02.02.2019 Je n'ai clairement pas envie de sortir dans cette stupide fête forraine, où tout le monde s'est donné rendez-vous ce week end pour se goinfrer de barbe à papa. C'est mauvais pour la santé, ça fait grossir et ça donne des caries. En plus de ça, je n'aime pas vraiment le sucre. J'ai déjà repris du poids depuis l'an dernier, j'ai l'air moins malade, juste maigrichon mais c'est habituel. Je n'ai de toute manière jamais été rondouillard et je ne le serait probablement jamais. Parce que je fais bien trop attention à moi pour le devenir, parce que je saute aussi très facilement les repas à force de tout le temps chercher à m'occuper pour ne pas penser. C'est ça mon plus gros problème : je pense. Tout le temps. Toujours. En continu, sans jamais m'arrêter. Alors je redouble d'efforts pour ne pas réfléchir quand je n'en ai pas besoin en dehors des cours. Ma dernière excuse, c'est d'aider à peindre les accessoires de la prochaine pièce de théâtre de la classe d'art magique. Je n'aime pas le théâtre, je ne fais pas partie de cette promotion, mais ça m'occupe.

Un pinceau coincé dans les longs cheveux blonds pour les tenir dans un chignon désorganisé, je vérifie mon reflet à l'aide d'un miroir de poche, assis dans le métro londonien entre une mère de famille terrifiée à l'idée que son enfant pose une question à mon sujet, et un business man blasé de la city. Les gens me regardent quelque peu de travers. Ils ne savent sans doute pas s'ils doivent me dire mademoiselle ou jeune homme. Mais j'avoue que ça m'amuse. Ce serait encore plus drôle s'ils connaissaient mon prénom, qui porte à confusion lui aussi. Hyacinthe, c'est féminin, fleuri et ça sent bon. Pourtant, c'est masculin, croyez le ou non. Merci, ou pas, papa qui est un mordu de mythologie antique.

Ou lors, sans parler de mon visage androgyne c'est peut-être bien à cause de mon look qu'ils me regardent comme ça. Une jupe plissée qui arrive au niveau des genoux, un haut en dentelle, une veste de blazer. Le tout en noir bien évidemment, puisque je porte rarement une autre couleur. Sauf à l'école, où ma chemise est blanche et ma cravate verte émeuraude. Mais ça, Tommy ne le sait pas. Il ne vaut mieux pas qu'il le saches d'ailleurs, lui qui a une fascination un peu macabre sur la chasse aux sorcières au moyen-âge. Il est tellement tordu qu'il serait capable de me poser tout un tas de questions glauques pour savoir si nous avons des sortilèges pour résister à la douleur, et s'il peut essayer de me faire du mal.

Essuyant mon mascara sous mon œil, je redresse le menton pour continuer de me regarder. J'aurais du m’appeler Narcisse en fait, quitte à rester dans les fleurs et la mythologie. Je retire finalement le pinceau tenant mon chignon et passe mes doigts dans mes longues mèches blondes pour me recoiffer. Je fourre d'ailleurs le dit pinceau dans mon sac à dos, vide pour l'occasion. Je n'ai que mes cigarettes, un zippo moldu, mon porte feuille et ma baguette. L'essentiel en somme, en plus de mon téléphone portable que j'ai dans la main. Le gamin d'à côté d'ailleurs se met à chouiner parce qu'il a réussi à casser son jouet Happy Meal made in China, et avec un air contrarié je lève les yeux au ciel et augmente le volume de ma musique dans mes écouteurs. Merde, je déteste les gosses.

Finalement ma station arrive. Ou tout du moins, celle qu'il m'a indiqué par message. Il m'attend, il sait que je viens. Je dois récupérer quelques affaires oubliées en Norvège, dont une veste en cuir que je traîne depuis des années mais dont je ne veut pas me séparer, sous aucun prétexte. Un bracelet aussi, que j'avais laissé sur sa table de nuit, on se demande bien pourquoi ce n'était pas dans ma chambre, n'est-ce pas ?... Toujours est-il qu'il est 14h et que je suis en avance. Ponctuel, peut-être un chouilla trop. Mais en sortant de la station de métro, j’aperçois un Starbucks. J'esquisse un sourire amer, en repensant à mon travail là-bas l'an dernier. Pas ici au Royaume-uni, mais en Norvège. A Thomas qui tous les après midi après ses cours à la fac d'histoire passait me voir pour que je lui file un café noir ni vu ni connu. Remontant mon sac à dos sur mon épaule, je me dirige donc vers le café, la musique toujours à plein volume dans les oreilles. Tiens, ça va encore être drôle quand je vais leur donner mon prénom.  

« Bonjour, deux Americano Venti s'il vous plaît. » Premier regard d'incompréhension, puisque ma voix grave n'est absolument pas féminine : « C'est à quel nom s'il vous plaît ? » « Hyacinthe. » Deuxième regard d'incompréhension. Je règle rapidement avec un billet moldu et attend sur le côté en tassant par réflexe une cigarette sur ma main, battant le rythme de ma musique avec un pied. Je suis nerveux, à l'idée de revoir Jerry. Oui, Jerry, parce que Tom & Jerry et que ça ne faisait rire que moi de l’appeler comme la souris. Les cafés dans la main quelques instants plus tard, je ressort du café et traverse quelques rues. Une fois devant l'immeuble, je rentre immédiatement à la suite d'une habitante qui a la gentillesse de me tenir la porte. Je vérifie l'étage et le numéro de la porte sur le SMS envoyé quelques jours plus tôt et prend les escaliers pour me dégourdir les jambes. C'est du pipi de chat, à côté de ceux de Poudlard !

Une fois devant la porte, je sonne et attend nerveusement. Merde, j'ai mal au ventre maintenant. Vraiment. Pourquoi est-ce que je suis là déjà ?... Ah oui, mon blouson et mon bracelet. Merde, j'ai carrément pas envie de le revoir, maintenant que je vais mieux. La porte s'ouvre, mais ce n'est pas un Norvégien aux longs cheveux noirs qui m'ouvre. Plutôt une espèce de Geek qui n'a pas l'air de savoir qui je suis. Je lève les yeux pour regarder le numéro de la porte. C'est pourtant bien le bon. « Euh... Salut. Est-ce que Thomas est-là ? »  

Spoiler:

Il était Samedi, Raphaël était en avance sur ses projets d’études et il pouvait se permettre un peu de temps libre sur l’ordi et même de sortir le soir même. Avec Samuel et Artémis, ils avaient prévus d’aller à la fête foraine ce soir. Ça va être l’occasion de bien s’amuser tous ensemble, même s’il aurait préféré être en tête à tête avec Elle. D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’ils n’étaient pas là cet après-midi ? Ils étaient sortis ensemble, en rencard, et Raph allait tenir la chandelle le soir même ? Non, le jeune homme se faisait forcément des films, c’était juste une coïncidence.

Quatorze heures passées. Il avait encore oublié de manger, mais son ventre le lui rappela.

«Les gars, faut que je me commande à manger, je vous laisse après cette game. J’aurais pas le temps de relancer d’ici que le Livreur arrive.»

En changeant de fenêtre sur son ordinateur, Raphaël se dit que ça serait quand même pratique d’avoir un deuxième écran. Il pourrait jouer et faire autre chose en même temps, comme commander une Pizza, par exemple. Et puis, pour les astuces ou les stratégies dans ces jeux, ça dépannerait pas mal, mais malheureusement le bureau manquait de place.

