Qui aurait cru qu’un jour la maison de Théo ressemblerait à une salle de sport version moldu. Et pourtant, c’est qu’il y en avait du matériel. Et lorsqu’il était sincère avec lui-même, il se disait qu’il avait légèrement abusé. Certaines choses – la plupart – ne servirait jamais. Il voulait faire les choses bien, alors bien entendu, au départ, lui franchement il n’était pas vraiment des plus emballés à l’idée d’entraîner Sélénya, parce qu’à choisir, quitte à passer du temps ensemble, pour le nombre de fois où ils se voyaient, il n’aurait pas voté pour passer des heures à s’entraîner au combat. Mais bon, manque de chance, Sélénya était très sérieuse lorsqu’elle avait dit vouloir être entrainé. Théo n’avait eu d’autres choix de s’incliner devant la volonté de sa petite amie. Et il faut dire ce qui est, s’il y allait à chaque fois en traînant un peu la patte, parce qu’ils perdaient du temps, au final, le naturel revenait au galop et son envie de bien faire pour l’aider prenait le dessus sur la frustration de ne pas pouvoir profiter de sa présence et puis il est vrai que c’était indispensable qu’elle puisse se débrouiller s’il n’était pas là. De toute façon, elle avait raison lorsqu’elle avait émis l’hypothèse que son père puisse vouloir voir les progrès de sa fille. Sur la théorie, Théo comprenait parfaitement le père de Sélénya, après tout, sa mère à lui avait bien vérifié à chaque fois que les autres médicomages apprenaient les bonnes pratiques à son fils. Ce n’était même pas une question de confiance, il semblerait que ce soit la base quand on est parent de vouloir vérifier les connaissances de son enfant… Et après il y a vraiment des gens qui s’étonnent que Théo ne veuille pas d’enfant, mais c’est ultra stressant si faut vérifier que le pitchounou ou la pitchounette – pas de favoritisme – apprend bien, que son professeur est bon… Au secours. Il n’empêche qu’en pratique le père de Sélénya pour le coup, il n’aidait pas du tout à leur relation, alors oui, certainement que c’était le cadet de ses soucis… que si on lui demandait son avis, il ne voudrait surtout pas les aider. Il n’empêche que c’était quand même très agaçant.

Comme à chaque fois qu’ils s’entraînaient, la séance commençait par les échauffements et si normalement Théo jouait bien le jeu lui aussi de son côté, là il n’était pas du tout concentré sur ses muscles. Théo observait la silhouette de Sélénya. Franchement, sur le physique, rien n’avait changé, ce qui démontrait surtout la grande sportive qu’elle était de base. Sa détermination était d’ailleurs toujours intacte, sauf qu’elle se laissait très facilement corrompre, ce qui était une très bonne nouvelle. Au moindre baiser, l’entraînement passait au second plan. Sauf que s’il commençait à l’embrasser dès l’échauffement, l’entraînement aller couper court et vu que c’était ce qui était arrivé la dernière fois, il pouvait faire un petit effort et attendre au moins un exercice avant de s’entraîner. Oui même si elle était très attirante dans cette tenue, de toute façon, elle était attirante tout le temps. Non mais il y avait pas à dire, la rentrée approchait et avec elle, le problème de se voir tous les jours. Bien sûr, il en avait envie, c’était plus facile de la voir tous les jours et même s’il fallait faire attention, ils n’auraient pas à passer des jours sans se parler. En revanche, il allait falloir redoubler de prudence, contrairement aux vacances où ils s’étaient vus ici principalement… et au bal bien sûr, mais personne ne savait qui était qui. A l’école, tout le monde observait tout le monde, ah les jeunes et les rumeurs allaient très vite autant éviter d’en être la cible. Il secoua la tête pour arrêter de songer à ce qui les attendait et lui fit signe qu’ils pouvaient commencer, il était prêt et avec elle pour une séance qui, il le savait déjà rien qu’en la regardant dans les yeux, allait être éprouvante.

L’instant d’après, il devait se concentrer pour arrêter les coups et il devait reconnaître que plus les jours d’entraînements passaient, plus il devait être sur ses gardes, c’était beaucoup moins prévisible, pas encore vicieux parce que ce n’était pas sa nature et qu’il allait falloir du temps pour qu’elle abandonne cette nature. Il n’empêche que c’était de moins en moins rare qu’il bloque sa main in extremis, voir même qu’il anticipe mal et qu’il se prenne un coup, alors léger parce qu’il était certain qu’elle ne lui voulait aucun mal – l’inverse serait complètement débile d’ailleurs- il n’empêche que ce n’était pas agréable pour autant, même si ça voulait dire que ça marchait, ce qui était une très bonne nouvelle.

