Le regard de Roxanne parcourt la pièce d'un air dépité. Si elle a toujours été réputée bordélique, elle doit bien admettre que Raph bat tous les records. Il n'y a visiblement aucune cohérence dans son absence d'organisation, les cartons sont éparpillés pêle-mêle là où ils ont pu se faire une place, à tel point qu'il est devenu presque impossible de se déplacer sans enjamber quoi que ce soit. A croire que le geek s'est décidé à leur recréer un espèce de parcours du combattant miniature, histoire de pimenter un peu l'emménagement. En même temps vu l'ambiance, l'idée n'aurait sans doute pas été si bête, si elle avait au moins été volontaire. Là où Raphaël et son amie semblent être capables d'une bonne humeur a toute épreuve, il est évident que le troisième larron lui, n'est pas en foire. A vrai dire, Roxanne n'a même pas le souvenir d'avoir entendu le son de sa voix autrement qu'au moment où il s'est présenté.

Une silhouette haute comme trois pommes passe devant elle à la vitesse de l'éclair et la coupe en pleine contemplation du carnage environnant. Mue par un réflexe maternel aiguisé au fil de ces dernières années, elle se jette sur le petit monstre pour l'empêcher de se jeter tête la première à l'intérieur d'un sac remplit de tout un tas de babioles. « Wow, wow, wow. Y'a rien pour toi là-dedans ! » Inutile de rajouter plus encore de chantier, surtout. Cassandre se débat dans les bras de sa mère, jusqu'à ce qu'elle se décide à le relâcher. Incapable de tenir en place et encore moins de rester inactif, il repart de plus belle et fonce en direction du garçon à la mine renfermée. C'est fou comme les enfants ont tendance à faire totalement abstraction de ce genre de détails. Avant même qu'elle n'ait le temps de réagir, ce dernier commence à tirer sur la manche du plus âgé, dans l'espoir d'attirer son attention.

Ne sachant pas trop où se mettre, la jeune femme opte courageusement pour un repli stratégique jusqu'à la cuisine. Allez hop, tournée générale de chocolat chaud. Après tout, c'est plutôt mérité vu la quantité d'efforts fournis par chacun d'entre eux depuis le début d'après midi. Et puis, la température encore trop fraîche en ces prémices du mois de Février ne donne pas franchement envie de siroter un thé glacé. Elle s'active à faire fondre des carrés de chocolat noir puis ajoute ensuite directement dans la casserole du lait avec en prime, un brin de cannelle et une pointe de vanille. Alors qu'elle s'active à sa préparation, elle entend vaguement Raphaël brailler de l'entrée qu'ils s'éclipsent pour un dernier voyage. Une sorte d’onomatopée franchit les lèvres de Roxanne pour lui faire comprendre qu'elle a bien entendu. La porte claque après le départ des trois autres et le calme regagne aussitôt l'appartement. Un bref instant.

Et puis ... « Dis, tu veux bien me dessiner un mouton ? » Surprise, elle passe la tête par la porte de la cuisine pour voir à qui son fils est en train de s'adresser. Son regard accroche alors la frimousse de ce jeune homme à l'air mal à l'aise et définitivement pas à sa place, ainsi perdu au milieu du fatras accumulé dans le salon. Sur le coup, elle reste bête et cligne des yeux plusieurs fois. Le tas de feuilles et la palette de crayons de couleurs éparpillés un peu partout sur la table basse lui font rapidement comprendre que le pauvre garçon s'est fait réquisitionner pour un atelier artistique. De son plein gré ? Rien n'est moins sûr, vu le tempérament de sa terreur. L'incongruité de la situation lui donne envie de rire. Elle se retient, inspire profondément, se mord la lèvre. Et finalement, elle craque quand même. Cassandre et ses moutons, un véritable mystère. La plupart des gosses de son âge vénèrent les dragons, les licornes ou encore une quelconque mascotte sortie tout droit d'un film d'animation. Mais non, lui son truc, c'est les moutons. Et ça dure depuis plusieurs mois déjà.

Résignée à ne pas abandonner l'invité du moment à son triste sort une seconde fois, Roxanne retourne rapidement près de la gazinière pour éteindre le feu. Elle fouille un peu partout pour récupérer trois tasses, les cuillers qui vont avec, ainsi qu'un paquet de mini guimauves et une bouteille de chantilly qu'elle sort du frigo. Après avoir réceptionné la casserole et posé le tout sur un plateau, elle s'en va les rejoindre. « Un petit remontant, les artistes ? » Sans vraiment attendre de réponse, elle se fait une place sur un coin de la table et s'installe dans le canapé. Chacun d'entre eux se retrouve avec une tasse sous le nez qui bientôt se remplit du liquide fumant. Roxanne se saisit alors du paquet remplit d'un tas de petits chamallows aux couleurs vives, qu'elle laisse tomber en cascade dans la tasse de son fils. A cela se rajoute un nuage de chantilly qui dégouline presque du mug trop plein.

Des étoiles plein les yeux, Cassandre se jette sur sa cuiller et commence aussitôt son carnage. En quelques bouchées, il se retrouve avec plus de chantilly autour de la bouche, qu'il n'a sûrement été capable d'en ingérer. Un sourire amusé fiché sur le visage, la jeune femme se tourne alors vers l'autre garçon. « Tu veux la même chose ? » En espérant qu'un bon chocolat parvienne à lui délier un peu la langue, ou au moins avoir le mérite de le mettre un tantinet plus à l'aise. Faut dire que de laisser quelqu'un d'aussi timide en compagnie d'une parfaite inconnue et de son gamin trop téméraire, ce n'était sans doute pas la meilleure idée de ce début d'année.

