Amber & Jaeden

Ce n’était pas dans les habitudes d’Amber de se rendre dans des pubs, en dehors de ceux proposés à Pré-au-Lard, comme les Trois Balais. À vrai dire, son temps libre, elle le passait soit la tête dans ses bouquins, soit en compagnie de sa famille, qui avait tendance à lui taper sur le système.Elle était avec eux la plupart du temps pendant les vacances scolaires. Cependant, la jeune femme avait besoin de se libérer un instant à elle de temps à autre. Ils la faisaient rapidement arriver à saturation entre leurs envies de la voir rejoindre les Mangemorts et la volonté de la voir pratiquer la magie noire. Ces deux disciplines ne pouvaient aucunement être associées à elle, à sa personnalité. Mais ils persistaient, convaincus du contraire. Amber savait ce qui l’attendrait si jamais elle ne suivait pas les pas de ses parents. Ils allaient lui faire payer cette décision, mais peut-être avec un peu moins d’entrain que tous les autres Mangemorts dont les secrets étaient partagés avec les Towsen. Oh oui, si elle suivait sa propre voie, un destin tragique l’attendrait !

Quoi qu’il en soit, cette journée-là était rien que pour elle. Elle n’avait prévu de voir personne en particulier. Seulement de se détendre et de se consacrer qu’à elle-même. Cela faisait d’ailleurs un bien fou ! Amber était restée au Chemin de Traverse toute la journée et avait décidé de terminer celle-ci par un petit tour au White Thestral. Elle ne s’était jamais rendue dans ce lieu, par manque de temps et de volonté principalement. Pour elle, il y avait des heures dans la journée où ce genre de lieu était plus animé que d’autres. En l’occurrence, le milieu de soirée faisait très bien l’affaire. La belle avait loué une chambre pour la nuit au Chaudron Baveur, qui n’était pas bien loin d’ici. Elle voulait être sûre de pouvoir rentrer en un morceau et le transplanage avec un ou deux verres dans l’estomac n’était jamais très conseillé. Amber n’était pas alcoolique, elle savait se maîtriser, mais elle préférait prévenir que guérir.

Pourtant, cela ne l’empêchait pas d’agir inconsciemment dans certains situations. Quand on la provoquait, elle ripostait instantanément, prête à en découdre et montrer ce qu’elle a dans le ventre. Cette soirée ne fut d’ailleurs pas une exception à la règle. Assise près du bar, un homme qui empestait l’alcool vint déposer, sans la moindre délicatesse, sa main dans le bas de son rein. Quel abruti fini avec son haleine de phacochère ! D’un geste brusque, elle lui envoya un coup de coude dans les côtes, lui arrachant un bruit de surprise. Le sorcier s’éloigna en bredouillant quelques mots inaudibles, sans qu’Amber lui accorde la moindre attention. Ce soir, elle n’avait vraiment pas envie de se prendre la tête. Elle s’en fichait qu’on vienne lui parler, en soit, mais elle détestait qu’on lui manque de respect.

— Je prendrais une Bièraubeurre, s’il te plaît, lança la jolie brune au serveur, prenant place sur le petit tabouret placé face au comptoir.

Elle aurait bien pris une boisson un peu plus forte, mais vu qu’elle ne connaissait personne ici, elle ne voulait pas perdre ses moyens. Elle reconnaissait quelques fréquentations de ses parents dans ce bar et n’avait vraiment pas envie de ternir la réputation de sa famille. Elle s’en moquait royalement, mais elle n’avait pas envie de supporter les commentaires hystériques sur son comportement irraisonnable et totalement immature, pendant des heures. Ses parents pourraient encore lui rappeler dans trois ans, les connaissant si bien.

Finalement, son regard se déposa sur un jeune homme tatoué, qui venait de prendre place à côté d’elle. Son regard émeraude parcourut légèrement les parcelles de sa peau nue, pour contempler la beauté de ces dessins. Amber n’avait pas de tatouage. Elle était tolérante à la douleur, là n’était pas le soucis. Mais elle savait pertinemment que cela ne lui irait pas physiquement. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’être admirative de ceux qui ont osé franchir le cap.

— Salut ! lança-t-elle à son voisin. Tes tatouages sont vraiment chouettes. Tu les as fait ici ?