Une fois sa partie terminée, il décida de tuer le temps à regarder des vidéos jusqu’à ce que le livreur l’appelle. C’était étonnamment rapide, ça sonnait à son appartement. Raphaël était surpris de la rapidité, en plus de ça il n’avait pas reçu d’appel pour ouvrir à l’interphone. Quelqu’un devait sortir ou entrer dans l’immeuble en même temps que le livreur, tant mieux. De toutes façons il n’attendait personne d’autre, Samuel et Artémis n’étaient pas là et visiblement Thomas ne se pressait pas pour ouvrir donc c’était forcément sa Pizza.

“Ô Saucisse et Pepperoni, tu es bientôt mienne”

Raphaël se dirigea vers la porte pour l’ouvrir et… Il devait y avoir erreur, il n’avait pas commandé Thai, ni Chinois. Pas qu’il n’aimait pas ça, c’était juste que c’était plus simple de commander une Pizza. D’ailleurs, la fille qui se présentait devant lui n’avait pas l’air de lui apporter de Pizza. Mais du coup, si ce n’était pas la livreuse, qu’est ce qu’elle lui voulait ? Et surtout, pourquoi est-ce que sa tête lui disait quelque chose ? Une fille de la fac peut-être, mais pas en classe avec lui. Elle n’avait pas un style à passer inaperçu, et puis elle était vachement grande. Où est-ce qu’il l’avait déjà vue ? Au beau milieu d’un rêve ? Drôle de rêve. En tout cas, à sa tête elle ne s’attendait pas à voir Raphaël, il la vit lever les yeux sur le numéro de la porte avant de demander :

«Euh... Salut. Est-ce que Thomas est-là ?»

Oh punaise, heureusement qu’il avait parlé en premier. Raphaël aurait gaffé à coup sûr. C’est qui ce type ? Bon, un ami de Tom vraisemblablement, mais encore ?

«Salut… Je vais te le chercher bouge pas»

N’empêche si ce crétin attendait quelqu’un, il aurait pu ouvrir lui même. Raph était pas le concierge. Il pestait intérieurement en allant à la chambre de Tom. Elle était vide. Enfin pas vide à proprement parler. Mais elle était vide de Tom. Le pauvre Geek était planté au milieu de la chambre, qu’est ce qu’il allait bien faire maintenant ? Il retourna à l’entrée, tout ce qu’il pouvait faire c’était annoncer à l’autre type qu’il n’y avait personne et qu’il faudra repasser plus tard. Clairement, Raph ne comptait pas passer un moment seul avec lui. Oh il était probablement gentil, mais il le mettait mal à l’aise. Et puis, il n’était pas assez proche de Tom pour se coltiner ses potes. Faut pas déconner. Être ami sur les réseaux sociaux, ça fait pas de lui un vrai pote. Mais oui ! C’est là qu’il l’avait vu ! C’était une fille qu’il avait vu dans les photos de Tom sur les réseaux. Enfin, le gars du coup.

«Ouais euh… Bah du coup il est pas là, c’est gênant. Après je peux lui dire que tu es passé quand il rentrera. Tu es ?»

Raphaël regarda son téléphone et vit un message du livreur lui annonçant qu'il arrivait.

02.02.2019 L'espèce de Geek qui m'ouvre la porte ne semble pas vraiment comprendre ce qu'il se passe. Au moins, il a l'air aussi perdu que moi. Jerry bien entendu avais oublié de mentionner qu'il ne vivais pas tout seul et qu'il étais en collocation. Tu parles d'un abruti celui-là. Comment est-ce que j'ai pu sortir avec un type aussi con ? Utakata a raison finalement, je vaux mille fois mieux que ça. Je fronce les sourcils contrarié quand le gars s'éloigne pour aller chercher mon ex. Mon abruti d'ex d'ailleurs tiens. Je ne le soulignerai jamais assez. C'est d'ailleurs assez culotté de sa part de ne pas venir ouvrir lui-même, est-ce qu'il est en train de penser à moi dans sa chambre ce pervers ?...

Le geek reviens tout seul quelques instants plus tard, pour m'annoncer que Thomas n'est pas là. Je peste et siffle en cantonnais  « Mais quel gros fils de pute cleui-là ! » Face à l'incompréhension de celui que j'imagine être son colocataire -parce que avouons le j'imagine très mal Thomas sortir avec ce jeune homme-  je lève les yeux au ciel en serrant le poing et en soupirant. Zen, reste Zen Hyacinthe. Ce n'est pas la première fois que Thomas te fais un coup pareil après tout, non ? J'aurais dû m'en douter. C'est tout à fait son genre de poser des lapins aux gens. « Je m'appelle Hyacinthe. J'étais dans le même groupe de musique que Thomas en Norvège. On étais colocataire, c'est une très longue histoire, mais j'ai oublié des affaires en partant qu'il devais me rendre aujourd'hui. » Je sursaute néanmoins en entendant la porte de l'ascenceur derrière mon dos et me retourne pour voir qui est-là. Le coeur serré à l'idée de voir la tignasse brune de Thomas. Certes, les cheveux sont bruns, mais c'est une jeune fille probablement étudiante elle aussi qui habite au même étage. Elle aussi confuse de voir une scène aussi étrange : un asiatique aux longs cheveux blonds et à l'air sinistre qui discute à la porte avec un geek. Susdit Geek qui a commandé une pizza, histoire de rester dans le cliché du gamer. Entre la malbouffe, ses lunettes et sa tête de victime... Je me demande comment est-ce qu'il pourrais encore plus être un cliché. C'est le genre d'enfant à qui on vole le goûter à la récréation. Comment je le sais ?... Parce que moi aussi, on essayais de me voler mes gâteaux à la récréation. Sauf que j'ai toujours eu un caractère de merde, malgré mon physique de petit asiatique à lunettes premier de la classe. Du coup, je ne me suis jamais laissé faire par les brutes à l'école, même si j'ai pris des coups eux aussi en ont eu en retour.

« J'ai deux cafés. Et du temps à tuer en attendant l'autre abruti. » Je désigne la porte d'un signe de tête au colocataire de mon ex. Histoire de demander si j'ai le droit de rentrer. « Si tu veux je te raconterais des anecdotes gênantes sur lui. J'imagine que vous êtes colocataires et que tu sais déjà que c'est un trou du cul notoire ?... T'auras des dossiers sur lui si jamais pour te défendre si il te cherche des ennuis quand il est bourré. » Je hausse les épaules et ajoute : « Les menaces et le chantage c'est mon truc. Puis il m'emmerde moi aussi à ne pas être là alors que c'est prévu depuis un moment. »   

Raphaël entendit son visiteur jurer à voix basse en Chinois. Enfin, en tout cas ce n’était pas de l’anglais. Il supposait que c’était l’équivalent d’un “Merde” ou d’un “Putain fait chier” qu’on lâche quand tu es totalement dépassé par les évènements qui ne se passe pas du tout comme prévu.

Hyacinthe s’est présenté. C’était bien la personne qu’il avait vue sur les photos avec Tom, ça ressemblait bien à des photos d’un groupe de musique. Après, Raphaël ne savait pas grand chose de Thomas, juste de temps en temps ils jouaient ensemble, mais ils se parlaient peu même s’ils s’entendaient bien. D’ailleurs, Raph ignorait totalement qu’il était Norvégien, bon il savait qu’il n’était pas à l’Anglais, à cause de son accent mais il ne s’était pas posé la question de savoir d’où il venait. N’empêche, le gugusse devant la porte, il n’a pas du tout fait mine de partir pour repasser plus tard, ou de laisser un message pour le colocataire de Raph. Il n’espérait quand même pas attendre ici qu’il revienne quand même ?

