Grindelwald avait raison. Au moins sur un point. Il faut révéler l’existence des sorciers aux moldus. Il est plus que temps de réfléchir aux stratégies de mise en relation de nos mondes. Chaque année de plus en plus de sorciers naissent chez les moldus, c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus d’obscurial, un miracle que la méconnaissance ne fasse pas plus de drame.
Nous sommes au XXIème siècle, nonobstant une poignée d’individus obscurantiste, il est évident pour tout le monde que la magie se moque du sang.
Extrait de « Pour une étude des possibilités de la technomagie » par Marlowe Musil

Tes grands yeux clairs scrutent la grande salle, tu n’es pas inquiète. Dans la ligne des premières années qui attendent leur tour d’être réparti, t’es une des rares à demeurer relativement calme. Tu te moques pas mal d’où tu seras envoyée. L’important, c’est que la magie existe. Elle existe et t’as hâte d’en apprendre plus.
Sur le chemin de traverse tu as beaucoup échangé avec la libraire. Tu lui as posé milles questions. On peut tout faire avec la magie, on peut voler, se téléporter, on peut soigner beaucoup de choses qui ne se soignent pas chez les moldus. On peut soigner des os brisés, faire repousser des os. T’as pensé à tes amis. Ceux qui ont pas eu la chance que la magie les sauve de l’accident. Elle peut quand même les sauver, un peu plus tard. T’as dit que tu deviendrais médicomage, avec toute l’assurance d’une dont est capable une fillette de onze ans. T’as dit que tu soignerais tes amis et la libraire n’a pas osé te contredire.

T’as réfléchis à tout ce que ça voulait dire la magie. On t’a dit que c’était un secret, la loi du secret magique, t’as haussé les épaules. Les lois, ça se changent, ça s’enfreint. T’avais des ambitions pour la magie, des ambitions pour toi et elle.

Quand ton tour est arrivé et que le choixpeau est tombée sur ta tête, t’as été surprise d’entendre une voix. Il a réfléchi, il te parlait, énumérait tes qualités, tes défauts, il te connaissait bien, il savait tout ce que à quoi tu pensais et ça t’a fait peur. Mais c’était qu’un chapeau, il ne jugeait pas et quand il brailla « Serpentard » tu t’avanças vers la table des verts et argents qui t’accueillirent avec au mieux, un certain scepticisme.

Nous vivons sur la même planète que les moldus. Une planète dont ils détruisent l’écosystème. Leurs problèmes liés au climat seront un jour les nôtres également. Une connaissance parcimonieuse, une collaboration éveillée, permettrait d’allier leur technologie avec notre magie. Une technomagie propre et sécuritaire.
Extrait de « Pour une étude des possibilités de la technomagie » par Marlowe Musil

« Sang de Bourbe !
-Consanguin ! »
Le mot a fusée, planté au centre de salle des serpentards, les poings serrés t’as cédé à la provocation d’un énième fils de bourge, de cette caste stupide qui se sont octroyés des privilèges. Il a blémit
« Quoi ! Ça te choque ! Vous êtes tous cousins putain ! Je suis sure que ta mère c’est aussi ta tante ! »
T’as paré le sort mais c’est quand t’as répliqué qu’a déboulé le directeur de votre maison.
« Miss Marlowe ! »
Bien sûr, c’est toujours toi. T’as le regard qui lance des lasers. T’es une bonne élève, une excellente, tu comprends vite, tu bosses aussi beaucoup pour rattraper ton retard par rapport à tous les petits snobinards. Il est là, ce prof à te regarder avec son air sévère, t’es en tord, peu importe ce que tu diras tu seras en tord. Il retire des points à la maison, tu t’en fous et tu le dis. Cette histoire de coupe c’est stupide et clivant. Alors il en retire plus. Tu t’en fous toujours, ça fait enrager les débiles qui s’accrochent à cette histoire de coupe. T’aimes bien faire enrager les débiles. D’ailleurs ça te permet de te calmer un peu. Derrière le prof, tu croises le regard d’Icarus. Sourire en coin, cette dernière impertinence te vaudra des heures de colle. Tu hausses les épaules.

Heureusement qu’il est là Icarus, lui aussi il est né moldu. Vous passez trop de temps ensemble, Vous avez le même goût pour la transgression, vous fraternisez avec les autres maisons et vous faites le mur parfois le soir, juste pour prendre l’air. Juste pour le plaisir de transgresser le règlement.

