, les virages étroits ou largement abordables ne manquent pas de divertir la promenade. On s’essouffle à grimper pour souffler de soulagement le sommet d’atteint. Désormais, le terrain de Quidditch demeure dans leur dos. Elles n’assisteront pas à la bagarre dans le ciel de deux joueurs effarouchés retombant en direction du sol dans un tourbillon de balais, de cape et de crépage de chignon.
« Un challenge ? » Harper relève le mot pour masquer son cœur rendu en joie par les encouragements d’Abigail. « Tu sais que je ne peux pas résister à un challenge… jusqu’à ce que je m’en las ».
Harper éclate de rire, se moquant d’elle-même, faisant sursauter un groupe d'étudiante installée dans l'herbe.
« Si je parviens à faire mieux que toi, j’embrasse tous les serpentards, élèves et étudiants réunis ! ».
Le sourire toujours aux lèvres, Harper hausse les épaules, projetant son regard sur le sol.
« Une fois l’élite d’atteint, je travaillerai sans relâche. Imagines-tu ? Toute la noirceur de ce monde à combattre ? Nous vivons une période d’accalmie, mais connaissant l’histoire des humains, magiques ou non magiques, on sait qu’après le calme vient la tempête, et après la pluie, le beau temps. Et ainsi de suite à l’infini ».
A nouveau, elle hausse les épaules, et rajuste son manteau de laine.
« Une fois le but atteint, l'objectif sera sans fin", conclut-elle sur un ton solennel.
Cette heureuse rencontre conserve une part de gêne. Harper s’obstine à garder les yeux rivés devant elle, s’interdisant de la regarder. S’interdisant de se rappeler. S’interdisant de ressentir certains tiraillements apparus après leur rupture. Non, Harper ne doit pas défaillir. Elle ignore, se cache, se ment, quitte à ne pas profiter pleinement de ce sentiment de bien-être et d’apaisement provoqué par la présence d’Abigail. Cette paix intérieure qu’elle seule était capable d’insuffler, cette paix que personne n’a jamais su lui apporter. Encore une fois, face à l’évidence du bonheur, Harper se cache sous un drap pour avancer tel un fantôme ignorant le joli monde qui l’entoure, préférant vivre dans la bulle qu’il s’est créé.
Combien de Noël avait-elle passé chez les Mcfusty ? Accueillie comme une reine, dorlotée, chouchoutée. Combien de fois avait-elle reçu chez eux tout ce qu’elle n’avait pas chez elle ? Elle avait vu ce qu’une mère devait vraiment faire. Elle avait vu ce que c’était que d’avoir un père.
« Je ne vois plus ma mère », avoue-t-elle, le nez parterre. « J’ai coupé les ponts. Quant à Jean, eh bien tu sais, nous ne sommes pas très proche… alors, je suppose qu’elle doit vivre quelque part en Angleterre. Grand-Mère Elaine a fait un deuxième AVC il y a deux ans maintenant. Grand-Père Vicky s’occupe d’elle à plein temps. Mais ils vont bien. Ils sont solides. Le matériel médical nécessaire étant trop onéreux, je me suis permise d’ensorceler quelques-uns du mobilier… ça les aide beaucoup. Le problème, ce sont les visites. Grand-Père Vicky est obligé de caresser le lit pour ne plus qu’il rajuste automatiquement la position de Grand-Mère quand les infirmières sont là. Et le fauteuil voué à lui faire descendre les escaliers est psychorigide, il faut sans arrêt lui faire des courbettes pour qu’il daigne faire son travail. Ça les fait rire, c’est tout ce qui compte. Ils me demandent régulièrement de tes nouvelles ».
D’ailleurs, ils lui ont souvent demandés d’en prendre. Harper n’osera jamais lui avouer que Grand-Père Vicky, avant son départ pour les Etats-Unis, alors qu’il s’était démené pour lui trouver un logement, donné assez d’argent pour survivre, pris toutes les précautions nécessaires, au moment des aurevoirs, il lui a affirmé qu’elle faisait la plus grosse erreur de sa vie.
« Ils t’ont toujours beaucoup apprécié et regrettent le temps où tu leur rendais visites ».
Consciente des multiples sens que cette dernière phrase pouvait avoir, Harper se reprend :
« Non pas qu’ils t’en veuillent de ne plus t’avoir vu après notre rupture. Ils ne sont pas comme ça ».
Harper inspecte sa montre au cadra rayé. L’heure tourne. Bientôt, elle devra rejoindre son cours de l’après-midi.
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| Lun 5 Avr - 8:37
02 octobre 2009 Le grand éclat de rire de Harper aurait pu me faire sursauter à l'instar de ces quelques étudiants assis non loin de là où nous étions en train de passer. J'étais timide et très calme, une personne aussi vive pouvait aisément me mettre mal à l'aise et me rebuter, mais en Harper, j'avais su voir cette personne sensible qui se cache derrière ces émotions si volcaniques. En Harper, j'avais eu l'envie de, des fois, être un peu comme elle. Ça m'arrivait d'ailleurs, et elle avait pu le voir durant quelques années, jusqu'à ce que tout s'effondre. Château de cartes très fragile que nous avions érigé toutes les deux. J'avais eu la naïveté de croire que nous consoliderions ensemble les fondations. Alors forcément, lorsqu'elle accepta mon challenge, j'eus un sourire amusé peint sur mes lèvres, jusqu'à ce qu'elle ne gâche tout, encore une fois de manière inconsciente. "Jusqu'à ce que je m'en las". Comme elle s'était lassée de moi. Comme elle s'était lassée de notre relation. Harper était-elle donc le genre de personne à vivre pleinement une passion jusqu'à ce que la flamme s'amenuise ? Alors elle laisse tout tomber parce que ça n'en vaut plus la peine.
Je n'en valais pas la peine.
Voile sombre traversant mon regard et même mon visage, j'essayais de garder contenance alors que je me perdais dans un profond mutisme. Toutefois, j'essayais de l'imaginer elle, en train d'embrasser toute la maison Serpentard, et, certes si cette perspective était très amusante, j'en ressentais un pincement au cœur. Ce pincement si piquant, comme si l'on m'injectait un poison. Et moi ? M'embrasserait-elle à nouveau ? D'une œillade discrète je regardais ce carmin sur ses lèvres avant de mordre les miennes, envieuse, retenant l'entier de mon être de ne pas lui sauter dessus pour la faire taire. Pour qu'elle cesse de dire des âneries. Pour lui montrer que moi, je ne m'étais pas lassée. Ses lèvres me manquaient bien plus que je n'aurai pu l'imaginer. Mais voilà, l'instant était ainsi qu'une muraille était construite entre nous et que je n'avais nul droit de dire ce que je pensais, ni montrer ce que je ressentais. Pourtant, tout en moi me hurlait de l'engueuler, de la gifler, puis de l'embrasser. Au lieu de cela, je me contentais de répondre avec ce calme qui me caractérisait (quoique ma voix tremblait sensiblement).
- Dans ce cas, je me ferai un plaisir de tout filmer pour que ça reste dans les annales.
Je n'avais rien trouvé d'autre, trop occupée à panser intérieurement ses blessures béantes qui s'étaient à l'instant rouvertes. Fragiles cicatrices que je n'avais jamais trop pris le soin de guérir convenablement. Presque un peu lâche, je profitais qu'elle me parle de son objectif de vie, de son but atteint pour ce faire, restant à nouveau silencieuse, les mains profondément enfoncées dans mes poches, ma tête rentrée dans mes épaules à l'instar d'une petite tortue. Consciemment, mais lentement afin que Harper ne le réalise peut-être pas, je m'écartais de quelques centimètres, rajoutant de la distance entre nous, comme si cette nouvelle distance allait pouvoir me sauver d'un quelconque destin qui s'amusait à me torturer lorsqu'elle était dans les parages. Toutefois, je restais très heureuse qu'elle soit venue me voir, même si ça n'avait pas été désiré. Je restais très heureuse de la marche que nous étions en train d'effectuer toutes les deux et je restais très heureuse de pouvoir à nouveau lui parler. J'avais ressenti son manque comme un gouffre dans mon âme que jamais je n'avais su remplir à nouveau malgré tous mes efforts.
Car oui, Harper, j'avais essayé de l'oublier tant bien que mal. Je m'étais perdue dans mon travail, isolée pour y être totalement plongée. Ça n'avait été qu'un pansement sur une jambe de bois. Alors, j'avais essayé de faire de nouvelles rencontres, de nouveaux amis, période qui ne dura guère puisque les gens finissaient toujours par ne plus me donner de nouvelles, comme si je dérangeais. Je n'espérais donc même plus de relation amoureuse, et même s'il m'était arrivé de m'amuser une ou deux fois avec un (ou une) partenaire, ça n'avait pas la même saveur qu'avec celle qui avait volé mon cœur et qui l'avait emmené avec elle aux États-Unis. J'aurais apprécié qu'elle me le rende, là, maintenant, tout de suite, mais elle ne semblait pas décidée. La connaissant, Harper l'avait sûrement égaré, et c'était donc à moi de faire tous les efforts, et de le retrouver. Car elle ne me le rendra jamais, de cela j'en étais certaine. Mais au fond, devais-je lui en vouloir pour ça ? C'était moi qui l'avais placé entre ses mains volontairement, trop amoureuse pour me rendre compte du danger que cela pouvait engendrer. Nous étions, dans le fond, coupables l'une et l'autre. Coupable de notre naïveté et de notre jeunesse. De nos choix et de nos fautes.
- Je te vois bien combattre le mal comme une super héroine. C'est sur que tu auras de quoi faire.
Perdue dans mes raisonnements, je tapais négligemment dans un caillou qui se trouvait sur ma route avec le bout de ma chaussure. Tandis qu'elle me parlait de sa famille, j'observais la course de la pierre entre l'herbe, puis dévaler la pente qui se trouvait à côté de nous. Bientôt nous arriverons dans la cour extérieure de Poudlard, sonnant sans aucun doute la fin de cette rencontre aussi joyeuse que tortueuse. Moi qui venais d'une famille unie et aimante, j'étais triste du discours que la jeune femme me confiait. Couper les ponts avec sa mère, c'était quelque chose de tout à fait inenvisageable pour moi, tout comme il m'était impossible de comprendre comment il était possible de ne pas être proche de sa sœur, moi qui avais un lien extrêmement étroit avec Kyle. Sans doute devrais-je l'appeler pour lui confier cette rencontre d'ailleurs, lui qui était au courant de cette peine de cœur, il saura me parler et éclairer mes pensées égarées. Néanmoins, je réussissais à sourire alors que celle qui fut mon amie me confia avoir enchanté quelques objets. Oui, les sortilèges, ça avait toujours été son truc, comme je l'avais dit plus tôt. Il était évident alors qu'elle en vienne à aider ses grands-parents moldus de la sorte. Je craignais simplement que le secret magique soit difficile à camoufler alors qu'elle me décrivait les quelques anicroches rencontrées. Je l'imaginais très bien devoir faire la révérence devant un fauteuil pour que celui-ci daigne enfin faire ce qu'on lui demandait. Je voyais en ce sortilège (un peu foireux disons ce qui est), ce côté caractériel fort qu'elle-même possédait. Nous mettions toujours un peu de nous dans notre magie, et ce discours ne pouvait pas être plus vrai qu'en ce moment même.