La porte de l’ascenseur s’ouvrit, sauvé c’était Tho… le livreur de Pizza… Bordel, avec ces conneries Raphael avait totalement oublié qu’il avait commandé, et qu’il n’avait pas mangé. En plus de ça, il était bien parti pour ne pas jouer avant un moment. Pour une fois qu’il pouvait profiter un peu. En plus il ne pourrait pas non plus jouer le soir vu qu’il sortait avec Art et Sam. Raph se savait jugé pendant qu’il réceptionnait sa commande. Oui bah on est au XXI, les gens ne se nourrissent pas uniquement avec du Riz et des Sushi hein. Raphael se sentit immédiatement con à penser ça. Les Sushis sont fait à base de riz, c’est un peu une forme de pléonoasme.

Il l’avait vu venir ça, l’autre ne comptait pas partir. Si ça se trouve il comptait lui voler une part de Pizza. Hors de question, c’était SA PIZZA. Il était un Geek affamé, détenteur de la Pizza aux deux saucisses. Le café sombre ne lui servira à rien, car trop chaud. Qu’il reparte loin d’ici : IL NE PASSERA PAS.

«Oui pas de problèmes, on peut essayer d’attendre un peu voir s’il arrive… J’ai de la… Pizza… Si tu veux. Moi c’est Raphaël et comme tu l’as deviné nous sommes en Colloc ensemble»

Non… NON ! Raphaëëëël !! Qu’avait t-il répondu ce pauvre fou ?! Noooooon ! Ce qui est fait est fait, Raph n’avait plus le choix désormais. Peut-être que Tom allait arrivé rapidement, il était peut-être juste sorti vite fait faire… Un truc rapide. En tout cas le Geek était tout de même curieux de savoir ce qu’il pourrait apprendre sur son Colloc. Il aimait bien un peu fouiner partout, pas pour faire chanter ou menacer, mais juste pour contenter sa curiosité.

Raphaël soupira un coup. Après tout Hyacinthe ne devait pas être plus enchanté que lui de passer un moment avec un inconnu.

«Bon bah… Entre du coup. T’emmerdes pas avec les chaussures, de toutes façons c’est au tour de Tom de faire le ménage. Tu peux même cracher par terre si tu veux, ça lui apprendra à nous mettre dans la merde tous les deux.»

Raphaël se força à rire un peu, pour montrer que c’était une blague. Quitte à passer un moment ensemble, autant briser la glace, c’est quand même mieux que de tirer la tronche tous les deux et d’être gênés. Ils se dirigèrent vers la cuisine et Raphaël s’installa sur la table et prit une part qu’il mit dans une assiette. En temps normal, il aurait mangé dans sa chambre, dans le carton, mais là il n’était pas seul.

«Du coup, c’est quoi que t’as oublié ?»

02.02.2019 Le colocataire de l'autre brebis galeuse est au moins un garçon sympathique. Il semble me prendre d'ailleurs en pitié, à me proposer à manger. Une part de sa pizza, mais je secoue la tête poliment pour décliner. Raphaël me propose ensuite de cracher par terre, tout en précisant que je n'ai pas besoin d'enlever mes chaussures puisque c'est au tour de Tommy de faire le ménage. Je hausse un sourcil et le dévisage un instant. Audacieux, mon cher moldu. Audacieux de penser que je suis quelqu'un de suffisamment civilisé pour ne pas effectivement cracher par terre. Parce que je pourrais tout à fait le faire, ou alors même cracher directement au visage du Norvégien quand il va débarquer.

Parce que c'est pas tout, mais j'ai un peu autre chose à faire de mon samedi après midi. Bon, je n'ai aucun rendez vous ni quoi que ce soit mais je suis certain que je peux avancer mon devoir de sortilèges pour la semaine prochaine. Ah non, il est terminé... Ou alors, le relire pour être sur de ne pas avoir fait de bêtises. Sinon j'ai aussi des fiches à faire pour mes cours, et pour ceux de Utakata aussi. Je ne pourrais pas supporter de m'afficher avec un type qui a des mauvaises notes ou PIRE qui redouble son année parce qu'il est nul à chier. Oui, j'ai beaucoup de choses à faire. Je ne manque jamais d'idées pour m'occuper et me trouver des excuses. Je pourrais aussi convoquer les autres préfets de l'école pour une réunion, ou avancer mes calculs mensuels sur les résultats de serpentard à la coupe. Faire des statistiques, ce genre de choses, pour savoir qui perd le plus de points et qui en gagne. Coller les dissidents, ou alors les menacer de diffuser des informations compromettantes sur eux s'ils continuent de faire perdre des points à notre maison...

Perdu dans mes pensées, j'ai sorti ma cigarette de mon paquet et regarde ensuite le geek qui me demande ce que j'ai oublié en entamant sa pizza, ô combien grasse et calorique. Merde, ça n'a pas l'air très bon je ne mange ce genre de choses que quand je suis ivre mort. Parce que ce n'est clairement pas sain la pizza qui dégouline de gras. « Euh... J'ai oublié un blouson en cuir et un bracelet. Un paquet de clopes aussi, mais je suppose qu'il a du les fumer déjà. » Je tasse d'ailleurs ma cigarette et cherche du regard un cendrier. Il y en a un près de la fenêtre et un court instant je suis tenté de sortir ma baguette pour l'attirer à moi. Mais je ne peux pas faire ça en face d'un moldu. Raphaël le geek dois déjà me trouver très bizarre. Il n'a pas besoin de ça en plus, puis c'est également illégal. Je me lève donc en soupirant et m'appuie contre la fenêtre désormais entre ouverte, allumant ma dose de nicotine. Je ne sais pas qui fume chez les colloc, en dehors de mon ex. C'est peut-être le seul ? Le geek a l'air trop propre sur lui pour avoir la clope au bec. Ironiquement d'ailleurs je suis certain qu'il se dit que ce n'est pas bon pour la santé de fumer, mais vu ce qu'il mange...

« Est-ce tu crois qu'il est sorti avec sa pétasse pour oublier qu'on avais rendez-vous ?... » Question un brin rhétorique. J'ai vu cette fille aux longs cheveux blonds sur instagram à ses côtés, sa nouvelle nana, qui me ressemble un peu trop si l'on oublie le fait que je sois asiatique. Sinon... C'est un copié collé, une autre version de moi. Je dirais bien au féminin, mais quand on me regarde on ne peut pas spécialement dire que je sois masculin. On va donc dire une version de moi avec des chromosomes XX. J'ai été très en colère en le voyant avec cette fille à son bras. A peine séparé de moi, il s'affiche avec elle. Enfin, en soi, ça n'a jamais été rendu publique cette relation entre nous. On nous pensais juste amis. Un sourire malicieux sur les lèvres, je sors mon téléphone et coince ma cigarette entre mes lèvres pour la montrer au geek qui mange sa pizza : « Avoues elle me ressemble un peu. Si ça se trouve, il avais un crush sur moi et ne l'a jamais avoué. Ce serait drôle non ? » Tom et la fille sont ensemble dans un petit parc de Londres, à poser ensemble sur un banc. Et merde, je viens de le remarquer mais... «  PUTAIN C'EST MA VESTE QU'ELLE PORTE CETTE SALE PUTE ??? » Est-ce que mon ex a eu le culot de lui filer le blouson en cuir que j'ai oublié en déménageant ?... Carrément. Je suis presque certain que c'est la mienne !