En toute honnêteté, Kun ne savait plus vraiment à quel moment Nymphéa avait réussit à le convaincre de l'accompagner pour donner un coup de main. Peut être qu'après tout ce temps, elle savait exactement quoi dire pour le faire l'accompagner n'importe où... Peut être qu'il n'était également plus aussi compliqué à convaincre qu'il avait pu l'être lors de son arrivée au Royaume Uni. Dans tous les cas, il se retrouvait dans cet appartement à donner un coup de main parmi des gens qu'il ne connaissait que brièvement - et qu'il n'avait par ailleurs pas forcément envie de connaître d'avantage - pour l'un et ni d'Eve ni d'Adam pour la jeune mère et son fils. Petit garçon qui venait tout juste de se faire couper les ailes avant d'avoir pu se jeter dans l'un des tas d'affaires qui inondait la pièce. Comment les enfants faisaient-ils pour être ainsi énergiques en toute heure de la journée ? Mais alors que le petit diable réussissait à s'arracher à l'étreinte de sa mère, qu'il se mit à foncer sur le Serpentard, s'arrêtant à ses côtés afin d'attraper l'extrémité de manche et de légèrement tirer dessus. Comme un appel au secours, Kun releva les yeux, cherchant la jeune femme du regard, mais il ne put que voir sa silhouette disparaître dans la pièce adjacente.

Pourquoi, de toutes les personnes présente dans la pièce, avait-il fallut que le bambin jette son dévolu sur lui ? Chose qui n'échappa en aucun cas à sa cousine qui, évidemment, se mit à pouffer face à la situation. Un regard noir, bien que peu convainquant, à Nymphéa plus tard, ce qui n'eut comme effet que d'agrandir le sourire qui s'était peint sur son visage, le lycanthrope reporta son attention vers le petit garçon. Visiblement son apparente froideur et distance n'avait pas suffit à le faire s'éloigner. Retenant de justesse un soupir, Roxanne ne semblant pas réapparaître pour le moment, il se baissa pour être au même niveau que l'enfant. Et avant même qu'il eut le temps de le questionner sur ce qu'il souhaitait que Raphaël et Nymphéa annonçait leur départ pour un dernier allez-retour, n'ayant visiblement pas besoin de bras en plus pour ce dernier voyage, sa cousine en profitant également pour le taquiner en lui disant que de toute manière il était trop occupé pour les accompagnés, ainsi accaparé par Cassandre. Alors que la mère du petit monstre rétorquait par une onomatopée à son nouveau colocataire, de son côté Kun grommela à voix basse sur une revanche qu'il aurait sur sa cousine pour l'abandonner dans une telle situation. Ne retenant cette fois pas son soupir, ses yeux retombèrent sur le petit garçon qui avait retiré un petit coup sur sa manche afin de retrouver l'attention de l'aîné.

Et c'est en ce dirigeant vers la table basse qui avait réussit à échapper à l'invasion de cartons et autre sacs en tout genre, attirant par la même occasion le sorcier avec lui, qu'il lui demanda s'il pouvait lui dessiner un mouton. En voilà une demande à laquelle il ne s'était pas vraiment attendu. Se grattant nerveusement l'arrière de la tête, il chercha une échappatoire mais n'en trouva aucune, et puis, même si le contact humain n'avait jamais été son fort, il se voyait tout de même pas refuser quoi que ce soit à un gamin... D'autant plus qu'il n'avait rien à faire, cela valait probablement mieux que de simplement rester immobile, tel une colonne de marbre, au milieu de ce bazar de cartons. Prenant place à même le sol, le petit garçon agenouillé à ses côtés. Ainsi, à peine eut-il hocher la tête, adressant au passage un léger sourire à l'enfant, qu'un crayon était placé dans sa main et une feuille légèrement poussée pour l'inciter à débuter. S'il avait l'habitude de dessiner bien souvent, il était toujours seul avec comme seule compagnie ses pensées qui fusaient et l'aidait à guider son tracé. Ainsi, le regard attentif de l'enfant sur lui eut le don de le rendre d'autant plus mal à l'aise. « Un mouton alors ? C'est parti. » Et si ce n'est pas vraiment de courage à proprement parlé dont il était question, Kun le saisit tout de même à deux mains, resserrant ses doigts sur le crayon, il s'appliqua ainsi à faire glisser la mine sur la feuille, débutant par un croquis précaire, il tenta de rapidement passer à une forme ressemblant plus à la demande de l'enfant.

Il était en train de s'appliquer sur les yeux du l'animal lorsque Roxanne réapparut à leurs côtés, réorganisant la petite table afin de faire une place et de déposer les remontants qu'elle promettait en arrivant. Remontant qui sembla émerveiller le garçon qui se jeta sur la boisson une fois que sa mère l'ait agrémenté de sucreries colorées qu'il lui semblait avoir déjà vu lors de ses vacances chez sa tante ainsi qu'autre chose dont il ne possédait pas le nom mais dont il connaissait néanmoins l'existence pour avoir eut l'occasion d'y goûter. Une fois sa petite terreur servie, elle se tourna vers le jeune homme lui proposant la même chose. La douce odeur de la boisson aidant probablement, posant le crayon qu'il avait toujours en main, le Serpentard n'hésita pas bien longtemps avant de donner sa réponse. « Je veux bien oui. » Il redévia son regard vers le petit glouton qui semblait avoir bien plus de crème sur ses joues que dans sa bouche, cela faisant distraitement sourire le jeune homme. Si le petit Cassandre semblait être une vraie pile électrique, il semblerait que le petit encas proposer par sa maman avait sut le mettre sur pause, ou tout du moins le temps de le savourer. Enfin, il ne faisait presque aucun doute qu'il serait bien vite repartit tout de suite après.

Roxanne reste presque surprise en entendant le son de la voix du jeune homme, d'autant plus lorsque celui-ci laisse un sourire se former distraitement aux coins de ses lèvres, à la vue d'un Cassandre barbouillé de partout. Peut-être n'est-il finalement pas aussi introverti qu'elle a pu le penser de prime abord et que c'est seulement sa timidité qui l'a poussé à rester en retrait jusqu'à maintenant. Après tout, ce n'est pas donné à tout le monde de se sentir tel un poisson dans l'eau en se retrouvant en compagnie de parfaits inconnus. Et si pour sa part, elle a toujours eu tendance à faire preuve d'une sociabilité à toute épreuve, elle a bien conscience que ce n'est pas le cas de la plupart des gens et qu'ils ont généralement besoin d'un temps d'adaptation. A elle donc de faire en sorte que ce garçon se sente plus à son aise, en attendant le retour de ses deux acolytes. Ou plutôt lâcheurs, en l'occurence.

