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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages


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Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir ~ Rose / Sean :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Anonymous
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Dim 12 Avr - 5:52
Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Sean O'Malley  Ϟ 04 décembre 2019


La période de Noël se rapprochant, le cœur de Rose se voulait plus festif. Plus enjoué. Malgré les évènements qui le meurtrissaient régulièrement, celui-ci souhaitant battre pour un peu plus de gaieté. Des soirées où enfin il pourrait s'exclamer, faire rejaillir la joie si longtemps contenue, qui ne sortait plus que pour les grandes occasions. Assez de tout ce sérieux, de tout ce professionnalisme. La terreur était dans les rues, dans les foyers. Rire à nouveau, décompresser enfin de toute cette tension, c'était devenu essentiel.
C'est presque par un semblant de caprice que Rose, un sourire en coin, fini par entraîner Sean dans son sillage. La méthode fut on ne put plus simple : trouver un cadeau de Noël pour tous les O'Malley, avec son aide. Après tout, n'était-il pas celui qui pourrait l'aider à trouver le cadeau le plus parfait pour Myrna et Leah ? Pour ce qui était de Jimmy, elle espérait qu'il avait quelques idées, mais ne lui en tiendrait pas rigueur si ce n'était point le cas. Quant à Thomas, elle s'attendait déjà à se débrouiller seule. Et avec un peu de chance, elle pourrait deviner lors de cette expédition ce qui ferait le plus plaisir à Sean.
Par chance, son partenaire était ce jour-là dans ses bonnes grâces et ne refusa pas cette sortie improvisée avec sa collègue, bien loin de leurs habitudes plus professionnelles. Oh ils avaient bien abordé ensemble quelques cafés ou bars, mais pour ce qui était la recherche de cadeaux à deux c'était plutôt une grande première. Les mois et missions passés les avaient suffisamment rapprochés pour que Rose se permette ce petit écart osé. Et l'air de rien, ça ne lui déplaisait pas de changer d'air à ses côtés.
Lorsqu'ils arrivèrent dans les allées commerçantes, la sorcière ne put s'empêcher de troquer son visage plein de suspicion par une étincelle de malice. Bien qu'attentive à ce qu'il se passait dans leur périmètre, car elle ne pouvait perdre ainsi ses instincts d'Auror même dans ces temps libres, ses yeux volaient d'une vitrine à l'autre. Débusquer les petites perles du moment était devenu son objectif. Elle, qui n'était pourtant pas férue de shopping, voulait à tout prix trouver de quoi raviver le cœur de sa famille adoptive en ces temps troublés :
- Ça te dit qu'on commence par celle-ci ? fit-elle avec un sourire entendu
La boutique ne payait pas vraiment de mine, mais les objets derrière la vitre magique s'animaient suffisamment habillement pour intriguer sa curiosité et l'inviter à entrer. À peine la réponse de Sean émise, que la sorcière, se précipita d'un pas hâtif et enjouée vers la porte :
- Aller, rentrons vite ! Il ne va pas tarder à pleu...voir.
Sa phrase mourra dans un souffle, tandis que son regard se perdait déjà dans une réminiscence.

______


Ce jour-là aussi le soleil s'était gardé de montrer son joli minois. Ce jour-là aussi, l'averse n'était pas loin de les recouvrir de son manteau glacé. Ce jour-là...
Plusieurs membres du Ministère avaient tenu à être présents, certains pour faire acte de présence, d'autres par pure nécessité sentimentale. Quelques Aurors faisaient partie des rangs, les autres n'ayant pas pu se soustraire de leur mission ou obligations. Les derniers... étaient simplement face à eux... Une poignée de civils étaient également à leurs côtés. Les familles des défunts.
Rose avait été dans la contenance tout du long, tentant de garder un tempérament aussi neutre que possible. Ça ne faisait que quelques jours qu'elle sortait de ce maudit hôpital, qu'elle côtoyait décidément bien trop souvent. Quelques jours seulement depuis le dernier attentat. Le nombre de décès chez les employées était effarant. Celui chez les Aurors tout simplement angoissant.
Cette boule dans la gorge ne l'avait pourtant pas quitté tout du long. Elle avait échangé quelques mots avec les familles, plus que navrée. Emplie de ce sentiment d'impuissance. D'incompétence. Certes, elle avait sauvé du monde, autant qu'elle avait pu, mais les chiffres des victimes avaient soufflé la moindre flamme de satisfaction. Comment regarder ces gens en face quand on pouvait tout aussi bien être la personne qui était passé à côté de leur mari mourant, ou qui avait choisi de transporter l'individu à côté de leur sœur sans avoir pu avoir le temps de récupérer celle-ci à temps ? C'était avec une amertume entière que l'Auror avait adressé de sincères condoléances, tout en signant chaque mot d'une profonde culpabilité. Chaque collègue, chaque ami décédé ce jour-là, ouvrait un trou béant en elle.

Puis... il fut temps de repartir. Temps de laisser ces familles tourmentées se recueillir une dernière fois, dans le chagrin et le peu d'espoir qu'il leur fallait renouveler. Prendre un temps infini, figés et coupés du monde pour prononcer des adieux déchirants qu'aucun ne pensait. Qu'aucun n'espérait. Qu'aucun ne pouvait se résoudre à prononcer sans trembler.
Aussi belle avait pu être la cérémonie, aussi honorables furent les chants, la tension n'avait pas quitté les épaules de Rose. La jeune sorcière se détourna alors de ses collègues, se portant en queue de la foule sur le départ, sans plus prêter attention à eux qu'à elle-même. Ses pas traînaient presque. À moins que ce ne soit elle qui se traînait ? Son esprit vagabondait, dans un état de transe étrange. Un vide singulier, à la fois rassurant et anxieux. De ceux où notre tête semble simplement sous l'eau, sans air, sans pensée, sans vision, juste un sombre état de semi-conscience. Suffisante pour nous rappeler notre existence. Des yeux, Rose se perdait à observer les décorations sur les tombes, à décrypter les inscriptions fraîches comme anciennes sur les pierre nominatives. Du granite, du marbre, des dalles de toutes compositions et teintes, des grains fins aux plus grossiers, des ornements variés et traditionnels à la fois. Des tombeaux tous uniques et standards à la fois.
Et tandis que ses yeux volaient de lettre en lettre, ses pas s'arrêtèrent soudainement. Son esprit s'éveilla, comme si elle prenait enfin son souffle dans son univers. Une inspiration d'eau salée, pour aussitôt étouffer. Paniquer. Perdre tout contrôle. Raison.

Erwan Anderson
1989 - 2016
Auror du Ministère de la Magie britannique
Mort en mission avec courage


Sa poitrine se souleva, alors qu'un gémissement inspiré se fit entendre, qu'elle fit taire d'un brusque claquement de mâchoires. Les lèvres pincées, les narines dilatées, le souffle coupé pour ne plus s'entendre. Ne surtout pas s'entendre ! Elle n'aurait pu le supporter... Ses prunelles ne quittaient pas cette tombe qui portait les inscriptions de son ancien collègue. De son fiancé. De celui qu'elle n'avait jamais osé visiter.
Pourquoi ?! Pourquoi maintenant ? Était-ce le destin, la magie qui l'avait conduite ici ? Était-ce sa punition pour avoir refusé tout ce temps de venir en ce lieu ? D'ailleurs, était-elle seulement au courant qu'il demeurait là, dans ce cimetière précisément ? Elle... Elle avait réellement oublié une information si cruciale ? L'avait-elle demandé à qui que ce soit ? Avait-elle vraiment lu les lettres l'informant de cela ? Ne serait-ce qu'ouvertes ? Sa tête bouillonnait de fureur, contre elle-même, s'infligeant mille reproches silencieux et vénéneux. Elle se noyait, dans son aquarium intérieur, devenu mer désespérée de bile et de toxine. Le souffle ne lui venait plus. La peur que si elle libérait ses voies elle ne pourrait pas arrêter le flot de désespoir qui ruait en elle. Que sa voix ne serait plus à elle, mais à ces râles de douleurs sinistres qui ne demandaient plus qu'à se faire entendre. Ils suppliaient de sortir. D'exister.

Une main. Lourde. Chaude. Réelle. Une seule suffit.

Posée sur son épaule, elle fut la clé. Rose expira enfin, dans une respiration courte, tremblante. Brisée. Ses yeux s'emplirent si vite de larmes, qu'elle décida de les fermer aussitôt. Se coupant du monde. De cette vision qu'elle ne pouvait supporter. Elle n'avait pas été prête. Le serait-elle seulement à l'avenir ? Sommes-nous un jour prêt à perdre un être si cher à notre cœur que la moitié de notre existence se résume à son nom ?

______

Sa main sur la poignée, Rose revient enfin à elle. Perdue l'espace d'une seconde, peut-être deux. Suffisamment pour être grillée ? Sa bonne humeur douchée, elle se força à sourire au moment où elle poussa enfin la porte de la boutique, s'engouffrant à l'intérieur, saluant le commerçant de son plus beau bonjour. La vie ne pouvait pas s'arrêter. Elle était de ces Aurors qui se battaient pour qu'elle continue.
Tournant son regard vers Sean pour l'inviter à la suivre avant de refermer derrière eux, elle tenta de le rassurer d'un regard malicieux. Non elle ne se laisserait plus submerger. Elle se battrait pour tous ceux qui ne le pouvaient plus.
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Anonymous
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Ven 15 Mai - 16:25

Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Rose

04 décembre 2019
-
Les derniers temps avaient été éprouvant. Très éprouvant. Aussi bien moralement que physiquement. Beaucoup trop de choses trottaient désormais dans la tête de Sean. Entre les missions, la situation impossible entre les mangemorts et le blood circle, les attentas, les tensions, le reste des moldus, sa famille, ses collègues… Le bellâtre avançait au radars. Il lui manquait plusieurs heures de sommeils au compteur. Il n’en restait pas moins productif bien sur, depuis le temps il savait où et quand placer son énergie pour rester efficace. Pour autant il se décrivait lui-même comme un zombie. Toujours sur la brèche. Le commun des mortels aurait sûrement été en peine de le dire car comme de nombreuses choses, il savait cacher sa fatigue et ses angoisses, toujours le sourire en coin, toujours bien habillé. Pourtant il n’était plus que l’ombre du fringuant homme qu’il avait été. Il le savait, il prenait moins soin de lui. «  J’essaie un nouveau style ! » Disait-il a qui voulait bien l’entendre. Lui l’organisé, toujours au carré, ne laissait plus personne entrer dans son appartement, il n’y avait qu’à voir… le nombre de conquêtes avait drastiquement diminué, un signe qui ne trompait pas. Il n’avait plus le goût ni d’énergie à consacrer aux jeux de séductions.

C’est pourquoi quand la Cartwright l’avait alpagué pour faire des courses il avait pensé freiner des quatre fers. Depuis le dernier séjours à Sainte-Mangouste, il était plus méfiant et méticuleusement observateur à son propos, mais la Rose avait bien menée sa barque. Des présents pour sa famille, des cadeaux de Noël. Il ne pouvait refuser n’est-ce-pas ? Attendez… quoi ? Noël ? L’O’Malley avait respiré un bon coup. Évidemment qu’il connaissait la date du jours, avec tous les rapports qu’il devait remplir. Pourtant Noël lui avait échappé, et bien même ! Il n’y avait pas réfléchit une seule seconde, il n’avait pas fait le rapprochement entre Décembre et Santa Claus ! Décontenancé par sa propre stupidité il avait fini par lâcher un petit « Ok. » qui le menait aujourd’hui à suivre sa collègue dans les rues des sorciers.

Elle semblait d’ailleurs très enjouée, l’atmosphère était plus légère, son pas plus sautillant. L’humeur de la belle devait être contagieuse car il sentit ses épaules se décontracter à mesure qu’ils avançaient sous les décorations lumineuses qui s’installaient.  Qu’allait-il bien pouvoir dégoter aux membres de sa grande famille… Mystère. Et le pire étant que Rose l’emmenait pour qu’il puisse l’aider. Elle ne se doutait de rien, la pauvre.
- Ça te dit qu'on commence par celle-ci ?
La voix qui lui était adressé le sortit de ses songes, mais elle n’attendait pas véritablement de réponse, il se permit de lui en donner une quand même.
« Je te suis ! »
Le sourire aux lèvres n’était pas une option aujourd’hui et il obtempéra avec son code de conduite. La talonnant d’assez près, il perçut le trouble qui n’avait duré qu’un fragment de seconde. Rose s’était perdue en elle-même, dans un lieu qu’il était bien en peine de deviner, mais le sourire était réapparut aussitôt et il ne creusa pas plus loin. Après tout, elle lui cachait encore beaucoup de choses sa chère collègue. Choses qu’il finirait par découvrir en temps et en heure, il en était certain.

La porte faisant tinter la cloche au second passage du duo, il entraperçut le regard légèrement voilé que voulait dissimuler le sourire de Rose. Le genre de regard qui se perd dans l’espace mais surtout dans le temps et un seul souvenir assez fort vint le percuter pour le faire basculer à cet instant lui-aussi.

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La mine assombrit par le moment solennel, Sean, dans son beau costume à cape ébène qu’il ne sortait qu’à ces occasions, avait laissé son beau sourire à la maison. Auprès de ses collègues Aurors, il rendait un dernier hommage aux disparus de l’attentat du Ministère de la magie.  Nombre de ses collègues y étaient resté, un nombre encore plus grand avait été blessé et c’était une foule immense de sorciers qui s’était amassé ce jour dans un silence glaçant. Pour son encore assez jeune age, Sean trouvait qu’il avait déjà trop passé de temps dans des cimetières. Il n’était pas le seul… évidemment, mais tout cela lui faisait remonter des émotions qu’il préférait laissé s’enterrer avec les défunts. Petit à petit alors que ses collègues faisaient part de leurs  condoléances aux familles qui avaient fait le déplacement, Sean avait prit le sens inverse, reculant calmement jusqu’à s’extirper de la foule. Comme d’habitude, il laissait les paroles aux autres. Il avait fait son travail, comme il l’avait pu, il avait été parmi les chanceux qui n’avaient que simplement été blessés… il n’en tirait aucune gloire mais il ne fallait pas lui en demander plus, le relationnel était au-dessus de ses forces aujourd’hui.

Il remarqua que certains de ses collègues repartaient déjà, d’autres restaient figés, plongés dans leurs songes ou leurs traumatismes, car il ne fallait pas l’oublier, ce genre « d’incident » comme certains aimaient l’appeler, laissait de grave séquelles et beaucoup se réveillaient encore la nuit, la sueur se mêlant parfois aux larmes.

Hypnotisé par le mouvement de foule, Sean observait de loin maintenant l’étrange ballet des silhouettes sombres. Il arrivait à distinguer quelques faciès connus quand une silhouette plus habituel à son regard que les autres se détacha à son tour de l’assemblée. Sans réfléchir il la suivit dans les allées. Il voulait s’enquérir de son état et allongea le pas pour réduire la distance. Soudainement le corps de Rose s’immobilisa au milieu des tombes, il s’activa un peu plus profitant de l’occasion pour la rattraper quand un son court provenant de la jeune femme lui glaça le sang. Par déformation professionnel, son regard balaya les environs et sans voir de menaces se focalisa sur la direction vers laquelle se tournait sa collègue . L’Irlandais ralentit en voyant à son tour les inscriptions. Il savait de part sa mère que Rose n’avait encore jamais mis les pieds devant cette épitaphe, que quelque part elle n’avait pu affronter cette dure et froide réalité.

Sans savoir quelle était la bonne chose à faire, il posa sa main sur son épaule et sentit sa courte respiration soulever sa poitrine. Ses yeux sombres se fermèrent et les larmes coulèrent. Instinctivement il se plaça entre les écritures et sa collègue, lui faisant face avant d’amener doucement son visage contre son torse et de sa serrer dans ses bras.  Il était perdu lui aussi, devait-il trouver les bons mots ? Devait-il se taire ? Il avait agit sans réfléchir mais était-ce vraiment ce dont Rose avait besoin à cet instant ? Il resta quelques temps immobile, sentant l’eau salé se frayer un chemin à travers sa chemise.
«  On y va ? »
Le ton était neutre, le corps était droit. La douceur était difficile à trouver chez lui mais il savait qu’elle pouvait faire encore plus mal dans ces instants. Seuls ses sourcils légèrement froncés marquaient son inquiétude. Il restait immobile, patient, dans l’attente de sa réponse ou de tout autre agissement.

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Il battit des paupières secoué par cet instant qui venait de le renvoyer à une époque pas si lointaine et dont il n’avait aucune envie d’y retourner. Il croisa le regard du commerçant a qui il adressa un bonjour quelque peu déboussolé avant d’avancer et rejoindre Rose dans la boutique. Il ne fallut que quelques secondes avant d’entendre la voix de celui-ci s’élever en essayant de rester discret.
« Henry ?! Henry pourquoi le sac vert est ouvert et non le violet ? Je vais le tuer ! Ce n’est quand même pas compliqué ce que je te demande ! Va décrocher la cloche, nettoie là et plonge là dans la bonne poudre cette fois ! On est pas à Halloween enfin ! »
L’irlandais tiqua, il voyait nettement quelques résidus de paillettes vertes sur les cheveux de l’Auror devant lui. On les avait aspergé de poudre du souvenir et apparemment pas celle qui devait leurs rappeler le plus beau. Sans rien dire il se contenta d’adresser un regard sombre au commerçant qui le perçu et s’empressa de disparaître de sa vue pour aller invectiver son apprenti. S’il ne leur faisait pas une ristourne avec ça, Sean allait lui adresser plus qu’un simple regard…. Il se demandait d’ailleurs quel souvenir avait bien pu traverser Rose, mais lui demander serait bien trop déplacé.
Déambulant dans la boutique, Sean s’arrêta devant quelques globes en lévitations contenant chacun un petit écosystème fermé ou ouvert au choix, de plantes.
«  Je pense que ça pourrait plaire à Jimmy ça non ? » Se murmura-t-il  à lui-même le visage penché pour observer les différentes plantes qui proliféraient dedans.

