A l’approche de la pleine lune, c’était toujours la même chose. Tu étais plus nerveux que d’habitude. Tu la sentais approcher pour venir réclamer son dû comme chaque mois, pour venir t’obliger à devenir cette créature dont tu avais honte. Tu n’aurais même plus eu besoin de surveiller le calendrier tant tu reconnaissais les signes de sa venue. Tu avais besoin d’évacuer ce trop-plein d’énergie, de te dépenser pour garder la tête froide et le Quidditch était certainement le meilleur moyen pour toi de le faire. Ce match tombait vraiment bien. Cela n’empêcherait pas ce qui devait arriver, mais tu l’aborderais sans doute plus posément. Cela te permettait de continuer à sauvegarder les apparences, de ne pas t’emporter sur le premier venu parce que la nature que tu cherchais à refouler prendrait le dessus. A cela s’ajoutait tes craintes. Des années que tu réussissais à préserver ce secret et tu te demandais toujours si la prochaine pleine lune serait celle où tu ferais un faux-pas.

Alors oui ce match était plus qu’attendu, même s’il ne se passait pas vraiment au mieux pour les Serdaigle. Les Poufsouffle menaient très largement la partie depuis le début. Ils avaient déjà réussi à plusieurs reprises à marquer sans qu’aucun Aiglon n’ait réussi à y faire quelque chose. Vos poursuiveurs avaient pourtant eu de nombreuses occasions de marquer eux aussi, mais rares étaient les souaffles qui passaient les anneaux. Les Jaune et Noir semblaient bel et bien déterminés à vous en faire baver, mais tu ne pouvais qu’observer le jeu des deux équipes. Tu finis par repérer le vif d’or virevoltant plus loin. Un œil rapide à l’attrapeur adverse te confirma qu’il n’avait pas vu la petite balle ailée. Tu étais généralement plus rapide pour la repérer, même si ça ne suffisait pas forcément pour que tu sois le premier à l’attraper. De plus, dans le cas présent, le rôle d’un attrapeur ne se résumait pas à trouver le vif d’or et à l’attraper. Un rapide état des lieux des matchs précédents t’avait vite amené à la conclusion que vous aviez besoin de plus de points pour espérer monter dans le classement de la coupe. Clore et remporter ce match maintenant ne vous garantissait absolument pas la grande victoire finale. Le vif d’or n’avait pas bougé, il n’allait pas tarder à être repéré par l’équipe adverse à force. Une poursuiveuse de Poufsouffle venait encore de marquer et un rapide coup d’oeil à tes coéquipiers t’amena vite à la conclusion qu’ils auraient bien du mal cette fois à changer la donne. Il valait peut-être mieux arrêter là la raclée et espérer se rattraper sur un autre match, car en attendant le score des Blaireaux grimpait et à cette allure vous n’auriez même pas de victoire à laquelle vous raccrocher. Tu t’élanças alors, jugeant qu’il s’agissait là de la meilleure chose à faire. Tu entendis l’un de ces maudits cognards t’arriver dessus et tu te dégageas de sa trajectoire au dernier moment. Tu percevais l’approche de l’attrapeur adverse tandis que la petite balle s’était remise en mouvement. Il ne manquerait plus que cela te passe sous le nez. Tu n’étais pas mauvais perdant, mais le match avait tellement été un supplice qu’une victoire était plus que bienvenue. Un dernier coup d’accélération avant de te saisir du vif d’or et d’entendre siffler la fin du match.

Les vestiaires des Bleus était bien agités après ce match. Cela repassait les événements de la rencontre, discutait stratégies à adopter, analyse des mouvements et amélioration à y apporter. A vrai dire tu n’avais pas trop envie d’y participer, surtout qu’au prochain entraînement, vous en reparleriez forcément. Ton balai remis à sa place dans son casier, tu t’éclipsas du vestiaire. Tu ressentais déjà les effets bénéfiques de ce match sur toi. Tu t’apprêtais donc à reprendre le chemin du château pour repartir à l’université, lorsque tu aperçus la joueuse qui avait empêché à de nombreuses reprises les Aiglons de faire grimper leur score. Tu avais beau penser stratégie et réfléchir à comment aider ton équipe à remporter la victoire, la compétition s’arrêtait pour toi sur le terrain et tu préférais garder de bons rapports avec les équipes adverses. Aussi décidas-tu d’engager la conversation avec elle. Ce serait d’ailleurs plus sympathique de faire la route ensemble, d’autant que ce n’était pas la première fois que tu souhaitais l’aborder. L’occasion ne s’était jamais vraiment présentée et tu n’allais tout de même pas lui courir après parce que tu voulais lui parler de son amie. Et puis ça ne faisait pas non plus une éternité que tu avais cette idée en tête. Tu la rattrapas en l’interpellant ne cherchant pas non plus à la surprendre par derrière.