Hyacinthe semblait répugné par la Pizza. En même temps, Raphaël aurait dû se douter qu’avec son style extraverti, il avait affaire à un fervent défenseur de la cause animale bouffeur de ratatouille à qui la simple idée de manger des saucisses était contre nature. Pourtant, les Français par exemple, sont réputés pour manger de la grenouille. Les Grenouilles, elles, elles mange divers insectes (et on leur dit rien en plus ). Probablement des moustiques, Raphaël en est persuadé. Et les Moustiques ça pompent le sang pour nourrir leur larves tout en propageant quelques maladies. Alors finalement c'est comme les maillons d'une chaîne dans le grand cycle de la vie et de la mort, pourquoi l’emmerder avec ces conneries ? Bon y’a surement un exemple avec des saucisses ou des pepperonis , mais il ne l’avait pas en tête, de toutes façons il avait raison et puis voilà, l’autre il a qu’à pas l’emmerder avec ça, même si au final, il n’avait absolument rien dit.

Perdu dans ces pensées, le jeune affamé, fit couler un peu de fromage sur son menton et lâcha un bon «merde» français avant de s’essuyer. Hyacinthe était en train de se préparer une clope en énumérant ce qu’il avait laissé. Il ne va quand même pas fumer ici ? Raphaël n’allait pas tolérer ça ! «Je t’ai déjà laissé rentrer alors que ça me faisait chier au plus haut point, mais j’ai voulu être sympa, et là tu veux fumer chez moi, sans même demander la permission ? Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice !» Bien entendu, aucun son n’est sorti de sa bouche. En temps normal, c’était quelqu’un de Franc, mais Hyacinthe lui faisait un peu peur. Il avait l’air d’être le genre de type à qui il faut pas chercher des emmerdes, et puis Raphaël ne voulait pas d’ennuis. Putain Tom, tu saoules là. Il se contenta donc de hausser les épaules et de se resservir une autre part. La fumée de cigarette ne le dérangeait pas, tabac passif tout ça il s’en fichait, c’était surtout une question de courtoisie. Et dire qu’en France on clame partout que les Anglais sont de véritables Gentlemen.

Hyacinthe se mit à parler de la copine de Tom. Raph ne la connaissait pas vraiment, il l’a croisée une fois ou deux à l’appart, mais c’est tout. En même temps il a l’habitude de rester dans sa chambre sauf pour sortir avec Sam et Art. Il décida d’ignorer la question, plutôt que de répondre bêtement qu’il ne savait pas. L’asiatique semblait faire une fixation sur elle, bon sang mais c’est quoi son problème à ce type ? Ah y’a aucun doute, elle lui ressemble, c’est clair : clair comme de la vase oui. Mais y’a un pigeon londonien qui s’est soulagé dans ses yeux ? Ou alors il s’est regardé dans un miroir qui le réfléchit sans le voir. Il est brun aux cheveux blond alors qu'elle est blonde, certes, mais elle, elle est plutôt sexy tandis que lui fait penser à une morue flippante. Et puis bon, même la ressemblance au niveau de la couleur de cheveux, ils semblent bien plus naturels chez elle. Chez lui c'est probablement une couleur, ça existe des asiatiques naturellement blond ? En tout cas, aucune chance que Tom ait eu un Crush pour lui, par contre l’inverse semblait évident. Hyacinthe avait eu le béguin pour Tom quand ils étaient en colloc ensemble, Tom l’a rejeté, il s’est barré, vexé, et a oublié ses affaires dans la précipitation et maintenant il continue de faire une fixette sur lui. Elémentaire mon cher Watson !

«Euh, je trouve pas, ou vraiment vite fait alors. »

Hyacinthe se mit à gueuler que la fille sur la photo portait son Blouson, ce qui fit sursauter Raph qui avait peur de se faire gueuler dessus pour avoir contredit le visiteur.

«T’es sûr que c’est ta veste ? Vous ne devez pas tailler pareil je pense. Elle s’habille peut être juste pareil que toi. Ça fait une "ressemblance" de plus.»

En même temps, l’asiat colérique devait bien être du genre à s’habiller une voire deux tailles en dessous. Au pire le plus simple c'était de fouiner chez Thomas.

«T’sais quoi, on peut aller dans sa chambre si tu veux, vérifier si ton Blouson y est. Ainsi que ton bracelet. Pour le paquet de clope si y’en a un qui traîne t’as qu’à le prendre, vous serez quitte.»

Raphaël referma tristement le couvercle de sa Pizza, on ne laisse pas bébé dans un coin, mais il se fit la promesse que ça ne sera pas long et que la relation fusionnelle entre la Pizza et son estomac reprendra le plus vite possible. Il fit signe à Hyacinthe de le suivre et se dirigea vers la chambre de Tom. Vraiment, tout ce grabuge pour un simple blouson…

02.02.2019 C'est clair comme de l'eau de roche, cette veste est à moi. C'est la mienne qu'elle porte cette morue ! « Comment ça ? Elle est plus grosse que moi en plus, je fais un petit trente six moi, elle dois faire un quarante l'autre là. » Non vraiment, il a de la merde dans les yeux, le geek. Clairement, elle me ressemble. Elle est moins jolie bien entendu, en même temps c'est difficile de retrouver quelqu'un d'aussi beau que moi. Tout est parfait sur mon visage, surtout mon nez que je tiens de maman. J'ai aussi un physique de rêve, une grande taille, surtout pour un asiatique, héritée de mon père. Presque un mètre quatre vingt quand même. Puis j'ai la peau pâle. Vraiment, je suis beau gosse, et elle non. C'est quoi son nom, d'ailleurs à cette poufiasse ?... Je glisse mon pouce pour voir son nom : Angel. Tu parles mon cul, elle n'a rien d'un ange cette mocheté. Elle, elle a besoin d'un filtre instagram pou avoir la peau lisse j'en suis sur ! Tan disque moi, je n'ai pas un seul bouton ni même la moindre imperfection. Bon d'accord c'est de la crème magique qu'on se transmet dans notre famille depuis la nuit des temps, une formule qui a fait notre renommée de beaux gosses en Asie. Mais aussi au royaume-uni, il ne faut pas croire. Maman étais hyper jolie et populaire à l'école, elle a même réussi à pécho Harry Potter ce n'est pas rien. Puis Cedric Diggory, le gars que tout le monde trouvais beau garçon aussi. Puis mon père après, qui même s'il est un moldu... Je ne peux pas lui retirer le fait qu'il est quand même beau mec aussi. Suffit de voir les femmes qui se retournent sur lui quand on va faire les courses au super marché. D'ailleurs, je crois que la bouchère est amoureuse de lui, elle nous file toujours plus quand on va là-bas. Maman est un peu jalouse bien sur, qu'une grosse bouchère drague son mari, mais papa lui ça le fait rigoler.

« Non clairement moi je suis un dix elle c'est un deux. Peut-être un trois avec du maquillage si on veut être gentil.. » Et puis merde, je suis nommé après le fils du roi de sparte, Hyacinthe, qui étais tellement BEAU et PARFAIT qu'il a été courtisé par deux dieux de la Grèce antique. Bon, il en est mort parce que les dieux ne voulaient pas d'une relation poly amoureuse mais ça se comprend : je ne voudrais pas être partagé non plus, en étant aussi beau. Bref, Hyacinthe étais tellement beau que son sang a fait pousser des fleurs de jacinthe, selon la légende. A mon avis tout ça, ces histoires de mythologie, ça viens de vrais sorciers qui ont vraiment existé et les moldus ont détourné l'histoire. « Angel, tu parles d'un prénom naze en plus. Cupidon avec des kilos en trop ouais, je parie qu'elle dois bouffer de la pizza tout le temps. » Je fronce le nez et jette un regard à Raphaël. Merde, il bouffe de la pizza lui aussi... Bon, j'imagine que ce n'est pas tous les jours, il n'est pas si enrobé que ça. Peut-être qu'il mange des trucs sain en général, comme de la ratatouille par exemple ?