Amber & Jaeden

Amber n’avait pas besoin d’aide lorsqu’elle se faisait importuner. Dès son plus jeune âge, elle avait dû apprendre à se défendre, face à ce genre de crétin. À vrai dire, son environnement n’était pas fait pour les filles douces et innocentes et elle avait dû enterrer son enfance bien plus tôt que les autres gamines de son âge. Avec des parents Mangemorts, il était obligatoire de savoir l’ouvrir et se défendre quand il le fallait. Ce n’était pas dans leurs habitudes de se montrer faibles et Amber n’avait aucune envie d’être à la hauteur d’une nouvelle déception venant de sa mère et de son père. Terminer à Serdaigle les avait déjà brisé de l’intérieur, comme si leur jeune fille n’était pas à la hauteur de leur détermination et de leurs valeurs.

Soit. Savoir se défendre dans ces situations était tout de même important. Elle se souvenait d’une élève de Poufsouffle de sixième année qui avait commandé du jus de citrouille à la Tête de Sanglier. Elle semblait si douce et si innocente, alors un sorcier trentenaire en avait profité pour aller l’aborder et le véritable cauchemar avait débuté pour elle. Amber n’était pas une amie fidèle et bienveillante, qui faisait tout pour aider tout le monde. Loin de là. Mais elle avait quelques principes et elle pouvait sortir de son asociabilité quand des situations comme celles-ci se produisaient. Elle lui était donc venue en aide, persuadée que cet homme aurait fini sur le bûcher s’il s’en était pris à Amber au lieu de la jeune élève.

À la réminiscence de ce souvenir, peut-être que la vacancière avait pu ressentir le besoin de discuter, de s’amuser. Et une force invisible et puissante la poussa à engager la discussion avec son voisin de bar. Cela retentissait comme un exploit aux yeux de la jolie brune. Elle était loin d’être le portrait typique de la jeune femme polie, sociale, joviale et désintéressée. Bien au contraire. Ses parents l’avaient toujours élevée pour servir ses intérêts avant ceux des autres, mais plus particulièrement ceux de la magie noire -à laquelle la demoiselle n’avait jamais adhérer-. Cela la surprit donc d’avoir été poussée à engager la conversation avec cet inconnu, même si elle était là pour se détendre, après tout. Et puis, cet abruti de tout à l’heure lui pesait encore sur la conscience, ayant réveillé une légère rage en elle. Elle n’avait pas envie de songer plus longtemps à ce qui aurait pu se produire s’il était revenu à la charge sans son consentement.

— Très jeune ? Tu ne me sembles pourtant pas bien vieux.

Amber sourit doucement, quelque peu amusée. Deuxième miracle de la soirée. Elle ne connaissait pas cet homme, mais il avait l’air plutôt sympathique et cela lui donnait envie de poursuivre leur conversation, pour le moment. Elle reprit donc le court de la discussion, se permettant de le tutoyer comme il l’avait fait.

— Moi ? Non, aucun. Mais cela ne m’empêche pas d’être très admirative d’un aussi beau travail.

L’étudiante en Protection Magique était sans doute trop jeune pour se permettre de songer à avoir un tatouage. Pour elle, la signification avait une grande importance à ses yeux, mais elle s’estimait bien trop jeune pour pouvoir s’en faire un avec un véritable symbole.

Finalement, la conversation dériva sur l’homme qui l’avait importuné et Amber fronça légèrement les sourcils, comme si elle venait de se refermer comme une huître. Elle n’était pas bien méchante, mais elle avait le don de parler sans démontrer aucune expression sur le visage, pas la moindre once de sentiment. Elle restait de marbre et un peu trop détachée de certaines situations, qui lui tenaient pourtant à cœur.

— Cet homme était un imbécile fini, particulièrement s’il pense qu’aucune fille n’est capable de réagir. Tu n’as donc pas à t’excuser pour ça.

Amber haussa légèrement les épaules, ne comprenant pas l’embarras que pouvait ressentir Jaeden à ce sujet. C’était les risques quand on ne connaissait rien des interlocuteurs. Chacun avait son propre vécu et sa propre histoire. Tout comme lui. Même si elle ne comprenait pas très bien pourquoi ce sorcier ne recommencerait pas ce soir. Par curiosité, elle balaya la salle du regard, à la recherche de cet individu, pour savoir s’il faisait toujours acte de sa présence ou non.

