Un bal, avec Aidan. Sur le moment, dans la seconde même, Elise avait dit oui. C’est derrière qu’elle s’était dit qu’il y avait un énorme problème, elle ne savait toujours pas danser. Elle n’était pas améliorée en quelques mois. Déjà parce qu’Elise et le sport, ce n’est toujours pas ça. C’est que la Serdaigle, elle faisait du sport par procuration, ce qui est presque aussi fatiguant. Ensuite, les cours ça lui prenait une très grosse partie de son temps et lorsqu’elle avait du temps libre, elle ne s’était tout simplement pas dit qu’elle allait prendre des cours de danses, libre ça veut dire pas de contrainte et la danse, le sport en général, qu’on le veuille ou non c’est une contrainte, il n’y a qu’à voir les gens essoufflés derrière… bien sûr que ça ne donne pas envie. Sans oublier le fait qu’elle avait aussi ses problèmes -de très nombreux problèmes si vous écoutiez Elise vous bassinez avec – qui se greffaient, sans demander la permission bien sûr, sur son emploi du temps : Greyback, les moldus, les mangemorts, le tableau et son monde parallèle de l’angoisse. Tout ces petits moments de vie fort peu intéressant – en plus de sa motivation qui avait tout simplement déserté -  faisaient qu’Elise était une quiche incapable de danser – et qu’elle se trouvait toutes les excuses possibles et inimaginable, cela va sans dire.

Dans ce cas de figure, tout le monde serait en mesure de se poser la question suivante, mais pourquoi avoir dit oui alors ? La réponse c’est l’impulsivité,  elle avait envie de passer du temps avec Aidan, ça n’avait pas été plus loin dans son esprit, elle s’était dit qu’elle passerait quelques heures avec lui et elle était partante. Avec le recul, forcément, elle s’était dit que c’était une très mauvaise idée, non mais d’habitude elle avait que des bonnes idées, nous sommes d’accord, mais là… c’était une catastrophe. Elle allait devoir annuler, pas le choix. Et si elle se ridiculisait devant tout le monde, ce n’était pas un masque sur le bout du nez qui allait la sauver de la honte. Sauf que voilà, comme dit précédemment, elle avait envie de passer cette soirée avec Aidan, qu’annuler, au fond d’elle-même, ça ne lui plaisait pas. Comment faire alors ?

La solution ? Un hibou ! Alors oui, dit comme ça, c’est vrai, ça peut sembler étrange. Un hibou professeur de danse, à part celui de la belle au bois dormant, et encore, il laisse à désirer, aucun autre hibou n’avait ce talent, à la connaissance d’Elise. Par conséquent, impossible qu’Alba l’ait. Parce que oui, l’été Elise n’avait que Alba, Iseult n’étant… officiellement pas ENCORE à la Serdaigle, elle ne la ramenait pas, même si l’animal surexcité aux atterrissages plus que limite aurait bien besoin de vacances… non pas à la campagne mais en pleine ville, bref n’épiloguons pas sur Iseult, qui en réalité doit être bien contente de ne plus avoir à transporter du courrier pour mademoiselle Elise la fan des courriers.  Alba donc, nous disions. Si la chouette était la solutioin en cet instant, c’est bien parce qu’Elise allait pouvoir demander de l’aide pour apprendre à danser. Le choix de la personne formatrice fut pour le moins évident – même si franchement vu la question, on se dit tous la prochaine fois Elise réfléchis ! – Sélénya. Qui d’autres ? Avoir Sely en prof, Elise connaissait très bien. La Poufsouffle était tout  ce qu’il y a de plus patient pour l’apprentissage, la preuve suprême de cela ? Leur amitié. Elise n’aurait sûrement pas aimé se faire rabrouer sans arrêt par quelqu’un incapable de voir qu’elle faisait des efforts, elle était juste nulle, naturellement, oui ça arrive.

Bon c’est vrai, il y a de cela six mois, elle ne lui aurait pas demandé, pas que Sely à ce moment là était indigne de confiance aux yeux d’Elise, juste que les contacts physiques auraient été une angoisse pour elle, pour Elise aussi, qui aurait sûrement été stressée pour elle – et grande stressée qu’elle était, ça n’aurait pas été géniale à vivre – sans oublier qu’expliquer comment danser sans toucher, ça pouvait être un brin compliqué. A présent, c’était plus simple, pas parfait, mais plus simple. Le hibou pour le moins très clair d’Elise fut envoyé, avec un peu de stress, c’est vrai. Après tout, si elle disait non, pour des raisons diverses et variées, son prof numéro deux, ça allait être beaucoup plus compliqué. En effet, Alcyone était dans un sale état, Elise était bien au courant, ayant vu les dégâts de ses yeux, il lui fallait du repos, pas l’épuiser en lui demandant de l’aide. On ne se pose d’ailleurs pas la question sur ce qui aurait prit le dessus entre la santé de son amie ou l’apprentissage de la danse pour Elise, la réponse est évidente.