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Sam 4 Juil - 20:56
Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Sean O'Malley  Ϟ 04 décembre 2019


La cloche d’entrée tinta, avant de devenir très lointaine.
______

Alors qu’elle s’était coupée du monde, les yeux clos, incapable d’affronter la réalité, la chaleureuse main posée sur son épaule la relâcha. L’espace d’un instant. Celui qu’il fallut à cet homme pour se placer entre elle et la sépulture. Pour faire barrage. Pour tenter, du mieux qu’il pouvait, de lui apporter une infime aide. Précieuse. Avec douceur, l’homme l’entoura de ses bras. Les sens de Rose étaient aussi troublés qu’elle, face à cette maigre consolation. Pour autant, elle ne parvenait ni à remonter des pensées abyssales qui la déchiraient, ni à se défaire de cette emprise physique, de chair et de sang.
Le silence était perturbé par les sanglots étouffés dans sa gorge, qu’elle peinait tant à retenir. Son visage plongé contre ce torse de soutien, qui la privait de la lumière fade de ce jour, elle se vidait de ses larmes. Amères. Salées. Désespérées.
Une odeur entêtante. Un parfum, dont elle n’aurait su dire les notes mais qu’elle pensait vaguement connaître, se traçait un chemin à travers son esprit malmené. Et puis… une voix. Celle de Sean. Quelques mots. Simples. Dénués de tendresse édulcorée. Mais sur une tonalité sincère. Et réelle.
Savoir qu’il s’agissait de Sean la bouleversa d’autant plus. L’auror avait certainement dû prendre sur lui pour la tirer de cette mauvaise situation. Elle n’aurait su dire s’il s’était forcé ou non. Toujours était-il qu’il était là, face à elle, l’entourant de tout le soutien qu’il pouvait lui témoigner. Lui qui avait également tant perdu… Rose chercha des mots pour lui répondre. Des mots qui ne lui venaient pas, dévorés aussitôt par son anxiété soudaine. Les mâchoires de la sorcière se serrèrent alors, tandis qu’à son tour elle enlaça son partenaire. Seule action qui lui semblait avoir du sens. Lui aussi avait certainement dû connaître cette sensation. Certes la personne qu’il avait perdue n’était pas sa fiancée, mais c’était son mentor. Si aucune souffrance ne pouvait jamais être comparée en tant que telle, le deuil demeurait semblable.
Rose resta un moment ainsi, qui lui sembla soudainement trop long. Ses yeux encore humides s’ouvrirent alors, tandis qu’elle se retirait, comme dans une fuite soudaine, se détournant presque aussitôt. Elle n’osait pas le regarder en face. Elle n’était pas en capacité de supporter la vue de la tombe derrière lui. Son collègue l’avait certainement vu dans tous ses états plus d’une fois, mais jamais jusqu’à ce point de déchéance. Cette folle douleur, elle ne l’avait jamais montré à qui que ce soit, pas même à Myrna, qui n’en avait vu que la surface irisée.
Sa voix revint peu à peu, mais toujours prise dans une étreinte émue :
- Tu as raison. Rentrons vite. Il ne va pas tarder à pleuvoir.
La boule dans sa gorge se souleva, tandis que son cœur débordait. Rose senti alors que sa chevelure reprenait sa teinte naturelle. Elle ne s’était pas même rendu compte de sa perte de contrôle. De cette transformation, survenue alors qu’elle se perdait en elle-même. Elle ne força le phénomène inverse, laissant, pour une fois, son corps faire ses propres choix et revenir à la normale de lui-même. Relevant enfin la tête, Rose retourna légèrement ses épaules vers son compagnon sans vraiment le regarder, adoptant un sourire pincé. Léger mais reconnaissant. Un remerciement inaudible au bord des lèvres, tremblantes. Elle faisait de son mieux, mais était incapable de faire davantage. Pas en cet instant.
______

Les yeux de l’Auror papillonnèrent pour sortir de sa rêverie. Ou plutôt tourmente. Les cris du commerçant lui parvinrent, tandis qu’elle tentait de reprendre ses esprits. Comprenant peu à peu de quoi il était question, elle épousseta rapidement la poudre qui recouvrait ses cheveux et ses épaules, comme pour chasser toutes ces pensées. A peine cette tâche achevée que l’individu se faufila loin d’eux, légèrement apeuré. C’est en se tournant vers son collègue, que Rose en comprit la cause. Le sombre regard qu’il avait adressé au marchand trahissait le fait que lui aussi avait certainement était touché par ce maléfice plein de fourberie, effectivement peu adapté à une période aussi festive que celle de Noël. Encore un peu troublée par ce qu’elle avait revu, Rose s’avéra inquiète quant aux pensées de son partenaire. S’il s’agissait d’un souvenir aussi écrasant que le sien… elle se doutait qu’il aurait bien du mal à faire passer cette erreur avec un simple air menaçant.
La sorcière tenta autant que possible de retrouver sa bonne humeur, conservant un sourire de façade par moment mais volontaire. Restant plus ou moins dans les mêmes parages que Sean, elle tenta de trouver au cœur des rayons un produit qui pourrait attirer son regard. Ce fut son collègue qui trouva son bonheur, le murmure qu’il émit arrivant jusqu’aux oreilles de Rose. Elle se rapprocha alors, observant les globes à suspensions :
- Jolie trouvaille. Il serait sans doute ravi de recevoir ce type de cadeau oui.
Elle observa chaque plante proposée, se rappelant des spécificités magiques de chacune. Si elles étaient dans l’ensemble d’une rareté plutôt commune, certaines avaient un intérêt plus qu’intéressant. Selon ce que l’on voulait faire avec. Pour autant ce n’était pas spécifiquement les plus élégantes. L’une d’elle était vivement colorée et gracieuse, bien qu’elle n’avait pour ainsi dire peu d’usage :
- Tu penses qu’il préfèrerait une plante utile ou plutôt une jolie plante ?
Si la question semblait relativement peu essentielle, dans un cadeau personnalisé le plus important était de bien prendre en compte les volontés de l’autre. Et pour ce Noël, Rose ne voulait pas se rater.
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Jeu 16 Juil - 0:28

Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Rose

04 décembre 2019
-
A peine les mots lui échappèrent que la sorcière aux oreilles décidément bien fine, se rapprocha de lui pour examiner sa trouvaille.  Sean haussa des épaules à sa question. Comme s’il en savait quelque chose, Jimmy ne venait pas lui faire la conversation sur ses joies dans le jardinage…. De toute façon il ne venait plus vraiment lui faire la conversation.
- Aucune idée… prend celle qui te plaît, je prendrais une autre de l’autre sorte, en quinconce ça devrait être plus joli à voir flotter de toute façon.
Au moins cela était un sujet qu’il maîtrisait, les jolies apparences. Il aurait pu faire styliste ou designer d’intérieur, son œil était acéré pour ces choses là. Souvent tiré à quatre épingles, souvent à la mode, il ne faisait presque pas d’effort pour.  Rose s’était penchée devant lui pour mieux observer les plantes et diverses fleurs et dans le mouvement les quelques pincées de poudre dont elle n’avait pas pu se débarrasser vinrent titiller ses narines et le fit retomber dans le souvenir de ce triste jour.

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Le temps passé ici lui paraissait bien long. Il ne bougeait pas d’un pouce, gardait la tête droite devant lui. On aurait pu le prendre pour une statue que cela ne l’aurait pas étonné. Même sa sœur qu’il aimait tant, il avait du mal à l’enlacer alors Rose pensez-vous… Il avait agit d’instinct certes mais depuis aucun muscle n’avait fait le moindre mouvement. Aussi quand-t-elle en vint à l’enlacer à son tour la surprise le cloua un peu plus dans le sol. Presque tétanisé. Il prit alors une respiration et clarifia le ciel de ses pensées. Il n’y avait rien de plus à faire, il n’y avait qu’à laisser faire. Il se rendit compte alors que la chevelure de la fleur s’était teinté de bleu ou plutôt, elle avait pâli de bleu. Sean n’était pas ignorant des talents de morphisme de sa collègue, mais il n’avait jusqu’alors jamais vraiment vu ceux-ci s’harmoniser avec son état d’esprit car il doutait assez fortement qu’elle ait en cet instant l’envie irrépressible de changer de coupe. Il redressa la tête et par dessus les nouveaux cheveux de l’Auror, il trouva des yeux la foule qui n’avait cure d’eux. Se débattant déjà avec leurs propres tristesses, elle se délitait peu à peu. On commençait à voir la formation de groupes éparses, des familles se recueillant toujours sur les tombes fraîches et fleuries du jours.

Soudain Rose s’extirpa et se retourna, les bras musclé de Sean retombèrent alors de chaque coté de son corps ne sachant toujours que faire. Il décida simplement d’attendre, le visage fermé et les sourcils froncé par le soucis que cette situation lui causait. La voix de la Cartwright l’éleva alors, rauque, marquée par les émotions trop fortes qui traversaient son esprit et son corps. L’Auror eu un profond soupir. Les yeux rougies de sa collège, ses joues où il pouvait encore deviner les sillons de larmes qui avaient échappées à l’étoffe de sa chemise. Ses lèvres qui se serraient pour ne pas laisser échapper un autre râle, qui tremblaient de désespoir et qui pourtant essayaient de lui esquisser un sourire pour le remercier. Rose n’était que l’ombre d’elle-même et il refusait que quelqu’un d’autre puisse entrevoir cela. D’un coup d’épaule, il délogea sa cape ébène et la posa avec une certaine douceur sur le corps fragilisé de la jeune femme. Relevant le col pour la couvrir un peu plus, il posa sa main sur ses cheveux et s’avança à ses côté, lançant leurs pas.
- Je te raccompagne. 
Ce n’était ni une demande, ni un ordre, juste un état de fait. Il n’allait certainement pas laisser Rose dans cet état, avec la situation politique en cours, avec le Blood Circle à l’affût de la moindre faille. Ils se dirigèrent donc vers le portail du cimetière, laissant dernière eux la tombe. En vérité Sean ne savait pas vraiment où il devrait les conduire une fois la grille passée. Il n’était jamais allé chez Rose, il n’avait même aucune idée de où elle pouvait bien habiter.

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Ses paupières papillonnèrent une seconde ou deux et son regard tomba sur la chevelure sombre aujourd’hui, normale, de sa collègue. Cela l’encra de nouveau dans le présent et il reprit une profonde inspiration. Rose s’était-elle aperçu de quelque chose cette fois encore ? Pas si sur elle avait l’air d’être concentré sur le futur cadeau de Jimmy.
- Tu as des idées pour Leah et ma mère ? Tu sais… entre femmes…. 
Il essayait de voir d’où il était s’il repérait quelque chose sur les autres étagères de la boutique mais rien ne lui venait. Il leur faudrait sûrement changer de boutique, sauf si Rose avait son idée en tête. Pour les femmes de sa vie, ses premières idées étaient des vêtements mais ça pouvait être un peu cliché….

Son œil accrocha une perle bleuté et il quitta la compagnie de sa partenaire pour s’en approcher. Du bout des doigts il toucha la surface lisse de l’objet qui avait exactement la même teinte que les cheveux de Rose ce jour là…. Il tourna un regard discret sur elle. Elle souriait en pesant le pour et le contre dans sa décision pour choisir l’heureuse plante élue. Mauvaise idée, cette couleur n’allait pas avec ce sourire, ni avec les bons souvenirs. Il relâcha alors l’objet et revint en face d’elle.
- C’est bon madame à fait son choix ? 
Un sourire moqueur accroché à ses lèvres, ce n’était pas qu’il perdait patience mais tout comme.

(c) DΛNDELION
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Mer 26 Aoû - 0:39
Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Sean O'Malley  Ϟ 04 décembre 2019


Décidément, dès qu’il s'agissait d’un de ses frères, Sean avait encore tendance à se renfrogner, même aujourd’hui. Rose n’émit aucun commentaire, sachant pertinemment que ça ne servirait pas pour l’heure. Elle se contenta d’approuver l’idée et de chercher des yeux une plante qui correspondrait à Jimmy. Plus qu’une jolie décoration, la Cartwright préférait de loin une utilité particulière, notamment dans les potions. Mais c’était son côté médicomage enfouit qui le lui susurrait. Le jeune collégien préférerait sans doute un usage un peu plus inattendu. La jeune femme se pencha alors par-dessus son collègue, lisant les quelques noms étiquetés et faisant appel à sa mémoire pour se souvenir de quelques caractéristiques de sa connaissance.
Tandis qu’elle ramenait à elle les réminiscences de ses vieux livres, Sean lui demanda alors si elle avait quelques idées pour Myrna et sa fille, laissant même percer un début de cliché mal assuré. Relevant la tête vers lui, un sourire narquois, elle se lança avec une grande assurance :
- Pas besoin d’être une femme pour savoir que Leah aime plus que tout la musique.
Elle laissa échapper un rire, avant de reprendre contenance. Elle ne tenait pas vraiment à se moquer de lui, mais elle appréciait qu’il saisisse l’occasion pour lui demander son opinion, peut-être pour confirmer les siennes :
- Je pense qu’on pourrait trouver quelque chose de plaisant pour elle dans une autre boutique. Quelque chose d’un peu plus spécialisé. Pour Myrna par contre je vais y réfléchir. J’ai quelques doutes.
Elle revint alors à sa réflexion, puis se retourna de nouveau vers les plantes :
- Je vais déjà terminer ça. Peut-être que quelque chose me viendra en même temps.
Tandis qu’elle se penchait sur les fleurs, Sean se glissa dans son dos pour aller faire un petit tour. Peut-être avait-il remarqué quelque chose d’autre. Dans le doute, Rose ne leva pas les yeux vers lui. Cela lui laissait un peu de temps pour trouver ce qu’elle voulait.
Parmi les sphères en suspension, elle pouvait voir des champifleurs, des molys, ou encore des rosées de lune miniatures. Mais ses prunelles furent attirées par une fleur bien particulière: des lys blancs. Ces tiges qui montaient, ces fleurs aux pétales d'un blanc éblouissant. Si elles n'avaient pas été dans ce petit îlot isolé, peut-être auraient-elles pu grandir moins timidement et avec plus d’arrogance, dans une volonté d'être plus radieuses encore. Une image qui lui remémora à nouveau quelques souvenirs. S'il n'était plus question de poudre cette fois-ci, son esprit était désormais bien assez troublé pour voir dans un simple détail un rappel de cette journée malheureuse.

______


Du coin de l’œil, Rose perçu que Sean la sondait d'un regard qu'elle lui connaissait peu la concernant. De ce regard qui cherchait activement à comprendre ce qui se passait devant lui. De ceux qui se plongeaient dans leurs pensées, leur réflexion, analysant la situation avant de tenter toute action. Voilà qu’elle le mettait sans doute si mal à l'aise avec ses états d'âme, qu'il ne savait plus comment s'y prendre avec elle. Quelle idiote... Si elle n'avait pas tant traîné ici, si elle avait su se contrôler, si seulement elle avait pris le temps nécessaire pour faire correctement son deuil... elle n'aurait pas eu à exploser comme ça. Ni ici, ni devant lui. Elle ne l'aurait pas mis ainsi dans l'embarras.
Baissant les yeux, et alors qu'elle pensait pouvoir se retirer, se démenant pour tenter de retrouver une humeur plus agréable, elle entendit faiblement les pas de Sean remonter vers elle. Une démarche qui n'était en rien pressée, mais sincèrement déterminée. Dire qu'elle s'en était éloignée et qu'il comblait à nouveau cet écart... Elle ne comprit pas tout de suite, dans son état, ce que son collègue s’apprêtait à faire. Un bruit léger. Un froissement. Le bruissement d’un textile. Puis soudain une lourde charge sur ses épaules. Dense et confortable. Dans un geste presque protecteur, son collège déposa sur ses épaules l’épaisse cape qu'il venait d’ôter, prenant même le temps de remonter son col proprement, comme on l'aurait fait pour un enfant. La chaleur qu’elle dégageait vint bien vite réchauffer le corps de la jeune femme.
Les yeux ronds, comme si elle sortait soudainement d'un rêve avec difficulté, Rose s'apprêta à la lui rendre, quand soudainement la main de l'Irlandais s'abattit sur sa tête, se posant sur sa chevelure encore terne. La voix de l'Auror se fit à nouveau audible. Il voulait la raccompagner. Ne lui laissait aucune chance de refuser. Elle aurait sûrement été piquée à vif par tant de paternalisme, mais dans son état elle n'avait guère la force de se cabrer. Pour l'heure ses démons intérieurs étaient encore trop vivaces pour qu'elle parvienne à lutter contre eux et la réalité à la fois. D’autant que Sean ne lui voulait aucun mal, et ça elle le savait. Il veillait sur elle depuis qu'ils étaient en duo, tout comme elle le faisait avec lui. Elle se souvenait de sa terreur lorsque son collègue avait été soufflé par le feudeymon. Avait-il ressenti la même chose lorsqu'elle s'était évanouie au Ministère il y avait de cela quelques mois ? Était-ce la même sensation qui le poussait à agir ainsi aujourd’hui encore ? Si leurs rôles s’étaient inversés aujourd’hui, elle aurait certainement insisté de la même façon auprès de lui, surtout par les temps qui courraient. Ainsi, il y avait dans ces gestes un quelque chose qu’elle ne pouvait se permettre de rejeter.
Docile, à sa façon, Rose ne lutta pas, acquiesçant donc sagement et avançant le pas. Après tout, n'avait-il pas raison ? Elle ne pouvait rester ici. Elle en était même incapable. Cependant l'idée, l'envie fugace, de se retourner un instant pour regarder la tombe d'Erwan une dernière fois avant de quitter les lieux lui vint. Un simple coup d’œil. Qui lui valut mille efforts contre sa peur, son anxiété et… elle-même. Elle parvint enfin à se retourner et c'est là qu'elle les vit. Des lys immaculés, se dressant fièrement vers le ciel. La tombe avait été nettoyée et fleurie récemment. Presque quatre ans après le drame, quelqu'un passait encore ici pour qu'il ne soit pas oublié. Et elle, sa propre fiancée,... n'avait jamais rien fait.
Qui pouvait ainsi lui rendre un tel hommage, alors qu’elle, pauvre petite écervelée, ne daignait même pas le faire ? Le simple fait d'y songer, un seul instant, acheva de briser ce qui lui restait de courage. Des perles, aussi dévastées qu'elle, vinrent alors s'écraser contre les pans de la cape qu'elle remonta sur son visage. Celui-ci étant désormais à moitié enfoui, son souffle brusque n'était presque plus audible pour elle-même. Et même si cela l'insupportait de s'entendre ainsi, c'était un prix moindre à payer. Une nouvelle fois, elle essaya du mieux qu'elle pût de remercier Sean, mais rien ne sortit d'entre ses lèvres frémissantes, si ce n'est un son aigu presque étouffé, qu'elle ravala aussitôt. Elle se haïssait…

Les deux Aurors emboitèrent le pas aux rares individus qui demeuraient encore dans le cimetière et se dirigeaient vers sa sortie. Sean aussi devait désirer quitter cet endroit au plus vite. Rien de plaisant ne demeurait ici. Elle accéléra le pas.
Ils passèrent devant de nombreuses autres sépultures, que Rose ne voyait plus. Toutes ces tombes. Toutes ces histoires, ces livres qui s’étaient refermés à jamais, ces drames que l'on taisait pour toujours. Une forêt d'anonymes, où chacun pleurait ses arbres personnels. Elle n'avait plus qu'une envie : fuir. Elle grandit alors ses enjambées.
Ils passèrent devant de nombreuses personnes. Des teintes de noir, de gris, de brun. Un monde terne sans éclat ni saveurs. Nombreux étaient endeuillés, certains accompagnateurs. Si quelques individus abordaient un léger sourire, aux yeux de Rose ils étaient tous factices. Cet air était chargé d’émotions insoutenables. Rose ne pouvait plus le supporter.
Lorsqu'enfin il ne resta que quelques mètres, la sorcière força tout ce qu'il lui restait de concentration pour assombrir à nouveau sa teinte et rendre à sa chevelure sa couleur naturelle. Une fois les grilles passées cependant, elle dû bien l’admettre. Le réel problème ne venait pas du cimetière et de son ambiance, aussi sombre soit-elle, mais d’elle-même. Rose inspira alors profondément, les yeux fermés, comme pour refouler tout son monde, loin, très loin et profondément en son être. Aussi loin que possible de son cœur et de sa tête. Ce ne serait jamais suffisant. Ça ne corrigerait jamais le réel problème. Cette « solution » ne durerait qu’un temps. Celui, à minima, de rentrer avant de s’effondrer.