La jeune femme s'active alors à préparer la boisson de son invité à grand renfort de crème et de chamallows miniatures, qu'elle pousse légèrement dans sa direction. Plus pour l'inciter à se servir qu'autre chose, étant donné qu'il la déjà sous les yeux. « Voilà pour toi ! » Elle lui sourit avant de faire de même avec son propre chocolat. Profitant de ce moment de calme retrouvé puisque son fils est pour l'instant trop occupé à se remplir le ventre pour s'agiter dans tous les sens, elle laisse son regard dériver sur le brun pour tenter d'en apprendre un peu plus à son sujet. « Tu étudies à la même université que Raphaël ? » Bien que son interlocuteur ait l'air un peu plus jeune que son nouveau colocataire, ça lui semble être la déduction la plus évidente. Et puis, le français étant venu s'installer de l'autre côté de la Manche dans le but de poursuivre ses études, elle se doute que la plupart de ses connaissances ne doivent pas dater de plus de quelques mois et qu'elles se composent essentiellement de camarades rencontrés sur le campus.

Elle-même n'a fait sa connaissance que quelques semaines auparavant, en réalité. Raph est tombé sur une annonce qu'elle a accroché à l'entrée du supermarché où elle travaille, alors qu'elle et Agrios étaient à la recherche d'un troisième locataire pour emménager en leur compagnie dans cet appartement. Loyer certes trop élevé pour eux mais le logement leur a tapé dans l’œil aussitôt qu'ils y ont posé les pieds. Les deux amis se sont alors mis d'accord pour trouver quelqu'un à qui faire occuper la quatrième chambre. Quand Raphaël s'est présenté avec sa bonne humeur et son humour un peu particulier, ils n'ont pas mis longtemps avant de se décider. A tel point qu'il les a finalement rejoint peu de temps après la remise des clés, envahissant de ce fait la quasi totalité du salon avec tout son débarras.

Heureusement d'ailleurs que le nouvel arrivant est parvenu à trouver des âmes charitables pour servir de main d’œuvre, parce qu'à eux deux seulement et avec Cassandre en prime dans les pattes, ça n'aurait pas été une mince affaire. Au pire des cas, ils auraient sans doute attendus que Agrios ait pu se libéré de son travail pour s'y mettre. Mais voilà une bonne chose de faite, ils en sont maintenant débarrassé et c'est tant mieux. « Au fait, merci pour le coup de main ! C'était sympa. Ça vous dirait de rester manger ce soir, pour vous remercier ? » Après tout, c'est bien le minimum qu'ils puissent faire pour montrer leur gratitude aux deux jeunes gens. Tout en déblatérant, Roxanne s'empare de sa cuiller et commence à délester sa tasse de la chantilly qui s'y trouve. Alors qu'elle s’apprête à piocher au milieu des guimauves imbibées de chocolat, le petit homme se tourne vers elle pour la fixer avec son sourire tout barbouillé. « Je peux avoir des gâteaux ? » Elle lève les yeux au ciel mais quitte le canapé malgré tout. Un instant plus tard et la voilà de retour, munie d'un paquet de madeleines. Sur le chemin du retour, elles sent ses pieds se prendre dans un carton au moment où elle s'apprête à l'enjamber, manquant de peu de s'étaler dessus comme une crêpe.

Tout en pestant, elle sautille sur un pied jusqu'au sofa sur lequel elle se laisse tomber en se vautrant lourdement, sous les rires moqueurs de sa crapule de fils. Ses yeux se fichent dans ceux de l'enfant d'un air faussement indigné alors qu'elle reprend, bien décidée à ne pas se laisser démonter malgré le ridicule de la situation. « On se moque pas, espèce de sale gosse ! » Ce qui n'a pour d'autre effet que d'accentuer plus encore ses éclats de rire. Une moue amusée fichée sur le visage, elle lui ébouriffe tendrement les cheveux. La jeune femme reporte alors son attention sur le sachet de gâteaux, ses doigts se battent quelques instants avec l'ouverture avant qu'elle ne parvienne à remporter haut la main ce duel acharné. Fière de sa victoire, un glorieux « AHAH ! » sort de sa bouche alors qu'elle laisse tomber le paquet au milieu de la table basse, sur laquelle la place commence à manquer cruellement.

Cassandre plonge aussitôt la main à l'intérieur, pour en ressortir une madeleine qu'il engouffre dans la seconde. Il réitère une seconde fois puis il se tourne vers sa mère, après s'être saisit du dessin pas encore terminé sur lequel le jeune homme s'est appliqué. « T'as vu maman, il dessine mieux que toi ! » La vérité sort de la bouche des enfants, n'est-ce pas? Roxanne éclate de rire, puisqu'il est objectivement difficile de prétendre le contraire. Elle est tout juste capable de crayonner un espèce de nuage en guise de laine, des bâtons pour  simuler les pattes et un espèce de cercle avec à l'intérieur des petits points et une parenthèse pour faire office de tête. Sans oublier les deux triangles perchés dessus, censés rappeler les oreilles. Elle-même l'admet sans problème, dessiner ce n'est clairement pas sa tasse de thé.

« Ah ouais ?! Bah puisque c'est comme ça, j'te dessinerais plus de moutons alors ! » Un sourire de diable fiché sur son minois, le petit garçon réplique aussitôt derrière et avec beaucoup de fierté. « C'est pas grave, je demanderais à mon copain. » Et de sa bouche, ça sonne telle une évidence. Innocence et naïveté, les maîtres mots d'un si jeune esprit qui semble convaincu qu'un simple coup de crayon à ainsi scellé l'amitié de ces deux là. La jeune femme secoue la tête d'un air désabusé puis reporte son attention sur ledit copain. « Sers-toi, si tu as faim. » Le geste suit la parole puisque avec un nouveau sourire, elle lui montre d'un signe de tête le sachet de madeleines, pour l'inviter à piocher dedans.