Fort heureusement, Elise ne serait pas ridicule, Sélénya n’avait rien de prévu, elle avait accepté. A partir de là, les heures passèrent beaucoup trop lentement pour la Serdaigle, on aurait pu croire que c’était juste la danse qui la mettait dans cet état, mais en réalité, voir Sélénya suffisait à rendre Elise impatiente.
Les heures de sommeil furent donc diminuées de moitié, merci l’excitation. Au petit matin, le petit déjeuner fut expédié, deux raisons à cela : la première l’excitation couplée au stress – qui était toujours présent chez Elise, puisque cette dernière voulait bien faire, toujours – et la seconde, chez Sélénya, il y aurait forcément quelque chose à manger et par politesse – pas du tout par gourmandise hein – Elise acceptait toujours de grignoter, donc autant ne rien manger avant. Comme quoi, ça l’arrangeait bien.

A peine eut elle sonnée à la porte qu’une Sélénya lui ouvrit la porte, un grand sourire se dessina sur les lèvres de la Serdaigle et encore plus lorsqu’elle eut le droit à un câlin. ça voulait tout dire sur les progrès de son amie ça. Elle entra, non sans avoir répondu « J’ai été si longue que ça ? » Franchement, la prochaine fois, elle venait la veille au soir, bon c’était peut être un peu abusé, bonjour l’incruste.  A peine était elle entrée et avait dit bonjour à la mère et la sœur de son amie -politesse tout ça – qu’elle se vit proposer des choses à manger. Forcément petite pause petit déjeuner sans trop manger non plus pour ne pas être ballonnée. Les demoiselles échangèrent des banalités. Elise mangeait une espèce de pâtisserie lorsque la question pas du tout innocente de Sélénya fut posée. Bien évidemment, elle avala de travers, s’étouffant à moitié et dû boire un verre de jus de fruit avant de la regarder, la trouvant pas drôle du tout pour le coup. « Aucun rapport, j’ai accepté d’y aller avec Aidan, sauf que je me suis souvenue de notre première danse lui et moi, pas de notre premier baiser, qui n’avait de baiser que le nom, qui était une catastrophe et je me suis dit mon dieu… je ne peux pas lui faire subir ça. J’ai donc décidé de demander à une experte qui lance les hostilités dès le début. » Au jeu de casser les pieds, Elise pouvait participer aussi « Ce qui est dommage, c’est que tu verras même pas à quel point je serais une élève douée… et que tu as tort sur le fait que je veux un baiser de la part d’Aidan, puisque tu ne viendras pas. »

Sélénya se languissait d’elle ? Elise la regarda amusée, comment quelqu’un pouvait se languir de se faire écraser les pieds sans arrêt par une Elise pas douée du tout, mais pleine de bonnes volontés, il faut quand même le noter.  Sélénya était tout simplement une amie en or, bon et qui ne tenait pas à ses pieds sinon elle aurait dit non, ce qui aurait quand même été ultra embêtant. Avant de s’occuper de bousiller les pieds de son amie, il fallait manger un bout, pour prendre des forces, Elise sentait que ça allait être éprouvant. Sauf que par éprouvant, elle voyait éprouvant physiquement, parce qu’elle ne dansait pas parce qu’elle allait s’étouffer à cause des propos totalement douteux de sa meilleure amie. Non mais c’était pas le moment, elle buvait… bon c’était jamais le moment de se payer la tronche d’Elise surtout au sujet baiser, c’était ultra stressant ce genre de choses.