Rose tourna vers Sean des yeux encore un peu humides, un sourire fragile, sincère, se dessinant, dans un remerciement qu'elle n'avait pas la force d'émettre. La disparition d'Erwan lui pesait chaque jour, chaque fois qu'elle partait en mission, même s'il lui était douloureux de l'admettre. Mais par-delà cette douleur et constante absence, elle était plus qu'heureuse d'avoir quelqu'un comme O'Malley pour la soutenir, tant dans leur travail quotidien que dans les maigres à côté qu’ils partageaient :
- Ça ne te dérange pas de marcher un peu ?
Elle aurait pu transplaner, oui, mais ses pensées étaient un peu trop surmenées. Emmener Sean avec elle serait d'autant plus risqué. Certes elle savait se concentrer en bien des circonstances, surtout en mission qu’elle soit blessée ou non, mais elle préférait éviter un accident superflu, et facilement évitable. Marcher étant la solution la plus sûre, elle fut rassurée lorsque son collègue consenti à la suivre.
À mesure qu’ils avançaient, les pensées de la sorcière se perdaient à nouveau. Sean n’était pas d’un naturel très causant et la journée ne semblait pas l’aider à l’être davantage. Rose quant à elle n’avait pas la force de lancer la conversation. Chaque fois qu'elle y songeait, elle se rendait compte qu'elle ne savait pas grand-chose de Sean. Certes, elle connaissait sa filiation avec les O'Malley, ses relations avec chacun d'eux, certains de ses goûts ou encore était capable de prévoir certains comportements. Mais au fond, ce n'était que la couche superficielle. Elle ignorait beaucoup de choses de son lui intérieur. De celui qui ne brillait pas par son panache ou ne faisait pas frémir par son imprévisibilité. Tout être avait ses secrets, Rose la première, mais ils ne s'étaient jamais confié l'un à l'autre. Ils n'avaient jamais été réellement au-delà de cette relation de travail, comme toute assez amicale.
Elle s'entendait bien avec, lui faisait confiance, pouvait lui confier son dos en mission, savait deviner ses idées, ses réactions. Mais le Sean civil... elle ne le connaissait pas. Celui qui avait perdu des êtres chers, tant personnellement que professionnellement. Myrna lui avait raconté des histoires, en long et en large, mais Rose savait bien que les dires d'une mère ne reflétaient que rarement toutes les facettes de la réalité, juste celles qu'elle pouvait percevoir. Ou qu'elle s'imaginait pour se rassurer ou protéger sa famille.
Tandis qu'ils marchaient silencieusement l'un à côté de l'autre, Rose ne pouvait s'empêcher de songer. Sa tête bourdonnait de pensées de toutes sortes, s’éloignant progressivement de son présent pour la ramener des années en arrière. Les émotions passaient de l'une à l'autre en un éclair. Quand ce n'était pas la tristesse qui la terrassait, c'était la colère qui la prenait en tenaille. L'injustice que lui causait la perte d’Erwan revenait sans cesse, lui susurrant des envies de vengeance, qu'elle pensait pourtant avoir largement épanché. Puis le désespoir reprenait, l'incommodant quant à la présence de son collègue près d'elle. Être dans un état pareil, pour "si peu". N'avait-elle pas eu le temps de digérer la nouvelle ? Lui avait pourtant perdu des êtres chers également, et ne semblait pas plus secoué que ça. Ni aujourd'hui, ni jamais en sa présence. Une crainte teintée d'envie naquit alors, qu'elle écrasa aussitôt. L'impression d'être un fardeau. Ce sentiment de lui faire perdre du temps. Que le Ministère aurait mieux fait de la laisser au placard et de donner une collègue réellement digne de confiance à Sean. Elle s'embourbait dans un méli-mélo de fausses notes agaçantes. Un chant de discorde qui résonnait bien trop facilement à ses oreilles. Elle voulait faire taire toutes ces paroles intérieures. Elle voulait les anéantir. Comme elle avait anéanti la Sera Sinistra...
Les flashs verts lui revinrent en mémoire. Celui qui avait emporté Erwan. Ceux qu'elle avait lancés d’elle-même, d'une main raide, le regard fixe, désireuse de les voir s'éteindre sans la moindre chance de pardon. Elle n'avait pas joué avec eux. Elle avait coupé court.
Plus que le deuil à porter, c'étaient aussi ses crimes, son affiliation à la Cosa Nostra, ses secrets et ceux de Luca qu'elle avait portés dans ce grand silence. Un silence qui durait depuis si longtemps qu'elle venait à peine de se rendre compte qu'il était insupportable. Elle devait se décharger. Mais tout était si intimement lié que tirer un seul fil risquait de faire choir l'ensemble de l'ouvrage. Ce mensonge qu'elle avait tissé de toutes pièces à son retour.
Alors, elle referma cette part d'elle-même. Il lui faudrait supporter ce calvaire. Jusqu'à ce que son masque tombe un jour. Le silence régnait en maître entre les deux Aurors, tandis que la déraison vociférait dans son esprit en riant.
Elle fut incapable de dire combien de temps ils avaient marché, ni même comment elle avait pu réellement retrouver son chemin avec l’esprit ailleurs. Pourtant, ils venaient d'atteindre son immeuble. Une haute colonne de béton et de verre, de quelques étages, se dressait face à eux. C'est là que les pas de Rose se stoppèrent. Inconsciemment, elle se sentait encore plus coupable. Bien que Sean l'ait raccompagnée jusqu'ici, elle ne lui avait accordé aucun mot, aucun regard. Perdue dans son monde intérieur, de culpabilité et de larmes, elle ne s'était pas un instant accrochée à l'instant présent. Elle était irrécupérable...
Elle se tourna alors vers son collègue, murmurant d’une voix à demi-enrouée :
- Je suis...
Désolée ? Pathétique… Elle n'avait pas mieux que ça ? C'était si facile de s'excuser aussi platement...
- Merci pour aujourd'hui... Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu n'avais pas été là.
Elle aurait peut-être été retrouvée sur la tombe à pleurer. Ou bien ne serait pas rentrée chez elle avant des heures, partant... elle ne savait où.
- Je ne me sens pas de te laisser repartir comme ça... Tu veux peut-être boire quelque chose avant de rentrer ? Il doit me rester un peu de jus de pomme si ça te tente.
Elle tenta un sourire, à nouveau, même si elle doutait qu'il soit très élégant. Décidément elle n’était bonne qu’à ça aujourd’hui. Pleurer et se rattraper avec des grimaces. Elle ne s'était pas comportée correctement avec lui, usant de son temps, de sa patience et se ridiculisant totalement face à lui.
- Je te dois au moins ça.
L’air s’était rafraîchi depuis la cérémonie, les nuages ne laissaient guère de place au Soleil, et assez vite quelques gouttes commencèrent à tomber ci et là. Bien vite un fin rideau de pluie se propagea, douchant les rares individus encore dehors. Dont les deux Aurors.

______


Rose soupira. Ce n’était pas le moment de resonger à tout cela. Elle passa sa main devant ses yeux, calmant le flot d’images et faisant le tri de ses émotions. Sean ne tarderait pas à revenir et elle voulait trouver le cadeau de Jimmy avant que ce soit le cas.

Finalement, son choix se porta vers une plante grasse aux feuilles violettes et dont les fleurs avaient plutôt l’apparence de pompons duveteux. Légèrement luminescente, Rose la trouvait même apaisante. Elle n’était pas forcément la plus pétillante du lot, mais n’était pas désagréable à l’œil. De plus, et bien qu’il ne soit jamais utilisé en médecine traditionnelle, le pollen de cette plante pouvait, disait-on, apaiser les nuits de sommeil. Un petit truc de vieilles sorcières très peu écouté et connu, mais qui tirait souvent un sourire à Rose. Certains savoirs, un peu perdus ou démodés, étaient pourtant totalement fondés. Et effectivement… un petit éclair d’idée lui vient pour Myrna.
Ce fut juste à temps, Sean revenant vers elle pour lui demander si elle avait trouvé. Attrapant le globe, Rose le lui présenta pour qu’il puisse mieux voir la trouvaille :
- Oui Monsieur ! Une jolie plante qui l’aidera à faire d’aussi doux rêves que possible.
Son amusement s’effaça quelque peu, à mesure que son sourire se faisait plus tendre et son ton plus sérieux :
- Ça l’aidera peut-être à affronter sa dernière année au collège.
Rose n’avait pas d’enfant. Elle n’avait pas non plus de frères ou de sœurs. Mais Jimmy faisait partie des personnes qu’elle aimait choyer, comme si c’était un peu le cas. Il ne lui rendait pas forcément bien, la jeune femme l'intimidant quelque peu apparemment, mais elle ne s’en vexait pas. Il était encore un peu jeune et il n’avait pas eu la vie facile. En plus d’être sacrément timide avec la gent féminine, ce qui pour le coup n’aidait en rien leur rapprochement.
- Pour ta mère, je pense qu’elle a vraiment besoin de se détendre en ce moment, surtout avec tout ce qui se passe ces derniers temps. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais j’aimerais lui trouver une infusion sympathique, pour la soulager. On peut sûrement en trouver avec un peu de pommes.
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Anonymous
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Lun 14 Sep - 1:37

Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Rose

04 décembre 2019
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Ok… Rose tapait là où ça faisait mal. En même temps quel idiot était-il pour ne pas avoir immédiatement pensé à la musique pour sa sœur ? Depuis longtemps Leah ne vivait pratiquement que pour cela, sa magie à elle. Et dire qu’il fallait que ça soit une étrangère à la famille qui le lui rappelle. Il retint cependant une moue pour ne pas lui montrer les émotions qui le traversait.
« Oui… mais ça c’est évident…. »
Passant sa main dans sa nuque, il éludait la question, faisait comme si justement la musique c’était trop facile. Ce qui en parallèle le rabaissait un peu plus intérieurement. Il maudissait le petit rire de sa coéquipière, elle devait se douter de sa bêtise… enfin elle passa vite au sujet maternelle  et les idées lui manquaient aussi. Ah ! Alors ça riait moins ! Il n’y avait pas que lui qui n’était pas particulièrement inspiré ! Rose retournait déjà à ses plantes et lui à ses étagères.
Lorsqu’il revint vers elle pour lui demander si elle s’était décidée, la jeune femme l’accueillit de la même manière, très sur d’elle ! Cela tira un petit rire étouffé au sorcier. Sean tendit un doigt vers l’un des pompons, c’était mignon pour une plante…

« Il la réussira comme les autres. S’il se donnait un peu la peine d’affronter sa vie, plutôt que se cacher dans les plantes il verrait que ce n’est pas si terrifiant. »

Sean s’était redressé, il aimait son frère, mais cette tendance à vouloir rester dans les jupons était insupportable. A croire que certains attributs masculins n’avaient pas poussé chez lui. Et tout le monde le couvait en plus de cela, leur mère, Leah et Rose aussi de toute évidence… l’Auror jeta un œil aux autres plantes qui voletaient dans leurs globes.  Il repéra un ensemble de Dictame et de Malotira rouge. S’il se souvenait un peu de ses cours de botanique, son frère pourrait être content d’en avoir sous la main en toute occasion.  Attrapant le globe, il sourit largement à Rose pour se moquer d’elle.

« J’ai choisi !!! » Il avait fait traîner le « i » comme un enfant. Il la battait à plate couture niveau rapidité de choix et cela lui plaisait.

Bon pour Jimmy le choix était fait, il restait donc Leah dans une boutique spécialisé musique et Myrna… et bien visiblement Rose venait de trouver.

« Je pense qu’elle sera ravie ! » Ceci dit une idée venait de germer dans son esprit grâce à sa coéquipière. «  Tu connais une boutique qui vend des plaids/poncho ? Je crois qu’on m’en avait parlé… ils ont un petit enchantement qui produit une odeur apaisante. Ça pourrait aller de paire avec la tisane quand elle voudra se poser. »

Même si la question n’était pas formulée, il attendait de voir dans le regard de Rose si elle approuvait ce choix.  Après tout, c’était l’apprentie de Myrna, sa protégée, elle la connaissait presque aussi bien que lui depuis.

Se dirigeant ensuite vers le comptoir de la boutique avec son globe, il prit sa tête des mauvais jours. Le gérant de la boutique savait où la faute avait été commise, et il savait qu’il savait. Heureusement pour lui le commerçant s’avéra plus vif d’esprit que son apprenti ! «  Oh Messieurs Dames, vous avez trouvé votre bonheur ? Ah hum… oui les globes… Oh quel bon choix, vous avez du nez, je n’ai pas encore eu le temps de mettre les affichettes mais ils sont à moitié-prix pour les fêtes ! Ça vous fera donc  2 Gallions 8 Mornilles et 3 Noises par personnes, voilà…. »

Sean eut un sourire carnassier. « Oh quel heureux hasard que voilà ! Vous serez bien aimable de nous les emballer dans deux paquets distincts. » La ristourne était plus qu’honnête, Sean en resterait là. Il lui tendit la monnaie, puis attendit que Rose finisse à son tour. En sortant de la boutique il pu s’assurer que la maudite poudre avait été nettoyée et pas encore remplacée. Pourtant la suite des souvenirs s’infiltrèrent encore en lui.  

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Rose ne lutta pas, elle n’était sûrement pas en état de le contredire ni même d’accepter ce qu’il lui imposait. Ils partaient donc en direction de la sortie du cimetière lorsque Sean tiqua en remarquant Rose tourner la tête vers la pierre gravé qui lui avait fait vivre tant d’émois. Il se tenait près en vérité. Devrait-il encore la détourner ? La prendre dans ses bras ? C’est pas qu’il trouvait l’activité particulièrement désagréable, mais à vrai dire, il se passait bien des contacts physiques en général, sauf dans deux cas : prendre en traître la tête d’un de ses frères sous son bras pour démarrer une bagarre ou en compagnie féminine préalablement choisie et consentante, de préférence dans un lieu confortable et discret. Aucuns de ces scénarios ne s’appliquant à la situation, il enfonça un peu plus ses mains dans les poches de son pantalon. Ce moment ne lui appartenait pas. Il n’était qu’un observateur, un garde-fou pour empêcher sa coéquipière de sombrer définitivement. Il les vit les larmes rouler sur ses joues, le col de sa cape ne cachait pas tout. Il voyait les volutes de brumes s’échapper, devinant les sanglots silencieux. Il l’observait du coin de l’œil, mais ne disait mot. Que dire à quelqu’un dont la peine est si grande qu’il se maudit de la ressentir ?
Sean ne se sentait pas particulièrement bien non plus. Démuni, il avait la désagréable impression d’être de trop, et de revoir un désespoir qu’il avait seulement perçu dans les yeux semblables aux siens. Il avait prit la fuite alors, quand Leah avait eu le plus besoin de lui. Au moins aujourd’hui il pouvait répondre présent.

La Cartwright accélérait ses pas, ses enjambés à mesure qu’ils se rapprochaient des grilles. L’irlandais fini par lui aussi se hâter s’il ne voulait pas se laisser distancer. Mais à peine sortie la jeune femme s’arrêta, ferma les yeux et prit de profondes respirations. Sean ralentit alors le pas, arrivant tranquillement jusqu’à elle et c’est à ce moment qu’elle décida de se tourner vers lui, le fixant de ses yeux sombres rougis de larmes, la lèvre peu assurée tentant de dessiner un sourire. Sean était prit par surprise. Il écarquillait un peu les yeux pour capter le message qu’elle voulait lui transmettre, un sourcil levé par l’incompréhension, puis il secoua un peu la tête à ses mots. Que pouvait-il lui rétorquer ? Ho non prenons le magicobus alors que tu as envie de te vider la tête après un moment somme toute traumatisant ? Il lui répondit d’un petit sourire en coin, un peu penaud, un peu coincé.
« Non, bien sur que non, allons-y. »

Ils déambulèrent ainsi dans les rues de Londres, combien de temps, Sean ne saurait le dire. Pour une fois il prenait le temps, ça ne lui arrivait pas si souvent. Il observait les devantures des boutiques devant lesquelles ils passaient, croisaient les passants qui s’écartaient naturellement. Il fallait bien avouer que leur duo devait évoquer un couple quelque peu intimidant en ville, Rose en imposait naturellement et avec la cape ébène sur les épaules et le regard plongé dans ses réflexions, elle ne laissait guère le choix aux autres que de l’éviter. Sean quant à lui dans son ensemble sombre, les mains toujours au fond des poches, les sourcils froncés ne laissait pas plus de latitude aux piétons pressés.Il n’en avait cure, il se demandait plutôt quel ouragan pouvait souffler dans le crâne de sa coéquipière. Elle allait droit, mais ce n’était pas son esprit qui guidait ses pas. Sean connaissait le regard, pas chez elle, mais il l’avait déjà vu, le corps par la force de l’habitude prenait le pas sur l’esprit pour le mener à bon port. Il n’avait donc pas a s’inquiéter pour le labyrinthe de ruelles qu’ils dévalaient. Pour autant, la nature de ses pensées lui échappaient totalement. Il n’avait aucune utilité, il était une escorte. Cela lui pesait, il était son coéquipier bon sang, il aurait du être en mesure de faire mieux que cela.
Après la mort de Sarah, il s’était bien trop renfermé. Sarah était la femme d’un ami, du meilleur ami de son frère, ils se connaissaient presque par cœur, s’était presque devenue une grande sœur en plus d’un mentor et d’une chère amie. Elle savait comment le prendre, jouer avec ses humeurs et son égo, perdre sa coéquipière qui lui était si chère… Il n’avait pas voulut recommencer le même scénario avec Rose. Elle était déjà assez proche de sa mère, de sa sœur, de ses frères… elle était aussi une coéquipière. Les débuts avaient été difficile, il voyait Sarah partout, Rose aussi venait de perdre son être cher et par un accord tacite, ils respectaient la peine de l’autre sans jugement, mais sans en parler non plus. Le temps avait fait son office, leur relation était devenu forte sur le terrain, pour autant l’accord tacite était resté inchangé et ils n’avaient jamais franchis la frontière du personnel, sauf du côté de la famille de Sean, mais ça… Ils avaient respectés l’un l’autre leur jardin secret, mais aujourd’hui, peut-être aurait-il mieux fallu que la porte s’entrebâille un peu, qu’ils laissent filtrer des informations, des broutilles, car dans le privé, ils étaient presque étrangers. Sean frissonnait. Il aurait du prendre une veste en plus de la cape, sa chemise sombre ne le protégeait guère du froid ambiant qui allait en s’intensifiant.

Il restait pour autant silencieux, il n’allait pas se plaindre maintenant. Comme disait sa mère, le froid ça revigore et ça resserre les pores. Quel qu’en soit le bénéfice autant le prendre. Il n’avait rien de mieux à faire de toute façon. Il avait envie d’une clope, mais la boite métallique où il les rangeait était resté dans la cape. Merde. Mais qu’est-ce qu’il foutait là… Qu’est ce qu’il pouvait faire maintenant ? Il n’avait pas les mots, il n’avait pas les gestes, il n’avait pas le caractère pour aider Rose à aller mieux. Quand son père était mort il avait pété un câble, frappait chaque gamin qui le regardait de travers ou qui lui en donnait l’occasion. A la mort de Sarah, il s’était prostré dans sa chambre et avait fait vivre un petit enfer à ses proches. C’était voir la tombe de Sara qui l’avait aidé à avancer, ça n’avait pas été un moment facile de se recueillir, il s’en voulait encore de l’avoir laissé, de l’avoir écouté. Au comportement de Rose devant l’épitaphe, il devinait qu’elle n’avait jamais fait le voyage au cimetière pour cela avant. Elle avait posé un mouchoir sur sa blessure ruisselante, la laissant croupir dans un coin, se nécroser. Et là, par un concours de circonstance hasardeux, on venait de lui arracher le pansement et tout ce qui avait collé en dessous avec. Il n’imaginait pas la douleur, mais il pouvait la comprendre. Elle était à vif, son esprit n’avait pas encaissé le coup et il n’avait pas de cheatcode pour l’aider à relancer la machine. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle ne ferait rien de stupide.

