Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
RSS
RSS



 

Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Perplexity is the beginning of knowledge [ft. Nastia] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Sam 2 Nov - 7:18

Perplexity is the beginning of knowledge

Perplexity is the beginning of knowledge [ft. Nastia] Photofunky

Lorsque j’avais reçu le hibou m’amenant un parchemin de l’Université, avant-hier, j’avais, dans un premier temps, été heureux. Je connaissais bien les discours sur le métier d’enseignant et je ne m’étais jamais vraiment senti concerné, d’abord parce que je me voyais encore avant comme un médicomage spécialisé en pathologies des sortilèges, ensuite parce que je n’avais jamais eu l’impression d’être un type fainéant ou sans ambition. Que du contraire, j’avais sans arrêt des tas de projets à réaliser, des idées à tester et des expériences à faire, ne fût-ce que pour faire progresser la médicomagie. Je me voyais comme une sorte de chercheur, en réalité.
Or, donc, j’avais reçu le parchemin, signé de la main délicate de notre sous-directrice aussi sensuelle que peau de vache, et j’avais découvert ce qu’on appelle, dans le jargon professoral, mes attributions.
Je savais qu’il n’y avait pas trente-six candidats pour les postes de professeurs. Je savais que j’étais l’un des seuls médicomages de Sainte-Mangouste à travailler à la faculté de médicomagie… mais j’ignorais que c’était à ce point-là.
Il était normal que je continue à assurer les cours aux étudiants aspirants médicomages, même si la plupart ne méritaient pas leur place dans l’auditorium ni dans la salle de TP, mais alors que je ne donnais le cours de biologie magique qu’aux étudiants de première année, l’an dernier, je venais de découvrir que ce cours serait le mien également pour les deuxièmes et troisièmes années.


« Pour les filière de sciences magiques… » J’avais lu à voix haute, faisant sursauter Aphrodite qui, comme à son habitude, dormait sur mon fauteuil le plus confortable. « Et pour les magizoologues et botanistes en herbe. »

Bon sang, cela signifiait je ne sais combien d’étudiants en plus… moi qui avais déjà du mal à retenir quelques noms… Je ne me représentais pas du tout ce que cela faisait, en termes de nombres de visages que j’aurais en face de moi.
Meredith allait-elle faire en sorte que j’aie un auditorium immense pour donner Biologie magique à tout le monde en même temps ? ou bien allais-je devoir me répéter plusieurs fois par jour et par semaine pour assurer ?
A ce stade-ci, je n’en savais strictement rien. Tout ce dont j’étais sûr, c’était que la biologie magique, pour les domaines des sciences magiques et de la magizoologie et la botanique, cela remontait un peu, pour moi. Bien sûr, l’année dernière, cela s’était plutôt bien passé, mais les étudiants qui passaient en deuxième ou en troisième allaient être demandeurs d’un niveau plus élevé.

Je m’étais résolu, après avoir cherché un peu dans ma bibliothèque personnelle, à faire quelques achats de livres spécialisés sur le sujet. Les miens étant sans doute un peu dépassés, à l’heure actuelle, puisqu’ils remontaient à quelques années.

Je ne connaissais qu’un seul endroit de notre monde et du pays où j’allais pouvoir me procurer ce qu’il me fallait : Fleury & Bott, la librairie du Chemin de Traverse.
Il m’était arrivé, par le passé, de fréquenter une des libraires, Mona, mais elle avait trouvé un emploi qui lui convenait mieux, et je n’avais pas remis les pieds dans la boutique depuis qu’elle n’y travaillait plus. Bref, cela me fit quelque chose de revenir ici.

N’ayant guère le temps ni l’envie de flâner dans le magasin pour chercher ce dont j’avais besoin, je me dirigeai directement vers le comptoir, pour demander poliment :
« Bonjour, je cherche des ouvrages de biologie magique. »

Je n’avais pas non plus très envie de palabrer sur le pourquoi du comment, mais j’espérais que le professionnalisme de la libraire qui me prit en charge n’allait pas me faire perdre mon temps.
Elle m’enjoignit de la suivre pour nous rendre dans un rayon où n’étaient rangés que des monographies sur les sujets scientifiques, elle ajouta que j’y trouverais certainement mon bonheur.
« Merci. »

Les rayonnages étaient impressionnants et mes connaissances de la CDU et de Dewey ne me permettraient pas de m’y retrouver tout seul. Les codes de classement des livres, ce n’était pas du tout mon domaine et je regardai un instant les étagères, l’air un peu perdu peut-être, avant de sortir ma baguette.

Pour gagner du temps, le sortilège d’attraction était parfait, après tout, et il n’y avait pas vraiment de danger, puisqu’il ne s’agissait que de livres. Mais le problème, c’était que je n’avais pas le moindre titre de livre en tête. Que cherchais-je exactement ?
Je décidais d’essayer avec un nom d’auteur connu et reconnu.


« Accio livres d’Ératosthène le Vieux. » Parmi les cinq livres qui atterrirent dans mes mains, j’en connaissais déjà quatre, que j’avais chez moi, dont l’indispensable "De humana fabrica : studium et praxi". J’avais utilisé cet ouvrage pour préparer mon cours de l’an dernier…

Je regardais les autres titres, sans grande conviction. Si Érastosthène le Vieux était un auteur réputé, je déplorais, en cet instant précis, qu’il n’ait pas écrit plus de livres que cela. Le dernier livre, dont le titre ne me disait rien, traitait d’amputations magiques et de prothèses générées à partir de certains sorts. Je mis le livre de côté, le sujet m’intéressait.
Et j’empilai les quatre autres sur la table. Il allait falloir que je trouve un autre auteur ou un titre spécifique si je voulais rapidement trouver mon bonheur dans ce rayon…

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Mar 5 Nov - 19:48





Aspiration. Expiration. Ils se promènent dans les eaux mouvementées de la vie. Libre. Enfin ce sont ce qu’ils croient. Un chondrichtyen. Deux chondrichtyens… Ouais des poissons quoi. L’un se tient éloigné de la surface ; dans les eaux sombres, à l’abri des dangers. L’autre se balade naïvement, à son envie au gré du courant qui l’emporte. Le danger ne lui fait pas peur, au contraire. Il l’anime, le transporte, le rend vivant. Pourtant un jour, son équilibre de vie changea. Un courant d’air glacial s’empara de la vie du fragile petit être. Une créature élancée, de chair et de sang le sortit de son univers. Menaçant de le désintégrer. L’ennemi frappa une fois. L’eau se découpa sous les nageoires du poisson qui bascula dans le vide pour finir sa chute dans l’oubli. Tout était perdu…

Il avait été pêché, tué et bouilli. Et tout ça, par un jeune qui croyait aimer le poisson. Ooooh, que oui, il aimait le poisson. C’était bien pour ça qu’il l’avait sorti de l’eau, tué et bouilli. Non, il n’y avait que le goût du poisson qu’il aimait et lui-même. Beaucoup de ce qu’on croit être de l’amour, correspond à de l’amour de poisson. On tombe amoureux, et ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il a vu dans cette femme, une personne qui peut répondre à tous ses besoins émotionnels et physiques. Et qu’elle a vu dans cet homme, un idéal. Cela reste de l’amour. Mais de l’amour de soi. Ce n’est pas l’amour de l’autre. L’autre personne devient un véhicule pour votre gratification personnelle. Trop de ce qu’on appelle « amour » correspond à de l’amour de poisson. Et un amour externe, ce n’est pas ce que l’on reçoit, mais ce que l’on donne. Les gens font une grosse erreur en pensant que l’on donne à ceux que l’on aime, et que la réponse est, la vraie réponse. Tu aimes ceux à qui tu donnes. Le point est, si je t’ai donné quelque chose je me suis investi personnellement pour toi. Et comme l’amour de soi est inné. Tout le monde s’aime. Maintenant qu’une part de nous est chez l’autre, il y a maintenant quelque chose en l’autre que l’on aime. L’amour véritable. C’est l’amour de donner. Pas de recevoir.

