L’Angleterre, voilà un pays bien étrange par rapport à ma Russie natale. Du jour au lendemain, je m’étais retrouvée dans la capitale, découvrant une société différente et devant m’habituer à leur accent plus ou moins prononcé. Pour les sorciers originaires de ce pays, il n’était pas compliqué de constater que tout m’était mystérieux et mon accent dénotait pas mal par rapport aux leurs. Je n’avais pas vraiment de difficulté à m’adresser dans cette langue, mais par moment, il m’arrivait d’exprimer mes émotions du moment en ma langue natale. Perdue, j’essayais tant bien que mal à comprendre l’organisation de ce monde sorcier et à éviter les erreurs. Mon père m’avait envoyée pour l’été au Chaudron Baveur, non loin du Chemin de Taverne. Apparemment, mon frère s’y trouvait et mon père l’avait certainement prévenu de mon arrivée imminente. Pourtant, je ne fus pas accueillie et cela me rassura. Je ne me sentais pas prête à revoir mon frère, même si celui-ci me manquait et que j’avais plein de choses à lui raconter. Avant mon départ, mon paternel m’avait soigneusement recommandé de ne pas m’aventurer dans le monde moldu, sous aucun prétexte, dû aux récents événements. Pour le reste, j’étais libre de mes mouvements et il n’avait pas l’attention de se préoccuper davantage de ma petite personne, une fois en Angleterre. Devais-je me réjouir de cette soudaine liberté ? Je le pensais et j’appréciais son manque de considération. Ainsi, ne connaissant pas masse d’endroit où aller pour le moment, je passais une bonne partie de mes journées estivales dans ce camp d’été. Le lac et ses environs me rappelaient énormément mon institut et c’était pour cette raison que je ne me sentais pas complètement étrangère en ce lieu. Je me baladais la journée dans la forêt et plongeais tous les matins dans le lac pour dégourdir mes muscles. Il m’arrivait même d’être sous ma forme animale et observer les étudiants de loin pour mieux les aborder par la suite. J’aimais le fait d’être une parfaite étrangère dans le camp et de ne pas être épinglée comme je l’étais à l’institut. Je pouvais recommencer de zéro et ne plus faire attention aux anciennes rumeurs à mon propos. Je devais profiter de ces moments de paix et savourer qu’une ombre ne vienne pas obscurcir mes faits et gestes. Pour autant, je restais sur mes gardes et j’évitais de me retrouver seule trop longtemps, de crainte de croiser son regard.

Ainsi, en une belle journée d’été, un événement avait lieu dans le camp et rassemblait tous les étudiants présents. Je m’étais pressée moi aussi par curiosité et je m’installais au plus près de l’animateur pour écouter chacun de ses dires. Certains élèves prirent place à mes côtés et j’échangeais avec eux des banalités et des hypothèses sur cet événement. Certains souhaitaient qu’ils s’agissent d’une compétition de Quidditch grandeur nature, d’autres voulaient quelques choses de tranquilles et reposant après cette dure année de labeur. Pour ma part, j’espérais de l’action et un peu de rebondissement. Mon vœu fut exaucé, je n’allais pas être déçue de cette journée. Un type se présenta sur une petite estrade et s’annonça comme l’animateur de cette compétition. Seulement, ses premiers mots furent bien trop amplifiés par le sort Sonorus et je dus me boucher les oreilles. Je fis mine d’être amusée, après tout, ce genre d’erreur pouvait arriver à n’importe qui. Cela devait être drôlement impressionnant de s’adresser à tous ces jeunes sorciers en herbe. Il ria de bon cœur et corrigea ce petit problème rapidement. Il recommença du début son explication avec une voix affirmée et confiante. « Bienvenue à tous aux premiers championnats du monde de l’été sur les rives du lac ! » Un championnat du monde, j’eus des étoiles dans les yeux, me demandant comment cela allait s’organiser. Tout autour de moi, des murmures s’élevaient et le présentateur ne fit pas spécialement attention, car il poursuivit son explication. « Cette compétition va se faire en trois épreuves. Chacune de ces épreuves mettra vos nerfs à rude épreuve… Il va falloir faire preuve d’agilité, d’endurance, de discipline, de cohésion de groupe, d’intelligence, de réactivité, tout ça à la fois. » Dans mon esprit, je cochais les qualités énoncées, tout en m’inquiétant du partenaire que j’aurais. Je n’étais pas vraiment le genre à critiquer les gens, mais je ne voulais pas me retrouver avec un membre de ma famille et j’espérais que le destin serait plutôt clément avec moi. J’aimais la perspective d’avoir des vacances sans drama familial, un séjour serein pour commencer une nouvelle année en pleine forme. Je demandais certainement la lune.

L’animateur énuméra chacune des épreuves et je buvais littéralement ses paroles. « Qui dit camp d’été, dit baignade ! Il va falloir se mouiller les jeunes et découvrir les secrets de ce lac. Une fois que vous aurez récupéré le premier indice, il vous donnera le lieu où vous rendre pour faire votre deuxième épreuve. Je ne vous dis pas ce que c’est, pour le suspens. Une fois que vous aurez terminé la seconde étape et récupéré non pas l’indice, mais le petit objet qu’il faudra récupérer, vous reviendrez ici pour aller dans le labyrinthe derrière. C’est une course, mais ne forcez pas trop sur votre organisme… parfois il vaut mieux perdre la première place qu’être épuisé. » Je souriais à l’épreuve aquatique et je me réjouissais du mystère autour de la deuxième. Perdre ? Ce n’était pas vraiment mon attention, même si c’était important de participer et de donner le meilleur de soi, je n’avais pas envie de partir défaitiste. Après tout, je me sentais parfaitement à l’aise avec la première épreuve et la nage n’avait aucune difficulté pour moi. Certes, mon côté animal n’appréciait pas particulièrement mes baignades, mais avec le temps, j’avais résolu ce petit souci. « Vous avez le droit d’empêcher les équipes concurrentes d’avancer, mais pas de sortilèges qui blessent sinon vous disqualifiez votre équipe. » A ses mots, les étudiants s’agitèrent et certains dévoilaient leur baguette pour se montrer plus ou moins intimidant. J’étais rassurée sur le fait de ne pas devoir blesser mes futurs camarades et d’utiliser un peu plus ma tête que la force de mes sorts. L’animateur toussota pour faire cesser les conversations entre étudiant et reprit la parole avec un sourire sur les lèvres. « Afin que les équipes soient plus équitables, nous allons faire un tirage au sort. Tout le monde écrit son prénom sur un petit bout de papier, sur cette table. Il la montra du doigt. Surveillée par des adultes pour pas que vous trichiez les petits malins. Puis je tirerais deux papiers à chaque fois et ça fera les équipes. » Un tirage au sort ? En soi, c’était ce qu’il y avait de plus juste effectivement. Bon, l’équité aurait pu être encore meilleure s’il avait choisi des critères particuliers pour former les équipes, mais je n’avais pas l’impression que ce soit le cas. Sur le coup, j’étais un peu anxieuse et je regardais autour de moi pour imaginer un potentiel partenaire dans le lot. Tel un chat agile, je fus l’une des premières à écrire mon nom et à me réinstaller tranquillement à ma place tandis que les étudiants s’agglutinaient autour de la table. J’essayais de paraître calme et détendue, tout en commençant à élaborer une certaine stratégie. Si nous devions réellement explorer les secrets de ce lac, nous devions être capables de rester un certain temps sous l’eau et un seul sort me venait à l’esprit : Anapneo. Je n’étais pas une spécialiste de ce sort, l’utilisant à de rares reprises, quand j’explorais les fonds marins pour observer des espèces singulières de faunes et de flores.