Les pas de l’Auror ralentirent et Sean se cala sur le mouvement. Ils s’étaient arrêtés devant un immeuble moderne de béton et de verre. Sean renifla, il faisait froid et quelques gouttes commençaient à tomber. Alors c’était là que vivait la Cartwright ? Pas mal, elle avait les moyens !

- Je suis...

Son regard se baissa sur sa partenaire qui prenait enfin la parole. Sa voix était plus rauque qu’à l’accoutumé, pas étonnant quand on retenait des sanglots et restait muettes pendant… combien de temps maintenant marchaient-ils ainsi ?
Il haussa les épaules lorsqu’elle réussit à prononcer sa première phrase complète, que répondre à ça ? Un petit sourire en coin accompagnait tout de même son geste. Ce n’était rien. Il avait juste eu la chance de la voir partir, l’impulsion de la suivre, pour le reste… il avait improvisé gauchement. Il ne se sentait pas vraiment l’âme d’un héros aujourd’hui, mais si cela avait pu l’aider…
L’Irlandais se passa la main dans les cheveux, hésitant quant à la proposition que lui faisait sa coéquipière. Était-ce une bonne idée ? Certes il avait envie d’un bon bain chaud pour se réchauffer, mais laisser Rose dans cet état… il fallait avouer que ça l’inquiétait un peu. Et cette foutue pluie qui s’intensifiait sur eux ! La dernière phrase acheva de lui faire prendre sa décision.
« Bon ok… mais... »
Il venait de se faire interrompre par une radée qui finissait de le glacer jusqu’aux os. Rose aussi n’avait plus fière allure, mais au moins SA cape LA protégeait.
« J’espère que tu as quelque chose de plus chaud que du jus de pomme…. »
Un sourire goguenard venait de poindre sur son minois irrévérencieux. Oh oui il l’espérait ! Il prendrait de la pomme plus tard, pour le moment ses cheveux s’aplatissait sur sa tête, l’eau ruisselait sur son visage, sa chemise sombre était digne d’un après-midi à jouer au T-shirt mouillé ! S’il ne voulait pas mourir d’hypothermie il lui faudrait autre chose qu’un jus de pomme !

Rose les guida à l’intérieur de l’immeuble. Sean n’eut pas le temps d’analyser son environnement, il était en vérité bien plus obnubilé sur le fait de foutre de l’eau un peu partout… Dommage, l’endroit avait l’air pourtant bien propre avant leur venue. Ils entrèrent dans un ascenseur au fond de la pièce,  on aurait pu le croire de confection moldu, pourtant quelques petits détails attiraient l’attention, comme le fait qu’il n’avait aucun bouton pour indiquer à quel étage ses passagers souhaitaient se rendre, et pas non plus d’affichage digital pour leur dire où ils se trouvaient. Sean restait silencieux, pour lui qui connaissait assez bien le monde moldu, cela était un peu perturbant. A leurs pieds une petite flaque commençait à se former. Ils n’avaient pourtant pas été longtemps sous la pluie, mais elle avait été assez violente pour les doucher entièrement. Pas plus le temps de s’appesantir sur l’état de sa tenue qui moulait un peu trop les muscles de son buste, que la porte s’ouvrit sur un sas qui donnait lui-même sur une porte unique. Rose sortie une clef et la magie se prit en branle pour la déverrouiller. On se croirait presque à Gringotts, l’endroit était protégé. Rose était bien plus prudente qu’elle en avait l’air. La jeune femme entra, Sean était sur ses talons et ferma la porte derrière lui. L’endroit était encore sombre, il donnait sur un grand salon dont les baies vitrées opaques virèrent soudainement au clair par un sort de Rose. A travers elles, l’on pouvait voir la pluie s’abattre sur le Sud Londonien. En son fort intérieur, Sean était ravie de ne plus être dessous. La clarté toute relative révéla un peu plus les détails de la pièce. Il distinguait maintenant une cuisine ouverte au fond, le salon possédait un canapé et deux beaux fauteuil, mais l’Irlandais ne poussa pas plus avant ses investigations. A vrai dire, il n’avait pas bougé de l’entrée.

« Hum… Rose ? Tu aurais une serviette à me dépanner avant que je te salisses ton chez-toi ? »

L’endroit était soigné et il était lui-même du genre organisé, alors laisser une traînée d’eau dans le salon que sa coéquipière lui faisait tout juste découvrir le préoccupait un peu.

Fioriture02

Sean prit une grande inspiration à l’extérieur. Le temps était encore gris, mais il n’avait pas encore tourné à l’orage, peut-être seraient-il épargnés finalement ? Ses prunelles tombèrent sur Rose. Elle n’avait plus rien à voir avec la femme qu’il avait raccompagné ce fameux soir. Un doux sourire étira ses lèvres.

« Je suppose qu’il faudra aller chez les moldus pour Leah…  On passe à Myrna du coup? » Il la poussa un peu de l’épaule, les mains déjà enfoncées dans ses poches. « Allez madame la guide ! Je vous suis ! »

(c) DΛNDELION
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Dim 29 Nov - 7:51
Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Sean O'Malley  Ϟ 04 décembre 2019


L’Irlandaise eut un sourire mi-amusé, mi-réprobateur lorsque Sean sembla jouer l’enfant, comme pour se moquer d’elle, tout en présentant le cadeau qu’il avait trouvé pour Jimmy. Mais au fond, elle était déjà bien assez satisfaite qu’il accepte de se donner au jeu, et que Jimmy soit le premier de la liste à être comblé, pour lui en tenir rigueur. Il n’y avait plus qu’à espérer que ce duo de sphères plaira au collégien. Cependant la sorcière n’en doutait pas le moins du monde.
Lorsque son partenaire lui proposa un second présent pour Myrna, elle approuva aussitôt :
- Superbe idée ! On va tenter de trouver ça. Le plaid ira à merveille avec l’infusion !
Pour le coup il n’avait pas chômé. Et autant l’infusion finirait par disparaître avec le temps, autant le cadeau de Sean resterait, continuant à apaiser sa mère au fil des années. C’était parfait !

Rose emboîta finalement le pas de son collègue, déposant les deux plantes près du commerçant pour qu’il puisse prendre connaissance de leurs achats. C’était sans compter sur la rancune de Sean, plus encore que sa malice. Légitime certes, mais pleine de raillerie. Le boutiquier ne tarda pas à faire une ristourne aux deux compères, noyant tout cela sous des excuses qu’il se donnait bien du mal à monter de toutes pièces. Et Sean de le juger comme il savait si bien le faire. Pauvre bonhomme. Une erreur et il en était fini de sa crédibilité pour l’Auror, vexé et acerbe. Malgré tout, l'affaire fut vite conclue et le ton resta sur celui de la douce diplomatie. Salée certe, mais pacifique. Rose n’eut aucune raison d’intervenir, laissant simplement son partenaire vider un peu son sac. Qui lui n’était pas de poudre ramenant à la mémoire des moments traumatisants !
Rose paya alors sa part, remerciant courtoisement le commerçant pour le paquet de qualité et la diversité de sa boutique. Après quoi, les deux Aurors furent vite dehors. La métamorphomage se demanda cependant combien de temps le gérant allait patienter avant de retourner enguirlander son salarié fautif pour la réputation qu’il venait de se donner. Si elle avait eu de mauvaises pensées, elle aurait certainement aimé se changer en un autre client pour revenir sur ses pas et entendre tout cela. Mais ce n’était véritablement pas digne d’un comportement adulte et mature. Ils avaient par ailleurs bien mieux à faire, le temps tournant de plus en plus au gris.
C’est à cet instant qu’elle se rendit compte que Sean semblait perdre son regard sur sa personne. Logique toutefois, elle avait quelque peu traîné après tout. Elle ne s'en incommoda donc pas outre mesure.
- Ok, faisons ça.
À peine ces quelques mots furent-ils prononcés qu’elle subit une amicale bousculade. Ce à quoi Rose tenta de répondre aussitôt, mais allez faire le poids contre un homme taillé comme Sean. Et certainement préparé à une réplique de sa part de surcroît ! Si son épaule heurta bien le jeune homme en retour, sans grande violence, elle ne fut pas certaine de l’avoir fait bouger d’un pouce. Elle n’y avait certes mis ni tout son poids, ni toute sa force, mais cela l'amusait malgré tout. Cette défaite n’était que partie remise. Son regard eut tout l’air d’une promesse espiègle qu’elle remettrait à plus tard.
Des gosses ! Franchement ! Mais qu’est-ce que cela les changeait du boulot...
- Tu veux que je garde ton cadeau ? J'ai pris un petit sac sans fond pour qu'on soit moins encombré, fit-elle, tout en plaçant son globe tout enrubanné dans une sacoche en bandoulière qui tombait sur sa hanche.

Ils marchèrent un moment, parcourant des yeux les diverses vitrines qu’ils croisaient. Rose était certaine de pouvoir trouver ce que recherchait Sean, mais cela ne semblait pas être dans l’allée principale. Elle appela à elle quelques souvenirs, avant d'entraîner son comparse dans une rue adjacente et assez large pour permettre une bonne circulation des badauds. Même si celle-ci était moins peuplée que l'artère principale, il y avait quelque peu foule. Après tout, la date de Noël se rapprochant, tout le monde venait ici pour faire des achats et faire grandir leur nombre de paquets à offrir.
C’est là qu’une subtile et agréable odeur de chocolat et de thé fit frémir ses narines. Son regard s’arrêta un instant sur le nom de l’enseigne, tandis que le parfum faisait resurgir sa mémoire somme toute bien éveillée.

______


L’invitation que Rose proposa sembla troubler son collègue. Peut-être l'aurait-elle remarqué dans un autre état d’esprit, mais ce ne fut malheureusement pas le cas en cet instant. Incapable de déceler sa gêne, elle ne manifesta pas plus à son égard qu’une attente patiente. Une réponse, n’importe laquelle lui aurait suffi. Mais au fin fond d’elle-même, il y avait une étincelle qui lui soufflait qu’elle ne supporterait pas cette journée seule. Même si cela ne faisait que repousser l’inévitable, elle n’était pas capable de rejoindre cet appartement, où Erwan avait vécu près d'elle des années, comme si de rien n’était.
La pluie qui commença à se manifester n’émut pas davantage la sorcière, qui ne sembla pas prendre réellement conscience de son arrivée. Cependant, lorsque Sean accepta finalement de la suivre, précisant qu’il voulait quelque chose de chaud, Rose lui échangea un sourire fragile, baissant les yeux. Rassurée qu’il accepte. Inquiète de la suite. Perdue.

En pénétrant dans le bâtiment, ils purent tout de suite ressentir la chaleur du lieu. Cela doucha une partie de son anxiété. Le hall d’entrée était davantage semblable à un lieu de réception ici. Entrer était simple, une simple porte non verrouillée séparant la rue de l’intérieur. De grandes baies vitrées donnaient sur l’extérieur et laissaient entrer la lumière. S’il n’y avait pas grand-chose ici, l’espace était relativement grand et propre. Près des fenêtres, quelques sièges étaient disposés autour d’une table basse où traînaient diverses gazettes récentes. Des luminaires et plantes finissaient d’harmoniser l’ensemble. Plus loin, c’était un petit bureau qui se dressait devant la porte d’un local explicitement privé. Personne ne se tenait derrière le meuble de bois massif. Rose ne sourcilla pas le moindre du monde. L’elfe de maison qui s’occupait de la résidence devait certainement être occupé dans les parties communes ou en conversation avec un des locataires. Cela arrivait parfois.

Rose et son invité se dirigèrent alors vers l'ascenseur visible au fond. Les portes de celui-ci s’ouvrirent seules à leur approche et se refermèrent dès qu’ils y entrèrent. Rose n'eut rien à faire. Pas plus que Sean. La cabine magique monta seule jusqu’à l'étage de son appartement, sans aucune indication de leur part. Les portes coulissèrent alors, donnant sur un court couloir où une seule porte régnait. Sol et murs étaient colorés d’un bleu pétrole, l’un de par une moquette épaisse, l’autre simplement par de la peinture satinée. Le son de leurs pas fut bien vite étouffé à mesure qu'ils se rapprochaient de la porte. Rose inséra une petite clé en argent, qu’elle portait à une chaîne autour de son cou et une multitude de bruits mécaniques et légers se mirent à ronronner. Jusqu’au déclic. Rose retira la clé et, ouvrant la porte, invita Sean à la suivre.

Comme à chaque fois qu’elle revenait dans l’appartement en journée, la première action que fit l’Auror fut de faire entrer la lumière du Soleil. D’un coup de baguette, les fenêtres jusque-là opaques devinrent totalement transparentes. Ou du moins… elles l’étaient pour les gens à l’intérieur. Il n’était pas possible depuis l’extérieur de voir ce qui se passait à travers le verre magique. Ainsi impossible de savoir si elle était présente ou non, et ce qu’elle pouvait y faire. À travers le verre, c'était une bonne partie du Londres sorcier qui était discernable. Être au septième et dernier étage présentait souvent des avantages. Cependant, la pluie se déversant dans la rue donnait une atmosphère assez morose à cette vue qui perdait de sa splendeur. Malgré tout l'appartement demeurait lumineux, et ce qu'importe le manque de clarté à l'extérieur.

Ce n’est qu’au moment où elle verrouilla derrière eux et qu’elle s'apprêta à se découvrir qu’elle se rappela qu’elle portait la cape de Sean depuis tout ce temps. Chaleureuse et confortable, elle ne pesait plus tant sur ses épaules après tout ce chemin parcouru. L’esprit troublé, tout avait donné lieu à un oubli total de cette possession qui n’était clairement pas la sienne. Ses yeux s'agrandirent davantage lorsque Sean, un peu embarrassé, lui demanda si elle pouvait lui procurer une serviette pour qu’il ne salisse pas son intérieur. Se retournant vers lui, elle fut saisie, comme sortant d’un rêve soudainement. Son partenaire était trempé. Sa tignasse avait perdu de son panache et ses vêtements collaient méticuleusement la sculpture de son corps. Mais dans quel monde parallèle s’était-elle perdue pour ne pas remarquer quelque chose d’aussi élémentaire ? Quel qu’il fût, elle aurait donné cher pour s’y enfuir totalement à nouveau et éviter la honte qui l’accaparait brusquement. Si elle s’était trouvée ridicule au pied de l’immeuble, c’était désormais pire encore.
La sorcière bafouilla une excuse singulière, ôtant la cape, qui contrairement à Sean était totalement sèche, et entreprit de la suspendre en vitesse près d'un grand miroir où trônait divers accessoires et manteaux. Le tissu de la cape devait très certainement être enchanté artisanalement par le sort Impervius. D’ailleurs pourquoi son collègue ne s’était-il pas protégé de la pluie au moyen de sa magie ? Rose éluda la question tout aussi vite qu’elle lui était apparue, partant plutôt chercher en quatrième vitesse de quoi l’aider à se sécher :
- Entre, entre, ne t’inquiète pas de ça. N'enlève pas tes chaussures, je garde toujours les miennes pour partir en urgence.
Rose traversa le vaste salon décoré et ouvrit l’une des quatre portes fermées, entrant dans la salle de bain. C’est en s'approchant du meuble contenant ce qu'elle désirait qu’elle croisât son reflet dans le miroir et se rendit compte à quel point ses yeux avaient pleuré et ses traits étaient tendus. Dire qu’elle se haïssait d'être ainsi était un bel euphémisme. Elle qui pouvait passer son temps à partir sur n'importe quel type de missions, se salir les mains pour que les sorciers civils puissent dormir sur leurs deux oreilles, se retrouvait aussi… C’était absurde. Elle hésita un bref instant, prête à corriger ses défauts détestables grâce à son don de métamorphose. Mais au final… dans quel but ? Mentir ? Encore ? Un long soupir accueillit sa décision de laisser les choses ainsi. Il était plus que temps qu’elle l’accepte. Elle ne pouvait plus passer son temps à tricher et prétendre. C’était un fait, elle ne parvenait pas à encaisser son deuil. Elle avait beau faire des prodiges dans son domaine, elle ne pouvait pas accepter les erreurs qu’elle avait commises et qui avait fait basculer la vie d’Erwan… Et tandis qu’elle songeait à sa peine, Sean était là à attendre que quelque chose se passe. Un nouveau soupir, tremblant. Aller… Il fallait qu’elle avance.
Rose ressorti à peine quelques instants plus tard, plus calme et tendant deux linges de bain violets et propres à son partenaire de terrain : l’un assez grand pour entourer le corps d’un adulte et l’autre suffisant pour la tête et la chevelure.
- Tiens, installe-toi où tu veux. Si tu as besoin de quoi que ce soit d’autre, n’hésite pas.

Elle attendit qu’il récupère le lot, aussi amicale qu’elle le puisse, et partit en direction de la cuisine ouverte qui jouxtait le salon, dans l’intention de trouver de quoi réchauffer Sean, comme il le lui avait demandé en acceptant l'invitation. Elle n’avait pas l'habitude de recevoir, Luca étant la seule âme à venir errer ici, et de ce fait n’avait pas grand-chose d’extraordinaire à offrir. Le jus de pommes ne suffisant pas, elle devait se pencher sur d’autres solutions. Elle aurait pu préparer quelques bièraubeurres maison, mais doutait que ce soit réellement le meilleur moment pour s'alcooliser. Déjà qu’elle n’avait pas le plein contrôle d’elle-même actuellement, qu’est-ce que ce serait si elle finissait par glisser dans l’ivresse. Non, mieux valait partir sur quelque chose de plus sûr. Plus classique. Son regard s'arrêta sur quelques tablettes de chocolat que Myrna lui avait offert quelques jours auparavant, pour une raison qu’elle seule savait trouver pour lui faire accepter un cadeau. Quoi de plus juste que de partager ce petit plaisir avec son fils au final. C’était donc tout décidé.
À l'aide de quelques sorts pour s’alléger la tâche, Rose réorganisa son espace, poussant la corbeille à fruits ou les courses qu'elle n'avait pas pris le temps de ranger. Sa magie pour assistante, elle sortit les ingrédients dont elle avait besoin, fit frémir le lait, fondre le chocolat, extraire les graines d’une gousse de vanille, saupoudrer un peu de cannelle… Elle s’appliquait avec une minutie toute particulière. Étrangement, cette activité parvint à calmer son esprit, bien trop concentrée à ne pas rater cette préparation. Elle veillait dessus comme s’il s’agissait d’une potion capable de lui exploser au visage. Ou de sauver la vie de quelqu’un. Le parallèle lui tira même un triste sourire. Elle se sauvait un peu elle-même de cette façon en vérité.

