Triumphant return from mission

Nous avions quitté le bâtiment moldu assez rapidement, laissant derrière nous un joli carnage et un bien beau bain de sang. Normalement, rien ne pourrait nous trahir, aucune trace n’avait été laissée sur place et nous étions tous deux inconnus des services moldus de recherche et de police.
Nous étions donc en possession des documents que nous étions venus chercher et dorénavant, nous étions de retour, suite à un transplanage direct dans le quartier général mangemort, à Godric’s Hollow…

Là, j’avais invité mon acolyte à me suivre dans mon bureau, une pièce qu’il connaissait déjà, puisque c’était ici même que nous avions tout planifié, lui et moi, lors de nos réunions de préparation. C’était ici que nous avions établi nos plans, élaboré nos hypothèses, trouvé des pistes de solutions et analysé les moindres détails des situations que nous aurions pu être amenés à rencontrer…

Bref, nous étions de retour, la mission était un succès, je déposai les documents sur le bureau et… nous allions enfin pouvoir nous débarrasser de ces satanés uniformes moldus. Oui, parce qu’il valait mieux ne pas les laisser sur place, ça aurait été courir le risque de laisser des indices un peu trop visibles, même pour les vermines moldues.

« Installe-toi… » Pour ma part, mon fauteuil confortable, en cuir de dragon, allait faire l’affaire pour que je puisse m’y affaler, mais en attendant… « Je vais quand même retirer ces frusques et enfiler quelque chose de potable. »

Les moldus avaient l’art de créer et de porter des vêtements qui n’étaient ni pratiques, ni élégants, ni cosy… alors, me débarrasser de ces saloperies était primordial. Je commençais par ôter ces chaussures bien trop lourdes et trop grossières. Encore une fois, je ne voyais pas l’intérêt de faire des trucs pareils.
J’hésitai un instant à me changer vraiment entièrement ici… mais, c’était mon bureau, après tout, et Nott m’avait prouvé qu’il était un gars sérieux, il n’allait pas me faire un sale coup du genre me piquer un vêtement pour me forcer à rester dénudé. J’avais le sentiment qu’il était au-dessus de cela. Et puis, vu le nombre d’heures et de nuits que je passais en ces lieux, j’avais suffisamment de tenues de rechange au QG.

Après les chaussures, donc, j’ôtais le pantalon cargo, avec ces énormes poches disgracieuses, me retrouvant en boxer et chaussettes – sous-vêtements assortis, évidemment, ne me prenez pas pour un barbare – dans la pièce. « Je ne comprendrais jamais pourquoi ces imbéciles continuent à fabriquer ce genre de choses… »  Attrapant un pantalon de costume, je l’enfilais, m’y sentant tout de suite bien plus à l’aise.
Quant au haut de ce fichu uniforme, je l’enlevais assez rapidement, parce que, mine de rien, avec ces saletés de tissus bourrés de produits moldus inconcevables, je préférais porter une chemise, quitte à ne pas remettre par-dessus un veston et une veste… Même sans cravate, c’était toujours bien mieux que cette horrible tenue moldue. Je fermai alors patiemment les boutons de ma chemise, tout en adressant un petit sourire à Regor.

« Dis-moi, qu’est-ce que je peux t’offrir à boire pour fêter ça ? »  J’étais toujours en chaussettes, mais j’avais besoin de ça en ce moment, parce que, franchement, les moldus doivent avoir des pieds difformes, ce n’était pas possible autrement ! et pourtant, j’avais eu l’apparence d’un moldu pendant un petit moment aujourd’hui… il ne fallait pas demander ce que Regor avait dû endurer en enfilant cet uniforme et ces grosses godasses horribles.

« Tu préfères quoi ? Bière ? vin ? alcool ? »  Je ne proposais pas de boissons sans alcool, parce que je n’avais pas grand-chose ici qui correspondait à cette définition. Je faisais venir pas mal de boissons que j’aimais de différentes régions et c’était un vrai plaisir pour moi de déguster cela en étant confortablement installé dans un cadre agréable.
Pour ma part, ça allait, bien sûr, être une bonne bière, je ne pouvais pas fêter une réussite de mission autrement qu’avec ma boisson favorite. Certes, elle était meilleure au fût, mais les bouteilles n’étaient pas si mal que cela.

Je demeurai debout devant lui, appuyé contre le bureau massif en ébène qui trônait au milieu de la pièce, prêt à lui servir ce qu’il désirait, avant que l’on ne s’attaque au débriefing.

Je n’étais pas spécialement pudique, en fait, alors, non, vraiment, ça ne me dérangeait pas de me retrouver quelques instants en boxer puis torse nu devant quelqu’un. En vérité, c’était surtout une question de bienséance dans notre culture... mais si nous nous étions trouvés dans un pays au climat un tantinet plus chaud, il aurait été perçu comme tout à fait normal d’être en partie dévêtu. C’était aussi une question d’habitude, me semblait-il.
Regor fit de même, se changeant rapidement, parce que si nous étions bien d’accord sur un point en rentrant ici, c’était que les manies vestimentaires des moldus étaient vraiment très désagréables quand on avait l’habitude du confort, du sur mesure et du tissu sans ajouts bizarres - comme du plastique, par exemple, chose que ces idiots de moldus ajoutaient dans absolument tout, y compris leur propre nourriture.