L’animateur commença le tirage au sort et je sentis mon cœur s’accélérer à l’énoncé des premiers groupes. Petit à petit, les partenaires se trouvèrent et discutèrent ensemble, tandis que mon nom n’était toujours pas sorti. Avais-je bien respecté les règles ? J’étais sûre et ce n’était qu’une question de temps avant de découvrir mon camarade d’épreuve. Elise de Lestang, voilà le nom de ma partenaire et je n’avais aucune idée à quoi elle ressemblait cette fille. Ainsi, je me levais, j’essayais de lire les badges présents sur le torse des étudiants pour enfin former notre groupe. Seulement, je ne fus pas assez rapide pour le coup et c’est elle qui se présenta à moi. « Bonjour, c’est moi ta partenaire. Bienvenue en Angleterre. » Je me tournais face à elle, découvrant une jolie blonde, à peine plus âgée que moi. Je lui souris de manière amicale, tout en lui répondant. « Salut Elise ! Merci pour cet accueil et ravie de faire ta connaissance. » Mon accent persistait et j’avais essayé de prononcer son prénom à la Française. Enfin, Elise s’adressa à moi et me fit part d’un petit problème. « J’avoue, ma voisine m’a déconcentré pendant que Bidule là, il expliquait les règles, est ce que tu peux me dire ce qu’on doit faire pour la première étape. » Mon sourire s’étira un peu plus et je hochais la tête. « Ne t’inquiète pas, je n’ai pas été distraite par un ou une étudiante… Alors, la première épreuve se déroule au lac et nous devons récupérer un indice dans les profondeurs. Prête pour cette baignade improvisée ? » J’essayais d’être la plus relaxe possible, tout en lui faisant signe de s’approcher du lieu de l’épreuve, tout en discutant entre nous. « Tu sais utiliser Anapneo ? J’ai pensé que ce sort serait essentiel, sauf si tu as une autre idée ! » J’essayais de créer une bonne ambiance, sans jugement et dans le partage pour élaborer ensemble la meilleure stratégie à adopter. Par curiosité, je lui posais une question. « Au fait, tu es une étudiante à Poudlard ou tu viens juste d’arriver comme moi ? » Je n’attendais pas spécialement une bonne réponse, voulant simplement apprendre à connaître davantage ma partenaire du jour. Son visage ne me disait rien, j’étais sûre de ne l’avoir jamais connu auparavant que cela soit à Durmstrang ou en Russie. En tout cas, j’espérais que c’était le cas et que je n’avais pas oublié par mégarde son apparence avec le temps. Je laissais mon regard dérivé vers les autres groupes, tandis que nous marchions l’une à côté de l’autre et que les rives du lac se rapprochaient petit à petit…

J’étais très enthousiaste concernant cette compétition. Le fait que la première épreuve se déroule au niveau du lac, ne me dérangeait pas le moins du monde. J’avais même une longueur d’avance par rapport aux autres candidats, étant donné que ce n’était pas la première fois que je le parcourais. J’avais pris cette fâcheuse habitude depuis mon arrivée au camp de profiter du calme matinal pour me dégourdir les jambes et faire quelques longueurs. Je me rappelle même d’un jour où j’avais plongé pour découvrir les profondeurs et j’avais été très surprise. Ce lac avait bel et bien un secret et j’avais une idée où chercher. J’espérais qu’Elise me fasse confiance et soit à l’écoute de mon instinct. Pour le moment, je n’avais rien à dire sur ma partenaire, elle semblait être amicale et avoir envie de donner son maximum. Puis, j’osais espérer que le hasard faisait bien les choses. Qu’avais-je à craindre de cette journée ? Le seul risque était l’état dans lequel je serai après tant d’effort physique et magique, mais devais-je pour autant être apeurée ? Il ne servait à rien de se tracasser maintenant, seulement, j’étais le genre de personne à réfléchir un peu trop et à penser rapidement aux conséquences. La peur, j’étais capable de la surmonter tant que je n’étais pas face à certaine de mes phobies. Enfin, même si c’était le cas, je n’étais pas du genre à abandonner facilement et je n’avais pas envie de donner une mauvaise image de ma personne. Alors qu’importent les épreuves, je voulais me montrer digne et ne pas nuire à la réputation des Dimitrov pour éviter de me faire taper au-dessus au passage.

J’expliquais à Elise l’intitulé de la première épreuve et elle ne sembla pas vraiment emballée. Je vis son regard s’attarder sur le lac un bref instant avant de secouer négativement sa tête et d’exprimer ses sentiments à ce sujet. « Bof, c’est pas que j’aime pas l’eau, patauger dedans, se baigner pour se baigner, ça va ça me plait… mais une course… déjà que si faut courir sur la terre ferme, c’est pas ce que je préfère, mais faire une course dans l’eau… encore moins. » Ses yeux se tournèrent vers les autres groupes et je suivais son regard pour essayer de comprendre son désarroi. « Et puis attends c’est pas juste, tu vois cette équipe là… bon je connais pas leur nom, en fait je crois que je les connais pas tout court mais ça se voit qu’ils sont ultra sportifs… C’est pas très équitable, à moins qu’on leur saute dessus une fois qu’ils ont leur indice, qu’on les noie et qu’on leur vole… » Tandis qu’elle me montrait l’équipe sportive, j’eus un petit ricanement. Les muscles pesaient leur poids dans la balance, mais ce n’était pas l’unique capacité qui était nécessaire à cette épreuve et il ne servait à rien de spéculer sur ce genre de chose. Peut-être que ma partenaire était stressée, je l’étais un peu moi aussi, mais il fallait aussi penser à s’amuser, non ? Sa proposition de plan me fit sourire et elle ajouta un petit argumentaire supplémentaire. « C’est un peu violent, certes, mais moins fatiguant. » Je lui adressai un sourire rassurant tandis que je posais une main douce sur son épaule. Je laissais mon regard s’attardait aux alentours, tout en spécifiant. « J’ai confiance en toi Elise, je suis sûre que tu donneras ton maximum ! Alors, on n’a certes pas les muscles de notre côté, mais je suis certaine qu’on sera meilleures que ce groupe. » Mes propos étaient peut-être utopistes, mais je voulais simplement être optimiste et rendre ma partenaire sûre d’elle. On n’était certes pas les plus rapides nageuses, mais on avait certainement autre chose à offrir.

Pour ne pas perdre plus de temps, j’indiquai à Elise la direction du lac. Il fallait se concentrer sur le vif du sujet et il ne servait à rien de débattre sur l’aspect de l’épreuve ou du pourquoi ou du comment. Il nous fallait un plan, quelque chose de solide. L’idée de plonger tête baissé dans ce lac n’était pas une solution raisonnable. Surtout qu’une fois sous l’eau, la communication entre nous d’eux risquait d’être compliquée et je ne connaissais pas assez cette étudiante pour deviner ses faits et gestes. Le premier problème à résoudre était la respiration sous l’eau et c’était pour cette raison que je proposais d’utiliser le sort d’Anapneo. Le deuxième problème était la communication et il me semblait important de mettre au point un langage gestuel, étant donné que notre voix serait incompréhensible. J’avais poursuivi tranquillement ma réflexion, jusqu’au moment d’observer la mine décousue d’Elise suite à ma proposition. « Alors en théorie, oui, je sais le faire, en pratique, rien est moins sûr excepté une fois ou deux en cours, je ne l’ai jamais utilisé dans la vie de tous les jours, quand je nage, c’est pour le plaisir. Je peux tenter le sortilège néanmoins. Tu sais nager ? » J’étais d’accord avec son dilemme, je n’étais pas spécialement une experte à lancer Anapneo, mais le peu d’expérience que j’avais eu, ne m’avait pas semblé chaotique. Je souris à sa question, tout en paraissant encore une fois rassurante. « Ne t’inquiète pas, je ne suis pas une experte non plus, j’essaie simplement de trouver des solutions au problème d’être sous l’eau durant un certain temps. Nager ? Pas de soucis de ce côté-là, je me débrouille bien ! » Savoir nager était limite une obligation à l’institut, le lac était une sorte d’épreuve du feu où on devait s’y baigner malgré les températures hivernales et la sensation d’un corps engourdi. Ne pas le faire nous étiquetait de poule-mouillé et à l’époque, je n’avais pas voulu ajouter ça à ma panoplie de surnoms, bâtarde me suffisait.