Du coup forcément, qui répliqua, une fois qu’elle put en placer une et qu’elle ne toussait pas, Elise. Est-ce que se foutre de la tronche de Sely quant à son couple avec Greengrass était judicieux, pas vraiment, c’était pas très gentil – mais bon en même temps, c’est Sélénya qui avait commencé – et il fallait bien faire attention à qu’aucun Macmillan ne soit dans les parages. Sinon bonjour la boulette et puis elle foutrait la merde pour son amie. Elise était donc ultra prudente mais ce fut un échec cuisant, ah non mais le genre d’échec où franchement, elle regrettait de l’avoir ouvert, franchement Sélénya aurait pu s’abstenir de faire le moindre commentaire, son sourire démontrait à la perfection qu’elle viendrait au bal et qu’elle était accompagnée. Et puis, il aux vues de l’éclat dans le regard de son amie, aucun doute possible sur l’identité de la personne l’accompagnant. Et ça avait quelque chose de touchant malgré tout – bon durant les quelques secondes où elle n’avait pas ouvert la bouche, après c’est moins touchant – parce que ça se voyait que de passer une soirée avec son copain, sans devoir être dans un endroit à l’abris des regards, ça lui faisait plaisir. Elise aurait presque pu dire qu’elle était ravie d’apprendre qu’elle serait là-bas. Elle fit bien de ne rien dire puisque Sélénya renchérit directement sur le fait qu’elle pourrait surveiller les progrès de son amie… ça c’était le bon côté, le mauvais c’est que ça y est, ça repartait sur le baiser. Elle se prit un regard noir de la part de la demoiselle et s’empressa de dire qu’elle avait tort, Elise opina de la tête. Voilà, elle avait tort. « Tu pourras donc te rendre compte par toi-même que nous ne sommes que des amis et que la danse de demain ne sera pas différente de celles d’aujourd’hui. » Alors là par contre, c’était un léger petit mensonge, mais pas voulu, elle essayait de se convaincre elle-même que ce serait la même chose, sauf qu’il y aurait de la lumière, qu’elle voudrait bien faire, qu’elle était stressée, chose qu’elle n’était absolument pas lorsqu’elle était en compagnie de Sélénya parce qu’elle n’avait rien à lui prouver, la Poufsouffle la connaissait depuis assez de temps pour connaître ses qualités et ses dé…euh non en fait elle en a pas. Elle connaissait sur le bout des doigts l’amour d’Elise pour tout ce qui ressemblait de pied ou de loin à son sport.

L’heure de la récréation se termina à l’instant où Sélénya se leva, Elise regarda son verre vide, puis son assiette vide, merde, elle ne pouvait même pas prétexter qu’elle avait encore des choses à manger. Elle se saisit donc de la main de son amie avant de se lever à son tour. Dans l’idée elle voulait ranger tout – pour gagner du temps hein – mais évidemment la mère de Sélénya prenait absolument pas le parti de la Serdaigle – forcément vu qu’elle ne dit rien – et annonça qu’elles pouvaient monter, qu’elle s’en occupait. Pas de chance.

Sans rechigner, elle suivit son adorable camarade dans sa chambre, hochant la tête en l’entendant parler « Ouai, sinon il voudra plus me parler si ça se trouve et je perdrais un ami. » Bon, toujours dans l’exagération, c’est vrai, qui abandonnerait une amie uniquement parce qu’elle vous marchait sur le pied… personne.

Une fois dans la chambre, Elise constata que Sélénya était fidèle à elle-même, elle faisait les choses bien. Il y avait de la place c’est le moins qu’on puisse dire, ça éviterait à Sélénya qu’en plus de se faire marcher sur les pieds elle se prenne le pied d’une chaise parce qu’Elise l’aurait accidentellement couché.
Comme chaque enseignement, il y avait une leçon avant. Et qui dit leçon dit, Elise extrêmement attentive et mémorisant chaque mot. L’homme qui guidait, c’était complètement machiste ça non ? « Et pourquoi c’est l’homme qui guide ? On est pas assez douée pour le faire ? Qui est le con qui a décidé de ça ? » Bon après, si elle ronchonnait, c’était plus par stress et par principe que par intérêt, parce que oui, si c’était l’homme qui guidait, ça lui enlevait une sacrée épine du pied, elle n’aurait probablement pas trop à réfléchir « Si c’est ça 90% du travail, je devrais pouvoir apprendre. »

Elle attrapa la main de son amie avec empressement, ayant hâte de voir ce qu’elle donnait. C'est-à-dire pas grand-chose. La première fois, elle s’était fiée uniquement à Aidan et n’avait pas vraiment fait attention à autre chose que de garder les pieds sur le sol et pas sur ses pieds à lui, ça n’avait donc rien d’agréable, ce n’était pas tellement un moment partagé.
Bon après, il faut reconnaître aussi qu’Elise avait un peu de mal, elle s’était mise en position suivant les conseils de Sélénya et les souvenirs un peu vagues qu’elle avait de sa première danse et au bout de quoi… trois pas de danses, son pied heurtait déjà celui de Sélénya « 90%... bah tu connais pas ma chance légendaire, chez moi c’est toujours les petits pourcentages qui se font un plaisir d’être présents.  Tu vas être bien contente demain de récupérer ton copain, sûrement que lui il te marchera pas sur les pieds sans arrêt. » Certainement qu’Elise était aussi légèrement exigeante, voulant que tout fonctionne dans la seconde alors que non, il fallait un peu de temps parfois.

