Le mieux ce serait encore de se rejoindre là où vous avez pu mettre la main sur l'oiseau disons, samedi 16 novembre à 10h. C’est la réponse qu’il avait reçue de Elise. Il ne savait pas grand chose de cette fille. Il pourrait dire qu’il y avait un voile de mystère autour d’elle, parce que c’est stylée de dire ça, mais en vérité c’est juste qu’il ne la connaissait pas. Tout ce qu’il savait c’était qu’avec Nymphéa elles se détestaient, qu’elle appartenait à l’Ordre du Phénix, comme lui à présent, qu’elle avait quelques connaissances en communes avec et et surtout... Qu’elle savait des choses sur Artémis que lui ignorait.

Ils s’étaient rencontrés un mois auparavant ; elle était venue à sa rencontre un week-end où il avait planifié une énorme session de geekage en solitaire. Amber, une amie commune, avait disparu sans donner de nouvelles et Elise, qui avait appris que le jeune homme et son amie s’étaient rencontrés durant l’été, en désespoir de cause avait tenté de vérifier qu’elle n’était pas chez Raphaël. Comment elle avait pu trouver son adresse ? Il l’ignorait et peu importait. Ce soir là, c’était pas une super soirée pour Raph. Il avait appris que les deux filles qui jouaient dans son film étaient des sorcières. Pas que ça soit un problème, mais il aurait préféré l'apprendre autrement. Que l’une d’elle était prisonnière du Blood Circle, qu’Elise avait toujours rêvé de piloter un avion et surtout que malgré son apparence frêle et fragile, elle était capable de l’envoyer à l’hôpital… Littéralement. Cela dit, le fait que le corps de Raphaël soit plutôt mou et peu résistant ne devait pas vraiment aider à résister à des lancer de briques. Mais parmi toutes les choses qui avaient pu se dire, ou se faire ce soir là, ce qui avait le plus troublé le jeune homme, c’était une remarque de la jeune sorcière quand ils étaient dans les restes de la fac magique… “Pour le désordre tu demanderas à Artémis, elle est bien au courant”. La tournure des événements avait fait que le français n’avait pas eu l’occasion de lui demander plus de détails sur le coup. Mais il était intrigué… Elle connaissait Artemis ? Bon, le fait qu’elle fasse le lien entre le jeune homme et la rousse, c’était compréhensif vu qu’ils vivaient à la même adresse, le même appartement. Mais… Elles se connaissaient ? Et qu’est-ce qu’elle sous-entendait ? Que Artémis était mêlée à l'enlèvement d'Amber ? Beaucoup de choses qui restaient sans réponses, malheureusement Raphaël ne pouvait pas interroger sa colocataire à ce sujet pour la simple et bonne raison qu’elle n’était pas rentrée depuis qu’elle était partie voir sa famille le mois d’avant. La seule personne qui avait des réponses à toutes ces questions, était Elise, la filles aux briques.

Elle lui avait donc donné rendez vous à l’endroit où il s’était procuré un hibou pour la joindre. C’était amusant comme système de communication. Totalement archaïque mais diablement efficace. Même s’il n’était pas supposé les utiliser pour un usage personnel, Raphaël avait accès aux hiboux du Quartier Général de L’ordre du Phénix. Raphaël était fasciné par le monde magique qu’il découvrait jour après jour. Cela ne faisait que depuis quelques jours qu’il avait officiellement intégré l’ordre du Phénix, c’est pourquoi il avait encore du mal à trouver le 12 Square Grimmaurd. C’était nouveau pour lui, Google Map lui indiquait que l’adresse n’existait pas. En fait, la vieille baraque n'apparaissait sur aucune carte et pourtant… Elle était là… “L’essentiel est invisible” comme on dit. Pour le coup, ce n'était pas qu'une expression... Raph ferma les yeux et se concentra sur l’emplacement du 12 Square Grimmaurd. Il ne savait pas s’il était obligé de fermer les yeux pour que ça fonctionne, mais ça l’aidait à se concentrer. Quand il rouvrit les yeux, la maison était devant lui alors que c’était totalement impossible ! Comment elle aurait pu apparaître au milieu des bâtiments ? Ça défiait les lois de la physique c'était... Magique...  Il s’assura, probablement inutilement, que personne ne le regardait avant d’entrer dans le QG.

Il était un peu en avance, mais il valait mieux être cinq minutes en avance pour un rendez vous important que 45 minutes en retard pour un rendez vous Tinder, après on n’a pas forcément le contrôle sur les imprévus. La maison était grande, il ne savait pas trop où il devait retrouver Elise, dans le doute il se dirigea vers sa corbeille à courrier. Peut-être qu’un hibou lui avait apporté son premier message par courrier hiboux  ?

Quelle surprise de la part d’Elise que de recevoir un hibou d’un moldu. Non parce qu’Elise c’était bien la fille qui aimait le plus recevoir et envoyer des lettres – pleine de méchanceté surtout – bien que n’aimant pas spécialement les volatiles. En revanche, c’était bien la première fois qu’un moldu utilisait un oiseau pour la contacter. Le sujet pour laquelle il la contactait ne plaisait pas des masses à la Serdaigle, non vraiment pas. Qu’il soit au courant du monde sorcier, ce n’était pas de son fait, oui il savait et elle savait très bien qu’il était au courant. En revanche, pour Artémis, elle était la seule responsable. Ça lui avait échappé, le stress sûrement ou l’agacement de savoir que cette andouille de copine s’était mise dans la tête que les sorciers étaient une menace, qu’il fallait les exterminer. Leurs manières de faire, Elise les exécrait, réellement. Elle avait vu les dégâts que ça provoquait chez les gens, avait constaté, impuissante à une Sélénya qui depuis sa captivité chez les moldus n’était plus la même, réagissant mal à chaque fois qu’un contact venait la saisir au dépourvu. Se dire qu’une amie avait pu être le bourreau d’une autre, ah ce n’était pas simple pour Elise. Et pourtant, lorsqu’elle avait été en mesure de venger Sélénya, les sorciers en règle générale, de rendre à Artémis la monnaie de ses pièces en n’agissant pas, en laissant un sorcier s’en prendre à elle, elle en avait été incapable. Sa loyauté envers cette enfance commune l’avait poussé à agir et à protéger son amie.

