“Faut qu’on se voit, juste toi et moi”. Ça n’annonçait rien de bon cette histoire. Pourquoi est-ce que Toni voudrait lui parler en tête à tête ? Bon, ça fait des années qu’ils se connaissaient, depuis que Raph était venu rendre visite à Samuel pour la première fois, mais ils n’ont jamais été réellement proches. Au contraire d’ailleurs, Raphaël était quelqu’un de vraiment possessif et plus particulièrement pour ce qui concernait ses amis. Il n’était pas en mauvais termes avec Toni Santana, ils avaient toujours eu des rapports amicaux mais le jeune homme avait toujours craint que cette amitié qui la liait à Sam n’allait empiéter sur la complicité des deux garçons. Samuel Benson, c’était pas un pote, c’était pas un simple pote, non c’était son ami, son Meilleur Ami. Alors, même si Toni et Sam se connaissaient depuis bien plus longtemps et qu’ils ont toujours plus ou moins garder contact, ils n’étaient pas du tout aussi proche que Raph et Sam l’étaient tous les deux.

Ça ne répondait pas à la question “Pourquoi est-ce qu’elle voulait lui parler en tête à tête ?” Qu’est ce qu’une jeune fille de 25 ans pouvait bien avoir à dire en tête à tête à un jeune homme de 23 ans ? Oh… Non. C’était surement autre chose, ils n’avaient encore jamais discutés seulement tous les deux. Samuel était toujours là quand ils se voyaient. Justement, peut-être que là elle avait besoin de parler seule avec Raph, pour lui avouer ses sentiments ? Et pour cela, il fallait écarter Samuel de la sortie. Oh non, non, non. Il n’avait pas besoin d’une nouvelle fille dans sa vie. Toni était une fille super jolie, certes, mais ça faisait pas tout. À part Samuel, ils n’avaient absolument rien en commun. Si elle était tombée amoureuse de Raphaël, il serait bien surpris de savoir comment et pourquoi. Et surtout, ses sentiments n’étaient pas du tout partagés.

Depuis quelque temps, Raph voyait d’un autre œil son amitié avec Nymphéa. Ils travaillaient tous les deux au sein de l’Ordre du Phénix, mais ils se voyaient aussi en dehors du QG pour leurs projets personnels. Des projets artistiques, de vidéos principalement. La jeune Chang avait pas mal d’idées, parfois farfelues, mais elle était déterminée, énergétique, et drôle. Leur relation, initialement basée pour un partenariat professionnel, a beaucoup changé depuis leur rencontre, et surtout depuis qu’il connaît son secret. Ou plutôt une partie de ses secrets. Il ne savait pas s’il voulait en faire sa sorcière bien-aimée, il avait toujours énormément de difficultés à comprendre ses propres sentiments et le spectre d’Artémis rodait toujours. Artémis… Même en sachant qu’elle appartenait au camp ennemi, le camp de ceux qui séquestrent et dissèquent des sorciers, il n’arrivait pas à la haïr. Si elle se présentait à lui, est-ce qu’il serait capable de retomber sous son charme ? Ça faisait deux mois qu’elle n’était plus revenue à la coloc, depuis que Elise lui avait appris que la jolie rousse appartenait au Blood Circle. Depuis le sauvetage d’Amber, et des autres. Depuis que Raphaël connaît la véritable nature de Nymphéa. Depuis que tellement de choses se sont produites à cette période.

Samuel avait également changé depuis la disparition d’Artemis. Enfin non… Il avait changé quand Artémis était arrivée dans la coloc. Raphaël aussi d’ailleurs. C’était devenu tendu entre les deux garçons qui espéraient tous les deux gagner le cœur de leur belle colocataire. S’il y avait un vainqueur, Raph supposa que c’était Samuel. C’était indéniablement lui qui s’était rapproché le plus de la jolie rousse. Oui… Ils avaient changés tous les deux au cours de l’année, mais Sam était vraiment transformé depuis qu’elle est partie. Raphaël ignorait si les autres colocs avaient des nouvelles, Samuel était taciturne, Raphaël était débordé par ses nouveaux projets et Thomas… C’était Thomas… Tous trois se parlaient peu, c’était comme si Artémis était l’esprit de la Coloc, comme si c’était elle qui les avait maintenus unis pendant ces longs mois et qu’il n’y avait plus rien désormais…

Bref… Raphaël n’avait vraiment pas besoin d’une autre fille dans sa vie. De toutes façons il fallait déjà qu’il comprenne ses sentiments pour Nymphéa. Est-ce que c’était une amie ? Une super amie ? Sa meilleure amie ? Ou quelque chose de différent encore. Où est la barrière entre l’Amour et l’amitié ? Et s’il était réellement amoureux d’elle… Est-ce que ça serait réciproque ? L’anniversaire de la jeune fille était bientôt, et Raphaël avait déjà des projets pour le fêter avec elle. Mais… Est-ce que ce n’est pas trop justement ?

Il soupira, la boule au ventre, avant de finalement entrer dans le café où ils avaient rendez vous. C’était bien beau de tergiverser dans ses pensées… Mais Raphaël ne savait toujours pas pourquoi il était là : Qu’est ce qu’elle me veut bordel de merde ?

En ce moment, tu avais clairement l’impression que les gens qui t’entouraient, finissaient mal. Tu avais perdu de vu Alexander sans raison apparente. A présent, tu te posais des questions sur Sam. Tu le trouvais distant, tendu. Depuis quand agissait-il de la sorte avec toi ? Tu le connaissais depuis… toujours en fait. Tu n’avais que dix années au compteur lorsque tu es arrivée dans ce pays. Dix années de Mexique dans les pattes et aucune connaissance sur la langue Anglaise. Tu parlais l’Espanol et le Néerlandais. C’était déjà une bonne base pour une gamine. Sauf que pour fuir cette famille malsaine et pesante, vous étiez partis en Angleterre. Autant simplifier les choses avec une nouvelle langue, de nouvelles coutumes. Et la pluie. Non parce que clairement au-delà de toutes les autres difficultés, la chaleur de ton pays te manquait. Mais sans cela, tu n’aurais jamais croisé Sam. Ce petit garçon courageux qui t’avait défendu alors que tous les gamins se moquaient de tes fautes à l’époque et de ton accent.

Aujourd’hui, cet accent n’était plus qu’un vague souvenir. Ainsi que le petit Sam de l’époque. Avec ce qu’il se passait actuellement chez les Moldus, tu avais de plus en plus de mal à te rendre de ce côté de Londres. Il n’était pas évident de communiquer avec ton ami d’enfance, plus encore alors qu’il se cachait derrière une barrière qui te semblait blindée. Que voulait-il ? Que se passait-il dans sa tête ? Tu avais cherché à user de ton don pour apprendre une vérité du passé qui aurait pu l’amener à se refermer de la sorte. Même une prédiction si cela était possible. Mais les esprits étaient restés silencieux à ta plus grande déception. Ce don était horripilant. Il avait fait de ta vie un enfer. Tu aurais voulu prendre le Malin et lui en retourner une tant c’était agaçant de le voir jouer ainsi. Quand tu en avais besoin pour des affaires personnelles, ça ne répondait jamais présent. Même ton pendule était resté inerte devant tes questions. Tu n’avais pas envie de déranger Soledad à la moindre de tes inquiétudes. Tu aurais préféré éviter te rendre à nouveau du côté moldu, mais tu finissais par contacter Raphaël. Après tout, il était le mieux placer pour voir au quotidien ce qu’il pouvait bien se passer dans la tête Sam. Tu avais toujours apprécié Raphaël. Vous savez ce pote d’un pote que vous croisez tout le temps ? C’était lui. Vous aviez fini par réellement sympathiser avec le temps. Autant le dire, les personnes que tu considérais comme des amis étaient de plus en plus rare sur ta courte liste des gens en qui tu pensais pouvoir avoir confiance. Tu ne savais pas vraiment si tu pouvais avoir confiance en lui mais tu appréciais sa compagnie. Il ne savait d’ailleurs rien de ta nature sorcière. Tu restais méfiante à ce sujet. Sam n’avait jamais été au courant non plus. Ce n’était pas pour en parler à Raphaël. C’était d’ailleurs la première fois que vous vous retrouviez que tous les deux.