Aussitôt les quelques mots furent-ils sortis de la bouche du sorcier que la jeune femme recommença la manœuvre précédemment réalisée pour son petit garçon, poussant légèrement la tasse de chocolat fumant une fois la tâche réalisée. Kun hésita quelques petits instants, attendant, et ce malgré l'invitation tacite, que Roxanne se soit elle même servie avant d'enfin rapprocher timidement la boisson chaude de lui, appréciant aussi bien la douce odeur qui s'en dégageait que de la chaleur agréable sous ses doigts alors qu'il s'en saisissait. Il inclina légèrement la tête, les yeux rivés sur la petite torsade de crème qui s'élevait sur le liquide brun, tout en soufflant au passage un petit merci toujours quelques peu nerveux. S'intéressant visiblement au jeune homme venu donner un coup de main, le petit moment de calme qui s'était étendu sur quelques secondes prit fin en une interrogation. Il ne savait pas vraiment s'il aurait supporté être dans la même université que le grand ami de sa cousine. En dehors du fait qu'il s'agisse là d'une école moldue évidemment. Le français n'étant pas vraiment une personne qu'il portait dans son coeur. Que ce soit les quelques blagues foireuses qu'il avait put entendre à sa relation si proche qu'il avait avec Nymphéa, rien n'attirait sa sympathie. Et quand bien même il se montrait plutôt indifférent envers la plupart des gens, il semblerait que même cela soit délicat face à lui. « Non, je suis dans la même université que Nymphéa... Hum.. Ils sont amis, tout les deux. » Après tout, c'était parce que Nymphéa lui avait demandé d'être des bras en plus pour donner un coup de main - et peut être parce qu'à choisir, il préférait rester avec sa cousine - qu'il était venu, pas vraiment pour la personne qui avait besoin d'aide.

Laissant glisser ses yeux vers la boisson chocolatée qu'il n'avait toujours pas entamé, il se laissa finalement tenté, portant à sa bouche une cuillère de crème fouettée, appréciant la douceur, il ne tarda pas avant de repartir à l'assaut du délice sucré. Et c'est d'ailleurs à cause del'une des petites guimauves qu'il manqua de s'étouffer lorsque, le remerciant pour l'aide qu'ils étaient venu apporter avec Nymphéa, Roxanne proposa à ce qu'il restent pour manger avec eux. Tournant la tête, il se retenait à grande peine de tousser, avalant difficilement le bonbon traître avant d'enfin se retourner vers la jeune femme. « C'est que.. Hum.. Enfin, je.. » Bégayant pitoyablement, sa nervosité ne fit qu'augmenter, ses mots se mélangeant et s'engouffrant tous pour sortir en même temps, d'où ce misérable résultat qui ne faisait aucun sens. Raison pour laquelle il préféra totalement se stopper, baissant les yeux, honteux. En aucun cas il ne s'était attendu à ce qu'elle propose cela, la surprise, pour une quelconque raison inconnue, l'avait rendu d'avantage nerveux. Et, désormais parfaitement mal à l'aise, il remercia mentalement le petit Cassandre qui, vraisemblablement loin de s'occuper d'autre chose que de son goûter, en profita pour quémander à sa maman quelques gâteaux. Il entendit, plus qu'il ne vit, cette dernière se lever afin de satisfaire la demande de son petit garçon. Profitant de l'absence de la jeune femme, il passa l'une de ses mains sur ses paupières closes, se maudissant pour avoir fait preuve d'autant de bêtises. Pourtant, ses yeux se rouvrèrent brusquement à l'entente du bruit sourd qu'avait provoqué le coup de pied involontaire de Roxanne dans l'un des nombreux cartons qui jonchaient le sol de l'appartement. Relevant vivement la tête, son regard tombant alors sur la danse douloureuse qui animait la jeune maman dans le but de rejoindre le canapé sous les esclaffements de son fils. S'asseyant de nouveau tout en faisant mine de le gronder à ce propos, elle finit par ébouriffer les cheveux du petit monstre. « Est-ce que ca va ? » Ce n'était assurément pas grand chose - bien que ce genre de petits bobos du quotidiens ne soient jamais vraiment agréables - mais n'aurait-ce pas été impoli de ne pas s'en inquiéter tout de même ?

Aussitôt le petit paquet ouvert et posé sur la table basse, Cassandre se jette dessus, attrapant en toute hâte l'un des gâteaux afin de le dévorer en quelques instants seulement avant de déjà repartir à l'assaut du paquet. Semblant se souvenir de la requête qu'il avait posé au lycanthrope, il attrapa le début du dessin proposé afin de le montrer à sa mère, déclarant alors que ce dernier était au delà des qualités de dessinatrices de la jeune femme. Les enfants et leur honnêteté, quelques peu gêné par ce fait qui pourrait ma foi être vexant, surtout alors qu'il était un parfait inconnu, Kun se tourna vers le petit garçon. « Je suis sûr que ceux de ta maman sont très bien aussi. » Et puis, tout ce qui venait d'une maman était toujours particuliers. Mais visiblement, loin de s'en offusquer, Roxanne prit ca sur le ton de la rigolade, assurant à sa terreur qu'elle n'aurait ainsi plus à lui en dessiner. Argument contré en vitesse par le garçonnet qui assura que de toute façon il n'en aurait plus besoin puisque Kun - qu'il qualifia par ailleurs de copain - s'en chargerait. Cela était étrange d'entendre un tel mot dans la bouche d'une personne qu'il ne connaissait depuis peut être quelques heures tout au plus - et ce même si cela venait d'un petit garçon de quelques années. Après tout, l'amitié dans la globalité n'était pas une notion qu'il connait sur le bout des doigts.