Elles étaient de deux camps différents, c’était un fait indéniable et pourtant parfois, être dans des camps opposés, ça ne faisait pas tout, ça ne brisait pas des amitiés et du côté à Elise, ça rappelait chaque jour que les moldus n’étaient pas foncièrement mauvais, ils avaient des défauts mais aussi des qualités et le Blood Circle avaient certes des idéaux débiles qu’il fallait combattre, au même titre que les idéaux des mangemorts d’ailleurs, même combat ceux-là. Néanmoins, ils restaient humains et lorsqu’on grattait un peu, on pouvait s’apercevoir que c’était aussi dur pour Elise de tourner le dos à Artemis, que pour Artemis de faire la même chose. Elles se fréquentaient moins, ça par contre, c’est sûr que c’était quand même plus coton mais au fond, chacune devait songer la même chose, pourvu que je ne la croise pas sur le champ de bataille, je ne veux pas la combattre.
Elise avait néanmoins vu rouge lorsque le Blood Circle avait commencé à enlever des gens. C’est donc de cette manière qu’elle avait décidé de rentrer de nouveau en contact avec Artemis pour lui hurler dessus – à défaut de lui faire du mal physiquement, moralement c’est pas mal -. Manque de bol, elle avait mis la main sur Raphaël avant de mettre la main sur la rouquine. Ce sont des choses qui arrivent mais du coup, il s’était retrouvé mêlé à tout ça et il était venu avec Elise dans ce bazar avant que chacun reprenne sa petite vie tranquille de son côté, l’un chez les moldus, l’autre… entre deux mondesah ah ah on reste sur du tarzan

Comment diable aurait elle pu deviner que si elle avait un pied entre deux mondes, le moldu aussi et qu’il rentrerait en contact avec l’Ordre du Phénix. Aussi, lorsqu’Elise reçut un hibou de la part de Raphaël, elle était restée un peu interdite. Comment avait il pu mettre la main sur un hibou, savoir comment contacter un sorcier ? C’est ainsi qu’elle avait su qu’il avait décidé de rentrer en contact avec des derniers, ce qui n’était pas entièrement la faute d’Elise… mais plutôt de l’imbécile qui avait balancé l’existence des sorciers au jeune homme qu’à cela ne tienne, il savait pour les sorciers, voulait en savoir plus sur leur connaissance commune, Elise était prête à parler. En revanche, elle était déterminée à ce que rien ne puisse arriver à son amie, peu importe qu’elle soit Blood Circle, si elle ne l’avait pas trahi, si elle lui avait sauvé la vie, si elle avait tût son implication auprès de l’Ordre du Phénix, ce n’était pas pour la mettre en danger maintenant.

Le jour J, elle rejoignit Raphaël au QG de l’ordre du Phénix, elle n’avait pas l’intention d’y rester mais par excès de prudence, elle avait préféré ne pas être trop précise dans ses sms, dans le cas où les moldus surveillaient les sms sur Londres, il valait mieux ne pas mettre le moldu en danger, et elle au passage. Si elle était pile à l’heure, elle eut tout le loisir de constater qu’il fouillait dans la corbeille à courrier, Elise se râcla donc la gorge pour signifier sa présence « Habituellement, je n’ai qu’une seule parole et je ne t’aurais pas non plus prévenu le jour même pour te dire que je ne viendrais pas… J’ai un peu plus de savoir vivre. » Elle fit un signe de la tête aux personnes qui passaient prêts d’eux, pire qu’une fourmilière cet endroit puis elle indiqua à Raphaël la sortie, comptant s’éloigner de toute agitation, évitant un endroit où il faudrait transplaner pour y accéder, le mieux était encore de marcher, c’était ce qui passait le plus inaperçu « Avant toute chose, je tiens à te dire que je veux ta parole comme quoi ce que je veux te dire restera entre toi et moi. Personne ne doit savoir pour Artémis, c’est mon amie et je protège mes amies quoi qu’il arrive, peu importe leurs opinions politiques et leur camp. Tu acceptes de ne rien répéter ? » Elle n’avait pas spécialement confiance en lui, forcément, elle ne le connaissait pas mais si elle apprenait par les membres de l’ordre qu’Artémis était en danger, elle ferait de la vie de Raphaël un enfer, ne le lâcherait pas tant qu’elle ne lui aurait pas fait payer sa trahison. Elle n’avait pas l’air comme ça la petite de Lestang mais c’était une acharnée de première et quand elle décidait de rendre la vie impossible à quelqu’un, elle savait très bien y faire.

Raphaël n’avait pas reçu de courrier. Même s’il n’était pas surpris, il était quand même déçu. C’est toujours agréable de recevoir du courrier. D’un autre côté les hiboux étaient censés être utilisés pour un usage strictement professionnel, il n’avait donc peu de raisons de recevoir un courrier. Il soupira d’ennui avant d’entendre un raclement de gorge suivi d’une fois de femme qui l’informa qu’elle était une personne de parole et qu’elle aurait eu la décence de prévenir avant le dernier moment qu’elle ne viendrait pas. Raphaël se retourna pour faire face à Elise.

«Je regardais juste si j’avais du courrier en attendant j’avais quelques minutes d’avance. Je me doutais bien que t’allais arriver bientôt t’inquiète. Du coup, à ce propos d’Ar… »

Elise le coupa. Elle fit un signe de tête en direction des autres sorciers puis lui désigna la sortie de la tête. Elle voulait parler de ça ailleurs ? D’accord. Raphaël acquiesça et ils sortirent sans mot dire. Une fois s’être assurée que personne ne pouvait les entendre la Sorcière prit enfin la parole. Elle voulait la parole de Raphaël que cette discussion restera un secret entre elle et lui. Que Artémis était son amie et que quelques soient ses opinions politiques et son camp, cette maxime était immuable. Raphaël réfléchit… Concrètement, la fille aux briques venaient de répondre à ses interrogations juste avec cette simple prise de parole. Il savait que les deux filles étaient amies et il était quasiment sûr qu’elle appartenait au Blood Circle. La rousse aurait pu être une sorcière, du camp des mangemorts. Mais du peu de ce qu’il avait compris ce n’était pas cohérent, Artémis était trop présente dans la vie Moldu pour que cette hypothèse puisse être plausible. La demande d’Elise était légitime et il accepta donc de jouer le jeu.

«Ça me semble honnête. Tu m’as l’air d’être une personne loyale, dans tes propos en tout cas. Alors je pense que je dois être franc avec toi.»

Il expliqua à la sorcière que ses autres colocataires n’étaient pas au courant pour ce qu'il s’est passé en octobre et qu’il ne leur avait pas parlé non plus des soupçons qu’il avait sur Artemis.