Me trouver ici, c’était aussi le signe que tout allait plutôt bien. Nous n’avions guère rencontré de réelles difficultés durant cette petite escapade en terre ennemie et nous avions même eu l’occasion de nous amuser un peu. D’ailleurs, je songerais bien sûr à me doucher lorsque je rentrerais chez moi, il était hors de question de risquer de rester avec du sang moldu sur moi. Cela aurait été aussi dégueulasse que d’avoir sur soi l’équivalent d’excréments. Une horreur. Les sous-êtres ont tendance à être ainsi, dégueulasses de la tête aux pieds, du moindre petit bout d’os à la racine des cheveux. Et bien que les sortilèges soient tout à fait capables de nous débarrasser de bien des désagréments, mon côté maniaque préférait tout de même ajouter une bonne douche, avec du savon délicatement parfumé, pour une bien meilleure sensation de propreté.
Il y avait bien des douches au quartier général, mais, même si les elfes de maison les nettoyaient régulièrement, je préférais faire cela chez moi, pour une question, peut-être toute simple, d’intimité, parce que, il fallait bien le reconnaître, les salles de bains étaient bien souvent les témoins privilégiés de bien des comportements que l’on ne pouvait décemment pas avoir en public.

Bref… Pour l’heure, il n’était pas question de cela. Et, une fois changés tous les deux, nous allions avoir l’occasion de faire le débriefing nécessaire après chaque mission. Avec les autres membres du Triumvirat, nous avions pour habitude de conserver des archives assez claires et précises sur chaque ordre de mission que nous établissions et pour les retours de missions également. C’était la procédure que nous appliquions systématiquement pour éviter de perdre le fil et de manquer de structure.
Je jetai un œil à la tenue de mon acolyte. Chemise de soie de très bon goût, un pantalon avec une coupe élégante, des souliers bien choisis. Décidément, Regor était quelqu’un qui faisait preuve d’un bel esprit et de bon goût. A mes yeux, c’étaient là des éléments très positifs et qui rendaient le jeune homme très intéressant. Sans oublier, évidemment, qu’il était loin d’être d’une compagnie désagréable. Que du contraire, même, sinon, quel intérêt aurais-je eu à lui proposer de rester un peu et de prendre un verre avec moi ? Il ne me serait jamais venu à l’idée d’inviter quelqu’un qui ne m’était pas sympathique.

« Tu penses ? » dis-je, avec un sourire. En fait, j’en était tout autant convaincu. « Je note que je peux compter sur toi pour une prochaine mission, alors. »

Regor remettait sa chevalière et ses bagues, pendant que je me dirigeais vers la réserve de boissons du lieu. Il voulait du whisky et, à vue de nez, je constatai qu’il y avait du pur feu de trente ans d’âge, ce qui n’était pas n’importe quoi. Je m’emparais de la bouteille, ainsi que d’une bouteille d’une bonne bière spéciale originaire du continent.
De l’autre main, je pris les deux verres adaptés, afin d’y servir les deux boissons. Je posai le tout sur mon bureau, et j’y servis les liquides dans les deux verres.

« Tu veux des glaçons ? » Je mettais presque un point d’honneur à préparer les choses correctement, parce que j’aimais que tout soit fait et bien fait.
Puis, je me servis ma bière, en penchant bien le verre, humidifié, avant d’y verser ma bière. J’avais opté pour une bière trappiste, la Westmalle Triple, une spécialité flamande découverte au cours de voyages. La mousse vint couvrir le liquide, formant une sorte de tapis de deux centimètres. La perfection.

Je tendis son verre à Regor et je repris place dans mon fauteuil, levant mon verre dans sa direction.

« Santé. » La première gorgée de bière était toujours un plaisir, mais je dus, bien sûr, me passer la langue sur les lèvres, pour en ôter la pellicule de mousse qui s’y était déposée. « J’ai commencé à m’entrainer quand j’étais encore enfant… Je pense qu’on peut toujours apprendre et faire mieux, mais merci pour ce compliment, Regor. Je peux te le retourner, car concernant la légilimancie, tu te défends plus que bien ! Je ne savais pas que tu étais capable de lire les pensées à travers les murs et les étages ! »

Passer un moment de détente avec un homme comme lui, c’était sans doute quelque chose de bien plus agréable que le restant de la journée. Alors, bien sûr, la mission était un succès et cela était très positif, mais rien n’était comparable avec le fait de pouvoir partager un verre avec Regor, parce que cela était pour moi synonyme d’un bon moment et, aussi, de lâcher prise.
Déguster une bonne bière, confortablement installé, c’était clairement l’apogée de cette journée pour moi. Et je ne pouvais qu’apprécier l’instant présent. A vrai dire, il ne manquait pas grand-chose pour que je me sente parfaitement bien et heureux… Peut-être un petit quelque chose à grignoter… ou un petit fond musical…

« Tu as tout ce qu’il te faut ? » S’il avait les mêmes envies que moi, ce serait vite réglé, mais vu notre différence d’âge, il risquait d’être difficile de trouver une musique qui nous convienne à tous les deux, puisqu’il était évident que cet écart d’âge impliquait forcément des différences de goûts.