Tu prenais soin de traverser Londres à pied depuis un endroit où tu avais transplanné en toute discrétion. Tu avais donné rendez-vous à Raphaël dans un café pour éviter leur appartement. Tu ne voulais pas que Sam tombe sur vous en train de discuter… de lui tout simplement. Tu le sentais trop taciturne pour cela. Trop susceptible. Il ne voulait pas répondre à tes questions. Ce n’était pas pour qu’il te surprenne à parler dans son dos. Tu te trouvais alors devant le café en question et passait le seuil de la porte. Ton regard chercha un instant le jeune homme avant de le trouver un coin. Tu t’approchais finalement. « Salut Raphaël. » Tu te glissais à la place qui se trouvait en face de lui après avoir retiré ton manteau. L’hiver… Là, tu aurais pu donner beaucoup pour passer une semaine chez toi malgré ces fous Santana qui composaient ta famille. Une serveuse venait alors prendre votre commande et tu lui demandais de ton côté un chocolat chaud. Ne pouvant avoir aucun vice du type alcool à cause de ton don, tu t’étais rabattue sur les sucreries. Tu attendais que la boisson soit entre tes mains avant de reprendre la parole. Après tout, c’était toi qui lui avait demandé de venir. Tu étais restée vague car tu avais peur que Samuel puisse surprendre les échanges. « J’avais besoin de te parler, ça fait un moment que je me pose des questions… » Comment lui dire que tu trouvais son meilleur pote de plus en plus étrange. Avait-il lui aussi le même ressenti avec Sam ? Tu cherchais un instant tes mots. Tes mains, elles s’occupaient à mettre un carré de sucre dans ton chocolat avant de faire tourner ta boisson à l’aide d’une cuillère. « Je m’inquiète à propos de Samuel. Je le trouve différent en ce moment. Il me réponds à peine… Je le trouve distant et il a l’air tendu… Je me suis dit que tu étais le mieux placé pour… m’aider à comprendre. » Tu tapotais la cuillère sur le rebord de ta tasse avant d’en boire doucement une gorgée. Ton regard se glissait ensuite dans celui de Raphaël te demandant ce qu’il en pensait. Tu étais réellement inquiète pour son colocataire… Tu savais qu’ils étaient très proches. Il avait peut-être des informations que tu n’avais pas. Et là encore, tu te demandais depuis quand Sam te cachait des choses…

En entrant dans le café, Raphaël chercha Toni du regard. C’était plutôt inutile, puisqu’il était en avance d’au moins dix minutes mais elle aurait pu être en avance elle aussi. Il s’installa dans une table dans un coin. Il aimait bien les angles, ça lui donnait un sentiment de sécurité ; impossible de le surprendre d’un côté, ni en traître, et il pouvait voir tout ce qu’il se passait. Pas qu’il soit du genre paranoïaque, juste que  les angles c’est bien, c’est rassurant. Tandis qu’il enlevait sa veste, une serveuse vint le voir pour demander ce qu’il voulait commander.

«Je ne vais pas commander tout de suite, j’attends une amie. J’ai un peu d’avance désolé. »

La serveuse lui souria, compréhensive, et s’éloigna. Quelle manie d’être toujours en avance aussi… Il sorti son téléphone et commença à lancer son jeu, cela faisait quelques jours qu’il y rejouait un peu. Ça lui changeait les idées quand il n’était pas chez lui, et puis avec Noël qui approchait il y allait sûrement y avoir des événements cools. Une grosse mise à jour avait été déjà été annoncée pour les semaines à venir afin de créer un système joueur contre joueur plus import…

« Salut Raphaël. »

Raph eut un léger sursaut : il ne l’avait pas entendue arriver. Il verrouilla son téléphone tout en saluant Toni qui s’asseyait juste en face de lui tandis que la serveuse revenait prendre la commanda. Toni demanda un chocolat chaud.

«Je vais prendre la même chose»

Oui, il n’avait aucune originalité, mais il ne savait pas quoi prendre et un chocolat lui convenait. Il n’était pas fan de café et le thé faisait trop “Tea Time”. En plus avec l’arrivée de Noël, quoi de mieux qu’un chocolat chaud ? Les deux jeunes gens restèrent silencieux. Pendant qu’ils attendaient leurs chocolats, Raphaël regardait distraitement par la vitre en évitant de croiser le regard de Toni. Finalement, la serveuse vint briser le silence en apportant les boissons. Le jeune homme la remercia et commença à souffler sur la boisson pour la refroidir un peu avant de porter la tasse à ses lèvres. C’est à ce moment que Toni décida de reprendre la parole. Elle avait besoin de lui parler car ça faisait un moment qu’elle se posait des questions. Raphaël avala de travers et se mit à tousser en renversant une partie de sa boisson sur la table.

«Trop chaud… Pardon.»

Il essaya tant bien que mal de nettoyer ses bêtises avec les serviettes en papier de la table. Bon sang ! Elle était vraiment venue lui avouer ses sentiments ! Bon… Autant revenir dans le sujet de la discussion… Ça allait être juste un mauvais moment à passer, après tout il s’y était préparé, même s’il n’y croyait pas vraiment.

«Désolé pour ça… Donc tu disais ?»

Raphaël n’osa plus toucher à sa tasse, tandis que Toni mettait du sucre dans son chocolat. Mais qui sucre son chocolat chaud ?! Le café ou le thé il pouvait confondre, mais le chocolat ? Raphaël aussi aimait le sucre, mais il fallait respecter la boisson quand même* ! Alors qu’il la regardait touiller son chocolat à l’aide de sa cuiller, la jeune femme lui expliqua la raison de cette rencontre. Samuel était différent en ce moment, pas seulement en ce moment d’ailleurs mais il était d’accord avec Toni sur le fait depuis récemment il ne parlait presque plus et il était distant. La disparition d’Artemis a dû l’affecter plus que Raphaël. Faut dire que ça arrangeait bien le jeune homme, de ne pas être confronté au choix de “tuer un être cher ou être tué”. Surtout que Raph ne se voyait pas tuer quelqu’un, donc il aurait vécu sous le même toit qu’elle, dans le secret et dans la peur qu’elle s’en prenne à ses amis. Il ignorait les causes de la disparition d’Artémis, mais ça avait probablement un lien avec ses actions dans le Blood Circle. On ne disparaît pas du jour au lendemain pendant des mois sans aucune raisons. Qu’est ce que Toni attendait comme réponse ? Ou plutôt, qu’est ce qu’il pouvait lui dire ? Il continuait de regarder la tasse de son interlocutrice, elle tapota avec sa cuiller avant de porter la boisson à ses lèvres. Il sentit le regard pénétrant de la belle Santana qu’il finit par accepter de croiser. Ses yeux étaient sombres, si Raph était poète il aurait pu les qualifier d’un noir si profond qu’ils semblaient sonder son âme, mais il les trouvait simplement sombre et cela le mit mal à l’aise.