- Je suis désolée pour ta mère et pour ta sœur… mais aussi pour tes grands-parents, bien sûr. Je gardais un instant de silence, comme si je réfléchissais, avant d'oser reprendre. Je te promets que j'irai les voir prochainement. J'ai aussi beaucoup pensé à eux ces dernières années, je voulais prendre de leurs nouvelles, mais… Je lui jetais un œil avant de soupirer. Mais je ne m'en sentais pas légitime. Parce que notre histoire était finie, parce que je ne m'imposais jamais à personne, parce que ce n'était pas ma famille, parce que je devais poser de la distance. Parce que j'avais été trop blessée et que ces vieilles personnes en avaient payé le prix par mon absence. Toutefois je comprenais très bien qu'ils ne m'en veuillent pas, la précision de Harper n'avait pas été indispensable. Mais je ne voudrais pas venir les mains vides du coup… qu'est-ce que je pourrais leur apporter qui leur ferait plaisir ?
Je tenais toujours mes promesses, tout le moins, autant que faire se peut. Qui plus est, je n'étais pas du genre à m'inviter sans prévenir et en apportant que ma simple présence (je ne l'estimais pas à ce point pour que je puisse penser qu'elle seule en vaille la peine). Enfin, j'appréciais vraiment les grands-parents de Harper et je voulais leur faire plaisir. Regard se promenant sur sa silhouette, je le voyais regarder le cadran de sa montre.
- Bientôt l'heure ?
Et j'en vins à espérer qu'elle me dise que non. Qu'elle me dise qu'elle allait sécher son cours pour rester avec moi, ce qui irait à l'encontre de ce défi que je lui avais posé (de toute façon elle s'en lassera n'est-ce pas ? ). Je souhaitais encore rester avec elle, juste un instant de plus, une seconde, le temps d'un battement de cil. Déjà, mon cœur était aux abois de notre future séparation, alors, je me surprenais à espérer que nous allions nous revoir très prochainement. Dans le conte musical, Pierre capture le loup en lui attrapant la queue. Harper m'avait faite prisonnière en kidnappant mon cœur.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Mar 6 Avr - 22:41 La Harpe & le Chien Ft. Abigail Mcfusty
Comme pour sonner la fin des retrouvailles, les marches de l’université apparaissent au détour d’un tournant dans la perspective d’un angle étroit entre deux résineux ébouriffés d’épines. Harper ralentit la marche, réfléchissant à toute allure pour fournir une réponse valable à Abigail :
« Des chocogrenouilles », répond-elle en haussant les épaules. « Grand-Père est toujours surpris lorsqu’elles bondissent de leur boîte. Cela fait beaucoup sourire Grand-Mère Elaine ».
Et merlin saint à quel point elle a besoin de sourire, Grand-Mère Elaine. Leurs chemins vont se séparer. Une torsion (distorsion ?) torture les entrailles d’Harper. D’apparence, elle fait bonne figure, ne lâchant pas son sourire en demi-lune habituel. La situation est embarrassante, et comme tout ce qui est embarrassant, Harper Auburn dans un élan de maladresse ponctué d’une indélicatesse tout en finesse, tente de s’en défaire par tous les moyens :
« C’était une chouette balade ». Elle se râcle la gorge. « Je suis contente de t’avoir revu. Ravie que tout aille bien pour toi. Je te souhaite une bonne continuation Abigail ».
Après-en, elle lui faisait face, près de l’entrée de l’université rythmée par les va-et-vient des étudiants. Un gars bouscule Abigail sans s’excuser. Harper réagit au quart de tour :
« Hey ! Tu peux pas faire attention crétin ? » rugit-elle à l’adresse du garçon ce qui n’échappe pas à la vingtaine de personnes traînant alentour.
Le garçon, surpris par la réflexion, ne sachant pas trop à quel roquet humanoïde il a à faire, par ailleurs gêné que tous les regards soient désormais tournés vers lui, hausse les épaules et sans s’excuser répond penaud :
« Je ne l’avais pas vu, elle est minusc…
- Va chier ! » le coupe Harper.
Et le garçon s’en va chier. Satisfaite, Harper hausse à son tour les épaules et, se balançant les mains dans les poches, elle met fin à leur discussion :
« J’espère qu’on se reverra. Passe le bonjour aux Mcfusty pour moi. A bientôt ! »
Est-ce qu’elle a vraiment dit ça ? Etait-ce malin ? Harper s’enfuit, grimpant les escaliers en tout hâte, les yeux rivés sur le sol, laissant en plan Abigail. Elle avait craint de se retourner.
Cet après-midi-là, le cours donné par leur professeur de Défense renforcée sera particulièrement passionnant. Qui l’eut cru qu’avec la bonne formule, un épouvantard peut tomber sous votre joug pour effrayer qui bon vous semble ? Cette leçon, Harper ne la connaîtra jamais. Elle passera son après-midi à rêvasser. Elle ne l’admettra jamais, n’en dira pas un mot, gardera à jamais ses rêveries secrètes. Les dernières heures de la journée seront consacrées à un seul et unique être. Au petit matin, ses cheveux, ses draps et son esprit s’éveilleront comme après être passés dans un tourbillon d’étoiles. La nuit a été agité. Cette nuit, en rêve, elle avait atteint le paradis. Elle ne l’admettra jamais. Ce matin-là, ce sourire sera dédié à un seul et unique être.
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| Mar 6 Avr - 23:30 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
Le 19 décembre 2009
L’hiver revêt son grand manteau blanc. Mon beau sapin est roi des forêts quand par l’hiver bois et guérets sont dépouillés de leurs attraits. Alors que la pierre du château de Poudlard est devenue glaciale, la chaleur de Noël réchauffe les cœurs, les flammes flambent dans les foyers, et le lait de poule bouillonne dans les gosiers.
A l’occasion des fêtes de Noël, l’université à réquisitionné la Grande Salle pour organiser un bal réservé aux étudiants. En effet, les élèves sont rentrés chez eux, et ceux qui n’ont pas eu cette chance sont consignés dans leurs salles communes respectives. Pendant ce temps, la fête bat son plein.
Un orchestre explosif a été engagé. La guitare électrique du chanteur projette des rayons incandescents à travers les vitraux paradant sur les murs. Le ciel magique s’est paré d’anges lumineux tournoyants autour d’une immense étoile dorée. Des sapins savamment décorés ornent la salle striée de tables montées sur des tréteaux recouvert de nappes tantôt or tantôt pailletées, alourdies de mets divers et variés. Au centre de la salle, une fontaine surmontée par la statue d’un Elfe de Maison brandissant une branche de houx, déverse à foison un cocktail interdit au moins de dix sept ans de couleur verte lorsqu’on est sobre, de couleur orange lorsqu’on est joyeux, de couleur rouge lorsqu’on est complètement bourré, et plus rarement rose lorsqu’on tient particulièrement bien l’alcool.
Un dress code a été imposé : la troupe organisatrice a exigé une tenue chic. Finesse et élégance sont de rigueur. Par ailleurs, elle tient à ce que l’on vomisse dans les toilettes.
Cela fait maintenant plusieurs heures que la musique fait trembler les murs. Dans le château, c’est la panique. Les étudiants ont investi les lieux. Ils sont aussi nombreux dans la Grande Salle que partout ailleurs : dans le parc, dans les salles de cours, dans les cuisines ( ?), dans les serres…
Harper ne sait pas de quelle couleur est le cocktail de la fontaine. Elle a revêtu une robe très élégante, très chic, très fine. Si fine que sa peau la remercie d’avoir autant bu d’alcool car elle ne ressentira pas le froid hivernal lorsqu’elle mettra un pied dehors. Elle débarque sur un parvis, à l’est du château, un petit balcon aménagé dans la roche. D’ici, on aperçoit le lac en contre-bas, et les lumières de la fête clignotent quelques parts plus haut.
Elle a bien cru mourir de chaud. D’une main, elle tient négligemment la traine de sa robe. De l’autre, elle tient son verre avec précaution. Elle croise un groupe d’étudiant qui se dirige vers l’intérieur. Enfin elle peut respirer ! S’appuyant sur la balustrade, sa robe (et son verre), toujours à la main, persuadée qu’elle est seule, elle s’autorise à sortir un rot du tonner de dieu. C’était coincé, il fallait qu’il sorte. La main qui tient sa traine vient se plaquer sur sa poitrine. Par merlin ça fait du bien !
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| Mer 7 Avr - 9:41
02 octobre 2009 Des Chocogrenouilles. Je retenais cette information tout en hochant de la tête, me promettant donc que j'irai voir les grands-parents de Harper à l'occasion. J'ouvrais la bouche pour lui répondre lorsqu'un jeune homme me bouscula. Histoire de ma vie, j'étais habituée à ce qu'on joue du coude sur moi, car non seulement je n'étais pas bien grande, mais aussi parce que mon allure menue permettait aux autres de se croire plus forts (ce qu'ils étaient). Aussi, je m'étais tant et si bien appliquée durant des années à être transparente aux yeux de tous, que certains ne me voyaient véritablement plus. J'allais rétorquer à Harper que peut-être nous pourrions nous recroiser. Que peut-être nous pourrions nous balader à nouveau ensemble. Au lieu de cela, je regardais, décontenancée, une Harper qui me défendait bec et ongle contre un total étranger. Pour ça, elle n'avait pas changé, toujours à défendre les plus faibles et les opprimés. Le choix de son futur métier était alors une évidence lorsque je la voyais ainsi, pourtant, il y avait l'art et la manière de faire. C'était presque avec un regard désolé que je regardais l'inconnu bousculeur s'en aller (chier) avant que je ne revienne sur la jeune femme qui cette fois changea son discours. À nouveau, j'ouvrais la bouche pour répondre, mais la voilà déjà à mille lieues de l'autre côté de Poudlard sans doute, partie comme une furie. Alors, je refermais la bouche, éberluée. Sans doute avais-je l'air d'un poisson hors de l'eau, et puisque j'étais au milieu du chemin, je me fis une nouvelle fois bousculer. Cette fois-ci, je me déplaçais et me rendais à la volière pour retrouver Georges, mon Grand-Duc, et envoyer une lettre à Kyle afin de lui parler de ces retrouvailles. J'avais besoin de me confier, et j'avais besoin de son avis. Le reste de la journée, je me contentais d'essayer de me plonger dans mes révisions, bien plus distraite que d'ordinaire. Qu'il était bon de voir à nouveau les couleurs alors que voilà trois ans que je vivais dans un monde fait de noir et de blanc.