Sans aucune trace de sa part, elle reporta son attention sur Jaeden et se mit à sourire à son tour, comme pour lui rendre la pareille. Finalement, elle se concentra sur sa bièraubeurre, dans le but de ne pas en renverser sur le comptoir, tant sa choppe était remplie. Elle laissa quelques gorgées glisser le long de sa trachée, avant de s’humecter les lèvres pour retirer la mousse qui avait pu s’y accrocher.

— Au faites, j’en oublierai presque les bonnes manières. Amber Towsen, se présenta-t-elle en lui tendant sa main dans le but de faire connaissance de façon un peu plus correcte.

Amber & Jaeden

Amber n’avait jamais cru en l’amour. À vrai dire, il ne lui était jamais tombé dessus et elle ne le recherchait pas activement. La jeune femme aimait sa vie comme elle était actuellement. De toute manière, elle avait bien trop de soucis d’ordre personnel pour être prête à les partager avec quelqu’un. Elle devait organiser sa vie avant d’envisager d’accueillir une nouvelle personne. Sans oublier qu’elle détestait toutes ces histoires d’amour à l’eau de rose. Pour elle, il fallait de la passion, de la haine, de l’amour, de l’incompréhension, de la colère… Il fallait ce cocktail tonique pour pouvoir s’ouvrir à quelqu’un. Elle voulait se sentir vivante, bien plus que se sentir apaisée. Elle voulait respirer comme jamais et avoir le souffle coupé, à de nombreuses reprises. Mais, par dessus tout, elle ne voulait dépendre de personne.

Au final, le célibat était sans doute ce qui lui correspondait le mieux. Elle pouvait établir ses sorties comme elle le souhaitait, se préoccupant de personnes d’autres qu’elle-même. C’était une vision quelque peu égoïste sur les bords, mais elle l’assumait. Elle était comme ça. Elle préférait partager sa couche le temps d’une seule nuit et disparaît au beau matin. Elle n’avait besoin de donner d’explications à personne ; elle voulait se sentir libre comme l’air. Tous ces éléments faisaient qu’elle n’avait pas de culpabilité à parler à la gente masculine. Elle n’attendait rien d’eux. Elle n’attendait pas d’être aimée. Seulement de passer un bon moment en leur compagnie, sans forcément passer le reste de la nuit avec eux. Et c’était exactement ce qui se passait avec Jaeden. Ce genre de conversation l’apaisait, la faisait se sentir elle-même. Elle était loin des discussions banales avec des demoiselles de son âge et à l’opposé même de l’envie d’être aimée. Amber voulait simplement passer un bon moment, avec un homme qu’elle ne reverrait sans doute jamais et avec qui elle pouvait se risquer d’être elle-même, parce qu’elle ne devait rien à personne et qu’aucun des clients ne connaissait son histoire personnelle.

— Je suppose qu’il s’agit de zones en chantier prochain ?

La demoiselle arqua un sourcil, un léger sourire aux coins des lèvres. Évidemment qu’il allait finir par y mettre un tatouage. À ce stade-là, elle n’en doutait pas une seconde. Il l’avait dit lui-même : une fois qu’on commence, on ne s’arrête pas. Même si elle n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer une personne qui s’était autant adonnée corps et âme dans le tatouage.

Finalement, la conversation dévia sur son âge et l’homme se mit à faire quelques estimations qui, en plus, s’avéraient être exactes. Un court instant, elle hésita à démentir ses propos et à se faire un peu plus âgée qu’elle ne l’était réellement. Après tout, ils ne se reverraient pas. Mais une part d’elle n’avait aucunement envie de mentir en cette belle soirée. C’était rare qu’elle puisse être elle-même et elle n’avait aucune envie de gâcher ça à cause d’un stupide mensonge.

— En décembre, oui, répliqua-t-elle en posant ses deux mains sur ses hanches d’un air faussement sévère. Et alors ? L’âge ne fait pas la maturité après tout !

Amber fit des manières faussement théâtrales, tendant quelque peu d’amuser la galerie, comme elle avait rarement l’habitude de le faire.

— Hum… souffla-t-elle en faisant mine de réfléchir une courte seconde. Je crois bien. Au moins, je sais qu’ici je ne risque pas de croiser des connaissances. Si j’avais envie de rester dans une routine, je serai allée au Chaudron Baveur.

