Juste un petit mot pour que vous puissiez constater par vous-même que Spalva est toujours en bonne santé, grâce à votre aide et à vos conseils prodigués l'an dernier.

Cordialement,

Conley

Post Sciprtum : Désolé pour la dactylographie, j'ai une écriture exécrable.

Lu,

Encore merci d'avoir accepté de voir Formol.

Grâce à ta petite potion il a bien repris du poil de la bête. Je sais pas ce que tu as mis comme ingrédients mais il a même plus d'énergie que d'habitude...

Je t'accompagne ce courrier d'un petit cadeau en guise de remerciements.

J'espère à très bientôt,

Aze

Bonjour Ludivine,

Comment vas-tu ? Comment se porte Mademoiselle ? J'espère que tout va bien.

Je t'écris, car je ne sais plus à qui me confier, mais j'en ai besoin. Alors je couche sur le papier tout cela.

Je pourrais en parler à Sybil, (ma meilleure amie, je t'en ai déjà parlé je crois) ou peut être à mon amie Astrid, mais elles connaissent toutes les deux l'histoire que j'ai sur le coeur, du moins en partie. Je ne sais pourquoi je ressens le besoin de l'écrire. Peut être pour être sûre que tout cela soit vrai, que cela dure. Les paroles s'envolent, mais les écrits restent, c'est que disent les moldus. Alors je t'écris. Aussi sûrement car je suis incapable d'en parler sans pleurer, et que je n'aime pas pleurer devant quelqu'un, je ne veux pas les inquieter. Je sais que nous ne nous connaissons pas encore beaucoup, mais je ne voulais pas t’écrire ma prochaine lettre en prétendant que tout va bien dans ma vie.

Je vais bien, ne t'en fais pas. Enfin, au niveau de ma santé, de mes amitiés, de mes études, les choses se passent bien. Mais je crois bien que mon premier amour s'est achevé avant même de commencer. J'avais timidement évoqué le nom de Björn, délicatement, tu n'as pas relancé le sujet. Avec du recul, je crois n'avoir pas su cacher un instant toutes ces émotions qu'il me procurait.

Je suis tombé amoureuse, au fur et à mesure des mois. Pourtant, rien ne m'aurait jamais laissé imaginer cela. Avant mon passage au centre, Björn était ce garçon qui passait son temps à m'embêter, à vouloir me faire sortir de mes gonds. Mais à mon retour, j'ai découvert un garçon gentil, sensible, attentionné, protecteur. Il m'a tiré de plusieurs mauvais pas, il me faisait rire, il m'a inquiété aussi. Je sais que je m'inquiète très facilement, c'est vrai, pour tout le monde. Mais pour lui, c'était... C'était encore décuplé.

Mais Björn et moi ne venons pas du même monde. C'est un sang-pur, issu d'une famille traditionnaliste et exigeante, mais travaillant dans un milieu qui le passionne. Et je ne veux pas le priver de son avenir. Alors comment aurais-je pu lui demander d'abandonner un futur dans ce monde là pour moi ? C'était trop cruel. Nous n'étions qu'aux prémices d'un amour adolescent. Ce n'est pas moins important, ni moins fort. Mais comment lui demander de faire un tel choix, quand ses parents l'ont envoyé à Dumstrang en apprenant, sûrement de ses camarades Serpentards, qu'il se rapprochait d'une sang de bourbe ? Je me fiche habituellement de cette appelation ou de mes origines. Elles ne me définissent pas. Mais aujourd'hui, je les regrette. Elles ont brisé tout ce qui nous attendait, peut être des deceptions, peut être un coeur brisé. Mais je ne le saurais jamais.

Ecrire me fait du bien. Pour être honnête, je ne sais pas si j'aurais le courage d'envoyer cette lettre. J'ai l'impression de m'être mise à nue plus que jamais. Excuses aussi les quelques larmes qui ont pu tomber sur la feuille, écrire plutôt que parler ne semble pas être plus simple, en fin de compte. C'est difficile. Comme une nouvelle blessure, qui s'ajoute à toutes celles dont je guéris doucement.

C'est peut être risible, cette lettre nous amusera peut être dans quelques années. J’espère ne garder que les bons souvenirs. Mais en attendant, c’est difficile. Je me force à sourire, car je sais que mes amies sont inquiètes pour moi. Mais j’ai l’impression que l’on a pris une partie de mon cœur. Je me sens étrangement vide, et j’imagine que c’est cela qui me pousse à t’écrire. C’est sûrement quelque chose que la plupart des gens de mon âge découvrent, mais je sais aussi que les adolescents, moi y compris, manquons très souvent de recul. C’est étrange, car je sais bien d’un côté que le monde ne s’arrête pas de tourner, qu’un jour, mon coeur s’apaisera, que je retomberais sûrement amoureuse. Mais de l’autre, c’est comme si j’avais l’impression que jamais je ne pourrais aimer quelqu’un comme lui. C’est bizarre l’amour, non ?

Avoir vidé mon sac m’a fait un peu de bien. En ce moment, je me repose au dortoir. A rester dehors trop longtemps, j’ai attrapé une petite fièvre, mais rien de grave. L’infirmière a accepté que je me repose exceptionnellement dans le dortoir. Je pense que Sybil lui a demandé en lui expliquant sûrement un peu. Je sais que j’ai vraiment beaucoup de chance, je suis entourée d’amies incroyables qui prennent vraiment soin de moi. C’est le plus important, n’est-ce pas ?

J’espère que tu te portes bien de ton côté, que tu n’as pas de soucis. Comment vont Soledad et Jonas ? J’ai vraiment hâte de les rencontrer aux prochaines vacances avec les portraits que tu as pu me faire d’eux ! Tu es aussi bien entourée que moi, mais je sais que c’est mérité !

Je suis peut être un peu dans l’émotion, ou peut être est-ce ma fièvre, mais avant que ma pudeur habituelle ne me rattrape, je voulais te remercier encore pour tout ce que tu fais pour moi. Je ne pense pas que tu te rends compte d’à quel point c’est important, à quel point ta chaleur me réchauffe le coeur. J’espère que nous pourrons vraiment devenir très amies. J’aimerais aussi te présenter Sybil, elle me le demande souvent, je crois qu’elle veut savoir qui est la personne qui m’accueille aussi gentiment.

Ne t’en fais pas pour moi et pour ma peine de coeur, tous mes amis m’entourent très bien. Je me concentre sur mes cours et mes leçons. Plus les semaines passent, et plus je réfléchis à mon orientation. Je t’en parlerais pendant mes vacances, si tu veux bien. J’ai aussi refait quelques dessins, je te les montrerais !

Aller, il est temps. Je vais t’envoyer cette lettre avant de me dégonfler !

Je t’embrasse tendrement,
Rachel



PS : Les fleurs de cette semaine sont quelques brins de lavande. J’adore leur odeur, elle m’apaise. J’espère qu’elle te plaira aussi !
PPS : Embrasses Mademoiselle de ma part !