Sélénya ou l’art d’être direct. Ce serait presque vexant la façon dont elle voyait les choses, si ce n’était pas aussi vrai. Oui, déjà qu’Elise se disait qu’elle allait faire mal à son partenaire, si en plus ça devait être à elle de diriger, ce serait un véritable problème. Autant ce côté leader, elle pouvait l’avoir à bien des égards et l’avait démontré en prenant le rôle de leader dans l’autre monde, avec difficulté au départ - pas facile d’être une autre tout en étant soi – autant pour la danse, il faut reconnaître que Sélénya avait un poil raison, laisser le gars diriger, c’était moins risquer de faire des bourdes. Son regard rivé sur ses pieds et sur ceux de Sélénya, Elise esquissa un grand sourire plein d’amusement en la sentant poser sa main sur sa taille. « Il y a cinq mois, lorsque je te raconte que je suis allée dans un monde parallèle et que j’ai embrassé un garçon, tu me parles du fait que j’aurais pu y aller avec toi. Maintenant tu poses une main sur ma taille et tu me fais danser. Si je n’étais pas persuadée que tu es raide dingue de ton infirmier, je me poserais des questions. » Et pourtant, il n’y avait effectivement aucune question à se poser, l’amour de Sélénya pour son infirmier était clair comme de l’eau de roche, pour peu qu’on soit au courant bien sûr, sinon, Elise était dans le regret de reconnaître qu’elle n’avait rien vu du tout, ne s’était rendu compte de rien. Et c’était fou de se dire que c’était pourtant si évident et que ça avait l’air de rendre Sélénya heureuse, très heureuse même.

Bon l’enthousiasme d’Elise fut de courte durée. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle venait d’écraser les pieds de sa partenaire et peut être d’abandonner à moitié la danse. Ça la gavait, elle détestait être mauvaise, quand il s’agissait des cours, elle était douée naturellement, certes elle apprenait et elle révisait, mais c’était naturel malgré tout, il ne lui fallait pas trente six essais pour réussir. Chose qui avait déjà légèrement agacé Elise pour le Quidditch, surtout quand ces crétins de professeurs avaient eu l’idée de noter la matière vol sur balai… Forcément qu’Elise avait dû se bouger les fesses, pas question d’avoir une mauvaise note. Aujourd’hui, c’était pour une danse qu’elle s’investissait et à la clé, il n’y avait ni note, ni trophée… encore que les trophées ce n’était pas vraiment la tasse de thé d’Elise, déjà celui de la coupe des quatre maisons lui passait au-dessus, ce n’était pas pour aller s’enquiquiner pour une coupe de la meilleure danse. Ne pas regarder ses pieds, jamais. Elise était mécontente, elle avait bien conscience que ce n’était pas un reproche de la part de Sélénya que de dire que ce n’était pas poli, bon surtout avec le ton qu’elle avait, ce qui n’empêcha carrément pas Elise de râler « J’aimerais t’y voir, c’est pas facile de te regarder dans les yeux tout en essayant d’éviter tes pieds, mes pieds sont attirés par eux. Voilà c’est ça mes pieds sont tombés amoureux des tiens, je te trouve bien cruelle de vouloir les séparer. » Oui bon c’était de la mauvaise foi en puissance, du Elise quoi.