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19 décembre 2009 Rien à faire. Je n'aimais pas l'hiver. J'avais beau venir d'un endroit où le soleil ne brillait pas autant qu'en Italie, il ne neigeait pas énormément non plus. Les températures négatives, le vent glacial, la neige. Un combo qui m'insupportait, et plus les années passaient, et plus je songeais à aller m'exiler dans un pays plus chaud durant la saison froide. Après tout, j'attrapais tous les virus environnants et j'étais très souvent malade en cette période. D'ailleurs, je venais de sortir d'un gros épisode de grippe, la vraie, celle qui couche au lit durant des jours, celle où on transpire même quand on n'a plus d'eau à évacuer. C'était à cause de cet épisode malheureux que j'étais restée à Poudlard au lieu de rejoindre ma famille, et puisque ce soir je me sentais mieux, autant essayer de profiter. J'avais longuement hésité à partir, mais quelque chose m'avait retenue, et ce n'était pas uniquement la fête. À dire vrai, j'appréciais très peu ce genre d'ambiance endiablée, mais cela changeait tellement du calme habituel qui régnait à Poudlard que je ne voulais pas manquer cette occasion. Curieuse de nature. Repoussant alors ma venue au sein de ma famille au lendemain, j'enfilais un haut noir léger aux manches courtes, laissant voir mon tatouage sur mon bras gauche, tout frais, datant de quelques jours seulement, à l'encre encore brillante. Le dragon dessiné vint bouger jusqu'entre mes doigts tandis que je me vêtais d'une robe rose aux bordures noires. Tissu extrêmement léger, elle flottait dans mon dos à chacun de mes pas. Chevelure en chignon (chose rare), je laissais ma nuque nue tandis que mes oreilles ornaient des boucles d'oreilles longues argentées me tombant presque sur les épaules. Repoussant ma frange sur le côté, je me fixais devant le miroir de ma chambre d'un petit air satisfait. Il était rare que je me mette à ce point en valeur, de toute façon peu de gens me remarqueront, mais il y avait un temps pour trainer dans la crasse avec les créatures, et il y avait un temps pour prendre soin de soi.
Après avoir avalé une potion pour continuer à m'aider à guérir et tuer ces derniers microbes qui persistaient, j'osais me lancer dans cette frénésie qu'était la soirée de bal. J'y voyais de tout, et même les fantômes étaient en liesse et profitaient pour faire certaines idioties. La grande salle était merveilleuse, et j'y avais passé le plus clair de mon temps, craignant de me rendre ailleurs de peur de prendre froid. Rares étaient les garçons qui m'invitaient à danser, cependant, je ne déclinais aucune invitation, bien décidée à simplement profiter. Frénésie du corps et de l'esprit, je sortais de ma timidité habituelle pour me montrer sous un jour plus jovial, plus joyeux, plus entraîné. L'alcool y était sûrement pour quelque chose, et lorsque le mélange de la fontaine virait à l'orange vif, je décidais de m'arrêter pour ce soir. Je ne voulais pas non plus être totalement ivre, ce n'était pas mon genre. Toutefois, je me munissais d'un dernier cocktail, avec le bord du verre sucré et la petite rondelle d'orange accrochée, avant de quitter la salle en déambulant dans les couloirs, non sans zigzaguer.
- Purée… déjà que les escaliers font ce qu'ils veulent, si le château entier se met à bouger j'suis pas sortie du sable moi…
Maugréant toute seule, je me guidais de ma main libre, suivant les murs pour tenir debout. Certainement que je pouvais marcher sans aide, mais je préférais être prudente. Mes pas me menèrent dans un lieu que je fréquentais peu, mon but étant de m'isoler un peu de la foule pour reprendre tranquillement mes esprits. Sentant la fraicheur de l'extérieur, je devinais que je n'étais pas loin d'une fenêtre ouverte ou de quelque chose qui s'en apparentais, et bien que j'ai fui cette sensation de froid toute la soirée, ce petit courant d'air eut un effet salvateur sur mon état et vint me dessaouler presque instantanément (tout le moins c'est ce que je croyais). Je suivais donc le vent jusqu'à arriver à l'un des petits balcons du château. Voyant une silhouette, j'allais faire demi-tour pour me chercher un autre endroit, mais ma capacité d'observation restant impeccable même avec plusieurs verres dans le nez, je reconnaissais Harper. Interdite par sa beauté, même de dos, je la fixais, plantée là au milieu du couloir comme un Botruc qui avait pris racine. Même si nous avions continué à nous côtoyer de temps en temps depuis notre petite promenade dans le parc au mois d'octobre, nous n'avions jamais vraiment réellement repris contact, nous étions toujours entourées par d'autres étudiants, jamais aucun moment véritable seul. Et peut-être était-ce dû à l'alcool, mais je sentais une ambiance électrique m'envahir tandis que j'observais les épaules découvertes de mon amie d'enfance. Prise d'une épouvantable envie de les mordre, je me retenais et allais faire demi-tour pour éviter de faire un quelconque dégât sur ce qui restait de notre maigre amitié lorsqu'elle lâcha un rot si puissant que j'en fus presque décoiffée même en me tenant dans son dos. Alors spontanée par mon état à cause de la boisson, j'éclatais d'un rire clair, légèrement penchée en avant, avant que je ne m'esclaffe.
- Bordel de merde tu as perdu au moins quarante kilos d'air là. Tu te sens mieux ? Main libre sur le ventre tant je riais, je m'avançais vers la jeune femme tout en m'accoudant à la balustrade. Grave erreur puisque la pierre était gelée, ce qui eut pour effet de cesser instantanément de me faire rire. Piquée au vif, je me redressais d'un bond. Outcha c'est froid putain… Là, je fis complètement face à Harper pour la regarder droit dans les yeux, ce que je n'avais plus fait depuis plus de trois ans maintenant. Je ne savais pas que tu restais là pour les vacances de Noël. Sans pouvoir y résister, mes prunelles foncées regardèrent la jeune femme de haut en bas, et puisque j'étais bien atteinte dans l'ivresse, je lâchais impulsivement. T'es trop belle dans cette robe. Sans la quitter du regard, je portais mon cocktail à mes lèvres soulignées d'un rouge très léger pour en boire une gorgée. Aucune gêne, aucune autre rougeur sur mes joues que celle de la chaleur et l'évaporation de l'alcool. Ce soir, mon esprit n'était plus assez fermé pour garder mes pensées silencieuses.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Mer 7 Avr - 14:58 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
L’alcool désinhibe les corps et l’esprit. Surprise par un éclat de rire cristallin, Harper sursaute, sa main toujours posée sur le cœur. L’échappée belle de l’air depuis son gosier a finement été remarquée. Trop saoule pour avoir honte, Harper se retourne, faisant face à Abigail toute de rire vêtue.
Cela n’échappe pas à son œil, aussi ivre soit-il.
De bon cœur, Harper l’accompagne dans son fou rire, ne pouvant tout bonnement pas résister. L’alcool fait des ravages.
« Je crois que les quarante litres de cocktails que j’ai bu se sont transformés en air », répond-elle entre deux hoquets. Elle plisse les yeux, le regard tourné vers le ciel, exprimant une profonde réflexion : « Je crois que mon corps est un laboratoire d’alchimie ». C’était donc ça.
Abigail vient s’appuyer contre la balustrade gelée. Toujours aussi fragile. Cela n’échappe pas à son œil, aussi ivre soit-il.
« Je ne pouvais pas manquer cette fête… ».
Trop belle dans cette robe. Ces mots sont sortis de la bouche d’Abigail comme un balle de son revolver. Le buste aux épaules dénudées de la jeune femme vacille de tous les côtés. Harper se tait un instant, décontenancée. En vérité, elle ne s’apercevra pas des longues secondes d’écoulées après la déclaration de Abi. L’alcool fait des ravages. Dans ses souvenirs, Harper sera persuadée d’avoir été particulièrement réactive pour ne rien laisser paraître.
Son visage se fend d’un sourire. Cela n’a pas échappé à son œil, aussi ivre soit-il.
« Merci », dit-elle gênée, le regard tantôt dans le vague, tantôt rivés sur ses pieds. « J’ai marché trois fois dessus mais je n’ai pas vomi ». Accompagnant son affirmation d’un petit rire, Harper fini par se racler la gorge. Elle remarque alors son propre verre est vide. "Si je lisais les ouvrages aussi rapidement que je descend un verre, je serai plus brillante que toi". La jeune femme sort sa baguette, et tandis qu’elle pense la pointer sur le verre, elle murmure cette formule en visant dans le vide : « Abundantis maxima ». Une étincelle jaillie pour s’écraser sur la dalle dans un crépitement sonore, comme mécontente d’avoir loupé leur cible.
« C’est le sort d’abondance », explique Harper d’un ton soudain très sérieux comme s’il n’y avait qu’elle qui le connaissait. « Ça marche quand on sait viser ». Elle dépose son verre sur la balustrade pour à nouveau jeter l’abundantia. Cette fois, le liquide restant au fond du verre qu’elle voyait rouge écarlate remonte de niveau jusqu’à quelques millimètres du bord.
Et le silence s’installe. Le regard de Harper se pose sur Abigail. Rien n’a échappé à son œil aussi ivre soit-il. Les volants du tissu avaient virevolté au rythme de ses pas, comme la tulle légère d’une ballerine.
Son cœur et sa pression battent à l’unissons, résonnant dans sa poitrine, tambourinant contre ses tempes. Rien ne lui échappe malgré l’ivresse. La légèreté de sa robe laissant deviner ce qu’elle recouvre presque par transparence. Etait-ce le fruit de son imagination ?
Ce soir, l’alcool venait de brûler son bouclier. Un frisson lui parcourt le dos à la vue de sa nuque dégagée pour l’occasion. Harper se souvient du parfum de ses cheveux. Pupilles brunes plantées dans les pupilles brunes, les deux jeunes femmes s’observent. Comment peut-elle décrire ce qu’elle ressent à ce moment-là ?
« Tu… euh… tu n’es pas mal non plus », bégaie-t-elle, peinant à recouvrer ses moyens. Du regard, elle suit le verre décoré de Abi se faire porter à ses lèvres pourpre. Harper eu l’impression d'en avoir la respiration coupée.
Sans toucher à son verre, elle se tourne vivement vers l’horizon, prenant appuie sur la balustrade, inspirant profondément pour l’aider à reprendre ses esprits.
« J’ai trop bu », dit-elle enfin avec un sourire embarrassé, au cas où Abigail ne l’aurait pas remarqué. « Je suis surprise que tu ne sois pas rentrée dans les Hébrides pour fêter Noël en famille. Mes grand-parents m’ont écrit pour que je les rejoigne, mais j’ai préféré rester ici ».
La voix dans sa gorge manque de défaillir. Comme pour retrouver fière allure, elle attrape machinalement son verre pour en boire plusieurs gorgées. Préférer rester ici car elle était trop lâche pour leur raconter les dernières nouvelles qu’elle a reçu de sa sœur, des nouvelles qui l’ont totalement mortifié dans le chagrin. Mais Harper ne s’avouera jamais vaincu. C’est l’alcool qui lui fait perdre contenance. Son regard, perdu en pensées, se perd sur la silhouette de Abi. Ca aussi, ça lui fait perdre contenance. Et c’est bien plus agréable que l’alcool.
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| Mer 7 Avr - 21:27 19 décembre 2009 Certes, l'ivresse aidait, mais mon fou rire de l'instant était sincère, car il m'était très rare de partir dans de tels éclats de rire à cause de ma timidité. Je n'en attendais pas moins de Harper qui eut la répartie que j'attendais tandis que je m'approchais d'elle et de la rambarde. Elle ne croyait pas si bien dire lorsqu'elle décrivait son corps comme un laboratoire d'alchimie puisque je pouvais décrire mon anatomie comme telle. Bien sûr, je ne songeais pas uniquement à l'alcool, mais aussi à tous ces sentiments qui me parcouraient présentement alors que je me tenais à côté d'elle. Je haussais les sourcils en hochant la tête d'un air entendu.