- Hey Sélénya ! Bien joué sur le terrain !

Ces quelques mots suffiraient normalement à lui montrer que tu ne venais à aucun moment pour la provoquer sur l’issue du match. Ce n’était pas ton genre et tu savais reconnaître que cela n’avait pas vraiment été un bon match pour les Serdaigle, puisqu’à peu de choses près ton intervention n’aurait rapporté aucune victoire.

- ça ne t’ennuie pas si je fais la route avec toi jusqu’au château ? En fait je voudrais te demander un truc.

Tu n’avais pourtant pas la réputation d’être quelqu’un de détestable au point qu’on ne supporterait pas de faire un bout de chemin avec toi, mais question de principe. Bien sûr tu savais aussi qu’en rajoutant cette question juste derrière, tu devrais piquer assez sa curiosité pour t’assurer sa compagnie.

- C’est à propos d’Elise, disons qu’elle m’a sorti d’un mauvais pas, et j’aimerais trouver un petit quelque chose pour la remercier, sauf que je ne sais pas trop ce qu’elle aime ou ce qu’au contraire elle déteste.

Un mauvais pas ? Oui bon pour ne pas dire qu’elle t’avait sauvé la vie… Cela dit, vous vous étiez sauvés la mise mutuellement et cette histoire n’était qu’un prétexte pour toi.

- Tu penses pouvoir m’aider ?


HRP: Du coup c'est quelque part en mars lol

Un grand classique pour un type que d’aller voir la meilleure amie de la fille qui lui plaisait pour lui extorquer quelques informations. C’était même chose courante et la situation inverse existait également. Pourtant ce n’était pas dans tes habitudes, même si tu y avais déjà eu recours quelques fois. Ce peu de fois où tu en avais fait usage, on ne t’avait jamais reçu avec méfiance ou en t’envoyant paître. C’était comme si certaines s’empressaient de lâcher l’information pour courir vite en discuter longuement avec l’amie en question. C’était là le schéma que tu avais pu expérimenter et jamais il ne te serait venu à l’idée que cela se passe autrement. Tu t’étais tourné vers Sélénya naturellement pour tenter d’en savoir plus sur la Serdaigle qui ne sortait plus vraiment de ta tête depuis que de nombreuses péripéties vous étaient arrivées. Évidemment, ce n’était pas pour lui nuire, tu cherchais juste à faire le moins de faux-pas possible. Tu n’avais sans doute jamais autant hésité auparavant, ne t’étais d’ailleurs pas posé toute ces questions, ni douté de ce qu’il te fallait faire, sans quoi cette idée ne se serait peut-être pas imposée à toi.

Une entrée en matière des plus cordiales, une proposition à poursuivre le chemin et oui tu n’avais pas pu t’empêcher de laisser planer un peu de mystère pour attirer son attention et l’empêcher de t’éconduire directement. Tu aurais peut-être dû t’abstenir. Peut-être avais-tu suscité son intérêt mais celui-ci était très clairement teinté de méfiance à ton égard. Tant pis, autant poursuivre directement et lui demander ce que tu voulais. Pourtant tu eus beau tourner tes mots d’une manière que tu pensais habile, ce n’était absolument pas le résultat escompté qui se présenta. Surpris, tu gardas le silence. Même si tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te déballe toute la vie d’Elise, tu ne t’étais pas non plus préparé à cette réaction. Et le pire c’est que tu devais bien admettre que son attitude n’était absolument pas absurde. Quelque part, elle avait raison. C’était même la réponse la plus logique qu’on ait pu te donner jusqu’à présent. Ne valait-il mieux pas s’adresser directement à la personne qu’on voulait connaître ?