Dernièrement, c’est ce qui était arrivé à Aleksey. Selon lui son cœur avait été abusé, dupé, manipulé, et brisé. On le lui avait littéralement écrabouillé. Merci Nastia. La sorcière l’avait indirectement brisé. C’était la première fois que cela arrivait, et Aleksey s’était fait la promesse que cela n’arriverait plus. Elle avait été la première à prendre son « indépendance » en partant loin de lui. Cela avait pratiquement duré un an, et les limites du jeune sorcier avaient été largement dépassées. Et ce dernier l’avait bien fait comprendre à sa cadette. Eux qui étaient des âmes-sœurs, rien ne pouvaient les séparer. Surtout pas la distance de leurs cœurs. Cependant, Nastia aurait pu ne pas revenir. Elle avait eu une belle occasion de prendre la fuite. De briser ses chaînes. De faire s’effondrer ses barrières. Mais son esprit de contradiction la ramenait toujours aux convictions et aux idées de sa famille. Alors elle était revenue : pour lui. Pour eux. Pour ses frères. Sans eux, elle n’était rien. Enfin c’était ce qu’elle croyait. Peut-être que c’était eux qui n’étaient rien sans elle. Elle était le noyau de la fratrie. Le centre de gravité. Le big boss. Evidemment aucun de ses frères ne l’avoueraient, sauf peut-être sous la torture. Ou le chantage. De l’amour, Nastia leur en avait déjà tellement donné. Et elle continuerait jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le faire.

Depuis qu’elle était rentrée du Pérou, Aleks et Nastia passaient la majorité de leur temps ensemble. Comme aujourd’hui par exemple, où Aleksey servait actuellement de guide touristique. Ils firent un premier arrêt chez l’apothicaire, pour finir chez Fleury et Bott. Un passage essentiel pour les futurs petits étudiants de Poudlard. En quelques minutes, la russe avait déjà adopté un certains nombres de livres. Le Guide du Guérisseur, histoire de s’instruire davantage. Deux, trois livres sur les potions. Et l’incontournable Histoire de Poudlard. Trimbalant la tonne de bouquins avec elle, Nastia flâna un moment dans les rayons à la recherche d’un bouquin de : « Bonjour, je cherche des ouvrages de biologie magique. ». Exactement ce qu’elle cherchait. La sorcière interrompit ses recherches, puis se mit à suivre l’homme qui semblait chercher la même chose qu’elle. Elle l’observa de loin un moment, avant de se dire que ce qu’elle faisait été certainement malpoli –et bizarre. Elle n’avait pas eu envie de chercher pendant des heures, et passer par un intermédiaire lui semblait une bonne idée. On aurait sans doute pu la prendre pour une perverse narcissique à la recherche d’une nouvelle victime, si seulement elle n’avait pas eu l’air si innocente. Elle s’écarta de la bibliothèque adjacente avant de rejoindre le sorcier en toute discrétion. « Dites-moi ! Quand vous trouverez LE livre qui vous convient, vous pourriez m’en laisser un exemplaire ? Parce que ça fait un moment que je vous observe de l’autre bout de la pièce, et ça paraîtrait suspect si je m’éloignais sans avoir rien choisi ! » N’est-ce pas ? Pour ça, il fallait déjà qu’il trouve la perle rare. Nastia aurait pu en rire si seulement ça ne lui paraissait pas si absurde. Et compliqué. La manière de l’aborder aurait pu paraître suspecte si elle n’avait pas eu l’air si jeune. Compte tenu du contexte actuel, les gens étaient sans doute plus inquiets envers les gens qu’ils ne connaissaient pas. Et le Pérou semblait avoir fait voler en éclat la méfiance de la jeune sorcière.





Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Mer 6 Nov - 20:40

Les bibliothèques et les librairies avaient toutes deux un côté vraiment fascinant. On les appelait des « épures du savoir », dans ma famille. Ces lieux détenaient tant de connaissances qu’il semblait presque impossible d’en faire le tour… Pour cela, j’admirais la patience et la rigueur des bibliothécaires et des libraires qui passaient un temps fou à recenser les livres, à les équiper, à les bichonner pour finalement s’en séparer au profit d’un lecteur quelconque…
Pour ma part, chaque nouveau livre que j’achetais atterrissait dans ma bibliothèque personnelle où, fallait-il le dire, j’essayais tant bien que mal de conserver un semblant de classement. Oh, je n’étais pas aussi pointilleux chez moi que dans mon bureau de l’université, et pour cause : ma bibliothèque personnelle n’avait pas d’autre visiteur que moi, alors, je pouvais tout à fait me permettre cette petite originalité de classer mes monographies par tailles plutôt que par noms d’auteurs et titres.
Ce n’était rien de plus qu’une petite lubie, qui aurait sans doute énervé Belisama, mon épouse, si elle avait encore été à mes côtés… Elle qui était tellement plus organisée que moi, elle aurait très certainement changé mon rangement pour me montrer comment faire… et j’aurais fait exprès de remettre mes livres comme j’en avais envie… En y réfléchissant, peut-être bien que nous nous serions un peu disputés pour cette broutille, pour mieux nous réconcilier, ensuite, dans le lit conjugal. Je pensais encore très régulièrement à ma femme. Même s’il y avait déjà des années qu’elle était décédée, son souvenir restait toujours frais et bien clair dans mon esprit. A l’époque, si je n’avais pas eu mes fils, je pense que j’aurais pu vouloir la suivre de l’autre côté. J’étais fou de douleur… Et lorsque mon fils est mort à son tour, à ma douleur s’est ajoutée une telle rage que je n’ai vécu qu’animé par la soif de vengeance durant un temps. Il m’était impossible de continuer à vivre sereinement et normalement sans ces personnes si chères…

C’était dingue, tout de même, à quel point l’esprit humain était capable de digresser, seul, en partant d’une petite idée de rien du tout… Je reposai le livre, tiré de mes pensées par une voix qui s’adressait à moi. Surpris, je me tournai vers l’origine de cette voix. Jeune fille. Une petite vingtaine d’années. Rien d’extravagant. Je posai les yeux sur son visage.


« Vous n’avez pas plutôt un ouvrage en particulier à trouver, miss ? » L’approche était pour le moins étrange et, bien que je n’eusse pas remarqué qu’elle m’observait depuis un moment, je lui indiquais les livres d’Ératosthène. « Que cherchez-vous ? »

Vu son âge, je ne devais pas avoir affaire à une chercheuse renommée. Je ne comprenais pas bien pourquoi elle m’avait observé avant de venir me parler. Nous étions dans un lieu où il était normal de flâner dans les différents rayonnages, qu’on fût ou non à la recherche de quelque chose de précis.
Je lui tendais le classique "De humana fabrica : studium et praxi".


« Si vous voulez un incontournable, celui-ci est très bien. Vous y trouverez les fondements de l’anatomie. C’est une véritable bible que tout le monde devrait avoir. » Mais je voyais bien, à son expression, que la jeune femme ne se contenterait pas de cette fameuse monographie. Et si elle cherchait la même chose que moi, nous allions sans doute en avoir pour un moment.

« Et si vous m’aidiez, plutôt, à trouver les meilleurs livres de biologie magique ? » Il y avait suffisamment d’auteurs connus et reconnus pour se diviser le travail. Et, entre nous, ça m’enlèverait aussi une belle épine hors du pied si j’avais droit à un petit coup de pouce. Plus rapide et plus efficace, c’était là ce que j’avais en tête.

« J’ai une liste de noms d’auteurs en tête. Mais je n’ai ni le temps ni l’envie de passer en revue chaque étagère de cette pièce…» Je savais que certains livres ne seraient disponibles qu’en allemand, langue que je ne parlais pas, mais je ciblais les auteurs dont je pouvais comprendre les textes sans avoir recours à des traductions. Le grec, bien évidemment, ancien et moderne, le latin, l’anglais et le français. Ce n’était déjà pas si mal, car il y avait des spécialistes de biologie magique dans chacune de ces langues, mais dans d’autres également.