Quand il propose d'aller dans la chambre de Thomas, mon estomac se serre un peu. Je grimace de nouveau, et passe une mèche de mes longs cheveux blonds parfaitement lisses derrière mon oreille. Tiens, ça aussi je suis certain que mes cheveux sont plus beaux que ceux d'Angel. Connaissant mon ex, je suis certain que sa chambre doit être en bordel total. Il n'est pas très organisé comme garçon, souvent je devais escalader les obstacles pour accéder à son lit. C'était le parcours du combattant, un entraînement d'obstacle comme à l'armée plus qu'une parade nuptiale du coup. ça aurais pu être un tue l'amour. D'ailleurs maintenant que j'y réfléchis, c'étais clairement pas sexy ni excitant. « Le connaissant quand on va rentrer dans sa chambre, ce sera tellement mal rangé qu'une vache n'y retrouverais pas son petit. » Pour le coup je suis une fois de plus l'exact opposé du Norvégien. Tout est bien rangé dans ma chambre, je ne supporte pas quand c'est organisé. Toute ma vie est bien carrée, tout est à sa place, tout est soigneusement trié. Comme mes pensées j'aimerai dire, mais elles sont chaotiques. ça, il n'y a guerre que William qui le comprenne d'ailleurs... Lui aussi est un surdoué, lui aussi est victime de cette malédiction. Une pensée, puis une autre, qui entraîne à réfléchir à tout autre chose qu'au début et à se poser sans cesse tout un tas de questions. Un cerveau qui ne s'arrête jamais de fonctionner, qui est en permanence en train de travailler et qui du coup a tendance à nous épuiser et à perdre les gens ordinaires tentant de nous comprendre.

« On peut tout de même essayer. Mais je te préviens que je ne suis pas formé aux soins de premier secours si tu fais un malaise devant le fouillis que ça doit être. » Je pose ma main sur la table, tape du poing et me redresse en verrouillant mon téléphone que je range dans la poche de ma veste de costume ajustée. Reniflant de manière dédaigneuse, je sors de la cuisine et me retrouve au milieu du salon. Bon, c'est complètement ce que je viens de faire je ne sais pas quelle chambres est à Thomas. Je sens le regard du colocataire dans mon dos, il dois me prendre pour un con. Je dois agir. Avec détermination j'ouvre donc une première porte et tombe sur une chambre assez bien rangée. Vu la décoration, je dirais que c'est à une fille. Ah, c'est donc une collocation mixte ?... La main serrée sur la poignée, envahi par la rage, je claque la porte de la chambre de cette demoiselle inconnue. « Visiblement ce n'est pas sa chambre. »
Je m'efforce de garder contenance, comme à mon habitude. Le dos droit, le regard froid et empli de dédain, j'observe Raphaël. « Je ne savais pas que vous aviez une colocation mixte. Intéressant. Dans mon école les dortoirs sont séparés. »

Décidément, la prochaine fois il vérifiera dans le judas de la porte que c’est bien le livreur avant d’ouvrir. Il en voulait terriblement à Tom de l’avoir laissé dans cette merde. Il verra bien l’autre, la prochaine fois qu'ils se croiseront. A cette pensée, Raph eut un petit pincement au coeur : Il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis… Même si Tom n’était pas à proprement parler un ami, ils vivaient sous le même toit et Raphaël l'appréciait, il le trouvait de bonne compagnie pour jouer à certains jeux vidéos. Toujours est-t’il qu’il devait se coltiner Hyacinthe à cause de ce crétin qui n’était pas foutu de se rappeler un jour et une heure. De toutes façons, il y a bien un moment où l’autre allait partir quand même. Il était censé allé à la fête foraine ce soir, le visiteur n’allait pas non plus s’incruster à leur sortie quand même ?

Raphaël se demandait s’ils étaient tous aussi bizarre dans la famille de Hyacinthe ou s’il était simplement la Brebis Galeuse de sa fratrie. En tout cas, plus il l’entendait parler, et plus il était convaincu que l’asiatique avait de la rancœur vis à vis de Thomas suite à un râteau. Peut-être était t-il de mauvaise compagnie uniquement parce que Raphaël appartient au monde de Tom, mais que dans un autre contexte Hyacinthe était quelqu’un de cool. En tout cas, il avait de la peine pour cette pauvre Angel qui se faisait descendre sans aucune raison. En plus il se faisait tacler au passage parce qu’il mange de la pizza.

«Au pire, laisse la tranquille, elle n’a rien demandé, elle ne te connait même pas. Ou sinon garde ça plus tard… Pour tes amis. »

Est-ce que Raphaël avait quelques kilos de trop lui aussi ? C’était peut-être pour ça que Artémis préférait Sam ? C’est vrai qu’il n’avait pas une alimentation très équilibrée, que ça soit sur les horaires quand il n’avait pas court que sur la qualité générale de ce qu’il mangeait. Mais il n’avait pas le sentiment d’être gros. En même temps, à quelle moment il accordait du crédit à un inconnu proche de l’anorexie ? Si l’autre préférait se priver de bonnes choses juste pour se sentir beau, c’était son problème. Raphaël, lui, comptait bien profiter pleinement de la vie et de se sentir bien dans son estomac : Hakuna Matata.

Raphaël s’arrêta entre la chambre de Thomas et celle d’Artémis. L’autre semblait perdu dans ses pensées. Probablement occupé à rager intérieurement contre Tom. Il avait arrêté de l’écouter cracher son venin. Hyacinthe le dépassa pour se diriger vers la chambre de sa colocataire. Raph l’observa, incrédule, c’est vrai que ce n’était pas vraiment explicite qu’il fallait s’arrêter. Il continua de contempler le phénomène bouche bée, avec une incroyable assurance Hyacinthe était en train d’ouvrir la chambre d’Artémis pour en regarder le contenu, puis de claquer presque aussitôt la porte. Evidemment que ce n’était pas sa chambre, c’était clair comme de l’eau de roche.

«Euh, bah ici c’est pas un dortoir en fait. C’est… Chez nous, on paye un loyer, on n’a pas de règles imposées par d’autres que nous. C’est notre maison quoi. »

Intéressant ? Qu’est ce qu’il y a d’intéressant là dedans ? C’est vrai que Raph était ravi d’apprendre qu’une fille allait rejoindre la collocation, mais jamais il n’aurait employé le terme “intéressant” à ce sujet là. Ça aurait donné l’effet d’être un pervers psychopathe. Et ce regard qu’il avait en disant cela…

«Sa chambre est ici sinon… »

Bon sang Thomas, si t’as des amis Cinglés, je comprends pourquoi tu les évites, mais ne les fais pas venir ici bordel…

A partir de ce moment, Raph décida de ne plus quitter Hyacinthe des yeux, de ne plus lui tourner le dos. Il espérait que la chambre soit assez rangée au goût de Hyacinthe, il ne supportait plus de l’entendre râler à tout bout de champ à propos du désordre de Thomas. D’un autre côté, si la chambre était rangée, il allait râler quand même du désordre en disant un truc du genre “Oh, bah c’est surprenant, il devait quand même se rappeler que je venais finalement, je suis si important pour lui vu qu’il a le béguin pour moi bla bla bla”. La mauvaise foi de Hyacinthe rendait tous les scénarios possibles dans la tête de Raph, du moins tous les scénarios où l’inconnu allait râler sans raisons. En tout cas, il était en train de gâcher avec ce nigaud le samedi après midi qu’il s’était gardé pour jouer…