Compter ses pas ? Elle en était plus que capable. Elle aurait peut-être dû se détacher de Sélénya, ça aurait évité à la Serdaigle de se faire de nouveau embarquer pour quelques pas de danses. Elle comptait en cadence avec Sélénya, essayant d’éviter de regarder ses pieds, ce qui n’était pas des plus évidents. Elle écoutait ses dires attentivement, réfléchissant. Lorsque lui fut fait la proposition d’essayer, une des mains d’Elise quitta le corps de Sélénya pour lever la main comme pour poser une question à un professeur, ce qui était un peu le cas d’ailleurs, Sélénya c’était le genre de professeur que l’on n’attend pas mais elle l’était belle et bien. « Ok, imaginons que je compte dans ma tête afin de garder le rythme et de ne pas me prendre les pieds dans les tiens. Je ne pourrais plus parler. Est-ce qu’il vaut mieux que je marche sur les pieds de quelqu’un ou que je parle ? Tu préfèrerais quoi toi ? » Ouai non mais la question ne se posait pas vraiment, pour sûr que son copain à elle savait danser, qu’elle aussi et qu’ils allaient pouvoir parler tranquillement pendant qu’ils dansaient tandis qu’Elise au lieu de répondre aux questions d’Aidan aurait l’air d’être une snob parce qu’elle comptait dans sa tête. Bien sûr qu’elle se doutait que Sélénya avait raison, déjà parce qu’elle avait confiance en sa meilleure amie. Sans oublier qu’elle avait dû passer par là elle aussi, parce que oui même si Sélénya était mille fois plus sportive qu’Elise, elle avait dû apprendre à danser, bon il y a plus de vingt ans, là où Elise avait appris de la flute… qu’on avait balancé dans le jardin… non mais après chacun ses parents et le père d’Elise n’avait pas vraiment l’oreille musicale. Quoi qu’il en soit, si elle avait confiance en son amie, elle craignait de passer pour une cruche demain pas parce qu’elle ne savait pas danser, ça encore, ça allait. Ce qu’il lui foutait la trouille c’est qu’Aidan la trouve mauvaise ou snob, là ce serait désolant après tout ce qu’ils avaient vécu.

Ce n’était pas le moment de déprimer, le temps était à l’entraînement. Elle se lança donc pour la danse, essayant de compter en même temps, les sourcils froncés, extrêmement concentrée, ne disant pas le moindre mot, essayant de toujours regarder Sélénya dans les yeux. Il faut bien reconnaître cependant que jamais la fin d’une musique fut autant attendu de la part d’Elise. Elle poussa un soupir de soulagement lorsque les dernières notes résonnèrent « Pourquoi j’ai dit oui pour une danse. Je suis ridicule, je ne t’adresse pas un mot, ça sera pareil demain. Il va me trouver chiante à mourir. » De toute façon, il lui fallait une pause, elle était essoufflée, le sport n’étant toujours pas son truc « On fait une petite pause le temps que je reprenne mon souffle. Tu as pas peur que les gens te reconnaisse demain et se pose des questions ? » elle aurait pu penser qu’ils voulaient assumer mais pas un soir comme celui de demain, ce n’était pas logique

Qu’ils étaient agréables ces moments où elles n’étaient que des adolescentes qui n’avaient à se soucier de rien et qui pouvaient se taquiner sans craindre que le monde autour ne les rattrape pour leur mettre des problèmes sur les épaules. C’était tellement mieux de pouvoir profiter de leur journée, de se chercher avec bienveillance bon et apprendre à danser – ça ce n’était pas la partie la plus alléchante du programme pour Elise –. Elle savait bien qu’elle était là pour cela à la base et que demain, lorsqu’il faudrait danser, elle serait bien contente que Sélénya lui ait montré quelques astuces pour ne pas massacrer les pieds d’Aidan. Un sourire plein de tendresse se dessina sur les lèvres d’Elise tandis que Sélénya plaisantait sur des sentiments imaginaires pour elle. « Je le savais ! Je me disais c’est pas possible, cette lueur dans son regard quand elle prononce le mot infirmier, c’est trop fort pour être de l’amour. » Ah non parce que fallait le voir pour y croire mais ohlala son regard ce n’était plus le même lorsque le mot infirmier était prononcé, puis alors lorsque Sélénya prononçait le mot Théo, encore pire c’est limite si ne s’affichait pas en lettre d’or sur son front je l’aime. Cependant, ça avait aussi quelque chose de mignon de se dire que ça pouvait rendre Sélénya heureuse, même si ce bonheur passait par le fait que les deux demoiselles devaient faire attention à ne pas le dire trop fort. Sélénya semblait vouloir garder cela secret et ce n’était clairement pas à Elise de tenter de la convaincre de le dire à tout le monde, chacun était libre, même si elle trouvait ça dommage qu’un gars la rende heureux et qu’elle ne le dise à personne, pas même à sa famille. Mais bon, elle avait ses raisons et de quoi pouvait se plaindre Elise, elle, elle était au courant.