- Je ne pensais pas à mal… commenças-tu.

La Poufsouffle poursuivit en t’annonçant qu’elle ne te connaissait même pas. Et là encore, tu ne pouvais nier. A part de très rares occasions sur le terrain de Quidditch, tu n’avais pas vraiment eu l’opportunité d’échanger avec elle. Oui c’était vrai, elle ne te connaissait pas, mais tu n’avais pourtant pas mauvaise réputation. Ce n’était visiblement pas suffisant et au fond tu étais bien placé pour savoir que les apparences étaient trompeuses. Tu n’avais donc pas de contre-argument à lui opposer face à cette dernière déclaration. Tu n’avais cependant pas dit ton dernier mot. Il fallait user de finesse, mais tu sentais que tenter de la duper ne te rendrait pas service. Elle était bien trop méfiante et à première vue, elle n’était pas naïve sur tes intentions.

- C’est vrai, mais j’imagine bien que ce n’est pas en cinq minutes que je vais te convaincre que je suis digne de confiance.

Tu te demandais bien s’il y avait déjà eu quelque chose dans tes actes pour l’amener à penser le contraire d’ailleurs. Dire qu’au fond tu te fichais de ce qu’elle pensait de toi, aurait été mentir. Tu t’étais toujours soucié du regard des autres, tu t’étais toujours inquiété de maintenir les apparences. Et si dès à présent, elle te classait dans les infréquentables, autant renoncer tout de suite. La dernière chose que tu voulais, c’était qu’elle convainque Elise qu’il valait mieux t’éviter. Tu décidas de poursuivre sur ton idée première. Même si c’était un prétexte, ce n’était pas un mensonge.

- Je n’ai pas besoin de connaître ses plus grands secrets, je voudrais vraiment trouver quelque chose qui lui plaise et j’aimerais éviter de faire une bourde. Par exemple lui offrir des chocolats alors qu’elle y est allergique ?

Oh non peut-être pas des chocolats… Ce n’était pas vraiment original et puis des chocolats pour ce que vous aviez vécu ? C’était peut-être ridicule…

- Ou alors si je choisis un ouvrage, ce serait bien qu’elle ne l’ait pas déjà.

Et allez maintenant le cliché des livres pour une Serdaigle… Non, mais c’était bien la preuve que tu avais besoin d’aide.

- Et puis, je cherche aussi à la connaître. Je veux dire, sans passer par les autres.

Ce serait juste plus simple si le destin ne s’amusait pas à précipiter les choses et à mettre vos nerfs à rude épreuve plutôt que de vous laisser avoir une conversation normale. Tu savais déjà des choses sur elle, mais tu avais l’impression que ce n’était pas suffisant et ça te tenait à cœur de ne pas décevoir l’Aiglonne. C’était vraiment très bête de se torturer l’esprit pour un simple présent, surtout qu’elle ne t’avait rien demandé. Tu reportas ton regard sur Sélénya, te demandant si elle resterait sur ses positions ou pas. Y avait-il quelque chose d’autre que tu pouvais dire ou faire pour qu’elle accepte de t’aider ?

Qu’est-ce que tu pouvais bien proposer ? Bonne question. Gagner la confiance de quelqu’un se faisait dans le temps, ou par des actions répétées prouvant qu’il n’était pas question de trahir la personne. La seule personne dont tu avais dû gagner la confiance rapidement était justement Elise. Comment avais-tu fait ? Tu n’avais pas vraiment réfléchi, tu avais suivi ton instinct et vous n’aviez pas vraiment eu le choix. Vous faire confiance était la seule chose qui vous avait permis de vous en sortir, à chaque fois d’ailleurs. Cette confiance-là s’était construite naturellement, pas facilement non plus, mais au bout du compte vous saviez que vous pouviez compter l’un sur l’autre. Pourtant tu ignorais encore beaucoup d’elle. Impossible de reproduire le même schéma avec Sélénya. Tu ne souhaitais guère te retrouver en mauvaise posture avec elle, pour prouver qu’elle pouvait te faire confiance. Alors tu n’avais rien contre le fait d’apprendre à connaître Sélénya ni de la laisser en apprendre plus sur toi au fil du temps, mais d’ici là tu espérais ne plus avoir besoin de ses conseils pour t’aider à plaire à sa meilleure amie. Comme tu l’avais dit, tu comptais bien continuer à fréquenter la Serdaigle et connaître plus de ses facettes.

