Odyssea est quelqu’un de nature calme et solitaire. Elle ne ressent pas le besoin de s’approcher des autres, ni de rester avec eux trop longtemps. Au contraire, elle se lasse vite de la compagnie de ses camarades surtout lorsqu’ils ne lui apportent rien de particulier ou ne la stimulent pas suffisamment intellectuellement parlant. Au collège Poudlard, elle a bien souvent été seule et quand bien même elle peut compter sur quelques rares amis, tous vous diront qu’elle donne l’impression de les fuir à certains moments et de préférer son confort ainsi que sa solitude à leur compagnie. Ce n’est pas qu’elle les évite mais qu’elle se sent bien dans sa propre bulle. Odyssea paraît froide et distante, son regard n’en est pas moins noir lorsqu’elle le balaie dans une pièce et cela ne donne malheureusement pas l’envie de s’approcher d’elle, d’autant plus qu’elle n’est pas forcément ouverte à l’idée de tisser des amitiés avec n’importe qui. Elle trie ses connaissances et ses amis sur le volet, les choisissant plutôt par rapport à leur intellectuel, leur capacité à construire des conversations et des débats intéressants. La jeune fille est quelqu’un de curieux même si elle peut, aux premiers abords, trouver telle chose futile avant de bien vouloir s’y intéresser un minimum si on pique dans sa curiosité. Elle peut entrer facilement dans le jugement mais de manière générale, elle gardera cet opinion pour elle sauf si elle connaît bien la personne. Son enfance lui a appris à jouer sur deux tableaux ; aussi, parvient-elle aisément à bien s’entendre avec les autres enfants de grandes familles de sorciers uniquement parce qu’elle les connaissait depuis son enfance ou parce qu’il est plus distingué de le faire vis-à-vis de sa famille. Préférant les côtoyer que de temps en temps afin de ne pas trop s’abrutir de leur présence suffisante et superficielle, Odyssea se plaît à passer, auprès d’eux, pour une personne peu sociable et secrète dont on ne peut rien tirer tant elle garde bien les choses pour elle.

Pourtant, les rares qui la connaissent réellement vous dresseront un tout autre portrait. Une fois mise en confiance et proche d’Odyssea, cette dernière montre son grain de folie, sa joie intérieure, son humour et des sourires. Elle n’aime pas se montrer ainsi devant le monde, aussi, il s’agira notamment de moments complices propres à elle et son petit entourage. Ce même entourage envers qui elle se montre pleinement loyale bénéficiera de toutes ses qualités en tant qu’amie, tandis qu’elle ne ressentira que peu de compassion ou d’intérêt pour les autres.

C’est une étudiante très passionnée dans ce qu’elle entreprend et investie. Sa persévérance la pousse à ne jamais abandonner et c’est sa détermination qui lui a permis de toujours être au top à l’école. Le temps précieux qu’elle gagne à ne pas discuter avec les autres lui permet de se concentrer sur ses études et ses recherches, notamment en Potions, matière dans laquelle elle s’avère excellente  en plus des sortilèges. C’est une exploratrice, avide de découvertes et de réponses, capable de tout pour réussir, quitte à jouer de ruse ou d’ingéniosité et au détriment d’une autre personne pour y parvenir. Elle rêve de gloire et de grandeur comme beaucoup de ses congénères dans sa maison.

A l’école, elle a toujours donné l’image d’une fille sérieuse et brillante, respectueuse des règles. Cependant, elle a toujours eu ce petit vice de dénoncer ses camarades lorsque ceux-ci avaient l’audace d’aller à l’encontre du règlement. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’elle-même enviait cet audace de pouvoir faire ce qu’ils voulaient, que ce soit de partir en excursion dans la Forêt ou bien de passer la nuit hors des dortoirs. Au fond, elle méprise les règles mais la soif de pouvoir devenir préfète l’a poussée à faire le choix de se tenir loin des méfaits et de rester disciplinée. En contrepartie, elle se délecte de la satisfaction procurée par chacune de ces dénonciations notamment lorsqu’elles visent des personnes qu’elle n’apprécie pas spécialement.