- Purée ouais, faut pas qu'on aille dans la salle des cours de Potions, on va tout faire péter.
Déjà que d'ordinaire, lorsque je n'étais pas saoule, me mener dans cette salle était une grave erreur puisque j'étais une erreur ambulante avec les mélanges de Potion, mais en plus avec un verre dans le nez… et en plus éméchée par la présence de mon amie d'enfance. Non vraiment, cette salle était sous le signe du danger absolu ce soir. Lui jetant un bref coup d'œil en coin, je l'entendais me dire qu'elle ne pouvait pas rater cette fête, mais le ton qu'elle mit en suspension me surprit sensiblement. Ce n'était pas son genre de parler ainsi lorsqu'elle avait l'occasion de faire la fête. Mais puisque j'étais à moitié ivre, je mettais cette sensation sur le compte de l'alcool et passais outre. Bien évidemment, ce que je ressentais pour elle, je le gardais pour moi, tant bien que mal, alors ça avait traversé mes lèvres à demi mots tandis que je la complimentais sur sa tenue. Encore une fois, même bourrée, mes paroles étaient sincères. Harper, elle était belle à mes yeux dans toutes les situations. Du réveil, les cheveux ébouriffés et la bave à la commissure des lèvres, à des soirées comme celle que nous vivions maintenant. Sans me démonter (pour une fois), je soutenais son regard après l'avoir complimentée, et son attitude figée me décontenança presque. Quoi, j'avais un bouton sur le nez ? J'hésitais presque à loucher, mais en réalité, j'étais tellement en train de l'admirer que j'en fus tout bonnement incapable. Instant en suspension, j'aurais été bien incapable de dire combien de temps nous nous sommes fixées silencieusement de la sorte jusqu'à ce qu'elle vienne enfin à se reprendre pour me répondre. Là, je penchais légèrement le menton en avant, soulignant de sourire qui naissait lentement sur mes lèvres.
- Je ne suis pas certaine que j'avais envie de savoir si tu avais déjà régurgité ou non, mais… je suis contente que ce ne soit pas le cas pour le moment. Par pitié si ça te vient, ne me vise pas hein. C'étaisque, j'avais des sentiments pour elle, mais fallait pas pousser mamie dans les orties non plus. Glissant mon regard sur sa traine, je reprenais. Elle ne s'est pas déchirée en tout cas. Sous-entendu que, avant que je n'éclate de rire à son rot, je m'étais allégrement rincée l'œil en fixant son dos, et pas que. Mais comme si de rien n'était, je continuais de lui répondre avec cette légèreté due à l'alcool. Évite d'imbiber tes livres d'alcool pour voir si ça te fait lire plus vite hein.
Gloussant à ma blague débile, me moquant ouvertement de rester la meilleure d'entre nous, je la regardais jeter un sortilège avec la précision d'une moule asthmatique sur son lit de mort. A ses explications, comme si j'ignorais ce qu'était ce sort, je recommençais à rire de plus belle. Une fraction de seconde, j'hésitais à venir la pousser du coude pour la bousculer légèrement et la faire rater son sort une seconde fois, mais je me ravisais. La simple idée de la toucher me foudroya sur place. Ce contact que j'avais tant apprécié, ce bras que j'avais tant aimé serrer contre moi, ce cou que j'avais tant aimé embrasser. Par Merlin il ne fallait surtout pas que je la touche ou que je l'effleure. Respiration s'accélérant, battement de cœur prenant du rythme, son compliment me toucha et me fit brûler de l'intérieur. Purée ce que j'aurais donné pour savoir ce qu'elle ressentait à ce moment, pour savoir si j'étais la seule à me consommer ou non. Pourtant, je croyais la voir fébrile tandis qu'elle se détourna, rompant alors le contact de nos prunelles liées depuis plusieurs longues (et succulentes) secondes. Embarrassée et voix fébrile, je souriais à nouveau plus calmement, mon regard se posant sur le lac au loin, la lune faisant scintiller l'eau troublée de temps en temps par les quelques coups de vent.
- J'ai été malade, j'étais dans l'incapacité de rentrer chez moi. C'est la première fois que je sors du lit ce soir, depuis des jours. Alors… je profite de la fête et sûrement que demain je pars. Sûrement oui, déjà, j'omettais une possibilité qui pouvait être changée. Aurais-je malgré moi un certain espoir qu'elle me retienne d'une quelconque façon ? Reportant mon verre à mes lèvres, je reprenais une gorgée avant de la questionner à mon tour. Ne me dis pas que tu ne les as pas rejoints juste parce que tu n'avais pas envie de manquer la fête. Je te sais festive, mais de là à ne pas aller fêter Noël avec tes grands-parents… j'aurais du mal à le croire. C'était les seuls membres de sa famille qu'elle considérait véritablement. Sauf si quelque chose avait changé depuis trois ans, ou tout le moins depuis le mois d'octobre, je ne croyais vraiment pas à cette version des faits. D'autant plus que, durant le mois de novembre, juste avant mon anniversaire, j'avais tenu ma promesse faite et je leur avais rendu visite. Je savais donc de source sûre que la relation de Harper avec ses grands-parents était toujours aussi forte et qu'ils étaient toujours aussi soudés entre eux. Plissant mes paupières, je sondais un peu la jeune femme avant de frissonner un peu sous un nouveau coup de vent. Je vais retomber malade moi, tu vas voir ça…
Posant mon verre à côté de celui de Harper, je jetais un œil en contre bas, voyant d'autres étudiants en train de s'embrasser si fort qu'ils étaient sûrement en train de se gratter les cordes vocales. Lâchant un petit rire, j'attrapais à nouveau mon verre et le penchais au-dessus du vide. Lèvres serrées entre mes dents, je laissais l'alcool glisser hors de son contenant pour atterrir… directement sur la tête du garçon plus bas. Voyant ça, j'éclatais d'un nouveau rire avant de récupérer mon verre contre moi et de m'agenouiller contre la balustrade, laissant seule Harper visible… et seule fautive. Moi, j'étais morte de rire assise par terre, serrant mon verre de cocktail comme le meilleur des doudous tandis que l'étudiant en bas jurait tout ce qu'il pouvait en traitant Harper de nom d'oiseau que je ne connaissais même pas.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Dim 11 Avr - 16:51 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
La scène se déroula au ralentit. Le cocktail forma un trait de liquide rouge carmin, chutant net en direction de la chevelure brune gominée du garçon occupé à manger toute crue sa petite amie. Dans un soubresaut, il enfonce la tête entre ses épaules, ouvrant grand une bouche aussi surprise qu’outrée.
Là-haut, penchée sur la balustrade, apparaissant comme la potentielle coupable, les yeux ronds comme des billes, Harper n’arrive pas à le croire : la gentille petite Abi venait de déverser délibérément le contenu de son verre sur la tête d’un inconnu rien que pour rigoler. Harper commence à croire qu’il n’y a pas que de l’alcool et des fruits dans cette boisson.
Le garçon élève un poing dans sa direction, l’insultant de tous les noms d’oiseaux possible et inimaginable. En réaction, Harper rigole à gorge déployée, postillonnant le peu d’eau de son corps que l’alcool n’avait pas encore déshydratée.
T’es folle. Ça ne va pas la tête ? Espère de tarée. Attend un peu tu vas voir…
A l’évidence, le garçon ne voulait pas perdre la figure devant sa bien-aimée. En réponse, Harper jette à son tour le contenu de son verre et pointe sa baguette :
« Abundantis maxima ».
Le contenu se transforme en véritable flaque de vin qui s’écrase littéralement sur les deux jeunes gens. Le garçon est transit de surprise pendant que sa petite-amie pousse un cri d’horreur.
Cette fois-ci, tu as poussé le bouchon trop loin, rugit le garçon en empoignant sa baguette.
Il n’y a pas une minute à perdre : Harper tire Abigail par le bras pour l’entraîner à l’intérieur du château.
« Fuyons ! » s’écrie-t-elle.
Elles entament une course folle ponctuée de rires, de collisions contre les armures, de slalome entre les fêtards joyeux, éméchés, parfois rabat-joie. A plusieurs reprise, Harper trébuche, manquant de s’écraser le nez sur le sol. Leurs rires résonnent contre la pierre. Une course effrénée rythmée par un sentiment de liberté qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Est-ce les effets de l’alcool ? Est-ce la compagnie d’Abigail ? Les deux à la fois ? Pour sûr, Harper ne s’était pas senti aussi vivante depuis fort longtemps. Son regard se ravis de la jeune femme menue qui accourt à ses côtés, sa robe explosant à chacun de ses pas, tourbillonnant à l’arrière comme une traînée de couleur la sublimant délicieusement. Cet instant est sans commune mesure inextricablement magique. Aucune baguette ne pourrait en reproduire les effets.
Leur course durera quelques secondes (Harper racontera qu’elles ont couru pendant des lustres !) pour se terminer dans une salle vide.
L’air est tiède, le clair de lune traverse de nombreuses fenêtres rectangulaires, martelant le sol d’un halo de lumière bleuté. Harper s’appuie contre la pierre froide pour reprendre son souffle.
« J’ai bien cru mourir de rire. Par Merlin ! Qu’est-ce qui t’as pris Abi ? ».
Elle enlève ses chaussures à talons pour masser ses pieds endoloris.
« Et qu’est-ce qui m’a pris de courir avec des chaussures pareilles ! ».
Alentour, tout est calme et paisible. Les victimes de leur farce honteuse ne viendront jamais les chercher ici. La pièce est plongée dans la pénombre, Harper plisse les yeux pour tenter de se repérer. Elle n’a aucune idée de l’endroit où elles sont.
« Au moins, cette course a aidé l’alcool à s’évaporer, un temp soit peu ».
Elle soupire de contentement, se sentant particulièrement bien, toujours haletante.
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| Dim 11 Avr - 22:56
19 décembre 2009 Je riais aux éclats, là, à genoux sur la pierre gelée, quand, en un instant, je me retrouvais entraînée par le bras à devoir courir. Cette scène, dans ma tête, se déroula tout à fait au ralenti. Nos sourires enivrés. Nos poitrines soulevées par les rires incessants. Pieds fous nous menant dans les tréfonds du château tandis qu'autour de nos deux corps, voilà un véritable bal de tissus, nos deux robes emmêlées qui volaient dans nos dos, dansant nos retrouvailles et notre joie du moment. Bien vite mes poumons malades me firent tousser, ce n'était pas pour autant que je ralentissais le pas. Je la regardais en l'admirant sans jamais m'arrêter dans cette frénésie. Ses yeux pétillants de rire, son sourire éblouissant, sa chevelure désordonnée à cause de la course, ses mèches de cheveux lui barrant les traits du visage. Merlin que Harper était belle. Je ne fis même pas attention aux élèves que je bousculais. Je ne fis même pas attention aux armures que je désossais à mon passage éclair. Je ne fis pas attention aux murs dans lesquels je me percutais, incapable de freiner autrement tant je courais vite. Il n'y avait plus que nous, course merveilleuse de nos années perdues, de sentiments à nouveau enflammés tel le phénix. Complices, nous nous guidions en nous attrapant des fois l'épaule tandis que l'autre hésitait à l'angle d'un couloir. Mains liées un instant pour se séparer lorsqu'un nouvel élève se mit en travers de notre chemin. Puis les doigts se lièrent à nouveau à un bras pour entrainer sa partenaire dans une nouvelle direction à une nouvelle intersection. Jeu, danse merveilleusement céleste, nous étions seules au monde face à l'école entière que nous mettions à nos pieds. Ce soir, à cet instant précis, j'avais décroché la lune avec Harper Auburn.