- Là dans l’immédiat, je ne sais pas trop…

Ce que tu aurais voulu, c’est juste quelques informations sans doute pour gagner du temps, pour ne pas passer pour celui qui offrait le premier truc venu sans se préoccuper du fait que ça plairait ou non. Alors oui sans doute que c’était une solution de facilité, mais tu ne t’étais pas posé toutes ces questions en allant voir Sélénya. Et en écoutant la jeune Poufsouffle, tu te demandais si en voulant bien faire, finalement tu faisais exactement ce qu’il ne fallait pas faire.

- Je sais bien.

Oui, tu pensais comme elle. Tu étais déterminé, pas perfectionniste. Tu admettais tes torts et tes erreurs, et tu recommençais autant de fois que nécessaire pour atteindre tes objectifs. Sauf cette fois. Tu n’arrivais pas à l’expliquer, mais tu ne voulais pas te planter. Tu n’avais pas envie qu’Elise te juge et te trouve lamentable. Oui même pour un simple présent qu’elle ne t’avait même pas demandé. Tu voulais simplement te montrer sous ton meilleur jour, lui plaire. La séduction ne t’avait jamais paru si difficile et tu ne savais pas pourquoi cette fois-ci c’était différent.

- Je la connais peut-être mal, mais je ne crois pas qu’elle soit comme ça, effectivement.

Elise était-elle rancunière ? Tu ne savais pas, mais quand même pas pour si peu. Tu n’étais par exemple pas très fan de la citrouille, mais tu n’en viendrais pas à tourner le dos à celui qui t’offrirait des patacitrouilles s'il l'ignorait. Donc, oui c’est sûr, il n’y aurait pas mort d’homme si tu te trompais. La vérité c’était que tu ne voulais pas marquer de mauvais points avec elle.

- C’est bête, mais je n’ai pas envie de la décevoir.

Lorsqu’elle reprit la parole pour te dire qu’elle ne t’aiderait pas. Tu ne dis rien, masquant ta déception. Tu ne lui en voulais pas, elle t’avait donné ses raisons et elles étaient parfaitement légitimes. Alors est-ce que tu te débrouillerais ? Bien sûr, tu n’allais pas renoncer à lui offrir un petit quelque chose juste parce que tu craignais de te planter. En revanche, tu ne t’attendais pas à la suite de ses paroles. Tu te sentis perdre tes couleurs et ne pus t’empêcher de la dévisager d’abord surpris.
De toute les choses qu’Elise pouvait détester, il avait fallu que ça tombe sur ça. Sur ce qui faisait partie de toi, malgré toi. Sélénya ne pouvait pas savoir, impossible. Tu avais continué à prendre toutes les précautions nécessaires pour que ton secret le demeure. Etait-ce ce fichu destin qui te donnait à nouveau un avertissement ? Qu’il était inutile de chercher à obtenir les faveurs de l’Aiglonne ? Qu’avais-tu à espérer si celle que tu convoitais haïssait ta seconde nature ? Ta mère te l’avait pourtant souvent répété. Il n’y a pas d’histoire classique, pas d’avenir heureux pour les loups qui révèlent leur seconde nature. Le rejet c’est ce qui se passe la plupart du temps. L’interrogation de la jeune femme te sortit de ton mutisme.

- Euh... oui, oui, rien sur les loups et les bestioles, pas de problème. C’est… parfait !

C’était parfaitement dramatique pour toi et si tu avais toujours maudit ta condition, elle te paraissait désormais encore plus difficile à endurer. Toi qui cherchais de l’aide, tu te retrouvais encore plus paumé qu’au départ. A ne plus savoir si tu devais continuer à t’intéresser à l’Aiglonne comme tu le faisais, ou s’il valait mieux dés à présent renoncer à aller plus loin. Pourquoi ce tableau vous avait-il réunis de cette manière dans cet autre monde, pourquoi avait-il attiré ton attention sur Elise si après tu devais faire avec l’idée de la laisser pour ne pas créer une situation douloureuse ? Tu chassas tes questionnements loin dans le fond de ta pensée. Ce n’était pas le moment de te torturer l’esprit.