Il ne fallut que quelques minutes de préparation pour que le résultat soit prêt à être dégusté. La sorcière finit par verser le chocolat chaud dans deux tasses accordées et revint vers un Sean bien plus sec désormais. S’installant dans l’unique canapé, le lieu où elle avait pris l’habitude de s’endormir à dire vrai, elle prit plaisir à respirer l’arôme et à tenir la boisson fumante entre ses mains. Sans même en boire le contenu, son âme tout entière semblait s’adoucir et se réchauffer.
- J’espère que ça te plaira.
Elle brûlait d’envie de le remercier d’être là, mais ces mots s’arrêtèrent à la paroi de ses lèvres. Pour cacher son embarras, elle entreprit de souffler dans le mug, puis pris quelques gorgées. C’était si vivifiant après cette cruelle journée qu’elle venait de traverser ! Sincèrement, Myrna trouvait une nouvelle fois grâce à son cœur :
- C’est le chocolat que ta mère m’a offert la dernière fois. Ça me fait penser que...
Non ! Trop tard... Elle ne pouvait pas laisser cette phrase en suspens ainsi. Alors ? Mentir à nouveau ? Elle venait de décider d'assumer, elle ne pouvait dûment pas faire marche arrière à nouveau.
Peu à peu, le regard de l’Irlandaise se vida, se perdant dans les nuances chocolatées qui bordaient la porcelaine :
- J’en buvais un avec ta mère le matin où on m’a sorti de mon isolement pour me mettre en équipe avec toi.
Cela datait désormais. Pourtant Rose était bien incapable d’oublier ses actions. La façon que Myrna avait utilisée pour pouvoir la voir le matin de cette première journée. Les questions qu’elle lui avait posées… Ce regard maternel que Rose ne trouvait chez personne d'autre qu’elle.
Un souffle lui échappa, comme un rire éteint :
- Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je ne savais même pas que ce serait toi avant qu’elle ne me le dise… Je ne savais pas si je serais réellement prête. Je ne savais pas non plus si tu le serais...
Ses yeux se levèrent enfin vers son collègue, braquant dans ses prunelles un semblant de douce détermination :
- Comment fais-tu..?
Une question à moitié murmurée. À moitié ravisée. Elle n’avait jamais osé le lui demander, de peur notamment qu’il ne lui retourne la question et qu’elle ne puisse y répondre. De peur peut-être aussi qu’elle se trompe et qu’il soit comme elle, incapable de tenir cette peine. Ce deuil. Cette colère profonde contre soi-même d’être… le survivant. Mais dans ce cocon dans lequel ils se tenaient, elle espérait qu’il accepterait de lui livrer ses pensées.

______


Les pas de la sorcière ne s’arrêtèrent pas, tandis qu’elle fit un bref signe de tête en direction de l’établissement chaleureux :
- Si on finit assez vite, on pourra se prendre un chocolat chaud ici, si tu veux.
Avec un peu de chance ils auraient peut-être aussi des préparations de tisanes ou thés qu’ils pourraient offrir à Myrna. A voir s’ils auraient quelque chose d’intéressant à leurs yeux. Et eux du temps surtout.

Enfin ils arrivèrent à la boutique que Rose s'évertuait à dénicher. Un petit établissement de textiles magiques où elle trouvait parfois son bonheur : capes, robes de sorciers, mais aussi écharpes, serviettes de bain et bien entendu plaids. Certains étaient enchantés avec précision, d’autres bien plus classiques. L’Auror était convaincue que Sean finirait par tomber sur ce qu’il cherchait ici.
Rose échangea un regard avec son compagnon, comme pour savoir si le lieu lui convenait avant de rentrer à l’intérieur.
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Ven 15 Jan - 2:12

Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Rose

04 décembre 2019
-
Ce n’était pas le temps maussade ou les souvenirs pas si lointains qui allaient l’empêcher de taquiner Rose. A peine sortie de la boutique, son regard s’était perdu sur elle, après tout avec toutes ces réminiscences qui remontaient en lui, il aurait été étonné du contraire. Il voyait une évolution flagrante chez sa partenaire. Bien que parsemée de zones d’ombre qui l’inquiétaient, son aura était bien plus étincelante à présent. Cela lui mettait un peu de baume au cœur et se traduisait par son incorrigible envie d’embêter son monde. Il fallait bien contrebalancer tout ce terne dans leurs vies. Ainsi la petite bousculade eu lieu et Rose répliqua de son mieux. Dans un autre contexte, Sean aurait pu être mit au sol sans aucune difficulté par celle-ci mais la force mise dans leur petit jeu ne le fit même pas bouger d’un centimètre. Peut-être était-ce finalement là le vrai signe du changement notable dans l’état d’esprit de Cartwright, elle n’y allait pas à fond, elle se laissait aller. Elle s’amusait en somme. En tout cas Sean était enclin à y croire. Le ciel était certes bien gris, mais les vitrines de Noël, la musique sortant de certains établissements, les décorations voletantes un peu partout donnaient cette ambiance festive si particulière que seul Noël savait concocter. Même l’odeur du chemin de traverse n’avait plus rien à voir avec celle de d’habitude. On y reniflait volontiers le vin chaud, les épices des petits gâteaux et même quelques jus de citrouilles encore frais pour les enfants.

Tandis qu’elle faisait disparaitre son achat pour Jimmy dans les tréfonds de son sac enchanté, elle lui proposa de garder le sien par la même occasion. Sean observa son paquet un instant, il n’avait même pas pensé à se prendre un sac avant de partir…  

« Je crois que je vais abuser de ta proposition, je n’ai rien pris à part mes gros bras… et très franchement je n’ai pas très envie de m’encombrer. »

Lui tendant le paquet avec un sourire aux lèvres non feint, il jeta un coup d’œil un peu plus appuyé au sac à bandoulière. Il ne se souvenait pas d’avoir déjà vu Rose avec. En même temps ce n’était pas forcement le genre de chose qu’elle pouvait prendre au boulot ou en mission, et ils ne retrouvaient pas très souvent en dehors hormis pour aller à la demeure familiale des O’Malley.
Rose y venait si régulièrement que c’était une habitude de l’y voir à présent, en vérité parfois ça l’étonnait presque plus de la compter absente. C’était presque déroutant de voir la vitesse à laquelle elle s’était acclimatée à leur famille, leurs histoires, leur manière de fonctionner. Même Jimmy n’y trouvait rien à redire malgré sa timidité maladive.

Un peu dans ses pensées, ils avancèrent durant plusieurs minutes, quittant même l’axe principal pour se faufiler dans les ruelles toutes aussi décorées, à croire qu’elles rivalisaient toutes entre elles… la ville avait fait un concours ? Passant devant une enseigne agréablement odorante Rose attira son attention sur celle-ci, lui proposant par la même occasion de se sustenter dans l’établissement par la suite. Sean releva un peu le nez pour observer dans son entièreté la boutique en question. Ça avait l’air plutôt cosy. Il acquiesça alors, un sourire toujours taquin au visage.

« Il va falloir faire très vite alors ! J’entends ton estomac d’ici ! »

Il s’attendait presque à recevoir un coup de poing sur l’épaule. Rose ne faisait pas parti des gens qu’on pouvait qualifier de gourmands, pour autant si elle en parlait c’est qu’un petit creux devait se faire sentir non ? A moins que ça ne soit le chocolat chaud ? Après tout ce n’était pas la première fois qu’il la verrait en boire…
Leurs pas les avaient déjà menés plus loin, une autre boutique devant laquelle l’irlandaise s’était arrêtée et que son compatriote approuvait en silence. Pas de doute, Rose savait exactement où aller pour ce genre de choses ! Lui retournant un regard approbateur, il poussa la porte de la boutique qui tinta elle aussi.  Mais qu’avaient-ils tous avec leurs clochettes ?! Au moins cette fois, il n’y avait pas de poudre.

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L’odeur de la pluie était bien présente sur lui. Même si elle ne dégoulinait plus au-dessus de sa tête, son corps, lui, continuait de ruisseler des gouttes qui s’étaient amassées dans ses cheveux et ses vêtements. Debout dans l’entrée de l’appartement de Rose, c’était une petite flaque qui n’en finissait de grossir autour de lui. Pour une raison dont il ne cherchait pas encore à définir la nature, il se sentait de trop dans ces murs. Certes il ne voulait pas salir l’endroit et le mobilier, mais il y avait quelque chose de lourd ici, encore bien plus lourd que le silence de Rose dans les rues de Londres. Au final, il devinait sans trop de peine pourquoi. Pourquoi elle avait voulu rentrer à pieds, pourquoi ses probables détours qui pourtant la guidaient instinctivement vers ce lieu, son refuge, sa maison. Quelque chose d’autre habitait les lieux, une présence, pas comme celle d’un fantôme ou d’une créature magique, mais l’espace était chargé de moments de vies où Sean était un intrus. Pour autant, bien que la décoration soit de bon gout, ce n’était pas de l’état de l’appartement qu’il était venu s’enquérir, mais bien de celui de sa propriétaire et c’était elle qui avait insisté pour le faire monter.
Son regard trouva celui de Rose alors qu’il lui demandait de quoi s’essorer, et il vit très nettement la stupeur dans ses yeux alors qu’elle le regardait comme si elle le voyait pour la première fois. Sans un mot, il l’observa poser sa cape sur un miroir avant de disparaitre dans ce qu’il devina être sa salle de bain. Non sans lui avoir conseiller de garder ses chaussures. Rose était encore plus perturbée qu’il ne le craignait. Au moins son esprit semblait-il remonter à la surface à présent. Se dirigeant vers le miroir et sa cape, il détailla sa tenue. Pathétiquement trempé…  Puis attrapant sa baguette à la ceinture fit disparaitre la flaque d’eau qu’il avait laissé ainsi que ses traces. Voyant sa coéquipière ressortir, il la rangea l’air de rien, attrapant avec un sourire plus timide cette fois le lot des serviettes qu’on lui tendait. Gardant la plus grande sous le coude, il entreprit de se frotter la tête avec l’autre. Rose n’avait pas attendu qu’il se sèche, de manière mécanique ou par fuite, elle s’était dirigée vers sa cuisine ouverte, qui lui permettait de garder un œil sur elle.
Rester immobile était gênant à force, Rose ne pipait mot et il ne voulait pas plus la perturber qu’elle ne l’était déjà. Elle ne faisait pas attention à lui, alors il se mit à déambuler dans le living-room, s’appropriant l’espace, détaillant ses bibelots. Dans l’ensemble si l’on oubliait le matériel électronique, l’appartement avait presque plus une allure moldue que sorcière. Sur sa table basse, des livres de médecines avaient été oubliés, des notes griffonnées, les couvertures statiques s’entremêlaient avec les parchemins et photos mouvantes.  Sur un autre meuble des cadres photos dont les personnages vivaient leurs petites vies en souriant, il reconnaissait quelques visages parmi eux L’un des cadres était face contre sol, un écrin à ses côtés. Sean était curieux, très curieux même, mais ce n’était pas le moment pour cela.  Il se détourna vite, pour ne pas plus se laisser tenter il avisa alors une horloge murale en piteux état mais fonctionnelle. Un vestige du passé ? Ou s’était-il produit dans cet endroit des évènements plus intéressants qu’il ne le laissait paraitre ?  Sean avait du mal à se défaire des ombres qui naviguaient autour de Rose. C’était sa coéquipière oui, et en mission il pouvait lui confier sa vie sans ciller, mais hors du travail… Hors du travail c’était surement le reste de sa famille qui la connaissait le mieux, sans parler de son attitude incompréhensible durant l’attaque du ministère et d’autres choses encore… Il lança un regard sur Rose, qui s’affairait sur sa préparation. Au final il ne la connaissait pas si bien, et pourtant, c’était de son soutien dont elle avait besoin en cet instant. Un concours de circonstance probablement, elle se serait raccrochée à toute personne qui aurait été là à sa place. En revanche, lui n’aurait peut-être pas été à cette place pour quelqu’un d’autre.

Avisant le canapé qu’il avait jusque là délaissé, il étendit la plus grande serviette et s’y assit, la plus petite sur les épaules, il sorti à nouveau sa baguette et utilisa quelques sorts pour assécher ses habits. Le pantalon tout d’abord, puis la chemise, qui se décolla un peu de son torse. Ce n’était pas parfait, mais ça suffirait pour ne pas traverser le tissu éponge. Il aperçut alors, posé tout contre, un oreiller et un plaid bien replié, mais dont on devinait une utilité quasi quotidienne. Si le principe de voir une couverture près d’un canapé était monnaie courante, celui de l’oreiller laissait entrevoir une toute autre utilité.
C’est à cet instant que Rose revint pour s’assoir à ses côtés, déposant une tasse dont les arômes cacaotés venaient titiller ses narines. Sean la remercia d’un sourire et prit sa tasse en main, la douce chaleur l’envahit immédiatement. Il avait eu si froid que cela ? Le bout de ses doigts le piquait, la différence de température était assez forte pour que sa circulation sanguine le fasse savoir.

« C’est parfait, merci. »

Sans attendre, il porta le breuvage à ses lèvres. C’était délicieux. Les notes de cannelle et de vanille relevaient l’onctuosité et la rondeur du chocolat. Myrna savait certes bien choisir ses produits, mais on sentait la patte d’une technicienne des potions de génie. Les dosages, tout comme l’assaisonnement, étaient forcement la clef pour sublimer les grands plaisirs gustatifs de ce monde. Il bénit cependant sa mère pour ce cadeau impromptu. Le nez dans sa tasse fumante, il sentit l’hésitation dans la voix de Rose, puis sa reprise. Quelque part, il était content de faire mine de ne pouvoir répondre immédiatement. Il ne s’était pas attendu à ce discours. Essuyant le lait qui aurait pu laisser une moustache assez peu de circonstance, il observait Rose avec attention quand ses yeux si sombres semblèrent engloutir les siens.
Sean déglutit, avec difficulté. Ils n’avaient jamais abordé aussi frontalement ces événements, que ce soit leur mise en duo ou la perte. Sean évitait habilement ce genre de discussion, même avec Myrna. Il reposa sa tasse. Cela lui faisait gagner quelques secondes pour trouver ses mots. Mais pour dire quoi ? Que le fait d’avoir été sur la tombe de Sara avant de reprendre le travail avec elle ne l’avait surement pas plus aidé au final ? Seulement évité un choc aussi brutal que le sien ? Qu’il n’avait jamais fait le deuil de personne ? Ni de son père, ni de son mentor. Qu’ils avaient mis ensemble deux êtres brisés pour espérer qu’ils colmatent leurs brèches pour ne pas reproduire un traumatisme ? Ce n’était pas ce qu’elle voulait entendre, ce n’était pas ce qu’elle avait besoin d’entendre. Lui mentir n’était pourtant pas une option, mais pouvait-il lui offrir ce qu’elle voulait ? Une inspiration, rapide et profonde.

« J’avance. Pour eux. Pour moi. Pour ne pas les oublier ou les décevoir. » Il eut un petit rire nerveux. « Je serre les dents, pour faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Mais je n’étais pas plus préparé que toi ce jour-là.… Et toi, comment as-tu fais jusque-là ? »

Il n’avait pas quitté son regard, et il luttait contre son envie primaire de détourner les yeux, de fuir cette conversation. Si Sean était de nature sociable, c’était jusqu’à un certain point. Un point qu’il savait esquiver et était passé maitre pour le faire. Ses démons étaient les siens, et personne n’avait à les voir. Mais là, il se sentait obligé, pris au piège, quelque peu mal à l’aise, sans pour autant avoir la possibilité de le laisser paraitre. Rose venait d’ouvrir le premier verrou d’une armure grippée par le temps et l’habitude. C’était une sensation étrange.

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L’endroit était chic, une de ces petites boutiques connues non pas du grand public, mais de connaisseuses qui savaient se passer le mot et dont les bourses pouvaient couvrir les frais de leurs folies. Sans être trop pimpante, elle avait le bon gout d’être chaleureuse, et très boisée. Des femmes s’affairaient dans les rayonnages bien garnis. Sean semblait d’ailleurs le seul homme présent et cela ne manqua pas de taper dans l’œil d’une vendeuse qui l'aurait cru presque perdu si Rose n’était pas apparue au même instant à ses côtés. Il se serait presque outré d’une telle discrimination envers son genre. Ce n’était pas l’endroit pour ça, et il avait déjà rabroué un gérant de boutique, il ne voulait pas se mettre tout le quartier à dos non plus.

« Les ponchos s’il vous plait. »

Il suivit donc l’aimable vendeuse jusqu’au rayon voulu et commença à regarder les modèles. Avec chance, et parce que Rose avait très bien su le conseiller, certaines étoffes étaient ensorcelées comme il le souhaitait. Au touché un parfum s’en dégageait, présent mais éphémère, ce qui évitait l’entêtement. Lorsqu’il trouva l’odeur parfaite, il ne resta plus qu’à choisir le modèle et là encore il fit appel à sa coéquipière qui était incontestablement bien plus à jour que lui sur les gouts vestimentaires de Myrna. Il leur fallu un peu de temps pour débattre de la couleur mais au final le choix se porta sur une étoffe de flanelle réversible aux couleurs douces et aux motifs un peu ethniques. La vendeuse le délesta avec un aimable sourire de son argent avant d’empaqueter le tout pour l’occasion. En sortant le tintement fit lever les yeux au ciel à l’Irlandais.

« Citron-miel, je pense que c’est le parfum qui convenait le mieux à ma mère. Elle nous fait régulièrement des grogs aromatisés ainsi.  En parlant de boisson… la boutique de Leah est chez les moldu et pour l’autre imbécile de la fratrie j’ai déjà quelque chose de prévu alors, sauf si tu as d’autres chose à aller voir… Tu voudrais prendre le chocolat chaud dès maintenant ? »

Les odeurs agréables de la boutique avaient fini par lui ouvrir un peu l’appétit. Se frottant de nouveau la nuque, il attendait la réponse de Rose tout en se dirigeant d’un pas plus léger vers la rue principale et donc la fameuse enseigne gourmande.

(c) DΛNDELION


Cadeau de Myrna:
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Ven 26 Fév - 3:15
Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Sean O'Malley  Ϟ 04 décembre 2019


À peine la porte passée, et les premiers mètres enjambés dans la boutique de textiles, que quelques regards se posèrent sur Sean. De la curiosité, un soupçon de méfiance, un brin de malice. Ils étaient de toute sorte. Mais ils étaient surtout maladroits. Levant les yeux au ciel, ou plutôt vers les poutres de bois, l’Irlandaise rejoignit vite son partenaire, restant dans son sillage, avant que celui-ci ne se fasse dévorer tout cru par les clientes suspicieuses ou les salariées amusées. En sa présence, l’ambiance sembla retourner naturellement à la normale. Décidément… Est-ce que tous les hommes qui entraient ici se faisaient accueillir ainsi ? En vérité, avant aujourd’hui, elle n’y avait jamais songé. Il était vrai qu’elle n’avait jamais vu de client de gent masculine passer les portes. Néanmoins, elle aurait bien du mal à croire que Sean soit le premier du genre.
Alors qu’une vendeuse s'approchait, son collègue Auror eut tôt fait de lui présenter sa demande. Les ponchos ? Un sourire étira les lippes de Rose. La promenade l’avait donc amené à transformer son idée première ? À bien y songer, c'était parfait un poncho. N’était-ce pas un plaid qu'on pouvait transporter partout ?

Très vite, ils furent conduits dans le rayon qui convenait à leur demande. De nombreux tissus étaient proposés, de toutes couleurs, textures, odeurs. Rester ici toute la journée donnerait certainement mal au crâne à bon nombre de gens, mais leur visite ne durerait pas bien longtemps. Sean avait un sens du style et du détail bien à lui, ainsi qu’un œil critique perspicace qui l’amena à très vite ne sélectionner qu’un petit panel de choix. Avec l’aide de Rose, ils finirent d’écarter ce qui ne plairait définitivement pas à la mère O’Malley. Le plus dur était désormais à faire… réaliser le choix final. Un poncho majoritairement rouge, à l'esthétique proche d’un kilt, ou un plus abstrait, parsemé de symboles et lignes jaunes, clairs ou noirs.
Afin d’aider son camarade, Rose lui proposa de prendre l’apparence de Myrna, afin de voir ce qui lui irait le mieux. L’effet de surprise passé, Sean approuva l’idée d’un grand éclat de rire, la mettant au défi. Ni une ni deux, la sorcière transforma son apparence en ce qui lui semblait le plus proche de la femme qui lui évoquait tant la place d’une mère en son cœur. Son visage, sa corpulence, jusqu’à la finesse de ses doigts ou la longueur exacte de sa chevelure, tout concordait. “Myrose” était dans la place, un sourire éclatant adressé à son “fils”. Malgré leur amusement passager, ils reprirent assez vite leur sérieux lors des essayages. Enfilant l’un, puis l’autre, puis de nouveau le premier, la métamorphomage se tournait en tous sens, exposait son avis, prenait compte des remarques de son partenaire. À eux deux, ils finirent par enfin se mettre d’accord. Le poncho jaune irait décidément bien mieux à Myrna, dans sa coupe, comme dans ses teintes. Quant à l’odeur enchanteresse, elle ne pouvait que plaire à l’ex-Auror. C’était une évidence.