Refuge trouvé, il sonna la fin de cette folle fuite. Porte refermée derrière nous, je me permettais même, par réflexe, de la fermer à clé. Appuyée contre le battant, tête relevée au plafond, je fermais les paupières, essayant de récupérer mon souffle, sentant les battements de mon cœur me frapper les tempes à un rythme effréné. L'air gelé qui entrait dans mes poumons ne plaisait guère à mon corps qui se mit alors à tousser à nouveau pour essayer de se défendre. Main devant la bouche, je tentais tant bien que mal de rassembler mes idées alors que mon esprit, lui, courait encore avec Harper parmi les étoiles. Je n'aurais jamais voulu m'arrêter. Quinte de toux passée, je recommençais à rire en entendant mon amie s'exclamer puis s'asseoir pour se masser les pieds.
- J'en sais rien j'ai fait ça sans réfléchir. Soubresauts de rire secouant mes épaules, je réussissais à m'avancer de quelque pas, séparant mon dos de la porte en bois. C'était apparemment une salle qui devait servir à l'époque de petite bibliothèque, ou d'un quelconque dépôt. Elle n'était pas assez grande pour être une salle de classe. Vide, il n'y avait qu'un vieux foyer de cheminée et une fenêtre par laquelle traversait les rayons nacrés du clair de lune au dehors. Dans la pénombre, la faible lumière de la lune permettait toutefois de voir ce qu'il y avait autour de nous. J'irai m'excuser demain, pour éviter qu'il ne te tombe dessus. Enfin… pour le verre. Le reste, tu assumes.
Nouveau rire tandis que je la regardais là, assise, un peu décoiffée, entourée de cette longue robe magnifique qui lui allait si bien. Même dans mes rêves les plus fous je n'avais pas osé imaginer retrouver Harper dans de telles conditions. Ma Harper. Ma belle et merveilleuse Harper. N'y tenant plus, je rompais les quelques pas qui me séparaient d'elle pour venir m'écrouler à ses côtés, assise. Jambes étendues devant moi, je posais ma tête sur le mur froid tout en dégageant ma frange qui me barrait les yeux. Moi aussi je devais être légèrement décoiffée.
- Parle pour toi, moi j'ai encore la tête qui tourne.
Mais ce n'était peut-être pas uniquement à cause de l'alcool. Et, comme si cette phrase excusait tout, je laissais ma tête glisser sur son épaule. Touché. Instantanément, mon cœur cessa de battre alors que quelques secondes plus tôt il n'en pouvait plus de cogner dans ma poitrine. Mon corps entier me hurlait de m'éloigner, de sortir de cette pièce et de la laisser là. Et pourtant je restais. Parce que j'en avais envie. J'avais envie d'être là, contre elle, maintenant, et j'aurais été sotte de ne pas en profiter, ne serait-ce que quelques secondes. Les secondes qu'il fallait pour qu'elle me repousse une nouvelle fois, si elle voulait me repousser. Encore. Toujours me repousser. Paupières fermées, j'attendais avec cette patience qui m'était propre que le calme retombe, que la frénésie s'estompe. Je profitais d'avoir la tempe posée sur son épaule pour m'enivrer de son odeur, doux parfum qui me transporta à mille lieux. Je sentais sa respiration contre ma chevelure et ses muscles bouger contre mon bras étendu sur ma jambe collée à la sienne. Alors, lorsque je jugeais l'instant propice, je me permettais de briser le silence, presque en murmurant, histoire de ne pas faire fuir les fées qui s'étaient penchées au-dessus de nous pour célébrer nos retrouvailles. Ces fées imaginaires, enchanteresses de contes.
- T'as pas répondu à mes questions et on est enfermées ici. T'as nulle part où aller, t'es coincée avec moi. Je redressais la tête pour la fixer, lueur malicieuse dans le regard. T'as peur j'espère.
Amusée, je gloussais avant qu'une nouvelle quinte de toux vint m'interrompre, brisant le contact visuel. Et puisque c'était une toux plus forte que tout à l'heure, j'en vins à me recroqueviller sur moi-même, une main devant la bouche, l'autre sur la poitrine comme pour soulager une intense douleur. Cette maladie aura ma peau un jour.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Mar 13 Avr - 18:27 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
Pliant et dépliant ses orteils endoloris, Harper observe la toux d’Abigail d’un œil averti, son sourcil froncé exprimant de l’inquiétude. Depuis toujours, Abigail présente une santé fragile. Malgré l’agréable moment qu’elles passent, Harper perçoit une certaine fébrilité. Ou une fébrilité certaine. Elle n’est pas assez instinctive pour analyser tout ça.
« Tu veux rire !? » s’indigne Harper d’une voix théâtrale. « On ne va pas aller s’excuser d’avoir bien rigolé. De toute façon, demain, l’alcool de dissipé, le maquillage de disparu et nos robes de sorciers de revêtues, on ne nous reconnaîtra pas ! ».
Elle pouffe de rire et murmure un « incendio » en direction du foyer vide. Il n’y a plus qu’à espérer que cette vieille cheminée rabougrie est été ramonée. Abigail s’installe à ses côtés. Les flammes dans l’âtre s’élèvent. Sans se déplacer, Harper se penche en avant pour attraper le pied cassé d’une vieille chaise en bois qu’elle jette dans les flammes. Le bois hurle, le feu crépite, les flammes dansent et la tête d’Abigail vient se poser contre son épaule. Harper ne cherche pas à rompre ce contact. Elle feint de ne pas réagir quand sa peau se hérisse de chair de poule, cache ce qu’elle ressent quand le parfum de la jeune femme s’insinu délicieusement dans ses narines, garde secret ce bien-être d’être assise là, toutes les deux, profitant de la chaleur d’un feu, assise tout près, côte à côte, l’une contre l’autre.
« Auprès du feu, tout ira mieux », murmure-t-elle.
Le silence s’installe. Les fenêtres, au nombre de trois, déversent la lueur de la lune qui insiste, ce soir, pour être de la partie. Une panoplie d’étagères à moitié cassées parcourent les murs. De vieux ouvrages poussiéreux jonchent le sol au milieu d’un mobilier entièrement détruit. Quelque chose dans un recoin semble scintiller mais Harper ne le remarque pas tout de suite. Et le silence est brisé.
« Au secours, Abigail la rebelle me menace. Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu n’as plus de cocktails à me balancer à la figure ». Elle éclate d’un rire sonore avant de reprendre, plus sérieusement, en détournant les yeux : « Je ne rentrerai pas à Londres pour les fêtes de Noël ». Elle se râcle la gorge. Ce que l’alcool peut vous faire parler ! Et on se décarcasse à préparer du véritasérum…. « J’avais promis de ne pas être là. C’est difficile à expliquer ».
La fin de sa phrase est ponctuée par un haussement d’épaules. Elle avait promis à Grand-Père Vicky de s’y rendre.
« J’ai promis à Grand-Père Vicky d’aller quelque part » finit-elle par dire après s’être interrompu un instant. « Et, par pur lâcheté, comme tu dois t’en douter, non seulement je n’irai pas mais en plus je n’en parlerai pas à mes grands-parents jusqu’à ce qu’ils l’apprennent. Jusqu’à ce que Jean leur apprenne ».
Elle soupire. En parlant, l’alcool l’a fait dodeliner de la tête. A l’évidence, elle en avait trop dit. Mais elle était trop saoule pour s’en vouloir. Harper plisse les yeux. Il y a quelque chose qui brille là-bas ! Dans le recoin, à gauche de la cheminée. La jeune femme refuse de bouger de peur de rompre le contact, de délier leurs peaux. Coulé. Mais tout de même, qu’est-ce que c’est qui brille comme ça là-bas ?
« Je ne suis pas une experte », reprend-t-elle le regard dans le vague pour tenter de mieux apercevoir la lueur. « Mais si tu as pu sorti du lit, ton état n’est pas forcément sain. Tu as failli recracher tes poumons tout à l’heure, Abi. Est-ce que tu as vu un médicomage au moins ? Qu’a-t-il dit ? ».
Les jambes étalées, les épaules d’affaissées, Harper ne quitte pas des yeux le fameux recoin suspect. Elle ne bouge pas d’un poil pour garder Abigail contre elle. Et cela, elle ne l’avouera jamais. Pas même sous l’emprise de l’alcool.
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| Mar 13 Avr - 20:39
19 décembre 2009 Fébrile, je l'avais toujours été. Ce n'était pas pour autant que je me laissais abattre, bien au contraire. Je ne voulais pas qu'on me prenne en pitié et qu'on me couve, j'étais bien assez grande pour me débrouiller seule. Je ne prenais donc pas garde aux regards un peu soucieux que me lançait Harper et j'essayais de changer un peu les sujets de conversation dès que je le pouvais, mais je savais que ça n'allait pas durer. Même si la jeune femme me prenait pour quelqu'un de fragile (ce que j'étais dans le fond), elle n'en était pas moins inquiète lorsque je tombais malade. Me permettant de glousser à sa réponse, je me passais une main dans les cheveux, essayant de les arranger tandis que je me retrouvais assise à ses côtés, contre elle.
- Je crois que tu surestimes nos… je regardais nos robes respectives, sans pouvoir m'empêcher de reluquer un peu la Belle. Nos magnifiques déguisements. Moi, avec ma taille, on me reconnait facilement. Cela dit… je haussais le menton avec un air fier et victorieux. Encore faut-il qu'il puisse me trouver puisque je suis invisible pour bien des yeux.
Sans bouger, sans essayer de m'éloigner ne serait-ce que d'un centimètre, je la regardais lancer un incendio dans le foyer de cheminée. Immédiatement je fus attirée par les flammes dansantes, ne pouvant alors pas m'empêcher de les observer, comme hypnotisée. J'avais toujours aimé le feu, même si des fois je le côtoyais de si près qu'il pourrait me tuer.
- Merci.