- Merci, articulas-tu, j’ai réfléchi, je sais ce que je peux te proposer. Si tu en as envie, on peut poursuivre la conversation sur d’autres sujets. On ne se connaîtra pas parfaitement aujourd’hui, mais c’est un début non ? Enfin après, si tu préfères que je te laisse tranquille, je ne le prendrais pas mal. Je ne vais pas m'imposer.  

Tu savais très bien que tu ne la ferais pas changer d’avis aujourd’hui, ce n’était pas ton but. Et si c’était vrai que tu étais d’abord venu lui parler par intérêt, tu pouvais très bien désormais lui parler simplement pour faire connaissance.

Toutes ces questions que tu t’étais déjà posées une fois sans pour autant trouver une réponse convenable, revenaient s’insinuer dans ton esprit. Tu ne savais plus quoi penser et cette révélation de la Jaune ne venait rien arranger. En parler à quelqu’un ? A part Dimka, tu ne voyais pas bien à qui tu irais te confier. Enfin pour ça, il faudrait sans doute tout lui expliquer depuis le début Oui louloup pote en carton xD et là pour le coup tu te demandais bien comment il réagirait. Cependant ce n’était pas le moment pour toi de t’interroger sur tout ça. Tu te torturerais les méninges plus tard. Pour le moment, une idée venait de te traverser la tête. Oui, elle n’était pas Elise, mais c’était de ce que tu savais, la meilleure amie de cette dernière. Tu t’étais promis de découvrir le monde de l’Aiglonne et Sélénya en faisait partie. En apprenant à connaître la Poufsouffle, c’était un peu apprendre à connaître Elise. Cette fois ta demande était désintéressée, peut-être qu’elle ne serait pas perçue comme telle, mais ce n’était pas grave. Tu n’allais pas te justifier, tu n’étais pas un manipulateur. C’est vrai, tu étais un menteur et tu trompais ton entourage, mais tu ne manipulais pas les gens pour qu’ils exécutent tes désirs. Sélénya accepta ta proposition et tu lui adressas un sourire amical.

Même s’il est vrai que tu avais quelques avantages que les autres n’avaient pas forcément à ce niveau, tu prenais le compliment qu’elle te fît avec plaisir. D’autant que pour repartir sur de bonnes bases après ces petits malaises sur Elise et cette histoire de cadeau, tu trouvais que c’était sympa de sa part de repartir sur ce sujet.

- Merci, je pourrais dire pareil de toi ! Notre gardien n’avait vraiment pas l’air au mieux de sa forme…

Limite à croire qu’il le faisait exprès. Ou alors sa dernière petite amie était dans la maison des Blaireaux et il avait voulu éviter une scène ? Tu te souvenais d’une anecdote de ce genre à Durmstrang. Ou alors il était juste distrait et il faudrait lui rappeler qu’il était mieux de laisser ses soucis aux vestiaires quand on avait match de Quidditch.

- Personne n’est irremplaçable, repris-tu amusé, je suis certain qu’ils auront trouvé une autre recrue pour poursuivre. Oui, oui je viens de Durmstrang ! Je sais, je n’ai pas vraiment le profil slave et mon nom n’en a aucune sonorité, ma mère est d’origine irlandaise en fait.

Ce n’était pas la première fois que les gens se perdaient dans tes origines. Il faut dire qu’effectivement ton histoire n’était pas commune. Difficile à expliquer que ta mère avait fui son pays d’origine et qu’elle avait tout simplement trouvé refuge en Russie grâce à ses contacts, après un passage par l’Amérique. Ce n’était pas vraiment la première chose que tu expliquais quand tu rencontrais quelqu’un.
Sélénya sembla un instant hésiter et tu te demandas ce qu’elle n’osait te dire. Franchement après le coup du loup, tu ne voyais pas trop ce qui pourrait t’ébranler. Ha non, cette fois c’était une proposition et tu l’accueillis avec plaisir.