Il détourna finalement le regard, gêné. Il ne savait pas quoi répondre à Toni, il s’était préparé à lui foutre un râteau, pas à parler des états d’âmes de Samuel. C’était quoi le politiquement correct pour : Oui alors, en fait Samuel est en dépression parce que la fille qu’on voulait se taper tous les deux, elle a disparue depuis deux mois, moi ça m’atteint pas trop parce que j’ai appris qu’elle aimait bien buter des sorciers et que c’est sûrement à cause de ça qu’elle n’est plus là, et moi j’suis pas trop d’accord avec ce genre de trucs, mais alors Samuel ma pauvre fille, il doit pas piger ce qui se passe et le fait qu’il n’ait pas de nouvelle c’est encore pire ; ah oui, accessoirement on était plus ou moins en guerre froide avec cette histoire de fille convoitée. Il soupira avant de lâcher.

«J’imagine que la disparition d'Artémis est difficile pour lui. Artémis, c’est notre quatrième coloc, je sais pas si tu l’as déjà vue. Elle a disparue sans donner de nouvelles il y a deux mois. Samuel tenait beaucoup à elle.»

Tu ne savais pas vraiment comment tu allais aborder le sujet. Tu ne voulais pas donner l’impression de fouiner dans les affaires de Samuel. Pourtant il ne t’avait jamais autant repoussé. A croire que tout ceux en qui tu décidais de faire confiance et à qui tu t’attachais, décidaient de te rejeter sans la moindre explication. Tobias, Alexander et maintenant Samuel. Plus jeune une vieille sorcière t’avait dit que tu portais malheur. Que ta danse macabre avec les morts n’étaient pas un don mais une malédiction qui allait semer le chaos autour tout autour de toi. Quand tu repensais à cet esprit qui t’avait contacté alors que tu faisais une séance. Qui t’avait parlé des Blood Circle mais que tu n’avais pas écouté, trop auto-centrée sur tes propres problèmes… Tu allais peut-être finir par y croire… Mais Raphaël ne savait rien de tout cela. Il savait encore moins que tu étais une sorcière. La clef de toute cette relation ? Le mensonge. Elle avait fermé à triple tours les liens que tu entretenais avec Samuel ou même Raphaël. Mais le secret sorcier était légende quand tu les avais rencontré la première fois. A présent, il n’est plus qu’un souvenir et tu te voyais mal annoncer cela.

Quand tu arrivais près du café, tu en passais le seuil, cherchant le jeune homme du regard. Tâche aisée à dire vrai. Tu t’approchais pour le saluer et esquissais un léger sourire alors qu’il eut un petit sursaut à ton arrivée. Vous commandiez vos boissons et tu fus étonnée qu’il prenne également un chocolat. Tu te prenais souvent des moqueries comme quoi c’était une boisson pour enfant. Alors que tu reprenais la parole, tu vis Raphaël s’étouffer à moitié alors qu’il renversait sa tasse. Par réflexe tu reculais un peu ta chaise, histoire de ne pas en avoir sur toi et attrapais des serviettes pour l’aider à tamponner la table. « Tu en veux un autre ? » demandais-tu en observant sa tasse. Tu n’avais pas forcément observé le trouble qui s’était emparé de lui en réalité. Ce n’était pas le genre de chose qui te sautait réellement aux yeux.

Tu plongeais finalement ton regard dans le sien alors que tu abordais ton sujet d’inquiétude. Autant ne pas tourner autour du pot pendant des heures. Il t’évoquait alors la disparition d’Artemis. Tu ne connaissais pas vraiment cette jeune femme. Tu savais que Samuel tenait à elle effectivement mais tu avais un drôle de sentiment. Comme s’il y avait autre chose mais que tu ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. « Je l’ai juste aperçue une ou deux fois à dire vrai. » Tu ne connaissais pas tant que cela la jeune femme rousse avec qui ils cohabitaient tous les deux. « Il y a des nouvelles à son sujet ? Je veux dire la police enquête ? » Comme chez les sorciers, les cas de disparition pouvaient être complexe à résoudre. Peut-être devrais-tu tenter de consulter les entités voir si elle répondait ? C’était au moins une façon de s’assurer qu’elle était encore en vie ou non… inconsciemment, ta main vint jouer avec le pendule que tu avais autour du cou. Ce dernier était façonné tel un pendentif mais t’étais parfois assez utile.

Tu prenais une nouvelle gorgée de ton chocolat, sans en renverser partout, contrairement à ton acolyte. « Je sais pas quoi en penser, je l’ai jamais vu comme ça auparavant. C’est comme s’il était plus… sombre. » C’était le sentiment que tu avais. Il semblait glisser lentement vers un chemin hasardeux qui ne disait rien qui vaille. Mais parfois tendre la main à quelqu’un qui ne veut pas la prendre était compliqué. Et Raphaël n’était pas non plus des plus loquace… Savait-il quelque chose qu’il ne voulait pas te dire ? Il avait détourné le regard alors qu’il t’avait répondu. Signe qu’il ne devait pas être à l’aise. Déformation professionnelle… Tu étais habituée à observer tes clients, à détailler les moindres gestes des personnes que tu interrogeais. Un clignement de paupière, un tic nerveux, un genou qui tressaute. C’était le genre d’information que tu ne ratais pas. Car tu passais de manière générale ta vie en retrait à regarder les autres vivre pour mieux les appréhender s’ils devaient t’approcher. La méfiance ? Ton deuxième prénom… « Il n’y a que ça ? » Demandais-tu cherchant de nouveau son regard comme si tu allais y lire quelque chose. Parfois être legimens devait-être vraiment pratique. Mieux que se balader des cadavres qui n’avaient pas été fichu de retrouver le Malin pour s’occuper d’eux… Quand tu pensais aux moldus et à leur religion… Il était certain qu’ils voudraient tous vous brûler à la première occasion quand tu savais un peu à quoi ils pouvaient associer la magie dans leur grimoire sacré. « Et toi ? Comment est-ce que tu le vis ? » finissais-tu par demander. Samuel n’était peut-être pas le seul à souffrir de cette situation après tout…

Alors que Raphaël nettoyait la table avec des serviettes en papier, aidé de Toni, cette dernière lui demanda s’il voulait commander une autre boisson, pour compenser la moitié de la tasse qu’il venait de stupidement gaspiller.

«Non, ça me servira de leçon !»

Finalement, ils allèrent dans le vif du sujet. Elle ne s’intéressait pas à lui en fin de compte. Est-ce que c’était vexant ou était-ce un soulagement ? Raphaël expliqua alors que personne dans la coloc n’avait de nouvelle de Artemis et qu’elle était très proche de Samuel. Toni semblait voir de qui il parlait, et elle lui demanda même des détails sur la disparitions, si la police enquêtait. Raph avait eu une discussion assez similaire avec Elise ; ils s’étaient donnés rendez vous en dehors du Quartier Général pour discuter du cas Artémis ; Raphaël voulait des réponses que seule cette fille pouvait lui donner.