La remerciais-je dans un murmure similaire au sien. Merci de prendre soin de moi, tout le moins, d'essayer de faire attention à moi. Merci d'allumer ce feu pour m'éviter d'avoir davantage froid. Silencieuse un moment, je laissais l'instant m'emporter, mon regard se promenant nonchalamment dans la pièce en l'observant. Dans un sens, elle me faisait de la peine, à être là, oubliée de tous, mais pourtant bien présente. En piteux état, avec ces draps par terre, ceux qui devaient initialement protéger les meubles présents de la poussière. Les ouvrages à terre m'offusquèrent presque. Que les livres soient intéressants ou pas, ils ne méritaient pas un tel sort, et si je n'avais pas été assise contre Harper à cet instant précis, je me serai levée pour les ramasser et les remettre sur une étagère. Mais voilà, bouger était une terrible épreuve tandis que j'absorbais en abondance l'odeur presque musquée de la jeune femme. Une odeur qui m'avait à ce point manqué que j'avais craint qu'elle devienne une partie de mon Amortencia. Tout comme la chaleur de son corps contre le mien était présentement des plus douces et des plus agréables. Il était hors de question que je rompe cet instant suspendu dans le temps, où seuls les rayons de la lune étaient témoins de ce moment secret, confident. Oui, mais voilà, ce silence qui d'habitude me rassérénait me faisait peur présentement. J'étais mal à l'aise d'être à ce point discrète avec Harper, car je craignais par-dessus tout de me laisser emporter par mes sentiments. Il était hors de question que je perde le contrôle, je ne voulais pas me risquer à souffrir à nouveau. Pourtant, alors qu'elle éclata de rire, j'observais son visage avec une admiration sans faille, avec un amour si débordant que j'en eus mal à la poitrine. Encore une fois, ses lèvres m'appelèrent au péché, mais je n'y fis rien. Encore une fois, je ne répondais pas à cet appel, à ce cri intérieur. Mais j'ignorais pendant encore combien de temps j'allais pouvoir lui résister, et plus les minutes s'écoulaient, plus je sentais ma volonté flancher.
- Je ne sais absolument pas ce que je vais faire… enfin, je vais sûrement improviser.
Dis-je théâtralement. Oh oui je savais très bien ce que je voulais faire, mais non. Non. Non. Hors de question. Sors-toi cette idée de la tête Abigail, c'est une très mauvaise idée. Pourtant je ne montrais rien de mon trouble, ou plutôt, je réussissais à le montrer tandis que la jeune femme se confiait enfin à moi. À ses explications, je me pinçais un peu les lèvres avant de claquer de la langue et de pousser doucement Harper d'un coup de coude.
- Cesse donc de te flageller, tu n'es pas lâche.
Enfin si quand même un peu. Ce qui me rassurait c'était qu'elle semblait toujours à ce point redouter de prendre le taureau par les cornes lorsque la situation lui demandait d'écouter son cœur. C'était que le sujet était important. Exactement comme s'était déroulée notre rupture. Me redressant un peu, je penchais sensiblement mon visage en avant afin de pouvoir mieux la regarder. Là, prunelles brunes plongées dans les siennes, je souriais, me voulant encourageante et bienveillante. J'allais parler, mais voilà qu'une quinte de toux plus forte emporta toute cette douceur qui régnait entre nous. Alors à ses questions, je soupirais longuement. Ces interrogations, on me les avait dites et répétées des centaines voire des milliers de fois, et je répondais toujours la même chose, par automatisme.
- Oui je suis suivie par un médicomage et non il n'y a rien de plus à faire. J'ai déjà eu tous les soins nécessaires pour la grippe que j'ai eue. Ce ne sont là que des restes.
Tranquille, je lui souriais une nouvelle fois avec calme afin d'essayer de la rassurer. Mensonge à moitié avoué puisque je ne lui disais pas l'entière vérité. Mais elle n'avait pas besoin de savoir, pas maintenant, pas tout de suite. Jamais même. Hésitant un petit instant, sans faire attention à la lueur qui attirait son regard au fond de la pièce jusque-là, je prenais le risque de poser ma main sur son bras, puis de glisser mes doigts jusqu'aux siens. Électrochoc. Alors, essayant de feindre mon trouble, je lui serrais la main amicalement avant de rompre le contact et de ramener mes doigts sur mon genou. J'en frissonnais. Geste qui se voulait initialement désintéressé, me voilà prise à mon propre piège puisque mon cœur avait toussé lorsque je l'avais touché. Par Merlin, lui tenir la main me manquait terriblement. J'avais craqué. J'avais cédé. Mes barrières ne cessaient de s'effondrer les unes après les autres. Alors un peu gênée, essayant de masquer les rougeurs qui apparaissaient sur mes joues, je détournais le regard en direction des flammes magiques dans le foyer de cheminée.
- Aller où ? Explique-moi. Tu sais très bien que jamais je ne te jugerai. J'hésitais avant d'oser rajouter. Jamais je ne te trahirais.
Elle, elle m'avait déjà trahi de manière éhontée en me brisant le cœur et quand bien même je lui en tenais encore rancune aujourd'hui, je restais toutefois une amie dévouée et fidèle. Ma forme animagus n'était en rien un hasard et je le savais pertinemment. Je savais aussi que je pouvais me brûler les ailes, mais puisque-là était mon choix, j'osais espérer n'avoir aucun regret.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Mer 14 Avr - 21:21 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
Abigail passe une main dans ses cheveux. Un parfum délicat s’engouffre dans ses narines. Malgré l’alcool, les barrières de Harper repoussent l’alégresse provoquée par ce picotement aphrodisiaque jugé inopportun. A n’en point douter, des sentiments contradictoires la traverse. Ce gloussement, cette joue appuyée contre son épaule, sont absolument adorables mais elle s’interdit de s’enivrer d’espoir. Combien de temps cela va-t-il durer ? Combien de temps tiendra son cuiratier ? Elle avait toujours adoré ça et ce, depuis les prémices de leur rencontre. Sa petite taille, sa silhouette fluette, cette capacité à se fondre dans la masse, comme une petite souris filerait sous votre nez dans un trou noir où elle seule pourrait passer. Chez Abigail, Harper aimait tout ce qu’elle n’était pas, elle, grande, avec sa stature plus imposante. C’est adorable…
Est-ce l’alcool qui l’aide à se sentir si bien ? Le contact d’Abi ? Son parfum ? Son rire ? Le feu dans l’âtre qui remplit la pièce de chaleur ? Et ce truc là-bas qui brille, qu’est-ce que c’est ? Serait-ce cet esprit taquin qui la pousse à flancher ? A la menace d’un châtiment certain, Harper sourit. C’est exquis. En son âme et conscience, elle se demande si le comportement d’Abigail signifie qu’elle lui pardonne ? Lors de leurs retrouvailles, il y a quelques mois, Abigail avait paru si timide, si lointaine, tellement indéchiffrable pour le cœur aveugle d’Harper Auburn. Au fond, Harper, que veux-tu ? De sa main libre, elle masse l’une de ses tempes. Là voilà maintenant qui a des états d’âmes ! L’alcool fait vraiment des ravages.
Abigail se penche en avant pour mieux la regarder. Par réflexe, Harper plante son regard dans le sien, comme attirée irrémédiablement, ne voulant pas se dérober à son inspection. Elle pense que les restes d’une vilaine grippe résistent particulièrement bien aux soins de la magie des sorciers. Mais cette information, Harper l’éjecte de sa mémoire, comme si elle en craignait les ressentis. De la crainte, un mauvais pressentiment, une hypothétique angoisse, un stress venu de nul part. Et la main d’Abigail se pose sur son bras. Dehors, un feu d’artifice retenti, projetant mille et une couleur dans la pièce remplie jusqu’à lors seulement de la lueur jaune de l’âtre et celle bleutée des rayons de lune. Ces explosions arrivent à point nommé, Harper espère qu’elles ont masqué la détonation de ses sens. La main d’Abigail glisse le long de son bras pour s’enquérir de sa main. Un frisson d’extase lui parcours le dos. Harper détourne la tête. Les éclats de lumières font briller le recoin qu’elle observe depuis un moment. Mais qu’est-ce que c’est ? Abigail resserre l’étreinte de leur doigt, Harper reste figée. Et le contact est rompu.
A l’extérieur, on entend les étudiants applaudir, ravis du spectacle. Désormais, elles demeurent toutes deux assises les yeux rivés devant elle. L’une regarde les flammes danser dans le foyer, l’autre ne lâche plus le recoin qui venait de briller.
Jamais elle ne la trahirait. Harper le sait bien. Elle aimait chez Abigail tout ce qu’elle n’était pas. Cette loyauté sans faille. Celle qu’elle ne saura jamais posséder. Avant de se lancer dans ses explications, Harper avale péniblement sa salive. La déshydratation commence à se faire ressentir. L’alcool fait des ravages.
« Il y a quelques mois, Jean est venue me trouver dans ma chambre, à l’université. Elle rayonnait ».
Harper se tait. Sa gorge se noue. Son cœur s’accélère. Cette force sans faille qui lui permet d’être si sûr d’elle défaille. Comme le jour de l’annonce de sa sœur. Avec grand peine, elle poursuit son histoire :
« Jean a retrouvé son père biologique. Un français. Un sorcier. Elle était… ».
Son regard se mouille, Harper peine à contenir ses larmes. C’est un sujet à la fois si délicat, tellement capable de la faire s’effondrer, tellement capable de l’anéantir, détruire tout ce qu’elle est et avait été. Elle n’aurait jamais dû boire autant, songe-t-elle avant de reprendre :
« … aux anges ! Il s’appelle Firmus. Il est marié. A trois enfants. Tous ont accueillis la nouvelle avec beaucoup de sagesse, et le feeling est tout de suite passé. Elle passe toutes ses vacances là-bas, les fêtes de Noël aussi. Elle passe des moments merveilleux au sein de sa nouvelle famille ».
Les larmes ne coulent pas. Harper parle d’une voix étranglée. Bien qu’elle n’est jamais été proche de sa cadette, elle considère ses retrouvailles comme un abandon, voir une traitrise. Une situation qu’elle n’arrive pas à accepter, aussi difficile qu’il est de l’avouer. Elles étaient deux, nées de pères inconnus, d’étrangers, pour contenter le caprice d’une femme. Deux sœurs qui s’ignoraient, mais deux sœurs victime du même sort. Désormais, Harper demeure l’unique victime. Comme si, de son identité trouble, on venait d’en brouiller un peu plus les traits difformes.
« Ils m'ont invité à passer Noël à Paris. Mes grand-parents étaient ravis, même si je devais les abandonner pour cette fête familiale. Ils m'ont poussé à y aller. Je ne peux pas. J'ai refusé, mais je ne leur ai pas dit. Je n'ai pas pu. Je suis plus lâche que tu ne le crois, Abi ! Jean a retrouvé ses racines. Et moi je demeure toujours sans visage », termine-t-elle par dire, mue par le désespoir, la voix criblée de tristesse.
Alors, d’une main désespérée, le regard humide, sa main vient reprendre celle d’Abigail. Elle se le permet, elle se permet d’entrelacer ses doigts dans les siens. Elle en avait envie, elle en avait besoin.
L’heure du bouquet final à sonner. Les dernières pétarades du feu d’artifice projettent leur dernière lumière, se reflétant, un instant, dans l’objet mystérieux.
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| Jeu 15 Avr - 13:59
19 décembre 2009 L'alcool avait bon dos, et maintenant que mon regard était plongé dans celui de Harper, je le réalisais. Je n'étais plus si saoule que cela, la course que nous avions faite avait tout de même eu son effet, et c'était sans compter sur le froid de la salle dans laquelle nous nous trouvions présentement. Ma toux avait tout simplement achevé les derniers soubresauts de mon cocktail, et d'un coup, je frissonnais en réalisant que j'avais les fesses posées sur une pierre presque glaciale et le dos appuyé sur une façade tout aussi gelée. Heureusement que le feu commençait à réchauffer la pièce, bientôt je ne sentirais plus cette morsure qui me tenaillait de toute part. Ce fut donc presque en pleine possession de mes moyens que j'étais venue prendre le bras de Harper initialement dans un geste bienveillant, il avait dérivé. Évidemment qu'il avait dérivé, c'était inévitable, et j'avais été idiote de croire le contraire. À l'instar de l'explosion de mon être, un feu d'artifice à l'extérieur vint illuminer la salle d'une multitude de couleurs vives, image de celles qui animaient mon âme en cet instant, mais que je tentais tant bien que mal de dissimuler.