Il fallut bien moins de temps au duo pour quitter la boutique, un cadeau de plus emballé et glissé dans le sac de Rose. À l’air libre, loin des parfums doucement entêtants, elle put se rendre compte que les températures étaient en train de chuter. L’agitation dans les ruelles semblait plus soutenue, plus hâtive, malgré l’heure. Les gens semblaient se précipiter au chaud, que ce soit dans un magasin ou café. Ainsi, l’idée de Sean lui parut brillante :
- On a encore un peu de temps devant nous, effectivement. Une petite pause nous fera du bien. On peut retourner à l’endroit de tout à l’heure, non ?
Leurs pas les menèrent tout droit vers l’établissement d’où émaner de délicieuses fragrances. Décidément, ça, c’était un lieu qui donnait envie d’entrer. Elle en avait presque faim !

Poussant la porte, la première chose qui la marqua fut le bruit des conversations. Sans pour autant que le lieu soit bondé, la clientèle était pour autant nombreuse à être attablée et en pleine discussion. Le niveau sonore était loin d’être insupportable cela dit, et ceci provoquait juste un bourdonnement général, mêlé aux cliquetis de tasses ou quelques éclats de rire. L’intérieur était bien plus cosy que ce qu’en laissait paraître l’extérieur et la chaleur de l’endroit, réelle et émotionnelle, réchauffait bien vite le corps et l’âme.
Dans l’établissement, on venait au bar prendre commande avant de s’installer. Quelques personnes patientaient déjà sagement, ce qui permettait aux nouveaux arrivants d’avoir tout leur temps pour prendre connaissance des boissons et gourmandises proposées. Les écritures blanches sur le mur noir dansaient légèrement pour mettre en avant tel ou tel produit. Mais son regard fut irrémédiablement attiré vers un nom de chocolat chaud qui raviva à nouveau ses souvenirs à vif.

______


La tasse de chocolat chaud de Sean tinta clairement lorsqu’il la déposa sur la table basse, au milieu du peu d’espace libre qu’il restait entre ses parchemins et livres de médecine. Rose n’avait pas songé à les ranger avant de partir. A vrai dire, elle n’avait pas non plus anticipé que son partenaire se trouverait ici, dans son appartement, après la cérémonie. Mais s’il était un tant soit peu gêné par ce désordre organisé, il n’en démontra rien. Sa boisson déposée, il se redressa, tout à ses réflexions, qui semblaient bien intenses, cherchant certainement ses mots. La question n’était pas facile et Rose regrettait presque de l’avoir posée. À quoi jouait-elle exactement ? Pourtant, le sorcier finit par prendre la parole et l'éclairer de sa vision bien à lui de sa propre situation. Et de lui renvoyer aussitôt la politesse.
Bien entendu… Elle aurait dû se douter qu'en daignant tenter d’ouvrir un peu le cœur de Sean, il ne tarderait pas à faire de même avec elle. La mâchoire serrée, elle soutint le regard lourd que lui offrait le jeune homme. Il s’était confié. Il avait fait le second pas. Il fallait qu’elle fasse le troisième. Silencieux sur ce sujet depuis si longtemps, ils crevaient aujourd’hui cette bulle de faux-semblants qui avait trôné entre eux toutes ces années. Elle en avait percé la surface. Sean en déchirait toute l’enveloppe. Elle finirait par la piétiner, accompagnée de son partenaire ou non. Mais en avait-elle réellement la force ?
Les palpitations de son cœur se renforcèrent. Par peur. Doute. Et une émotion qu’elle ne parvenait pas à identifier. L’envie ? Une flammèche de volonté, qui voulait avaler tous les sentiments contraires qui la laissaient demeurer à l’isolement. Depuis… bien trop longtemps :
- Je n'ai pas vraiment eu le choix à vrai dire... Ce n'est pas que je ne voulais pas travailler avec toi. Ce n'est pas non plus que je voulais rester dans ce foutu placard...
La vulgarité remontait à mesure que son esprit s'embrouillait. Ses yeux se plissèrent, quittant doucement ceux de Sean :
- Je vis un peu au jour le jour, sans jamais vraiment me préoccuper de la semaine qui vient. Je pars toujours en mission avec le désir fou d’être utile à quelqu’un. De compter pour une famille, un collègue,... n’importe qui. Si je peux sauver des vies, c'est parfait. Si je dois mourir pour ça, je m'en moque éperdument.
Elle ne prit pas le temps de réfléchir à ce qu’elle venait de dire à l’instant. Elle n’en mesura ni la portée, ni le poids, et enchaîna aussitôt.
- Je crois... que je me cherche une valeur... ou une rédemption.
Ce dernier mot lui échappa dans un souffle, comme autant avoué que renié. Comme une révélation qu’elle avait soudainement pour elle-même. Ses iris se perdirent quelque part, elle ne saurait dire où. Ses pensées s'égarèrent tout autant. Se sentant dériver, elle posa négligemment la tasse sur ses notes, ne se préoccupant pas qu’elles puissent être souillées. Elle ne songeait plus qu’à ce qu’elle ravalait depuis si longtemps en elle et qui se déversait à travers ses mots :
- Il y a des jours où je m'efforce de ne pas y réfléchir, fais comme s'il ne s'était rien passé. Qu'il n'avait jamais... existé.
À ces mots un sentiment étouffa sa trachée et fit remonter des larmes qui s'empressèrent de perler à ses yeux. Comme si son âme l'étranglait de reproches, d'oser seulement penser pareille abomination. Tant bien que mal, elle essaya de repousser cette forme d'oppression, s'obligeant à reprendre son souffle avec force :
- Et d'autres fois où je suis incapable d'oublier. Ses actes. Mes paroles. L'éclair. Le silence. Il venait de me sauver. Il venait...
Sa voix dérailla, soudainement. Imperspectivement, son corps se raidit :
- C'est comme si j'étais morte au même moment que lui. C'est comme...
Une larme, unique, vint s'écraser contre ses lèvres. Y périr, à peine née.
Y avait-il un seul mot pour définir ce qu'elle ressentait à cet instant présent ? Pire... pour définir ce qu'il en était à l'époque, au moment même où Erwan avait cessé d'être ? Aucun. Rien ne lui venait plus à l'esprit qu'une douleur aiguisée et brutale, qu'elle combattait autant qu'elle fuyait. Depuis bien trop longtemps tout son être était paradoxal. L'envie de servir. L'envie d'en finir. L'envie de sauver des vies. L'envie d'achever la sienne. Dans un coup d'éclat. Ou là où personne ne la trouverait...
Souvent quand ses démons remontaient, elle appelait à elle ses vœux d'Auror, sa volonté d'honorer le Ministère. Mais le plus souvent, c'était l'image de Luca qui s'imposait. Leur promesse silencieuse. La marque indélébile. La fidélité éternelle. Offerte. Due. Et depuis peu...
Son regard revint lentement vers Sean. Un bref rire, presque pour se moquer d'elle-même :
- Au final, je fais surtout comme je peux pour que t'arrête d'aller dans ce fichu Hôpital et... j'y arrive même pas. Myrna me le pardonnerait pas.
Son sourire prit des airs de détresse :
- Je me le pardonnerai jamais !
Son rire mourut étouffé entre ses mains qui s'écrasèrent contre son visage, alors que ses larmes se déversaient à nouveau, comme un torrent qui cachait le déluge de son existence.
Elle était une incapable.
Une traîtresse.
L'épine des Aurors...

______


Ses yeux, bien que braqués sur l’ardoise murale, s'étaient perdus dans le vague quelques instants. Constatant cet état de fait, Rose tourna son cou vers Sean, son sourire aussitôt retrouvé :
- Tu as dit que tu avais déjà quelque chose pour Thomas. Je pourrais participer au cadeau ? Financièrement je veux dire ?
La sorcière ne se sentait pas particulièrement à l’aise à l’idée d’offrir un cadeau à chaque membre de la famille sauf à l’aîné. D’autant qu’elle n’avait aucune raison d’agir ainsi.
Lorsque leur tour arriva enfin, Rose adressa son plus beau sourire au barista :
- Bonjour, puis-je avoir un chocolat chaud à la vanille, s’il vous plaît ? Je vous prendrais une part de tarte tatin avec ça.
Zieutant vers Sean, elle enchaîna :
- Tu veux quoi ? Je t’invite.
Un clin d'œil singulier. Une sincérité dans la voix. Elle lui devait au moins ça.
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Mer 3 Mar - 23:15

Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Rose

04 décembre 2019
-
Le pas de Sean était certes plus léger. Il fallait dire que l’ambiance de ce début décembre y était pour beaucoup. Les lumières virevoltaient autour de lui, l’air embaumait, le froid commençait à s’inviter et la compagnie était agréable. Dire qu’il avait faillit refuser l’invitation de Rose…  La regardant sortir du magasin, il avait un petit sourire. Elle était bien plus détendue qu’au Ministère, le sérieux avait laissé place à la malice en un rien de temps et ma-foi, c’était contagieux. Il n’y avait qu’à voir leur petit laisser-aller au milieu de magasin de tissu. Sur la proposition de Rose, Sean avait vu celle-ci se métamorphoser pour obtenir une réplique parfaite de Myrna. Le rire était forcément de la partie !  C’était quand même assez impressionnant de voir sa collègue se transformer en sa mère, un spectacle qu’il ne voyait pas tous les jours. D’ailleurs il fallait absolument que Myrna rencontre sa jumelle Myrose ! Sean en faisait une affaire personnelle ! Le repas risquait de prendre un tournant des plus drôle surtout s’ils réussissaient à piéger Leah et Jimmy avec ça !

Enfin grâce à cela, ils avaient rapidement pu se décider sur un modèle de poncho qui irait avec le teint de sa mère et maintenant, à l’air libre, le paquet bien à l’abri dans le sac de la jeune femme, qui avait reprit l’apparence qui lui sied encore le mieux : la sienne, il fallait se décider sur la suite de la journée.
La proposition de l’Auror sembla contenter sa partenaire qui lui rappela l’endroit devant lequel ils avaient humer des senteurs alléchantes. C’était bien là l’idée que Sean avait derrière la tête aussi, il acquiesça avec un enthousiasme non feint. Une boisson chaude leur ferait du bien avec les températures qui s’obstinaient à dégringoler à mesure que les heures passaient.

« Oui, parfait ! Comme ça tu pourras regarder s’ils font les infusions que tu voulais ! »

Ils arrivèrent rapidement devant la devanture. Après tout l’établissement était dans la même rue. Mais déjà il semblait que plus de monde encore était à l’intérieur ! Sean grommela intimement, il n’avait pas envi de passer des heures à attendre, surtout quand autant les odeurs que les visuels tout paraissait aussi appétissant. C’est que son appétit avait déjà était bien ouvert avec les fragrances du magasin de tissu, il redoutait à présent que son ventre se fasse entendre.
Entrant à la suite de Rose, il fut, lui, frappé par la chaleur et l’atmosphère du lieu. L’endroit était bondé et les parfums délicieux, à en jugé par la petite file d’attente, l’endroit devait être réputé. Les conversations allaient bon-train formant un brouhaha légèrement mélodique parsemé de tintements de porcelaine. Bien vite, l’Irlandais du se résoudre à ouvrir son manteau. Il n’allait pas tenir, entre la chaleur humaine ajouté à celle des boissons chaudes et des pâtisseries maisons, il devait se résoudre à laisser un peu d’air pour respirer. Fourrant cependant ses mains dans les poches de celui-ci, il commença à détailler la véritable ardoise magique pour trouver son bonheur. Et surprise, au milieu des tonnes de possibilités plus exquises les unes que les autres, une dénomination attira en particulier son attention. C’était un nom pour le moins étonnant… mais il devait essayer. Il en allait de l’honneur de sa famille !

C’est à cet instant que Rose, posté juste devant lui se retourna pour l’interpeller, un sourire ne quittant plus ses lèvres, pour lui parler de Thomas. Quand-on parlait de famille…
Fronçant le nez par réflexe à l’évocation du prénom de son frère, son visage se détendit cependant rapidement avec le reste de la question et une moue taquine s’afficha alors sur le faciès de l’Auror.

« Oh si tu veux. Mais tu ne préfères pas d’abord savoir ce que je prévois ? »

Pour une fois, il n’avait pas à rougir du cadeau qu’il prévoyait. Au contraire, il donnait cher pour voir la gueule de son frangin qui ne s’attendrait certainement pas à ça ! En plus il avait mis dans la boucle des gens compétant, alors ça ne pouvait pas mal se passer. Mais puisque Rose connaissait les rapports conflictuels entre les membres de la famille, la faire courir un peu et s’inquiéter l’amusait beaucoup. Il se demandait bien ce qu’elle allait pouvoir s’imaginer de sa part. L’imaginait-elle assez fou pour lui offrir une collection de scroutt pétard albinos ou pire encore ?

En attendant de voir sa réaction, ils étaient arrivés à la hauteur du Barista qui prit la commande sa collègue. Il fut surpris de l’entendre parler de tarte tatin, il ne pensait prendre qu’une boisson mais au final ail avait peut-être plus de flair que prévu en disant plus tôt que l’estomac de Rose allait se faire entendre, elle était affamée en fait ! Mais la surprise ne s’arrêta pas là car elle se tourna alors vers lui pour lui annoncer qu’elle l’invitait. Sean ouvrit la bouche dans l’optique de rétorquer qu’il avait assez d’argent pour s’offrir un chocolat chaud ou que c’était plutôt à lui de l’inviter, mais le clin d’œil qu’elle lui adressa lui cloua le bec. Ça aurait été déplacé de refuser juste parce qu’il était un homme c’est ça ? En plus elle avait l’air d’y tenir vu la petite lueur dans ses yeux. Soupirant, il se massa à nouveau la nuque. De toute façon ça ne servait à rien de polémiquer, il avait rarement le dernier mot dans leur duo. Il devrait le savoir depuis le temps !

« Un chocolat chaud au beurre de pomme alors ! Et merci. »

Lui rendant son sourire, il se mit de côté avec elle pour attendre leur commande au comptoir avant de pouvoir se trouver une place. Le monde magique ressemblait de plus en plus aux cafés moldus…. Mais au moins ce n’était pas servit dans des vieux gobelets en cartons avec un prénom mal orthographié ! Non ! On préservait encore la belle vaisselle ici ! Attrapant le plateau qui leur était dédié, ils finirent par trouver une petite table pour deux près d’une fenêtre, avec tout ce monde c’était une place de choix.
Déposant le plateaux, Sean retira son manteau pour le poser sur le dossier de sa chaise. Enfin il arrivait à respirer convenablement. Regardant leurs tasses joliment décorées il sourit à Rose.

« J’espère que ce sera aussi beau que bon ! Tu voudras gouter ?»

Il sentait déjà un peu les odeurs de pomme se dégager de son chocolat chaud. Une première ! Allier pomme et chocolat chaud il fallait y penser. Mais si cela s’avérait savoureux, il allait devoir emmener toute la famille ici. Ses yeux remontèrent de la table à Rose qui avait l’air d’apprécier elle aussi le dessin dans la mousse de son chocolat. Et une fois encore, il se perdit sur son regard.

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Ses prunelles sombres étaient comme deux puits sans fond qui semblait l’aspirer tout entier. Était-ce pour ça qu’il luttait pour ne pas se détourner, car il avait l’impression de s’y noyer ? Ou parce qu’il avait l’impression qu’elle pourrait déceler tout ce qu’il essayait de cacher avec tant d’application depuis des années ? Les deux probablement.
Il avait été laconique, succin, évasif. Les épanchements et autres introspections n’étaient pas son fort. Il avait du mal à trouver ses propres mots. A nommer ces actes, à comprendre ses faiblesses. Pour autant il n’avait pas menti, mais il doutait que la réplique qu’il avait donnée satisfasse la femme brisée à côté de lui. Il ne donnait que peu de réponses, aucun réconfort ni soutient, encore moins de marche à suivre. Et comme d’habitude lorsqu’il se sentait acculé, il avait renvoyé la balle. Quand on ne veut parler de soi, on fait parler les autres. C’était une habitude toujours vivace. S’il avait pris plus de recul, de temps pour réfléchir, peut-être se serait-il douté que ce n’était pas la meilleure chose à faire. Qu’il aurait pu et du parler un peu plus, l’aider un peu plus. Mais les mots avaient déjà franchi la barrière de sa bouche et la réaction fut instantanée. Rose crispa sa mâchoire. Il ne lui avait laissé aucune échappatoire.

Le ton s’en ressentit aussitôt. Elle coupa le lien qui unissait leur regard ou plutôt elle glissa, plongée dans la tempête de ses propres émotions. Joignant ses mains, accoudé sur ses genoux, il ne pouvait que l’écouter et la regarder. Il n’arrivait pas, lui, à détourner les yeux. Ce n’était pas la Rose qu’il connaissait, la femme forte et réfléchie, qui tempérait ses humeurs et ses bêtises. Non, c’était une autre Rose, celle qui avait subit milles blessures et qui se cachait derrière les apparences. Comme lui. C’était la Rose qui une fois sortie du boulot, rentrait dans son appartement vide et pourtant hyper sécurisé, qui se plongeait dans ses bouquins de médecines pour ne pas trop penser et qui s’endormait sur son canapé. La Rose à laquelle il n’avait jamais eu accès jusqu’ici. La Rose qu’il n’avait jamais entrevue, qu’il n’avait jamais cherché à connaitre… Et pourquoi ? Parce que c’était trop douloureux de remplacer une coéquipière par une autre ? Parce que se rapprocher ça voulait dire souffrir encore s’il arrivait malheur ? Oui c’était bien leur accord, tacite. Et pourtant celui-là même était biaisé. Car au fond Rose connaissait toute sa famille, même s’ils ne se parlaient jamais vraiment à cœur ouvert, elle savait, elle voyait, elle connaissait chaque membre et les relations qu’ils avaient entre eux. Seul lui, Sean, ne connaissait rien et se préservait vraiment. Seul lui serait vraiment détaché s’il lui arrivait un malheur. Rose, elle, devrait vivre avec le regard des O’Malley braqué sur elle. Cette famille d’adoption, comme elle la considérait…

Sean réalisait la bêtise de cette situation qu’il avait aidé à créer. Ses mains se serraient l’une dans l’autre faisant blanchir ses jointures. Les mots de Rose ne l’aidait pas. Ils étaient tranchants, le rappelant à sa propre stupidité de n’avoir pas vu toute la détresse de sa partenaire. Il pouvait comprendre le fait de ne pas vouloir ou ne pas pouvoir se projeter… de faire la différence, mais….
« Si je dois mourir pour ça, je m'en moque éperdument. » Ses ongles s’enfoncèrent dans ses poings. Non ça elle n’avait pas le droit… Sa mâchoire se crispa. Rose était loin, dans ses pensées et ses réflexions, pourtant à ses mots il eu l’impression qu’on venait de lui assener un coup de poignard en plein dans la poitrine. Elle n’avait pas le droit de parler comme ça… De lui dire ça. A Lui. Il sentait la colère monter en lui, il avait envie de lui hurler dessus, de la secouer, mais il se contint, car elle était trop loin. Hors de sa portée. Ça n’aurait servit à rien. « - Je crois... que je me cherche une valeur... ou une rédemption. » Une rédemption de quoi ? D’avoir survécu à Erwan ? De l’avoir appelé ? Ce n’était pas de sa faute s’il était mort. C’était de la faute de ses assassins.