« Je suis une étudiante à Poudlard, à la rentrée, je serais en seconde année dans le cursus de médecine magique. Et toi, tu rejoins Poudlard où tu es juste venue passer les vacances d’été ici avec ta famille ? » Je fis une moue étrange quand Elise mentionna le fait que je puisse passer des vacances d’été avec ma famille. C’était une possibilité que j’avais du mal à visualiser. Cette perspective n’avait rien à envier, être avec ma famille était synonyme d’exclusion et la seule porte de sortie était l’isolement. Être avec eux ne ressemblait en rien de la vision que je me faisais des vacances et quelque part les propos de ma partenaire me perturbèrent un peu. « Je…. » Je me tordais légèrement les doigts de ma main, tandis que je reprenais avec un peu plus d’assurance. « Je suis une future étudiante de Poudlard… En filière magizoologie et botanique. Je suis un peu comme toi, sauf que je préfère m’occuper des animaux et des plantes… C’est plus dans mes cordes ! » J’émis un petit rire mignon, tout en poursuivant, avide de questions. « Comment s’est déroulée ta première année ? A-t-on beaucoup de temps libre ou est-ce que c’est similaire au passage des BUSES et des ASPICS ? Je ne dis pas ça parce que je suis une mauvaise élève… » Mon sourire s’étira quelque peu, avant de poser précipitamment ma dernière interrogation. « J’ai cru comprendre qu’il y avait des maisons à Poudlard ! A laquelle appartiens-tu ? » Devais-je préciser que j’avais lu un livre sur l’histoire de Poudlard ? Je n’avais pas eu encore le temps de l’annoter, mais j’avais une idée générale de l’établissement et je savais qu’il y avait quatre maisons et que l’affectation des élèves se faisait par le biais d’un chapeau. J’avais du mal à imaginer un chapeau pouvant prédire ma maison, comment cela se faisait-il ? Je n’avais pas envie de bombarder ma partenaire de question, après tout, il fallait se concentrer sur l’épreuve en elle-même. Je pensais cela, car je venais de voir l’un des groupes sautait dans l’eau. Cela me donnait légèrement la pression et il était peut-être temps de s’y mettre nous aussi.

Près de l’eau, Elise mit sa main dans l’eau pour connaître certainement sa température et à sa mine, je jugeais qu’elle ne devait pas être trop froide. Heureusement pour moi, j’avais prévu une tenue adaptée pour l’épreuve, me doutant qu’une activité nautique se préparait. Effectivement, j’avais observé la veille au soir, les préparatifs sous ma forme de chat et alors, étais-je une tricheuse ? Je ne connaissais pas la solution, seulement les aspects techniques et il m’avait semblé judicieux d’en profiter. Ainsi, j’enlevais ma robe d’été pour dévoiler un juste au corps clair. Je m’occupais de mes cheveux blonds tandis que le top départ fut annoncé. Je terminais ma tresse alors que ma partenaire se tourna vers moi. « On est d’accord qu’il nous faut un plan béton, on se lance pas bêtement dans de l’eau sans avoir analysé bien le truc ? En fait il nous faudrait une embarcation pour qu’on ait juste à plonger à l’endroit où est l’indice et qu’on se fatigue pas trop. Suis moi, on fait le tour du lac. » Je suivais Elise tout en rangeant ma robe dans mon sac à dos et je lui montrais un lieu propice à notre saut. « Là, je pense que ça serait un bon endroit pour plonger. Mais, auparavant, il nous faut effectivement un plan et une manière de communiquer une fois sous l’eau. » Je fis mine de réfléchir en faisant une petite pause, avant de poursuivre. « L’idée de l’embarcation est pas mal, mais j’ai peur qu’on perde trop de temps à en chercher une ou à la faire apparaître. Autant aller au plus simple, l’indice se trouve dans le lac et surtout dans ses profondeurs. J’ai déjà plongé dedans… Ne me regarde pas avec ses yeux, je ne connais pas l’indice à trouver, mais j’ai ma petite idée et je pense avoir une piste. Lors de ma plongée, j’ai observé de loin une sorte de grotte souterraine. Je n’ai pas pu aller plus loin, car je n’avais pas l’apnée nécessaire d’où l’utilité de mon sort. On peut partir sur ça, qu’en penses-tu ? » Je lui adressai un sourire amical, tout en précisant. « As-tu une idée d’un type de langage qu’on peut utiliser sous l’eau ? J’avais pensé à des gestes, mais il y a peut-être mieux. » Les gestes étaient une bonne idée, mais nous étions des sorcières et nos baguettes devaient certainement pouvoir être utile dans cette épreuve.

Il me semblait important d’avoir confiance en ma partenaire du jour. Cette épreuve n’était pas seulement une question de physique, elle demandait un certain esprit d’équipe et de la cohésion pour réussir ensemble. Ce n’était pas pour rien que nous étions deux, sinon la compétition aurait été individuelle. Le travail d’équipe avait sa place et je voulais jouer cette carte avec Elise. Même si je ne connaissais pas la jeune femme, j’étais certaine de pouvoir m’adapter à elle et réussir à la cerner un petit peu. L’important était la communication et ne pas laisser une seule et même personne guidait. On pouvait tous avoir des idées géniales alors il fallait savoir les écouter et ne pas se fermer l’esprit. Peut-être étais-je trop optimiste ? Certainement, mais pour éviter les conflits, il fallait avoir conscience des risques et les éviter soigneusement. Souvent, le conflit résidait dans un manque de communication et je n’avais pas spécialement envie de créer une inimitié avant la rentrée. Surtout qu’Elise semblait être une fille sympathique et je ne voyais nullement comment notre relation du jour pourrait se dégrader. Peut-être qu’une défaite pouvait être l’origine d’une rancune, c’était pour cette raison que je voulais me donner à fond et ne pas la décevoir. Puis, sa réponse me fit sourire. « Ah non mais on va gagner. La question ne se pose même pas, s’il faut que je fasse des sorts à tout bout de champ pour que les autres équipes ne puissent pas avancer, j’en ferais. » C’était une manière de gagner et l’usage de la magie était autorisé alors autant en profiter. Si ma partenaire était l’as des sortilèges, nous étions gagnantes. De mon côté, je savais utiliser ma baguette et enquiquiner les autres compétiteurs avec quelques maléfices. Mais je lui laissais volontiers ce plaisir, préférant largement résoudre une énigme. « Par contre, pour tout ce qui est sportif, je crains de ne pas être la partenaire idéale. » Je hochais simplement les épaules, je ne me sentais pas spécialement sportive. Juste, à force de me promener la nuit sous ma forme féline, j’avais acquis une certaine endurance et une agilité aussi. Néanmoins, je n’avais pas cette prétention de me considérer comme tel. C’était peut-être modeste de ma part, mais je n’avais jamais réellement apprécié le sport en lui-même. J’appréciais regarder, mais delà à pratiquer, il y avait un fossé. C’était l’une des raisons pourquoi je n’avais jamais rejoint l’équipe de Quidditch. J’avais beau connaître les règles du bout des doigts, je ne m’étais jamais sentie à la hauteur d’être sur un balai et jouer. De plus, cela n’aurait jamais été accepté par mon père et il aurait trouvé une manière plus ou moins sympathique pour m’empêcher de jouer.