- Je trouve que c’est une excellente idée !

Cela prouvait aussi une chose. Elle n’avait pas accepté seulement par politesse. Il aurait suffi que vous échangiez quelques banalités sur le chemin du retour et elle n’aurait pas eu à te supporter trop longtemps. En revanche, là elle te proposait de t’installer plus longuement. Elle était donc motivée pour une discussion un peu plus poussée. C’est donc naturellement que vous prîtes la direction de la grande salle. Pour poursuivre la conversation, c’était simple, tu avais l’embarras du choix puisque tu ne la connaissais pas du tout. Gardienne des Poufsouffle et meilleure amie d’Elise, clairement c’était vraiment peu d’informations. Elle n’était pas dans ta filière, car même si l’université comptait beaucoup d’étudiants, tu n’étais pas à ce point aveugle pour ne pas l’avoir remarqué. A la rigueur, tu pouvais te brosser un portrait rapide d’après les caractéristiques de la maison à laquelle elle appartenait, mais tu ne comptais pas coincer ton esprit dans les clichés. D’abord puisque vous en étiez à parler Quidditch, autant continuer sur ce terrain, vous sauteriez facilement d’un sujet à l’autre. Tu n’avais jamais eu de mal à entretenir le dialogue, sauf avec peut-être avec l’Aiglonne. Allez savoir pourquoi tu avais eu plus de difficultés pour aborder des sujets les plus banals avec elle.

- Et toi, du coup, tu es gardienne de ton équipe depuis longtemps ? J’imagine que tu n’envisages pas une carrière là-dedans sinon tu ne ferais pas d’études supérieures ?

Oui parfaitement, c’était aussi une manière détournée de lui demander quels étaient ses projets d’avenir et tu saurais sans doute plus facilement deviner dans quelle filière elle se trouvait. Il ne vous fallut pas longtemps pour rejoindre votre destination et tu optas pour un simple jus de fruits. Du reste, tu la laissais choisir la place où s’installer.

Il était vrai qu’à la base, tu ne pensais pas que la conversation s’orienterait comme ça, mais pourquoi pas après tout. Compte tenu de ce que vous aviez fait cette après-midi, le premier sujet était tout trouvé. Le Quidditch. Après avoir échangé quelques politesses sur vos propres performances, la discussion était lancée. Comme ta mère, elle était originaire d’Irlande et ce point commun avait l’air de lui plaire. Tu ris à sa question et lui répondit le plus naturellement du monde. La vérité tout simplement, en omettant quelques détails, ceux qui risquaient de trahir ton secret et celui de ta mère.

- Pour les paysages, aucune idée je n’ai jamais mis les pieds en Irlande, mais je te crois sur parole. En fait ma mère a quitté l’Irlande et le Royaume-Uni juste avant la prise de pouvoir du seigneur des ténèbres. Elle a fait étape en Amérique et puis elle a atterri en Russie grâce aux contacts d’une amie. Disons que c’était plus par opportunité que par choix.

Tu passas sur la mort de tes grands-parents que tu n’avais donc jamais connus. Tu passas sur le fait qu’elle avait fui pour sa vie, pour échapper à une histoire de vengeance. Tu ne racontas pas non plus ce qui s’était passé dans la patrie de ton père et tu évitas également de préciser que l’un des contacts en question était un apothicaire bien au point sur la potion tue-loup. De toute façon si jamais des détails étaient à apporter à ce niveau, ton récit était tout prêt. Ainsi tu ne cachais pas que ton père avait lâché ta mère avant même d’apprendre qu’elle était enceinte, tu ne cachais pas non plus les décès qui avaient frappé ta famille et tu parlais sans problème de ton grand-père de substitution. Il fallait toujours avoir une réponse à apporter et toujours la même pour ne pas se faire rattraper par des mensonges. Dans l’idéal donc, une réponse la plus proche de la réalité possible.

A ton tour tu l’interrogeas sur son poste au sein de l’équipe des Poufsouffle et puis naturellement tu orientas le sujet sur sa présence à l’université. Elle était gardienne depuis un moment déjà, vu son niveau ça ne t’étonnait pas plus que cela.