Rose posa sa tasse sans prêter attention à ses notes qu’elle marquait alors d’un cercle de chocolat tremblotant. Elle ne le nommait pas, pourtant il était dans toutes ses phrases, dans toutes ses émotions, tel un spectre persistant. Sa fin de phrase étouffé fit froncer les sourcils de Sean. Elle palissait encore, son visage, sa peau, ses cheveux…Elle se laissait à nouveau submerger et il ne savait pas quoi faire, une fois encore. Il était furieux contre ses propos un peu plus tôt et pourtant il comprenait ce qu’elle traversait. Il voyait ses yeux s’embuer, mais elle semblait combattre…
Sa voix dérailla, son corps se raidit, la trahit. Le bleu pale se mit à envahir sa chevelure tandis qu’une larme roulait sur sa joue.
C’est au moment où elle reposa son regard dans le sien, que Sean remarqua qu’il avait arrêté de respirer. Reprenant une forte inspiration, il affronta son regard, lui-même déboussolé par tout ce qu’il revivait à travers ses mots. Il revoyait son père et Sara, des scènes qu’il s’était mille fois refait dans son esprit, mille fois affrontés dans ses cauchemars. Il déglutit. Le rire de Rose lui fit encore plus mal que ses mots. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.

- Au final, je fais surtout comme je peux pour que t'arrête d'aller dans ce fichu Hôpital et... j'y arrive même pas. Myrna me le pardonnerait pas.
- Je me le pardonnerai jamais !


Les mains de Rose vinrent cacher les torrents de larmes dans lesquels elle se laissait plonger cette fois. Ne pouvant plus se contenir. Sean resta, une seconde, interdit, choqué, coupable aussi. La pression qu’ils se mettaient sur les épaules étaient trop lourdes à porter pour que cela dure ainsi éternellement. Puis reprenant conscience de la situation, dans un élan instinctif, il glissa près d’elle sur le canapé et entoura de ses bras le corps secoué de sanglot de sa coéquipière. L’attirant contre lui, une nouvelle fois, contre sa chemise humide, mais la laissant libre de rester caché du monde.

« Je vais bien Rose. Je te promets… Je ferais attention… »

Il voulait la rassurer, lui faire sentir qu’il était bel et bien là, lui, qu’il avait encore de la chaleur humaine dans son corps et qu’il ne la laisserait pas tomber. S’adossant au canapé, Rose toujours dans ses bras, il se mit doucement à lui caresser le dos, comme pour la bercer, apaiser ses sanglots. Ses cheveux étant le marqueur de ses émotions il aurait tôt fait de savoir si cela fonctionnait. Posant sa joue sur sa tête il la serra un peu plus fort. La voir ainsi était difficilement supportable.

« Je suis désolé… »

Désolé, d’être un si piètre collègue, à peine un ami. Désolé de l’inquiéter à ce point, de ne pas être capable de l’aider à se reconstruire, de lui donner assez de raison de continuer à vivre. Tout cela bouillonnait dans sa tête. La détresse de Rose, sa propre colère, leurs angoisses. Tout cela se mélangeait et tourbillonnait en lui. Passé et présent, il avait l’impression d’avoir emprunter le don de sa sœur et l’avait amplifié avec ses propres démons intérieurs. C’était insupportable, étouffant. Les paroles de Rose tournaient en boucle, faisant ressurgir la colère.

« Tu n’as pas le droit de mourir non plus. Je te l’interdis ! » Il avait haussé le ton, fronçant les sourcils. Puis il ajouta dans un souffle. « Je ne perdrais pas une coéquipière une seconde fois… »

Un serment, autant adressé à lui qu’à elle. Il ne la perdrait pas et ferait tout ce qu’il faut pour cela.

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Un sourire étira ses lèvres et le fit papillonner des paupières. Leur relation n’était pas encore parfaite, mais elle évoluait. La preuve en étant ce chocolat chaud partagé. Un instant encore impensable quelques mois auparavant.
Portant sa tasse à ses lèvres, il souffla un peu dessus avant de déguster l’onctueuse boisson chocolatée dont les accents de pommes étaient tout à fait surprenants mais arrivait à se marier à merveille avec le reste.

« Magique ! »

Avec un petit sourire énigmatique il s’enquit de sa boisson également, puis se pencha sur une poche de son manteau. C’était surement le bon moment. En sortant un petit paquet d’une douzaine de centimètre sur douze, assez plat et orné d’un joli nœud qui, grâce à la magie, ne s’était même pas abimé, Sean adressa un regard amusé à sa partenaire et le déposa finalement à côté de sa main.

« C’est pour toi ! Joyeux Noël ! Je suis un peu en avance, mais je n’étais pas sûr de trouver le bon moment pour te l’offrir alors… Oh tu n’es pas obligé de l’ouvrir maintenant, tu pourras le mettre sous ton sapin si tu préfères. Enfin c’est toi qui vois. »

Reprenant sa tasse, il lui fit un petit clin d’œil, attendant de voir comment elle allait réagir. C’était surement le premier vrai cadeau qu’il lui offrait en deux ans de collaboration au ministère. En tout cas c’était la première fois qu’il essayait d’y mettre autant d’attention qu’il le faisait avec sa propre famille. Il espérait que cela lui plairait, mais en même temps, elle n’avait aucune obligation de l’ouvrir devant lui et il ne voulait surtout pas l’obliger à lui rendre la pareille. Décidément les interactions humaines étaient toujours bien compliquées pour rien.


(c) DΛNDELION
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Dim 14 Mar - 15:00
Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Sean O'Malley  Ϟ 04 décembre 2019


L’Irlandaise était particulièrement fière d’elle. Sean avait renoncé à l’idée de l’empêcher de payer leurs deux parts. À dire vrai, il n’avait même pas pris la peine d’essayer d’argumenter, sans doute conscient que cela ne serait qu’une pure perte de temps. Ravie d’elle-même, elle ne se cacha pas d’afficher son air satisfait, tandis qu’il choisissait la boisson qu’il voulait tester :
- Joli choix, fit-elle surprise
Elle avait été si vite absorbée par cette idée de chocolat à la vanille et de se raccrocher à quelque chose qu’elle connaissait, qu’elle n’avait pas songé à tester quelque chose de plus exotique.
Patientant sagement que leur commande soit finalisée, les yeux de la sorcière en profitèrent pour traîner sur les divers paquets d’infusions-maison à emporter, disposés à la vue de la clientèle et tranchant un peu avec le reste du comptoir. Parcourant les étiquettes, elle arrêta finalement son choix sur un arrangement entre pommes, camomille et diverses épices. Mais elle ne voulait pas se précipiter. Il valait mieux tester en amont ce qu’ils proposaient avant de miser sur ce type d’achat.
Il ne fallut pas si longtemps au duo pour être finalement servit. Avant même qu’elle ne tente quoi que ce soit, ce fut Sean qui agrippa le plateau et partit en quête d’une table. Levant les yeux au ciel amusée, Rose n’objecta rien. La facture pour elle, le poids pour lui. Il n’y avait qu’à penser que c’était un bon échange équivalent. Chacun sa part.

Son partenaire trouva sans encombre une table libre, disposée près d’une fenêtre donnant directement sur la rue pavée. Un joli coin, assez calme au vue de la résonance qu’il y avait au cœur de la salle. Déposant son sac en bandoulière en travers du dossier de la chaise, elle en profita pour retirer son manteau en le plaçant par-dessus, avant de s’installer elle-même. Ainsi, il n’était pas vraiment à la vue de tout le monde et d’autant plus inaccessible. Une mesure de protection un peu farfelue pour certains, mais qui faisait partie des habitudes bien ancrées de l’Auror. Elle n’était jamais trop prudente, même dans une situation aussi détendue que celle-ci.
À l’engouement de Sean, elle ne put que souffler un rire léger. C’est vrai que ça avait l’air délicieux. Par ailleurs, la vaisselle était effectivement très belle, tout comme l’aspect des boissons ou de sa pâtisserie. Il y avait là une coquetterie qui réchauffait un peu le cœur et donnait envie de revenir tout goûter. Son regard se perdit l’espace d’un instant dans le dessin onctueux qui recouvrait son chocolat, qu’elle n’avait pas eu le temps de savourer, avant de le reporter vers son partenaire :
- Si c’est proposé si gentiment, fit-elle en lui souriant, tout en lui tendant sa propre boisson
Elle poussa également la tarte tatin entre eux deux afin qu’il puisse y piocher un morceau s’il le désirait. Rose fit taire sa propre gourmandise quelques instants supplémentaires, le temps qu’il puisse se pencher pour boire dans sa tasse. Puis elle fit glisser à elle celle de Sean, entamant un côté de mousse encore intacte. Le goût était particulier, osé, mais pour le moins étonnamment bon. Un délice. Elle ne pouvait qu’imaginer à quel point il pouvait l’être d’autant plus pour un amateur de pomme :
- Je reformule. Très joli choix !
Récupérant son chocolat coupé à la vanille, elle observa à nouveau la mousse où un cœur coloré avait été précédemment dessiné. Légèrement gâté désormais, il n’avait plus qu’un aspect vaguement évocateur. Mais au fond, qu’est-ce qu’un dessin dans de la crème ? Le plus important était bien sous sa surface.
Soulevant la tasse, elle en huma profondément l’odeur. La chaleur et les touches sucrées firent frissonner une partie d’elle. Après avoir soufflé précautionneusement dessus au préalable, elle plongea les lèvres dans le breuvage. Était-ce aussi bon que la boisson qu’ils avaient bue ce jour-là ? Très honnêtement, elle n’aurait su le dire. Ses souvenirs étaient bien trop troublés pour qu’elle puisse se faire une idée précise du goût que cela avait en octobre. Et alors qu’elle se posait malgré elle la question, lentement, une autre image s’imposa à elle.

______


Rose errait à nouveau au fond d’elle-même, perdant le fil des évènements, son contact avec la réalité. Ses pleurs, sonores et violents, ne tarissaient plus. Les yeux fermés, la respiration courte, sa bataille intérieure reprenait. Avait-elle seulement cessé ? Noyée dans l’abîme qui lui servait autant de pacte que de prison, elle essayait de mettre fin à cette folie qui grondait tout autour d’elle et menaçait de l'emmener loin, bien trop loin. Elle avait réussi à se libérer d’un poids, jetant enfin les mots qui pesaient tant sur son cœur. La première couche d’un mal-être, d’une détresse longtemps combattue seule. Mais, dans le même temps, c’était comme si elle s’était vidée de tout son oxygène avant d’être envoyée de nouveau par le fond. Ses paroles étaient telles ces minuscules et insignifiantes bulles qui montaient vers le monde, désormais aussi inarrêtables qu'inaccessibles. Elle les regrettait aussitôt, tout en sachant qu’il était nécessaire qu’elles rejoignent la surface. Seul signe d’un appel à l’aide muet au sein d’un océan dévastateur.
À nouveau hors de contrôle, elle sentait son corps céder aux caprices de son don. Au poids de ses émotions. Le bleu des eaux glaciales qui l’emportaient recouvrait son corps, refroidissant la couleur de sa peau, pâlissant celle de sa chevelure. Emportant les couleurs de son apparence et de son cœur dans ce courant sans fin qui tourbillonnait tout autour d’elle et l'aspirait, tel un siphon.
Une étincelle de chaleur. Soudaine. Déroutante. Elle se sentit brusquement tirée en avant, côtoyant le torse humide de Sean. Comme si elle avait été ramenée à la surface un bref instant, le souffle lui revint en une profonde inspiration et expiration précipitées. Avant de retourner à son apnée qui, désespérément, tentait de faire taire tous les échos de ses pleurs. Les paroles de son collègue lui parvenaient, semblables à une lointaine mélopée. Et tout à la fois, elle s’y raccrochait comme si elles étaient physiques et indispensables. Comme si Sean venait à l’instant de se matérialiser en son monde, repoussant l’attraction des abysses qui l’engloutissaient, les laissant flotter dans l'œil de la tempête. Laquelle rugissait tout autour d’eux, inconsolable et affamée. Inévitable et à la fois intimidée. Ses mots étaient autant d’air pour qu’elle puisse respirer à nouveau. Un chagrin partagé.

L’une des mains de Rose resserra ses doigts sur le tissu détrempé qui recouvrait Sean. Dans le même temps, elle le sentait la maintenir plus fermement contre lui. Tenter de la bercer. De calmer cette folie qui l’habitait. Comme pour l’abriter, la tenir en sûreté près de lui, lui servir de repère autant que de cocon. Il lui témoignait, pour la première fois depuis leur collaboration, une attention qu’elle ne lui connaissait pas. Cette chaleur humaine, ce réconfort, elle ne l’avait plus connue depuis si longtemps. À tel point qu’elle réalisa soudain toute l’ampleur que celle-ci avait sur elle. Le fait que ce soit Sean qui puisse être capable de lui apporter ce qu’aucun de ses proches n’avait pu réaliser appuya d’autant plus l’impact de ses actions auprès d’elle.
Aux excuses qu’il proféra, Rose déglutit un sanglot récalcitrant. Elle n’osait y croire. S’il y avait bien une personne dans son entourage qui n’avait pas besoin d’être excusé de quoi que ce soit, c’était bien lui. Sauf si, oui, on prenait en compte qu’il se mettait en permanence en danger. Mais Rose jugeait surtout que c’était elle qui n’était pas à la hauteur. Sean faisait simplement son travail d’Auror. Si elle n’était pas capable de le protéger et lui éviter ces séjours à l’hôpital, ce n’était pas la faute de l’Irlandais. C’est du moins ce qu’elle pensait. Ce que ces piques acerbes plantaient cruellement dans son esprit paniqué. Elle aurait voulu lui dire. S’expliquer. Mais son cœur se serrait à chaque fois qu’elle y songeait seulement.
Puis, soudainement, c’est la colère qui ressurgit. Pas celle de la sorcière. Celle de son partenaire. Un grondement au fond de la gorge, il s’imposa, lui interdisant de céder à ses idées les plus noires et à l’attrait de l’abandon. Puis il reprit avec plus de douceur, lui faisant une promesse : celle, en un sens, de tout faire pour ne jamais la perdre. Des mots qui coupèrent le souffle de Rose, qui ouvrit enfin les yeux, comme sous le choc. Se redressant pour lui faire face et constater son degré de sincérité, elle finit par repartir aussitôt dans ses larmes, plaquant son front contre la chemise de Sean. Incapable, à nouveau, d’affronter son regard. Elle ne trouvait pas ses mots. Dans leur métier c’était impossible à tenir. Impossible de se jurer quelque chose d’aussi colossal. Mais au vue de leur passif à tous deux, cet engagement avait un goût d’espoir.
En se confiant, elle avait aligné les horreurs, des paroles que Sean n’avait certainement eu aucune envie d’entendre un jour. Qu’importe la distance qu’ils avaient volontairement mise entre eux tout ce temps, elle savait, elle savait très bien, qu’en s’exprimant ainsi elle ne pouvait que le blesser. Et pourtant… pourtant elle n'avait pu taire davantage ce hurlement au fond d’elle. Ce cri qui la déchirait dans sa dualité. Erwan n’était plus de ce monde. Elle fuyait avec application tous les siens. Luca était désormais hors de portée. Elle ne s’était jamais épanchée sur ses malheurs auprès de Leah ou Myrna, de peur de rouvrir leurs propres plaies. Rose n’avait jamais pensé que ce serait Sean qui ouvrirait son âme…
Depuis leur rencontre, Sean avait toujours été avare de gestes d’affection ou de paroles laissant entendre un lien autre que professionnel. Rose avait également adopté le même comportement, ravie de n’avoir rien à prouver. Mais ces dernières heures, son collègue ne cessait d’être présent pour elle. Au cimetière tout d’abord, la réconfortant face à la tombe d’Erwan, l’en éloignant, puis en la raccompagnant. S’il ne s’était guère exprimé depuis la cérémonie, restant le plus souvent silencieux, cette fois c’était lui qui cédait. Cette ouverture, Rose la cernait. Il était en train de faire ce même troisième pas qu’elle, l'accompagnant dans cette odyssée, piétinant à eux deux le fantôme de leur relation passée. Néanmoins, elle était loin de s’imaginer de tels propos. Ils étaient… précieux. Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser dans le silence ainsi. Pas après de tels mots. Elle s’efforça alors de s’adresser à lui, malgré les sanglots qui entrecoupaient ses paroles :
- C’est moi qui suis désolée. Désolée de ne pas être une meilleure Auror. Désolée de… t’imposer tout ça.
Ce triste spectacle. Ses émotions. Ses peurs. Ses larmes. Alors que lui contenait toutes les siennes. S’il refermait ses bras sur elle, se laissant aller à la colère et l’inquiétude, il ne manifestait rien de plus. Sa voix ne le trahissait pas. Pas plus que son corps. Il n’avait pas flanché en pensant à Sarah ou son père. Il ne laissait rien transparaître, nulle fêlure qu’elle ne puisse toucher du bout des doigts. Tout à son écoute, il ne lui révélait rien sur sa propre situation. Ou du moins pas directement. Sa colère, son serment, tout indiquait qu’il encaissait, sans partager. Se mentait-il à lui-même ? Uniquement à son entourage ? Ou simplement à Rose ?
Avec douceur, Rose relâcha enfin la pauvre chemise de son partenaire. Ses bras vinrent alors enlacer le torse de Sean dans un espoir de réconfort mutuel. Mais aussi car elle se sentait enfin capable de murmurer à nouveau quelques mots :
- Merci. Merci d’être là…
Rose ne parvenait plus à réfléchir. En temps normal elle aurait trouvé mieux que ça. Mais elle était surtout enfin parvenue à le remercier. Du bout des lèvres, le cœur à moitié déchiré par les évènements et à chaud. Elle ne parviendrait pas à faire mieux. Elle en était incapable pour aujourd’hui.

Alors que ses pleurs cessèrent peu à peu, c’est la fatigue des émotions qui l’emporta. Sa tête reposant contre l’épaule de Sean, les paupières de ses yeux gonflés fermées, son souffle enfin régulier. La journée, bien trop riche en bouleversements, avait eu raison d’elle. Abattue par celle-ci, elle n’avait pas réussi à lutter plus longtemps, cédant à l’appel du sommeil et embrassant son chagrin.
Dans ses rêves, l’océan restait en mouvement, mais la tempête avait, semblait-il, disparu. Momentanément vraisemblablement. Loin de la surface, Rose se sentait flotter. La lumière d’un jour nouveau irradiait, propageant ses rayons mouvants, lui indiquant où se situaient le haut et le bas. Elle n’avait plus qu’à nager jusque là-haut. Un jour...