Enfin, la compétition semblait bien plus réelle de minutes en minutes, à côté de moi, les étudiants s’échauffaient et ma camarade les imitait pour le coup. Pour ne pas paraître étrange, je fis de même, en m’attardant sur mes bras et mes poignets. Cela n’avait rien de remarquable, mais une blessure pouvait si vite arriver qu’il valût mieux être prévoyante. Elise sembla rassurée quand je confirmais savoir nager. Jamais, je n’aurais pris le risque de participer à un événement sans avoir un minimum pratiqué. Ainsi, prendre part à une compétition près d’un lac rendait la natation comme une compétence indispensable à connaître. Peut-être que je réfléchissais un peu trop, mais c’était dans ma nature d’être un esprit tourmenté par des milliers de questions. Seulement, je ne m’étais pas préparée à ce que ma coéquipière fasse référence à ma famille. C’était pour cette raison qu’une grimace arborait mon visage et que j’essayais en vain de changer de sujet. Je ne devais pas oublier, pour eux, j’étais une Dimitrova et c’était naturelle de vouloir passer du temps en famille durant les vacances. J’aurais aimé que cela soit ma réalité, mais je n’étais pas née avec le bon pool de sang. J’appartenais à cette famille que de nom et cela avait été une chance que je ne sois pas abandonnée. Le sort m’avait été plutôt favorable, étant donné que l’orphelinat aurait pu être ma réalité. Positivée, je le devais et davantage pour ne pas transmettre mon humeur maussade à Elise.

Heureusement, le sujet dériva sur les cours et c’était quelque chose que j’aimais particulièrement. Elise me fit un petit récit de son année à l’université. Elle mentionna le niveau, plutôt bas et le temps libre mit à notre disposition. J’avais du mal à savoir si ses propos me réjouissaient. Avoir une année facile, je ne disais pas non, mais j’espérais réellement apprendre de nouvelles choses. Je ne voulais pas avoir un diplôme juste pour faire joli, je voulais acquérir des connaissances. J’eus un petit frisson quand elle mentionna l’attaque du Blood Circle. J’espérais ne pas en vivre une et il me semblait normal de demander si ma camarade n’avait pas eu d’ennuis suite à ça. « Tu n’as pas été blessée lors de l’attaque ? » Je l’observais avec une drôle de tête, avant de poursuivre sur sa maison à Poudlard. « Serdaigle ? Des quatre maisons, je pense que c’est celle qui me correspond le mieux. Puis, un aigle comme emblème, je trouve ça classe ! Il survole les autres maisons par sa vivacité d’esprit… » La métaphore de cet animal allait parfaitement avec l’esprit de la maison. Dans ma tête, c’était celle qui se rapprochait le mieux du clan de la Tempête. « Tu as un frère, toi aussi ? » Sans savoir, pourquoi je réagis à cette information en posant une question rhétorique. Pour autant, je n’avais nulle envie de m’éterniser sur le sujet d’Andreï, même si j’adorais mon frère. Seulement, son ombre n’était jamais trop loin de moi et le mentionner avait tendance à le faire venir. Nerveuse, je lançais un regard autour de nous, mais je ne le vis nulle part.

Alors que j’étais en tenue et prête à sauter. Je partageais mon plan à Elise et celle-ci semblait plus concentrée sur l’étendue d’eau. Curieuse, je m’approchais et j’essayais de comprendre sa réflexion. C’était un petit promontoire et l’eau ci-dessous n’avait pas une allure étrange. J’étais perplexe sur le coup, mais son hochement de tête me fit mettre de côté ce petit doute. Elise approuva mon plan et proposa même une solution originale pour la communication sous l’eau. « Tant qu’on a rien à se dire, on nage côte à côte, si l’on veut être suivi, on lance un lumos et si ça ne va pas, on lance un stupéfix, dans le vide pour éviter de se faire du mal mutuellement, ou alors sur quelqu’un autour de nous pour les freiner. » Je souris, tout en soulignant. « Bonne idée ! J’essayerai de ne pas te viser alors ! Si tout est ok, alors sautons ! » Simultanément, on lança ensemble le sort Anapneo, comme si nos deux esprits étaient connectés. Puis, sans plus attendre, je me jetais dans le lac en effectuant un joli plongeon. Une fois sous l’eau, mes yeux mirent quelques secondes à s’y habituer, avant de voir clairement les profondeurs du lac. D’un petit mouvement de jambe, je me propulsais vers le bas et j’essayais de me remémorer le chemin emprunté lors de ma dernière nage. Je respirais sous l’eau, fait inhabituel et j’eus peur un instant avoir raté mon sort. Seulement, ce n’était pas le cas et j’avais l’impression d’être un poisson dans l’eau. Prenant les devants, je faisais des signes à Elise pour lui indiquer chacune de mes directions. Puis, de temps en temps, je lançais un regard derrière moi pour m’assurer qu’elle me suivait toujours.

Au loin, je vis la fameuse grotte de mes souvenirs et je pointais de ma baguette éclairée par lumos la direction. Malheureusement, un éclair lumineux passa non loin de moi et j’eus un moment de panique. J’essayais de me mettre à l’abri, tandis que des rayons lumineux me frôlaient. Derrière un petit massif rocheux, je fis signe à Elise de se mettre à couvert. En lançant des petits regards de côté, je compris que l’attaquant était posté devant l’entrée de la grotte et qu’il nous avait vu arriver. J’essayais de faire comprendre par des signes à Elise la situation. Au même moment, un autre binôme arrive sur les lieux et se prit un sort en pleine face. Les deux individus furent ficelés comme des saucisses. Je n’avais nullement envie de finir l’épreuve de cette manière. On devait trouver un moyen de détourner l’attention du type et sur le coup, j’étais en panne d’inspiration. Lancer un patronus, c’était une éventualité, mais est-ce que cela pourrait être suffisant ? Ou alors, il fallait être offensive et viser de cette distance le petit emmerdeur. Je réfléchissais, évaluant toutes les possibilités et espérant une idée farfelue venant de ma partenaire. Or, le temps de réfléchir, le sol se mit à trembler fortement. Autour de nous, des fissures se faisaient au niveau de la roche et je redoutais le pire. Je m’attendais à entendre d’une seconde à l’autre un grognement venant des profondeurs de la grotte.

Alors que nous étions en pleine préparation pour l’élaboration d’une stratégie lors de l’épreuve à venir, nos discussions divaguèrent vers des sujets plus personnels. Impossible de me rappeler comment la discussion avait-elle pu tourner vers l’attaque moldu contre l’université, mais je posai cette question à Elise. Je fus rassurée d’observer le hochement négatif de ma camarade, même si ses paroles n’avaient rien de rassurant. J’eus un léger frisson, me demandant comment j’aurais pu réagir face à une telle situation. Jamais, je n’aurais imaginé que des moldus puissent s’en prendre de cette façon à des sorciers. Certes, l’histoire était marquée de conflit et c’était pour cette raison que l’instauration du secret du monde sorcier avait été mise en place. Pourtant, le secret n’avait pas suffi et je dirais même que ce secret avait causé la situation d’aujourd’hui. La peur de l’inconnu devait certainement pousser ce groupuscule à agir de cette manière. Néanmoins, s’en prendre à des étudiants, je trouvais cela dégoûtant. C’était une manière de s’attaquer aux institutions de notre monde et de s’en prendre à notre savoir. Le climat actuel n’avait rien de rassurant et j’espérais naïvement pouvoir passer une scolarité sans problème en Angleterre. Puis, au fond de moi, je pensais que mon père n’aurait pas osé m’envoyer dans un pays, si celui-là était voué à une guerre civile. Je restais sa fille adoptive, sa bâtarde comme il aimait le souligner quand nous étions tous les deux dans la même pièce. Enfin, je n’étais pas seule, Andreï était là. C’était ma manière de me rassurer et de ne pas paniquer.