Qu’Elise soit une catastrophe en matière de danse, c’était un fait avéré, n’en déplaise aux pieds de Sélénya qui subissait en silence… heureusement manquerait plus que ses pieds parlent. Elle essayait donc de s’en sortir la petite Serdaigle avec des pirouettes mais il faut reconnaître, ça ne fonctionnait pas du tout. Si Sélénya pouvait comprendre que les pieds de sa meilleure amie puissent être tombés raide dingues des siens – ce qui est déjà très bizarre – madame leur faisait la morale en disant qu’ils pouvaient être doux. Elise eut donc droit à un cours en plus, celui de la douceur pour des pieds amants. Elle fit une moue appréciative « Ah, je crois que les tiens sont aussi amoureux Sélénya mais en effet, ils sont un peu moins violents que les miens. »

Afin de ne plus avoir une Elise qui regardait ses pieds sans arrêt, ce qui pouvait être un tantinet agaçant, Sélénya lui donna une astuce, compter ses pas. Ça, ce n’était pas ultra difficile sur le papier, Elise était carrément partante pour compter et éviter de massacrer les pieds de sa partenaire aujourd’hui, puis ceux de son partenaire le lendemain. Deux cavaliers différents en deux jours, si ce n'était pas quelqu’un de talentueux mademoiselle Serdaigle. Néanmoins, comme bien souvent, elle se posait des tas de questions, ah non mais une consigne ce n’était jamais assez clair pour Elise, il fallait la consigne plus l’explication autour pour bien comprendre si la façon dont elle voulait faire les choses allaient et ne pas avoir à revenir en arrière. Elle eut un sourire néanmoins en entendant Sélénya dire qu’avec elle, ce n’était pas grave, elle ne se vexera pas. Elle releva néanmoins « Tu es intéressantes et à choisir, sache que je préfèrerais te parler plutôt que d’apprendre à danser » mais elle voulait faire les choses biens pour demain. Elle se retint de faire la moue au encore et encore, ce n’était pas du tout rassurant, ça voulait dire combien de danses… combien d’heures. Purée elle allait prendre des dolipranes ce soir pour ne pas avoir de courbatures, sinon ça allait être ignoble demain. Bon déjà, Sélénya était rassurante, elle ne passerait pas pour la fille la plus ennuyante, et en même temps elle était mitigée, pourquoi ne s’en fichait elle pas de passer pour quelqu’un d’ennuyant, qu’est ce que ça pouvait bien lui faire que quelqu’un pense cela d’elle. Non, Elise ne comprenait pas vraiment pourquoi son cerveau se prenait temps la tête à ce sujet mais bon elle faisait malgré tout de son mieux, dès la première danse. Chose qui était d’ailleurs un brin problématique, tout donner dès le début, c’était le risque qu’elle soit crevée très rapidement et puis trois minutes, ça n’a pas l’air comme ça mais c’est long.

Forcément, qu’elle souffla une fois que la danse se termina et qu’elle manquait d’optimisme, elle se rendait bien compte que ça allait être tendu, bien que Sélénya essaie de lui remonter le moral, ça allait aller, rien était moins sûr « T’es sûre qu’on peut pas voler du polynectar quelque part et tu prends ma place, tu danses avec Aidan et moi je…euh… parle avec l’infirmier… Rassure moi, vous ne faites que parler hein ? » Non bien sûr que non, elle était naïve là mais bon elle enchainait « Et après je reprends ma place une fois que vous avez fini de danser. »