En bonne hôte, elle lui proposa de se servir également dans le sachet de gâteau. L'incitant par ailleurs par le geste à ne pas être gêner. Acquiesçant lentement, le Serpentard se laissa tenter et attrapa l'une des madeleines. Ce genre d'encas n'étaient pas vraiment ce dont il avait l'habitude de manger, ayant plus l'habitude des confiseries et gâteaux sorciers, mais il devait avouer que sur le point de la cuisine, les spécialités sorcières n'avaient rien à envier aux si simples sucreries moldues. Le petit goûter offert par Roxanne en étant une parfaite preuve. Achevant rapidement le petit gâteau, Kun décala légèrement la tasse de chocolat - désormais allégée de toute chantilly et des petites guimauves - se tournant vers le petit garçon. « Tu veux m'aider à finir ton mouton ? » Peut être qu'il se sentait tout de même plus à l'aise en compagnie des enfants. Après tout - et ce surtout à un tel âge - les enfants étaient totalement innocent. Peut être était-ce ce côté là qui l'aidait à apprécier leurs présence plus qu'avec un groupe d'adultes. Selon lui, les petits avaient toujours su dégager cette aura apaisante et particulièrement calme. Et aucun jugement quel qui puisse être ne s'échappait jamais de leurs regards. Ainsi, il était bien plus simple d'être soi même en leurs compagnie qu'avec les plus grands.  

Les yeux de Roxanne s'écarquillent de surprise à la réaction de son interlocuteur. Si de prime abord, elle aurait pu penser que de le voir ainsi s'étouffer n'était qu'un simple hasard, les balbutiements qui suivent ne font que mettre en évidence la gêne de sa proposition. Elle l'observe, avec sa mine éhontée à crever le cœur et serait presque tentée de le prendre dans ses bras pour s'excuser d'être une telle gourde. Néanmoins elle s'abstient, se doutant qu'un tel geste de sa part ne ferait qu'empirer les choses plutôt que de calmer le jeu. Ses pensées se bousculent dans sa tête à toute vitesse. A plusieurs reprises, sa bouche s'ouvre puis se referme. Sourcils froncés, elle cherche un moyen de détendre l'atmosphère mais ne trouve rien à dire de suffisamment éloquent. Heureusement, la demande de Cassandre arrive à point nommé et lui permet de s'éclipser le temps que chacun d'entre eux puisse passer outre ce moment plutôt malaisant.

Finalement, c'est peut-être bien parce qu'elle est trop occupée à se maudire intérieurement qu'elle ne prête même pas attention à ce fichu carton, qui manque de la faire se ramasser sans aucune douceur. Quand elle s'étale sur le canapé sous les rires de son petit bonhomme absolument pas compatissant et que Kun lui demande comment elle va, elle secoue vivement la tête et agite les mains avec frénésie. « Impec'. Tout va bien. » En réalité, si la jeune femme à ce moment là, ne s'était trouvée en compagnie de personne d'autre qu'elle même, elle aurait sans doute affligé le fameux carton de tout un tas de noms pas franchement glorieux. Mais puisque c'est une optimiste de nature, elle préfère se concentrer sur le côté positif de la chose et se dire que sa maladresse à toute épreuve a au moins eu le mérite de détourner l'attention de tout le monde.

Alors que Cassandre repart à la charge avec sa feuille en mains, Roxanne en profite pour boire quelques gorgées de son chocolat jusque là délaissé et qui a d'ailleurs eu le temps de commencer à refroidir. La remarque du jeune homme au sujet de ses talents d'artiste la fait sourire contre sa tasse, bien qu'elle ne soit pas franchement certaine qu'il se ferait toujours la même opinion, s'il avait l'occasion de se retrouver avec un des fameux moutons de son cru sous les yeux. Le plus petit en revanche, ne semble pas en démordre. « Non. Mais elle dessine trop bien les cœurs. Et les arcs-en-ciel aussi ! » Cette fois, c'est elle qui manque de s'étouffer avec sa boisson. Scandalisée, elle jette un coup d’œil à son fils qui avec un grand sourire heureux à lui bouffer la moitié du visage, n'a pas l'air de se rendre compte qu'il ne fait que souligner davantage encore son niveau avoisinant la nulité. Les cœurs et les arc-en-ciel ... Il ne manquerait plus que les nuages et on aurait sans doute droit au top trois des trucs les plus simplistes à représenter. Enfin ... si Cassandre se satisfait pleinement de ce genre de gribouillis, elle ne va certainement pas s'en plaindre, étant donné qu'elle serait bien incapable de mieux faire.

D'un geste, elle pioche à son tour à l'intérieur du paquet après que chacun se soit servit. Ses doigts se referment sur une madeleine qu'elle porte aussitôt à sa bouche pour croquer dedans. C'est alors que le brun propose au plus jeune de reprendre le croquis là où ils l'avaient laissé. Le genre de proposition qui n'a pas besoin d'être faite une seconde fois et qui pousse aussitôt le garçon à se précipiter aux côtés de l'aîné. Roxanne l'intercepte verbalement sur sa lancée. « Hey, commence par aller me nettoyer tout ça. » Tout en parlant, elle lui montre le contour de sa bouche avec son doigt. La gamin soupire mais s’exécute, sachant pertinemment que chercher à marchander lui fera perdre bien plus de temps que de simplement écouter. D'un pas traînant et tout ce qu'il y a de plus théâtral, il s'éloigne en direction de la salle de bain et disparaît au bout du couloir.

