Les bras croisés et avachis contre l'un des murs de la pièce, j'écoute le ramassis de conneries que déblatère l'autre abruti depuis déjà un petit moment. Plus il ouvre la bouche, plus mon regard se fait médusé. Ce type n'a clairement aucune conscience de ce qu'il fait, son plan est tellement merdique que s'il en avait pas eu ça aurait été pareil, bref, une catastrophe. Tout aussi abasourdi que dépité, je me passe une main sur le visage. Qu'est-ce que je fous là déjà ? Ah oui, c'est vrai. J'ai pas de boulot, pas d'appart', je suis complètement fauché, un vrai cassos quoi ... Donc forcément, quand on m'a parlé du soit disant plus grand casse du siècle, j'ai pas hésité une seule seconde. Bon, en réalité j'ai surtout promis loyauté et fidélité à Grigri d'Amuuur en toutes circonstances mais ça faut pas le dire. Je dois être au moins aussi débile que ce Jean-Paul pour ne pas avoir été capable de flairer ce carnage à venir plus tôt.

Déjà, les masques. On va pas se mentir, rien qu'à voir leur tronche je serai presque tenté d'y aller à visage découvert, histoire d'avoir l'air un peu moins ridicule. Je jette un coup d’œil à l'équipe de tristes lurons – on va pas dire joyeux alors que la moitié d'entre nous sont déjà à deux doigts du suicide – pour y découvrir une animalerie somme toute assez variée. Après que chacun ait fait son choix, je m'avance alors pour plonger ma main à l'intérieur du carton et en sortir le dernier masque encore disponible. Un soupir absolument pas discret franchit mes lèvres quand je constate qu'il s'agit d'une licorne. Une. Putain. De. Licorne. Je me tourne aussitôt vers la propriétaire du masque à l'effigie du panda. « Hey la grognasse, tu veux pas qu'on échange ? »

L’œillade assassine qu'elle me renvoie me signifie clairement que j'peux aller me faire foutre, sans demi-mesure. Je pousse un soupir encore plus prononcé, tout en levant les yeux au ciel. « Rooh, ça va, t'as déjà des dents de cheval ! Avec ça au moins, tu seras parfaitement harmonisée ... » Tout en parlant, je lui agite le masque sous le nez. Elle me repousse avec une telle violence que j'en viens à me demander si cette garce ne va pas chercher un moyen de me liquider, à la première occasion. Bon, je l'ai peut-être un peu cherché aussi, c'est vrai. Mais avant que je n'ai le temps de répliquer à nouveau, l'autre tête de nœud nous rappelle à l'ordre. Je tâche de reprendre le fil de la conversation tandis qu'on nous explique qu'on sera répartit en binôme. Bah bordel, si je me retrouve avec Miss Panda, ça va être jouasse tiens.

Y'a quand même un truc que j'ai du mal à comprendre, avec ce plan foireux. Visiblement je suis le seul incapable de me servir d'une baguette, ici. Alors pourquoi on se retrouve avec tout un attirail Moldu ? Très franchement, ça m'arrange. Mais je comprends pas la logique de ce type qui a visiblement la boîte crânienne aussi remplie qu'une coquille vide. Vraiment, ça me dépasse. Et ça me rassure aussi de constater que je suis loin d'être le seul. Moi qui ne me suis jamais considéré comme une lumière, je dois bien admettre que ce Jean Paul bat tous les records de débilité. Ce type doit être consanguin, c'est pas possible. Et en écoutant ses explications vaseuses au sujet du matériel mis à notre disposition, je me demande même si lui même y connait quelque chose, en fait. On est vraiment tombé sur une perle.

Quand vient finalement le moment de se mettre en place, je détaille des pieds à la tête le coéquipier dont j'ai été affublé. Un grand maigrichon aux airs de fils à papa, le même qui geignait plus tôt de ne pas savoir se servir d'une arme. Puis vu le gabarit, je peine à croire que ce gamin vaille quoique ce soit dans un combat au corps à corps non plus. Décidément, je suis verni ! Te critiquer de la sorte me donnerait presque de l'urticaire, je veux et j'exige de t’idolâtrer au prochain rp ! :'D D'un geste rageur, j'enfile mon masque et je met les oreillettes. Ma main tâtonne rapidement l'intérieur de ma veste pour s'assurer que mon arme s'y trouve, bien qu'il n'y ait aucune raison du contraire. Simple réflexe, sans doute. Fin prêt, je m'élance à la suite du groupe, tout en tâchant de rester près du louveteau.

Aussitôt qu'on pénètre l'entrée de Gringotts, on se retrouve face à un tas de gobelins. Bien que ce ne soit clairement pas le moment, je prends le temps d'observer l'architecture de la pièce. Faut dire que j'y avais encore jamais mis les pieds, alors y'a de quoi être surpris. Je reprends mes esprits au moment où mon coéquipier se met à me brailler dans les oreilles, tout en commençant à s'agiter comme une puce. Mais pourquoi – POURQUOI ?! - je me coltine ce mioche inutile ? Je dégaine aussitôt mon flingue pour commencer à canarder toute créature qui se trouve à portée de tir. A vrai dire, je ne sais même pas si je fais mouche au milieu de tout ce capharnaüm, je me contente de viser dans le tas. « Avance ! MAIS AVANCE BORDEL ! » je cris au louveteau, tout en le poussant dans le dos en direction de l'entrée.

Honnêtement, ça m’emmerderait quand même que ce pauvre gosse se retrouve en difficulté, sous prétexte qu'aucun de nous n'a été foutu de lui montrer comment fonctionne un pistolet avant de partir. On est vraiment des billes, sérieux. Va vraiment falloir que je trouve un moment pour lui expliquer comment ça marche,sinon il n'aura aucun moyen de se défendre en cas de besoin. J'espère en tous cas que mon cher binôme connaît les lieux mieux que moi, sinon on est pas sortit – ou pas prêt de rentrer plutôt en l’occurrence – et on aura pas l'air fin. D'ailleurs, pourquoi ce crétin congénital de Jean Paul nous a pas montré un plan des lieux avant qu'on s'y jette ? Et puis le peu de matos mis à disposition aussi, franchement ça craint. Sérieusement, des fumigènes par exemple, ça aurait pu être super utile là tout de suite, non ? J'en viens même à me demander si n'importe lequel d'entre nous n'aurait pas été plus efficace que cet imbécile pour prévoir un coup pareil ...

En plus de ça, j'ai beau avoir treize balles à l'intérieur de mon petit bijou, le chargeur n'en est pas moins en train de se vider à vitesse éclair. Et je suppose que les autres ne sont pas dans une meilleure posture. Allez savoir pourquoi, mon instinct me pousse à croire que ce braquage va être le moins épique de toute l'Histoire, Sorciers et Moldus confondus.