Un léger rire franchit le seuil de ses lèvres. Elle n’imaginait pas le nombre de personnes qu’elle croiserait là-bas en rentrant et qu’elle connaissait par le biais de Poudlard ou de ses parents. Elle n’avait pas envie de recevoir encore une fois des commentaires déplacés. Pendant ces vacances, Amber voulait simplement s’aérer l’esprit, loin de toutes ses contraintes personnelles.

— Qu’est-ce qu’elle a ma bièraubeurre ?

Amusée de toute la scène qui se déroulait sous ses yeux, elle dévoila même une partie de sa dentition blanche et parfaitement alignée. Il fallait dire que l’hygiène dentaire était bien plus important que l’altruisme pour elle. C’était une bien triste réalité, certes, mais c’était SA réalité. On ne pouvait pas la changer. Elle était ainsi faite.

Jaeden s’empara finalement de sa main, provoquant un léger froncement de sourcils sur son visage, alors qu’elle tentait de comprendre où il comptait l’amener. En voyant qu’il s’agissait seulement de la piste de danse, Amber se détendit et se laissa peu à peu emporter par le rythme de la musique. Elle n’était pas une très bonne danseuse, mais avec un partenaire, tout semblait beaucoup plus simple.

— Ça pourrait être mieux ainsi, si mon partenaire ne se trémoussait pas comme une dinde.

Un air de malice passa dans son regard, alors qu’elle s’amusa à son tour à le faire tourner sur lui-même. Amber n’était pas sociable de prime abord, mais une fois qu’on la lançait, on ne l’arrêtait plus. Elle n’avait pas de difficultés à aller vers les autres ; elle n’aimait simplement pas cela. Pourtant, une fois qu’on l’avait dans ses bonnes grâces, elle était intéressée, amusée et amusante. Il fallait simplement savoir comme l’aborder.

Amber & Jaeden

Amber n’avait jamais cru en l’amour. À vrai dire, il ne lui était jamais tombé dessus et elle ne le recherchait pas activement. La jeune femme aimait sa vie comme elle était actuellement. De toute manière, elle avait bien trop de soucis d’ordre personnel pour être prête à les partager avec quelqu’un. Elle devait organiser sa vie avant d’envisager d’accueillir une nouvelle personne. Sans oublier qu’elle détestait toutes ces histoires d’amour à l’eau de rose. Pour elle, il fallait de la passion, de la haine, de l’amour, de l’incompréhension, de la colère… Il fallait ce cocktail tonique pour pouvoir s’ouvrir à quelqu’un. Elle voulait se sentir vivante, bien plus que se sentir apaisée. Elle voulait respirer comme jamais et avoir le souffle coupé, à de nombreuses reprises. Mais, par dessus tout, elle ne voulait dépendre de personne.

Au final, le célibat était sans doute ce qui lui correspondait le mieux. Elle pouvait établir ses sorties comme elle le souhaitait, se préoccupant de personnes d’autres qu’elle-même. C’était une vision quelque peu égoïste sur les bords, mais elle l’assumait. Elle était comme ça. Elle préférait partager sa couche le temps d’une seule nuit et disparaît au beau matin. Elle n’avait besoin de donner d’explications à personne ; elle voulait se sentir libre comme l’air. Tous ces éléments faisaient qu’elle n’avait pas de culpabilité à parler à la gente masculine. Elle n’attendait rien d’eux. Elle n’attendait pas d’être aimée. Seulement de passer un bon moment en leur compagnie, sans forcément passer le reste de la nuit avec eux. Et c’était exactement ce qui se passait avec Jaeden. Ce genre de conversation l’apaisait, la faisait se sentir elle-même. Elle était loin des discussions banales avec des demoiselles de son âge et à l’opposé même de l’envie d’être aimée. Amber voulait simplement passer un bon moment, avec un homme qu’elle ne reverrait sans doute jamais et avec qui elle pouvait se risquer d’être elle-même, parce qu’elle ne devait rien à personne et qu’aucun des clients ne connaissait son histoire personnelle.

— Je suppose qu’il s’agit de zones en chantier prochain ?

La demoiselle arqua un sourcil, un léger sourire aux coins des lèvres. Évidemment qu’il allait finir par y mettre un tatouage. À ce stade-là, elle n’en doutait pas une seconde. Il l’avait dit lui-même : une fois qu’on commence, on ne s’arrête pas. Même si elle n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer une personne qui s’était autant adonnée corps et âme dans le tatouage.