Si elle était tout autant concentrée que lui, étant donné que l’essentiel de leurs entraînements, pour le moment, se focalisait sur les mains, il voulait rajouter une contrainte. Il attendit patiemment qu’elle donne un coup, se loupant volontairement, pour une fois, et ne l’arrêtant pas. Tout cela afin de venir faucher ses jambes pour la faire chuter. Enfin chuter… c’est vite dit, sa main la retenait par le dos, l’empêchant de s’étaler au sol. Un sourire amusé se dessinait sur ses traits, oh oui, c’était petit comme victoire, ça il pouvait le reconnaître aisément, ce n’est pas pour autant qu’il ne la taquina pas. « Bah alors, on tient plus debout sans moi ? » Avec douceur, il la redressa sans pour autant la lâcher, rapprochant plutôt sa tête de la sienne, posant son nez contre le sien « Je te propose une petite pause pour que tu te remettes de cette cuisante défaite. » Ses lèvres vinrent doucement frôler celles de sa petite amie « En réalité, tu t’améliores, tu progresses vite Sely. » Il déposa ce qui se voulait être, au départ un baiser soft mais qui, comme bien souvent, s’éternisa, le coupant de toute cette réalité qui les entourait. Plus rien n’ayant d’importance excepté sa petite amie et ce baiser. Il y aurait pu avoir un tremblement de terre – ou quelqu’un rentrant chez lui hein – que Théo n’aurait même pas réagi, tout ce qui était important était ici de toute façon.

De la triche ? Tout de suite, mais quelle mauvaise foi, aucune règle n’avait été établi disant qu’il n’avait pas le droit de la faire chuter… bon après il est vrai qu’aucune règle ne l’autorisait non plus. Elle n’avait pas non plus l’air ultra vexée, pas vexée pour un sou même puisqu’elle se laissa relever sans se dérober. Il aurait pu dire à quel moment l’expression dans le regard de sa copine changea. A quel moment, elle passait de l’amusement à une tout autre envie. Après, il est vrai qu’il n’était pas étranger à ce changement d’expression, il avait envie de l’embrasser, vraiment beaucoup et à l’instant où ses lèvres rencontrèrent celles de Sélénya, il lui semblait bien qu’elle n’était pas contre ce baiser. Tous ses muscles qui étaient en tension à cause de l’effort dû aux entrainements se relâchèrent. Ce qui signifiait une chose, que la pause allait durer longtemps. Au moment de reprendre leur respiration, elle lui glissa des mots d’amour auxquels il répondit par un sourire de connivence avant qu’ils ne s’embrassent de nouveau.

Tout aurait pu très bien se passer, ce n’était, après tout, pas la première fois qu’un entraînement dérivait en câlin et ça n’avait jamais été un problème. Le problème c’est qu’aujourd’hui quelqu’un n’avait visiblement rien trouvé de mieux à faire que de venir chez Théo. Alors oui, c’est sympa les invités, sûrement qu’elle serait venue une heure avant l’invité, ça aurait tip top mais le karma il avait décidé que non, le meilleur moment pour venir voir Théo c’est quand il embrassait Sélénya. Alors, il est vrai qu’il aurait peut-être pu réagir à son prénom, mais la vérité c’est qu’il était concentré uniquement sur sa chérie. D’ailleurs, à aucun moment, Théo ne réagit au son que pouvait faire l’intruse, ce fut plutôt cette impression d’être observé, qui d’ailleurs ne lui plaisait pas du tout, qui le fit réagir. Le truc c’est qu’en fait lui, dans sa tête, à part Alcyone ou à la rigueur Dimka, personne d’autres n’avaient de raison d’être là, donc il jeta un coup d’œil à la dérobée. Tout bascula en une seconde, le temps de percuter qui était là et il manqua clairement de lâcher Sélénya sur le champ avant que son bon sens ne lui souffle qu’alors autant, ils étaient dans la merde, autant la lâcher alors qu’il la soutenait en grande partie, c’était une bien mauvaise idée. Oui ses abdos étaient bons, enfin là quand même sous le choc, pas sûr qu’elle réussisse à se maintenir debout. Par contre ce fut radical, en moins d’une seconde, ses lèvres s’étaient détachées de celle de sa partenaire et il venait de s’écarter physiquement d’elle, bien que sa main reste dans le dos de la demoiselle. Et ça carburait dans son esprit sans qu’il ne trouve de solutions au problème qui portait le nom de Kiara.

Son regard revint néanmoins dans celui de Sélénya, l’espace de quelques secondes, d’un message silencieux, essayant de lui signifier à quel point il était désolé. Sur bien des aspects, ils étaient sur la même longueur d’ondes, mais là, il avait bien conscience que c’était lui qui avait poussé au baiser et qu’elle, au départ, elle voulait juste s’entraîner. Son esprit lui soufflait les mots que Kiara avaient dit en boucle, comme quoi, pas si sourd que ça, juste concentré sur autre chose. Que pouvait il bien répondre à cela ? Et au-delà du fait de répondre, comment protéger la fille qu’il aimait pour que rien ne lui retombe sur le coin du museau, parce que c’était ça, la priorité en cet instant. « Je. » Ouai bah pour les phrases construites, ce ne serait visiblement pas pour tout de suite.  Récapitulons, qu’est ce qu’elle avait bien pu voir ? Un baiser, peut-être qu’il pouvait dire que c’était un accident, oui, alors niveau crédibilité, fallait juste que Kiara ait des gros problèmes de vues. Surtout qu’à aucun moment, il n’avait vraiment lâché Sélénya et il ne le ferait pas. Parce que quelque part, il était totalement terrifié à l’idée que si, il la lâchait, elle parte. Alors, c’était certainement son point d’ancrage à cet instant, sa main dans le dos de sa copine, la chaleur de son corps, ça lui signifiait qu’ils étaient  encore deux, pour le moment. Bien sûr qu’il se rendait compte qu’il devait parler, il en avait conscience, mais pour dire quoi, il n’avait rien qui justifiait qu’il l’embrasse, excepté le fait qu’il l’aimait, bien entendu.