Levant ma baguette, je prononçai :
« Accio βιβλία φυσιολογίας φυτών και ζώων.» La physiologie végétale et la physiologie animale étaient les grands principes de base à travailler.
Et les meilleurs auteurs sur le sujet venaient de mon pays natal, la terre hellène. Mais mon sortilège ne fit atterrir dans mes bras que trois ouvrages, ce qui était plutôt décevant, je m’attendais à en recevoir toute une flopée… J’eus un soupir de lassitude. Ça allait prendre bien plus de temps que je ne pensais, cette histoire. Je songeais que j’allais demander à Meredith de se procurer tous les livres de ma liste, pour compléter la bibliothèque universitaire, comme cela, je n’aurais plus à venir perdre mon temps à vider les étagères de cette boutique.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Mer 13 Nov - 3:09





Dans ce monde où des milliards d’êtres humains foulent le sol, Nastia aurait pu exister en tant que grain de sable et pourtant l’univers avait décidé de lui donner un rôle d’individu. Et plus particulièrement celui de sorcière. La magie aurait pu n’être que mythes et légendes, et pourtant elle était là. Présente. Fragile. Instable. A l’image de l’orchidée bleue. Éphémère, elle l’était. Et la guerre des mondes qui régnait en Angleterre, menacer le monde des sorciers. Mais ça, Nastia était à des années lumières de cette pensée. Elle était occupée, trop occupée à réfléchir. Comme la plupart des sorciers qui l’entouraient présentement. A l’échelle planétaire, ils n’étaient qu’un fragment de la pierre. Des petites fourmis qui travaillaient et pensaient avec acharnement. Nastia aurait dû être obsédé par la catastrophe que vivait le monde de la magie. Après tout, cette découverte avait raflé un certain de ses proches, son frère en particulier. Et ça, elle n’arrivait pas à l’admettre. Il y avait une crise dans le monde. Et pourtant, l’adolescente restait obnubilée par l’avenir de son frère. S’il ne retrouvait pas ses esprit, qu’adviendrait-il de lui ? La plus jeune des Karkaroff était terriblement inquiète de la possible future réaction de son aîné. Les évènements des derniers mois l’avaient affecté, et pas dans le bon sens. Et avec son éternel optimisme, Nastia s’attendait au pire. Elle s’imaginait que son frère finirait par devenir fou. Elle savait que son frère pouvait être capable du pire. Et puis qui ne serait pas inquiet à l’idée qu’une guerre puisse déjà avoir commencé. Elle le voyait déjà. Sauter de tour d’astronomie. S’empoisonner avec du thé à la belladone. Ou pire : s’autoétouffer avec sa main. Huuum… il ferait sans doute un malaise avant d’y arriver. Alors pour cette théorie, Nastia n’avait pas de soucis à se faire.

Après tout, il y avait tellement de façon de périr dans ce monde. La jeune lionne avait tout un tas de théorie sur la sienne. Mais, elle avait particulièrement réfléchi à celle d’Albus Dumbledore, enfin pour ça aurait-il fallu qu’il soit encore de ce monde. Mais s’il avait été encore en vie, il aurait eu une belle et très longue vie. L’homme aurait alors eu la plus longue barbe au monde, et il se serait sans doute cassé le cou après avoir marché accidentellement sur elle. Pour un sorcier de sa prestance, ça n’aurait eu aucun sens. Mais alors, si le monde n’a absolument aucun sens, qu’est-ce qui nous empêche d’en inventer un ? C’est cette unique théorie qui avait permis à Nastia d’arrêter temporairement de penser à son frère. Mais cela n’allait sans doute pas durer. Pourtant, elle ne se voyait pas flancher. Elle n’avait pas encore épuisée toutes ses idées. Et peu importe les diverses tentatives pour le faire dévier de sa morosité, cela n’avait rien changé à son précédent état d’esprit.

Même leur escapade ne semblait pas l’amuser. Elle le voyait bouger, parler, interagir avec son environnement, et pourtant son esprit était à des années lumières de sa sœur. Dans un autre monde. Nastia, elle, marchait sur une nouvelle terre. Inconnue. Certes, pour le moment. Mais elle en ferait bientôt son nouveau terrain de jeu. Elle voguait chez Fleury et Bott avec une aisance certaine. Presque comme à la maison. Et encore plus lorsque le libraire classa une rangée de livre à la main. Cela lui rappelait sa mère. Elizabeth Karkaroff était une sorcière très réputée pour ses talents de potionnistes, de legilimens et d’agitée de la baguette. Et pourtant elle s’amusait à ranger les fioles éparpillées un peu partout dans le laboratoire sans l’aide de la magie. Nastia n’avait jamais compris cette lubie, mais cela l’amusait. « Les baguettes sont précieuses mon enfant. Nos mains ne servent pas qu’à l’établissement de la magie. » Cette habitude était aussi devenue la sienne –du moins quand elle daignait bien vouloir ranger. Là il fallait surtout qu’elle se mette à chercher. Et elle savait que ça irait plus vite à deux. Fallait-il encore qu’elle sache ce qu’elle devait chercher.

Est-ce qu’elle avait un ouvrage en particulier à acheter ? Sans doute. Si elle ne s’était pas trompée de liste de fourniture, peut-être qu’elle aurait été capable de répondre à cette question. « J’imagine que oui ! » C’est beau d’imaginer, mais le concret c’est mieux. « Je cherche un livre de biologie magique ! » Ou même plusieurs. La connaissance, la passion des Karkaroff. Si Nastia avait eu un pied dans le monde moldu, elle aurait sans doute adoré les histoires de Jules Verne. Des romans d’aventures qui auraient parfait à merveille la vie de la russe. Mais le sorcier –qu’elle avait gentiment dérangé- lui présenta un autre style de bouquin. Un ouvrage sur les fondements de l’anatomie. Ce n’était pas au programme de sa filière, mais tout était bon à prendre quand on est avide de connaissances. « Ce n’est pas au programme de ce que je vais étudier à la rentrée. Mais l’étendue de mon ignorance est plus vaste que celle de mes connaissances, alors ce sera parfait ! » Comme première suggestion évidemment !

Nastia n’allait pas se contenter uniquement de cet ouvrage. Elle était prête à ouvrir son panel de compétence, et la biologie magique serait son prochain objectif. Si la russe avait pu faire un double cursus, elle l’aurait sans doute fait, mais l’essentiel est souvent la clé de la grandeur. Maintenant qu’elle avait trouvé sa spécialité, elle ne s’en éloignerait point. Elle s’était déjà engagée sur cinq ans pour polir son savoir, alors pourquoi convoitez une autre discipline ? Simplement par envie. Enfin si l’envie était sa priorité, elle serait en train de se gaver de glace à la vanille. Elle en exigerait sans doute un pot, une fois ses recherches terminées. « Ce sera avec plaisir ! Notre perle rare est sûrement sur une de ces étagères ! » Vu l’horizon, elle espérait la trouver. Et puis le sorcier semblait être un expert, cela lui faciliterait le travail. Enfin s’il était aussi exigeant qu’elle, il ne s’arrêterait pas sur le plus banal des ouvrages. Surtout que le domaine de la biologie lui semblait bien vaste. Elle recouvrait tellement de choses différentes que Nastia ne savait pas où donner de la tête. « Bien. On ira beaucoup plus vite à deux ! J’espère qu’on la reconnaîtra une fois qu’on l’aura sous les yeux. » En effet ce serait dommage de passer à côté. Pour éviter cela, mieux valait commencer à chercher. La magie ne semblait pas prête à les aider vu les résultats du sorcier. Il fallait bien commencer quelque part.

Et prendre de la hauteur ne pouvait pas leur de mal. Elle se demandait pourquoi jamais personne n’avait pensé à inventer un système de recherche magique. Le sortilège d’attraction semblait d’une précision trop importante pour cibler totalement leur demande. A Durmstrang, ce genre de système lui aurait évité des heures de recherches. « Après cette aventure, j’espère qu’un sorcier prendra l’initiative de créer un vrai système de recherche. Ce serait assez aisé aux institutions comme Durmstrang et Poudlard ! Ça semble si simple ! » Elle s’imaginait un système rapide, bien plus encore qu’une recherche sur internet. Surtout quand on ne savait pas par où commencer. Rien qu’à Durmstrang, le millier de livres semblait avoir été dépassé depuis des siècles. « J’imagine un lutrin doré, gravé de runes et de symboles étranges et indéchiffrables. On lui donnerait un sujet de recherche, et la bibliothèque ferait le travail à notre place ! » On y était pas encore.





Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Sam 16 Nov - 9:01
Il y avait des jours, comme ça, où le sort ne vous laissait pas tranquille, sans pour autant s’acharner sur vous. Je n’étais pas le genre à croire au mauvais sort, bien évidemment, ces bêtises de bonnes femmes malades ne m’avaient jamais intéressées et je ne comptais pas m’y mettre à mon âge.
Non, je voulais dire que les petites frustrations et les déceptions du quotidien pouvaient facilement s’accumuler sans qu’on n’y soit ni préparé ni attentif… et on se retrouvait un jour, sans trop savoir pourquoi, à constater avec une certaine horreur que plus rien n’allait, plus rien ne tournait rond… Je ne suis pas le genre d’homme dépressif qui se complaît dans les plaintes et les geignements. Je m’étais chaque fois relevé, en gardant à l’esprit qu’en tant que père, j’avais des responsabilités autres que juste liées à mon job ou à mes choix.
Avec ce qui se passait autour de nous actuellement, j’étais dans l’obligation de faire en sorte que mon fils, le seul et unique de mes enfants qui était toujours en vie, puisse vivre bien et être heureux. Nous n’avions pas d’autre but, nous, les parents. A moins d’être complètement irresponsable. Du haut de ses vingt-sept ans, mon fils restait la prunelle de mes yeux et je n’aurais toléré aucune agression, fusse-t-elle verbale ou physique, contre lui. C’était ce qui me poussait à détester autant les semeurs de mort qui sévissaient toujours… mangemorts, aurors ou moldus du Blood Circle… je les haïssais tous autant qu’ils étaient. C’était à cause de fous pareils que j’avais perdu mon épouse, puis mon fils… Charon, tué par un mangemort… moi qui avais toujours pensé que la pureté de mon sang et la noblesse de notre lignée nous auraient protégés de ces imbéciles qui suivaient les ordres de sorciers impurs…

Le climat actuel était toujours le même. De désaccords en attentats, d’attentats en conflits, de conflits en guerres… l’humanité ne progresserait donc jamais. Nous étions des pantins, destinés à rester sous le joug des aléas des plus nombreux… Et nous n’avions rien pour contrer cela ou pour renverser le système. Nos dirigeants n’avaient jamais été rien d’autre que des imbéciles, et il fallait faire avec, parce qu’on n’avait pas d’autre choix, parce qu’il fallait toujours qu’il y ait des décideurs pour choisir ce qui était bon pour nous… Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce.
La Grèce, contrairement au reste du monde, a toujours été en avance sur son temps. La démocratie qui y était née était un modèle qui aurait très bien pu être appliqué à notre monde, mais existait-il encore seulement de véritable système démocratique ? Mon pays était le seul endroit au monde où je pouvais me sentir bien, à un pourcentage assez élevé. Le Royaume-Uni était trop gris et trop terne, on n’y respirait rien d’autre que des parfums d’humidité et de fraicheur… Parfois, les parfums des montagnes de Delphes me manquaient, surtout ces mélanges d’odeurs que l’on pouvait humer en marchant, simplement, dans ce qu’on appelait la « mer des oliviers », une vaste étendue où pousse cet arbre, hautement symbolique dans le pays, en quantité immense…

Rien à voir, non plus, avec l’odeur de livres et de parchemins que l’on respirait ici, dans cette librairie réputée du Chemin de Traverse.
Je me souvenais fort bien de la première fois que j’avais mis les pieds dans cette boutique. J’étais venu avec mère, juste avant mon entrée à Poudlard. Dans la fratrie, par tradition, nous avons tous étudié en Ecosse, comme mère. Père avait toujours trouvé qu’il était important de perpétuer les traditions, aussi, à mon tour, c’était à Poudlard que j’avais envoyé mes enfants. Si j’avais su, j’aurais certainement inscrit Charon ailleurs, peut-être à Beauxbâtons, par exemple, puisque Poudlard n’avait pas été capable de protéger mon fils.
Beaucoup de pensées diverses se bousculaient dans ma tête et c’était sans doute pour cela qu’il m’avait fallu un petit temps avant de remarquer la présence de la jeune femme dans la même partie du magasin que moi.
Après lui avoir tendu le livre d’anatomie, ce qu’elle m’expliqua me fit avoir un léger soupir, à peine perceptible. Cette fille allait très certainement faire partie de mes étudiants dès la rentrée. Je ne pouvais pas déterminer son âge avec précision, mais je ne l’avais jamais vue auparavant, ce qui me poussait à croire qu’elle allait sans doute faire sa première rentrée à l’université.


« C’est un livre assez spécialisé, si vous n’envisagez pas de carrière en médicomagie, j’ai bien peur que vous ne trouviez l’ouvrage barbant après les trois premières pages. » Je n’avais pas très envie de lui annoncer tout de suite qu’elle aurait cours avec moi, parce que cela aurait voulu dire que la situation allait changer directement. Cette jeune femme, de ce que je pouvais voir et déduire, n’avait pas sa langue dans sa poche et n’était pas le genre à être discrète. Je pouvais me tromper, mais elle m’avait abordé d’une façon assez cavalière, ce qui sortait un peu des habitudes des jeunes étudiants lorsqu’ils voyaient un de leurs enseignants en dehors du contexte scolaire ou universitaire. « Et qu’allez-vous étudier à la rentrée ? »

Cela dit, la curiosité intellectuelle dont elle semblait dotée était un peu plus encourageante que l’imbécilité profonde des étudiants en médicomagie qui avaient peuplé mes cours lors de l’année académique précédente.

Après quelques instants, je découvrais que cette jeune fille était entreprenante et non dénuée de bonnes idées.
« Il n’y a que les libraires et les bibliothécaires pour se retrouver dans un tel labyrinthe… » Si seulement il existait des systèmes comme ceux qu’évoquait la jeune fille… en deux minutes, nous aurions trouvé notre bonheur et la question aurait été vite réglée… Mais le monde sorcier n’était pas à l’avance dans tous les domaines.

« Même les moldus ont des systèmes de recherche plus aboutis que les nôtres. Vous tenez là une idée de génie qui pourra faire de vous une sorcière digne de figurer sur les cartes des sorciers célèbres, si vous voulez mon avis. Inventez ce lutrin et les élèves et étudiants de toutes les générations futures vous béniront et vous encenseront ! » J’en faisais peut-être un peu trop, mais elle avait raison. Une telle invention pouvait changer la vie de tout un tas de personnes.

En attendant, mon sort ne m’avait, une fois encore, pas apporté grand-chose. Deux livres seulement venaient d’atterrir dans mes bras. Et ce n’était pas les meilleurs. Je les posais sur la table, pour les laisser aux bons soins des professionnels du livre.


« Aucun intérêt. Et l’université les possède. » Donc, il ne servait à rien de les acheter. De plus en plus, il me semblait que j’allais devoir envoyer Hermès apporter un parchemin à l’un ou l’autre collègue pour obtenir les meilleurs titres de leurs bibliothèques privées. Après cela, il me suffirait de les commander et l’affaire serait vite réglée.
Si j’avais eu un assistant ou une assistante, c’était aussi sans doute le genre de tâches que je lui aurait confiées, histoire de me faire gagner du temps plutôt qu’en perdre.


« J’ai l’impression que le sortilège d’attraction ne va pas vraiment nous aider, il va falloir chercher à l’ancienne, sans magie… » Cela me désolait par avance. Je savais bien que ce serait long et laborieux, vu la quantité de livres qui étaient ici. Et même s’ils étaient classés par ordre alphabétique, il allait falloir lire le dos de chaque ouvrage pour vérifier si c’était le bon. Le genre de travail qu’on pouvait donner à des élèves en retenue, tellement cela s’annonçait peu amusant.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Mer 27 Nov - 3:22





Le temps vous fait comprendre que rien n’est éternel et que beaucoup de personnes que vous aimez aujourd’hui s’en iront un jour. Le temps va vous faire changer, il va tout faire pour que vous vous perdiez, pour que vous vous sentiez abandonner, pour que vous ne sachiez plus exactement qui vous êtes. Il va vous faire grandir, il va sans aucun doute faire de vous quelqu’un de différent. Le temps va bouleverser votre façon de penser, d’aimer, de rire. Et de vous voir vous-même. Il va changer votre façon de voir le monde, de l’anticiper et de gérer votre vie. Le temps va vous laisser des cicatrices qui ne partiront jamais, qui vous rappelleront vos pires moments, vos douleurs, et vos pires cauchemars. Il va vous faire pleurer, il va vous faire verser des larmes de colère, il laissera un paquet d’amertume, de souvenirs et de déception. Mais le temps vous fera aussi mûrir et il vous apprendra ce qui est vraiment important, il vous apprendra à profiter du moment présent pour que jamais vous ne regrettiez de ne pas l’avoir fait à temps. Il vous apprendra aussi à vous faire reconnaître vos essentiels, vos privilèges et vos désirs premiers.

Ce qui compte, ce n’est pas la force des coups que vous donnez, c’est le nombre de coups que vous encaissez tout en continuant d’avancer. Ce que vous arrivez à endurer tout en marchant la tête haute. Les frères de Nastia l’avaient fait. Pour elle. Pour eux. Pour toutes les personnes qui les entouraient et qu’ils aimaient. Et surtout pour leur avenir. La bataille dans laquelle ils étaient engagés aller soit les mener à leur perte, soit les faire s’élever dans les hautes sphères. L’épidémie de cette foutue guerre n’avait pas encore atteinte les frontières des pays d’Amérique du Sud, et pour y trouver des nouvelles de l’Europe encore fallait-il vraiment en vouloir. Anastasiya n’avait jamais porté un grand intérêt à l’actualité, ou aux crises politiques. La situation de la Russie avait toujours été « paisible », alors pourquoi ce serait-elle inquiété ? Pourtant un soir, autour d’une samba endiablée ; une conversation associant les mots Poudlard et attentats attira son attention. Mais ce fut sa génitrice qui laissa filtrer davantage d’informations sur la situation de l’Angleterre.