02.02.2019 Il faut bien avouer que voir que l'autre Cagole portais MA veste m'a fortement perturbé. Si bien que commence à raconter n'importe quoi. Bien évidemment que cet endroit peut être mixte, comme le souligne le geek ils payent leur loyer et n'ont rien à demander à personne. Ah si seulement on pouvais dormir en dehors de l'école nous aussi ! Nous ne sommes plus des enfants, Poudlard -ou toute autre école magique- c'est terminé, nous sommes à l'université. Nous sommes de jeunes adultes et le règlement est à mon goût un peu trop stricte. On doit encore porter notre uniforme en cours, on a un couvre feu, des sorties limités et surtout l'interdiction de s'envoyer en l'air. En théorie. Parce qu'en pratique... ça ne m'empêche pas de le faire et les autres non plus. C'est sans doute pour qu'on se concentre sur nos cours plutôt que sur l'anatomie de nos camarades de classe, mais je dois bien avouer que je trouve cette règle stupide. Comme la pseudo interdiction de la cigarette. Je dirais bien que ça n'a jamais tué personne, mais c'est faux : fumer tue. Pourtant je ne suis clairement pas le seul à avoir la clope au bec à l'université, caché des professeurs pour tirer une latte tranquillement entre deux cours lors des pauses. Je suis le préfet en chef, je dois donc en théorie être irréprochable. Mais même moi qui connais le règlement par cœur et qui n'hésite jamais à retirer des points, je ne le fais jamais quand je surprend quelqu'un qui fume une cigarette.  

Décidant de garder contenance je relève le menton et hoche la tête : « Vos parents sont cool, alors j'imagine pour vous laisser faire ça. Les miens n'accepteraient sans doute pas. » Pourtant ça ne m'a pas empêché de fuir le pays sans laisser de traces après mon renvoi du ministère de la magie. Mais ce n'est pas parce que je l'ai fait que j'en avais le droit. Passant à côté de Rapahaël pour rentrer dans la pièce qu'il désigne comme la chambre de mon ex je sens mon pied buter contre quelque chose puis entend un gros BOUM sonore derrière moi. Je crois que j'ai fait un croche pied à ce pauvre garçon sans faire exprès. Résultat, il est tombé par terre dans la chambre de Thomas, le nez dans ce qui semble être une pile de vêtements sales. Espérons pour lui que ce soit juste des tee shirt qui puent et non pas des sous vêtements. Toujours de mauvaise foi, je commence à lâche un petit rire moqueur :  « Ah, tu t'es pris les pieds dans le tapis on dirais. Ou tout autre objet qui traîne ici et qui n'a rien à faire là d'ailleurs. »

Les volets sont fermés et on n'y voit pas grand chose, il faut l'avouer. Décidant d'entreprendre le parcours du combattant, me voilà en train d'escalader des déchets ou du bordel pour accéder à la fenêtre. Je cherche la manivelle que je tourne ensuite pour ouvrir et faire un peu de lumière. Thomas n'a pas changé et continue de vivre dans le noir et la crasse comme un troll dans sa caverne... Une fois la pièce éclairée je fronce le nez de dégoût. Bon, c'est le bazar là-dedans. Mais peut-être que c'est rangé de le placard. Je glisse donc la porte sur le côté, et commence à regarder sur les centres. Il y a bel et bien une veste en cuir, mais ce n'est pas la mienne. C'est la sienne. Mon cœur se serre légèrement, tandis que mes doigts attrapent la manche avec nostalgie. Elle sent le tabac froid, la bière et le déodorant pour homme. Et soudainement je me remémore cette soirée en compagnie du Norvégien. Assis dehors devant la ferme où nous habitions, sur un tronc d'arbre. Une nuit de fin d'été, à boire des bières tous les deux devant un feu de camp qui n'avais plus que quelques braises. L'aurore au loin, le soleil qui se lève nous signalant que nous avions fait la fête un peu trop tard. Puis un baiser, timide, alors que nous n'étions plus en train de discuter depuis de longues minutes. Le début d'une histoire chaotique entre lui et moi, une romance que j'aurais préféré ne pas vivre.

Le ventre noué par ce souvenir, je referme la porte du placard et bafouille :  « Je crois que... Je reviendrais une autre fois... D'a... D'accord ? » Ma voix se brise soudainement et je déteste ça. Comme ces larmes chaudes qui me brûlent les yeux avant de réchauffer mes joues blafardes en coulant.
 

C’est sûr, les parents de Raphaël étaient super cools. C’est pas n’importe qui qui auraient laissé leur collégien de gosse aller tout seul à Londres passer des Vacances chez son correspondant rencontré lors d’un salon de jeux vidéos.Mais depuis, il était devenu grand, même s’il était étudiant et pas mal dépendant d’eux financièrement, et ses parents n’avaient pas à lui interdire d’être en colloc. Après, que ça soit mixte, Raphaël ne comprenait pas où était le problème. Il jugea Hyacinthe et se dit que sa famille était vraiment spéciale. Ils lui permettaient de fumer, de s’habiller aux allures d’un rastaquouère mais ils l'empêchaient d’être dans des dortoirs mixtes. Tolérants, mais pas trop.

Hyacinthe entra finalement dans la bonne chambre, suivi de Raphaël qui s’effondra par terre le nez dans des sous-vêtements zinzolin de Thomas. D’après l’asiatique, il s’est pris les pieds dans le tapis. C’est pas possible d’être aussi maladroit quand même. Surtout que l’autre allait en profiter pour rajouter une pique sur le bordel présent dans la pièce. L’inconnu se dirigea vers la fenêtre pour ouvrir légèrement le store et éviter aux deux jeunes gens de fouiller dans le noir. Hyacinthe se dirige ensuite vers le placard pour jeter un œil. Il s’empara d’un manteau en cuir et commença à caresser doucement la manche.

«Ah bah tu vois, tu vois, tu l’as retrouvée.»

Hyacinthe ne réagit pas, il semblait perdu dans ses pensées. Au bout d’une minute de silence qui sembla durer une éternité, Raphaël vu son invité trembler avant de refermer lentement la porte du dressing. Il se retourna ensuite vers son hôte, en lui proposant de revenir une autre fois. Sa voix se brisa et des larmes se formèrent sur le visage du sinistre asiatique. C’était pas une proposition en fait, c’était carrément une imploration. La situation mit le Geek mal à l’aise. Il n’était pas doué pour réconforter les gens, mais il ne supportait pas de les voir être dans le mal. Aussi agaçant que pouvait être ce type, Raphaël eut pitié de lui, mais il ne savait pas comment s’y prendre.

«Je sais pas trop ce qui se passe entre vous mais là j'en ai assez de ta constipation émotionnelle. Maintenant que tu es là autant régler ce que tu as à régler non ? Tu récupères ton blouson et on essaye de voir si on peut trouver le reste des trucs que tu as laissé. »

Raphaël se rendit compte qu’il était un peu brutal avec le pauvre Hyacinthe et il tenta de se rattraper.

«Ecoute, j’envoie un message à Tom pour le prévenir que t’es là. Si tu veux on peut traîner dans ma chambre en l’attendant. Par contre c’est un peu le bordel, j’ai pas souvent de visite alors je me néglige un peu. On peut jouer tranquillement à la console si ça te dit. J’dois sortir ce soir donc si d’ici là on n’a pas de nouvelles, tu repasseras une autre fois. »

Il expliqua ensuite que la relation entre Hyacinthe et Tom ne le regardait pas. C’est juste qu’il ne comprenait pas l’incohérence entre le mépris qu’il avait vis à vis de Thomas et sa réaction en fouillant ses affaires. Raphaël posa sa main sur son épaule, pour réconforter le jeune homme.

«Mais si tu veux vraiment partir, je ne te retiens pas.»

Quelque part, il espérait que l’intrus s’en aille. Il pourrait finir de manger et retourner jouer un peu avant de se préparer pour sa soirée. Mais il était curieux de ce qu’il était en train de se passer. Et surtout, il commençait à apprécier son invité. En fin de compte, ce n’était pas qu’un connard sans gênes. C’était quelqu’un avec des faiblesses, comme lui. Ce n’est qu’un simple humain.