Une fois de plus, la jeune femme reporte son intention sur leur invité, pour tenter de relancer un peu la conversation trop rapidement écourtée de tout à l'heure. « Et du coup, tu étudies quoi à l'université ? » En réalité, sa nature des plus curieuse lui donne même envie de savoir à quelle fac il étudie, en quelle année il est, si ça lui plaît ... Mais chaque chose en son temps. Inutile de le brusquer et de prendre le risque de le mettre à nouveau mal à l'aise. Bien que timide et peu loquace, ce garçon a l'air gentil après tout. A moins qu'il n'agisse surtout par politesse ? A vrai dire, elle ne sait pas trop. Mais ce n'est pas ça qui va couper court à son entrain, en tous cas pas tant qu'elle n'a pas clairement l'impression de déranger. Elle est même prête à lui tirer les vers du nez petit à petit, chercher à en savoir davantage à son sujet pour capter ce qui pourrait éveiller son attention et le pousser à se détendre petit à petit.

Peu de temps après, Cassandre revient en trombe dans le salon, la bouche propre et les mains trempées qu'il essuye sur son pull sans se poser de questions. Puis il retourne s'asseoir près de Kun pour le regarder dessiner de ses grands yeux émerveillés. Mais comme tous les enfants, son attention se détourne aussitôt qu'une idée nouvelle vient germer dans sa tête. Un grand sourire aux lèvres, il ancre ses yeux dans ceux de sa mère pour lui offrir la moue la plus adorable qu'il ait en stock, dans le but de la faire craquer. « On va manger une barbe à papa ? » Elle l'observe, étonnée de sa soudaine question. Puis prend le temps de réfléchir avant de répondre. « Tu viens de goûter ! Et puis, je ne suis pas certaine que Kun ait très envie de sortir ..? » La fin de sa phrase ressemble plus à une question et tout en s'exprimant, elle cherche à capter le regard de l'intéressé.

Bien décidé à obtenir ce qu'il désire, Cassandre se met à tirer frénétiquement sur la manche du jeune homme dans le but d'attirer son attention, sous le regard dépréciateur de Roxanne. Alors qu'elle s'apprête à lui demander de se calmer, la voix du petit garçon s'élève à nouveau. « Dis ouiiii ! Steuplé steuplé steuplé ... » Et à lui également, il tente d'offrir sa bouille la plus attendrissante et la plus convaincante. Après tout c'est bien connu, les grandes personnes ont tendance à se laisser avoir plus facilement par des têtes d'ange. Et tandis que le gamin poursuit son petit spectacle facial, Roxanne elle fait plutôt son possible pour disparaître face à cette absence totale de gêne. Ahhhh, les enfants ...

Comme s'il fallait une certaine égalité, la jeune femme ne tarda pas à s'étouffer à moitié , suite à une innocente remarque du petit garçon, qui avec un sourire tout content sur le visage, venait, avec toute la naïveté d'un enfant, de démentir la dernière remarque du Serpentard quant-aux dessins de sa maman. Après tout, les enfants étaient biens pour cela. Toujours honnêtes. Parfois peut être un peu trop. Venant achever cette dernière, sans aucune volonté de se moquer, il fit néanmoins ses louanges quant à ses qualités de dessinatrice de coeur et d'arc-en-ciel, ne se rendant très certainement pas compte qu'il ne s'agissait pas là d'un des plus beaux compliments à faire. Les yeux baissés sur sa boisson, Kun ne put s'empêcher de laisser s'échapper un petit sourire amusé. Cachant du mieux qu'il pu ce fait en avalant une petite gorgée de chocolat, il fit comme si de rien n'était. Visiblement ravi par la proposition du jeune homme, Cassandre se hâta de se rapprocher de lui, mais fut interrompu sur sa lancé par sa mère lui ordonnant d'aller nettoyer sa frimousse, encore pleine de chocolat et de crème fouettée, avant de faire quoi que ce soit. Et  bien que ce soit sans réellement protesté, c'est tout de même avec un soupir bien audible que l'enfant se dirigea, en traînant des pieds, vers l'un des couloirs de l'appartement, afin que tous puisse ainsi voir avec quelle fausse joie il s'exécutais face à l'ordre, se fichant visiblement - ou alors ne réalisant pas réellement - de malgré tout perdre du temps en traînant la patte ainsi, jusqu'à finalement disparaître.

Profitant de la courte absence de son fils, Roxanne s'intéressa de nouveau aux études du Serpentard. Kun sembla légèrement mal à l'aise face à la question. Il n'était pas certain qu'une moldue comprendrait qu'il étudiait l'art des potions et qu'il prenait part à des courts de sortilèges avancées ou encore quelques autres cours spécifique à la pratique de la magie. « Je suis dans une filière scientifique. » Si cela résumait très bien la situation, il espérait sincèrement qu'elle ne creuserait pas trop le sujet. D'autant plus que part les temps qui courrait, il n'était probablement pas conseillé d'afficher son appartenance au monde sorcier face à un moldu. Qui savait où étaient les membres du Blood Circle ? Alors qu'il avait finit par reprendre sa tasse où sa boisson n'était plus aussi chaude, reprenant quelques gorgées, appréciant la douceur du goût sur sa langue. Ayant achevé sa mission, la petite terreur ne tarda plus avant de refaire son apparition, reprenant place aux côtés du lycanthrope, qui reposa sa tasse presque vide afin de reprendre en main le crayon sous le regard attentif du gamin. Se reconcentrant à son tour sur le dessin, Kun se retrouva à ajouter des détails sur l'animal précédemment abandonné, s'appliquant sur le corps laineux, se laissant aller à particulièrement exagérée sur la quantité de laine représentée, rendant après quelques coups de crayons une sorte de boule cotonneuse.

C'étant toute fois rapidement lassé, le petit Cassandre releva la tête, faisant de grands yeux doux à sa maman pour qu'elle craque face à sa nouvelle demande. Une légère et fugace grimace passa sur le visage du sorcier quand Roxanne détourna la question en demandant à Kun si lui était d'accord pour sortir. L'effet fut immédiat, détournant le regard de la jeune femme, le garçonnet porta toute son attention sur son "copain" de dessin, tirant sur la manche de Kun, ne tardant pas avant de lui demander si c'était possible d'accéder à sa requête en sautillant presque sur place tant il était enjoué, refaisant cette même bouille qu'il avait déjà tenté avec sa mère. Pris au dépourvu, il se mit à légèrement bégayer. « Euh..? Je sais p.. O-Oui. » Tout comme il avait céder à une vitesse folle face à la demande de dessin du petit, il n'avait pas su dire non. Même s'il ne savait pas vraiment de quoi il était réellement question, si ce n'était qu'ils devraient sortir. Mais, malgré l'air encore frais du début Février, prendre l'air ne lui ferait dans tous les cas probablement pas de mal. Et puis, le petit garçon semblait ravi de cette nouvelle, c'était déjà bien.