- J’ai une amie qui a fait pareil après le collège, une pause de deux ans pour faire le tour de l’Europe, c’est comme ça que je l’ai rencontrée.

Peut-être que Sélénya avait fait un truc dans le genre elle aurait préféré je crois d’ailleurs, tu ne savais pas trop. Elle l’aurait sûrement précisé si elle avait voyagé, c’était le genre de choses qu’on aimait raconter. Tu n’osas pas poser la question. D’ailleurs en parlant de Thalia, tu lui laissais ainsi le choix de rebondir à nouveau sur cette absence ou non. S’il t’était aisé d’engager la conversation, tu savais aussi faire attention à ne pas tomber sur des sujets gênants ou sensibles. Peut-être à cause de tes propres secrets ? Il s’agissait là d’une conversation amicale, tu n’avais pas déjà envie que ça tourne mal. Elle te parla alors de ses études et tu repéras vite dans sa gestuelle et sa voix que son choix était réfléchi. Au moins c’était certain, elle ne faisait pas des études par obligation.

- Tu as encore le temps de faire ton choix, et puis sans doute que l’un n’empêche pas l’autre.

Oui si elle choisissait le soin, rien ne l’empêchait d’étudier un peu les animaux à côté et inversement.

- En tout cas, vu le nombre d’espèces présentes à Poudlard, l’enseignement dans cette filière doit être riche.

Tu avais eu le temps de t’en apercevoir, puisqu’au moins une fois par mois, tu rôdais dans la forêt. Et clairement celle-ci avait une faune très développée et variée. A son tour, elle te demanda tes choix de filière et tu n’hésitas pas longtemps pour lui répondre. Il y avait bien longtemps que tu savais vers quoi tu te dirigerais.

- J’ai choisi le droit. J’aime bien l’idée de devenir avocat, mais je me demande si décrocher une place au Magenmagot ne serait pas plus proche de mes objectifs. Du coup, moi aussi j’hésite encore sur mon choix final.

L’idée de défendre les autres te plaisait, mais tu pensais que tu le ferais encore mieux en agissant avec ceux qui établissaient les lois et les décrets ou les modifiaient au fil du temps. Tu ne savais juste pas si le monde de la politique pourrait te plaire. C’était une chose de vouloir changer le monde, dans les faits tu craignais un peu de t’y ennuyer.

- Alors je récapitule, future magizoologiste, passionnée donc par les créatures magiques, joueuse de quidditch depuis tes 13 ans, d’origine Irlandaise, hum… des frères et sœurs peut-être ?

Bon et meilleure amie d’Elise aussi, mais tu ne te voyais pas revenir déjà sur ce sujet, ça paraîtrait étrange. Quoique tu étais curieux et tu te demandais bien quelle était l’histoire de leur amitié. Peut-être pourrais-tu le lui demander après ? Ou alors ce serait une question pour l’Aiglonne quand tu échangerais de nouveau avec elle.  

Rien ne valait une bonne conversation pour connaître quelqu’un. Il ne suffisait pas de regarder une personne pour se faire une opinion. Par exemple, si on regardait Sélénya, on avait du mal à imaginer que ce corps fluet appartenait à une joueuse de Quidditch. On avait encore plus de mal à imaginer qu’elle était en plus douée dans la discipline, mais toi tu pouvais témoigner de son efficacité, même si elle semblait frêle. Tu n’étais pas vraiment doué pour donner un âge à une personne au premier regard aussi tu n’avais pas envisagé qu’elle soit un peu plus âgée que toi. Tu ne savais pas non plus ce qui l’avait conduite à faire une pause de trois ans et comme elle ne te donnait pas de détails, tu n’insistas pas. Tu n’aurais pas non plus eu la prétention de deviner son cursus, juste en la regardant. Elle aurait pu tout aussi bien être attirée par la filière artistique ou même scientifique. Finalement c’était les créatures magiques qui la passionnaient. A l’entendre, tu devinais cependant qu’elle n’avait pas choisi sa voie au hasard. Et au final, on ne pouvait pas non plus tout deviner de toi au simple regard. Ton accent en disait un peu plus sur toi, bien que ton patronyme puisse en dérouter plus d’un. Personne ne pouvait non plus deviner ton lourd secret, ni qu’il t’avait mené à tes choix de carrière. Si tu n’avais pas ressenti toutes ces injustices, si tu n’avais pas mis le nez dans toutes ces inégalités, te serais-tu tourné vers cette voie ? Tu ne t’étais jamais posé la question. Ta filière avait été une évidence, moins le métier. C’était ce que tu expliquais à la jeune femme.