«Cependant… »C’était quitte ou double. Soit la jeune fille allait mettre fin à la discussion, soit elle prendrait cet aveu comme une marque de confiance. Mais il préférait jouer cartes sur table et tant pis si elle l'engueulait.«… il faut que tu saches que j’en avais parlé à Nymphéa, le lendemain des événements d’octobre. J’ai connaissance de l’aversion que vous avez l’une pour l’autre et c’est pourquoi je préfère te prévenir, que tu ne penses pas que je te prenne en traître. Mais désormais, tout ce qui se dira restera entre nous, si tu acceptes qu’on en parle je ne dirais rien à personne, pas même à Nymphéa.»

Raphaël se justifia, expliquant qu’après tout ce qu’il s’était passé la veille, il avait besoin d’évacuer ce trop plein d’information. Nymphéa était la seule à ce moment là qui pouvait l’écouter et comprendre dans quelle situation il était et il avait entière confiance en elle.

«Artemis est mon amie aussi. Enfin l’était… Enfin… Je ne sais pas trop où j’en suis avec toutes ces histoires. Mais dans tous les cas, je ne lui veux aucun mal, par respect pour l'amie qu'elle était. Je me dis que si j’en avais l’occasion, je pourrais essayer de la raisonner… Mais ça va faire bientôt un mois qu’elle n’est pas revenue à la coloc»

le jeune homme ignorait où était Artemis, sil elle allait bien. Il aurait aimé la détester. C’est facile de se séparer de quelqu’un qu’on détester. Mais il l’aimait toujours plus qu’il ne la détestait même s’il était quasiment sûr de savoir ce qu’elle était… En revanche il ne l’Aimait plus. Il avait abandonné le doux espoir de de faire battre leurs cœurs à l’unissons. De toutes façons, elle était bien plus proche de Samuel que de lui…

«En fait, ce que j’aimerais savoir… C’est pas si je dois la tuer ou non. Parce que je ne me vois pas neutraliser qui que ce soit. C’est plutôt si elle, elle risque de me tuer si on venait à se croiser sur une opération de l’Ordre. Je veux dire… Vous faites comment vous ? Comment vous gérez ça ?»

Elise n’était pas forcée de répondre. Après tout, elle savait que Raph était l’amie de sa rivale et qu’il lui avait déjà parlé d’Artemis. Après, il avait fait promettre à Nymphéa de ne pas le répéter, un peu pour les mêmes raisons qu’Elise… Sauf qu’à l’époque Raph était encore amoureux d’Artemis. Il espérait qu’il ne soit jamais confronté à choisir entre deux amis sur un champ de bataille. Saleté de guerre… Parce que oui, ce n’était pas qu'un simple conflit d’intérêt, c’était une guerre ouverte qui était déclarée entre les deux mondes. Si au lieu de chercher tout le pouvoir d’être fort, les hommes, moldus ou sorciers, cherchaient plutôt la sagesse d’être sage* ils n’en seraient pas là. Mage et non-mage pouvaient vivre ensemble sans s’entretuer… Comment au XXIème siècle on pouvait en être arrivé là ? À l’ère de la tolérance où tout un chacun essayait d’accepter l’autre… Mais bon, c’était trop nouveau dans les esprits étroits des idiots de ce monde. La peur prenait le dessus… Pauvres tarés, pauvres chimères…

Mais il avait perdu la tête ? M’enfin il se doutait bien qu’Elise n’avait pas cité Artemis par hasard ce jour-là. Ça aurait été d’ailleurs un tant soit peu stupide de citer la première personne qui lui venait à l’esprit du côté moldu. Non non, vraiment pas, déjà qu’elle aurait mieux fait de fermer sa bouche mais alors le moldu là, niveau prudence c’était zéro pointé – et Elise s’y connait en manque de prudence. Elle l’entraîna donc plus loin après l’avoir fait taire pour qu’il évite de prononcer le moindre prénom qui mettrait la rouquine en danger. Enfin, plus en danger qu’elle ne l’était actuellement, cela va de soit… Quelle idée de venir enquiquiner les sorciers, même Raphaël s’était dit que c’était une mauvaise idée… Bon après il faut dire que les premières personnes qu’il avait rencontrées n’étaient pas non plus des sorcières pleines de haines envers les moldus... Il était tombé sur le bon Towsen, il n’y a pas à dire. En même temps, des deux, Amber était certainement la seule à se balader côté moldu sans animosité.

Après avoir demandé au jeune homme de ne rien répéter, il prit la parole pour lui dire que ça semblait honnête. Elise ne fit pas la moindre remarque, se moquant bien de paraître loyale à ses yeux, ce n’était pas son ami lui. En revanche, elle avait au moins posé ses conditions et il était mis au courant qu’elle prenait cette conversation et cette situation très au sérieux. Lorsqu’il lui dit qu’il devait être franc avec elle, elle le regarda étrangement avant qu’il parle de sa collocation et des colocataires, donc de gens qui fréquentaient régulièrement Artemis. Est-ce qu’elle devait le remercier de ne pas avoir parlé à ces derniers ou être soulagé ou bien encore s’en moquer éperdument parce que ça ne la concernait en rien. Non mais c’est vrai, elle son amie c’était Artemis, Artemis qui jusqu’à preuve du contraire savait non seulement se défendre mais aussi manipuler son entourage… autrement dit, s’il avait parlé, ceux qui auraient été en danger, c’était Raphaël et ses colocataires moldus, pas la demoiselle. Il s’était donc montré relativement futé… jusqu’au moment où il y eut un prénom qui sonna aux oreilles d’Elise qui darda sur lui un regard rempli d’étonnement et d’incompréhension… Non mais c’est pas possible d’être aussi truffe… De toutes les personnes à qui il aurait pu en parler, il s’était débrouillé pour mettre au courant la personne la moins discrète de l’univers. Forcément que ça fit grincer un peu des dents Elise. « Tu as parlé d’Artemis à Nymphéa ? Mais à quel moment tu t’es dit que c’était une bonne idée en connaissant Nymphéa » Elle leva la main néanmoins pour qu’il ne réponde pas immédiatement, ayant à mettre les points sur les i avant ça « Ce n’est pas de l’aversion. Elle vit sa vie, je vis ma vie et j’aime mieux que nos vies soient séparées. » Voilà en gros, plus elle se trouvait loin d’Elise et mieux la Serdaigle se portait parce que supporter Nymphéa, c’était compliqué pour les nerfs. Elle eut donc un petit rire lorsqu’il lui dit que si elle voulait, il n’en parlerait pas à Nymphéa, mais encore heureux, sinon c’est bon les trois quarts de la planète allaient être au courant et autant prendre un hautparleur et faire une déclaration publique, l’effet serait le même.