J’eus une grimace quand Elise mentionna la blessure de son amie par une arme moldu. « Je ne peux imaginer à quel point cette attaque a dû être difficile à vivre. Tu as été courageuse et j’espère que ton amie va mieux. » J’accentuais mes paroles par un sourire réconfortant. Heureusement, le sujet changea vers quelques choses de plus gaie et ne mettant pas en péril le monde sorcier. Nous parlions des maisons de l’université de Pourdlard et de mon envie de rejoindre une maison en particulière : Serdaigle. A mes paroles, Elise esquissa un sourire et celui-ci ne semblait pas être très rassurant. Ses paroles confirmèrent mes craintes étant donné que les Serdaigle n’avaient pas gagné la coupe des maisons. Il n’y avait rien de dramatique dans cette information, puis Elise soulignait qu’on avait peut-être une chance supplémentaire cette année si je rejoignais les rangs de cette maison. Je hochais positivement la tête, même si beaucoup d’interrogations persistait à ce sujet, par exemple, comment était-il possible de gagner cette coupe des maisons ? Peut-être, il s’agissait d’épreuves similaires à ceux d’aujourd’hui. Sur le coup, je n’en avais pas la moindre idée et je ne voulais pas embêter davantage ma coéquipière avec mes questions sur l’université. Après tout, nous étions sensées être en vacances et généralement, les personnes appréciaient d'éviter le sujet des études. J’arrivais à comprendre les raisons, mais de mon côté, les vacances n’étaient pas synonymes de lâcher mes ouvrages pour autant. Au contraire, j’avais plus de temps libre pour explorer des terrains inconnus et me pencher sur de nouveaux savoirs.

Elise me montra son frère par un signe de main. Il s’agissait d’un blondinet, grand de taille et avec des traits similaires à Elise. C’était son jumeau et j’émis un petit rire quand elle mentionna qu’ils étaient nés le même jour. Effectivement, c’était logique d’avoir la même date de naissance avec son jumeau. Néanmoins, la jeune femme précisa qu’elle était la première-née et il avait une sorte de désaccord avec son frère à ce sujet. « Très bien, je retiens que tu es l’aînée de ta famille ! » Après tout, si cette remarque lui faisait plaisir, autant lui offrir sur un plateau d’argent. Pour ma part, j’étais bien contente d’être la cadette de la fratrie et je n’enviais aucunement les responsabilités de mon frère. De toute façon, en tant que fille, je n’avais aucune chance d’être désignée héritière alors la nature avait bien fait les choses en quelque sorte. En quelque sorte, étant donné, que j’étais Dimitrova que de nom et non entièrement grâce à mon sang. Heureusement pour moi, mon frère n’était pas présent et je ne pouvais pas montrer sa carrure à ma coéquipière. C’était mieux de cette façon, même si en public, Andreï aurait joué le rôle parfait, comme à son habitude.

Enfin, l’épreuve débuta et je guidais Elise sous l’eau pour nous mener toutes les deux vers la fameuse grotte. J’essayais de suivre le rythme de ma coéquipière, pour éviter de nous distancer. Ainsi, souvent, je regardais derrière moi, pour m’assurer qu’on était proche l’une de l’autre. Ce n’était pas le moment de séparer et de risquer de disloquer le groupe. Puis, la vitesse n’était pas la seule manière de gagner et nous partions avec un avantage de savoir vers où nous rendre. Pourtant, sur les lieux, nous ne fûmes pas seules et déjà un groupe s’acharnait à éloigner les binômes. Je fus à deux doigts de me prendre un maléfice et ce fut pour cette raison que je me trouvais un abri derrière un amas de rochers pour éviter de finir saucissonner. Sur le coup, je ne savais pas comment agir, encore sous le choc d’avoir esquivé de peu une telle attaque. Cependant, Elise prit les devants et me fit signe de rester où j’étais le temps qu’elle essaie d’éliminer la menace. Je l’écoutais, je restais à ma place et j’observais son plan. C’était une très bonne idée de jouer sur la discrétion, au lieu de foncer directement face aux dangers. Elle savait y faire, car elle changeait de cachette aux bons moments et d’autres binômes l’aidaient en suscitant l’attention de l’attaquant. Mon sourire s’agrandit alors qu’elle s’approchait du but, petit à petit. A quelques mètres, elle sortit de sa cachette et j’eus le souffle coupé quand je fis un projectile magique se lancer dans sa direction. Seulement, la chance semblait être de nos côtés, car un des binômes essayant de se faufiler lui-aussi attaqua au même moment et permit de libérer l’entrée de la grotte. En me rapprochant d’Elise et du binôme, je reconnus dans l’un des membres, le frère d’Elise et je compris davantage le pourquoi du comment. Sans faire attention au deuxième membre du groupe, je fis signe d’entrée dans la grotte et c’est que je fis en prenant les devants. La grotte était creusée de telle manière qu’une fois à l’intérieur, je fis un rai de lumière, indiquant qu’une partie n’était pas submergée sous l’eau. Avec ma baguette, je fis un lumos dans cette direction, tout en nageant rapidement vers ce point de lumière. Arrivant à la surface, je sortis de l’eau et j’annulai le sort d’Anapneo. C’était agréable de respirer à nouveau normalement et je repris calmement mon souffle en regardant aux alentours.

Alors que nous étions tous en-dehors de l’eau, le type avec le frère d’Elise me lança un regard noir, tout en soulignant. « On ne peut pas rester avec elle ! Cette fille est maudite… » A son drôle d’accent, je compris qui il visait et pourquoi il disait une chose pareille. Je rougis, tout en restant quelques instants hébétés. « Je ne le suis pas… » M’écriai-je. Un sourire mauvais tordit les traits du jeune homme et il sortit sa baguette en me visant. « Je ne le suis pas… C’est une rumeur ! Une vieille rumeur ! » Il secoua négativement la tête et s’approchait doucement vers moi en me pointant toujours de son arme. « Facile à dire vu que Léonid n’est plus là pour le prouver… » Mon rouge aux joues s’intensifia davantage. Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu son prénom et je ne pouvais m’empêcher de revoir son visage par mes pensées. J’arrivais encore à me souvenir de notre dernier instant ensemble… Que pouvais-je faire ? Je baissai les yeux, m’attendant d’une seconde à l’autre à recevoir un maléfice. Je n’avais pas envie de m’étendre sur ce sujet et je préférais largement recevoir un sort que me justifier davantage. Je l’avais assez payé durant mes années à Durmstrang pour que cet épisode puisse ressurgir de cette manière après tant d’années. Je mettais certainement Elise dans l’embarras et je m’en voulais. Je craignais de croiser son regard. Est-ce que l’épreuve était compromise pour nous ? Seulement, si je l’attaquais, je confirmais ses soupçons. Que me restait-il ?

Le monde semblait plus petit qu’il n’en paraissait. Je venais d’apprendre cette leçon et pas de n’importe quelle manière. Les propos d’Elise me l’avaient prouvé juste avant l’épreuve. Elle connaissait Alcyone, même si je n’avais rien dit sur le moment, esquissant un petit sourire, en pensant à mon amie d’enfance. Etais-je étonnée de ce fait ? Un peu, je ne m’attendais pas à être coéquipière avec l’une de ses copines. C’était une surprise plutôt sympathique, ayant toujours été curieuse des personnes entourant l’étoile. Néanmoins, je me serais bien passée de confirmer cette théorie. Je n’avais rien vu venir et pourtant une bombe avait éclaté sous mes yeux. Tout semblait nous sourire jusqu’à maintenant, nous avions trouvé l’endroit où commençait réellement l’épreuve et avions vaincu les sorciers qui en bloquaient l’accès. Or, cette réjouissance fut de bien courte durée à mon goût et bien vite, la réalité reprit son cours. Alors que je m’oxygénai, le coéquipier du frère d’Elise me reconnut et à son accent, je compris la véracité de ses propos. Maudite, voilà le surnom que je me traînais depuis plusieurs années et malgré le changement d’école, cela me suivait encore. Malgré les années, je réagissais toujours de la même manière, en étant gênée et essayant de me justifier au mieux. Est-ce que cela marchait ? Pas vraiment et mes justifications n’avaient jamais suffit à éteindre le feu. Pire, cela avait souvent engrangé bien d’autres rumeurs, m’attirant aux passages les foudres des gens. Il semblait que je n’eusse aucun talent pour désamorcer une bombe et encore moins à ce jour. Ma réponse ne plut aucunement au slave, affichant un sourire mauvais tandis qu’il me pointait de sa baguette. J’avais beau m’exprimer plus clairement cette fois-ci, il n’était pas du tout d’accord et s’avançait peu à peu vers moi. Que pouvais-je faire ? J’étais en plein dilemme, me défendre lui donnerait raison, mais ne rien faire pouvait me coûter l’épreuve. Le rouge s’intensifia sur mes joues alors que mon regard était ancré aux siens. Je n’y lisais rien de rassurant alors que j’étais déstabilisée par le prénom évoqué. Impossible de ne pas voir resurgir des souvenirs lointains, de sentir la sensation d’une main enlaçant la mienne et d’un parfum tout particulier. L’air tout autour de moi semblait raviver cet effluve, me prenant à la gorge et sentant mes yeux me picotaient. Je ne devais pas craquer, pas devant cette personne, pas devant Elise. Je me mordis la lèvre inférieure, mélangeant mon sens olfactif avec le goût métallique du sang alors que l’improbable se produit.