Je répondis tout de même à sa volonté de participer à d’autres missions avec moi car, au fond, il y avait quelque chose de plaisant à entendre cet empressement et ce désir de se rendre disponible pour participer à d’autres missions en ma compagnie. Devais-je me sentir flatté de cela ? D’une certaine manière, mon ego appréciait beaucoup l’idée qu’un homme comme lui puisse avoir cette envie de passer du temps avec moi… «Eh bien ! Je dois reconnaître que ça me fait plaisir d’entendre ça… » Je lui adressai un sourire entendu. [/i] « C’est plutôt agréable de se dire que tu as cette motivation pour notre Cause et… je serai heureux de t’avoir encore à mes côtés. »

Nous étions tous deux sur la même longueur d’ondes depuis le début… alors, je n’allais pas nier que, oui, moi aussi, j’appréciais sa compagnie et qu’il m’était très plaisant de me dire qu’il y avait une certaine réciprocité à ce sentiment.

Dans son whisky, les glaçons tintaient doucement comme le verre, un son sympathique à l’oreille… Et la conversation s’était dirigée vers mes compétences en métamorphomagie, qui, si elles étaient tout de même d’un niveau très intéressant, ne me semblaient pas parfaites pour autant, mais cela, Meredith me l’avait souvent dit, c’était mon côté maniaque et perfectionniste…
Par modestie, je haussai brièvement les épaules. « J’ai moins de mérite que toi… Je suis né avec ce don, j’ai juste dû apprendre à l’apprivoiser et le maîtriser… » Je pris une gorgée de ma trappiste, et je lui souris à nouveau. « Tandis que toi, tu as dû tout apprendre… A ma connaissance, il n’y a pas vraiment d’inné dans la légilimancie…»

Il me disait qu’il percevait plutôt les émotions, à distance, ce qui pouvait être quelque chose de très intéressant dans un contexte autre aussi… D’ailleurs, je ne tardai pas à lui dire le fond de ma pensée.

« Je suis en train d’imaginer ce que ton talent peut donner lors d’une séance… Tu pourrais analyser plus facilement les peurs des prisonniers et me guider, par exemple, pour jouer là-dessus, histoire d’ajouter une petite touche psychologique à tout le reste… »

Oh oui, je voyais déjà cela d’ici. Si j’avais eu la chance d’avoir à mes côtés un sorcier doué en légilimancie lorsque je m’étais occupé, notamment, d’Alexander Wilson, j’aurais pu cerner plus aisément ses craintes les plus profondes et jouer là-dessus pour le torturer un peu plus psychologiquement, ce qui, à mes yeux, était encore mieux que la simple torture physique.
De même cela pouvait être très pratique aussi dans la vie privée…

« Tu as déjà utilisé ce don pour connaître les goûts et les préférences de tes… conquêtes ? » Je songeai que si j’avais eu cette aptitude, je m’en serais très certainement servi pour séduire et pour pouvoir facilement savoir comment combler mes partenaires… Car connaître les envies, c’était quand même quelque chose de très important pour l’acte sexuel… Et même s’il était possible de deviner certaines choses en étant à l’écoute des partenaires, d’autres éléments ne pouvaient être devinés, il était quasiment impossible de connaître les fantasmes de quelqu’un, sauf si la personne vous en parlait directement…
Et comme pour lui montrer que je n’étais pas le genre d’homme à se formaliser pour ce genre de choses, je lui dis tout de même ce qui me concernait directement. « La métamorphomagie, par exemple, c’est vraiment génial… Je peux modifier mon corps comme je le veux, alors, ça a un côté vraiment très intéressant… »

Nott me complimenta sur le whisky que j’avais choisi, oui, c’était vraiment de bonnes adresses, mais il était vrai que j’étais le genre d’homme à aimer les bonnes choses… « Si tu veux, je pourrais te fournir certaines choses, de temps en temps… » S’il aimait les bonnes choses, comme moi, alors, il verrait sans doute là une belle occasion d’avoir à sa disposition des produits de qualité qu’on ne trouvait pas partout.

Je buvais lentement ma bière, parce que ce genre de boisson, à mes yeux, ne devait pas se boire d’une traite. Plus jeune, j’avais tendance à ingurgiter bien plus rapidement les boissons alcoolisées, mais j’avais changé un peu cela en prenant de l’âge.
D’ailleurs, en parlant d’âge, voilà qu’il évoquait ma jeunesse… enfin, les quelques années scolaires que j’avais passées à Durmstrang…

« Oui, c’est vrai… Il y a des formes de magie plus anciennes et plus agressives qui y sont enseignées… Mais je ne suis pas resté assez longtemps à Durmstrang pour étudier cela de très près… Enfin, c’est une longue histoire… mais ma place était plutôt par ici… » Je m’étais toujours senti plus proche de ma famille paternelle, britannique, que de mes propres parents. Certes, Durmstrang était une excellente école et j’aurais sans doute aimé étudier tout cela de plus près, mais pour ma propre survie morale, il était important que je puisse grandir et évoluer auprès de mes grands-parents. « Tu sais, tu peux être curieux… c’est une qualité appréciable, il me semble… mais attends-toi à ce que je le devienne aussi… »

S’il y avait bien quelque chose que j’aimais en ce bas-monde, outre les plaisirs simples et les ébats joyeux, c’était bien les discussions stimulantes, partagées avec des personnes ayant de la culture et de la conversation. En soi, il était tout de même relativement rare de tomber sur ce type de personnes, simplement parce que la plupart des gens se situaient dans la moyenne à tous les niveaux. Et moi… j’aimais l’inédit, l’inhabituel, les échanges un peu plus relevés et des loisirs quelque peu épicés par rapport aux ternes habitudes du simple sorcier lambda.
Alors, voilà, puisque tout était parfait, selon les propres dires de mon cher acolyte, je pouvais profiter, comme lui, du moment présent, sans avoir à se prendre la tête pour de futiles raisons. Je mettais un point d’honneur à faire preuve d’un savoir vivre et d’une disponibilité remarquables quand il s’agissait de recevoir, parce que, tout simplement, j’aimais moi-même être reçu de cette manière.