Finalement, la conversation dévia sur son âge et l’homme se mit à faire quelques estimations qui, en plus, s’avéraient être exactes. Un court instant, elle hésita à démentir ses propos et à se faire un peu plus âgée qu’elle ne l’était réellement. Après tout, ils ne se reverraient pas. Mais une part d’elle n’avait aucunement envie de mentir en cette belle soirée. C’était rare qu’elle puisse être elle-même et elle n’avait aucune envie de gâcher ça à cause d’un stupide mensonge.

— En décembre, oui, répliqua-t-elle en posant ses deux mains sur ses hanches d’un air faussement sévère. Et alors ? L’âge ne fait pas la maturité après tout !

Amber fit des manières faussement théâtrales, tendant quelque peu d’amuser la galerie, comme elle avait rarement l’habitude de le faire.

— Hum… souffla-t-elle en faisant mine de réfléchir une courte seconde. Je crois bien. Au moins, je sais qu’ici je ne risque pas de croiser des connaissances. Si j’avais envie de rester dans une routine, je serai allée au Chaudron Baveur.

Un léger rire franchit le seuil de ses lèvres. Elle n’imaginait pas le nombre de personnes qu’elle croiserait là-bas en rentrant et qu’elle connaissait par le biais de Poudlard ou de ses parents. Elle n’avait pas envie de recevoir encore une fois des commentaires déplacés. Pendant ces vacances, Amber voulait simplement s’aérer l’esprit, loin de toutes ses contraintes personnelles.

— Qu’est-ce qu’elle a ma bièraubeurre ?

Amusée de toute la scène qui se déroulait sous ses yeux, elle dévoila même une partie de sa dentition blanche et parfaitement alignée. Il fallait dire que l’hygiène dentaire était bien plus important que l’altruisme pour elle. C’était une bien triste réalité, certes, mais c’était SA réalité. On ne pouvait pas la changer. Elle était ainsi faite.

Jaeden s’empara finalement de sa main, provoquant un léger froncement de sourcils sur son visage, alors qu’elle tentait de comprendre où il comptait l’amener. En voyant qu’il s’agissait seulement de la piste de danse, Amber se détendit et se laissa peu à peu emporter par le rythme de la musique. Elle n’était pas une très bonne danseuse, mais avec un partenaire, tout semblait beaucoup plus simple.

— Ça pourrait être mieux ainsi, si mon partenaire ne se trémoussait pas comme un farfadet.

Un air de malice passa dans son regard, alors qu’elle s’amusa à son tour à le faire tourner sur lui-même. Amber n’était pas sociable de prime abord, mais une fois qu’on la lançait, on ne l’arrêtait plus. Elle n’avait pas de difficultés à aller vers les autres ; elle n’aimait simplement pas cela. Pourtant, une fois qu’on l’avait dans ses bonnes grâces, elle était intéressée, amusée et amusante. Il fallait simplement savoir comme l’aborder.

Amber & Jaeden

Amber ne pouvait s’empêcher de quitter le regard de Jaeden de temps à autre, pour observer attentivement ses tatouages. Elle essayait de ne pas le faire trop longuement, pour ne pas le rendre mal à l’aise ou ne pas ressembler à une sociopathe prête à lui bondir dessus. Elle ne le reluquait pas comme pouvait le faire un certain nombre de filles. Il n’y avait rien de sensuel dans son regard, simplement une légère curiosité sur son corps qui ressemblait à une œuvre d’art. Elle sentit même une légère gêne à l’idée qu’elle voulait le voir enlever son haut pour pouvoir en découvrir d’avantage. Elle n’était pas une jeune femme en chaleur qui voulait lui bondir dessus (même s’il était loin d’être un garçon horrible, il fallait se le dire), mais elle n’avait pas non plus envie qu’il pense que c’était le cas. Qu’est-ce qui lui arrivait, bon sang ? Depuis quand elle se sentait gênée d’observer un homme ? Cela ne la dérangeait pas quand elle cherchait à obtenir une chose particulière. Peut-être était-ce le fait qu’il soit un peu plus âgé ? Ou bien qu’elle ne connaissait pas la réputation de ce bar, ni des personnes qui s’y trouvaient ? Ou alors, il était la première personne depuis un certain temps qui ne la jugeait pas sur son histoire familiale ? Tout un tas de pensées et d’hypothèses s’entremêlèrent dans ses pensées, auxquelles elle voulait trouver des réponses. Là résidait les véritables qualités des Serdaigle et quand elle se mettait à avoir une telle réflexion, il était difficile de l’arrêter. À moins que… Finalement, Jaeden repéra son intérêt pour les tatouage et elle secoua négativement la tête, avant de prendre la parole.