Elise sortit sa baguette et pointa mon agresseur. Mais elle ne s’arrêta pas à cette simple action, elle argumenta son geste. « Moi je te conseille de vite baisser ta baguette si tu ne veux pas te prendre un sort qui te fera fermer ton clapet. » J’étais bouche-bée, je ne m’attendais nullement à ce que quelqu’un prenne ma défense. Impossible de rester de marbre face aux propos de la jeune femme, j’étais agréablement surprise et je ne pouvais niais d’avoir un élan d’affection à son égard dès maintenant. Pourtant, le slave n’en avait pas fini, il cherchait de l’aide et il lança un regard à Amaury, le frère d’Elise. Je ne savais pas à quoi m’attendre et je restais sur mes gardes. Cependant, aucun mouvement se fit et je pus respirer normalement à nouveau. Il baissa sa baguette même si son regard restait enfiévré de colère. « Elle va nous faire arriver des bricoles, on va tous y passer si on reste avec. » Précisa-t-il d’une voix agressive en me pointant de son index. J’allais protester, trouvant un peu de courage pour faire face à l’étudiant, mais je n’eus pas besoin. Là encore, la serdaigle prit mon parti et n’avait pas l’air de vouloir le laisser dicter sa loi. « Ah mais ferme là toi, sérieux tu prends la tête. Pourquoi je la croirais toi plus qu’elle alors que depuis le début elle m’aide. » J’eus envie de sourire sincèrement à ce moment, mais le regard noir du slave me coupa l’envie. Je ne voulais pas d’empirer la situation en le provoquant d’une quelconque manière. Je préférais sur le coup de me faire toute petite et c’était bien une chose dans mes cordes. Je me mis à marcher tel un chat poursuivant discrètement sa proie et cachant au mieux sa respiration. Pour autant, je n’oubliais pas de remercier ma sauveuse du jour et j’attendis qu’il s’éloigne assez pour lui chuchoter. « Merci… Merci de croire en moi ! » Je guettais à ce moment-là la réaction du slave, mais il ne sembla pas avoir entendu mes propos, même si je sentais sur mon dos tout le poids de ses accusations.

Mais il ne s’arrêta pas de si bons chemins, il choisit de combler le silence par des mots à mon propos. Je prenais sur moi, affichant un air impassible et ignorant simplement sa parole. J’avais l’habitude, ce n’était pas la première fois qu’on essayait de me déstabiliser, j’avais vécu cette situation depuis ma plus tendre enfance quand mon père ou mon frère s’amusait à me lancer des piques sur ma bâtardise. Je m’accrochais à ses douloureux souvenirs, me rassurant sur le fait que j’avais connu bien pire qu’un étudiant et que pour le moment, je n’avais pas fait le frais de violence. Pour autant, je n’étais pas faite en pierre et je ne pouvais pas ignorer que sa présence diminuait nettement mon moral. J’avançais tête baissée, même si je faisais toujours en sorte de le faire le plus discrètement possible. Je n’avais qu’une envie : la fin de l’épreuve. Ce n’était pas du tout envers Elise, bien au contraire, elle m’avait bien défendue et j’étais triste qu’elle ait à supporter elle-aussi cette situation inconfortable. Rester calme, me dis-je sans arrêt alors que je serais mes poings dans l’espoir d’endormir mes émotions. Seulement, l’anglaise ne fut pas aussi patiente et s’écria sur le coup. « Bon très bien. Stop, on arrête. »

Je me sentais responsable de l’ambiance pesante et sur le coup, je répondis. « Je… Je n’ai pas envie de nuire à cette épreuve… Peut-être que c’est… » Mieux que je parte, c’était ce que je voulais dire mais le slave m’en empêcha en prétextant d’une manière nonchalante. « On la descend on est assez loin ? » Etait-il sérieux ? Me descendre ? J’avais été patiente et lui, il proposait tout naturellement de m’évincer de cette manière. La colère me donnait une énergie nouvelle et le soupir d’Elise confirmait bien la connerie énoncée par ce type. « C’est toi que je vais descendre si tu continues. Amaury, partez devant. On ne vous tirera pas dans le dos, c’est promis alors que j’ai pas confiance en ton gugus. » Je regardai étonnée ma coéquipière, alors qu’elle restait immobile et attendait que les deux s’en aillent. C’était peut-être la solution la plus avisée, même si j’étais à la triste et en colère de cette situation. J’avais voulu jouer la carte de la diplomatie et cela n’avait pas donné grand-chose. Elise semblait bien plus douée dans ce genre de problème. « Ils passent pas par le bon chemin. » me chuchota-t-elle alors que j’observais les deux garçons s’éloignaient, même si le slave me lança un dernier regard noir. Là encore, je n’affichai aucune réjouissance sur mon visage pour ne pas gâcher le plan de l’étudiante. Celle-ci me montra des empreintes fraîches près d’un mur. « Je… Je suis impressionnée ! » C’était le cas, je n’avais pas porté d’attention sur mon environnement, bien trop prise par mes émotions du moment. « Après toi. » Précisa-t-elle en me montrant le mur et je compris ce que j’avais à faire. Enfin, même si traverser un mur n’avait rien de très rassurant. J’avançais à tâtons, portant mes doigts aux murs et essayant de faire traverser ma main. Effectivement, elle rentra littéralement dans le mur et je compris l’enchantement. Un sourire s’agrandit alors que je passais de l’autre côté. Un tout autre décor nous accueillit, on se retrouvait dans une grande salle avec des étagères rempli de livres. Je tournais sur moi-même, prenant conscience mes repaires avec la pièce alors qu’Elise apparut à son tour. « Il semblerait que nous allons devoir trouver l’indice dans cette immense bibliothèque. Jamais je n’aurais pensé qu’un tel lieu puisse exister sous un lac ! » Je perdis néanmoins mon sourire alors que j’essayais de me justifier face à la situation précédente. « Je suis vraiment navrée… Merci encore d’avoir pris ma défense ! Tu as su éviter le pire et en plus nous mener au bon endroit. » N’ayant pas envie de persister sur le sujet, je lançais d’une voix plus enjouée. « Tu essaies d’avoir le trophée de la meilleure coéquipière ? Car bon, pour le moment, tu sembles bien parti ! » Elise avait été superbe et je ne pouvais nullement le nier. Reprenant mes esprits en ne perdant pas de vue la compétition, je me mis à chercher l’indice. Mes yeux tombèrent sur les mêmes empreintes que celle devant ce fameux mur et elles semblaient se diriger plus en profondeur de la bibliothèque. Je montrais cela du doigt à Elise, tout en l’interrogeant. « Tu penses que c’est une bonne idée de suivre ce binôme ? Je ne me vois pas fouiller dans chacun des livres, peut-être que la réponse se trouve plus loin. » Même si j’adorais passer mon temps à la bibliothèque, c’était cherchée une aiguille dans une botte de foin. Mon intuition me disait que la salle n’avait pas révélé tous ses secrets. Ce fut à ce moment précis qu’un hurlement se fit entendre et que des flashes lumineux se firent percevoir au fond. Je n’étais pas vraiment partante d’user de la force pour gagner, mais avais-je le choix ?