Et dans ce moment-là, parce qu’il était totalement perdu, parce que c’était une situation qu’il ne maîtrisait pas et dont la finalité ne dépendait pas uniquement de lui, il se rattachait à des choses qui lui semblait logique dans l’instant « Tu disais vouloir un livre ? » Oui non mais après, la logique et Théo à cet instant, ne fallait pas la chercher. C’est la seule chose à laquelle il était réellement en mesure de répondre et à laquelle, il avait potentiellement une réponse utile. Non parce que franchement à la question qu’est ce qui se passe, rien ne venait trou noir. En temps normal il aurait bien réussi à trouver une bêtise à dire, à faire de l’humour, sauf que là, difficile de faire de l’humour, oui alors c’est pas qu’habituellement Kiara était chiante et sans humour, non ça allait ça, c’est juste que dans ce cas précis, pas sûr qu’elle apprécie beaucoup, et puis d’abord même si elle aurait apprécié, il était bien incapable de faire de l’humour. Et pour cause il avait cette impression d’être sur le banc des accusés et de n’avoir aucune défense à fournir pour son crime, qu’il était coupable à cent pour cent mais que même s’il le reconnaissait et oui, il le reconnaissait sans problème, il n’y avait pas à la clé de remises de peines ni rien, parce que ce n’était pas justifiable ce qu’il avait fait. Même des mots qu’il était en mesure de prononcer habituellement, des mots qu’il avait été capable de dire à Sélénya, à Alcyone en parlant de Sélénya, voir même à Dimka qu’il connaissait quand même beaucoup moins bien que Kiara, il était bien incapable de le dire à l’heure actuelle, ah pourtant, c’était toujours aussi vrai, il aimait Sélénya, il n’empêche que les mots restaient bloqués puisqu’il était envahi par la peur de tout perdre, même si dans un même temps, il espérait qu'elle lui rejette tout sur le dos pour s'en sortir, pour qu'ils ne soient pas deux à couler.

Comment avaient ils pu en arriver là ? Pourquoi rien ne se passait jamais comme il l’avait voulu ? Mais merde, il n’avait jamais demandé à tomber amoureux de cette fille, ça lui était tombé sur le coin du nez un matin, bon d’accord ça avait été progressif en réalité mais l’un empêche pas l’autre, il était amoureux indépendamment de sa volonté, trop amoureux. Clairement, il s’en rendait compte, il aurait suffi d’être un tout petit peu moins amoureux et il aurait pu tenir un entraînement complet sans vouloir un baiser. Ça aurait évité la descente dans l’antre d’un dragon. Et puis au milieu de cette frayeur de tout perdre, il y avait cette main qui vint s’emparer de la sienne. Pour la toute première fois, il se rendit vraiment compte de l’importance qu’avait eu ce geste lors de la thérapie de Sélénya, il se rendait compte de la bouée formidable qu’ils étaient l’un pour l’autre. Et, dans ce contexte, alors qu’il aurait mieux valu que les sentiments de chacun s’éteignent, son amour pour elle ne fit qu’augmenter. Il se raccrochait à ses doigts, même si ça ne l’aidait pas vraiment à communiquer, il avait juste conscience de sa présence et du fait qu’elle l’aimait, même si, il aurait mieux valu que non.

Puis, finalement, elle bougea et là durant les quelques secondes où il vit son corps en mouvement, il eut envie de juste serrer ses doigts plus fort pour lui demander de rester. Oui ce n’était pas à faire, qu’importe la raison qui la poussait à avancer, c’était sa volonté à elle et il n’avait pas à aller contre mais sur le moment, c’est vrai, il était tenté. La seule raison pour laquelle, il ne fit aucun geste pour la retenir c’est qu’il avait toujours été sincère, avec elle mais aussi avec lui-même, c’était elle en priorité. C’était la seule façon pour lui de se rassurer et de se dire qu’il n’abusait pas, trop, d’elle et qu’elle était là, pas parce qu’il la terrifiait mais bien parce qu’elle le voulait.