02.02.2019 Je ne me sens pas particulièrement bien, là tout de suite. A vrai dire je ne me sens pas bien du tout même. Vous savez, quand vous commencez à avoir des bouffées de chaleur et que le malaise arrive ? Voilà, actuellement c'est comme ça que je me sens. Je me rattrape à l'armoire bancale de Tom et prend une grande inspiration n'écoutant qu'à moitié ce que Raphaël me raconte. Titubant vers la sortie pour dégager au plus vite de cette chambre maudite, je respire l'air du salon et ferme les yeux un instant : « C'est une histoire très compliquée et pas spécialement joyeuse. J'ai pas envie de te déprimer avec tout ça. » J'aquiesce cependant à sa proposition : « J'arrête de juger promis. Puis je ne suis pas très bon en jeux vidéos alors tu pourras te moquer de moi si tu veux, ce sera de bonne guerre j'imagine. »

Tout ça m'emmerde un peu. Mon ex a oublié notre rendez-vous, je me retrouve coincé chez lui avec son colocataire que je ne connais pas et qui n'a pas spécialement l'air ravi de me voir. Je le comprend. Je ne suis pas quelqu'un qu'on qualifierais de facile à vivre, ni de sympathique au premier abord. En vérité, une fois qu'on a bien gratté la grosse couche de crasse qui me recouvre et de la quelle je me pare, je ne suis pas aussi méchant que ce que l'on pourrait croire. En fait, je suis même drôle et intéressant comme garçon d'après mes rares amis. D'après ceux qui ont eu le courage d'aller voir ce qu'il y avais derrière tout ça, derrière cette image de gars froid, arrogant et méprisant. Trop rigide, trop sérieux, trop prétentieux. C'est l'exact opposé, je suis un garçon qui n'est pas du tout sur de lui et trop sensible pour ce monde. Parfois j'ai l'impression d'être vraiment autiste, comme mes parents le pensaient. Mais les test des psychologues moldus ont avéré que non, je suis juste un surdoué. Un gars bizarre et pas normal donc, mais pas un autiste. Et pourtant...

Je soupire longuement et remet mes longs cheveux blonds en place avant de suivre Rapahaël dans sa chambre de geek pour me poser à côté de lui sur le petit canapé. En fait, c'est assez grand ici. Ils sont biens j'imagine et j'ignore combien de jeunes partagent cette grosse colocation aux allures de compagnie de vacances. Au moins trois par déduction : Raphaël, Tommy et une jeune femme. Pendant que lui cherche un jeu à lancer, je me mordille la lèvre et lâche simplement une bombe : « En fait c'est mon ex, mais personne ne le sait vraiment. Il assumais pas d'être attiré par un garçon. Surtout que c'était pas forcément dans le sens que tu pourrais imaginer quand on étais ensemble, rien que tous les deux si tu vois ce que je veux dire. Je l'aimais, je crois. Mais pas lui. Il m'a fait tout un tas de crasses et j'allais vraiment très mal quand j'étais en colocation avec lui et d'autres gars en Norvège. Le mal du pays, la peur d'avoir laissé ma famille et mes amis derrière en partant sur un coup de tête sans rien dire à personne. Faut que tu saches que pendant une année, mes parents m'ont cru mort parce que je n'ai pas donné le moindre signe de vie. Tout ça parce que j'ai foiré un truc, avec la honte j'ai voulu disparaître et partir loin, pour ne pas les embarrasser. Il y a eu des avis de recherches, j'étais porté disparu, mes parents s’attentaient à ce qu'on vienne les voir pour leur dire qu'on avais retrouvé mon corps quelque part. Finalement, après qu'on m'ait diagnostiqué une dépression nerveuse en Norvège, ma mère m'a retrouvé avec l'aide d'une voyante dans un cirque. Ouais, je sais, c'est un peu absurde mais c'est vrai. Elle m'a ramené au royaume-uni et j'ai repris mes études comme prévu. Je sais toujours pas si j'ai bien fait de quitter Tommy ou pas. J’imagine que oui. Ma relation actuelle est plus saine que celle que j'avais avec lui au moins. »

Un lourd silence s'installe dans la pièce. Je regarde longuement Rapahaël et soupire : « Maintenant tu sais tout. Enfin, à peu près, c'était un résumé je t'ai épargné les détails de ma tentative de suicide quand j'étais avec lui. Mais tu sais le plus important. Lui en parles pas. Il m'en voudrais de t'en avoir parlé, puisqu'il assumais vraiment pas du tout. J'ai pas envie qu'il te cherche des ennuis après ça, à cause de moi. »
 

Raphaël ignorait ce qui avait causé un tel choc chez Hyacinthe, mais une chose est sûr, il le préférait ainsi. Pas que les malheurs de l’asiatique faisait le bonheur du Geek, loin de là. C’est juste qu’il préférait passer du temps avec quelqu’un qui ne passait pas son temps à râler et être désagréable. Pendant qu’il débranchait la console de la chambre de Thomas, il se fit la réflexion qu’il n’avait pas du tout envie de se moquer de cet inconnu. Il lui fit signe de le suivre et le conduisit jusque dans sa chambre où il lui indiqua le petit canapé en face d’une télé pendant que Raph y branchait la console. Il opta un jeu de combat, comme ça, même en faisant n’importe quoi, un novice aurait une chance de gagner ; et puis ça défoulait.

Alors qu’il allait mettre le jeu dans la console, l’autre commença à déballer son sac. “Rien que tous les deux” ? Non Raphaël ne comprenait pas vraiment, mais il n’interrompit pas le jeune homme. Il écouta son histoire, sans trop savoir quoi dire à part des “Ah oui quand même” ou des “Ah je vois” de temps en temps. La fugue, la famille qui s’inquiète, la dépression, les coup dans le dos. Le Geek découvrait un autre aspect de son colocataire. Autre que quoi, il l’ignorait, parce qu’au final à part pour jouer de temps en temps ils ne partageaient rien ensemble… En dehors du loyer bien entendu. Il ne savait pas que Tom était attiré par les hommes. En fait, il ne s’était pas vraiment posé la question, ni pour lui ni pour quelqu’un d’autre. Mais comme il avait une copine il ne s’en doutait pas une seconde. Il apprit ensuite que la mère de Hyacinthe l’avait retrouvé avec l’aide d’une voyante.

«Une voyante ? Tu m’étonnes que c’est carrément chelou ! Mais Pour le coup ça a marché, donc c’était pas si idiot que ça en fin de compte. En tout cas, ta mère devait être sacrément inquiète, et déterminée !»

Hyacinthe évoqua vaguement sa tentative de suicide en Norvège. Raphaël était pas super doué pour consoler les gens, ou les comprendre. Il n’avait rien d’un psy, il savait pas quoi faire ni dire, il pouvait seulement se contenter d’écouter. Son amie Leah est bien plus doué pour comprendre les gens et les consoler. Elle savait souvent toucher le coeur de Raph quand il n’allait pas très bien à cause du Triangle Amoureux qui était en train de se former.

«Si tu as envie ou besoin d’en parler, tu peux te lâcher. J’ai pas trop de raison d’en parler à Tom tu sais. On est juste coloc, on est pas vraiment potes. Ça peut soulager de lâcher du lest, de ne pas tout confiner à l’intérieur de soi comme une cocotte-minute prêt à imploser.»