Cette épreuve était digne des montagnes russes. Même si j’adorais les sensations fortes de manière générale, le fait que cela perdure dans le temps, n’avait rien d’agréable. J’avais l’impression d’être poussée dans mes retranchements, devoir confronter l’ennemi puis son contraire, voir désastre puis fascination. Cela était si troublant en si peu de temps et pourtant, je ne devais pas perdre l’objectif de vue : gagner. Je n’avais pas envie de décevoir ma partenaire et encore moins désormais qu’elle avait pris ma défense. Je lui devais bien une victoire, cette victoire et ce trophée. Cela compliquait forcément les plans, mais il était hors de questions que j’abandonne si facilement. Alors même si les organisateurs s’amusaient à nous mettre dans des situations improbables comme une bibliothèque dans une grotte sous-marine ne menant pas à grand-chose. Cela avait tout l’air d’un piège tous ces amas de livres décortiquant des savoirs divers et variés. Mon regard s’attarda un moment donné à une couverture colorée où j’y lisais simplement le mot : licorne. Quelque chose clochait, je le percevais. Cependant, je pris le temps de plaisanter avec ma coéquipière, lui assurant qu’elle méritait amplement le trophée de la meilleure partenaire. Ses paroles me virent sourire, et même rire sur le coup. « Tu as tout compris, c’est ce trophée là que je vise et j’espère bien que tu me le remettras et que tu feras un discours comme quoi tu n’aurais pas pu rêver mieux, bien sûr, tu enjoliveras un peu le truc. Je ne sais pas rajoute que je t’ai sauvé d’un dragon… tu me diras, il avait un comportement similaire à ces gros lézards. » Ce rire était telle une bénédiction après la colère et la tristesse. Cette légèreté apaisait mes pensées et me permettait d’être à nouveau focus sur l’essentiel. « Je mentionnerai un grand dragon, cette apparence lui scie mieux. » Je hochais la tête à ma propre réflexion, tout en parcourant les étagères remplies de livres. J’avais beau lire les titres, aucun ne me disait quelques choses et les noms des auteurs n’avaient aucun sens. Etant une rat de bibliothèque, il me semblait logique de connaître au moins un volume parmi tous ces ouvrages. Or, je constatais que ce n’était pas le cas. J’allais mentionner cette étrangeté à Elise, mais mes yeux furent attirés par des empreintes similaires à celui devant le mur d’illusion.

Nous n’étions pas seules et il était peut-être temps d’être sur nos gardes. Que devions-nous faire ? Suivre ce groupe ? Je craignais une escarmouche et je n’avais pas envie de tomber dans un piège aussi débile. Pour autant, rester dans la bibliothèque et mettre des œillères ne nous sauverait pas. Je partageais ma trouvaille et mes doutes avec ma coéquipière, espérant de sa part, un nouveau coup de génie comme pour le mur caché. Elle hocha la tête, tout en répliquant. « [color:da9b= #78A5D1]Allons-y, je doute que beaucoup de groupes soient observateurs donc même si nous nous trompons et que nous devons revenir en arrière, il y a peur de chance que des gens arrivent dans la bibliothèq » Mais alors qu’elle ne put finir sa phrase, un hurlement se fit entendre et des étincelles de lumière éblouirent la salle. Ce n’était pas bon signe du tout, on se précipitait tout droit vers une nouvelle bataille. Me battre n’était pas vraiment ma spécialité même si je connaissais plutôt bien la théorie. Je suivis Elise tandis qu’elle longeait les murs discrètement en se rapprochant de plus en plus des sorciers. J’arrivais à percevoir leur visage et là encore, je fus troublée. Ce n’était pas des élèves, en tout cas, ils semblaient bien plus âgés que de simples étudiants. La tête de l’un d’eux me rappelait un sorcier illustre sans que j’arrive à remettre un nom. « Regarde Elise ! » Au moment où je montrais la scène du doigt, ma coéquipière se mit à hurler et il n’en fallut pas plus pour attirer l’attention sur nous. Je réussis à me mettre à l’abri tout juste derrière une étagère. Je lançais un regard inquiet vers ma coéquipière, mais celle-ci porta un œil sur l’animal en cause de sa peur : une grenouille et elle péta encore plus un plomb. C’était bien la seule chose qui semblait normale dans cette pièce. Je la vis courir, traverser les lignes ennemis, esquivant de peu plusieurs sortilèges et se cacher bien plus loin derrière un rocher. Moi, dans cette histoire, j’étais bloquée derrière mon étagère et les sorciers en question avaient bien remarqué que nous étions deux et qu’une seule d’entre nous avait réussi à passer le barrage. J’essayais de camoufler au mieux ma présence, diminuant la fréquence de ma respiration et me déplaçant discrètement à l’opposé d’eux.

Ma combine marcha pendant quelques secondes et malheureusement pour moi, ils se séparèrent, comme si tout d’un coup, leur querelle du début avait cessé par un objectif commun : abattre l’intrus. J’avais beau regardé des deux côtés, j’étais cernée et les quatre individus me pointèrent avec leurs baguettes. Réfléchis, pensai-je dans ce moment de panique, cherchant une échappatoire. Mon attention se reporta sur le premier livre que j’avais vu avec un titre bateau et sans sens : licorne. Une idée germa dans mon esprit : et si tout ce que je voyais n’était que tromperie ? Cette question persistait dans mes pensées alors que je voyais comme au ralenti les baguettes de mes adversaires s’agitaient et étincelées d’une couleur inquiétante. D’un cri paniqué, je m’exclamai avec tout l’air de mes poumons. « Revelio ! ». Par crainte, j’avais fermé les yeux et je me préparais à ressentir une atroce douleur, mais rien ne se produisit. J’ouvrais une à une mes paupières, mettant quelques secondes à m’acclimater à cette pénombre et à ce changement de décor des plus déconcertant. Comme par magie, un avion de papier voltigea vers moi et je l’attrapai délicatement entre mes doigts. J’agitai ma baguette pour avoir un peu de lumière alors que je lisais le mot qui m’était destiné. « Vous avez su différencier la vision de l’intuition. Pour la suite, empruntez l’échelle qui vous mènera en dehors. Un sentier vous guidera à votre prochaine destination. ». J’avais limite envie de pleurer de joie, tellement j’avais cru au pire quelques minutes auparavant. Je m’approchais d’Elise calmement, vérifiant au passage qu’aucune grenouille n’était dans les parages. « Bon… On s’en sort plutôt bien ! Tiens. » Je lui tendis le mot et avant même qu’elle puisse parcourir le mot, je précisai. « Il ne faut pas continuer tout droit, mais prendre cette échelle. » Je lui pointai une échelle légèrement cachée par la pénombre où au plafond, il était possible de percevoir un petit flash lumineux. La sortie était par ici et sans plus attendre, je m’attelai à grimper.

Cela ne fut pas de tout repos, j’eus l’impression de forcer sur mes bras pendant un bon bout de temps avant d’entrevoir le décor extérieur. Une fois hissée en dehors, je pris plaisir à respirer et regarder le ciel bleu se découpait parmi les arbres. Je humai l’air à la recherche d’odeur familière et à part la faune et la flore environnante, rien n’entachait cet endroit. J’attendis Elise en calant mon dos contre un tronc tout en lançant un regard curieux vers le sentier. Apparemment, pour la suite, on devait récupérer un objet qui nous serait utile pour le labyrinthe. A part une carte, je ne voyais pas ce qui pouvait nous servir dans un tel endroit. Sauf si bien sûr, les organisateurs avaient poussé le vice jusqu’à trouver le fil d’Ariane comme dans une certaine mythologie grecque. Je soupirais, tout en lançant à ma coéquipière. « Alors, lançons les paries. Tu t’attends à quoi pour cette deuxième épreuve ? »