«Je ne suis pas en contact avec sa famille, mais elle a une cousine qui est dans la police. Je crois qu’elles étaient assez proches.» Raphaël se rappelait que ce jour là à la fête foraine, le jour où les sorciers ont été révélés au monde entier ; Artémis les avait lâchés, Samuel et lui, pour rejoindre sa cousine qu’elle avait aperçue. «Donc je suppose que si il y a un soucis avec Artémis, elle doit être sur le coup.»

Plus sombre. C’était le mot. À la coloc, Samuel ne parlait presque plus, juste quelques mots pour demander quelque chose, ou répondre à un question. Il survivait plus qu’il ne vivait et Raphaël ne cherchait pas vraiment à arranger les choses. Il savait qu’il ne pouvait pas faire confiance à Artémis, est-ce qu’il devait se méfier de Samuel aussi ? Après tout, si les deux étaient si proche, c’était peut-être parce qu’ils faisaient certaines choses ensemble, comment savoir s’il pouvait lui faire confiance ? Il ne le pouvait pas, et c'est pour également pour ça qu'il prenait ses distances ,d’ailleurs ça l’arrangeait pour aller et venir au 12 Square Grimmaurd. Moins il faisait de trucs avec Sam pendant son temps libre et plus il pouvait se rendre utile à l’Ordre. Les deux garçons s’était pas mal éloignés l’un de l’autre depuis qu’ils vivaient ensemble. Il y avait cette rivalité pour le cœur d’Artémis, mais pas que… Le fait de vivre ensemble, de tout le temps se voir physiquement, de se disputer pour le ménage dans l’appartement, tous les petits détails au sein d’une maisonnée qui peut créer des tensions dans une amitié. Raph aussi avait eu des coups de pas bien ces derniers mois, et Samuel n’avait pas vraiment cherché à l’épauler et le français ne le lui avait pas reproché.

«C’est juste une mauvaise passe» affirma le jeune homme «Ça lui passera. Des fois le meilleurs moyen d’aider quelqu’un qu’on apprécie, c’est de laisser la personne tranquille, de la laisser respirer.»

Même si c’était pas spécialement pour ça que Raph n’allait pas vers Sam, il le pensait quand même. Il aurait pu proposer des trucs à son ami, pour tenter de l’empêcher de se morfondre, de s’isoler. Il aurait dû… Mais le jeune homme avait ses propres problèmes à régler. Son coloc filait un mauvais coton, d’accord, mais il y avait des choses plus importantes que la disparition d’une tueuse de sorciers, même si c'était beaucoup plus compliqué que ça.

Est-ce qu’il n’y avait que ça ? Il avait dit quoi déjà ? Raphaël réfléchissait à ce qu’il lui a déjà raconté, en regardant sa main droite. Bien sûr, il n’y avait pas que ça, mais entre ce qu’il pouvait dire, et ce qu’il ne devait pas dire… Avait-il autre chose à dire ? Parce qu’il ne comptait pas trop parler du Blood Circle ni de sa propre implication dans l’ordre et les sorciers.

«En soi non, je ne sais pas grand chose de plus » affirmait-il en reculant sur la banquette, pour avoir l’air un peu plus à l’aise, tout en ajustant son col. «Après, il y a surement d’autres trucs, mais je suis pas au courant». Raphaël regardait Toni dans les yeux tout en s’essuyant machinalement la paume des mains sur son propre pantalon.

Après, il ne mentait pas totalement sur ce dernier point. Il y a surement d’autres détails que Raphaël n’avait pas et qui contribuaient au mal-être de son “ami”. Le fait que Sam et Raph ne se parlaient plus trop affectait probablement le jeune homme mais il préféra ne rien dire à Toni. Et puis… Pourquoi ça serait au français de faire le premier pas ? D’accord, le Geek ne faisait rien pour entamer le dialogue, mais l’Anglais non plus n'essaya pas d'arranger leur situation. Fierté de mâle ? Idioties d’ados ? Rancœur ? Peu importe, des deux, c’était Samuel Benson qui avait commencé à mal se comporter et ce n’était pas à Raphaël de présenter ses excuses !

«Comment je le vis ?» Comment il le vivait ? La question était délicate. La disparition de Artémis était censée le mettre dans un état pas terrible, mais d’un autre côté il savait qu’ils étaient, elle et lui, dans deux camps distincts et sa disparition l’arrangeait pas mal au final. Du coup, il vivait plutôt bien la chose… «Ça peut aller. Disons que je suis pas mal pris avec d’autres trucs, du coup j’ai eu l’occasion de ne pas trop y penser. Pas mal de boulot dans des projets personnels, des nouvelles connaissances. Bref j’ai de quoi me changer les idées. »

Pour le coup, il ne mentait pas. Il avait pas mal de choses à faire au sein de l’ordre, enfin c’est l’impression que Raph avait. objectivement, il ne se sentait pas super utile, même lors de sa mission sur le terrain avec Tobias il s'était senti être un fardeau. Il avait surtout des projets avec Nymphéa.Professionnels… et… sentimentaux… Il avait eu tout le temps qu'il lui fallait pour mettre la disparition d'Artémis de côté. Mais... Même si elle était son ennemie désormais, ça ne l'empêchait pas d'être un peu inquiet pour elle. Mieux vaut ne pas y penser...

Tu ne te souvenais pas avoir noté que Raphaël était une personne maladroite. Peut-être un peu… Il était surtout très plongé dans ses jeux vidéos et c’est quelque chose qui t’avait toujours échappé. Tu ne comprenais pas vraiment cet amusement que les Moldus avaient avec ces jeux. C’était quelque chose qui n’existait absolument pas chez les sorciers. Tu n’avais jamais cherché à comprendre le but de ces choses là. Au désespoir, sûrement, de Raphaël face à ton ignorance sur ces sujets. Le peu de fois où tu avais eu l’occasion d’avoir ces manettes entre les mains, tu t’étais révélée être une vraie catastrophe. Tu l’aidais comme tu le pouvais à éponger la table. Ton regard s’attarda un instant sur le tas de serviette imbibé. Tu lui proposais de commander à nouveau mais ce dernier refusa en disant que ça lui apprendrait. Tu haussa les épaules et te contenta de reprendre une gorgée de ta propre tasse dont le contenu ne s’échappait pas. Tes mains restaient autour de la tasse pour se réchauffer du froid de l’hiver qui s’était installé. Tu lui demandais alors des nouvelles. Voir s’il avait des informations au sujet de Samuel. Quand il évoquait la jeune femme disparue, tu hochais la tête. Il t’expliquait que sa cousine était policière et qu’elle devait s’assurer du suivi de l’enquête. C’était au moins un point positif pour la jeune femme. Tu ne la connaissais pas. Disons que tu te fichais un peu de ce qu’elle pouvait devenir… Mais si cela venait à toucher tes amis, c’est là que tu commençait à craindre pour elle. De façon indirecte bien sûr…

A chaque question que tu posais, tu voyais que le jeune homme semblait réfléchir. Tu le fixais de tes prunelles sombres. Te demandant un instant s’il te disait vraiment tout ce qu’il savait. Après tout, tu n’étais qu’une extension. Tu étais amie avec Samuel à la base. Ta méfiance naturelle reprenait le dessus sans vraiment que tu le contrôles. Tu avais le gros défaut de sonder les gens… Ton métier t’avait appris à le faire et tes questions pouvaient parfois mettre mal à l’aise. Cherchant sans le vouloir à manipuler pour obtenir des réponses. « Je m’inquiète pour rien c’est ça ? C’est ce que tu penses ? » Tu plongeais tes yeux dans son regard. Ta phrase avait un double sens en réalité. Etait-ce pas plutôt lui qui ne s’inquiétait pas du tout ? Tu te contentais de le fixer. Laissant tes paroles faire son chemin dans son esprit. Quand tu lui demandais s’il savait autre chose rien ne sortit de ses lippes qui ne fut intéressant. Il avait des gestes que tu associais à ses personnes stressées que tu pouvais voir à la barre. Il ne reste pas en place. Ses mains touchaient ses habits. Il se reculait sur sa chaise. C’était peut-être une déformation professionnelle mais il te donnait l’impression de ne pas être à l’aise.