Elle écouta ses justifications, faibles justifications, expliquant ce pourquoi il en avait parlé à la Poufsouffle… Qu’il ait besoin de parler du fait que les sorciers existent, elle comprenait, ça oui, ça devait faire un sacré choc… En parler à une sorcière, oui c’était logique, il savait pour Nymphéa parce que cette nounouille lui avait parlé – ne respectant d’ailleurs pas le secret… belle preuve d’intelligence tiens… sûr que c’était à cause de gens comme ça que le Blood Circle avait fini par voir le jour -. En revanche, il mettait Artémis en danger, oui il pouvait avoir toute la confiance qu’il voulait en Nymphéa, il n’empêche qu’il savait dès le départ puisqu’Elise avait cité Artémis qu’elles étaient dans deux camps différents, il devait aussi savoir que Nymphéa et la prudence ça n’était pas ça… donc il les mettait potentiellement l’une et l’autre dans la merde parce qu’il n’avait pas réussi à taire un seul nom. Puis, il entra dans le vif du sujet et Elise écoutait, attentivement avant de prendre la parole « Pourquoi ne le serait-elle plus ? Elle n’a pas changé. C’est toujours la même personne à l’intérieur et le combat qu’elle mène ne la fait pas pour autant oublier ses amitiés puisque je suis là. Je n’ai aucune idée de ce que sa famille, les gens, le Blood Circle lui a dit pour qu’elle songe que les sorciers sont des menaces mais étant donné que du côté sorcier, certains arrivent très bien à entretenir une haine pour les personnes dépourvues de magies… l’inverse ne me paraît pas sidérant. » Elise fit une pause, réfléchissant quelques secondes « En février, je suis allée la voir à l’hôpital. Pour moi à ce moment-là, ce n’était qu’une jeune fille parmi tant d’autres ayant subi la folie d’un sorcier parce que le Blood Circle n’est pas votre ennemi à vous, son but même si les manières de le faire sont archaïques et complètement débile, sans parler du fait que c’est vouloir imposer une séparation entre deux mondes qui de toute façon est lié. « Oui non mais après, ça finirait obligatoirement par coincer parce que même si une minorité choisissait de buter ses enfants à la seconde où ils se rendaient compte que les enfants en questions avaient des pouvoirs, la majorité quoi qu’il arrive, l’amour pour cet enfant prendrait le dessus sur une cause. « Donc vu de l’extérieur, le sorcier était responsable de ses douleurs et pour l’avoir vécu, c’était des sacrées douleurs mais la magie fait des miracles par rapport à la science. Je peux comprendre cette haine qu’il faut placer sur quelque chose ou quelqu’un pour surmonter la douleur, je hais les personnes m’ayant fait subir cela. Et pourtant, lorsqu’on s’est trouvé nez à nez en mai… à aucun moment Artémis ne m’a attaqué. Evidemment qu’en me rencontrant dans l’université, elle savait ce que j’étais et je savais ce qu’elle était. Nous ne nous sommes pas attaquées, elle n’a donc pas changé, c’est toujours la même et il n’y a aucune raison que ça ne soit pas ton amie, elle ne t’a rien fait, si ? «

En revanche, pour le fait de ne pas être retourné à la coloc, ça pouvait être inquiétant pour lui « Elle ne faisait pas partie des victimes. Il y a eu une espèce de comptage de fait, ne me demandes pas pourquoi, je n’en ai pas la moindre idée mais elle ne faisait pas partie des victimes, je suis catégorique là-dessus. » Ce n’était pas ça sa question, elle comprit où il voulait en venir lorsqu’il lui demanda comment elle réagirait si elle le croisait en mission et comment Elise et Artémis se débrouillaient de leur côté. La blonde fit la moue. « En réalité, je prie pour ne pas la rencontrer. Le problème pour moi ce n’est pas tant ses réactions, plutôt nos manques de réactions et le fait des gens qui nous connaissent l’une ou l’autre, ou même les deux parce que nous avons des amis communs puissent réagir et se douter de quelque chose. On ne gère rien du tout Raphaël, je me suis aperçue que mon amie d’enfance avait pour but dans la vie d’exterminer les gens comme moi et que la seule raison pour laquelle elle ne m’a pas tué en mai c’est parce que j’étais cette amie. Qu’est ce que tu as à craindre toi de ton côté, tu es son ami, tu n’es pas un sorcier, pourquoi elle t’attaquerait ? »

Elise le réprimandait sur le fait d’en avoir parlé à Nymphéa. Laissant sous-entendre que c’était la pire personne à qui faire ce genre de confidences.

«Mais… »

Elle l’empêcha de l’interrompre d’un geste de la main et continua en expliquant sa relation avec la jeune Chang. Donc comme ça, il n’y avait aucune aversion… Mais seulement un peu d’aversion. Raphaël ne releva pas, ce n’était pas le sujet. Et tenta de justifier pourquoi il avait ressenti le besoin d’en parler à son amie. Il ajouta, d'un ton qu'il voulait amical

«J’ai confiance en Nymphéa et que ça te plaise ou non, elle est mon amie. Je pense que tu es moins bien placée que moi de me juger là dessus. J’en ai parlé à quelqu’un en qui j’avais confiance et dans un contexte bien précis. Toi, tu as quand même choisi de m’en parler alors qu’on ne se connaissait pas, d’ailleurs on ne se connait toujours pas. Je sais pas si je dégageais une aura de confiance à ce moment là, mais tu dois quand même admettre que c’était quand même bien imprudent»

Raphaël ajouta que Artémis était également son amie, enfin qu’il ne savait plus trop quoi penser d’elle. Il s’était bien gardé de dire à la fille aux briques qu’il avait été amoureux de la magnifique rousse. Ça n’avait aucune raison d’entrer dans la discussion. Elise lui demanda pourquoi Artémis ne serait plus son amie, appuyant sur le fait qu’elle était toujours la même personne. Non effectivement, ce n’était pas sa colocataire qui avait changée, mais bel et bien lui. Sa vision du monde avait changé ; dès lors qu’il a accepté d’accompagner Elise dans les ruines de l’université, il avait choisi son camp : celui des sorciers. Il essayait de réfléchir tout en écoutant la sorcière. Elle lui parlait des sorciers qui haïssaient les Moldus. Probablement les fameux Mangemorts dont Nymphéa lui avait parlé. Raphaël n’essaya pas de couper la jeune femme, il avait beaucoup de trucs sur lesquels il voulait réagir mais il respectait son temps de parole. Il n’avait jamais repensé aux événements de Février à la fête foraine. Samuel et lui n’avaient rien eu, mais Artémis avait été blessée effectivement. Est-ce qu’elle avait essayé de combattre des sorciers ? Il l’ignorait. Elise continuait d’exposer ses arguments implacables, visiblement prête à défendre bec et ongle l'honneur de son amie. Raph eut une pique de jalousie, il sentit qu'il était un moins bon ami pour Artémis que ne l'était la sorcière : elle, ne doutait pas de leur amitié.