Après tout, la jeune femme assise à côté de moi avait mis fin à notre histoire du jour au lendemain et il était futile de ma part de croire qu'elle ressentait encore quelque chose pour moi. Voilà bien un espoir qui allait s'aviser extrêmement douloureux. Je connaissais Harper et lorsqu'elle avait décidé quelque chose, qu'elle avait une idée en tête, elle ne revenait pas si facilement en arrière, et même si nous ne nous étions que peu parlé depuis nos retrouvailles quelques mois plus tôt, je l'avais vue batifoler avec d'autres étudiants. Je devais me faire une raison, j'étais de l'histoire ancienne quand Harper, elle, restait en tête dans mon âme et ne voulait pas céder sa place à quelqu'un d'autre. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais après tous ces vains efforts, j'avais préféré me plonger entièrement à mes études. L'amour, ce n'était pas fait pour moi. La preuve ce soir où un feu d'artifice clamait haut et fort pour moi à quel point j'étais encore éprise de Harper. À quel point j'en souffrais, mais aussi à quel point tout cela était magnifique et merveilleux.
Prunelles obstinément tournées vers le foyer de cheminée, gênée par mon geste, me maudissant sur une bonne centaine de générations d'avoir agis ainsi, j'essayais de calmer mes états d'âme en portant mon attention sur les cris d'exclamations des élèves qui nous parvenaient depuis ici. Si seulement j'avais pu être comme Harper : prendre des décisions et ne plus jamais les regretter, ne jamais vouloir revenir en arrière et continuer sans cesse d'avancer malgré les obstacles et les embuches. Elle ne semblait que très peu troublée par les tumultes de sa vie et par ses choix qui engendraient tant d'oscillations. J'aurais aimé avoir ce détachement, mais dans le fond, ça ne ferait pas de moi ce que je suis aujourd'hui… et il fallait le dire : j'appréciais qui j'étais comme j'étais. Bien sûr, il y avait des choses à améliorer, rien n'était gravé dans la roche, je n'étais pas parfaite… mais j'aimais ma sensibilité qui me permettait de travailler avec les animaux. Car sans ça, qu'est-ce qu'il me resterait ?
Strictement rien.
Alors, lorsque la voix de la Belle s'éleva pour entamer ses explications, il me fallut encore quelques secondes pour rassembler le courage dont j'avais besoin pour reposer une nouvelle fois mon regard sur elle. Instantanément, dès que la voix étranglée, gorge nouée, de ma chère et tendre bien-aimée me parvint, mon cœur se fendit. Elle qui semblait à ce point toujours si sûre d'elle, je voyais son armure tomber petit à petit, comme ce fut le cas des années auparavant. Face à elle, je n'avais jamais vraiment réussi à lui résister, à rester trop à distance, trop froide. Harper avait ce talent de me faire fondre, mais je ne pouvais me targuer d'avoir cet effet envers elle. Quoiqu'il en soit, comme lorsque nous étions enfants, elle finissait tout de même par m'ouvrir son cœur, et moi, je restais ce réceptacle dans lequel elle pouvait noyer ses larmes. Je ne flanchais pas malgré ma petite taille et mon air malade. Je restais droite, infaillible, comme l'amour que je lui portais. Les divers coloris du feu d'artifice à l'extérieur me permettaient de voir son regard humide par les larmes qui ne se décidaient pas à couler. J'amorçais un geste dans sa direction, pour la prendre dans mes bras, mais j'avais appris de mon erreur passée. Bien vite je me ravisais et feignis de chercher en fait ma baguette. Sans jamais perdre mon attention sur le discours de la jeune femme, j'agitais le morceau de bois magique pour faire venir à nous l'un des draps tombés à terre qui devait initialement recouvrir un meuble. Après une simple formulation, le drap redevint blanc, propre comme au premier jour. Alors je le passais autour des épaules de Harper. Ce que je m'interdisais de le faire avec mes bras, je le faisais avec ce morceau de tissu si grand qu'il aurait pu nous emballer deux fois. À présent redressée face à elle, toujours assise, je soupirais de compassion en entendant la fin du récit, mais mon souffle fut coupé par ce qui suivit. Comme un appel au secours, comme si j'étais sa bouée de sauvetage, elle vint retrouver mes doigts en les entremêlant aux siens. Une boule vint se former au creux de ma gorge, m'empêchant d'avaler convenablement ma salive. Je sentais mes dernières volontés éclater comme le grand final du feu d'artifice à l'extérieur. Alors, figée là, je luttais avec intensité pour ne pas m'enfuir à toute allure, craignant de ce que j'allais pouvoir faire ou dire. Un frisson que je ne parvins pas à camoufler, parcourut mes épaules et il me fallut encore une minute de silence pour enfin réussir à me racler la gorge et faire tomber cette affreuse boule afin de m'éclaircir la voix.
- Je suis vraiment désolée de ce qui t'arrive Harper… Tu sais je… je crois que je ne vais jamais vraiment pouvoir comprendre ce que tu vis. J'avais une famille unie et j'étais très proche de mon frère. Mais j'imagine que… tu te sens d'autant plus abandonnée et mise de côté que tu ne l'étais déjà… à toute allure je réfléchissais tandis que le bouquet final retentissait dehors, à l'unisson des battements de mon cœur qui ne semblaient plus pouvoir se taire. Je pense que… tu devrais y aller. Je ne crois pas que ton refus fasse partie d'une certaine lâcheté, mais plus de ce que tu crains de voir, et peut-être même, de connaître une certaine forme de bonheur. Après tout, lorsque nous étions en couple, c'était elle qui m'avait abandonnée alors que quelques jours plus tôt elle m'avait confié être heureuse avec moi. Harper était peut-être ce genre de personne qui, malgré elle, fuyait une certaine forme de bonheur et qui s'empêchait de l'être, trop habituée à être mise de côté par ce qui lui avait servi de figure maternelle durant toute son enfance. Tu devrais y aller non pas pour envier Jean, mais pour te rapprocher d'elle… parce que elle, elle est ce qui compose une partie de tes racines. Regard cherchant le sien, je me hasardais à un petit sourire encourageant. En fait, tu as plutôt de la chance, dans un sens… Au lieu d'avoir des racines bien définies, tu peux choisir les tiennes. Tu peux constituer tes origines et avoir la famille que tu souhaites comme tu en as envie. Tu peux avoir le choix de qui forme ta famille. C'est… c'est une perte qui au final te rend plutôt libre, tu ne crois pas ? Tu vois genre moi… ben je sais que je suis une MacFusty et qu'un jour, je vais devoir assumer les responsabilités qui vont avec. Je suis une héritière et je vais avoir des devoirs qui en découlent... Je ne sais pas si j'ai envie de ça, mais toi, c'est quelque chose que tu auras la chance de ne pas connaître... enfin... je crois.
J'essayais de voir les choses du bon côté, mais j'avais aussi l'impression de me fourvoyer dans ce que je disais et d'être complètement à côté de la plaque. Je n'avais jamais été très douée pour les grands discours pour encourager ou consoler, trop habituée à la solitude et à la timidité. Au fond de moi, j'espérais que Harper saura pardonner ma maladresse, celle-là même que je possédais déjà alors que nous n'étions que des enfants. Dans un ultime éclat rouge du grand final à l'extérieur, j'osais poser l'index et le pouce de ma main libre sur le menton de la Belle pour lui relever sensiblement la tête. Là, je lui souriais avec tendresse. Oui la même tendresse, infaillible et immuable que j'avais eu des années plus tôt pour elle.
- Tu… tu n'es pas sans visage… Harper. Moi… je te vois.
À présent à nouveau plongées dans le noir et la lueur pâle de la lune, je me permettais de contempler Harper comme je l'admirais autrefois. Prunelles pétillantes de l'amour que je lui portais depuis le premier jour, je sentais ma respiration s'arrêter et les battements de mon cœur devenir si forts que j'avais la sensation qu'il allait sortir de ma poitrine d'une seconde à l'autre. Lentement, j’avançais mon visage vers le sien. Mais, comme retenue par le dernier fil invisible de ma volonté, craintive de la cassure de notre rupture passée, je m'arrêtais là, à mi-chemin du bout de ses lèvres. Nerveuse, noyée dans mes émotions, je me mis à frémir sensiblement devant elle alors que je me perdais dans le brun de ces yeux, mes doigts serrés contre les siens et une main à son menton. En suspension.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Dim 18 Avr - 12:00 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
Ce bref contact intense de rompu, son rythme cardiaque reprend son rythme de croisière bien que sa peau peine à se remettre des frissons qui se sont dressés le long de sa surface. La pénibilité pour prononcer ses explications de passée, Harper passe une main sur son front. Elle croyait celui-ci perlé de sueur, mais il est sec, barré de mèches folles. Seul son regard s ’était humidifié et, grâce à la présence des flammes dira-t-on, les larmes se sont évaporées. C’était dit, c’était fait, elle avait avoué sa tristesse, lâché son chagrin, mis à nu son humilité pour révéler une douloureuse faiblesse.
Dans son champ de vision, Harper voit Abigail bouger, sans vraiment comprendre (ni essayer de comprendre) ce qu’elle fait. Quelque part dans la pièce, un drap poussiéreux magiquement débarrassé de sa poussière lévite silencieusement dans les airs pour venir reposer sur les épaules nues de Harper. Le tissu gorgé de la chaleur de l’âtre l’enlace, sa tiédeur appuyant de toutes ses forces pour la rassénérer, comme on presserait une serviette chaude sur un point sensiblement souffrant pour réduire la culminance de la douleur. Ses doigts désormais liés aux siens, Harper n’a toujours pas le courage de la regarder. A mesure de l’avancée de son discours, Harper sent la revigoration s’insinuer, doucement, sûrement, incroyablement. Abigail avait toujours eu ce don extraordinaire, cette capacité incroyable pour trouver les mots aptes à la fortifier. Soudain, Harper se sent d’attaque, prête à prendre le premier portoloin demain pour Paris, prête à affronter sa sœur et sa nouvelle famille, prête à être assez forte pour trouver du plaisir auprès d’eux, prête à intégrer une nouvelle famille. Comme le dit si bien Abigail, elle a l’opportunité de choisir une famille, mais également la chance de pouvoir en avoir une, normale, soudée, aimante : sans ne rien leur devoir en retour, responsable seulement de leur vouer de l’amour. Oui, demain, elle irait à Paris. Se rengorgeant de motivation, Harper continue d’écouter les douces paroles d’Abigail. Elle lui murmure le réconfort. Dehors, le bouquet final retenti. Abigail pose un doigt sur son menton. A l’unisson, les sourcils de Harper oscillent légèrement de surprise. Abigail profère ses derniers mots. Abigail la voit. Elle la voit tel qu’elle est. D’ailleurs, Harper avait toujours eu la sensation qu’elle la voyait bien mieux qu’elle ne l’était.