Bon, après, pour les compliments… même s’il était très appréciable d’en recevoir de temps à autre, je devais reconnaître que je n’en étais pas plus friand que cela. Je savais bien que chaque personne avait ses limites et je connaissais les miennes, alors, au bout d’un moment, j’estimais ne pas mériter plus de fleurs que cela. D’ailleurs, il m’était toujours un peu difficile de savoir comment réagir à des compliments… les retourner à leur envoyeur ? le remercier ? faire semblant de rien ? être gêné ?
Même si j’avais une estime de moi-même des plus correctes, je ne me mettais pas vraiment sur un piédestal, sachant fort bien que plus on se prend de haut… plus on tombe de haut le jour où l’on croise plus fort que soi.

« Alors je penserai à toi la prochaine fois qu’une occasion se présentera. » Ma façon à moi de lui dire que j’avais bien noté cela et que je n’oublierai pas de faire appel à lui.
Au fond, il y avait eu une véritable alchimie, entre lui et moi, durant la mission… et j’avais un peu l’impression que cette osmose se poursuivait ici, sous des dehors de simple conversation, je découvrais une personnalité avec laquelle j’accrochais plutôt bien.

Je ne cherchais pas à forcer l’admiration. J’aimais qu’on me voie comme un homme élégant, intelligent et pragmatique, mais le reste n’était pas vraiment d’une importance folle pour moi. Avais-je eu plus de mérite à apprendre, à apprivoiser mon don et à m’entrainer pendant des années que quelqu’un qui faisait le choix de devenir occlumens, légilimens ou animagus ? Je n’en étais pas sûr, mais il me semblait que c’était là surtout une question de point de vue… « Quand ça nous est imposé, maîtriser la situation est une obligation, Regor… sans cela, ça devient une faiblesse au lieu d’une force…» En tout cas, pour ce qui concernait la métamorphomagie, c’était bel et bien le risque. Voir ses cheveux changer de couleur en fonction des émotions ou de la situation, cela donnait trop d’indications aux autres sur notre état d’esprit… Il avait fallu du temps pour apprendre à contrôler cela et j’utilisais encore régulièrement la technique que j’avais enseignée à mon filleul pour lui éviter d’avoir trop souvent les cheveux turquoise en public. « Le pire, c’est, je pense, la période de l’adolescence… Mon filleul, Julius, a 13 ans et il a parfois encore du mal à dominer ses émotions… Je me demande bien ce que ça donnera quand il tombera amoureux pour la première fois…»

Mon petit Julius… Il était encore si jeune… bon… à peine un an de moins que ma fille, certes, mais il était bien plus fragile, le genre de jeune ado qui fait encore petit garçon… le genre de môme qu’on a tout le temps envie de protéger… Il y avait des jours où j’avais limite envie de me métamorphoser en élève de Poudlard pour aller veiller sur lui d’un peu plus près. Être là pour lui, le conseiller, l’écouter… Il arrivait à un âge où les choses allaient se compliquer au niveau des relations avec les autres… les amitiés pas toujours faciles à vivre, les sentiments envahissants… les sensations dans le bas ventre à la vue d’une personne…
Je ne me souvenais plus trop comment j’avais pu gérer cela, à son âge… je n’avais pas eu l’occasion de tomber amoureux avant mes 14 ans, mais ce n’était pas vraiment comparable… un petit crush d’ado, c’était sans grande importance… et puis, avec Lucius, Rodo et Rab, on était plutôt du genre à rester entre mecs et à s’amuser à séduire pour mieux quitter la fille ensuite… On n’était pas vraiment des gentlemen à l’époque et il nous avait fallu un peu de temps pour apprendre à être des types bien avec la gent féminine…

Je pris une autre gorgée de ma bière, qui, étrangement, se vidait plus vite que je ne le pensais. Encore une gorgée et je serais à sec. Alors, d’un Accio, je fis venir une autre bouteille jusqu’à moi. Et me servais un autre verre tout en répondant.

« Alors, si ça te tente, on va s’organiser ça… J’aime m’occuper de prisonniers en changeant de visage, en prenant une tête angélique… Un jour, je me suis attribué les traits de Lockhart, par exemple… Tu imagines ça ? Un visage de poupon et un Doloris au bout de la baguette…» J’aimais bien ce contraste, en réalité, le visage qui met en confiance… et la baguette qui attend au tournant… L’effroi qui se lisait alors sur le visage des gens torturés était un véritable délice…

Alors, oui, je devais vraiment avouer que ça me tenterait bien de tester une séance avec Regor à mes côtés. Il m’aiderait à déterminer les pires angoisses des victimes et puis on pourrait s’en amuser tous les deux, en équipe… Oh oui, j’imaginais très bien cela !

Quant aux autres utilités de nos dons, dans des situations privées, je voyais fort bien ce que pouvait donner la légilimancie et quand j’avais expliqué en deux mots l’utilité de mon propre don, le visage de Regor s’éclaira d’une lueur particulière.