Tu détournais le regard. Tu ne voulais pas le déstabiliser. Finalement tu décidais de changer de sujet. Le sujet étant le personnage central de l’histoire, le reportant cette fois sur Raphaël. Tu ne savais pas s’il était proche de leur colocataire comme Samuel semblait l’être. Tu voulais aussi savoir comment il vivait cette situation avec un Sam si déroutant. « Oh je suis contente pour toi alors si tout va pour le mieux… » Tu restais silencieuse. Tu ressentais sa gêne sans comprendre réellement pourquoi. Pourtant ce n’était que vous… deux vieux amis qui se retrouvaient autour d’un chocolat… Même pas un café comme de vrai adulte. « Ca va bien pour moi aussi, merci. » Ton regard sombre plongeait un instant dans le sien avec amusement. Tu risquais de le mettre mal à l’aise, mais c’est ce qui te plaisait dans ta remarque. Un sourire en coin étira tes lippes. Tu portais de nouveau ton chocolat à tes lippes et en dégustais quelques gorgées. « Plus sérieusement, je suis contente pour toi si tu avances que ce soit côté professionnel ou personnel. » Tu n’en demandais pas davantage. Après tout s’il avait voulu te dire de quoi il s’agissait, il l’aurait certainement fait. Donc tu ne préférais pas demander plus d’informations. Pendant un instant tu gardais le silence ne sachant pas réellement ce que tu pouvais dire d’autre. Puis après quelques secondes, tu finis par demander. « Est-ce que ce qui passe actuellement influence un peu tes études ? Je veux dire dans l’audiovisuel j’imagine qu’il y a une partie communication. » Tu changeais littéralement de sujet pour tâter un peu le terrain. Que pouvait-il penser des sorciers ? De ces Blood Circle ? Tu avais du mal à l’imaginer comme pourfendeur de sorcellerie. « Ces personnes me font un peu peur pour être honnête. » Phrase neutre. Car derrière selon ses propos tu pourrais embrayer de plusieurs façon. Tu tâtais juste le terrain par curiosité. Raphaël t’avait toujours semblé être une personne juste et équitable mais l’expérience t’avait appris qu’il fallait parfois se méfier des apparences. Dans ton métier tu l’avais vu et revu. Les airs les plus innocents étaient parfois les plus dangereux.

Si elle s’inquiétait pour rien ? Non… Elle avait de très bonnes raisons de s’inquiéter pour Samuel, mais il ne pouvait pas lui révéler tout ce qu’il savait pour minimiser les choses. En plus de ça, Raph était jaloux de son ami. Il l’enviait d’avoir réussi à se rapprocher d’Artemis bien plus que lui même n’aurait pu le faire. Et voilà que Toni vient le voir lui pour lui parler des problèmes de son colocataire. Raphaël se raisonna mentalement ; il avait également des amis sur qui compter, Leah a toujours été là pour lui depuis qu’ils se connaissent, et encore plus depuis qu’ils  savent qu’ils appartenaient tous deux à l’Ordre du Phénix. Il était “simplement” ami avec Artemis, avant qu’elle ne disparaisse, mais dans le fond, vu la situation dans laquelle ils étaient, c’était pas plus mal. Et puis… Il y avait d’autres personnes sur lesquelles il pouvait compter, comme Nymphéa. Samuel avait qui ? Il avait juste Toni, et il ne voulait pas parler avec elle. Raphaël et Samuel évitaient le dialogue l’un avec l’autre. Fut un temps, ils pouvaient absolument tout se raconter, mais qui avait brisé la confiance de l’autre en premier ? L’anglais avec ses rendez-vous secrets avec Artémis en écartant Raphaël ? Ou le Français qui cachait des choses depuis cet été et qui est entré dans un monde auquel il ne comprenait pas tout ? Même s’il avait sa propre idée de la réponse à cette question, le jeune homme se dégoûtait lui même, de cette rancœur qu’il gardait contre son ami, et du comportement qu’il avait. Mais ce qui le dégoûtait encore plus, c’était d’imaginer devoir faire le premier pas pour arranger les choses entre eux. Samuel l’avait mis à l’écart pour traîner avec Artemis, et maintenant il fallait faire comme si de rien n’était ?

«Je pense qu’il a besoin d’aide, tu peux lui montrer que tu es là, que tu t’inquiètes pour lui et qu’il n’est pas seul. Mais s’il ne veut pas de ton aide, tu ne pourras pas le forcer à accepter.»

Il espérait très sincèrement que Toni puisse venir en aide à leur ami commun. Même si Raphaël ne souhaitait pas intervenir directement dans cette affaire, il voulait quand même que les choses s’arrangent pour son colocataire. Il était tiraillé entre le plaisir morbide de laisser son ami souffrir par pure rancœur, quitte à souffrir à son tour tout en étant rongé par la culpabilité, et entre arranger les choses entre les deux garçons pour sortir Samuel du trou, faire comme si leurs différends muets étaient réglés. Le français était trop fier pour cette deuxième option, cependant une troisième option s’ouvrait à lui pour soulager sa conscience tout en restant dans le Code d’Honneur Universel des Mecs. Mais ça n’allait pas être facile, convaincre et aider Toni à aider Samuel, sans intervenir directement, et sans dévoiler d’information confidentielles… Ça serait quand même plus simple s’il arrêtait d’être un connard non ? Ils parlèrent rapidement de Artemis avec Toni, et finalement elle lui demandait s’il n’y avait que ça. Raphaël fit un lapsus en disant que non, mais il se rattrapa immédiatement en précisant qu’il ne savait rien de plus. Il était vraiment très nerveux tandis qu’il mentait grossièrement à son interlocutrice mais elle ne sembla pas le remarquer, ou en tout cas, elle ne releva pas. Finalement il avoua que la disparition d’Artemis l’affectait moins que ce qu’elle aurait dû et que ça n’allait pas trop mal pour lui, ce à quoi elle répondit en lui disant qu’elle allait bien à son tour, tout en le remerciant de ne pas avoir posé la question. Un Ange passa, puis Raph brisa finalement le silence, encore plus gêné qu’avant.

«C’est vrai que je t’ai pas demandé comme ça allait… Je suis vraiment désolé désolé désolé… On parlait d’Artémis, et tu m’as demandé comment tu le vivais et je suis parti là dessus… »

La jeune fille eut un léger sourire qu'elle masqua en buvant une gorgée de sa tasse.