Les vives couleurs du feu d’artifice ont disparu, redonnant à la lune sa place de reine régnant sur le royaume de la nuit, demeurant l’unique éclat du ciel. L’unique lumière, l’unique témoin. Le regard d’Abigail la traverse de toute part, Harper se sent mise à nue, pétrifiée par cet instant où le temps semble s’être arrêté. Une potion paralysante n’aurait pas mieux fait. Harper se sent à la merci de tout, à la merci d’Abigail qui avance subrepticement son visage. Elle s’arrête en chemin, frémissant d’avoir lancée cette charge, comme une guerrière élancée dans une cause perdue, seule face à une armée, mue par tant de courage au cœur, craignant la défaite par son extrême solitude, doutant soudain de la légitimité de son combat. La déception s’empare de Harper au point de faire cogner dans sa poitrine les tambours sonnant pour un nouveau combat. Un combat auquel elle ne veut échapper. Pour cette attaque, il n’y a aucune échappatoire. Sans crier gare ni réfléchir ni hésiter, Harper réduit la distance restante entre leurs visages pour poser ses lèvres contre les siennes. Les battements de son cœur semblent s’arrêter. Le drap tiède glisse le long de son dos. Pour avoir un meilleur appui, elle pivote, en position sur ses genoux, et sa main attrape la taille d’Abigail pour la rapprocher, la serrer contre elle. Le coup fatal pour faire tomber la guerrière. Et n’être plus que deux êtres humains dénués de combat.
Au loin, le bruit étouffé d'un son de cloche retenti. Parfois, quand tout n'est que silence, on entend le clocher de Pré-au-lard sonner, l'écho se répercutant contre toutes les collines de la vallée pour venir mourir sur les murs de Poudlard. Il est minuit.
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| Dim 18 Avr - 22:20
19 décembre 2009
Le temps était totalement arrêté, et tout ce qui m'indiquait que j'étais encore en vie, c'était les battements sourds et insistants de mon cœur. Ils battaient la mesure frénétique et intense de mon amour profond pour la femme qui se trouvait en face de moi et que je dévorais du regard. Peut-être n'aurais-je pas dû l'aborder ce soir. Peut-être n'aurais-je pas dû chercher à lui parler alors qu'elle était arrivée dans mon dos tandis que je m'occupais de Botrucs. J'étais prête à prendre mes jambes à mon cou et m'enfuir, trop honteuse de mes faits et gestes envers une femme qui ne ressentait plus rien pour moi. Mais au lieu de partir et d'aller pleurer tout mon saoul, gouttes d'eau salées mêlées de cocktail, je restais plantée là comme une Mandragore alors même incapable de crier. Pourtant tout en moi hurlait, je sentais les braises commencer à me consumer de l'intérieur, et c'était douloureux. En réalité, cet instant de suspension, combien de temps avait-il duré ? Une seconde ? Une heure ? Un an ? Impossible de le savoir. Ma seule certitude était que je creusais ma tombe dans le regard de ma bien-aimée, attendant cette sentence fatale qu'elle me réservait. Ce refus. Encore une fois repoussée, cette fois de trop.
Pourtant rien de tout ça ne vint. Au contraire, mes prières avaient-elles été si intenses qu'elle les avait entendues ? Elle approcha son visage du mien pour poser ses lèvres contre les miennes, jusqu'à attraper ma taille et m'attirer contre elle. Alors là, enfin unies, je sentais l'entier de mon corps se relâcher, et un profond soupir traversa mes narines tandis que je me laissais aller contre elle. La main à son menton glissa sensuellement sur son cou puis jusqu'à sa nuque non sans s'emmêler délicieusement dans ses cheveux, soulevant alors ce parfum qui m'enivra davantage. L'autre se contenta de serrer ses doigts assez fort pour que je sois certaine que je n'étais pas en train de tout imaginer, et aussi pour ne plus la perdre, ne plus la laisser s'en aller sans moi. En entendant les cloches provenant de Pré-au-lard, ma conscience s'éveilla au monde comme un nouveau-né prendrait son premier souffle. Sentant à nouveau la vie s'insinuer dans mes veines par se simple baiser, j'en gagnais en hardiesse.
Réalisant alors lentement mais sûrement ce qui était en train d'arriver, j'en devenais davantage entreprenante, ce qui ne me ressemblait guère. Mais voilà, Harper, je lui avais tout donné, et elle m'avait tout pris sans rien me rendre. Alors, ce soir je ne voulais plus rester polie, je voulais m'écouter moi et prendre ce qui m'était dû. Parce que oui, Harper m'appartenait. Elle avait été ma meilleure amie puis le plus grand amour de ma vie, et cela, elle le restera à jamais, de cela j'en étais certaine. Il était hors de question qu'en cet instant précis je la laisse filer, je voulais m'insinuer dans son sang, coller ma peau dans la sienne, voler ses pensées pour qu'il n'y ait plus que moi, graver mon nom dans sa cervelle, furtivement m'immiscer dans les failles de son système… et finir par voler son identité même. Ainsi, je crispais légèrement mes doigts sur sa nuque pour davantage d'étroitesse entre nous tandis que j'approfondissais mon baiser en instillant ma langue dans sa bouche pour aller chercher la sienne. Baiser accentué, je m'agrippais à Harper, comme ce dragon amoureux qui ne laisserait pas s'enfuir sa proie. Relant des nombreux verres qu'elle avait bu s'insinuant dans ma gorge, je savourais ce moment comme s'il était le dernier. Mes lèvres glissaient contre les siennes comme de folles danseuses accompagnatrices des chef d'orchestre qu'étaient nos langues. Ses lèvres carmins si douces qui m'avaient à ce point manquées. Puisqu'elle était à genoux devant moi, j'en profitais pour appuyer mon corps (pourtant léger) contre le sien, donc je me retrouvais presque assise sur ses genoux. Ce fut à cet instant que je prenais toute la dimension des effets de l'alcool : le corps de ma Belle était bouillant tandis que le mien était glacé. Petite sorcière malade et fragile qui risquait à nouveau de prendre froid et sombrer dans l'enfer de la maladie. Il ne me fallait rien de plus pour tout à fait me lover contre Harper pour essayer de drainer (en plus de tout le reste) sa chaleur. Longues secondes succulentes écoulées, je me devais tout de même reprendre mon souffle alors je rompais notre baiser tant bien que mal, restant toutefois accrochée à ses lèvres. Paupières fermées, je refusais de les rouvrir de peur que ma partenaire disparaisse totalement, mais pour m'assurer de sa présence, comme si sa chaleur ne me suffisait pas, je murmurais.
- Je ne m'excuserais pas une seule fois. Je l'embrassais une nouvelle fois tout en laissant s'échapper un violent frisson. Cette fois, je redressais le visage et osais ouvrir de petits yeux, et, comme soulagée de la voir toujours bien présente et réelle, je rentrais ma tête dans mes épaules en souriant un peu. J'ai froid, pardon. Lâchant sa main, je venais caresser son visage du bout des doigts comme si je craignais de la casser, briser cette image si parfaite d'elle. Mais vraiment, je devais me faire à l'idée que je ne rêvais pas. Alors, ces larmes que j'aurais pu laisser échapper une fois seule sur mon lit en m'enfuyant se révélèrent à l'instant. Émotive petite Abigail. Sanglots légers, à peine perceptibles, j'élargissais mon sourire non sans me mordre la lèvre inférieure. Tu m'as tellement manqué, si tu savais… Et sans pouvoir y résister un instant de plus, je retournais l'embrasser, car c'était ce qui me permettait de voir les couleurs dans un monde en noir et blanc.
| | | Harper MacFusty INRP Métier : Professeur de Sortilège
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| Mer 21 Avr - 22:50 La Harpe & le Chien de Noël Ft. Abigail Mcfusty
C’est sans hésitation que Harper, mue par la frénésie d’une irrésistible envie, s’était jetée contre les lèvres d’Abigail. Au fond, un sentiment étrange lui murmure sa déraison : fait-elle fausse route ? Commet-elle une erreur ? Va-t-elle répandre la souffrance avec un tsunami de chagrin ? Sa conscience tente de lui rappeler qu’elle avait rompu trois ans auparavant pour poursuivre ses rêves librement. Sa conscience plus profonde lui intime qu’elle a causé beaucoup de malheurs, l’impulsivité dont elle fait preuve ce soir risque certainement de remuer le couteau dans la plaie. Mais quelle plaie ? La sienne ? Celle de Abi ? Admettons que ce soit sa propre plaie, à quoi ressemble-t-elle ? Pour l’heure, Harper s’en contre-fiche. Ses lèvres sont suspendues aux siennes et c’est tout ce qui compte.
Elle ne s’interrogea pas sur un possible refus. Elle ne songea pas que possiblement, Abigail pouvait la repousser. Elle voulait tout simplement s’abandonner à l’embrasser et c’est ce qu’elle fit. Leurs bouches sont liées, leurs corps serrés l’un contre l’autre. Dans ses bras, Harper se sent terriblement bien. Et c’est tout ce qui compte. Abigail serre sa main, propulsant comme une montée d’adrénaline, une grimpée soudaine du désir. Son autre main enserre sa nuque. Harper ne résiste pas, comme une marionnette en extase devant son marionnettiste. Comme si elle lui appartenait. Et ce soir, elle a envie de lui appartenir.
Depuis ses onze ans, elle vit dans le monde des sorciers, usant de la magie à chaque seconde qui passe au travers des baguettes, des créatures extraordinaires, de plantes incroyables… toute cette magie est incomparable face à celle qui la traverse actuellement. Aucun sort d’extase n’égalerait cette peau contre la sienne. Aucune décoction, même hallucinogène, rivalise avec ce plaisir transcendantal. Aucune plante n’est capable de vous faire atteindre ce niveau d’abandon, d’envie et de passion. Qui l’eut cru qu’il y avait plus magique que la magie ? Agrippée à sa taille, elle se laisse aller aux élans passionnels d’Abigail, crispant ses doigts à chaque fois qu’elle gravit une nouvelle étape sur l’échelle des envies. Cette échelle est si vertigineuse qu’elle la persuade qu’il n’existe aucun sommet. Le plaisir va simplement s’intensifier sans jamais la faire exploser, sans jamais la décevoir d’être arrivée à la fin. C’est magique.
Le feu qui brûle en elle, bouillonnant dans chacun des recoins de son épiderme, elle le partage avec Abigail ; si elle le souhaite, elle lui fera don de la chaleur de son corps tout entier. Nullement dérangée par la froideur de sa peau, Harper se laisse enivrer, d’amour, de caresse, de pression intense, de désir ardent. Rien ne compte plus que le moment présent.
Abi lui murmure qu’elle ne s’excusera pas.
« Ne t’excuse pas ».
Elle s’excuse pour sa peau glacée.
« Tu viens de t’excuser ».
Abigail caresse son visage, Harper semble sur le point d’exploser. Elle la serre un peu plus fort contre elle, n’ayant pas peur de la briser. Contrairement à ce que pense Abigail, elle, Harper, sait : elle sait qu’elle est solide. Les paupières closes, Harper sent les larmes d’Abigail couler. Elle l’entend lui murmurer, lui raconter, ce manque… un murmure auquel elle ne répond pas. Harper ne voulait pas parler. Harper voulait simplement la dévorer, de la tête aux pieds.
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