Malgré lui, un petit malaise grandissait en lui à l'idée de sortir dans le monde moldu. Nymphéa l'y avait déjà traîné une ou deux rares fois. Et puis, si son oncle par alliance était un moldu, ils n'avaient jamais réellement partagés des discussions sur le monde des sans-magie. Mais de sortie avec un moldu, il n'en avait jamais fait. Bien que dans tous les cas, mise à part avec sa cousine, il n'était jamais vraiment sorti tout court. D'un autre côté, il s'agissait là d'une occasion de combler quelques unes de ces lacunes sur cette partie du monde dont il ignorait presque tout. Il était seulement des plus étranges de faire cela avec une personne qu'il ne connaissait que depuis le jour même. Cela dit, n'ayant jamais été vraiment habitué au relationnel, cela n'était pas plus inhabituel que d'avoir échangé avec ladite personne. Reposant donc le crayon en travers de la feuille où trônait désormais un mouton presque achevé, il croisa le regard de Roxanne, légèrement gêné. « Ca ne me gêne pas. » Détournant malgré lui rapidement le regard, cherchant presque à se cacher, bien que cela soit plutôt enfantin, il se saisit de sa tasse de chocolat qu'il avait laissé, étant désormais à peine tiède, et la porta à ses lèvres afin de la finir avant leur départ, les yeux perdus à l'intérieur de cette dernière, évitant par la même occasion un quelconque contact visuel avec la jeune maman.

Malgré ses piètres tentatives pour chercher à mettre son interlocuteur plus à son aise, Roxanne se rend bien compte que c'est loin d'être gagné. S'il ne semble ni se braquer, ni se replier sur lui-même et qu'il accepte même de se prêter au jeu en répondant à sa question, il semble néanmoins subsister entre eux une certaine gêne. Rien de très surprenant à cela dans le fond puisqu'ils se connaissent à peine, mais elle aurait tout de même espéré que leur bref échange soit parvenu à adoucir cette atmosphère encore trop pesante. Loin de se laisser abattre ni même de rendre les armes, elle se munit de son plus jovial sourire, bien décidée à se servir des miettes d'informations que laisse s'échapper l'oisillon face à elle, dans l'espoir de nourrir davantage ce début de conversation. Mais alors qu'elle s'apprête à creuser un peu plus au sujet de cette fameuse filière scientifique, Cassandre arrive en trombe et lui coupe l'herbe sous le pied, monopolisant de nouveau toute l'attention. Il semblerait décidément que son petit ange soit déterminé à intervenir chaque fois qu'elle essaye de repartir à la charge.

Songeuse, la jeune femme regarde l'artiste reprendre son dessin là où il l'avait laissé, dans un silence qui ne lui est pas vraiment habituel. C'est qu'elle n'a pas franchement l'habitude de se retrouver confrontée à un pareil, plutôt habituée qu'elle est généralement à s'extasier d'un tout d'un, d'un rien et même de n'importe quoi. Tout en observant le croquis prendre un peu plus forme à chaque coup de crayon, elle se saisit de sa tasse pour finir ce qu'il subsiste de chocolat à l'intérieur. La dernière gorgée, noyée d'un trop plein de restes de cannelle, lui arrache une légère grimace. La quiétude des lieux semble reprendre ses droits alors que chacun semble tout à fait concentré sur la forme que prend petit à petit le mouton. C'est sans compter sur l'incapacité du petit bonhomme à tenir en place, qui à peine quelques minutes plus tard se met l'idée en tête de faire sortir tout ce petit monde. Partagée entre l'idée d'aller faire un tour ailleurs qu'entre les murs de l'appartement et celle de ne pas laisser à son fils l'occasion d'abuser davantage de sucreries, elle cherche d'abord à savoir si au moins, leur invité serait tenté de mettre le nez dehors. Encore une fois à grands renforts de balbutiements attendrissants mais sans réelle difficulté il accepte, bien qu'elle le soupçonne surtout de s'être laissé amadouer par la bouille trop convaincante de sa petite terreur, comme c'est souvent son cas à elle aussi d'ailleurs.

Et quand finalement, le jeune homme se tourne vers elle pour lui certifier que ça ne lui pose pas de problème et que l'instant d'après il fuit dans sa tasse tête la première, Roxanne se pince les lèvres, légèrement dubitative. Est-elle si intimidante que ça ? Elle ne s'est jamais vu comme telle et a du mal à se dire qu'une chose pareille soit réellement possible. Ou peut-être est-ce à cause du trop plein d'énergie qu'elle dégage. En réalité, à les voir comme ça tous les deux, elle se fait un peu l'effet d'un gosse surexcité et lui d'un chaton trop apeuré par tant d'entrain pour accepter de se laisser apprivoiser. La comparaison n'est d'ailleurs sans doute pas si loin que ça de la réalité, ce qui voudrait dire qu'avant tout, il lui faut trouver la bonne approche. Aller se dégourdir les jambes plutôt que de rester ici à tourner en rond n'est peut-être définitivement pas une mauvaise idée, après tout. « Et bien, c'est parti ! » Sur ces mots elle se lève, sous les cris victorieux de son fils qui n'a clairement pas l'intention de cacher sa joie.