— Je suis désolé, je regardais vos tatouages et je me suis perdue dans mes pensées.

Qu’avait-il dit ? Elle avait posé une question à laquelle elle n’avait pas entendu la réponse. Quelle impolitesse ! Si son père l’avait vu, il lui aurait sans doute fait un sermon en lui disant qu’il ne l’avait pas élevé ainsi. Argh, qu’est-ce qu’elle était contente d’être sortie, loin de sa famille. Cela ne pouvait lui faire que le plus grand bien. Elle avait encore un peu de temps avant de revenir et de finir sur le bûcher. Cette pensée la fit doucement sourire, même si elle avait envie de rire nerveusement. Elle s’était mis dans une très mauvaise posture vis-à-vis d’eux et son retour n’augurait rien de bon pour la demoiselle.

— Ne t’en fais pas, Jaeden ! Je plaisantais. Tu n’as pas besoin de te justifier.

Elle lui offrit un léger clin d’œil, comme pour lui montrer qu’au final, l’âge lui importait peu. Après tout, les imbéciles de trente ans existaient et parfois les adolescents de dix-sept ans étaient plus matures qu’eux. Même si dans la majorité des cas, c’était principalement l’inverse. À son âge, on cherchait plutôt à s’amuser qu’à se poser sérieusement. C’était une vérité, quoiqu’elle n’était pas à généraliser à tout le monde.

En l’entendant souffler entre ses lèvres que la bièraubeurre correspondait parfaitement à son âge, elle lâcha un « hé », en le tapant légèrement, épaule contre épaule. Elle pointa son index devant lui et se mit à l’agiter, telle une mère en train de faire un sermon à son fils.

— Je te ferai dire que je suis tout à fait capable de boire autre chose. Simplement, je n’ai personne pour me raccompagner après et je n’ai pas envie de me retrouver à vomir dans mon chaudron de cours.

Est-ce que cela sentait le vécu ? Possible. Mais il n’était pas censé savoir qu’il ne s’agissait pas seulement d’une expression. À moins qu’elle se soit trahie toute seule ? En quel cas, elle pourrait tout simplement aller se cacher dans un coin. Avant de le pousser à la réflexion, elle se mit à danser à son tour, au rythme de la musique, mais il fallait avouer que ce n’était pas très glorieux. Amber n’avait jamais eu l’occasion de danser dans sa famille. Les seules pas qu’elle connaissait allaient de paire avec une musique beaucoup plus douce que celle proposait au White Thestral. À la fin de la musique, elle se mit même à rigoler, la poitrine se gonflant et se dégonflant plus rapidement qu’à la normale.

— Jamais je n’aurais pensé que nous serions aussi cauchemardesque. s’exclama-t-elle, d’un air amusé, avant de voir sa tête qui eut le don de doubler l’intensité de son rire. Bon ok, que je serai aussi cauchemardesque !

Finalement, la seconde musique se déclencha, sur un rythme plus endiablé et rock’n’roll que la précédent. D’un air exagéré, Amber se mit à imiter une guitare avec ses mains et à secouer sa tête et ses cheveux de haut en bas. Après avoir fini d’offrir un spectacle des plus ahurissants, elle se mit de nouveau à rire et replaça correctement sa chevelure qui était partie de tous les sens.

— Par la barbe de Merlin, je vais devoir prendre des cours de danse !

Amber & Jaeden

Amber n’avait aucune arrière-pensée en le détaillant du regard. Elle ne faisait pas partie de ces demoiselles qui pouvaient le fixer avec des yeux de poisson qui criaient « je veux passer la nuit avec toi ». En revanche, elle avait pu en remarquer quelques exemples, en chair et en os, un peu plus loin dans la boîte. Bien que Jaeden était loin d’être hideux, ou un thon -comme le voulait l’expression moldue qu’elle avait récemment apprise-, elle savait contenir ses pulsions contrairement à d’autres. Et parfois, la vie avait des choses bien plus surprenantes et intéressantes à nous offrir qu’une nuit dans les draps d’un garçon ou d’une femme. Amber avait appris cette belle leçon de vie, il y a fort longtemps et elle en faisait bon usage aujourd’hui. La preuve, elle passait un excellent moment avec Jaeden sans même chercher à le draguer.