Après, elle voulait bien que le père de Sélénya lui apprenne à danser, si on devenait doué en deux secondes avec lui, mais la Serdaigle voulait lui demander… Le problème c’est que le père de Sélénya, c’est simple il bossait toujours… bon pas toujours toujours, Elise le connaissait quand même et lui avait parlé plus d’une fois mais par rapport aux autres membres de la famille c’était totalement dérisoires. « Tu crois que si je transplane au ministère et que je demande à lui parler, que je le supplie de m’apprendre, il dirait oui ? » Bon elle ne le ferait pas parce que qu’empêcher quelqu’un de travailler c’était une très mauvaise chose, ça ne se faisait pas, mais c’est beau de rêver.
Lorsque Sélénya revint sur la soirée de demain, expliquant son stratagème pour juste pouvoir y aller avec la personne avec qui elle sortait, c’était quand même triste. Elle aurait aimé pouvoir l’aider mais craignait qu’il n’y ait rien à faire. Elle hocha la tête pour montrer qu’elle comprenait ce qu’elle voulait dire « J’espère qu’il y en aura d’autres et si tu veux je ferais des soirées costumées tout l’été pour que vous puissiez vous voir plus souvent. » Bon les parents allaient un peu râler, ah ces parents, mais bon Elise s’en moquait éperdument ou alors, elle pouvait aussi demander à Alcy d’organiser les fêtes chez elle ? Il ne fallait juste pas la laisser s’occuper de l’alcool, ça c’était un coup à ce que l’ancienne Serpentarde ne rende Elise pompette, mauvaise idée. Le temps de la récréation se termina bien vite, trop vite aux yeux d’Elise mais bon, c’était pour la bonne cause. Elle se leva donc, essayant d’être enjouée et se remit en place pour une seconde danse, ne fit aucun commentaire cette fois-ci quant à la main de Sélénya sur sa taille, ne fit aucun commentaire tout le long de la danse, se concentrant uniquement sur les pas qu’elle comptait en silence. Il y avait quelques loupés, qu’on ne se mente pas et c’était d’ailleurs dans ces moments-là qu’elle réagissait mal, comme si au moindre loupé, elle s’inquiétait de la réaction de sa partenaire et qu’elle enchainait les loupés avant qu’elle ne se détende, aidé par Sélénya plus qu’autre chose pour cela. A la fin de la danse, elle observa la danseuse émérite. « C’est mieux ? Dans trois cent danses, ça devrait peut être aller un peu mieux. » sauf que trois cent, c’est beaucoup, Elise n’était pas sûr que ses pieds… et ceux de Sely qui morflaient un peu beaucoup, adorent le nombre.

Pouvait-elle seulement en vouloir à sa meilleure amie pour ses sentiments amoureux, mais pas du tout. Elle lui fit un grand sourire « Non, je ne t’en veux pas voyons, je suis honorée d’être l’élue. Bon je te laisserais te débrouiller pour l’annoncer à ton infirmier parce que je ne veux pas de problèmes… Ah et si je disparais parce qu’il aura décidé d’éliminer la concurrence alors que franchement, quelle concurrence, bichette il a aucune chance, t’es gentille tu ouvres une enquête hein ! Tu le traînes en justice tout ça tout ça, je compte sur toi. » Elle observa attentivement Sélénya, ouai non, c’était foutu, elle était vraiment trop amoureuse de son infirmier, pas moyen qu’elle ouvre la moindre enquête. Bon après, il est vrai que le Greengrass n’avait pas l’air d’un meurtrier… enfin Sélénya n’avait pas eu l’air intéressée par lui avant qu’elle ne le dise à Elise donc pour ce qui est de la perspicacité d’Elise, on repassera.