Comme souvent, pour ne pas dire toujours, dans ces moments-là, son esprit allait trop vite, bien trop vite. En même temps, essayez simplement d’empêcher votre esprit de réfléchir, pas évident hein ? Et bien pour Théo c’était pareil, il réfléchissait, il était inquiet, il sautait aux conclusions et oui elles étaient erronées et non il n’y pouvait rien d’être un éternel inquiet quand ça concernait son couple, parce que ses sentiments eux ils étaient bien présents et là il subissait. Il regardait sa copine qui avait cessé de bouger. La distance entre eux raisonnable mais pas trop non plus puisque leurs mains étaient toujours liées, ah ça c’était bien le dernier rempart. Et il y avait cette position qui démontrait à la perfection une chose, qu’elle défendrait non pas son couple, enfin en effet boule de neige si, mais en priorité son copain, ça avait le mérite d’être clair. Et finalement, ce fut elle qui prit la parole et quelque part, bien sûr qu’il s’en voulait de la laisser se débrouiller mais les mots ne venaient pas. Même le fait qu’elle parle, ça ne le rassurait pas du tout, enfin ses mots ne le rassuraient pas. Bien sûr qu’il pouvait confirmer ce qu’elle disait, oui ils avaient essayé, une technique, puis une autre mais qu’est ce qui empêchait la personne en face de ne pas les croire, de ne pas douter de leur bonne foi, ce n’était que des mots. Et puis il y avait cette peur de Sélénya que non, il ne ressentait pas tellement comme la sienne et pour cause, la sienne surpassait tout en lui-même, mais malgré tout il avait conscience de la peur de sa copine, sans qu’il ne puisse intervenir dessus, parce qu’il était l’élément perturbateur et il le comprenait bien. Il maudissait Kiara en cet instant, il avait beau l’apprécier en temps normal, là il la détestait pour les sanglots qu’elle faisait naître dans la voix de sa copine. Bon après, il est vrai qu’il se détestait aussi.

Ce qui fut le plus étonnant pour Théo, ce fut la fin de son explication. Normalement, il aurait regardé Kiara pour voir ce qu’elle pensait de tout ça, mais là, son regard se posa sur sa partenaire. Ses mots faisaient échos à ceux qu’il avait prononcé quelques mois avant à sa sœur. D’ailleurs le parallèle était plutôt frappant entre les deux annonces, à chaque fois, ça n’avait pas été voulu, le couple devant faire avec les aléas de la vie. Ils se défendaient un peu de la même façon, sauf sur un détail, là où Théo avait prononcé le je, prenant la responsabilité, Sélénya passait au on. La raison de cela, c’est que chacun savait où était le problème au juste et essayait tant bien que mal de protéger Théo. Oui, c’était mignon, ça pour le coup, il ne pouvait le nier. De la même façon qu’il ne pouvait nier le fait que oui, ils s’aimaient malgré tout le reste, ou presque. Que valait les sentiments pour une personne, une seule personne, face à l’amour de toute une famille ?

Le temps sembla se suspendre quelques instants, plus personne ne parla, chacun étant pour le moins tendu, avant que Kiara prenne une profonde inspiration, invitant Théo à revenir poser son regard sur elle, pas franchement rassuré. C’était bon signe ou mauvais signe la profonde respiration au juste. Bon signe d’après les mots de la demoiselle. Alors par contre, pour le soulagement chez Théo, c’était pas totalement ça, oui bien sûr que ça le stressait énormément que les parents des deux blondinettes soient au courant mais ça ne s’arrêtait pas à là. La fille qui se trouvait face à eux, qu’il le veuille ou non, il l’appréciait, grandement et le fait qu’elle soit venue ici aujourd’hui, bon à la base pour un bouquin, ça démontrait qu’elle l’appréciait aussi. A quel point ce baiser avait tout chamboulé ? Il ne regrettait pas pour autant d’être avec Sélénya et il restait fidèle à ce qu’il s’était dit, ça en valait la peine, elle en valait la peine. Néanmoins, avant d’en savoir plus sur les impressions de Kiara, il peut quand même ouvrir la bouche pour lui souffler « Merci » Non, ce n’était toujours pas la personne la plus loquace du monde mais il faisait des efforts pour ne pas laisser Sélénya se débrouiller seule face à sa sœur.

En fait, ce qui eut un véritable effet sur lui, ce fut la phrase d’après. Non mais on parlait bien des Macmillan, niveau curiosité, c’était un peu le haut du panier… et là elle était vraiment en train de leur faire croire qu’elle n’allait pas leur poser de questions ? Non mais c’était aussi crédible que si Sélénya avait dit, on s’embrassait pas, on a trébuché. Non mais un peu de respect pour les gens tout de même. Théo haussa un sourcil, faisant une moue peu convaincue et tien donc, qu’est ce qui arriva dans la phrase suivante ? Une question… Oh bah, oui zéro crédibilité la Macmillan. Au moins, ça avait le mérite de le décompresser, ce qui n’était pas plus mal. Il n’était alors plus question de laisser Sélénya faire une muraille autour de lui, pour lui venir en aide. Il vint à ses côtés, ce qui devait être quand même moins douloureux pour ses muscles, ceux-ci n’ayant plus à être tendu vers l’arrière pour que leurs mains soient liées. S’il hésita quelques instants à la lâcher, il n’en fit rien, de toute façon, Kiara savait, à quoi bon sauvegarder les apparences. Il prit donc la parole pour répondre à la première puis à la seconde question, sachant qu’il y en aurait d’autres derrière hein. Par contre s’il était capable de parler, c’était légèrement détaché de tout ça, la voix n’était pas tant vivante que ça, il y avait des pauses aussi entre chaque mot comme s’il avait besoin d’une pause à chaque fois pour pouvoir aller au bout. « On est ensemble depuis le 10 Avril. » Il coula un regard vers Sélénya, remplit d’amour, il gardait ce jour précieusement en mémoire et pas que parce que c’était l’anniversaire de cette fille dorénavant. Quant au reste et bien, il observa de nouveau la sœur de Sélénya « Cela ne nous fait pas plaisir de nous cacher. » Non, sincèrement, à choisir chacun voudrait le révéler au grand jour mais ils ne pouvaient pas.