« Tu peux connaître les envies, les fantasmes et les compétences des autres… c’est tout de même très pratique, au lit ou ailleurs… » En fait, son don me paraissait être vraiment d’une utilité sans pareille… là où le mien pouvait plutôt servir pour la discrétion et le camouflage, mais aussi pour pimenter un peu les choses… Alors, les demandes particulières, à vrai dire… « J’ai plutôt tendance à écouter d’abord ma propre imagination… J’ai déjà pris l’apparence du mari d’une amie de ma femme, parce que j’avais envie de me faire cette amie… quant à me métamorphoser en femme, je l’ai fait une ou deux fois, plutôt pour pouvoir ressentir un peu ce qu’elles ressentent pendant l’acte… ça donne une idée assez précise de comment les aborder pour les combler. »

Elles étaient quand même bien plus chanceuses que nous pour ce qui relevait des possibilités de prendre leur pied… Une femme était capable d’orgasmes en série, et des différents, avec des sensations qui n’avaient rien à voir les unes avec les autres… C’était un truc de dingue qu’on ne pouvait pas imaginer sans l’avoir soi-même vécu.
Le sujet était plaisant et j’avançais de nouveau dans ma bière sans trop compter. Je pouvais bien discuter avec Regor, vu le stade où nous étions arrivés, lui et moi, je ne voyais pas de raison de ne pas partager avec lui ce qui pouvait l’être.

« Je penserai à toi le moment venu. » Ajouter quelques petites choses à une commande, cela n’avait jamais posé problème et je savais que cela pourrait faire plaisir à mon allié, alors, pourquoi se priver ?

La conversation dévia sur ma jeunesse et mes études… des souvenirs qui remontaient à de nombreuses années et qui étaient encore assez savoureux. « J’ai été à Poudlard à partir de la quatrième année. C’est là que j’ai rencontré Lucius Malefoy et les frères Lestrange… Je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de fréquenter Meredith Carrow à l’époque, elle est plus âgée que moi et était un peu inaccessible… » Si j’avais su, à l’époque, qu’elle ne me serait plus aussi inaccessible plus tard, je pense que j’aurais tout de même essayé de la connaître mieux un peu plus tôt. « Je pense que j’ai eu de la chance d’atterrir chez Serpentard. Ça a été de belles années et je m’y suis fait des amis qui sont toujours là aujourd’hui. »

Je n’entrais pas trop dans les détails, bien sûr, mais ces amis avaient été ceux qui m’avaient le plus apporté. Il me semblait que, sans eux, je n’en serais pas là aujourd’hui.

Quant à la curiosité de Nott, à vrai dire, cela me faisait plutôt sourire qu’autre chose. Je l’imaginais bien se prendre des gifles suite à des questions indiscrètes… « Et pourquoi tu ne fouilles pas plus l’esprit des gens ? Cela t’éviterait peut-être des paires de claques… » En soi, je ne pensais pas non plus devoir lui cacher des choses. On était entre nous, c’était un moment d’échange… alors, s’il lui prenait l’envie de farfouiller dans le bordel que constituaient mes pensées de surdoué, il était le bienvenu. « Si tu veux essayer sur moi, ne te gêne pas.» Il trouverait sans doute des choses de mon enfance, le décès de mon frère aîné, la haine que j’éprouvais pour mes parents, la soif d’apprendre qui ne m’avait jamais quitté… des souvenirs de Norvège, à Tromsø, ou les moments chez mes grands-parents, où je me sentais vraiment vivant… à moins qu’il ne tombe sur des choses plus intimes… peut-être ma relation avec Lucrecia… ou la rencontre avec ma femme… ou cette soirée inoubliable avec Poppy Tiberius… « Essaie juste de ne pas trop fouiller dans les choses trop personnelles, je ne voudrais pas que tu me voies comme un salaud. » Oui parce que mes limites étaient tout de même un peu différentes de celles que se fixait le commun des mortels et je n’avais aucune idée, au fond de comment il réagirait face à certaines pensées qui pouvaient parfois me traverser l’esprit. « Si tu vas trop loin, je risque juste de t’effacer la mémoire. Qu’en dis-tu ? »

Je n’étais pas spécialement rétif aux compliments, je pouvais tout à fait les accepter lorsqu’ils étaient mérités, mais j’avais une certaine tendance à l’humilité, sans doute à cause de mes origines, du statut de mon sang et de ma douance. Même dans l’intimité d’une rencontre en toute simplicité, il m’était relativement difficile d’accepter de recevoir des propos positifs sans que je n’aie l’impression qu’un retour négatif m’attendait au tournant…
Pourtant, il était clair comme de l’eau de roche que mon interlocuteur ne tenait pas ces propos pour mieux m’avoir par derrière. Non, il semblait d’une rare sincérité et je ne savais pas trop comment me sentir par rapport à cela. C’était un peu comme lorsque, plus jeune, je recevais des points pour Serpentard… je me sentais à la fois fier d’apporter quelque chose à ma maison et, en même temps, cela me gênait un peu que tout le monde puisse voir cela.
Alors je me contentai d’un sourire, pour toute réponse. Je n’étais pas certain d’avoir la force mentale dont il parlait, mais je n’allais pas non plus le contredire, question de politesse. Je préférais parler de mon filleul, parce que, oui, bien sûr, ce petit bonhomme était quelqu’un qui représentait vraiment beaucoup pour moi.