Pour la patience d’Elise aussi il faudrait repasser, alors oui, elle ne s’était pas attendue à ce que ça fonctionne au premier essai, non ça bien sûr que non, même si très franchement dans toutes les séries de danses qu’elle avait vu, séries tout court d’ailleurs, elle n’avait jamais eu l’impression que la fille et le gars mettaient trois plombes à apprendre à danser. Néanmoins, elle ne s’était pas attendue à ce que ça soit si catastrophique et pour être la personne idolâtrant certainement le plus au monde mademoiselle Macmillan ici présente, ça ne venait certainement pas d’elle si c’était ultra galère, donc ça venait d’Elise, donc elle avait envie d’abandonner. Sauf que voilà, l’inconvénient, ou l’avantage… sur le moment c’était inconvénient, demain ce serait avantage, d’avoir demandé à Sélénya de lui apprendre c’est que cette dernière la connaissait que trop bien et n’allait donc pas lui foutre la paix. Fini l’époque où elle pouvait prétendre que c’était trop pour elle, elle passait trop de temps avec Sélénya pour que cette dernière ne la connaisse pas sur le bout des doigts. Ce qui n’empêchait pas la Serdaigle de justifier tout et n’importe quoi, comme le fait que ses pieds ne trouvaient rien de mieux à faire que de sans arrêt chercher le contact avec ceux de sa partenaire. Dans une grande maturité, n’ayant pas d’arguments pour la contredire, Elise se contenta de tirer la langue à Sélénya face à sa réponse sur la logique de ses pieds aimant ceux d’Elise puisqu’elle était amoureuse.
Mieux valait il se concentrer sur ses pas de danses, éviter de regarder leurs pieds qui se découvraient âme-sœurs aujourd’hui, ah non mais ça sortait de nulle part mais franchement vu le nombre de fois où ils se touchaient, ils étaient pire que des adolescents découvrant l’amour. Ne pas les regarder, compter dans sa tête pour éviter le contact, rappeler à Sélénya néanmoins qu’elle préférait carrément parler avec elle plutôt que de danser. Sauf qu’elle n’avait pas vraiment le choix, ne voulant pas se ridiculiser avec Aidan demain, chose totalement débile, il comprendrait sûrement. C’était plus fort qu’elle sans qu’elle parvienne à saisir pourquoi exactement, elle devait gérer. La solution toute trouvée d’Elise, et franchement ça aurait pu fonctionner d’après elle, c’était encore que Sélénya prenne sa place mais la fourbe, loin de trouver l’idée excellente, se chargea de traumatiser son amie. Merde elle comptait danser avec son infirmier, mais qu’est ce qu’ils avaient tous à vouloir danser ! Elle comptait l’embrasser au passage, remerde ! Et mettre la langue, ça y est c’était foutu Elise roulait des yeux retenant un erk qui n’aurait pas été des plus sympathiques, en même temps ça se voyait sur son visage que ce n’était pas le genre de conversation dans lesquelles, elle était le plus à l’aise. Sélénya le savait aussi, la preuve, le fait qu’elle se marrait avant de préciser qu’elle voulait éviter qu’Elise prenne sa place, ah mais rien à craindre, elle serait complètement tétanisée si l’autre là, qu’elle ne connaissait même pas, venait à l’embrasser. « Ah mais c’est sûr, ça y est je ne vous vois plus pareil. Je vais danser avec Aidan, c’est moins dangereux, je ne risque pas d’avoir quelqu’un qui m’embrasse et essaie de mettre sa langue dans ma bouche. » Sa voix avait baissé d’une octave, signe qu’elle était déstabilisée « Je n’aurais pas laissé faire de toute façon, pas question. Je le vois plus pareil c’est foutu, son autorité vient de s’envoler dans mon esprit. »

Pas de professeur Macmillan sénior, alors Elise fit semblant d’être déçue même si en réalité elle était plus que ravie de travailler avec Sélénya et qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’échanger le professeur actuel contre son père, cela n’aurait pas été des plus sympathiques « La prochaine fois que je le verrais, dans l’hypothèse où je me foirerais demain, je dirais à ton père que c’est de sa faute parce qu’il a pas voulu m’entraîner, bon parce qu’il était pas au courant mais les absents ont toujours tort de toute façon. » Bon cette excuse ne fonctionnait pas toujours, la foi où elle avait un peu – vraiment un peu – forcé la porte du bureau avec son frère pour récupérer les documents sur leur famille française, l’excuse n’avait pas été utile, elle avait bien vu dans le regard de son père qu’il avait envie de les étrangler Amaury et elle… Ce qui aurait été dommage, le gars il abandonne sa famille toute moisie pour ses enfants et il les tue derrière, bonjour la normalité, sans parler du fait que sa femme n’aurait pas trop aimé – espérons le en tout cas – perdre ses deux enfants… bon en vrai même un seul mais deux c’est plus dramatique.

Plutôt que du passé, mieux valait il parler avenir et le moins que l’on puisse dire c’est que la solution d’Elise, qu’elle trouvait bonne au départ, elle la trouva moins bonne après la prise de parole de sa meilleure amie. Elle lui jeta un regard noir bien que très peu crédible « Mais ce n’est pas vrai, tu gâches tout ! Je suppose qu’il faut un partenaire pour danser, Aidan risque de trouver cela bizarre… tout le monde trouverait ça bizarre.  » Et pourtant, elle ne s’imaginait pas inviter quelqu’un d’autres que lui, comme si le monde parallèle avait pris le pas sur le monde réel et qu’elle ne se voyait pas faire des plans, sans lui. De toute façon, pour être une vraie pro, il allait falloir s’entraîner, et c’est ce qu’elles firent. Combien de temps dura cet apprentissage, Elise n’aurait pas su le dire avec précision, elle aurait répondu un mois ou deux mais ce n’était pas la vérité. Il n’empêche, qu’à la fin de la journée, la romance entre ses pieds et ceux de Sélénya semblait s’être terminé puisqu’ils ne se rencontraient plus… sauf les rares fois où il est vrai, elle le faisait exprès, rien que pour l’embêter et en douceur cette fois ci. Elle était fin prête pour demain et cela grâce à son amie de toujours.