Tout en commençant à se déhancher avec un peu plus d’entrain, elle écouta les paroles que venaient de lui murmurer son interlocuteur dans le creux de l’oreille et cela la fit doucement sourire. Elle était loin d’être une fille sage, mais dans une autre dimension de la vie. Cela n’incluait pas ce genre de soirée où elle n’avait jamais tellement su comment s’intégrer à la foule. Elle avait un côté un peu trop responsable qui l’empêchait de perdre la maîtrise de son corps par de l’alcool ou une toute autre substance. Et il était certain qu’elle ne se serait jamais laissée raccompagner par un inconnu. Elle savait très bien ce qui pouvait se passer avec une perte de conscience et un homme un peu trop désireux. Elle avait lu tellement de choses abominables à ce sujet qu’elle était certaine qu’avec n’importe quelle substance dans le corps, elle ne s’adonnerait jamais à des comportements dangereux face à des inconnus qui l’étaient encore plus.

— Crois-le ou non, Jaeden, mais je sais ne pas toujours rester sage quand l’envie me prend, s’exclama-t-elle près de son oreille, tout en arquant un sourcil qui venait accompagner son petit sourire amusé.

Finalement, le jeune homme lui conseilla de se laisser aller et Amber tenta de l’écouter, ayant un peu de mal à entrer dans la danse. Comme quoi cette expression prenait tout son sens, à présent. L’étudiante faisait toujours attention aux moindres faits et gestes. Elle préférait être la solitaire qu’on laissait tranquille que la fille drôle avec qui ont avait envie de socialiser. Elle ne cherchait jamais à se faire des amis parce qu’elle avait toujours peur qu’on la blesse ensuite. Voilà pourquoi elle n’était pas très douée en danse et en lâcher-prise. Il ne s’agissait pas de quelque chose de naturel chez elle. Mais quelque chose de magique se produit et au bout de quelques musiques, elle se risqua même à mener la danse en proposant Jaeden de la suivre dans certains de ses pas. Bon, elle n’était peut-être pas élégante avec un déhanché sexy, mais elle s’amusait et c’était le principal. Elle se retrouva même totalement frustré quand son partenaire décida de marquer une pause pour aller se réhydrater.

Amber put percevoir quelques conversations sur le chemin. Un homme lança à un autre, avec le plus grand sérieux du monde : "En fait c’est un préjugé absolument sans fondement. Les poissons-clowns ne sont pas particulièrement drôles". Cette phrase provoqua instantanément un sourire sur le visage de la Serdaigle qui se demandait à quel moment leur conversation avait pu prendre un tel tournant. Toutefois, son visage redevint instantanément sérieux lorsqu’elle vit Jaeden gober une pilule qui se trouvait sur le comptoir. Elle n’avait jamais touché à ce genre de choses. Déjà parce qu’elle n’avait aucune personne avec qui elle aurait pu partager cette expérience. Ensuite, parce que ses parents la sermonneraient violemment s’ils l’apprenaient. À cette pensée, son regard azur se déposa sur deux mangemorts qui discutaient au loin et une terrible idée lui vint en tête. Il était très certain que ces deux-là raconteraient à Thorfinn l’état de sa fille pendant cette soirée. Après ce qu’il venait de lui faire subir, Amber avait vraiment envie de l’humilier et de l’énerver. Il avait commis l’irréparable auprès de la benjamine de la fratrie et elle n’était pas prête de le pardonner. Ô grand jamais !

Son regard se planta dans celui de Jaeden et avec un petit sourire, elle avala à son tour une des pilules présentées devant eux. Bon sang, elle allait très certainement le regretter, mais c’était déjà trop tard. Fronçant légèrement les sourcils, elle posa une question qui lui brûlait les lèvres, avant que le produit agisse sur elle.

— C’est quoi les effets principaux de la pilule ?