« Oh je ne m’en fais pas pour ça… il assimile plutôt rapidement…» Une nouvelle gorgée de bière et j’ajoutai : « Mais ça ne m’empêche pas d’avoir parfois envie de me glisser jusque Poudlard pour voir tout cela de plus près…»

Je n’avais pas eu autant d’inquiétude pour mes propres enfants, sans doute parce que, déjà de base, ils semblaient moins fragiles… mais Julius, c’était un adolescent tellement différent… mes propres enfants n’avaient pas subi autant de choses que lui et je me sentais terriblement protecteur envers Julius à cause de son vécu. C’était assez impressionnant, parfois, de se rendre compte de l’impact de certaines choses sur les sentiments qu’on peut éprouver pour les autres… Je tenais à être un parrain au top pour mon filleul, parce que sa propre existence n’avait jusqu’ici pas été aussi bien qu’elle aurait dû l’être. Pourtant, je savais que mon meilleur ami, son père, avait toujours voulu bien faire… mais c’était sans compter tout ce qu’il ne pouvait pas contrôler…
Peut-être que je m’adoucissais en prenant de l’âge, mais je ne supportais pas l’idée de rester à ne rien faire alors que je pouvais peut-être me montrer utile auprès de Julius, d’une façon ou d’une autre.

Quant au fait de mêler nos talents respectifs pour des petites séances, il était clair que nous allions très certainement bien nous entendre sur le sujet également. D’ailleurs, Nott avait tout de suite compris quelle autre utilité la métamorphomagie pouvait avoir, ce qui m’arracha un sourire en coin.

« C’est surtout une question d’habitude… C’est comme quand tu lis les pensées, j’imagine… au bout d’un moment, tu ne dois même plus vraiment y penser, cela vient tout seul…» Mais oui, au début, il fallait pas mal de préparation, garder le souci du détail, notamment au niveau de la tenue vestimentaire… car tout le monde n’avait pas les mêmes goûts et cela pouvait parfois trahir un subterfuge… comme avec le polynectar, au fond.

Lire dans les esprits comme dans des livres ouverts… c’était sans doute quelque chose de très intéressant et de très pratique et, comme je pouvais le constater, Regor était d’accord avec pas mal de choses, encore une fois.
J’imaginais fort bien l’utilité de son don pour la séduction et pour le sexe. En général, cela devait être un fameux gain de temps et d’énergie…

« Et tu as déjà découvert des trucs un peu spéciaux ? les fantasmes, c’est quand même quelque chose d’assez fascinant…» Pour ma part, j’avais découvert pas mal de mes propres envies avec le temps, en essayant des choses inconnues, etc. « Ah non, je ne lui ai jamais dit… mais ma femme est au courant. Elle n’est pas contraire à ce genre d’expériences, on va dire… Et oui, franchement, être dans le corps d’une femme dans un moment comme celui-là, c’est assez exceptionnel… Je ne sais pas trop si le polynectar ferait le même effet, mais si tu as l’occasion, il faut vraiment essayer ! »

Les femmes avaient tellement plus de possibilités de plaisir que nous… et leur capacité à faire durer ce plaisir était terriblement intéressante, aussi. Les orgasmes multiples étaient possibles pour elles et c’était franchement une découverte que je souhaitais à tout le monde au moins une fois dans sa vie.

Bon, mes amis avaient tendance à trouver que c’était là une idée un peu bizarre, mais les sensations valaient le détour. Alors, oui, en sirotant ma bière, je ne pouvais qu’acquiescer aux propos de Regor. Nos liens amicaux n’avaient pas fléchi avec le temps et, encore maintenant, il était clair que les Lestrange restaient parmi les meilleurs amis que j’avais.

Nous en venions donc à cette idée qu’il vienne lire mes propres pensées. Et puisque cela dépendait fortement de ce à quoi je penserais à ce moment-là, je réfléchis un instant. Les possibilités ne manquaient pas et, à vrai dire, cela dépendrait surtout de ce que j’avais envie qu’il sache. Alors, je décidai d’éviter de penser à Poppy, parce qu’un viol ne me semblait pas être la meilleure entrée en la matière, ni à ma famille, parce que c’était clairement mon point faible et que ce n’était pas une bonne idée de dévoiler cela aussi rapidement…
J’optai donc pour un souvenir de Norvège, le jour où, du haut de mes huit ans, quelque temps après le décès de mon frère aîné, j’avais tenu tête à mes imbéciles de parents qui voulaient m’imposer un mode de vie qui ne me correspondait pas et qui ne me correspondrait jamais. Au moins, avec un tel souvenir, je ne risquais pas de devoir lui effacer la mémoire par après…

« Vas-y, essaie avec ce souvenir-là. » Vu ce qu’il me disait de sa perception de moi, il ne fallait pas que je fasse tout foirer en me montrant sous un aspect un peu trop inhabituel. Puisque je dégageais quelque chose de spécial, qu’il trouvait plutôt agréable, je n’allais pas tout faire rater à cause de pensées un peu trop déplacées ou un peu trop orientées. Un souvenir d’enfance, pour cela, c’était parfait.

« Sinon, pour tout te dire… c’est plutôt agréable pour moi aussi de passer un moment avec toi. » En fait, peut-être que, la fatigue et l’alcool aidant, je me faisais des idées, mais je trouvais mon acolyte à la fois d’une compagnie agréable, mais aussi pas désagréable du tout à regarder. Comme quand il s’était changé, par exemple… c’était une douce pensée, au fond, que ce soit pour son torse ou pour le reste… il avait quelque chose, c’était certain.
Et je ne songeai pas, en cet instant précis, qu’il pouvait très bien avoir lu mon souvenir puis ces pensées-là, dans mon esprit ouvert.