«Attends une secondes, tu te paye ma tête là ? Réponds que oui s’il te plait»

Raphaël aurait bien rigolé à la blague, s’il était sûr que ça en était bien une. Toni embraya ensuite sur l’influence de l’actualité sur les projets de Raph. Même si la question était épineuse, le jeune homme était assez détendu. Il pensait savoir de quoi il parlait et, surtout, il était passionné.  

«Sur le papier c’est plutôt délicat effectivement, mais globalement, ça ne change pas grand chose, je considère qu’on est assez libre dans ce domaine.» Il expliqua vaguement la situation, mais avec une ellipse parce que j’ai absolument aucune foutridée de ce que mon personnage peut bien raconter car moi je maitrise pas du tout le sujet, et Toni lui avoua finalement que ces personnes lui faisaient peur. Qui ça ? Les Sorciers ? Le Blood Circle ? C’était tendu comme remarque, mais la logique voulait qu’elle parle des sorciers.

«Oui, je suppose que ta peur est justifiée. Après tous les sorciers peuvent faire des trucs de dingues, y’a de quoi flipper. Mais c’est pas parce qu’ils peuvent le faire qu’ils le feront forcément. J’veux dire… De notre côté on a pas loin d’une dizaine de pays qui possèdent l’arme nucléaire, et là on parle d’arme qu’on connaît, je ne compte même pas les armes top secrètes dont on suppose l’existence théorique. Ça c'est flippant, on sait le pouvoir destructeur d’un tel truc, et pourtant… Ben on vit comme si de rien était. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de raisons d’utiliser ces armes.» Il fit une pause pour boire le fond de sa tasse et reprendre son souffle. «Je suis d’avis que pour la magie, c’est pareil. Ces gens ont eu la chance, ou la malchance, d’être né dans le monde magique. Ce n’est pas parce qu’ils sont nés avec des pouvoirs dangereux qu’ils vont forcément les utiliser à mauvais escient. Après oui… Des cinglés y’en a de partout, c’est ceux là qu’il faut condamner… Mais condamner des gamins juste parce qu’ils sont sorciers… Après, c’est juste un avis personnel.»

Raphaël laissa sa phrase en suspens ; il assumait pleinement sa prise de position. Après tout, il espérait pouvoir voir les Moldus et les sorciers vivre et coopérer ensemble. De toutes façons, on ne pouvait pas le condamner pour ce genre de propos… Pour le moment en tout cas… Et puis il s’agissait simplement d’une discussion entre vieux amis, il pouvait bien donner son avis sans risques. C'était toujours délicat de parler politique, même avec des amis. Surtout que Raphaël et Toni n'étaient pas si proche que ça...

Tu te demandais finalement si tu t’inquiétais pas un peu trop. Il fallait reconnaitre que tes amis, les vrais, étaient rares. Qu’ils se comptaient sur une main et que pour cette poignée tu étais prête à tout pour les aider. C’était peut-être un de tes défauts. Un peu trop protectrice avec ceux que tu aimes. Peut-être un peu étouffante. Tu n’avais pas envie de baisser les bras pour Sam. Mais c’était tellement compliqué de tendre la main à quelqu’un qui ne voulait pas être aider. Il t’avait clairement rejeter. Tu avais déjà du mal à venir dans le monde moldu avec ces fous de Blood Circle, mais le voir s’avérait depuis en plus compliqué à présent. Tu écoutais silencieusement les paroles de Raphaël. Tu soupirais doucement. « Je ne sais plus quoi faire honnêtement… Tu sais, Samuel, je le connais depuis que je suis arrivée ici. Il a été un tel soutien pour moi depuis que je suis gamine. » Un sourire étira doucement tes lippes alors que tu repensais à la première fois où il était venu te défendre car on se moquait de ton accent et de tes fautes. « L’amitié c’est ce qui compte le plus pour moi. Et je voudrais pouvoir l’aider. Malheureusement, comme tu le dis, j’ai beau lui tendre la main, il ne la prends pas. » Tu reposais ta tasse, la faisant doucement tourner entre tes doigts. Détournant un instant le regard avant de poursuivre. « Si je dois être honnête, je me sens blessée. J’ai l’impression qu’il a balayé ces années d’amitié d’un revers de la main et qu’il s’éloigne. » Tu arrêtais de jouer avec ta tasse pour retrouver les yeux de ton ami. « Je crois… Qu’il nous a tourné le dos, et qu’il ne reviendra jamais vers nous Raph… » Tu détournais de nouveau le regard pour cacher l’émotion qui montait en toi alors que tu avais prononcé ces paroles. Comme si elles actaient définitivement la fin de quelque chose. Ce n’était pas ton genre de te laisser aller à ce genre de faiblesses. Tu inspiras un peu plus fort pour te calmer et te cachait derrière ton chocolat en rebuvant quelques gorgées.

Tu détournais la conversation vers Raphaël, prenant soin de l’écouter attentivement. Puis tu te moquais un peu de lui et il tombait clairement dans le panneau. « Juste un peu ! » Tu répondais en un petit éclat de rire alors qu’il te demandait si tu te payais sa tête. Suite à tes questions il te parlait de ses études et tu trouvais ça très intéressant. C’était un sujet délicat que tu abordais lentement mais il était délicat. Tu prenais un peu la température voir ce qu’il pouvait penser de tout ça. Ce qui t’amusa ce qu’il pensa que tu avais peur des sorciers. Il semblait soudainement passioné par le sujet et ces propos te rassuraient. Bien que dans le fond tu t’en doutais. Tu aimais ses comparaison et il faisait preuve d’une raison dont ces Blood Circle étaient dépourvu. « A dire vrai je parlais de ces Blood Circle et de leurs méthodes. Ce qu’ils ont fait dans le monde sorcier… ces attentats. Je ne vois pas en quoi ils sont mieux que ces sorciers en agissant ainsi. C’est terrifiant. D’autant que maintenant ils ont réussi à gagner le ministère… Je ne sais pas ce qui nous attends mais je redoute ces méthodes. L’avenir dans la terreur. » Tu agissais de ton côté. Ouvertement pour l’Ordre du Phenix. Depuis qu’ils avaient recréé l’Ordre, tu avais monté ton intérêt directement pour en être. « Mais je suis d’accord avec toi. Je ne pense pas qu’ils soient plus dangereux qu’un fou furieux armé jusqu’aux dents. Il y a des malades partout… Et nous en avons la preuve avec ces Blood Circle finalement. » Tu avais grandi avec les moldus. Tes parents étaient très ouvert d’esprit. Ta mère avait défié sa famille pour ignorer leurs principes de sang pur idiot. Alors cette haine du moldu ou du sorcier… tu ne pouvois pas la concevoir. C’était du racisme pur. La peur d’une chose méconnue qu’ils ne savaient pas comprendre. Ce sentiment de ne plus être les tout puissant. « Si les sorciers avaient voulu du mal aux… » Tu te coupais un instant. Tu allais dire moldu, comme une idiot. « aux gens comme nous, ils l’auraient fait depuis bien longtemps je pense. Sinon pourquoi seraient-ils restés dans l’ombre ? Depuis toujours quand on y pense. Ils vivent à côté de nous depuis des siècles et personne ne l’avait remarqué. » Tu terminais ta tasse de chocolat. Tu ne savais pas vraiment pourquoi tu étais venue à parler de cela. Peut-être pour te réconforter sur ce que pouvait penser le jeune homme de toute cela. C’était une chose de fréquenter les moldus. Mais tu te demandais toujours comment ils réagiraient s’ils venaient à connaitre ta véritable nature. Après quelques secondes. « Merci d’être venu Raphaël. J’avais besoin de parler de Sam… Je me sentais perdue. »