Je me lève subitement de mon lit et ouvre les yeux, essoufflée, le front en sueur. Mon réveil se fait dans la stupeur, mon rythme cardiaque a doublé de fréquence et mes yeux font le tour de ma chambre plongée dans le noir. Je distingue à peine les contours de certains meubles et pourtant ils me rassurent. Ce n’est qu’un rêve… cette chose n’est pas là, cette chose n’est qu’un cauchemar. Je prends une profonde inspiration, expire un bon coup et remets en arrière les mèches humides de mes cheveux. J’allume la lampe qui trône ma table de chevet et m’observe calmement dans le miroir qui me fait face. J’ai l’air d’une pauvre petite fille effrayée alors que je suis  âgée de vingt-trois ans, c’est pathétique. Certains me riraient au nez. Pourtant, nous avons tous une peur qui ne nous quitte pas, aussi ridicule puisse-t-elle être aux yeux des autres. La mienne remonte à mon enfance et je m’en souviens toujours comme si c’était hier, dans les moindres détails...

Lorsque nous allions rendre visite à des amis de la famille, j’ai toujours pris l’habitude de rester sagement avec ma mère et mon père pendant qu’ils discutaient des actualités politiques avec leurs hôtes. Je ne comprenais pas tout mais cela m’intéressait un minimum. Mais cette fois-là, ce fameux vendredi 13 juillet 2001, alors que je venais d’avoir cinq ans, mon frère aîné a décidé de m’embarquer avec les autres enfants dans les étages supérieurs du somptueux manoir en question. Je ne m’étais jamais rendue tout là-haut mais cela n’a jamais été compliqué de piquer ma curiosité, surtout pour explorer des lieux inconnus pour moi. J’ai visité des chambres, des salles de bain et une grande bibliothèque remplie d’ouvrages antiques et pas forcément très bons à lire au vu des choses horribles qu’on nous disait à ce sujet. Nous nous sommes amusés pendant quelques heures avant que le dîner du soir ne m’ait donné l’envie de faire un tour aux toilettes. Malheureusement, elles étaient aux étages inférieurs et j’ai eu tout simplement la paresse immense de descendre tous ces escaliers en colimaçon. Un enfant m’a alors dit qu’il y avait des toilettes à l’étage supérieur mais qu’ils ne les utilisaient que rarement. Je n’ai pas posé de questions mais j’aurais dû. Sur le coup, je n’ai pas fait attention à leur petit sourire narquois et même mon frère ne m’a rien dit alors qu’il n’était pas l’ignorant de la situation. Ravie de faire le moindre effort possible pour aller me soulager la vessie, je suis donc montée au dernier étage du manoir, mes chaussures laissant des marques sur la fine couche de poussière des dernières marches. Cela se voyait que la famille se rendait rarement ici et il y avait avant tout ce fameux grenier qui leur servait de fourre-tout. Mais avant d’accéder à la trappe qui menait à ce grenier, un petit corridor menait à quelques pièces fermées à clé. Sur l’une d’elle, l’inscription m’a fait comprendre qu’il s’agissait du lieu de ma destination. J’ai ouvert la porte grinçante et j’ai entendu un gémissement étrange et des bruits de déglutition franchement pas rassurants. Comme une idiote, je n’ai même pas pris la peine d’allumer les lampes depuis le corridor alors j’ai avancé dans l’obscurité et le froid…

C’est là que j’ai vu cette chose horrible et répugnante. Ses yeux jaunes luisants dans le noir m’ont observée et j’ai poussé un hurlement. La faible lumière provenant des étages inférieurs m’a suffi pour entrevoir une partie de ce qui devait être le corps de cette chose. Elle était recouverte de pustule, elle sentait mauvais, elle paraissait gluante et surtout, elle s’est mise à grogner méchamment, comme si je la dérangeais d’un long sommeil.  J’ai claqué la porte derrière moi, toujours en hurlant, et je me suis précipitée vers les escaliers que j’ai descendu presque en glissant sur les fesses tant je ne contrôlais plus mon corps. J’ignorais à cet instant que c’était une goule et aujourd’hui encore, cela ne restera qu’un horrible et hideux monstre que l’on devrait exterminer. Je ne suis pas une personne qui pleure facilement mais ce soir-là, c’est dans les bras de mon père, les yeux ruisselants de larmes que j’ai dû me calmer et reprendre mes esprits. Les enfants se sont moqués, mon frère n’a fait preuve d’aucune compassion et quant à moi, je leur souhaitais de moisir près d’un cimetière plein de montres comme celui-là.

Ce souvenir m’a hanté pendant bien des années et il en est même devenu ma phobie. Lorsque je me rends dans des lieux anciens et abandonnés, j’ai toujours cette frousse de rencontrer une goule. On dit qu’elles sont inoffensives mais je ne peux pas lutter contre cette peur. C’est comme celle des araignées. Elles, au moins, on peut les écraser en une seconde. Une goule, jamais je n’y toucherai.