Nous avions réussi la première épreuve. Je n’allais pas jusqu’à dire, haut-la-main, mais nous avions fait de notre mieux. Même si, plus d’une fois, j’avais craint pour ma vie. Cette épreuve ressemblait à une sorte d’entraînement. Nous étions sous pression, pourchassées par d’autres personnes et devant coûte que coûte arriver à bonne destination. La bonne nouvelle était que je révisais certains de mes sorts et que j’apprenais à avoir des réflexes pour d’autres. J’étais assez satisfaite de moi-même et avec de l’entraînement et du sérieux, je pourrais être capable de me défendre un minimum tout y ajoutant un peu de ma jugeotte. Enfin, nous avions retrouvé le grand air, laissant derrière nous la grotte sous-marine et tous ses mystères. J’étais sûre que nous avions échappé à pas mal de pièges là-dessous et que certains étudiants allaient se retrouver bloquer. Pour le moment, nous formions un bon duo, Elise et moi et chacun donnait des idées pour approcher peu à peu de la victoire. Même si la jeune femme n’avait pas dû comprendre ce qui s’était passée dans la bibliothèque, elle m’avait suivi sans un mot, me félicitant même et montant derrière moi la grande échelle menant à la seconde épreuve. Grimper autant de barreaux d’échelle était épuisants et c’était pour cette raison que je m’étais posée contre le seul tronc d’arbre dans les environs. Je reprenais calmement mon souffle, attendant par la même occasion ma partenaire. Durant l’ascension, je l’avais entendu râler et je compatissais. Les muscles de mes bras me brûlaient encore et le simple fait d’étendre mon avant-bras me décrochait une grimace. Pour faire passer cette tension musculaire, je me mis à le masser précautionneusement comme j’aurais pu le faire sur un animal. Mes yeux balayèrent notre environnement et suivaient le tracé du sentier devant nous mener vers un indice. Celui-ci était simplement bordé par des herbes hautes, sans mur ou  arbres pour nous dissimuler en cas d’attaque. Ce léger détail m’interpelait et m’inquiétait. Au loin, je ne voyais aucun étudiant le franchir et cela voulait certainement dire qu’on était les premières. Pour l’égo, c’était appréciable, mais cela nous mettait aussi dans une situation délicate. Les prochains à sortir de cette grotte n’hésiteront pas à nous lancer des sorts lors de notre traversée du sentier. La deuxième épreuve ne consistait pas simplement à survivre à ce chemin macabre, elle devait nous permettre de récupérer un petit objet d’une importance cruciale pour se repérer dans le labyrinthe. Sur le papier, il était écrit de suivre le sentier, ce qui sous-entendait peut-être que l’objet ne se prouvait pas cacher sous les hautes herbes mais quelques parts sur notre route.

Tout en réfléchissant sur nos prochaines manœuvre, Elise en eut fini avec l’échelle et posa sans plus de cérémonie dans les herbes alentour pour reprendre son souffle, elle-aussi. Je lui laissais quelques secondes, tandis qu’elle repérait ma position, avant de lancer un pari sur notre prochaine mésaventure. Ma voix semblait lui insuffler de la force, car elle se leva à nouveau et s’intéressa sur notre but commun : gagner. Son visage révélait une expression de compétitrice alors qu’elle répondit à mes propos. « Je pense que ça va être là le plus compliqué. Nous sommes à découverts, sans rien pour se cacher, excepté l’arbre contre lequel tu t’appuies. » J’acquiesçai ses dires, nous avions les mêmes craintes à ce sujet et les herbes hautes n’offraient aucun répit à notre course contre la montre. Je soupirai, tout en prétextant à mon tour. « Tu as raison, cela n’augure rien de bon ! Prudence sera notre maître mot, assurément ! »

Je suivais son regard, essayant de comprendre l’analyse de la serdaigle et devinant en quelques sortes ce qu’elle allait me proposer comme plan. Je ne restai pas non plus les bras croisés. Testant dans mon esprit, différentes stratégies possibles tout en lançant par moment un regard et une oreille attentive vers le trou menant à la grotte sous-marine. « Je pense que pour cette étape, c’est l’esprit d’équipe et la confiance en son partenaire qu’ils veulent voir. Il n’y a rien pour nous cacher. A moins d’être les derniers avec des heures de retards, le risque que quelqu’un arrive dans notre dos est très élevé. Il faut donc qu’on soit prudente et qu’on regarde les bas-côtés à la recherche d’un objet utile pour le labyrinthe… même si je n’ai pas tellement d’idée sur l’objet en question… une boussole pour se repérer peut-être ? ». Encore une fois, je confirmai la réflexion de la jeune femme, elle voyait juste. Je ne nous voyais pas vraiment en retard par rapport aux autres, sauf peut-être un binôme, celui qui nous avait guidé vers l’entrée secrète de la bibliothèque. Dans tous les cas, ce binôme n’était pas visible et il s’était peut-être fait leurrer en poursuivant tout droit, au lieu de prendre l’échelle. Cependant, je doutais que la première épreuve se réussissait d’une seule manière, j’étais certaine qu’on avait au final plusieurs possibilités de s’en sortir. Si c’était le cas, ce sentier n’était qu’un bout de chemin nous menant vers l’objet et qu’à un moment donné, d’autres sentiers allaient s’entrecroisés. Elise fit l’hypothèse que l’objet recherché était peut-être une boussole et ce n’était pas si idiot. Elle haussa les épaules, tout en reprenant ses dires. « Déjà avançons, peut être que pour le moment on peut regarder chacune un côté du sentier jusqu’au moment où une équipe sortira de par-là et à ce moment on avisera ? »

Je hochais la tête, tout en précisant. « Le mieux, pour éviter de surveiller derrière nous, est de bloquer l’accès… Je m’en charge. » D’un coup de baguette, je visais un rocher non loin de la sortie et j’usais du sort Engorgio pour augmenter son diamètre suffisamment pour bloquer la sortie. Puis, usant d’un second sort, Locomotor, pour faire voler la pierre devenue un gros rocher vers le trou à combler. Satisfaite de mon travail, je rattrapais en deux enjambés la sorcière, tout en glissant d’un air peu rassuré. « Mais, je tiens à te prévenir, j’ai un mauvais présentiment pour la suite. Pour moi, ce début de sentier n’est que le commencement et il nous mènera certainement sur autres choses d’inattendu. ». Voyant qu’Elise surveillait la rive gauche, je portais toute mon attention sur le côté droit. Bien sûr, je laissais mon oreille portée vers la sortie bloquée, car un rocher pouvait être facilement détruit à l’aide d’un sortilège. Néanmoins, cela risquait de faire un bruit assez fort pour nous alerter.

Poursuivant mon chemin en portant principalement mon attention sur le côté droit, sans y voir autre chose que des hautes herbes à perte de vu. Seulement, à un moment donné, je vis une sortie similaire à la nôtre et sur le moment, j’eus le réflexe de bloquer ma camarade tout en pointant dans la direction notre futur problème. J’humai l’air, au début, je ne perçus rien de particulier, à part les parfums habituels de la nature. Jusqu’au moment, où un fumet m’interpella et j’eus comme réflexe de me mettre à quatre pattes pour être cachée des hautes herbes. J’en profitai pour glisser à ma camarade. « Un binôme s’apprête à sortir, prépare-toi ! » Je le dis suffisamment bas pour éviter de déjà nous faire repérer. Mon regard scruté cette sortie comme s’il s’agissait d’un terrier de lapin. Mon esprit animal avait envie de bondir sur ces proies avant qu’ils ne soient en vue. Mais, ce n’était peut-être pas très malin d’agir à la va-vite surtout que plus d’un binôme pouvait sortir de ce trou. J’attendis patiemment, jusqu’à entrevoir le crâne d’un sorcier puis à sa suite son camarade. Mais ce n’était que le début du défilé et un autre sortit à sa suite. Apparemment, certains avaient choisi de s’allier et cela ne jouait aucune en notre faveur. Je chuchotai discrètement à Elise. « On fait quoi ? On essaie de les prendre en embuscade ? » Pour le moment, le petit groupe prenait ses marques et se reposait par la même occasion. Ils ne nous avaient pas encore remarqué pour le moment.