Quand il voyait la réaction de Kiara, il se disait que se cacher, c’était ce qu’il y avait de mieux à faire.  Elle demanda même s’ils pouvaient s’asseoir… Elle allait pas tomber dans les pommes quand même ? C’était si affreux que ça comme nouvelle ? Il regarda Sélénya un peu perdu, est ce que si ça avait été l’inverse, elle aurait réagi pareil ? Mais qu’est ce qu’il pouvait dire de plus ? Comment faire comprendre qu’il n’avait jamais eu l’intention de faire du mal à Sely ? Ses épaules s’affaissèrent tandis qu’il hochait la tête pour montrer qu’il était d’accord pour lui servir un thé. Il les entraîna vers la cuisine et pour une fois, même s’il pouvait faire le thé par magie ou appeler l’elfe de maison, il préféra le faire lui-même, des gestes simples pour penser à autre chose surtout maintenant que la main de Sélénya n’était plus dans la sienne. Est-ce qu’il pouvait lui parler malgré tout ? Il ne savait pas trop mais de toute façon l’ignorer, c’était intolérable. Il lui demanda donc, hésitant un peu, c’est vrai « Tu veux un chocolat chaud ? » Il sortit trois tasses en prévision, même s’il n’était pas sûr d’arriver à boire quelque chose puis une fois que tout fut près, il ramena sur la table avant de s’installer.

Aux propos de Sélénya, un faible sourire se dessina sur les lèvres de Théo, sans joie. Ah ça, ils en avaient essayé des solutions avant de se résoudre à l’évidence, ils avaient besoin l’un de l’autre. C’était tout bête comme constat, ils avaient essayé de rentrer dans le moule de faire taire leurs sentiments, de ne plus se voir. Mais si ça rendait le monde heureux qu’ils s’évitent, ce n’était pas le cas pour eux. Alors ils essayaient de ne pas faire de vagues, tout en vivant des moments de plaisir l’un avec l’autre mais même eux se rendaient bien compte que ce n’était pas une solution à long termes, qu’un jour il faudrait soit mettre un terme à leur relation, soit accepter le fait que le monde les jugerait. Et pour le moment, Théo n’était pas prêt à risquer cela, à quoi bon tout risquer au bout de quatre mois de relations, si ça se trouvait, leur couple péterait bientôt et ils auraient perdu beaucoup pour rien… même si sincèrement, que leur couple s’écroule, il n’y croyait pas.
En cet instant, leur relation, mieux valait-il la mettre de côté un moment, ça ne changeait pas ce qu’il ressentait, ni même la façon dont il la regardait, c’était instinctif et il ne s’offusquait pas vraiment pas trop que de son côté elle commence à ériger des barrières et à devenir, soudainement une amie plus qu’une copine. Raison pour laquelle il ne lui répondit pas, à quoi bon de toute façon, elle savait ce qu’il pensait. Et puis il devait montrer le chemin jusqu’à la cuisine pour permettre à Kiara de s’asseoir, ce serait quand même ultra déstabilisant qu’elle tourne de l’œil… oui il savait gérer normalement en toute circonstance mais pour sûr que là, il serait déstabilisé.

S’occuper du chocolat chaud, c’était s’évader quelques instants, oublier les deux filles avec lui dans la pièce mais ça ne dura pas si longtemps et une fois à table et bien il ne fallait clairement pas compter sur Théo pour faire la conversation, il regardait son breuvage et ça s’arrêtait là. Si lui était du genre silencieux, attendant que l’orage passe, Sélénya était plutôt du genre rentre dedans. Non mais elle, son but c’était quoi à cet instant, que tout leur pète à la gueule ? Il se retint très difficilement de lui lancer un regard noir, restant focalisé sur la boisson pour cela. Pour le coup, il pouvait comprendre que Kiara ne s’y attende pas, eux aussi ne s’attendaient pas à sa visite, en fait, c’est même à leurs propres sentiments, avant tout, auxquels ils ne s’attendaient pas. Il releva la tête pour la regarder dans les yeux, reconnaissant de l’effort qu’elle faisait pour eux. Il n’eut néanmoins le temps de rien dire qu’elle reprenait la parole, revenant à la charge pour le livre, rajoutant qu’elle viendrait lui demander conseil. Il lui adressa un sourire « Ma porte te sera toujours ouverte. »  