Peut-être aurait-il mieux valu le demander avant, d’ailleurs. Elle regrettait déjà d’avoir laissé ses pulsions et ses idées de vengeance prendre le dessus. Elle qui était pourtant si réfléchie…  

Amber & Jaeden

Amber savait qu’elle n’agissait pas intelligemment, ce soir-là. Mais à quoi bon ? Sa vie était un véritable merdier en ce moment. Elle avait simplement envie de s’amuser sans se soucier des conséquences. Et puis, il y avait fort à parier qu’elle ne risquait rien. Si c’était le cas, soit elle se chargerait elle-même de la personne qui a osé la toucher, soit ses parents le feraient. Si cette seconde option était retenue, son assaillant ne reviendrait certainement pas en un seul morceau. Non. Ses parents avaient beau être des hypocrites sans cœur, ils ne voulaient pas qu’on touche à la belle image de leur petite famille.

Soit. Elle avait avalé cette gélule, mais elle ne regrettait rien. Au contraire. En entendant Jaeden faire mention qu’il fallait le consommer avec quelqu’un de confiance, elle lâcha un « oops », accompagné d’un haussement d’épaules, l’air de dire que ce qui était fait était fait. Un léger rire mélodieux quitta ses lèvres, au moment où elle attrapa de nouveau sa main pour se rendre sur la piste de danse. Elle n’était même plus aussi essoufflée que tout à l’heure. Amber avait plutôt envie de sautiller partout et de ne plus faire attention à rien.

Tout semblait prendre des dimensions différentes. Même le contact avec la peau de Jaeden semblait soudainement plus chaleureuse et amusante. Un sourire s’étira sur ses lèvres, alors qu’une musique plus entraînante se mit en marche. Au départ, elle ne se contenta que de quelques basculements de son bassin, mais bien vite elle laissa son corps sauter au rythme de la mélodie. Ses cheveux virevoltaient de tous les sens et son rire retentit dans la pièce, camouflée par l’intensité de la musique.

Quand celle-ci arriva enfin à son terme, sa poitrine se gonfla et se dégonfla un peu plus vite que la normale, dû à son excitation. Elle remit sa chevelure en place qui commençait déjà à lui coller à la peau. Ses pupilles étaient un peu plus dilatées que tout à l’heure, camouflant la couleur émeraude de ses iris.

— Tu sais, ce n'est pas parce qu'en hiver on dit "fermez la porte, il fait froid dehors", qu'il fait moins froid dehors quand la porte est fermée.

Ses sourcils se froncèrent un instant, alors qu’elle prit conscience qu’elle venait de sortir une phrase sans aucun sens à son partenaire de danse.

— Je viens vraiment de sortir une chose pareille ? répliqua-t-elle en plissant le nez, d’un air amusé. Oh, c’est presque aussi ridicule que si je t’avais sorti que le froid est pour moi le prix de la liberté.

Elle posa ses deux mains sur son visage et se mit à rire de bon cœur. Personne n’avait pu passer à côté de cette chanson de dessin-animé. Mais peut-être valait-il mieux qu’elle se taise avant de lui proposer de se rendre à l’extérieur et de fabriquer un bonhomme de neige ! Elle ne savait pas tellement ce qui l’avait poussé à sortir une phrase pareille. L’homme au coin du bar avec sa barbe blanche lui avait peut-être donné la sensation d’être à Noël avant l’heure ?

Quoi qu’il en soit, son comportement sonnait ridicule. Il détonait tellement avec celui qu’elle avait lorsqu’elle était entourée de d’autres personnes qui la connaissaient. Elle était moins hautaine, moins froide et se sentait plus légère. Et bon sang, qu’est-ce qu’elle appréciait cela ! Comme quoi sortir de la routine n’avait pas que des mauvais côtés. Personne ici ne pourrait répéter à ses camarades dans quel état elle se trouvait. Et heureusement, d’ailleurs. Elle n’avait pas envie d’être insultée de droguer ou autre, à la rentrée. Elle avait déjà bien trop de choses à supporter et elle risquait de laisser ses pulsions prendre le dessus. Amber se battait sans cesse contre ses démons, à Poudlard, mais elle était heureuse de pouvoir les mettre de côté au White Theastral. Elle ignorait encore tout des mystères de cet endroit, de la Cosa Nostra, du salon de tatouage… Mais elle ne voulait pas en savoir plus. Elle se trouvait dans une petite bulle, un petit cocon très agréable et elle n’avait pas envie d’en sortir de sitôt.