Depuis la nuit des temps, les êtres humains se sont demandé d’où ils venaient et vers où ils pouvaient se diriger. Ce désir de connaître non seulement notre passé mais aussi notre futur pèse lourdement sur nous. Le résultat est que nous en sommes venus à diverses explications quant à comment nous sommes arrivés à être ce que nous sommes et où nous irons plus tard. Nous continuons cependant à nous demander ce qui pourrait faire pencher notre histoire. Quels motifs seraient suffisamment astringents pour renforcer notre propre personne. Il existe sans doute de nombreuses explications théistes fournissant des réponses à cette quête et des explications séculières qui abordent le problème et ainsi de suite. Après avoir passé en revue les différentes perspectives de l’histoire de sa vie, la réflexion de Nastia ne se satisfaisait pas à une simple contemplation de la façon dont elle vivait parce que, de diverses façons, on ne lui avait jamais demandé son avis. A chaque fois qu’elle y pensait, elle insistait à toujours remettre les choses en question et elle restait alors insatisfaite des réponses qu’elle pouvait se fournir à elle-même. Le problème de la souffrance, entre autres, était toujours là. La plongeant dans ses abysses. Les concepts de karma et de renaissance offraient une vision capable d’expliquer toute forme de souffrance des êtres humains et des autres êtres vivants. Nastia n’aurait jamais proclamé qu’elle allait prendre sur elle la souffrance des autres. Pourtant, à travers son existence, il a été montré du doigt le chemin de la vérité de sa souffrance et son omniprésence : ses parents. Depuis son arrivée à Londres, Nastia se sentait à la fois épanouie et enfermée. Cependant elle ne se laisserait jamais entendre que, dans la vie, tout était souffrance ; elle soulignerait, en même temps que certaines réalités étaient inévitables, dont la façon dont nous laissons venir en nous autant de souffrance. La souffrance donnait cependant matière à donner aux individus un rôle à jouer en termes de niveau, d’intensité et de degré de l’expérience qu’ils en font. Mais pour Nastia, la souffrance n’était pas la seule en jeu. Il y avait celui de son karma. Qui dans quelques temps s’avérera être un peu merdique.

Malgré toutes les mises en garde qu’on avait pu lui faire, Anastasiya était loin de se sentir en danger. Elle ne se déplaçait jamais seule. Elle était toujours sous bonne escorte. Quand ce n’était pas un de ses frères qui l’accompagnait, un sorcier l’escortait. Et même dans cette librairie, elle pouvait sentir la magie de son frère. Qui lui, n’était jamais bien loin. Nastia arrivait à sentir l’essence de la magie de sa famille. Elle pouvait remercier son hippocampe, connu pour jouer un rôle clé dans le processus de mémorisation des souvenirs à long terme. Sa mémoire épisodique l’aidait à se sentir à l’aise, et elle lui permettait surtout de détourner la plupart des farces de son aîné. Dans une autre notion de farce, elle trouvait ça drôle que l’on tente de limiter ses déplacements alors qu’elle devait juste acheter des livres. Elle trouvait absurde d’être autant surprotégée, pourtant elle appréciait les gestes d’attention à son égard. Sa notion de danger était abstraite, et elle n’avait pas encore conscience de ses propres risques. Comme parler avec un inconnu. Elle ne voyait pas le mal. Et encore moins de rire à propos d’un ouvrage qu’elle accepta quand même. Si cela devenait trop technique, elle pourrait toujours l’enfouir au fond de sa malle. Ce qu’elle ne ferait jamais à un bouquin d’herbologie. « Je suis inscrite en Sciences magiques. J’aimerais me spécialiser en potions ! » Cela faisait des années qu’elle avait ce projet en tête, et elle ne comptait pas s’en éloigner. Le parcours magizoologie et botanique l’intéressait aussi ; mais dans l’entreprise familiale c’était les sous hommes qui s’occupaient de la gestion des dragons. Il ne fallait pas mettre la vie des enfants Karkaroff en danger inutilement. Son avenir scolaire aurait pu toucher cette branche. Les Karkaroff ont toujours été liés aux dragons et ces créatures faisaient frissonner Nastia d’admiration. Il aurait été possible qu’elle se spécialise dans les dragons – un métier à la hauteur de sa témérité. Seulement sa curiosité ne s’arrêtait pas juste là. Mais qui lui disait qu’elle ne pouvait pas concilier ses futures innovations avec eux ?  

Prendre de la hauteur semblait être une bonne idée pour un nouveau spot de recherches. Un système de recherche magique les aiderait bien actuellement. Seulement personne ne semblait avoir eu cette idée. Et pour se repérer correctement sur un tel champ de bataille, une vie ne suffirait sans doute pas. Lorsque le sorcier évoqua les moldus, la Russe en fut intéressée. « Quel genre de système de recherche possèdent-ils ? » Ce n’était pas le genre de discussion qu’elle pouvait avoir sa famille et encore moins avec l’entourage qu’elle avait. Mais lorsqu’il s’agissait de nouveauté, Nastia était la première à s’intéresser. Surtout dans un domaine que les moldus maîtrisaient mieux que les sorciers. « Vous croyez ? Si j’aspirais à devenir Innovatrice en Sortilèges, ce serait un projet intéressant ! Mais je préférerais avoir une carte à mon effigie grâce à une vraie grande découverte ! » Intérieurement, elle jalousait l’inventeur de la potion Tue-loup. Un jour, elle serait une grande Maîtresse des Potions. Et dans son aspiration, l’innovation était inscrite en lettres majuscules. Elle serait à la hauteur de ses ambitions. Un jour… « Alors mettons-nous à l’œuvre ! » En attendant si sa grande découverte pouvait être ce qu’elle cherchait, ce serait parfait. Physiologie végétale : métabolisme et nutrition ? Non. Expérimentation en biologie et physiologie végétales : Trois cents manipulations ? Non. La circumnutation des plantes volubiles ? Non. Les prémices de ? Aaaah ! Pendant un instant, la vision de Nastia lui fit défaut ; elle crut voir ce qu’elle attendait mais lorsqu’elle tenta de mettre la main dessus, ce dernier disparut. Comme par magie. « Mince. Je souffre de perte de la mémoire courte. » Ou alors, elle devenait folle. Peut-être qu’elle l’était déjà un peu. Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne. Plus on s’élève dans les dignités, les honneurs, et plus on risque de dégringoler. C’est là que jadis, l’on exécutait les généraux victorieux ayant trahi la patrie en les précipitant dans le vide. Ce fut le cas du consul Manlius, qui, après avoir sauvé Rome d’une invasion des Gaulois, vola l’or qu’ils laissèrent dans leur fuite. Nastia avait un peu l’impression d’être à la place du consul. « Je crois que nous ne sommes pas très efficaces sur cette tâche ! » C’était peu dire.





Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Lun 2 Déc - 14:25
On a beau être habitué à tout un tas de choses, il y aura toujours des personnes, des lieux ou des circonstances qui nous surprendront.
Cette librairie n’avait pourtant rien de surprenant. On y trouvait des livres de toutes sortes, des parchemins et des plumes, en quantité et en qualités diverses. Je n’étais pas venu ici pour autre chose, d’ailleurs, puisque ma motivation première était purement professionnelle.

Mais la surprise avait revêtu les traits d’une jeune femme, encore une fois, comme si tout prenait toujours l’aspect d’une jolie demoiselle avec moi… et je devais me rendre à l’évidence, ce n’était pas un test pour cerner mes penchants ni même une tentative de vérification discrète de je ne savais quoi. Non, il s’agissait, selon toute apparence, d’un hasard pur et simple, comme on en fait peu, puisque tout est toujours calculé minutieusement en toutes circonstances…
Étais-je ici en même temps qu’elle par un coup du sort ? Était-ce la volonté d’une divinité quelconque ? ou d’un être supérieur manipulateur ?
A nouveau, il y avait des questions qu’il valait mieux éviter de se poser, car l’une en entrainant une autre… on n’était pas sorti de l’auberge, à ce compte-là.