Étais-je le genre d’adulte incapable de lâcher les basques d’un jeune adolescent en pleine poussée de puberté ? Peut-être bien que oui, au fond… mais je ne pensais tout de même pas m’abaisser à venir trainer du côté de Poudlard… j’imaginais fort bien ce que pourrait donner une incursion de ma personne dans l’école… déjà il était clair que via Meredith, je pouvais sans doute être mis au courant de pas mal de choses, puisque l’université se trouvait déplacée à Poudlard pour le moment… Mais de là à mettre en pratique le projet de m’y rendre en chair et en os… Après, débarquer dans un environnement plein de jeunes filles et de jeunes hommes, ça pouvait être tentant, en effet, mais pas pour les mêmes raisons.
Je lui répondis d’un sourire, en songeant, bien sûr, à mon filleul, mais surtout à la tête qu’il ferait en se rendant compte que ce serait moi et pas un quelconque élève… Je devais reconnaître que ce petit bonhomme était sans doute l’une de mes faiblesses, lui aussi, au même titre que mes propres enfants… et pourtant, il y avait des moments où j’avais bien envie de lui remonter les bretelles pour qu’il se comporte un peu plus comme un sorcier digne de son rang… Mais bon, c’était une autre histoire.

Quant aux dons… oui, même quand on les maîtrisait, il arrivait que certaines choses nous échappaient… « Oh, ça m’est arrivé en dormant, parfois… Tu sais, quand tu fais un rêve vraiment très réaliste…» Se réveiller avec des parties du corps d’une forme étrange, ça m’était arrivé plusieurs fois, oui… « Le pire, je pense que ça a été les oreilles de renard… ma femme s’est un peu demandé ce que je foutais… »

En vérité, c’était plutôt une drôle de réaction qu’elle avait eue, puisqu’elle n’avait pas tout de suite éclaté de rire. Et quand c’était arrivé la deuxième fois, elle ne me l’avait même pas dit, si bien que j’avais découvert cela par moi-même, en passant à la salle de bain.
J’écoutais Regor m’expliquer sa mésaventure avec un homme zoophile… Bon sang, sincèrement, je n’avais aucune idée de la manière dont je réagirais en pareilles circonstances… Moi aussi je pouvais être très ouvert d’esprit, mais tout ce qui touchait aux créatures et aux animaux, très peu pour moi. Je ne comprenais même pas que des gens puissent ressentir de l’excitation pour ces êtres vivants…

Et puis, comme il avait pénétré mon esprit, je lui avais livré un petit souvenir d’enfance, pas grand-chose, mais juste un moment clef qui avait marqué un tournant dans mon existence. Et comme il le disait si bien, ma préférence pour l’Angleterre n’était pas là pour rien.

« Bien sûr que si. Si mes parents avaient tenu bon, je ne sais pas ce que j’aurais fait, mais j’ai un peu profité d’un moment de faiblesse de leur part… » Quand des parents perdent un enfant, ils ont tendance à faire un peu ce que les autres enfants souhaitent… Mes ascendants avaient donc préféré céder à ce qu’ils pensaient n’être qu’un caprice, plutôt que de risquer de me perdre, moi aussi.

Et comme Regor se levait pour déposer son verre vide sur le bureau, je sentis bientôt ses mains se poser sur mes épaules, avec une douceur non feinte accompagnée de quelques paroles qui me confortèrent bien vite sur les intentions de mon acolyte.

« Fais donc… je te rendrai la pareille.» Si pas plus. Je savais bien comment j’étais pour ce genre de situations.
Le temps n’avait jamais calmé mes pulsions, pas plus que mon âge, et il m’était toujours bien difficile de résister à une tentation lorsqu’elle se présentait à moi. Je fermais les yeux un instant, laissant mon cadet faire ce que bon lui semblait de mes épaules, puis je finis par poser une main sur la sienne.

« En fait... je préfère pouvoir profiter de la vue plutôt que t’avoir derrière moi... Pour l’instant, en tout cas... » Je ne pouvais pas être plus clair, en réalité, et je me levai, pour venir près de lui, vraiment tout près.
Et je plaçai une main sur son torse, sentant, à travers sa chemise, les pectoraux solides qu’elle masquait.

« Tu permets? » Je reprenais son expression, avec un sourire en coin, et je fis courir ma main le long des boutons de sa chemise, avant de venir ouvrir un peu plus son col, histoire de dégager un peu plus son cou, puis j’y enfouis mon visage, inspirant son parfum et laissant cette odeur m’envahir peu à peu, tout en promenant mes lèvres sur sa peau...

Toutes les possibilités d’évolution d’une relation sont bien souvent difficiles à imaginer. Je savais, par expérience, que mon épouse avait fini par accepter pas mal de choses de ma part, à la simple condition que j’en fasse tout autant pour elle. Notre arrangement fonctionnait bien et nous étions heureux ensemble, quoi qu’il advienne et quoi qu’on puisse penser.
Et la métamorphomagie, eh bien, ma foi, si cela était un atout dans certains cas, il pouvait aussi arriver que ce don soit à double tranchant. D’ailleurs, puisqu’on en était aux confidences, j’avais expliqué vaguement à Regor ce qui était déjà advenu lorsque je dormais et rêvais, mais il était clair que mon comparse était plutôt fasciné par tout cela.