«Non… En effet, elle ne m’a rien fait de mal… » Raphaël parlait lentement, essayant de mettre de l’ordre dans ses pensées à mesure qu’il parlait tout en essayant de refréner le flot d’émotions qui montait dans sa gorge. «Tu as entièrement raison, ce n’est pas elle le soucis dans cette histoire. Mais c’est la vision que j’ai d’elle désormais. Toutes ces choses qu’ils font… Je n’arrive pas à accepter qu’elle puisse y participer, ou même qu’elle cautionne ça. Mais tu as raison sur tous les points. Je ne sais pas ce qu’elle a vécu, ce que ces gens lui ont raconté. Elle reste… » Il se racla la gorge pour reprendre un peu le contrôle «Elle reste Artémis. Même avec cette part sombre de sa vie. Ça ne l’empêche pas d’être drôle, gentille et attachante. A voir le camp ennemi comme étant le Mal, avec un grand “M”, on en oublie que ce sont avant tout des hommes et des femmes, avec une famille, des amis. Et que cette guerre ridicule ne devrait même pas avoir lieu… Le fait qu’il y ait des Mangemorts, c’est bien ça hein, qui haïssent les Moldus et les massacrent ne devrait pas être un argument pour agir de même en réponse. Je suis d’avis qu’il faut savoir montrer qu’on est plus intelligent et civilisé que ceux qui nous méprisent. Mais j’ai l’impression que personne ne pense comme ça… » Sauf Nymphéa. Mais il se gardait de remettre son nom dans la discussion pour des raisons évidentes. Et puis, peut-être que Raph et Nymphéa n’étaient que deux philanthrope complètement idiots… «Ça va faire un mois qu’on n’a aucune nouvelles d’elle. Je suis quand même un peu inquiet.»

Il relançait Elise sur la disparition d’Artémis. Peut-être qu’elle avait des nouvelles ? Qu’elle pourrait lui dire que leur amie allait bien. Tout ce qu’il pu apprendre c’était qu’elle n’avait pas été tuée lors du sauvetage. Raphaël blêmit en entendant cela. Étrangement, cela ne lui était pas venu à l’esprit qu’elle puisse avoir été tuée pendant l’assaut. Il se doutait qu’il y avait eu des victimes, dans les deux camps, mais… Il pensait que ça se comptait sur les doigts de la main. Mais le terme “comptage” en parlant de cadavre ça laissait sous-entendre, dans l’esprit du jeune homme en tout cas, qu’il y avait eu énormément de pertes. Il demanda d’une voix faible s’il y avait eu beaucoup de morts. Il allait peut-être passer pour quelqu’un à l’esprit fragile mais il s’en fichait ; il n’était pas là pour jouer les bonhommes.

«Et… Tu as des nouvelles d’elle ? Sans me dire les détails, ça me regarde pas. Tu dois bien connaître sa famille ou des amis qui doivent savoir quelque chose.»

Il lui demanda finalement comment les deux filles faisait pour gérer le fait d’être dans des camps opposées, comment est-ce qu’elle faisaient. Ce à quoi elle lui répondit qu’elle espérait ne jamais tomber sur elle. Leur manque de réactions ? Raphaël ne comprit pas trop sur le coup, mais la suite des explications l’éclaira d’avantage. Effectivement, si les deux filles étaient vues ensembles, en fonction de leur réactions, ou non-réaction, elles risquaient de se mettre l’une et l’autre en danger. La sorcière lui avoua qu’elles ne géraient absolument rien, que les deux amies d’enfances étaient en réalités des ennemies mortelles qui refusaient de s’affronter. Ça aurait pu être une fiction géniale si ce n’était pas la réalité… Elise lui demanda finalement pourquoi Artémis s’en prendrait à lui s’ils étaient effectivement amis.

«Oui, tu as probablement raison. Par contre… Le fait que je sois un non-mage ne m’immunise pas des activités du Blood Circle. Je ne sais pas ce qu’ils font aux moldus qu’ils considèrent comme des traîtres. je ne dis pas que Artemis pourrait s’en prendre à moi, je voulais juste dire qu’être un moldu n’était plus un argument. Seulement le fait que je sois son ami. »

Et dire que Raphaël avait espéré être bien plus qu’un ami pour elle. De meilleure copine, elle était devenue meilleure ennemie. Elise a su lui faire comprendre qu’il pouvait continuer d’aimer son amie et de chercher à la protéger. Mais est-ce qu’il pouvait toujours l’Aimer pour autant ? Ô Artémis ! Artémis ! Pourquoi es-tu Artémis ? Renie ton père et abdique du Cercle ; ou, si tu ne le peux pas, jure de m’aimer, et je ferai tout pour te sauver.