En soi, peu m’importait. Le destin avait toujours mis un nombre incalculable de personnes sur mon chemin et je n’avais jamais pris la peine de m’interroger sur le pourquoi du comment. Il fallait prendre les choses comme elles venaient, sans se prendre trop la tête.
Alors voilà, ici et maintenant, il fallait juste que je me contente de ce qui était là, de ces livres qui ne m’étaient jusqu’à présent pas d’une grande utilité et de la présence de cette fille qui, à l’instar des livres qui nous entouraient, ne m’apportait rien d’autre qu’un petit coup de main… sans même que je puisse savoir si elle allait, oui ou non, s’avérer efficace.

Elle finit par me dire ce que je redoutais presque d’entendre. Elle était inscrite à l’université, dans la filière des sciences magiques… Je ne fis pas attention au reste de sa phrase.
Merde, c’était bien ma veine, ça… il fallait que je tombe sur une fille à qui j’allais donner cours à la rentrée. Et elle me rencontrait dans des circonstances qui n’étaient pas les plus reluisantes pour moi. Bon sang, je cherchais des bouquins dans une librairie, en m’y prenant comme un hippogriffe dans un magasin de porcelaine.
« Intéressant… » J’hésitai un instant. Fallait-il que je me présente ou valait-il mieux que je m’abstienne ? Si je m’abstenais et qu’elle me découvrait en face d’elle à la rentrée, qu’allait-elle penser ? « Vous aurez donc le plaisir, du moins, je l’espère, d’avoir cours avec moi. » Étais-je censé lui tendre la main ? lui faire un baisemain ou que sais-je encore ? Je n’en fis rien pour l’instant, préférant éviter tout contact physique. « J’enseigne principalement aux futurs médicomages, mais c’est moi qui assure le cours de biologie magique. »

Heureusement, je ne serais pas son professeur principal, sinon, je ne savais pas comment j’allais m’en sortir à la rentrée, à devoir faire face à mon manque de savoir faire dans la recherche active de livres destinés à étoffer mes cours.
Cela dit, la fille semblait s’intéresser à d’autres sujets, ce qui n’était pas plus mal, puisque la question qu’elle me posa était tout à fait dans mes cordes.


« Les moldus disposent d’écran de recherche : vous encodez le titre ou l’auteur et l’appareil vous indique où vous allez trouver ce que vous cherchez. Une sorte de guide, si vous voulez… » Je n’étais pas plus familier que cela avec ces systèmes de recherche, mais j’en connaissais les principes et c’était suffisant pour que cela semble bien plus abouti que nos méthodes un peu archaïques.

« Vous avez de grandes aspirations, miss… Je suppose que vous ferez donc partie des étudiants les plus excellents que nous aurons cette année ? » Et si ce n’était pas le cas, eh bien, j’aurais tout de même eu le mérite de lui faire un petit compliment, de cette façon.

Je parcourais les dos des différents livres, faisant courir mes doigts sur les couvertures à mesure que j’en lisais les titres, songeant que j’irais sans doute plus vite comme cela qu’en utilisant des Accio à tour de bras et en citant tous les titres et auteurs que j’avais en tête.


« Je ne sais pas vous, mais la patience n’est pas une de mes premières qualités. » En réalité, je perdais patience depuis un moment déjà. Je ne savais pas si Fleury & Bott possédait les ouvrages rares et spécialisés que je cherchais, mais il me fallait chercher, quoi qu’il en soit. Je me dis que la prochaine fois, j’enverrais un hibou pour passer une commande, je gagnerais certainement du temps de cette manière.
Parce que là, à force, j’avais envie de partir d’ici, m’installer dans un bar, prendre un verre et souffler un peu.
« Vous faites quelque chose de spécial, à part cela ? » Faire la conversation, passer le temps… c’était toujours une façon de faire. Et j’avais, de toute manière, d’ores et déjà une solution de secours pour mes livres…

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Mar 10 Déc - 23:47





Si, à la naissance, le bébé humain posait son regard sur celui de l’adulte en face de lui, s’il ne détournait pas ce regard, c’est parce qu’un autre regard se posait sur le sien, un regard tendre, doux, caressant, qui, sans le fixer ni le menacer, l’attirait, l’invitait : le premier regard offert à l’enfant était une porte d’entrée dans l’humanité. En sélectionnant ce trait comportemental si spécifique à l’espère humaine, l’animal, futur humain, y avait perdu une part de sa clôture individuelle mais il y avait acquis une force considérable, celle de pouvoir partager des intentions, des pensées : croiser le regard de l’autre n’était plus le prélude à un inéluctable combat pour sa sauvegarde individuelle mais devenait un partage. Le sens de ce partage n’appartenait ni à l’un ni à l’autre, il appartenait au processus, au cheminement, à la manière partagée de faire. Ce sentiment de partage naquit lorsque le sorcier partagea avec Nastia ses aspirations. « Ah oui ? Quelle surprise ! Comment est-ce que je dois m’adresser à vous ? » Professeur ? Monsieur ? Maître ?

Mais à force de chercher dans le regard de son bébé ce qu’il demandait, ce dont il avait besoin, à force de chercher le regard de son compagnon pour quêter ses intentions, pour savoir ce qu’il en pensait, un jour, la mère avait tourné son regard sur elle-même pour savoir ce qu’elle désirait : l’être humain s’était demandé ce que lui-même en pensait. Le regard se réfléchit, il devient un regard intérieur : à force de penser à la pensée des autres, venait un moment où on finissait par penser à ce qu’on pense soi-même. Dès lors, l’être humain était pris dans un paradoxe existentiel incontournable puisque sa pensée lui donnait les moyens de se penser lui-même potentiellement distinct et différent des autres, mais qu’en même temps cette activité cérébrale n’avait initialement d’autre fonction que de suppléer à la vulnérabilité de l’individu en le liant aux autres par la pensée. Ainsi, l’individu entrait dans un questionnement nouveau, dans une réflexion dont le sens apparaît, chemin faisant, de plus en plus mystérieux, énigmatique. La dimension énigmatique de la pensée n’avait cessé depuis l’aube de l’humanité d’interroger la jeune Nastia. Elle se demandait comment le monde arrivait à tenir aussi bien en équilibre depuis si longtemps. D’un équilibre précaire, certes, mais avec une irrésistible volonté.

Cet équilibre avait récemment volé en éclat, il allait falloir une tonne de colle et de temps pour remettre ce monde sur pied. La pensée de soi, la pensée sur soi ne va pas de soi… précisément parce qu’elle provenait de l’autre. Ce qui était le cas ici. Penser sur soi à partir de soi-même imposait toujours un effort réflexif qui n’était ni naturel ni facile. « Je n’ai jamais eu l’occasion d’en entendre parler. Cela doit leur facilité le quotidien… Enfin j’imagine ! » Nastia se désengageait d’un regard partagé avec son professeur et tourna soudain ses yeux en haut et en dehors, comme si elle cherchait quelque chose dans sa tête, elle était concentrée, son visage était sérieux, elle faisait de toute évidence un effort : elle pensait, mais que faisait-elle ? Elle cherchait la trace mnésique des paroles de son frère lui comptant les découvertes des moldus, elle cherchait des mots qui ne sont pas les siens, qui ont été soutenus par une interaction où le regard avait une place essentielle. Elle s’appuyait sur ce qui venait de lui être apporté. Le fruit de sa pensée sera reçu par l’assemblée dans un climat de partage jubilatoire dont elle ne tirait pas une grande fierté. Dans son monde, il valait mieux ignorer le monde des moldus ; mais lorsqu’ils surpassaient les sorciers, Nastia n’hésitait pas à poser des questions quand l’occasion se présentait. A votre avis, que s’est-il passé pour que la reine devienne givrée ? La pensée des moldus, cette pensée a circulé entre tous sans appartenir en propre à chacun.

Dans la vie quotidienne, spontanément il était plus facile de s’en remettre aux autres que de s’impliquer soi-même dans ce qui nous arrive chaque jour. Mais au fond, quelle était la part propre à soi-même, à votre disposition personnelle, singulière, à vos actions individuelles dans ce qui vous arrivait ? Reconnaissez que ce questionnement était souvent esquivé. Quand l’individu s’y obligeait, il était souvent douloureux… Comme si, à l’aune de notre regard, notre pensée était constamment captée, aspirée, pour ne pas dire inspirée, par l’intention prêtée à cet autre : plus le regard de cet autre s’absentait, se détournait, plus cette quête est intense. « Je l’espère ! C’est exaltant de réussir pour soi-même ! Surtout dans une voie que l’on a choisie. »  Combien de conversations avec son frère tournaient autour du fait que l’un se plaignait de ne pas avoir été regardé ou d’avoir été franchement ignoré par leur père ? Le thème était inépuisable : le locuteur comme l’interlocuteur ici semblaient y prendre goût. Après tout l’ambition de la fratrie était d’avoir la fierté et l’approbation de Karkaroff Père.