Tout en enjambant et déviant le bazar de cartons, Roxanne se fraie un passage jusqu'à l'entrée. Cassandre se précipite jusqu'à sa hauteur, les mains jointes tout en sautillant. « On peut aller faire du manège aussi ? Steuplé steuplé steuplé ! » Elle soupire mais ne dissimule pas son sourire face à toute cette bonne humeur. Pour sûr, son petit monstre sait y faire quand il s'agit d'obtenir ce qu'il veut. « On verra. Commence par t'habiller. » Le petit garçon se jette aussitôt sur ses chaussures qu'il enfile puis qu'il ferme à l'aide de ses scratchs. Sa mère lui donne ensuite son manteau qu'il revêt sans broncher mais il commence à râler lorsque celle-ci lui tend une paire de gants, un bonnet et une écharpe. Un regard inquisiteur répond à ses protestations qui sans trop de bonne foi cessent malgré tout.

Le plus gros de l'Hiver a beau être passé, les températures ne sont toujours pas au beau fixe et jusqu'à maintenant, le ciel est plus souvent gris qu'ensoleillé. Alors à son tour, Roxanne s'habille chaudement. Une fois prête, elle s'assure que c'est également le cas du jeune homme qui les accompagne, avant de se saisir de son sac et d'ouvrir la porte. D'un geste ample de la main en direction de la sortie, elle incite les garçons à quitter les lieux. « En route, les terreurs ! » Qui sait, peut-être qu'une petite touche d'humour aidera Kun à se dérider davantage ? Un sourire aux lèvres, elle finit par ajouter à son encontre. « Tu pourras m'en dire un peu plus sur cette fameuse filière scientifique, si tu veux. » Peut-être que de lui proposer de prendre lui-même la directive de la conversation le mettra plus à l'aise. Et puis, si pour une raison quelconque il ne souhaite pas s'attarder plus que ça à ce sujet, rien ne l'empêchera de rebondir sur autre chose cette fois.

Laissant couler ce qu'il restait du lait chocolaté dans sa bouche, il fit néanmoins en sorte de prendre son temps, préférant garder ce prétexte pour éviter le regard de la jeune femme le plus longtemps possible. Il se résigna à la redéposer sur la table seulement lorsque Roxanne annonça le départ, cette dernière se levant par la même occasion sous les cris joyeux de Cassandre, visiblement plus qu'heureux d'avoir réussi à convaincre les deux adultes pour cette sortie improvisée. Se levant à son tour, Kun s'avança vers la sortie de l'appartement, concentré afin d'éviter les cartons éparpillés à droite et à gauche, manquant tout de même de trébucher alors que Cassandre lui passait devant à toute vitesse pour rejoindre sa mère. Toujours autant enjoué, en profitant même pour lui faire une énième demande, en allant même jusqu'à sautiller sur place tant sa nouvelle idée semblait l'emballer. Ne tardant pas à se précipiter vers ses chaussures dès lors qu'il eut la réponse de sa mère, qui sans être positive semblait, de part le sourire qui éclairait son visage, était loin d'être négative non plus. Attrapant également son manteau qu'il avait déposé lors de son arrivée, il l'enfila rapidement, jetant alors un coup d'oeil au duo mère-fils, le petit garçon faisant une légère moue boudeuse alors que Roxanne lui imposait des gants et un bonnet afin d'être parfaitement protégé contre le froid hivernal.

Une fois le trio fin prêt à sortir, Roxanne ouvrit la porte, invitant, d'un signe de la main, les deux garçons à sortir en premier, rajoutant une petite pointe d'humour, qualifiant, Kun comme Cassandre, de terreurs, remarque qui, malgré l'apparente simplicité, réussit tout de même à tirer l'esquisse d'un sourire au Serpentard. Sourire qui eut bien vite fait de disparaître en même temps qu'elle lui proposait de lui en expliquer d'avantage à propos de la filière scientifique qu'il suivait à l'université. Se heurtant alors au problème qu'il avait soulevé précédemment face à leur appartenance à deux mondes différents. N'arrangeant rien, il n'y connaissait strictement rien en sciences moldus, ce qui pourtant aurait put lui été bien utile dans cette situation pour trouver quelques bobards à raconter. « Je ne voudrais pas t'ennuyer avec ça. Pas sûr que ce soit vraiment très intéressant. Et puis il n'y a pas grand chose à raconter non plus. » Il s'appliqua à lui adresser un léger sourire, bien que la gêne devait très certainement en ressortir. Ses yeux se posant sur le petit garçon visiblement plutôt impatient, il se sentit un peu bête en réalisant que ce petit bonhomme connaissait probablement bien plus de chose que lui sur cette partie du monde.

Par ailleurs, Kun ayant entendu la demande du petit monstre de Roxanne à propos du manège, et s'il y avait évidemment des fêtes foraines et autres manèges bien connus par les sorciers également - la fête foraine mixte entre moldus et sorciers s'étant fait attaqué par le Blood Circle il y avait de cela un an désormais en étant un parfait exemple - ce genre d’événement touchant la les deux peuples, Kun n'avait jamais été intéressé par une visite de tel lieux. Ainsi, il n'avait jamais vraiment cherché à découvrir ce genre de chose. Que ce soit des simples carrousel enfantin ou d'autres choses destinés à des plus grands. Tout comme bien des activités d'origines non-magique en fait. Peut être aurait-il dû laisser Nymphéa le traîner d'avantage dans le monde moldu, il se serait probablement bien moins senti nerveux à l'idée de faire face à l'inconnu. Plus encore à l'idée même de ne pas connaître des choses qui pour Roxanne et son fils était tout à fait basique et habituels. Il espérait ainsi secrètement ne pas faire face à trop d'obstacle de ce genre ainsi que réussir à rester discret face à ses évidentes lacunes sur le sujet. Tout ce qu'il avait à faire étant de ne pas paraître trop étrange... Si tant est qu'il ne l'ait pas déjà été avant même qu'ils ne sortent. Après tout, si ce n'était dessiner avec son fils et accepté la collation offerte, il n'était pas certain que de part son mutisme premier et ses réponses brèves il soit la personne la plus "normale" que la jeune femme ait pu rencontrer.