Mais quel crétin. Ah c’est sûr que non, Elise ne lui faisait en rien confiance pour le coup et ça n’aurait tenu qu’à elle, elle se serait bien abstenue de lui faire la moindre confidence, manque de bol pour elle, ce boulet était déjà au courant avant qu’elle n’arrive et s’était plus incrusté dans cette mission sauvetage pour le moins désastreuse, qu’autre chose. Surtout que sa présence avait été à coup sûr le déclencheur d’une Nymphéa qui partait en cacahuète et qui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de venir agacer une Elise qui appréciait que très peu le fait qu’on vienne la gaver. Elle eut donc un petit rire nerveux. « Je rectifie, tu étais au courant de beaucoup de choses sans que ça ne soit de mon fait. Je ne vais pas te mentir non plus, si je n’ai jamais dit à mon amie d’enfance que j’étais une sorcière. » Grand bien lui fasse, sait on jamais qu’elle ait mal réagi la rouquine et qu’elle ait eu envie de dégommer Elise, sans que cette dernière ne soit en mesure de se défendre puisque prise au dépourvu. « Ce n’était carrément pas pour aller annoncer à un gars que je ne connais que trop que salut je suis une sorcière. Et je m’en fiche que tu fasses confiance à Nymphéa, que tu veuilles confier ta vie à Nymphéa c’est ton problème. »Bon du point de vue d’Elise c’était un peu comme confier sa vie à un chiot quoi, un peu pataud, qui galère dans la vie, c’est pas la meilleure solution pour s’en sortir. « En revanche, ce n’est plus seulement ta vie, là c’est celle que de quelqu’un d’autre. Ah tu aurais eu l’air malin tien si Nymphéa avait voulu zigouiller Artémis. Et je suis navrée de te dire que je ne te faisais absolument pas confiance et que ce n’était pas vraiment une volonté qui m’animait que te ramener avec moi. » Ah non c’est sûr que comme partenaire, Raphaël ça n’était pas vraiment le choix de prédilection d’Elise.

A la bonne heure, Artémis n’avait jamais fait de mal au jeune homme, la blondinette se contenta d’un sourire qui n’était ni arrogant, ni fier, juste un constat sur le fait qu’Artémis restait une bonne personne, quand bien même ses idéaux paraissaient débiles aux yeux d’Elise, la prochaine guerre ce serait quoi ? Les yeux bleus contre les yeux marrons. Elle écouta ses propos, attentive à ce qu’il disait, oui sa vision de la demoiselle changeait forcément, pour Elise aussi ça avait changé, difficile de se dire qu’une amie pouvait infliger mille maux à des sorciers pour des raisons un peu obscur.  Elle n’était que trop d’accord avec le fait que se rabâcher sans cesse que le camp adverse c’était des ennemis, ça ne faisait que les déshumaniser alors qu’ils étaient humains. Néanmoins, ça ne l’empêchait pas d’agir, le fait de savoir tout cela n’empêchait certainement pas Elise de s’emmêler parce que cette guerre, il fallait la gagner, il en allait de la survie d’une espèce complète « Pas facile de montrer qu’on est plus intelligent que quelqu’un quand en essayant de le faire, on se fait torpiller que ce soit de sorts ou de balles. Le problème c’est qu’en séparant les sorciers des moldus, ça empire le truc mais ça, il semblerait que les adultes ne l’aient pas compris alors c’est sûr que pour le moment, ça n’est pas possible mais avant tout ces évènements, il aurait dû y avoir une tentative de rapprochement. »

Pour ce qui était de l’absence de leur amie commune, Elise n’avait malheureusement aucune information. A la rigueur, elle aurait bien pu lors d’une de ces merveilleuses rencontres avec Kesabel lui demander un service, son instinct lui soufflait qu’en échange de quelque chose, le loup garou serait ravi de filer un coup de pattes à Elise mais elle ne voulait rien redevoir à ce fumier, premièrement et deuxièmement si c’était pour qu’il zigouille Artémis parce qu’il aurait compris dans quel camp elle était, ouai non Elise allait éviter de se renseigner de la sorte. Lorsqu’il lui demanda s’il y avait beaucoup de morts, quelque chose dans sa voix avait changé et Elise fit la moue « Je crois bien que oui. Ce n’est que le début Raphaël, il y en aura d’autres, je pense qu’il faut se préparer à cette éventualité. » Il revint au sujet numéro un, lui demandant si elle avait des nouvelles d’Artémis, Elise eut un sourire sans joie en l’entendant parler d’amis, de familles « Je ne suis pas allée voir sa famille, qu’Artémis tienne à moi, c’est un fait, personne ne peut le nier, elle avait la possibilité de me tuer, elle ne l’a pas fait. Sa famille en revanche n’a aucune loyauté envers moi. Je n’ai aucune certitude qu’elle ne leur a pas parlé de moi, même sans citer mon prénom. Si j’y allais et qu’ils devinent ce que je suis, je suis morte et je n’ai pas spécialement envie de mourir. Mais peut être que toi tu pourrais y aller, tu es son ami non ? Et toi tu ne risques pas grand-chose. Je peux t’y mener si tu veux. » Bon, mieux valait il pas lui dire si tu as un souci appelle moi parce qu’Elise se voyait mal réussir à triompher contre une famille prête à détruire les sorciers.

Bien sûr que le fait que Raphaël soit un moldu ne le protégeait pas vraiment des Blood Circle qui voudraient sa peau. Oui ça sur ce point, Elise était bien forcé de reconnaître que ça serait pour le moins compliqué auquel cas, surtout qu’il ne pourrait pas vraiment se défendre n’ayant pas de baguettes, ni d’armes à feu. « Je pars du principe qu’ils ne peuvent pas tuer toutes les personnes qui sont contre leurs façons d’agir, de la même façon que les sorciers ne tuent pas les personnes qui ne veulent pas tuer les moldus. Donc je ne pense pas que tu risques ta vie. » Elle le regarda dans les yeux « Et si être un moldu n’est pas un argument et bien sois heureux d’être l’ami d’Artémis parce que ça te protège de biens des choses. »

Au courant de beaucoup de choses ? Ça il aurait aimé… Parce qu’avant ce jour là il ne savait rien. Bon… En théorie Nympha l’avait prévenue par messages, même si Raphaël avait son téléphone éteint, avant qu’Elise ne débarque chez lui pour vérifier si Amber était là… D’ailleurs…

«J’y pense…»

Élise pensait, ou plutôt elle espérait, que Amber était chez Raphaël ce soir là… Mais elle savait que le Moldu était le colocataire d’Artémis… Que ce serait-il passé si Artémis était là ce soir là ?

«Non… Laisse tomber, c’est déjà assez compliqué comme ça.»

Avec des si, on pouvait poser toutes les questions que l’on voulait et inventer toutes formes de situations. Il y avait tant de choses à savoir, semblant si près mais pourtant si loin, qu’il ne pouvait pas se permettre de poser des questions hypothétiques… Il devait rester dans les faits.

«Tu n’as pas à être navrée. C’est juste que je comprends pas comment tu as pu en venir à me révéler certaines choses avec toutes les précautions que tu prends. Il y avait bien le Gaz, mon corps s’en souvient, mais tu n’étais pas encore sous l’effet de ce truc à ce moment là. »

Surtout que Raph n’était clairement pas un homme de terrain… Elle avait dû s’en rendre compte. Peut-être qu’elle était tellement apeurée qu’elle avait accepté toute l’aide possible et avait agi sans réfléchir. Raphaël savait que Nymphéa ne ferait pas de mal à Artémis… Elle était persuadée, comme lui, que Sorciers et Moldus pouvaient vivre ensemble, cohabiter et même coopérer. Il savait qu’elle se défendrait si elle venait à être attaquée, mais jamais elle ne s’en prendrait directement à un moldu la première !