Raphaël sentait bien que Toni s’inquiétait pour Sam. Elle lui confia qu’il était quelqu’un d’important pour elle, qu’il l’avait beaucoup soutenu quand ils étaient gosses. En entendant les paroles de la jeune femme, le Geek se sentait un peu honteux d’abandonner son ami. L’amitié c’était important oui, avant cette année de colocation, Samuel et Raph pouvaient toujours compter l’un sur l’autre. Après, ils ont toujours été sur la même longueur d’onde, ils n’ont jamais eu à faire face à l’adversité. Peut-être qu'au final Raph était un mauvais ami ? Ou alors c’était Samuel ? Ou juste que les deux n’étaient pas vraiment fait pour être amis… Le jeune homme se mordit la joue. C’est juste une mauvaise passe pour leur amitié à tous les deux, voilà tout. Elle avait raison, Samuel avait vraiment l’air de ne pas aller bien et ce n’était pas forcément uniquement à cause d’Artémis et Raph.

«Tu ne devrais pas être si pessimiste. Tu ne devrais pas le prendre pour toi personnellement. Peut-être qu’il a des soucis et qu’il veut pas nous y mêler. C’est pas forcément une question de confiance. Tu sais, c’est mon meilleur ami depuis toujours… C’est un peu bizarre de dire ça vu qu’on se connaissait surtout par correspondance » Sur cette dernière phrase il se gratta le crâne en riant, mi-gêné mi-amusé «Mais il y a certaines choses qu’il ne sait pas de ma vie. Des soucis que j’ai eu, des doutes, des faiblesses. Parce que c’est mon ami, je ne veux pas forcément l’inquiéter.» Et puis aussi parce que l’Anglais était trop occupé à flirter avec Artémis pour se rendre compte que Raph avait la tête ailleurs.Le français avait un peu moins de remord à être un mauvais ami dernièrement puisque Sam aussi n’avait pas été le plus attentionné des potes…

Le jeune homme tomba dans le piège de Toni et sa mauvaise blague. D’abord gêné, il finit par comprendre le canular et rigola ensuite avec elle. Il était plutôt content que l’ambiance de la conversation change. Avant qu’ils ne parlent de Samuel, il s’attendait à faire pleurer la pauvre fille en lui collant un râteau, et finalement, elle risquait à tout moment de pleurer parce que Samuel allait mal. Raph essayait de s’entourer d’un voile d’indifférence, pour tenter d’avoir l’air fort et pour essayer de rassurer sa pote, mais intérieurement il enrageait. Il y avait la colère accumulée depuis des mois mais aussi la frustration de, comme Toni, ne pas être dans la confidence. Elle lui demanda ensuite comment il allait et surtout comment se passaient les études. Rassuré d’aller sur un terrain qu’il maîtrisait bien mieux que les états d’âmes de ses amis. Elle lui avoua qu’elle avait peur de “ces” gens, ne sachant pas si elle parlait des sorciers ou du gouvernement, il supposa en premier lieu qu’elle parlait des sorciers et tenta de tempérer les choses en leur expliquant que les gens normaux pouvaient être tout aussi dangereux pour le monde, si ce n’est plus. Raph était fier de son argumentaire, il prenait position, mais de manière censée, réfléchie, avec des arguments du moins c'est le sentiment qu'il en avait. Encore une fois, Toni le surprit lorsqu’elle lui répondit que ce n’était pas des sorciers qu’elle avait peur, mais du Blood Circle et de leurs méthodes !

Raphaël opina de la tête lorsqu'elle parlait des attaques du gouvernement.

«C’est sûr que j’ai connu plus diplomatique comme méthode que de déclarer la guerre ouverte… »

Il était content de savoir que Toni était du même avis que lui. C’était pas courant chez les moldus d’avoir ce genre d’opinion. Faut dire que les gens de manière générale étaient cons. Pas que Raph était moins con qu’un autre, mais il essayait au moins de peser le pour et le contre dans cette situation. Dans ce cas précis il était plus réfléchi que les autres, parce qu’il ne fonçait pas tête baissé dans la chasse aux sorcières, sans penser aux conséquences. Oui, il y avait des méchants sorciers, mais ce n’était pas le cas de tous. Anéantir tout un peuple pour les erreur d’une minorité c’était… C’était idiot en fait. Les sorciers avaient tellement à apporter aux moldus si ces derniers ne s’étaient pas amusés à les cramer sur la place publique au moyen-âge. Forcer tout une civilisation à vivre dans le secret et la peur… Quelle honte…

«Oh, il doit bien y avoir des méchants sorciers. Et je pense que les sorciers doivent avoir des méthodes bien à eux pour étouffer certaines affaires. Les gouvernements y arrivent bien sans magie, alors ça doit être un jeu d’enfant avec un petit tour de passe-passe, je suppose.»

La jeune femme finit sa tasse de chocolat et le remercia d’être venu pour parler de leur ami commun. Raphaël se crispa, de peur que le sujet ne dérive de nouveau sur Samuel

«Y’a pas de soucis, je suis désolé que ça t’atteigne autant. Mais si tu as besoin de te changer les idées, pour discuter de tout et de rien, tu sais comment me contacter. Pour les fêtes de fin d’années je serai chez mes parents en France, mais je reste joignable quasiment à toute heure. Je sais qu’on n’a jamais été vraiment proche toi et moi, mais si je peux faire quelque chose pour que t’ailles mieux… bref n’hésite pas»

Oui, Raphaël culpabilisait. Il se sentait coupable du mal-être de Samuel, il se s’en voulait de ne pas faire grand chose pour l’aider et surtout… à cause de lui la jeune femme n’était pas trop dans son assiette…

Tu n’étais pas du genre à t’épancher sur tes sentiments en temps normal. Tes angoisses, tes craintes. Tu avais tendances à les camoufler et à les garder pour toi. Mais ce qu’il se passait avec Samuel, c’était assez troublant pour que tu en ressentes le besoin d’en parler à quelqu’un qui le connaissait depuis aussi longtemps que toi. Pour te faire du bien ? Un peu. Mais surtout pour lui. Voir si une autre main aurait pu lui être tendue. Voir si cela aurait permis de l’aider. De savoir si c’était juste toi ou non le problème dans ces échanges vains. Et les propos de Raphaël dans le fond ne te rassuraient pas. C’était un sentiment d’impuissance et tu ressentais simplement l’abandon venant de Samuel. Quelque part, ça te blessait. Ca te faisait mal. Car tu n’accordais que très peu ton amitié. Que très difficilement ta confiance. Trop habituée à voir les gens te tourner le dos alors que tu n’avais fait que te dévoiler un peu plus. Notamment à cause de ce don que tu étais parvenu à camoufler. Du moins, juste assez pour que Sam te prenne pour une folle alors que tu parlais de tes facultés de médium. Ca pour sûr, il n’y croyait absolument pas. Alors tu n’imaginais même pas ta nature de sorcière. Tu écoutais ce que Raphaël te répondait alors que tu décrétais que Sam semblait par vous tourner le dos définitivement. Il semblait moins pessimiste. Mais était-ce juste pour ne pas t’inquiéter davantage ? Un pressentiment semblait te dire tout le contraire. Tu touchais du bout du doigt ton pendentif en forme de petit pendule te disait que tu devrais peut-être tenter d’interroger les esprits. Tu le faisais rarement pour des raisons personnelles. Mais pour une fois… « Tu as peut-être raison. On a tous notre jardin secret. » Tu étais la première à leur mentir depuis toujours sur ta situation de sorcière. Alors tu n’étais pas la mieux placée pour faire la morale à ce sujet. « Mais je crois que je vais lui envoyer un dernier sms et puis il reviendra quand il le souhaitera… Les gens et les amitiés changent en grandissant… » Enfin ce n’était pas pour tout le monde le cas. Rien que Jaeden ou Soledad étaient depuis presque voir plus, longtemps dans ta vie que Samuel et vos liens étaient indéfectible. Et ce malgré les années qui passaient. Et puis même si vous aviez des secrets parfois les uns pour les autres. C’était différent. Pas aussi étrange que cela ne l’était avec Samuel.