Il coula un regard vers Sélénya lorsque Kiara s’adressa à elle. La demoiselle semblait attristée, sans que Théo ne saisisse parfaitement pourquoi et jugea bon de ne pas s’emmêler, ohlala c’était leurs problèmes de sœurs, ça ne le concernait pas… bon ça allait le concerner dans trois secondes mais au départ, ça ne le concernait pas. Pour la suite, en revanche il pouvait répondre à ses propos, enfin il ne pouvait répondre que pour lui bien entendu, oui il était heureux, Sélénya le rendait heureux mais aussi rapidement qu’il avait ouvert la bouche pour lui répondre, il la referma. C’était une sœur, ce qui l’intéressait avant tout, c’était le bonheur de Sélénya pas le sien. Il évita de regarder sa copine pour ne pas que l’on puisse dire qu’il l’influençait à répondre par la positive. Même si clairement, la regarder l’aurait au moins rassuré sur le fait qu’elle allait parler, dire qu’elle était bien dans son couple, que tout n’était pas parfait, la situation en elle-même ne l’était pas mais sinon ça allait… Elle laissait même sa brosse à dent ici, de son plein gré ça en disait long sur son amour.

Puis il y eut la dernière question et elle était totalement légitime cette question. Théo observa enfin Sélénya, l’invitant à répondre d’un signe de la tête, parce qu’il se doutait de la manière dont elle allait répondre. La connaissant et connaissant cette volonté de lui venir en aide, elle allait déformer un peu la vérité, oublier un détail important… et ce fut le cas. Oui, elle disait vrai, elle n’avait pas voulu que Kiara mente à ses parents, mais celui qui avait véritablement bloqué le fait que Kiara soit au courant, ce n’était pas elle, c’était Théo. « Je lui ai aussi demandé de ne pas le dire. » oui une demande qui ressemblerait plus à une exigence qu’autre chose. « Si Alcyone est au courant, c’est un accident, ça m’a échappé le jour où l’université a été envahi par les moldus. J’étais un peu sous le choc et j’ai pas fait gaffe et je l’ai dit à Sélénya par la suite. Mais je savais aussi une chose, plus de personnes il y a au courant et plus il y a de risques que ça s’ébruite. Je ne voulais pas qu’un Macmillan l’apprenne. » Il poussa un soupir « Les gens ne le prennent pas directement ultra bien. » Enfin pour Alcyone il y avait quand même eu un moment d’incompréhension. Ne parlons même pas de Dimka qui s’il avait été le frère de Sely, aurait fait la peau à Théo à coup sûr… super avenir d’ailleurs. Donc, forcément, Théo n’était pas ultra serein à l’idée que la sœur soit au courant… la sœur ou le frère d’ailleurs, même combat hein… « Je n’avais pas envie de mettre en péril notre relation parce que si tu réagissais mal que ce soit envers moi, soit notre relation en elle-même. Ça impactait aussi Sély et. » Il regarda sa copine s’adressant à elle. « Je n’ai pas envie que tu souffres parce que tu es tombée amoureuse de la mauvaise personne. »

C’était presque instinctif le soulagement qui s’infiltrait en lui en entendant Sélénya dire qu’elle était heureuse. D’ailleurs, elle ne parlait plus uniquement pour elle-même, plus en tant que personne, elle mettait une unité, ils étaient deux à être heureux. A défaut de pouvoir lui offrir des mots d’amour, qu’il pensait mais qu’il trouvait bien mal venu en cet instant, il hocha doucement la tête, confirmant ses dires, oui ils l’étaient. Elle enchaina sur le fait que ce serait mieux sans avoir se cacher comme des voleurs. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait de dire que cette fille, il l’avait totalement dans la peau et qu’il aurait été ravi, réellement enchanté, de pouvoir le dire à tout le monde. Surtout que ça l’arrangerait aussi sur certains plans, les gens ont tendance à moins sauter sur les filles par exemple pour les demander en mariage… un exemple parmi tant d’autres lorsqu’elles étaient prises. Théo n’appréciait que moyennement menteur, en vrai c’est pas du tout que des gens tournent autour de sa copine, alors oui c’est bien beau la fidélité, il ne disait pas le contraire, il n’avait pas spécialement peur qu’elle le trompe, non par contre qu’elle le quitte ça oui, il en avait peur. Ce n’est pas pour autant qu’il voyait d’un bon œil le fait que des gars – et des filles, soyons plus global – tournent autour de la fille qu’il aimait et uniquement parce qu’ils ne pouvaient pas dire, qu’ils étaient ensemble.