«Tu prêches un convaincu… »

Raphaël soupira… À croire que l’Humanité n’apprend jamais de ses erreurs. Plus de 75 après le seconde guerre mondiale et ses horreurs, on retrouvait des nouvelles mesures gouvernementales qui visaient à discriminer une partie de la population parce qu’elle était différente… À l’ère de la tolérance où on prône la différence de tout un chacun. Et le pire… C'était que ça fonctionnait !

«... Mais tu sais, il n’y a malheureusement pas que des vieux cons qui soient cons et conservateurs… Du moins chez les Moldus en tout cas.»

Ils parlèrent ensuite plus en détail de la disparition d’Artémis et du nombre de victimes. Raphaël ne renchérit pas quand Elise lui répondit qu’il y avait eu beaucoup de morts ce soir là et que ce n’était que le début. en fait il n’avait pas les mots, il n’arrivait pas à parler sur le sujet. Il ressentit comme un poids dans l’estomac, une émotion indescriptible, entre le chagrin, la colère et la peur. Pourquoi ? Pourquoi le Blood Circle s’en prenait aux sorciers ? Qu’est-ce que ça pouvait leur faire s’ils avaient des pouvoir, était-ce la jalousie qui les motivait ? Bien sûr, Raphaël savait qu’il y avait des pertes dans les deux camps, mais de son point de vue, c’était surtout le Blood Circle qui était en cause et qui avait déclenché cette guerre. À la base, l’Ordre du Phénix combattait les mages noirs qui s’en prenaient aux Moldus. Est-ce qu’il existait un équivalent chez les non-mages ? Probablement que non…

Raphaël recentra le sujet sur Artémis en demandant si Élise avait des nouvelles. Elle lui avoua que même si Artémis tenait à elle, ce n’était pas forcément le cas de sa famille et qu’elle ne pouvait pas savoir si la rouquine avait parlé d’elle à sa famille. Elle ajouta que Raph, lui, ne risquait probablement rien et qu’elle pourrait l’emmener à sa famille.

«Tu as raison, s’ils font également parti du Cercle, ça aurait pu être risqué… Ne le prends pas mal mais… Je vais également passer mon tour. J’ai des amis que je sais sorciers maintenant, et je ne veux pas prendre le risque de les mettre en danger si jamais on venait à enquêter sur moi parce que je me renseigne sur elle. Je vais déjà attendre de savoir si son loyer continue d’être payé, puis après j’aviserai… »

Oui, Raph avait peur et il cherchait une excuse pour faire traîner les choses. Même si l’excuse en question était loin d’être bidon, ça semblait être un bon plan.

«Ils ne peuvent pas tuer ouvertement tout le monde… Mais je pense que s’ils ont des doutes sur quelqu’un, ils peuvent l’arrêter et lui mettre des bâtons dans les roues. La mort, c’est pas la seule chose que l’on risque.»

Même si Raphaël avait frôlé la mort de près ce jour là. Clairement, ce type du Blood Circle ne comptait pas juste l’arrêter, et sans le sacrifice de sa caméra, Raphaël aurait pu probablement y laisser la vie. On avait vu son visage, il s’attendait à être appréhendé dès le lendemain, mais personne n’était venu. Est-ce que Artémis avait joué de son influence pour qu’il soit tranquille ? Est-ce que l’Ordre avait pu falsifier les informations du Blood Circle pour le protéger ? Raphaël soutint le regard d'Elise.

«Je suppose que même si elle n’a pas énormément d’influence, être son ami ça me protégera au moins d’elle en effet… »

Raphaël détourna les yeux pour regarder le sol.

«Le soucis, c'est que j’ai tellement peur. J’essaye de pas trop le montrer, faut dire que j’ai pas grand monde à qui je peux en parler, mais ça me terrifie… J’ai peur pour moi bien sûr… Je sais que je prends des risques, mais ils sont tout réfléchis, et je suppose que s’il devait m’arriver quelque chose, ma famille serait fière de moi… J’espère.»

Raphaël parlait lentement, en essayant de choisir ses mots. C’était la vraie vie, ce n’était pas un stupide jeu. Il avait conscience de ce pour quoi il avait signé en rejoignant l’Ordre et il assumait sa prise de position. Mais en entrant au 12 Square Grimmaurd, il comprit à quel point la situation était grave, bien plus qu'il ne le pensait. Des gens étaient tués ou faits prisonniers. Des fils, des sœurs et des amants. Des personnes qui aiment et qui sont aimées. Des êtres qui étaient bien trop jeunes pour souffrir. Il était fier d’avoir rejoint l’Ordre, mais que pouvaient-ils faire ? Comment arrêter pacifiquement une guerre qui avait déjà lieu ? Combien d’autres personnes devront mourir pour que la paix perdure ? Combien d’amis Raph allait-il perdre ? Et surtout… Combien d’amis allait-il devoir affronter ? Il regarda droit devant lui.

«Et si mes autres amis Moldus appartenaient au Blood Circle ? Est-ce qu’ils pourront tous accepter que je ne sois pas des leurs ? Est-ce que je devrais un jour faire un choix entre mes amis sorciers et mes amis moldus ? Est-ce qu’ils vont s’entretuer ? Est-ce que mes amis sorciers vont me tourner le dos de peur que je ne rejoigne l’ennemi parce que je suis Moldu ?»

Il avait bien vu que certains sorciers du Quartier Général de l’Ordre le regardait un peu bizarrement. Bien sûr il n’avait reçu aucune menace ou insulte, mais rien n’empêchait les autres d’être méfiants vis à vis de lui. Raphaël soupira à nouveau.