Tu t’amusais à le faire tourner en bourique alors que tu faisais mine d’être vexée alors qu’il ne t’avait pas demander comment tu allais. Cela eu le mérite de détourner le sujet de conversation et de détendre légèrement votre rencontre. Tu lui demandais comment se passaient ses études avant de dériver sur un sujet un peu plus épineux : les Blood Circle. Pas que tu veuilles tester réellement le jeune homme mais tu voulais simplement connaitre le fond de sa pensée. Tu évoquais les attaques à l’université et au ministère côté sorcier. Fort heureusement tu n’avais été présente ni à l’un à l’autre. Tu savais que des proches à toi en étaient ressortis sans trop de casse heureusement. Il te parlait alors de la possibilité de méchant sorcier. S’il savait… Tu pensais directement à ces Mangemorts maintenant alliés aux Phénix. Une nouvelle que tu ne parvenais pas à encaisser à dire vrai. Tu avais beau comprendre que chacun avait la même cause commune, il était clair à tes yeux que les Mangemorts ne le faisaient pas sans arrière pensé. « Comme partout… il y aura toujours des cons qui penseront qu’ils savent mieux les choses que les autres. Malheureusement, ces minorités gagnent du terrain en semant la peur. L’inconnu peut effrayer. C’est ce qui va jouer en leur faveur et leur donner du poids. »

Tu terminais ta tasse de chocolat. Lui l’ayant renversée l’avait sûrement finie depuis un moment mais tu n’y avais pas vraiment porté attention. Tu lui adressas un sourire à ses dernières paroles. « C’est gentil de proposer. » Tu te levais pour ramasser tes affaires et te diriger vers le comptoir afin de régler l’addition. « Je vais rester ici pour les fêtes. Mais il parait qu’il y a soirée organisée par le gouvernement en début d’année. Tu seras peut-être rentré d’ici là. Je compte y aller de mon côté. Je t’écrirai. » Tu réglais la note et enfilait ton manteau et ton écharpe. Le froid de décembre s’était bel et bien installé depuis maintenant plusieurs semaines. Si une chose te manquait bien du Mexique, c’était son soleil et la chaleur qui en émanait. Tu regrettais clairement ce climat et cette belle lumière qui semblait emplir tous tes souvenirs alors que tu étais encore gamine. Tu avançais en direction de la sortie du bar et resserrais ton écharpe une fois dehors. « Bonnes fêtes de fin d’année Raphaël. On se revoit bientôt  » Tu partais d’un côté et lui du sien. Tu allais finalement te rendre à ton cabinet avant de retourner chez toi. Plonger le nez dans un dossier ou deux, ça te changerai les idées.

Il avait fini par convaincre Toni, elle avait enfin cédé à ses arguments en admettant que Raphaël avait probablement raison et que tout le monde avait un jardin secret. Elle s’était incluse dans cette affirmation, ce qui sous entendait qu’elle aussi avait des choses à cacher. Tandis que Raphaël se demandait, par curiosité quel était son secret à elle, un court moment de silence s'immisça dans la discussion puisqu'il ne répondait pas à sa réaction. La jeune femme continua la discussion en déclarant mot pour mot qu’elle enverrait un ultime SMS et que "Alea Jacta Est" elle verra bien ce qu’il se passera et tant pis s'il ne répond pas… Bon, c’était peut-être pas dans ces termes précis mais l’idée était là, elle semblait s'être résignée à laisser leur ami tranquille.

Lorsqu’ils parlèrent du Blood Circle, les idées des deux amis semblaient converger. Ils s’accordaient à dire que les cons existeraient encore et toujours. Toni était même encore plus pessimiste, limite défaitiste en affirmant que ces minorités semaient la peur pour gagner de plus en plus d’influence, laissant sous-entendre que ça allait empirer.

«Je garde foi en l’humanité. Si on pouvait révéler aux gens que les sorciers ne sont pas forcément mauvais, si on pouvait ouvrir les esprits… Les choses pourraient changer. Je suis sûr qu’un jour il y aura la journée mondiale de la magie où tout le monde s’habillerait en sorcier et ferait la fête ! » Les deux amis se regardèrent, un peu gênés… «Je viens de décrire Halloween je crois… Mais dans l’idée ça serait plus en symbole de la tolérance de l’un envers l’autre que pour une chasse aux bonbons… »

Les sujets de discussions commençaient à s'essouffler puisqu’elle remis plus ou moins Samuel sur le tapis en remerciant Raphaël de d’être venu et qu’elle avait besoin de partager son inquiétude à propos de Sam. Le jeune homme l’invita à venir le contacter si jamais elle n’allait pas bien. Il ne savait déjà pas comment gérer un ami dépressif, alors si toutes ses connaissances tombaient en dépression, ça n’allait pas être la joie. Ils se rhabillèrent pour sortir dans le froid de Décembre. Il régla lui aussi sa part tandis qu’elle lui parlait d’une fête prévue en Janvier, Raph n’écoutait que d’une oreille et répondit machinalement plus par politesse que par conviction.

«Je vais surement profiter à fond de ma famille, mais on se tient au courant.»

C’était le genre de “On se tient au courant” qu’on dit sans le penser parce qu’on suppose que la personne ne renouera pas le contact pour ça, justement. Il savait bien qu’il lui avait proposé de rester en contact, mais il n’avait pas du tout prévu de faire la fête. Ils sortirent tous les deux, et Raph regretta de ne pas avoir pris une veste un peu plus chaude.

«Joyeuses fêtes à toi aussi Toni. Ça m’a quand même fait plaisir de te voir.»

Le “quand même” était peut-être de trop, mais ce qu’il voulait dire c’est que le sujet de la conversation n’était pas spécialement amusant. Habituellement quand ils se voyaient Sam était présent, c’était un peu le ciment qui constituait les briques du trio quand Raphaël venait à Londres et cette fois-ci il n’était pas là. Raph s’en voulait de ne pas avoir pu être honnête. Il y a tant de choses qu’il aurait aimé pouvoir dire, mais il ne le pouvait pas. Il gardait trop de secrets en lui, beaucoup trop de gens comptaient sur lui pour protéger certaines personnes qu’il appréciait. Depuis quand le français avait-il commencé à mentir, à cacher des secrets ? Même s’il n’aimait pas ça, il n’avait plus le choix…