Vint alors la discussion de qui est au courant. C’est vrai que c’était important, après heureusement il n’y avait pas une liste longue comme le bras, sinon ça aurait été compliqué déjà d’énumérer chaque personne parce qu’au bout d’un moment, parler ça donne soif – oui non mais après je m’attarde sur des détails je veux bien – et parce qu’il fallait se souvenir de tout le monde, pas une mince affaire. Pour le coup, Théo était ravi qu’il n’y ait que deux personnes, enfin trois si on comptait Dimka mais ils n’allaient pas en parler parce que ce serait trahir Alcyone et ses secrets et alors oulalah, elle l’avait un peu mauvaise quand les gens ne tenaient pas leur langue. Sélénya et Théo se complétaient un peu sur les dires – ou plutôt Théo rectifiait les propos de son adorable copine qui prenait tout sur ses épaules un peu frêle… Il aurait refusé tout nettement qu’elle en parle. Même si, à présent, il se disait qu’en réalité c’était une mauvaise idée de ne pas avoir voulu que Sely parle, Kiara ne le prenait pas si mal. Bon, elle ne sautait pas de joie, ce qui pouvait se comprendre, mais elle ne semblait pas trouver l’idée complètement absurde et contre nature. Si seulement tout le monde pouvait réagir comme elle mais il n’avait pas envie de tester, pas envie de perdre tout et ça allait encore plus loin, perdre tout, ça ne l’emballait pas mais au-delà de ça, il se rendait compte à chaque fois que Sélénya était ici, à chaque fois qu’il la regardait, qu’elle était totalement empêtrée dans ses sentiments. Elle en ressortirait malheureuse, forcément et ce n’était pas ce qu’il voulait pour elle. Elle n’y pouvait rien si elle était tombée amoureuse, alors oui bien sûr que lui non plus, il n’avait lancé aucun sortilège, ne l’y avait pas poussé ou alors, s’il l’avait fait c’était bien indépendamment de sa volonté. Il pouvait sentir le regard de Sélénya se poser sur lui tandis qu’elle disait ses premières paroles. Puis lors de la suite, il roula des yeux. Qu’elle le veuille ou non, si c’était la mauvaise personne, pas dans le sens où c’était un connard avec elle. Mais si elle souffrait uniquement parce qu’elle l’aimait lui et que ça ne passait pas, si c’était la mauvaise personne.

Non content de se faire contredire – comme d’habitude – par Sélénya, voilà que Kiara s’y mettait. Allez, c’était parti pour l’alliance des deux sœurs. Il regarda Kiara avec un sourire légèrement forcé « Si seulement il me suffisait d’être convaincu pour être convainquant, je le vivrais beaucoup mieux. Kiara, regarde comment toi tu as réagi, tu as eu besoin de t’asseoir et tu es sa sœur, imagine deux secondes si tu avais été sa mère, tu comprendras que je ne sois pas des plus optimistes. » Il leva le doigt pour empêcher l’alliance Macmillan de lui tomber dessus. « ça n’enlève en rien le fait que je tienne à mon couple et que je n’ai pas du tout envie qu’il se pète la tronche… juste que ça me gaverait que Sely soit partagée entre sa famille et son copain pour des sentiments qui n’ont pas voulu nous foutre la paix. » Et puisque la petite blonde faisait un peu d’humour, il pouvait tout autant la charrier « En fait, ce qu’il faudrait que tu fasses Kiara, c’est que tu tombes amoureux d’un vieux de 80 ans… si possible raciste, irrespectueux, tout ça tout ça, si ce n’est pas trop te demander bien sûr. Comme ça derrière quand on aura décidé de l’annoncer, ça se passera parfaitement bien pour Sely et moi, tu crois que tu peux faire ça pour nous ? » Un grand sourire illuminait son visage comme s’il venait de trouver the plan idéal, bon avec quelques soucis néanmoins, fallait le trouver le gars en question et puis alors faudrait quand même être sacrément truffe pour vouloir le présenter à ses parents mais c’est un détail.

Si tout n’était pas rose, qu’il était malgré tout extrêmement tendu, qu’il n’avait aucune idée de comment allait se dérouler leur futur à Sélénya et lui, il y a quelque chose qu’il savait, il avait envie de sa présence à ses côtés, sa main sous la table vint lentement se poser sur la cuisse de Sélénya. Le message avait beau être silencieux, il la connaissait assez pour savoir qu’elle comprendrait à la perfection qu’il voulait sa main dans la sienne. De l’autre main, il prit exemple sur la sœur de sa copine, attrapant la tasse pour boire un peu de chocolat chaud pour une fois qu’il fait du chocolat et qu’il en boit… purée, merci Kiara