«Dans quel monde vivons nous… »

Il est vrai qu’il n’y avait pas que chez les moldus que seuls les vieux étaient un peu conservateurs et puristes, elle avait bien quelques noms de personnes de son âge coucou Grigri et Helios c’est de vous dont je parle qui avaient eux aussi quelques légers petits soucis… déjà mentaux faut pas se mentir à soi même, c’est pas beau mais qui en plus étaient des illuminés de première et qui croyaient dur comme fer que la pureté du sang c’était vraiment ce qu’il y a de mieux dans la vie. Ce qui est vrai d’un point de vue tout à fait objectif, pour avoir des tarés dans la famille rien de mieux que la consanguinité. Comme ça c’est parfait ils sont tous cons de pères en fils. Puis comment voulez vous avec ces puristes de pacotilles que les moldus soient bien vu bah non, ils respectent pas leurs critères de puretés. Ce qui était d’ailleurs assez triste quand on y pensait, Elise n’avait jamais connu cette sensation d’assister à de la magie lorsqu’elle allait au cirque enfant parce que ça n’avait pas l’air si grandiose que ça quant on assistait à des actes de magies tous les jours chez soi. Après, pour ne rien arranger, elle aimait comprendre donc lorsqu’elle savait qu’il y avait un truc, une astuce, il fallait qu’elle la trouve, sinon ça n’allait pas. Donc la magie des moldus, ça l’avait toujours intrigué mais pour des raisons très différentes des autres moldus… Mais, à présent qu’ils étaient tous rentrés dans une aire où la magie était très mal vu, pourquoi, on se demande pas hein faut voir du côté des mangemorts et autres puristes, les petits moldus n’auraient plus d’actes de magies positives, ne connaîtraient jamais les actes cools.

Elise plissa les yeux devant le refus du jeune homme d’aller chez Artémis. Alors si lui pensait sûrement que son avis était le bon. De l’avis d’Elise c’était surtout très lâche, il n’y avait aucune raison qu’ils suspectent quoi que ce soit… Sa colocataire avait disparu, qu’est ce qu’il y avait de suspect à demander à la famille ? La seule raison pour laquelle Elise n’y allait pas elle-même c’est dans l’hypothèse où il y avait des trucs anti-sorciers, des espèces de détecteurs mais elle ne voyait pas en quoi Raphaël se mettait en danger. Donc elle classa le jeune homme dans la catégorie gros lâche en puissance mais ne dit pas le moindre mot, après tout, elle ne lui confiait pas sa vie. Voilà qu’en plus il en rajoutait une couche, c’est sûr qu’il avait l’air de copiner avec les sorciers lorsqu’on le voyait comme ça, personne en pouvait en douter, c’était typiquement ce que les moldus appelaient… un geek en fait… ouai bon en gros il se croyait persécuté le loulou alors qu’il faisait tout sauf ami des sorciers, paumé à la rigueur mais on arrête pas les gens parce qu’ils ont l’air paumé… Sinon bon dieu les prisons seraient remplis de gens. Est-ce qu’elle devait lui rappeler qu’elle avait côtoyé la famille d’Artémis en ayant des pouvoirs durant toute sa vie, qu’elle avait mangé chez eux, qu’elle avait joué avec les cousines Artémis et Lyrae étant petites, que même après, elle avait traîné de nombreuses fois, tout en étant à Poudlard avec les deux demoiselles et que personne ne l’avait soupçonné, alors oui, maintenant, elle ne pouvait pas y aller dans l’éventualité, surprenante certes mais pas déconnante qu’ils puissent savoir, mais alors que lui soit soupçonné, c’était n’importe quoi, quel tocard bon sang, pas étonnant qu’il soit pote avec Nymphéa.

Ça Elise ne pouvait pas savoir si Artémis avait de l’influence ou non, elle supposait que non parce que son amie était jeune mais bon, l’Augurey était jeune aussi et ça ne l’empêchait pas de diriger des troupes donc impossible à dire précisément. Elle hocha la tête néanmoins, à défaut qu’elle protège car étant une grande meneuse d’homme, elle ne l’attaquerait pas elle. En même temps, Elise trouvait l’attitude de la rouquine fort respectable, elle croyait en sa cause dur comme fer mais pas une seule fois, elle n’avait cherché à rallier les gens à sa cause.

Les peurs de Raphaël, elle ne pouvait que les comprendre, elle avait peur sans arrêt, pour elle mais aussi pour son frère. Que ferait-elle si elle venait à le perdre ? Elle ne voulait pas avoir le découvrir et pour le fait que sa famille soit fière de lui, elle ne pouvait pas le rassurer, elle ne connaissait pas cette famille, ne savait même pas quel bord ils choisiraient de suivre. Souvent les parents inculquaient des valeurs à leurs enfants qui suivaient un peu ses valeurs, donc il devait savoir mieux que quiconque si ses parents seraient fiers ou déçus.

Pareil, ses questions sur ses amis. Alors là, Elise n’en avait pas la moindre idée, elle ne pouvait parler que pour Artémis puisque c’était la seule Blood Circle qu’elle connaissait et du coup les deux filles savaient passer outre leurs différences de pensées pour rester amies mais ce n’était ni courant, ni louable parce quelques parts, placer ses amitiés au dessus de ses convictions, c’était permettre à l’ennemi de faire des actions contre son propre groupe et ça mettait des gens en danger. Pour preuve, lorsqu’Elise avait fait le choix de rester avec Artémis lors de la merveilleuse journée où tout avait explosé, elle n’avait pas été là pour épauler Alcyone qui avait payé cher l’absence d’Elise quelque part. Alors attention, Elise n’était pas certaine qu’elle aurait pu servir à quoi que ce soit si si les dés avaient bien dit qu’elle pouvait soignermais si ça se trouve elle aurait pu épauler une amie, mais elle était prise ailleurs. La seule chose qu’elle pouvait dire avec certitudes c’était la phrase suivante « Si tes amis sorciers te tournent le dos parce que tu es moldu alors qu’ils prétendent défendre une paix entre les deux mondes, ils ne valent pas la peine d’être tes amis. Pour le reste, seul l’avenir nous le dira. »

Elle esquissa un sourire sans grand enthousiasme lorsqu’il balança la phrase de vieux, dans quel monde vivaient ils, toujours le même. Ce n’était que guerre depuis la nuit des temps, des guerres pour la religion, pour des races, cette fois c’était pour de la magie. Rien ne changeait et chacun ne pouvait que défendre ses convictions au péril de sa vie. Il semblerait que pour les deux jeunes gens qui n’avaient pas grand-chose en commun excepté une amie, la cause était la même. Et si Elise n’était sûrement pas la plus grande fan de Raphaël en même temps Elise hein… elle trouvait ça admirable qu’il se range du côté des sorciers alors qu’il connaissait des sorcières depuis quoi un mois, peut-être deux ? Impressionnant, espérons pour lui… comme pour Elise, qu’il avait choisit le bon camp.