Il devient moralement et éthiquement inconscient de conserver ce pouvoir-là. La société sorcière  a un devoir intellectuel envers elle-même à faire : non les moldus ne sont pas inférieurs. Ils sont puissants, aussi évolué que nous le sommes. En outre, nous confinons notre propre univers à quelques lieux cachés, le monde est plus grand que cela. Se cacher, se terrer, c’est ce qui amène la haine, c’est ce qui crée la culpabilité et la violence.
Extrait de « Pour une étude des possibilités de la technomagie » par Marlowe Musil

« Arrête putain ! Arrête ! »
Tu le pousses, tu le dévisages, ta baguette à la main. Il a perdu l’esprit. Tu le vois là avec sa baguette brandit face au moldu terrorisé. Tu sais pourquoi il a fait ça. Il a voulu te défendre, il s’est interposé entre toi et ce type déchiré, il avait la violence dans le regard. Il sait pas sur qui il est tombé, il pouvait pas savoir. Et puis ça n’excuse rien, tu le sais bien.
Son regard est fou, t’y lis de la trahison, t’y es imperméable, t’es déçue, t’es choquée. Il l’aurait tué, il l’aurait blessé, t’en es certaine, il l’aurait fait, il en peut être même envie encore. Il dit des mots qui blessent, t’as pas le temps de répondre, ça transplane à côté de vous.

Ca aurait dû être beau. Tous les deux, vos premières vacances. Aux parents vous aviez dit que vous étiez à Poudlard, à Poudlard que vous rentriez chez vos parents. Envie d’être seuls tous les deux. Isolés du reste du monde. Egoïste dans votre amour adolescent. Heureux d’avoir menti, heureux d’être juste là, l’un pour l’autre. Vos histoires font échos, vous avez des désaccords mais vous évitez les sujets difficiles. Ce soir, vous avez pas réussi à l’éviter. Ce soir, t’as pris la pleine mesure de sa haine. Et alors qu’un auror l’embarque pour usage illégal de la magie, t’es persuadée qu’il te hait aussi.

Il ne reviendra pas à l’école. Toi, t’écoperas d’une lourde punition. T’avais tellement peur d’en être exclu que tu l’acceptes avec soulagement. Sans lui, t’avais plus aucune diversion, sans lui t’as pu commencer à écrire, à réfléchir, tu travaillais dur, tu savais qu’étant donné ta condition sociale, il te fallait être meilleure que les autres pour te démarquer, pour espérer qu’un jour tes idéaux soient lus, écoutés, entendus. C’est également à cette période que tu terminais de te  perfectionner dans l’art délicat et hautement intrusif de la legilimancie.  C'est pour ça que t'as pas été exclu. C'est probablement pour ça, que t'as pu terminer ta scolarité, parce que t'avais influé sur une partie de ceux qui décidait de ton sort.

La cohabitation sorcier moldu est un champ de bataille qui demande à être ordonné. Il ne s’agit pas ici de faire le procès de l’un des deux mondes, comme le ferait des extrémistes inadéquats. Il s’agit d’un examen critique des avantages à celle-ci, c’est à dire un examen qui a pour fin de discerner, de distinguer ce que peuvent apporter les moldus au monde sorcier, car nous avons trop longuement disserté sur l’inverse. Je souhaiterai donner un nouveau statut à ses moldus que certains pensent sous-évolués, de nouveaux contours à leurs sociétés diverses à la lumière des incroyables innovations technologiques et ainsi donner une réponse crédible là question d’une cohabitation consciente et conscientisée.
Extrait de « Pour une étude des possibilités de la technomagie » par Marlowe Musil

T’as terminé ta scolarité et t’as chopé un stage à la Gazette après ce qu’on peut honnêtement appeler du harcèlement. T’es montée doucement du thé à la lecture du courrier, t’as appris avec ceux qui voulaient bien te montrer les ficelles et puis t’as ignoré ceux dont l’idéologie te déplaisait. A côté tu bossais sur ton essai et quand t’as réussi à le faire publier, non sans insister et influer sur ton éditeur, il a crée un certain retentissement. La vague de haine t’as assuré que c’était la chose à faire et puis tu t’es gargarisée de la colère de cette société, au moins ton message passait. Mal ou non, il pénétrait les esprits et c’était finalement ce qui comptait.

T’as quand même eu des retours positifs, une place d’éditorialiste, parce que les réactions, ça fait vendre quoi qu’on en dise. On t’a donné le rôle de polémiste et tu l’as pris avec une joie certaine. T’avais ton auditoire et tu continuais à réfléchir sur tout un tas de sujet de la société magique, de la société moldue, de ce qu’ils donneraient combinés. Tu faisais à ton niveau de la vulgarisation technologique, tu expliquais les avancées. L’année dernière on t’a proposé un poste d’intervenante au sein du cursus de Cursus de Mixité des Mondes Magiques et Moldus. Un programme hautement réjouissant et tu t’acquittes de la tâche avec une fausse nonchalance et une profonde satisfaction.

La révélation de l’existence des sorciers fut trop brutal et le manque de préparation à cet événement cause désormais un drame humain. Des tests sur sorciers, la science exploitée à mauvaise escient. Les moldus révélent toute la terreur obscurantiste d’une population non préparée à un changement de paradigme trop violent. Tu crois plus que jamais qu’il fait travailler, s’allier, faire de la pédagogie pour lutter contre les extrémismes des deux camps.

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