« Je dois t’avouer que je n’ai jamais réussi à le faire consciemment… c’est plutôt arrivé par accident, et, comme tout le monde, je ne contrôle pas ce que fait mon inconscient durant la nuit… » Sinon, il était clair que je m’arrangerais pour faire toujours des rêves agréables et éviter de me poser trente-six mille questions avant de dormir, car c’était une source inépuisable d’insomnies, tout cela… « Ce serait tellement plus simple si les métamorphomages étaient d’office animagus, mais les deux ne sont pas liés du tout… »

Et il ne m’était jamais venu à l’esprit d’essayer de me transformer en animal, j’étais bien trop habitué à marcher sur mes deux pieds et à être guidé par ma raison. Et puis… je n’imaginais même pas ma tête s’il s’avérait que mon animae n’avait rien à voir avec l’image que j’avais de moi-même… Ma femme me charrierait sans doute en me disant que mon animae serait plutôt un bonobo… mais quand on y réfléchissait un peu, ça ne devait pas être facile à vivre pour quelqu’un qui se découvre être un animagus lombric ou cloporte… bonjour l’estime de soi après ça… ou le côté peu pratique d’un animagus éléphant ou morse… Les pauvres… Non, vraiment, la métamorphomagie était amplement satisfaisante et suffisante pour moi.

Peut-être était-ce pour moi le moment de questionner Regor à mon tour, d’apprendre à le connaître un peu mieux… Peut-être que nous avions encore plus en commun que ce nous pensions… mais je ne pensais pas que le moment soit vraiment idéal, peut-être un peu plus tard, par contre… « Sincèrement, je ne comprendrai jamais mes parents. Mais soit, c’est de l’histoire ancienne, tout cela… Et moins je les vois, mieux je me porte. » Oh, je savais pertinemment que j’avais été une déception pour mon père et pour ma mère, quant à ma sœur, son but ultime dans la vie semblait être de nous rabibocher, mais c’était peine perdue. Je sabrerais le champagne le jour où mes géniteurs ne seraient plus, la voilà la vérité.

En attendant, la tournure que prenaient les choses n’était certainement pas pour me déplaire et la sensation des mains de Regor sur mes épaules n’était clairement pas désagréable… plutôt le genre de contact qu’on avait envie d’avoir un peu partout sur le corps, en vérité.
Et comme je m’étais levé pour venir près de lui et découvrir peu à peu son torse, en déboutonnant sa chemise lentement, je le laissais glisser les mains sous ma chemise. Il avait les mains chaudes et douces, qui éveillaient des sensations en moi. Je défis le dernier bouton de sa chemise et mes mains s’aventurèrent déjà à déboutonner son pantalon, sans pour autant aller plus loin, car à ce moment précis, je sentis ses ongles dans ma peau… à nouveau une sensation qui n’avait rien de désagréable. J’eus un léger soupir à ce ressenti. J’adorais ça, en réalité, et je me collai un peu plus contre lui.

« Je ne vais pas me gêner. » Je passais les mains sur son torse, caressant ses pectoraux et ses abdominaux avec une douceur qui ne m’était pas des plus habituelles, mais nous étions, après tout dans une phase de découverte l’un de l’autre…
Je fis descendre mes lèvres jusqu’à son téton, afin de le prendre en bouche, de le caresser de la langue, de le suçoter doucement, puis de le coincer délicatement entre mes dents, tandis que ma main droite s’occupait de faire rouler son autre téton entre les doigts.
Je les sentais durcir, entre mes lèvres et mes doigts, et, tout naturellement, ma main gauche s’aventura un peu plus bas, se glissant entre son pantalon et son sous-vêtement, comme pour aller vérifier un peu que tout ceci ne le laissait pas de glace. J’étais droitier, certes, mais pour ce genre de choses, une certaine ambidextrie émergeait naturellement, comme si inconsciemment, mon corps trouvait par lui-même les gestes et attitudes à adopter…

Après quelques instants, je remontais la bouche vers son cou, à nouveau, puis jusqu’à son oreille. « Il y a quelque chose en particulier qui te ferait plaisir ? »

Chaque être humain avait des goûts et des préférences qui différaient… je savais, par exemple, que pour le moment, je n’étais pas dans un état d’esprit adéquat pour des jeux de soumission et de domination, non, pas après une telle journée… D’ailleurs, cela devait se sentir dans la douceur de mes gestes, car je ne cessais de caresser son entrejambe et ses fesses, à travers le tissu de son boxer, bien évidemment, mais cela n’enlevait rien à la situation, au fond, puisque je m’imaginais suffisamment bien ce que ce tissu recelait comme trésors…
Je n’avais pas souvent eu ce genre de rapprochement après des missions, mais là, tout semblait aller de soi, naturellement et avec une implacable fluidité. Nous étions là pour nous détendre et c’était ce qui allait se passer, nous étions bien partis, après tout, et, encore une fois, ce n’était certainement pas pour me déplaire. D’ailleurs, je sentais l’excitation monter en moi et m’envahir, comme à chaque fois que les préliminaires se passaient avec une telle affinité… Au fond, peut-être que c’était la suite logique de la mission, puisque cette osmose intellectuelle entre Regor et moi avait été présente du début à la fin, nous passions à présent à une alchimie physique…
Logique, plaisante et agréable. Que demander de plus ?