Alors que le jeu se lançait, le Geek expliqua les commandes du jeu à son invité. Dire qu’il essayait de le réconforter alors qu’il n’y a pas si longtemps que ça il était prêt à lui lancer l’ultimatum du “Ou tu sors ou j'te sors, mais faudra prendre une décision”. Comme quoi la vie, les relations, ça se jouait à pas grand chose. Il avait suffit que l’Asiatique aux cheveux blond s’effondre en larme pour que Raphaël accepte de l’apprivoiser.

Je ne sais pas trop pourquoi j’ai raconté tout ça à ce pauvre Geek. Il n’avait pas vraiment besoin de connaître les détails de ce qu’il s’est passé avec Tommy, mais bon, maintenant que c’est fait. Peut-être que Raphaël a raison, j’avais besoin de lâcher du lest, pour ne pas exploser. Il me propose de continuer de lui raconter mes plus sombres moments quand j’étais avec le Norvégien, des fois que ça m’aiderais à me sentir mieux. Il insiste sur le fait que que mon ex n’est pas vraiment un pote pour lui, juste quelqu'un qui participe au loyer et qui vit avec eux. Difficile à croire, après tout cette crapule pouvait avoir l’air sympathique quand on ne la connaît pas. Mais bon, le geek n’a pas de raison de me mentir à priori, donc dans le doute… Autant le croire. J’hésite… Et finalement je me dis que non, je ne suis pas prêt à en parler avec lui. Je ne sais pas si c’est sa promiscuité avec Tommy qui m’empêche de parler d’avantage, ou si justement c’est grâce à elle que j’ai pu me confier autant. «Ça ira, ne t’en fais pas. C’est du passé maintenant. Méfie toi juste de Thomas. Il n’est pas aussi cool et sympathique qu’il peut en avoir l’air.» Après, libre à lui de suivre mes conseils ou non, je suis pas son père.

Je regarde le jeune homme démarrer le jeu. Je ne sais pas trop quoi penser de lui. Au début, il n’avait pas l’air ravi de m’avoir dans ses pattes, mais depuis mon moment de faiblesse dans la chambre de l’autre ordure il se montre bien plus sympathique avec moi. Il a dû voir que je n’étais pas simplement le sale con pour lequel j’essaye de paraître. Le Geek vient s’asseoir à côté de moi et me tend une manette ; il m’explique rapidement les commandes : coup de pied, coup de poing, saut et esquive. Ça n’a pas l’air bien dur, mais bon, Raphaël connaît probablement tous les coups spéciaux. Il n’allait avoir aucun mal à gagner, mais bon si ça l’amuse.

Vu que j’ai la deuxième manette, je laisse Raphaël paramétrer la partie, il opte pour un mode versus en un contre un. Vu que je n’y connais rien aux différents personnage, je laisse le jeu choisir à ma place grâce à l’option aléatoire tandis que le Geek regarde les différents personnages avant de soupirer et de faire comme moi. L’écran charge, je ne parviens pas à masquer un léger sourire en me demandant s’il existait des sortilèges pour influencer des jeux vidéos moldus, après tout, on peut faire tellement de choses avec la magie que je me demande comment les moldus font pour vivre sans. La partie commence. «Bon, tu vas facilement gagner je pense. Je ne connais pas du tout ce jeu.». Je suis plutôt surpris de bien m’en sortir en fin de compte. Il me suffit d’appuyer sur les touches un peu n’importe comment pour que mon personnage bouge tout seul. L’essentiel était de faire n’importe quoi, mais intelligemment. Je soupçonne Raphaël de faire un peu la même chose, il donne l’impression de masturber frénétiquement sa manette.
Au bout de quelques parties, deux victoires et une défaite en la faveur du Geek, je décide de poser la manette et d’arrêter de jouer. «Je ne vais pas te déranger plus que ça. Je verrais avec Tomm… Thomas pour mes affaires. Je m’assurerais que cet abruti soit présent cette fois là, avant de venir déranger… » Je me lève et commence à partir. «Et puis, tu as une pizza à finir, elle doit être froide maintenant.» Il m’accompagne jusqu'à l’entrée, ou plutôt, la sortie dans mon cas. je lui souffle un «Merci» avant de franchir la porte. «Au revoir… »

En partant, je décide de prendre les escaliers que je descend lentement. Ce n’était peut-être pas une bonne idée de me rapprocher de Tommy, même pour récupérer des affaires. Ce type m’a trop fait souffrir par le passé, et sentir son odeur m’a évoqué trop de… D’anciennes émotions… Putain. C’est pas facile d’oublier qu’un connard a foutu ta vie en l’air, même quand on a tourné la page et qu’on a quelqu’un d’aussi extraordinaire qu’Utakata dans sa vie.

Raphaël s’inquiétait un peu pour l’inconnu. Après tout, il avait quelqu’un avec qui parler ? Quand Raphaël avait des peines de cœur, et ça arrivait beaucoup depuis que Samuel et Artémis avaient l’air de se rapprocher, il pouvait toujours parler avec Leah. Son amie savait toujours quoi lui dire pour lui remonter le moral, et le jeune homme savait qu’il pouvait tout lui confier sans pudeur, ou presque, et il ne s’en privait pas. Hyacinthe refusa la proposition, ce que le Geek comprit car après tout, l’asiatique c’était déjà bien confié alors qu’ils ne se connaissaient pas. Il le mit une nouvelle fois en garde contre son colocataire. Il était vraiment aussi dangereux, ou c’était la mauvaise foi du mec qui se faisait larguer ? Dans le doute, Raph se dit que ça ne coûtait rien d’être méfiant.

«Alors avec le ce bouton là en haut tu peux faire des coups de poings rapides, avec celui de gauche c’est des coup de poing lent, mais plus puissant, en bas c’est coup de pied rapide, et droite coup de pied lent puissant. Avec les touches de direction tu peux avancer et reculer. Tu sautes avec la direction haut et tu te baisses avec la direction bas. Ton personnage pares en reculant et pour parer les coup bas il faut se baisser. Après avec des combinaisons de touches tu faire des coups spéciaux, comme des prises pour projeter l’adversaire.»

C’était la théorie, mais bon, dans un jeu de baston, le plus simple c’était d’appuyer de partout en sautant et se baissant de temps en temps et puis des fois tu fais un coup spécial sans le savoir. En tout cas, c’est comme ça que Raphaël jouait. Le jeune homme voulait choisir un personnage, mais comme il ne les connaissait pas il les regarda un par un. Laquelle était la plus mignonne ? Voyant que Hyacinthe avait déjà choisi grâce à l’option aléatoire, il en fit de même. Son adversaire se plaignait qu’il allait perdre facilement, car il ne connaissait pas le jeu.

«T’en fais pas, c’est un jeu de baston, il faut juste connaître les coups de bases et ça se fait tout seul.»

C’était vrai pour leur niveau, mais bien entendu ce n’était pas du tout comme ça que ça se passait à niveau professionnel. En tout cas, Raph appliqua la technique de “on appuie partout n’importe comment” il ne s’était pas trompé, même s’il avait gagné la première et troisième partie, Hyacinthe avait réussi à lui voler une victoire sur la deuxième. Ce n’était donc pas une défaite aussi humiliante que ce qu’on aurait pu penser.

Finalement, Hyacinthe posa sa manette et déclara qu’il allait y aller. Qu’il repasserait une autre fois.

«D’accord pas de soucis.»

Raph ne releva pas la remarque sur la pizza, mais en effet, il n’avait qu’une envie c’était de finir de manger et de retourner jouer avec ses potes en ligne. Il l’accompagna donc jusqu’à la porte en se demandant qui était vraiment ce type, dans le fond. Après avoir refermé la porte, il haussa les épaules. Bah, peu importe… Et se rua dans la cuisine pour aller chercher sa pizza qu’il finirait devant l’ordi.