______


Ses yeux se rouvrirent sur Sean, qui lui faisait face. Reposant sa boisson, qu’elle avait bien entamée, elle lui adressa un léger sourire. Apaisée. Reconnaissante. Sa compagnie lui faisait un bien fou qu’elle n’aurait pu concevoir à l’époque. Tout comme chaque membre O’Malley, Sean avait fini par trouver sa place en elle et lui apporter une nouvelle valeur. Il était passé de ce collègue, aussi téméraire qu’impétueux, à une âme en qui elle portait une grande confiance. Il n’était pas facile de dire s’ils étaient de grands amis, mais il y avait un mieux évident. Jamais, quelques mois auparavant, elle n’aurait songé à lui proposer une escapade de ce genre à ses côtés. Encore moins qu’il puisse accepter.
Toute à ses réflexions emplies de notes chocolatées, Sean se détourna quelque peu pour attraper quelque chose. Un paquet emballé avec précaution qu’il posa à plat entre eux. Rose mit un peu de temps à comprendre, à mesure que son partenaire le rapprochait de sa main. Suivant sa course des yeux, elle les releva soudainement quand il lui avoua que c’était pour elle.
Ç’aurait été un euphémisme que de dire qu’elle ne s’y attendait pas. Pas ici. Pas aujourd’hui. Pas de la part de Sean. Pas tout court. Ainsi, elle ne sut pas tout de suite quoi répondre à ses paroles, pourtant pleine de gentillesse. Et alors qu’il se cachait à nouveau derrière sa tasse, tout en lui adressant un malicieux clin d’oeil, elle posa les deux mains sur le sachet, qu’elle fit glisser en vitesse vers lui :
- Reprends-le ! Merci infiniment, mais je me connais, je sais que je vais être tentée de l’ouvrir tout de suite. Et… je préfère attendre Noël.
Devait-elle lui dire ? Pesant le pour et le contre, Rose finit par avouer :
- J’en ai également un pour toi, mais je ne l’ai pas sur moi. Je préfèrerais qu’on les ouvre ensemble.
Sauf… que Rose n’était jamais invitée le soir de Noël chez les O’Malley. Bien qu’elle se soit toujours sentie ouvertement accueillie chez eux, il y avait une réelle différence entre être acceptée par la famille et en faire partie. Et elle ne faisait pas partie de la seconde catégorie. Myrna l’invitait néanmoins quelques jours plus tard et Rose ne manquait jamais une occasion pour se joindre à ce jour de fête tardif.
- On se les échangera après Noël si ça te va.
Relâchant le paquet, elle se rassit plus profondément dans sa chaise et entreprit de terminer sa tarte.
- D’ailleurs, en parlant de cadeau, et pour en revenir à ton frère, fit-elle en le pointant de sa cuillère entre deux bouchées, oui, j’aimerais bien savoir ce que tu lui prépares. Disons que ça me rend curieuse. J’espère que ce ne sont pas des misères.
Un rictus taquin acheva cette phrase, tandis qu’elle haussait un sourcil empli de réserve doucement ironique. Elle ne pensait pas qu’il serait capable de faire du tort à son frère pour Noël, ou du moins ne l’espérait pas, mais elle n’était pas sans savoir tout le mal que les deux frères avaient pour communiquer. Ou même pour se supporter. D’aussi loin qu’elle se souvienne, les deux ainés ne s’étaient jamais entendu, des dires de Myrna, puis de ses propres constatations. Des tensions qui frisaient avec la rivalité par moments. Une hostilité que Rose avait bien du mal à endiguer, même si elle notait du mieux, à toute petite échelle depuis qu’elle avait fait sa promesse à Jimmy. Un vœu qui d’ailleurs mettait décidément bien du temps à se concrétiser, mais elle avait toutes peines du monde à travailler le comportement de Sean sans prendre le risque de le voir se braquer. Elle avait donc fait le choix de la sûreté, avançant à tous petits pas. Que Sean souhaite faire des efforts cette année-là pour Thomas était une très bonne chose. Il n’y avait plus qu’à espérer que le professeur pense à faire de même pour son cadet.

Après les explications de Sean, Rose s’enquit du temps dehors. Il ne semblait toujours pas pleuvoir, une chance, mais à travers la fenêtre elle voyait que la luminosité avait commencé à décroitre. L’Irlandaise ne s’était pas rendu compte que l’heure avait si vite filé. Le duo avait néanmoins bientôt terminé leurs courses, il ne restait plus que le cadeau de Leah à trouver chez les moldus. Peut-être échapperaient-ils définitivement à la pluie.
D’un mouvement, elle acheva de terminer sa tasse avant de se lever de sa chaise. S’étirant les bras vers le ciel, elle s’adressa à Sean avant de récupérer son sac et de laisser son manteau sur le dossier :
- J’en ai pour une minute.
De retour au comptoir, elle profita de l’absence totale de queue pour remercier le barista et le féliciter pour les services de la maison. Puis elle entreprit de lui indiquer le sachet d’infusion qui l’intriguait et demanda si elle pouvait sentir l’odeur avant l’achat. Plutôt enchanté par les compliments de la jeune femme, il accepta, lui tendant l’une des infusions pour qu’elle puisse se faire un avis. Rose en inspira alors le fumet, où pomme et camomille se mariaient à la perfection, et appréciait fortement ce qu’on lui proposait. C’était donc acté. Le paquet dans les bras l’instant d’après, sa monnaie allégée à nouveau, elle revint vers Sean pour le lui présenter :
- Et voilà de quoi aller avec ton cadeau. Ça te plaît ?
La sorcière rouvrit le paquet pour qu’il puisse se faire sa propre opinion, espérant bien entendu que cela lui plairait. Elle le récupéra ensuite pour le glisser dans son sac, qu’elle passa à son épaule une fois son manteau remis.
- Il ne va pas falloir trop tarder. Je te laisse faire le guide cette fois, chacun son tour.
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Dim 20 Fév - 23:13

Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir
Rose

04 décembre 2019
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Le choix de Sean en matière de boisson avait eu l’air de surprendre sa partenaire. Elle n’avait pas dû voir l’intitulé dans la foule de choix proposé, car un O’Malley ne pouvait que se diriger vers de la pomme si cela lui était proposé. En prime le chocolat chaud était toujours une valeur sûre.
Installés face à face, ils échangèrent leurs boissons pour se les faire goûter. La mousse dessinait un cœur dans la tasse de Rose et il tenta tant bien que mal de ne pas trop y toucher, malheureusement une légère moustache de lait se colla à sa lèvre supérieur alors qu’il sentait les arômes de vanille titiller ses papilles. La faisant disparaitre de son pouce, il acquiesça avec un sourire, répondant au compliment que l’irlandaise faisait sur son choix.

« Pareillement, la vanille est bien présente, c’est un délice. »

Des banalités qui les éloignaient un peu de leurs habitudes. Un moment propice peut-être pour lui tendre le paquet qu’il voulait lui offrir. Ou peut-être pas… car la boite revint aussitôt vers lui et Sean interloqué observa Rose sans comprendre. Avait-il fait quelque chose de mal ? Les mots de Rose ne tardèrent pas à arriver, la surprise laissant place au trouble. Il ne voyait pas d’inconvénient pour qu’elle ouvre le coffret tout de suite, ce n’était vraiment pas grand-chose, pas besoin d’en faire tout un foin… Il baissa le regard, reprendre ce qu’il tentait d’offrir le dérangeait, mais il ne pouvait pas faire autrement. Rose évoqua un cadeau pour lui et il haussa un sourcil, la curiosité le prenant, espérant que ce n’était pas une excuse pour lui rendre la pareille.
Reposant lentement sa tasse, il se gratta la tempe, quelque peu désemparé.

« Ok, on fera comme ça alors. »

Récupérant la boite que Rose venait de lâcher, il la rangea rapidement dans sa poche. Il espérait vraiment que Rose n’allait pas lui acheter quelque chose juste pour équilibrer le cadeau, mais il serait déplacé d’en faire la remarque et de toute façon, il ne savait plus vraiment que dire.
Entendant le mot « frère » il se crispa légèrement, puis expira dans un rictus amusé. Elle détournait la conversation, et cela était bienvenu, même si ça devait concerner cet imbécile de Thomas, c’était toujours mieux que se regarder dans le blanc des yeux.
Il prit son temps pour se recentrer un peu, s’installant au fond de sa chaise et reprenant sa tasse déjà bien entamée. Que pouvait-elle bien s’imaginer ? Il faut dire qu’il l’avait induit à se méfier, laissant présager le pire et ça aurait pu l’être. C’était facile au vue de leur relation conflictuelle, mais Sean n’était pas aussi fourbe que cela. Ou plutôt, plus fourbe que cela. Il voulait mettre son frère devant un cadeau qu’il ne pourrait pas refuser. Un cadeau devant lequel il serait obliger d’être complaisant avec lui, voir même reconnaissant.
Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il finissait sa gorgée de chocolat, savourant les délicieux accents de pomme.

« Grâce à une connaissance dans le domaine, j’ai pu me procurer une grande plume d’Occamys en parfait état. Je doute qu’il puisse s’en servir pour écrire, vu la taille, mais ses éclats pourront toujours attirer les regards, sous verre, dans un bureau. Vue la rareté, il a plutôt intérêt à en prendre soin… »

Sean scrutait le visage de Rose, attendant sa réaction, impatient d’y lire de  la stupéfaction.  S’il oubliait parfois les dates importantes, trop prit par son travail, il ne lésinait jamais sur les moyens pour offrir aux membres de sa famille les cadeaux qu’ils méritaient. C’était plus souvent les idées qui lui manquaient, mais lorsqu’il savait quelle direction prendre, tout devenait bien plus facile. En général sa mère était là pour l’aider, elle connaissait ses enfants après tout. Cette année pourtant il avait fait les choses différemment, Thomas était le plus facile, quelque chose qui touchait à la magiezoologie et hop l’affaire était pliée, Rose l’avait aidé pour Jimmy, il savait qu’il allait se diriger vers des plantes, mais sans cette boutique, il serait surement entrain de chercher encore quelque chose. Myrna elle-même, il avait du se creuser la cervelle, heureusement qu’il retenait au fil de l’année des idées… il ne restait donc plus que sa petite sœur préféré. Un peu plus compliqué, car il ne connaissait pas grand-chose à son centre d’intérêt le plus connu. La musique. Enfin… ils trouveraient bien quelque chose à deux.


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A deux, sur ce canapé, partageant leur peine.  Sean avait agit d’instinct, une vieille habitude, brisant sa retenue pour l’entourer de ses bras. La réconforter, la rappeler à la réalité.  Elle n’était pas seule. Elle n’avait jamais vraiment été seule. Lui non plus d’ailleurs. mais il n’avait pas besoin de réconfort. Lui avait sa famille, d’autres problèmes sous-jacents certes. Des relations compliqués mais qui étaient présentes pour lui, quand il le demandait ou non. Rose n’avait pas eu l’air d’avoir ce luxe là. Elle avait eu Myrna, elle l’avait eu lui, en relation de travail, et il allait devoir faire un peu évoluer cette relation, qu’elle dépasse le ministère, sinon ils finiraient par s’effondrer sans l’aide de leurs ennemis.

Un brin de colère le parcourait encore, les mots avaient fait résonner une corde sensible en lui. Tant mieux, ça faisait bouillonner son sang, réchauffait son corps dans ses vêtements humides, rappelait à Rose qu’elle était en vie. Elle se redressa pour plonger son regard dans le sien, ses sourcils se froncèrent en tentant de deviner ce qu’elle cherchait à y entrevoir. Il ne saurait jamais. Elle baissa la tête une fois encore, retournant contre sa chemise, continuant de la saliniser. Il la laissa faire, ses bras reprenant leur place autour de son corps encore parcouru de sanglots. C’est sa voix qui fini par s’élever cette fois, mal assurée, entrecoupée de ses pleurs. Il n’était pas sur d’avoir tout compris mais ce n’était pas grave. Il en comprenait le sens, et bien qu’il ne fût pas totalement d’accord, ce n’était pas le moment pour rétorquer quoi que ce soit.  Les mains de Rose passèrent de ton torse à ses flancs, l’entourant à son tour, l’air de rien cela le crispa légèrement. Encore peu à l’aise avec cette proximité qu’il n’avait pas réfléchit. Dans un mutisme assourdissant, il la laissa faire, et le remercier, resserrant simplement ses bras autour d’elle. Il n’était pas certain de mériter ses remerciements. Il n’avait pas fait grand-chose. Il s’était trouvé au bon endroit au bon moment… pire, en vérité, il l’avait suivit sans raison en premier lieu, c’était presque étrange. Il n’arrivait plus à blaguer à présent. Trop d’émotions avaient été déversées, trop encore restaient bloquées en lui, tourbillonnant pour ne pas le submerger. Le temps qu’il fasse le tri  et que la vague redescende et s’apaise, il remarqua que les pleurs s’étaient taris, la respiration de Rose était calme et régulière. Baissant les yeux sur elle, il hésita un instant à prononcer un mot. Il s’abstint.

Autant la laisser dormir. Elle devait être épuisée après tout ça. Doucement, Sean s’extirpa, l’allongeant lentement et plaçant l’oreiller « habituel » sous sa tête. Attrapant la couverture pliée initialement près de celui-ci, il recouvrit sa coéquipière avec. Debout au-dessus d’elle, il l’observa un moment. Ses cheveux étaient de jais ce qui voulait dire qu’elle allait mieux. Elle n’avait pas réagit au changement de position, donc son sommeil était profond.  Et maintenant quoi ? Il ne pouvait pas attendre ici. Un hululement lui parvint depuis une autre pièce. Oui, il n’était pas chez lui. Néanmoins, repartir comme un voleur n’était pas dans ses habitudes. Même pour ses conquêtes d’un soir, il n’était pas ce genre d’homme, alors certainement pas pour sa partenaire.

Se détournant, il trouva le chemin de la cuisine. Elle était bien équipée, il était même étonné de trouver quelques artefacts moldu, mais ils semblaient tellement neuf qu’elle ne devait pas savoir les utiliser. Ouvrant le frigo, et quelques placards il trouva des ingrédients de base. Ce n’était pas vide, mais clairement pas plein non plus. Bon, il devrait pouvoir se débrouiller. Il allait devoir faire simple, mais elle aurait quelque chose au moins. D’un coup de baguette, il insonorisa la pièce un voile légèrement scintillant se créant entre sa partie et le salon d’où il pouvait encore l’observer. La joie des cuisines ouvertes. Rassuré, il sorti les casseroles, alluma les feux et se mit à cuisiner.
Cette activité avait toujours été un plaisir pour lui, elle lui réchauffait l’âme et le corps et au bout que longues minutes de préparation, se tenait un bouillon de riz aux légumes et poulet bien chaud. Il en réserva une partie dans un bol et plaça le reste au frais. Elle devrait le réchauffer, mais l’avantage de ce genre de plat, c’est que cela ne gênait pas.
La vaisselle terminée et les ustensiles rangés,  il fit disparaitre le sortilège et posa sur la table basse le bol sous cloche.  Rapidement, il griffonna un message à l’attention de la belle au bois dormant.
« A manger avant de partir au boulot !  Réchauffer 2 minutes. A toute à l’heure !  S. O’Malley »
Il le saurait si elle ne mangeait pas tout !  
Ses yeux balayèrent une nouvelle fois la pièce, il sentait toujours cette lourde présence. Il valait mieux qu’il s’en aille. Un dernier regard, un sourire, et il tourna les talons, attrapant son manteau et sorti en silence.

Dans la rue, la pluie s’était arrêtée, mais les pavées restaient mouillées, reflétant les lueurs du soir. Etrange nuit. Il allait marcher.

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Ils allaient devoir retourner marcher un peu. Il leur manquait encore un cadeau à aller chercher. Celui de sa chère sœurette adorée ! Elle lui en voulait surement encore un peu alors il avait intérêt à ne pas se louper. Finissant son chocolat chaud, Rose prit les devant et s’absenta un instant.  S’il pensait qu’elle allait  au petit coin, Sean fut surprit de constaté qu’elle n’en prenait pas la direction. Elle retournait au comptoir et pour ne pas l’épier plus longtemps, il détourna son attention en regardant à travers la fenêtre. Dehors le temps était couvert, mais la pluie ne semblait pas vouloir tomber, et il n’allait pas s’en plaindre.

De retour après quelques courtes minutes, Rose lui montra ce qu’elle était allée quérir. Une infusion où la pomme  pour Myrna et elle était assortie pour aller avec ce qu’il venait d’acheter à sa mère. Sean huma avec plaisir le parfum qui se dégageait du paquet.

« Ça m’a l’air parfait ! »

Se rhabillant de leurs épais manteaux, ils retrouvèrent l’air froid de la rue avant de se diriger vers le chemin de traverse. Le chocolat chaud lui avait fait un grand bien. Il espérait que Rose aussi passait un bon moment.

« Je crois qu’il y a un magasin pour les zicos pas très loin.  Leah n’est pas habituée à venir ici alors j’aurais plus de chance de trouver quelque chose qu’elle n’a pas déjà. »

Poussant la porte du magasin, se méfiant de ce qu’il pouvait tomber de la porte, il attendit que Rose entre à son tour avant de se mettre à faire un tour. Evidement, l’endroit était bruyant et pleins d’instruments en tout genre. Heureusement, la gérante s’était arrangée pour que tous jouent en harmonie. C’était bien moins cacophonique pour les oreilles que d’autres lieux du genre où il avait mis les pieds.

Les trois quart des choses, il n’en comprenait pas vraiment, le fonctionnement. Aussi, il se dirigea rapidement vers le vendeur le plus proche pour lui demander conseil. Il avait besoin de quelque chose qu’on n’avait pas besoin d’activer magiquement. Après tout Leah était moldue. Par chance le gars aux cheveux vert était de bon conseil et l’amena vers une étagère avec un tas de boites en tout genre.

« Alors ça vient de sortir, mais ça fait déjà son petit succès. C’est tout con, vous ouvez la boite et un tas de lumières, comme des lucioles, mais c’est pas des bestioles hein, viennent tourner autour de vous. ‘Pis quand vous faire de la zic… » Il fit quelques notes avec le fllutiau qui pendait à une lanière autour de son cou. «  Voilà, les lumières viennent s’accorder aux notes et boum vous êtes la star quoi ! En vrai, y’en a qui disent que c’est enfantin, mais c’est stylé non ? »

Sean était amusé, le mec ressemblait à un babacool punk à chien qui venait de fumer son 4eme joint de la journée. Au moins il risquait de n’agresser personne celui-là.

« Oui c’est très bien et pourquoi autant de forme de boites différentes ? »
« Ah, ça c’est l’astuce ! Bien vu. Ça va dépendre du type de musique, en gros le nombre de machins volant et les couleurs vont un peu changer et leur dynamisme. Même si globalement ça, ça suit bien la mélodie. »

Sean le remercia pour ses explications et chercha un instant ce qui conviendrait le mieux à sa sœur. Il ne voulait pas une quantité astronomique non plus, de sorte que si elle l’utilise en publique, ça ne soit pas flagrant de magie.
Sa boite en main, il se retourna vers Rose pour voir si elle avait déniché quelque chose elle aussi, puis retourna au comptoir régler son dû.

« Je ne pensais pas que ça serait si simple. Mais je suis content du résultat. Au piano, à la guitare ou simplement à capella, ça la rendra encore plus magique qu’elle ne l’est déjà. »

Depuis toujours, Sean trouvait les capacités musicales de sa sœur bien plus impressionnantes que tout les tours de magie.


Le soleil disparaissait presque complètement, à tel point que les lumières des lampadaires étaient toutes allumées à présent. Il se tourna vers Rose, c’était l’heure de rentrer.

« Merci de m’avoir proposé cette sortie, je crois que j’aurais été dans de beaux draps sans ça. »
Il sourit avant de se frotter le bout du nez qui commençait à rougir de froid. « Je vais te récupérer les cadeaux d’ailleurs, sinon j’aurais l’air fin sous le sapin ! » Un léger rire se fit entendre tandis qu’elle lui tendait ses achats et qu’il les mettait sous son bras.

« Passe de bonnes fêtes de fin d’année, on se tient au courant pour après Noël ? » Il n’avait pas oublié le cadeau toujours au chaud dans sa poche.  


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Nous garderons l’espoir, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir ~ Rose / Sean
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