« Je ne suis pas très patiente non plus ! » Parler de soi relèvait d’un manque de savoir-vivre surtout lorsqu’on se trouvait au milieu d’un cercle social inhabituel. Parler de soi n’était autorisé que dans le cadre restreint d’une relation affective entre deux amis proches, ou deux membres d’une même famille, ou professionnelle entre le patient et celui qui est là pour l’écouter. Et encore, l’expérience clinique montrait quotidiennement que le patient parlait plus facilement de celui qui est absent et qui était supposé être à l’origine des problèmes que de lui-même comme étant celui en lequel la difficulté incriminée trouvait son origine : constamment, le regard sur soi passait d’abord par l’autre. Et rarement parce que nous nous reconnaissons dans un état affectif singulier. Même dans le monologue intérieur, lorsque seul on s’abandonnait à ses pensées, celles-ci prenaient vite en otage une figure intériorisée, comme un point d’appui : toujours venait en premier le lien à l’autre, le regard supposé de l’autre rendu responsable de l’état du penseur. « Non ! Mais j’aimerais sortir d’ici ! » Je dirais même plus ; il fallait qu’elle sorte d’ici.  





Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Mar 24 Déc - 14:01
Dans la vie, il y a bien peu de choses dont on peut être sûr à cent pour cent… en l’occurrence, j’étais de ces sceptiques qui ne voulaient croire que ce qu’ils voyaient et percevaient par eux-mêmes. Nulle once de croyance en moi, pas le moindre petit attachement idéologique… Le vent me menait là où il le fallait et je n’y voyais jamais ni le moindre projet divin ni la moindre machination du destin.
C’était donc le fruit du hasard, encore et toujours lui, qui mettait sur ma route cette fille qui s’avérerait être une de mes futures étudiantes… et qui avait l’air d’avoir vécu les dernières années en étant coupée du monde, soit parce qu’elle avait vécu dans une grotte, soit parce qu’elle était une sorte d’ermite ou que sais-je encore.

À sa question, je haussais les épaules. Si cela ne tenait qu’à moi, je lui aurais juste dit de ne pas s’adresser à moi, de ne m’appeler sous aucun prétexte et de me foutre la paix, simplement… mais il fallait toujours garder à l’esprit qu’un enseignant sans étudiants se retrouverait au chômage technique…


« La plupart du temps, les étudiants m’appellent « Professeur » ou « Monsieur ». Et cela me convient.» Je n’étais pas le genre d’homme à me focaliser sur des détails de ce genre. Après tout, ce n’était qu’un titre qu’on donnait aux gens pour leur manifester un minimum de respect. Je ne me formalisais pas.

En attendant, puisque la quête des ouvrages ultimes semblait compromise par le trop grand nombre de livres ici présents et par le manque de praticité des lieux. C’était comme se retrouver au milieu d’un trésor de connaissances et ne pas savoir par où commencer…
« Vous savez, je pense que je vais opter pour la solution de facilité et passer une commande plutôt que chercher par moi-même. C’est bon pour l’emploi, après tout.»

Mais oui, créer de la demande pour favoriser l’offre, c’était une méthode qui avait fait ses preuves par le passé, à de nombreuses reprises, et il fallait parfois être capable de reconnaître quand de meilleures options s’offraient à nous.
Comme j’avais en face de moi une jeune fille qui ne connaissait rien au monde moldu, je ne tenais pas à m’attarder sur le sujet. Il aurait été délicat d’aborder plus avant un sujet de conversation qui pouvait s’avérer assez tendancieux par les temps qui couraient. Personnellement, je n’étais favorable à personne dans ces histoires de conflits, mais le climat ambiant était tel qu’il valait mieux parfois se taire.

Aurais-je dû lui demander de décliner son identité ? Je ne pensais pas. A vrai dire, la plupart du temps, je me fichais un peu de connaître les noms de mes étudiants. Je n’en retenais jamais qu’une partie, de toute manière, n’ayant aucun intérêt à les appeler par leur patronyme ou par leur prénom. Je retenais bien mieux les visages, même ceux dont le regard semblait se perdre dans une toute autre dimension. Comme celui de cette jeune fille. Était-ce une rêveuse ? une idéaliste ? Je n’en savais rien et je n’en saurais sans doute jamais rien. Elle avait un âge que jamais Charon n’avait atteint. Un âge d’insouciance et de curiosité… un âge où on est prêt à croquer la vie à pleines dents, comme s’il s’agissait d’un fruit mûr.


« Je vous le souhaite, en tout cas. Au risque de passer pour un vieux moralisateur, ne perdez pas de temps en inepties de toutes sortes, l’université reste un lieu d’apprentissage, mais certains en font leur terrain de jeux. » Vieux moralisateur… oui, je pouvais l’être, bien que cela ne soit pas un de mes traits de caractère principaux. « Le passage de l’enseignement secondaire à universitaire laisse parfois des jeunes gens complètement livrés à eux-mêmes. Ne vous laissez pas avoir. »

L’université ne disposait certes pas d’un campus à proprement parler, mais il était de renommée publique que les jeunes sorciers qui débarquaient se laissaient parfois aller à d’autres tentations que celles des études. Bon, c’était de leur âge, bien sûr, mais cela pouvait parfois réduire à néant une simple petite année académique.

« Pour ma part, je n’ai pas de temps à perdre avec des étudiants qui manquent de sérieux… c’est avec eux que j’ai le moins de patience… » Je ponctuai mes dires d’un léger sourire. « J’ose donc espérer que vous ne me décevrez pas. »

Cette jeune fille avait l’air d’être intéressée par le sujet des cours, alors, j’espérais bien que cela n’était pas qu’une façade. Mais elle n’avait pas l’air d’être du genre à faire l’andouille, enfin, ce n’était peut-être qu’une apparence.
Et soudain, puisqu’il semblait devenu urgent que la jeune femme quitte les lieux, j’arquais un sourcil.


« Vous vous sentez mal ? » Si elle était claustrophobe, je pouvais comprendre… ou bibliophobe, peut-être, bien que cette pathologie ne soit répertoriée nulle part à ma connaissance…

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Dim 5 Jan - 22:21





On a tous quelque chose en nous de particulier. D’unique. Qui nous rend exceptionnel à la vue du monde. Ce petit truc qui nous démarque du reste du monde. Qui nous fait briller en société. Qui nous rend si précieux face aux yeux d’autrui. Et si fascinant à notre destin. On est souvent étonné de constater que l’idée d’un futur fermé a plus été évoquée chez les partisans d’une totale liberté humaine que chez les voyants, qui, eux, l’imaginent ouvert, contrairement à l’idée qu’on aurait pu s’en faire. Plus surprenant encore, le fait que les avis se rejoignaient, alors qu’on soupçonnait ces personnalités de manifester des opinions opposées. En effet, tous admettant que les événements dont les actions des hommes étaient, comme les phénomènes de la nature, soumises à un ensemble de causes extérieures. Il était à expliquer différemment selon la croyance ou non en un destin préétabli. « Entendu ! » Y croyez-vous ? Ainsi, pour ceux qui pensaient que chacun était libre d’écrire au jour le jour les pages de leur existence, force était de constater qu’un cadre était déjà mis en place dès la naissance : gènes, environnement familial et culturel. Ces derniers participaient à l’élaboration de la vision que l’on aurait du monde, nous guidant inconsciemment vers tels types d’expériences, telles rencontres. Ceux qui croyaient en un destin écrit par avance avaient à peu près les mêmes convictions. A ceci près que, pour eux, ce programme avait été prévu longtemps avant la naissance. De quoi vous facilitez la tâche, comme la servitude visiblement ; enfin son cher futur professeur parlait plutôt de travail. Nastia pensait plutôt renforcer sa notion d’esclavagisme en faisant appel au peu de patience de son aîné. Il ne lui en faudrait pas beaucoup pour réussir à le faire tourner en bourrique. « Je crois que je vais alléger ma journée aussi ! Mon frère fera un très bon serf pour cette tâche ! » La vie pouvait parfois être si simple. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Qui a dit ça déjà ?  