S’il comprenait parfaitement ce que voulait dire Sélénya lorsqu’elle parlait de briser une amitié, il ne pouvait s’empêcher de penser que cela n’avait pas le même poids dans la balance. Oui, il avait conscience de l’amitié entre Lasérian et lui et il y tenait mais, c’était incomparable. Elle se rendait bien compte qu’une amitié par rapport à une enfant, c’était du vent. Néanmoins, une amitié face à une fratrie, ça ne valait pas grand-chose non plus – et il y connaît quelque chose Théo en fratrie solidaire – et pourtant, Kiara n’était pas en train de gommer ces dernières années, elle prenait en compte les mots des uns et des autres, analysait, certainement, ce qu’elle voyait, ce qu’ils acceptaient – un peu malgré eux d’ailleurs – de montrer sur leur relation et en tirait ses conclusions par elle-même. De ce point de vue-là, s’il se basait uniquement sur ces réactions depuis qu’elle était installée à table avec eux – comme quoi, un chocolat chaud ça aide à mieux vivre les choses – Théo pouvait être optimiste. Néanmoins, il n’oubliait pas non plus qu’elle avait justement eu besoin de ce chocolat, de s’asseoir, que le choc avait été grand… Et encore, avait-il envie de lui dire, imagine toi deux secondes te rendre compte que la personne avec qui tu passes du temps régulièrement pour l’épauler, tu ne la regardes plus différemment, ah ça calmait, c’était le moins que l’on puisse dire. Ça l’avait calmé un bon moment.  A la place de ces mots, il essaya de lui montrer que tout n’était pas forcément positif et elle décida de revenir sur les propos de Théo. Ça se tenait ce qu’elle disait, pour une discussion importante, c’était une discussion importante. Est-ce qu’il était persuadé qu’elle ne serait pas tombée dans les pommes, non, vraiment pas. Après, ça va il n’était pas sadique, il avait des chaises chez lui – si je vous jure il a tout ce qu’il faut chez lui – elle avait envie de s’asseoir, bien sûr qu’il était d’accord.

Etant donné que tout se passait presque bien dans le meilleur des mondes, il fallait juste mettre de côté certains détails… beaucoup de détails… en fait les trois quarts des détails. Théo tenta de faire de l’humour avant de se faire reprendre à l’ordre par une Sélénya peu encline à ce qu’il se moque de sa sœur. Il lui lança un regard faussement penaud tandis qu’elle prenait la parole, après lui avoir donné un petit coup. Il est vrai que sur le papier, ce n’était pas ultra gentil, peut être qu’il avait exagéré en donnant trop de défauts au gars, la prochaine fois il lui mettrait une ou deux qualités. Et puis Kiara, elle faisait aucun effort, le sens du sacrifice, rien du tout, elle faisait la moue… non mais tout de suite. Oh mais le mieux c’est qu’elle lui faisait un sourire, l’air très fière que Sely lui vienne en aide.  Il n’empêche que pour connaître, un peu, sa copine, elle était plus amusée par la situation que vraiment agacé par ce qu’il disait. Mieux encore, elle décida d’en rajouter une couche. Bon d’accord, le plan initial de Théo était dans l’abus, un gars de 60 ans, c’est vrai que c’était largement suffisant, après ça dépend, s’il était vieux, elle n’aurait pas à le supporter longtemps avant qu’il meure de vieillesse, ce qui est une bonne nouvelle mais bon, comme Théo avait parlé d’amour, c’était pas cool de penser direct à la mort. Il adressa un sourire à sa copine, content de la retrouver même s’il comprenait aisément qu’elle se range du côté de la soeurette. Finalement, Kiara semblait partante pour mettre tout le monde d’accord, Théo hocha la tête « C’est parfait, je savais que nous pouvions compter sur toi. J’essaierais d’avoir l’air ravi pour toi en échange, je te le promets. »

Sa main vint se poser sur la cuisse de Sélénya, s’il ne regarda pas directement sa copine, il l’avait malgré tout dans son champ de vision et pu se rendre compte qu’elle lâcha très rapidement sa tasse pour venir poser sa main contre la sienne. Enfin, ce n’était pas exactement le cas, ses doigts s’emparaient de ceux du sorcier, liant leurs mains, comme bien souvent. Elle reprenait la parole dans un même temps pour remercier Kiara et s’il ne dit rien, il était entièrement d’accord avec les dires de la plus jeune des deux sœurs. Il était reconnaissant envers Kiara de leur avoir laissé le temps de s’expliquer, de ne pas être partie sur le champ en apprenant cela et même d’accepter, alors impossible de savoir à quel point par contre, leur relation. Au moins, il était persuadé d’une chose, effectivement, elle était là pour Sélénya et serait sans doute toujours là pour elle et cela lui faisait plaisir parce que si ça se passait mal avec sa famille et que Sélénya et lui étaient contraints et forcés de se séparer, elle ne serait pas toute seule à supporter cette désillusion et même si cette version ne lui plaisait guère, quelque part ça le rassurait de savoir qu’elle aurait quelqu’un qui la réconforterait et qui serait de son côté, quoi qu’il puisse arriver.

Lorsqu’elle fit remarquer qu’ils n’avaient finalement que peu de temps où ils pouvaient se voir dans la semaine, et encore, au fil des semaines, ils avaient augmenté le nombre de fois où ils se voyaient… entre mai et juin c’était une fois par semaine grand maximum, il se retint de pousser un soupir comme pour dire ne m’en parles pas. Elle voulait les laisser tranquille, c’était charmant. Néanmoins, elle voulait son livre avant, il détacha ses doigts de la main de Sélénya, un peu à contrecœur, il est vrai pour pouvoir se lever « Bien sûr, tu veux quel livre, je vais te le chercher. » Il fit trois pas pour se diriger vers l’entrée de la cuisine avant de se retourner vers les deux filles « On s’entraînait, ça n’en avait peut-être pas l’air vu de loin, mais on s’entraînait. » Après, est ce que son sourire n’en disait pas long sur le fait que ce n’était pas totalement la vérité, carrément que si.