- C’est vrai aussi, je ne me ferme pas. Profitons de nos années d’études, il paraît qu’après, le monde du travail, c’est autre chose !

Ta mère t’avait toujours donné l’impression de courir partout, mais c’était peut-être son tempérament. Il paraissait en tout cas qu’étudier était moins éprouvant que le monde du travail. Penser à son avenir c’était important, mais vivre le jour présent encore plus. Peut-être pensais-tu ainsi parce que tu avais failli mourir l’année de tes six ans.
Tu repartis sur le sujet famille. Quelque chose te disait que tu ne faisais pas fausse route en abordant ce sujet. Le ton qu’elle avait utilisé pour parler de sa famille et de l’Irlande te laissait penser qu’il lui serait facile d’en parler. Oui parce que tu connaissais des familles où parler de sa fratrie c’était une autre histoire. Bien sûr que tu pensais à celle de ton meilleur ami pour ça.

- Je les ai peut-être croisés oui, mais je ne les connais pas particulièrement… Poudlard accueille pas mal de monde, c’est pas toujours évident surtout quand on est étranger. Vous les Britanniques, avez un avantage là-dessus !

Même si évidemment, ils ne pouvaient pas connaître tout le monde non plus. Tu connaissais plus facilement ceux qui évoluait dans ton environnement proche. Les gens de ta maison, les joueurs de Quidditch, les gens de ta filière aussi et ceux que tu avais connus à Durmstrang également. Sélénya te retourna alors la question.

- Je suis fils unique. Mon père a quitté ma mère avant ma naissance et elle ne s’est jamais remise avec quelqu’un, expliquas-tu le plus naturellement du monde.

Cette histoire avait trop profondément marqué ta mère pour qu’elle réussisse de nouveau à s’attacher à quelqu’un. Elle te disait souvent qu’elle n’avait pas besoin d’une autre famille que toi. Le problème c’était qu’elle t’avait aussi communiqué sa crainte de l’attachement. Et si tu te permettais quelques aventures, jamais tu ne t’étais permis de t’attacher à quelqu’un. Plusieurs fois, ces dernières semaines, tu t’étais demandé ce que tu foutais à vouloir absolument te rapprocher de l’Aiglonne. Tu avais beau te raisonner, à chaque fois que tu la croisais, tu te disais que ce ne pouvait pas être qu’un hasard, cette aventure que vous aviez vécue ensemble. Tu avais aussi envie de vivre l’instant présent pour ça, mais tu craignais aussi de le regretter. Tu bus une gorgée de ton verre et repris :

- Après ça ne m’a jamais dérangé, c’est vrai que ça aurait sans doute été plus sympa d’avoir un frère avec qui partager, mais j’ai de bons amis, ça compense !

C’était vrai, tu t’étais accommodé de ton modèle familial assez facilement. Tu n’avais jamais souffert de la solitude parce que tu savais t’entourer et que tu liais facilement amitié avec les autres. Il y avait même eu des amitiés inattendues. Non tu n’enviais pas spécialement les gens qui avaient des frères et sœurs, surtout que finalement certains ne vivaient pas l’entente parfaite dans leurs fratries. Tu hésitas et puis finalement, tu posas la question qui te traversait l’esprit.

- Hum… Je sais que c’est une question que je peux poser à Elise, mais ça me passe par la tête en ce moment. Comment vous êtes devenues amies ? Toutes les amitiés ont une histoire après tout. N’y vois pas là une manière de t’extorquer des infos, ajoutas-tu dans un petit rire, je ne pense pas que ça me servira beaucoup dans mes recherches de cadeaux. C’est juste que ça m’intéresse.

Tu n’avais pas envie que de nouveau, elle se retrouve sur la défensive. Après tout elle était libre de te raconter ce qu’elle voulait à ce sujet.