A chacun sa croyance. Mais tous reconnaissaient qu’un destin se profilait pour chacun d’entre nous dès le début de la vie. Or, tout ce qui poussait l’individu vers un futur déterminé ne devenait destin que s’il était subi. En comprendre les liens, les mécanismes, c’était s’en libérer et devenir réellement maître de son existence. Si nous suivions docilement un chemin tracé par avance, l’avenir était forcément lié aux données de départ et notre vision de la vie restait inchangée de celle qui nous avait été donnée. C’est grâce à ces prises de conscience que le destin pouvait être amélioré. C’est grâce à ces idées que Nastia avait pu partir en Amérique aussi longtemps. Evidemment si sa conscience avait été plus oblique, elle ne serait sans doute jamais revenue. Mais le danger de la guerre et sa déception l’avaient conduite à retourner auprès des siens. Si Poudlard serait son nouveau terrain de jeu ? Elle comptait bien évidemment s’établir dans une des équipes de quidditch –en fonction de la maison dans laquelle elle irait. Ensuite, le fait que l’université allait s’établir au collège cela donnait à Nastia une plus grande palette de cobayes à tester. Cela servirait à ses recherches, donc directement à ses études. On était loin de la jeunesse décadente. « J’ai été livrée à moi-même pendant un an, sur un continent qui m’était étranger. Je crois que retourner sur les bancs de l’école sera plus aisé ! » Elle s’était abstenu de lui dire qu’elle avait vécu quelques mois au fin fond de la forêt Amazonienne au milieu de tribus primitives et isolées. Sa plus grande aventure jusqu’ici. Lorsqu’un rocher se mettait en travers de notre route, le moment idéal était venu d’adopter une nouvelle vision de son existence et d’élargir sa conscience. Conscience d’être, d’aimer, de participer d’une manière unique à la magie de la vie. Les épreuves étaient mises en place par l’être lui-même, même s’il n’en avait pas conscience. C’était un moyen de grandir et de découvrir le sens de la vie, d’être en harmonie avec soi-même et les autres. Chacun était pourtant libre d’y attacher un autre sens et de se sentir victime du sort. Le destin était alors fatalité. On pouvait même passer sa vie à alourdir et multiplier les épreuves sans comprendre pourquoi elles se renouvelaient régulièrement.

Il était manifestement bien difficile de changer le cours des choses si l’on ne se remettait pas en question. Tout reporter sur le destin ou trop attendre de lui, c’est exclure la réflexion et l’analyse. C’était se gommer, se soumettre et oublier qu’on avait tous un rôle à faire valoir dans le jeu de la vie. On l’a vu, déjà à l’époque on croyait à la participation active de l’homme. L’épopée de Gilgamesh, en témoignait déjà. Après avoir affronté nombre d’obstacles et défié ses peurs, ce roi jadis arrogant et assoiffé de gloire avait repris conscience du véritable sens de son existence. Il avait alors repris son rôle de souverain, mais cette fois plus conscient de sa raison d’être. Améliorer son destin n’est permis que si l’on trouve le sens de sa vie et des évènements qui la jalonnent. « Je pense que je vais vous laisser le temps de juger par vous-même ! » Se découvrir par soi-même, être conscient de ce que l’on est, se poser les bonnes questions en faisant appel à la partie la plus profonde de notre être. Et grâce à cela, les épreuves deviennent alors des lumières nécessaires qui nous guident vers notre vraie voie.

Faire usage de nos clés intérieures nous permettrait de nous retrouver. De réveiller nos joies. De conquérir notre projet de vie. Notre légende personnelle. « Pas encore, mais je ne voudrais pas mourir d’ennui ! » Programmer ce qu’il y avait de mieux pour être en phase avec notre axe de vie. Croire en nos ressources, qui sont bien plus puissantes qu’on ne pouvait l’imaginer.





Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
INRP
IRL
Lun 20 Jan - 14:13
A vrai dire, je ne savais pas bien où tout ceci allait nous mener. Si je n’avais pas appris quelques instants plus tôt que j’allais avoir cette jeune fille parmi mes étudiants, j’aurais bien été capable de la draguer… mais au fur et à mesure de notre conversation, je repoussai cette idée. Parler avec elle n’enlevait rien à son charme, ce n’était pas cela, mais j’étais dans un lieu où pouvaient trainer des oreilles et des yeux indiscrets, et je n’étais pas assez bête pour fournir une telle occasion aux possibles détracteurs qui auraient pu passer par ici.
Nous avions donc convenu de la manière dont la demoiselle allait m’appeler, c’est-à-dire de la même façon que tout le monde m’appelait à l’université. C’était bien plus simple, après tout. Et comme je n’avais pas vraiment la mémoire des noms et des visages, sans doute parce que je n’accordais pas suffisamment d’attention aux personnes qui m’entouraient, exception faite de mon fils…

J’eus un sourire en entendant la jeune fille me dire qu’elle allait se servir de son frère comme d’un serviteur désigné volontaire. En réalité, je la comprenais fort bien. C’était pratique d’avoir à son service des personnes qui se chargeaient de faire pour vous ce que vous n’aviez pas envie de faire. Et les frères remplissaient fort bien cette tâche.


« Vous avez parfaitement raison ! C’est à cela que servent les frères, après tout…» Bien que je n’aie pas réellement profité de mon droit d’aînesse pour profiter de mes cadets, en réalité, puisque j’étais plutôt le grand frère protecteur envers eux, surtout envers Érebos, que j’avais élevé comme mon propre fils. « Enfin, c’est une de leurs utilités.»

J’avais une patience assez relative avec les gens. Je me lassais assez rapidement d’un échange, surtout s’il n’était pas très stimulant. Pour notre situation, cela allait encore. Je n’étais pas en train de m’endormir, ni en train de penser à autre chose. Cela aurait pu être pire.
Ainsi, j’apprenais que cette fille avait vécu dans un monde qui lui était complètement étranger, peut-être même hostile… Peut-être avait-elle était confrontée très jeune à des choses qui l’avaient marquée à vie… Certes, c’était bien dommage pour elle, mais cela n’allait pas m’attendrir ou changer ma vie. Au moins, elle avait une chance de s’en sortir, c’était déjà pas mal.


« J’espère que vous ne vous ennuierez pas trop, alors, car si vous avez vécu une vie d’aventures auparavant, j’ai bien peur qu’étudier dans un auditorium vous semble fade et peu actif. »

Mais, après tout, je ne la connaissais pas. Il était possible qu’elle ait vécu très loin d’ici, dans une culture totalement différente… ou, puisqu’elle avait dit qu’elle avait été complètement livrée à elle-même, j’imaginais qu’il était envisageable qu’elle ait survécu, seule, à quelque chose… Mais qui étais-je pour poser des questions sur la vie privée de mes futurs étudiants ? N’était-il pas malsain qu’un professeur puisse connaître sur les jeunes des choses qu’il n’était pas censé savoir ? Serais-je plus clément si j’apprenais à connaître cette fille ?
Il était préférable que je reste neutre, comme toujours. Un Asclépiades ne prend jamais parti pour autre chose que les siens. Nous avions déjà suffisamment à faire avec une famille comme la nôtre, après tout, il ne fallait pas perdre notre temps à tergiverser sur des personnes qui, peut-être, ne feraient qu’une fugace apparition dans nos vies… Je n’étais pas d’un naturel spécialement curieux et, à vrai dire, je me contentais fort bien de savoir que cette fille n’avait pas l’intention de me donner d’indications sur qui elle était ou comment elle était.


« Parfait. Je préfère également ne pas me faire d’idée avant de vous voir à l’œuvre. » J’imaginais que c’était le mieux à faire, ne pas avoir en tête un portrait déjà tout brossé d’une personne, histoire que je puisse découvrir par moi-même ses qualités et ses défauts d’étudiante.

Bien décidé à ne pas moisir dans cette librairie où je ne trouvais pas mon bonheur, je rassemblais les quelques ouvrages ayant retenu mon attention.
« Je ne compte pas trainer par ici non plus. Ce n’est pas que je m’ennuie, mais… je ne suis pas habitué à devoir passer des heures dans une boutiques. »

Le shopping, ce n’était pas mon truc du tout. Je n’étais pas du genre à aimer passer des heures dans les magasins, à dépenser mes gallions dans des choses dont je n’avais pas forcément besoin. Même dans une librairie, à vrai dire. Je préférais, et de loin, être chez moi ou ailleurs, mais pas dans l’un de ces lieux de consommation.

« Eh bien, rendez-vous à la rentrée, alors, je suppose ? » Je lui tendis la main droite, après avoir calé mes livres avec mon bras gauche.
Je ne voyais pas trop comment clore la conversation autrement. Alors, oui, cette fille portait en elle tout un mystère, mais je n’étais pas curieux pour le moment. Je verrais bien ce qu’elle donnerait une fois en cours.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
INRP
IRL
Revenir en haut Aller en bas
Perplexity is the beginning of knowledge [ft. Nastia]
Sauter vers:
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Game of Blood :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs-