Le retour à sa réalité avait été pour le moins étrange. Difficile de passer d’un endroit où tous les gens inquiètent et où, pour avancer, il fallait compter sur la présence de quelqu’un. Compter sur les autres, quelque chose qu’Elise n’aimait pas particulièrement mais elle s’en était accommodé, être l’ombre de quelqu’un et en même temps que ce quelqu’un soit aussi son ombre. Après toutes ces aventures, Elise avait eu bien du mal à s’endormir, ce n’était pas dû à une quelconque peur de faire des cauchemars… non ça allait ça, mais l’excitation était encore trop présente en elle et son rythme cardiaque ne voulait pas s’apaiser, elle avait donc attrapé sa plume, son parchemin pour envoyer une lettre à Sélénya… se prenant quelques remarques de ses adorables camarades qui n’avaient vraisemblablement rien de mieux à faire que de râler. Est-ce que vraiment, ils avaient eu l’impression une fois en huit ans qu’essayer de contraindre Elise à faire quelque chose, ça fonctionnait ? Et bien non, si Elise avait décidé d’écrire un roman à sa pote pour lui raconter son aventure, c’était son problème et si la lumière dérangeait ses petits camarades, la porte était grande ouverte, elle les autorisait à s’asseoir dans le couloir. Finalement, elle s’était écroulée sur son lit à force d’écrire et aussi parce que petit à petit l’adrénaline s’était échappée de son corps, ne laissant que la fatigue après avoir dû courir partout et réfléchir tout le temps.

Ce qui la réveilla au petit ce fut sa plume qui lui chatouillait le nez. Péniblement, elle ouvrit les yeux avant que les évènements de la veille ne perturbent son esprit, un regard autour d’elle pour vérifier qu’elle était bien de retour dans son monde. Au vu de la bannière bleue et de l’oiseau en son centre, aucun doute possible, bienvenue chez les Serdaigles. Elle mit encore quelques secondes avant de se redresser dans le lit. Une fois debout, son corps vint lui rappeler qu’hier ça n’avait pas été de tout repos pour elle. Décidément les week-ends ne signifiaient pas du tout repos pour Elise. Un bref regard vers ses affaires de cours, peser le pour et le contre des révisions aujourd’hui et finalement, ce fut le contre qui l’emporta. Elle voulait passer du temps avec Sélénya, pas faire semblant qu’elles révisaient alors qu’elle n’en avait pas la moindre envie de son côté.  Oh que non, elle voulait parler, raconter son après midi d’hier, surtout qu’elle avait du passer pour une folle lorsque sa camarade avait du recevoir ses quelques mots.

Autant des fois Elise était une bonne sprinteuse lorsqu’il s’agissait de dévaler les escaliers pour rejoindre ses amis, la grande salle la bouffe quoi, voir même la salle de cours pour avoir la meilleure place – ce qui correspondait bien souvent à être installée près d’Adèle lorsqu’elle y repensait… ce qui est une très mauvaise chose pour l’ego d’Elise qui n’était pas certaine d’apprécier – Autant aujourd’hui, c’était dur, très dur. Elle fronçait le nez, c’était son dos surtout qui avait morflé, elle aurait dû demander à Aidan de vérifier qu’elle n’avait pas de bleus. Cette pensée la déstabilisa à l’instant même où elle exista, euh… non elle n’aurait rien dû lui demander du tout en fait. Une fois dans la grande salle, son regard se posa sur la longue table des Serdaigles, elle dressa un timide sourire à Aidan, bien que ne le rejoignant pas. A la place, elle rejoignit son frère pour déposer un bisou sur sa joue et lui murmurer « Je t’aime. » Après une longue hésitation, un regard vers la table des Poufsouffles, enfin surtout vers Sélénya en fait, elle finit par s’installer à côté de son frère, laissant à son amie le droit de manger en paix avant qu’une tornade blonde ne vienne s’installer à côté d’elle et monopoliser toute son attention, oui parce qu’aller à la table Poufsouffle mais ça ne posait aucun problème à Elise et puis si pour que ça râle moins, il fallait porter la cape avec un blaireau et avoir la cravate jaune et noir et bah ce n’était pas mais alors pas du tout un problème pour la Serdaigle… Surtout que la veille elle avait bien porté les habits de Serpentard.

Elle picorait, plus qu’elle ne mangeait, comme souvent le matin, son regard se reposant sans cesse sur sa camarade, attendant le moment où cette dernière aurait ENFIN fini de prendre son petit déjeuner… Elle mettait sa vie d’ailleurs Sélénya, voilà pourquoi elle faisait du sport et hop le retour de la pote saleté ce n’était pas parce qu’elle aimait le Quidditch plus que ça, c’est juste que sinon elle allait devenir une bouboule. Elle ne s’intéressait pas non plus aux conversations à sa propre table, attendant, patiemment – plus ou moins -.

A l’instant où Sélénya se leva, Elise fit de même dans la foulée délaissant son bol encore bien rempli pour la rejoindre, ignorant ses muscles qui protestaient. Est-ce que ça se faisait de lui sauter dessus – pas physiquement hein elle est pas devenue stupide pendant la nuit – dès le matin, peut être pas, raison pour laquelle elle lui demanda une fois à sa hauteur, après avoir dit bonjour – parce que la politesse c’est très important. « Tu as des choses à faire ce matin ou je peux te monopoliser un peu de ton temps ? » Un peu, tout était relatif bien entendu. Est-ce qu’elle avait lu sa lettre où est ce qu’Elise avait envoyé ça trop tardivement ? Ou alors c’était peut-être la faute d’Iseult, ce pigeon n’était vraiment pas très doué. Elise la regardait avec espoir, espoir qu’elle ait rien à faire, espoir qu’elle veuille bien lui conter l’histoire qui s’était déroulé hier… Mais étonnamment, à aucun moment, elle n’avait peur de se faire juger et que son amie la prenne pour une folle, certes ce n’était pas courant… certes si elle avait lu la lettre d’Elise, ça avait dû la surprendre un peu beaucoup mais étant donné qu’Elise n’était pas du genre à raconter des histoires pour attirer l’attention des autres, elle ne craignait pas tellement que Sélénya ne la croit pas, ce qui pouvait être totalement stupide hein, mais elle avait confiance et une envie de parler qui se lisait dans son regard.

Aux deux premiers mots de Sélénya, il devint évident que si, elle avait reçu la lettre et que ça avait été vraisemblablement une horreur d’attendre qu’Elise ramène ses fesses. La seconde phrase confirmait d’ailleurs cela et Elise eut un immense sourire en comprenant que ça l’intéressait de savoir tout ce qui s’était déroulé dans l’autre monde. Tant mieux parce qu’Elise avait très envie de se confier à quelqu’un de confiance.  En revanche, pour ce qui est de tout comprendre, il y aurait sûrement des mystères parce qu’Elise n’avait pas toutes les clés en main non plus, qu’il y avait de nombreuses choses qu’elle n’avait pas compris. Elle ne pouvait expliquer ce qu’elle ne comprenait pas. Il lui faudrait étudier bien des choses pour pouvoir fournir toutes les réponses aux questions que Sélénya allait poser et au son de sa voix, cela promettait un grand nombre de questions. Elise répondit joyeusement « Je ferais tout mon possible pour que ça soit clair pour toi. »

C’est ensemble que les deux camarades franchirent la porte tandis que Sélénya s’exprimait. Elise esquissa un léger sourire en l’entendant parler de la lettre à laquelle elle n’avait pas répondu car voulant en parler directement en face à face. Et puis connaissant la fan des animaux qu’était mademoiselle Macmillan, pour sûr qu’elle n’aurait pas envoyé sa chouette à point d’heures, surtout que sa chouette était riquiqui, sans offense mais elle devait pas pouvoir porter plus d’une lettre. En revanche la dernière phrase fit rigoler légèrement Elise. Elle connaissait pas mal l’impatience et compatissait, un peu. Elle fit mine de réfléchir quelques secondes avant de demander le plus innocemment du monde « Tu penses que j’aurais dû attendre aujourd’hui avant de t’en parler ? » De toute façon, elle n’aurait pas réussi à ne pas envoyer de lettres, elle hésitait plus à essayer de rejoindre la salle commune des Poufsouffles pour discuter avec Sélénya qu’autre choses… En plus, sans vouloir être désagréable avec Sélénya, Elise trouvait que sa lettre était tout ce qu’il y a de plus clair, si son amie ne faisait pas d’efforts pour comprendre aussi, est ce que c’était vraiment la faute de la demoiselle.

Les questions pleuvaient, bien sûr qu’elle allait tout savoir, Elise n’était pas du genre à cacher quoi que ce soit – bon sauf quand il s’agissait de sa merveilleuse famille de l’autre côté de la Manche mais c’est une autre histoire, et puis ce n’était pas le cacher, c’était ne pas lancer le sujet outre mesure. Elise ouvrit la bouche pour répondre à la première question, sauf qu’elle n’en eut pas vraiment le temps qu’il y avait directement la seconde. Elise ferma donc la bouche, comprenant qu’elle n’aurait pas le temps de réussir à répondre avant que Sélénya n’ait terminé de poser toutes les questions qui lui passaient par la tête. En revanche, elle lui tira la langue, très mature, en l’entendant dire que même pas elle avait pensé à sa meilleure amie. Elle n’avait pas vraiment l’impression qu’on lui ait demandé son avis donc le tirage de langue était obligatoire. Ah ? Elle s’arrêtait de parler, c’était donc le moment pour Elise de… rien du tout et c’était reparti pour l’enchainement de questions. Elle avait beaucoup, beaucoup de questions, beaucoup de zone d’ombres visiblement. A aucun moment, cela n’agaça Elise d’avoir sa meilleure amie qui la torpillait de question, son regard pétillait plutôt en constatant qu’elle avait effectivement bien réfléchit à tout durant la nuit et le petit déjeuner. Avait-elle seulement trouvé le temps de dormir un peu ? Rien était moins sûr mais ça ne l’empêchait pas de réfléchir vraisemblablement. Son cerveau fonctionnait à plein régime.

Elle hocha la tête en suivant le regard de la demoiselle pour regarder où elle comptait s’installer, non parce que d’après Elise, il était tout de même préférable que peu de monde puisse écouter. Pas très envie que ça se sache, pas très envie qu’on la prenne pour une tarée… et par extension Aidan qui avait vécu la même chose qu’elle, puis Sélénya qui lui faisait entièrement confiance pour le coup. Enfin, si elle avait bien compris la dernière fois, elle avait bel et bien la confiance de son amie et ce depuis quelques temps déjà. Elle installa donc sur le banc avant de commencer à faire le tri des questions de Sélénya, tout en essayant d’être rapide pour ne pas faire mourir d’impatience son amie. « J’étais dans un couloir, vers la bibliothèque et il y avait des sortes de chuchotements mais pas dans une langue que je connaissais… en fait je ne suis même pas sûre que ce soit une langue qui existe vraiment. » Elise aurait bien essayé d’imiter ce qu’elle avait entendu mais ce serait ridicule, elle continua donc « Il y avait Aidan aussi qui entendait ce bruit et tu me connais, je suis curieuse, ça semblait provenir d’un tableau, qu’est-ce que j’ai fait je te le donne en mille… j’ai posé la main dessus. » Elle fit un sourire à Sélénya l’air de dire on ne se refait pas. « Je crois que j’ai été aspiré à ce moment là et je crois bien qu’Aidan a voulu me rattraper et du coup est venu avec moi. » Après est ce que c’était aléatoire les personnes ou est ce que ça devait se passer ainsi, Elise ne saurait dire, elle fronça les sourcils « Tu as loupé certes une aventure mais épuisante comme jamais, sérieux j’ai mal partout entre les escaliers à monter et à descendre, Aidan qui me pousse dans un endroit pour pas qu’on se fasse chopper, la danse… non mais sérieusement ça existe encore des gens qui aiment danser ? Sans parler de l’autre abruti là qui m’a défoncé le dos en me sautant dessus pour me plaquer au sol… Je suis sûre j’ai des bleus. » Oui jolie digression de la part de la Serdaigle qui repris donc après une respiration « Et puis ce n’était pas le meilleur endroit où passer une après-midi, je t’assure. » Après, niveau stratégie, il aurait été beaucoup plus évident pour Elise de se retrouver là-bas avec Sélénya puisqu’elles se connaissaient, si avec Aidan ça aurait pu très mal se passer puisqu’elle ne le connaissait pas du tout.

Elle fronça le nez en se remémorant le côté couple de l’histoire. Là, étonnamment, le regard de la pitchoune était fixé sur ses pieds tandis qu’elle ne baragouinait pas d’une voix très claire, signe que ça la déroutait légèrement tout ça « Je le connais depuis Septembre… mais je lui ai jamais vraiment parlé… J’avais pas le temps. » Oui alors niveau excuse bidon, c’était une des pires celle-là. Elise se frotta les tempes, fronçant le bout du nez avant de dire « J’étais dans un monde parallèle, je n’ai pas vraiment eu voix au chapitre. Et puis tu n’étais pas vraiment présente dans ce monde sinon je suis sûre que tu aurais été au courant. » Ah bah c’est sûr, vu le manque de discrétion des deux imbéciles dans ce monde-là, tout le monde sans exception semblait être au courant. Elise prit donc une profonde inspiration avant de dire encore plus doucement mais certainement plus clairement puisqu’il s’agissait de râler « Et puis je te l’ai dit dès que je suis rentrée que j’étais en couple. » Ce n’était vraiment pas le genre de sujet qu’elle aimait aborder que les histoires sentimentales, néanmoins elle souffla bien que la gorge un peu nouée tellement cette phrase était aux antipodes des volontés d’Elise dans la vie « Si un jour, je venais à être en couple dans ce monde-là, crois-moi que tu serais au courant. » Voilà, comme ça Sélénya n’avait pas à s’inquiéter de quoi que ce soit, son amie ne lui cacherait jamais pareille chose. Elle demanda, sans pour autant la regarder de nouveau, un peu gênée « J’ai tout bien expliqué où il y a d’autres choses que tu voudrais savoir ? » Non parce qu’elle voulait bien tout raconter mais en fonction de ce qui intéressait Sélénya, pas sûr qu’elle veuille un compte rendu des adorables amies d’Elise dans cet univers.

Il faut croire que Sélénya connaissait ultra bien Elise puisqu’elle mettait exactement le doigt sur une chose qu’Elise ne maîtrisait pas le moins du monde, la patience. C’était sensé s’améliorer avec le temps à ce qu’il paraîtrait. Et bien Elise n’en avait pas l’impression, elle avait eu envie que son amie l’apprenne tout de suite alors, pour le coup, ça aurait été impensable d’attendre. Elle fit néanmoins la moue pour avoir l’air un peu attristée que son amie pense cela d’elle, même si c’était totalement la vérité. Elle n’arriva d’ailleurs pas à garder cette tête puisqu’elle finit par hausser les épaules avant de reconnaître « Probablement pas, c’était très dur de ne pas faire le mur pour essayer de rentrer dans ta salle commune. » La suite des propos de Sélénya était pour le moins rassurante, elle aussi serait du genre à ne pas attendre et à vouloir prévenir Elise rapidement. Cela gonfla la poitrine de la Serdaigle de reconnaissance, elle s’empressa donc de répondre joyeusement « On devrait avoir un lieu de rendez-vous pour ce genre de choses tardives. Tu penses qu’on pourrait accéder à l’infirmerie ? » Logique de penser à cet endroit comme planque, Sélénya avait carrément l’infirmier dans la poche, si elle demandait elle aurait sûrement l’autorisation et il la couvrirait, et donc Elise par extension. Et pourtant, si son plan était infaillible – comme tous les plans d’Elise d’ailleurs -une grosse douche froide la calma en l’espace de quoi trois secondes, jamais Sélénya n’avait pas une seule seconde fait mention d’Elise dans l’histoire. Elle n’avait jamais parlé de lui dire à elle, elle en parlerait, ça oui mais c’était incroyablement présomptueux de penser que ce serait d’elle dont elle parlait et à elle qu’elle se confierait. Elise se mordilla la lèvre essayant de revenir sur ses paroles précédentes. « Je voulais dire pour que je te raconte s’il m’arrive des choses, pas que tu sois obligée de tout me raconter toi de ton côté, s’il y a des choses que tu ne veux pas me dire, je comprends. »

Puis vint le sujet dont tout découlait la lettre, les heures d’attentes et les nombreuses, très nombreuses questions. Elise essayait de raconter tout dans sa globalité, ne s’attardant pas, pour le moment, sur les détails, peignant une vision d’ensemble de la situation qu’elle avait vécu. Par la suite, ce furent les questions de Sélénya qui la guidèrent sur ce sur quoi elle devait se pencher. A la toute première question, elle regarda sa meilleure amie, elle aurait pu se la jouer fille courageuse et essayer de faire croire qu’elle avait géré, qu’aucune peur ne l’avait envahi, mais à quoi bon jouer la fille forte, si c’était pour mentir, ça n’avait aucun intérêt de se confier. « Si, j’ai eu peur, j’étais même en pleine crise de panique. J’avais peur de mourir mangé par un tableau et qu’on ne retrouve jamais mon corps. » Elle n’essayait pas de faire la fière, se confiant sans aucune limite à Sélénya, lui lançant même un regard l’air de dire je suis une trouillarde hein. Elle reprit « Une fois dans ce monde, c’était différent. Déjà, je n’étais pas seule et nous avions une mission, celle de retourner chez nous, alors on était concentré, c’était pas pareil. »

Ah même la danse ça semblait faire tiquer Sélénya, comme quoi c’était normal qu’Elise réagisse ultra mal, si même la grande sportive Sélénya n’était pas emballé. Elise hocha donc la tête une première fois à la première question, puis une seconde fois à la deuxième question et pour la troisième, hocher la tête à un pourquoi, ce ne serait pas des plus judicieux, elle reprit donc la parole. « J’ai dû danser parce que la Elise de là-bas est une emmerdeuse qui aime être sous le feu des projecteurs et qui semble être adulé par tout le monde. Aidan a l’air d’être pareil d’ailleurs, ça doit être la raison pour laquelle ils arrivent à se supporter. » Elle esquissa un sourire, en songeant que pour être enceinte de lui, c’est pas juste se supporter qu’ils devaient arriver à faire ensemble. « Ils ont organisé une soirée en l’honneur d’une ministre nouvellement nommé et eux… ils ont décidé de faire une espèce de bal pour l’accueillir… On a bien essayé de se défiler mais le planning, c’est le planning semble-t-il et on avait 15 minutes à devoir garder tout une école au sein d’une même pièce… Une danse était la solution… puis une demande en mariage éventuellement. »

Elle ne précisa pas pour le baiser, pas encore, par contre y penser, parler d’Aidan, tout cela faisait qu’elle ne respirait pas la sérénité, qu’elle regardait ailleurs, gênée. Pour ne rien arrangé, Sélénya semblait vouloir lancer le sujet pile sur ça. La Serdaigle déglutit longuement, la regardant complètement perturbée et secouant négativement la tête tout en répondant l’inverse de ce geste « Oui bien sûr que ça collait bien dans l’autre monde. » Et pourtant si elle était tenté de dire que c’était parce qu’il avait été la seule personne qu’elle connaissait, la seule personne à se servir de son cerveau et à ne pas embrasser la cause mangemort, ce ne serait pas lui rendre justice que de dire ça, mais l’autre question la perturbait d’autant plus. Alors, elle fit ce qu’elle faisait de mieux, elle rationnalisa « Si j’ai été envoyé là-bas, par hasard, avec la première personne qui passait dans le coin et que dans cet univers j’étais en couple, dois je reproduire ce qui s’est passé là-bas, ici ? » Elle observa son amie, avant de reprendre « Si, ça avait été toi avec moi là-bas ? Si c’était toi que j’avais dû embrasser, est ce que ça voudrait dire qu’ici nous devrions être un couple ? » Elle lui posait la question mais de son côté, elle connaissait la réponse, un tableau n’avait pas à régir ses relations. Elle était reconnaissante d’avoir rencontré Aidan de cette façon, était même ravie de le connaître et voulait devenir son amie, dans ce monde parce qu’elle aimait beaucoup la personne qu’il semblait être et la présence qu’il avait été, mais ça s’arrêtait là.

Pour le coup, le sujet suivant était beaucoup plus simple pour Elise, raconter des faits qui n’impliquaient pas ses sentiments, était une évidence pour elle. « Alors il y avait deux filles qui étaient collées à nos baskets, une blonde et une rouquine mais quand je te dis collée… purée des glues impossible de faire un pas sans que ça te saute dessus. Elles voulaient qu’on organise la soirée pour la ministre, qu’on aide les autres. Pour ma part, faire des guirlandes et vérifier les plans de tables dans un monde où je ne vis pas, ça ne m’intéresse pas. Du coup, on essayait d’esquiver avec Aidan et de retrouver ce fichu tableau, sauf qu’il y avait une des deux qui venaient à notre rencontre, alors il m’a poussé pour pas qu’elle nous voit… Oui c’était peut-être un peu lâche après réflexion mais je te jure même toi qui aime tout le monde tu les aurais pas supporter. » Bon après, c’était un raccourci facile de dire que Sélénya aimait tout le monde, elle n’aimait pas vraiment Adèle et pas non plus les moldus. « Pour rentrer, on a aidé la rébellion à libérer des prisonniers dans les cachots. » Elle se releva difficilement pour soulever son t-shirt et montrer son dos à Sélénya « D’ailleurs est ce que j’ai un bleu ? Non parce que tu vois la rébellion ils nous connaissaient, on avait pas une très bonne réputation… et un idiot m’a sauté dessus et m’a explosé contre le sol. Bref je pense avoir été la Serpentarde la plus traîtresse de tout l’univers en un après midi et la préfète la plus foireuse au monde durant ce même après midi. » Pourtant si elle souriait, son sourire s’effaça l’espace de quelques secondes lorsqu’elle reconnut « J’ai aussi trahi un ami de mon père qui semblait avoir confiance en moi. Et tu veux que je te dise, je ne sais même pas si j’ai bien agi dans tout ça. » ça faisait beaucoup d’informations d’un coup. Elise garda donc le silence un peu, le temps que Sélénya puisse tout intégrer et aussi pour pouvoir répondre aux interrogations, au cas où certains points qui semblaient clair à la demoiselle de Serdaigle qui avait vécu l’aventure, ne le soient pas pour Sélénya qui devaient vivre l’aventure à travers elle.

Bon si l’idée d’Elise était, d’après elle-même, excellente. Il faut avouer qu’elle ne rencontrait pas un franc succès chez Sélénya. Alors franchement, c’était désolant que Sélénya ait des scrupules à utiliser l’infirmerie.  Elle semblait même gênée, ce qui était tout de même très surprenant. Son esprit était il en train de jouer un scénario où elle se faisait enguirlander par l’infirmier de l’école ? Elise fronça les sourcils, franchement ça aurait été tout bénef pour elles deux, dommage que Sélénya ne veuille pas essayer mais bon, sentant que c’était un sujet épineux pour sa meilleure amie, elle évita d’insister, se payant le luxe de lui offrir un sourire « C’est pas grave, t’en fais pas, on trouvera bien. » Et pour le coup, Elise était dans le vrai. Elle aurait dû se douter que Sélénya serait pleine de ressource quand il s’agissait de trouver un endroit convenable. Alors certes vu qu’Elise était un peu de mauvaise foi, elle trouvait que niveau charme, une infirmerie c’était quand même mieux que des toilettes et puis zut, à quoi ça servait d’avoir comme pote un gars du personnel si elle ne pouvait pas en profiter un petit peu ? « Oui, on pourrait aussi se donner rendez vous aux toilettes, il doit y avoir peu de personnes qui ont cette idée, on devrait donc être tranquille.  Ça me va. »

La compréhension de Sélénya ne laissait aucun doute. Elle avait parfaitement saisi qu’Elise ne voulait la contraindre à rien du tout. Pour le coup, Elise faisait même de son mieux pour ne jamais chercher à en savoir plus que ce que voulait bien lui dire Sélénya. En revanche, pour sa part, il ne lui semblait pas qu’elle cachait grand-chose à sa meilleure amie et pour cause, Elise ne se souvenait pas avoir quelque chose à cacher. Bien sûr, il y avait des sujets qu’elle aimait plus aborder que d’autres, comme tout le monde mais en règle générale, elle se confiait plutôt facilement à la demoiselle Poufsouffle. C’est donc avec amusement qu’Elise rétorqua « Encore faudrait il pour cela que j’arrive à tenir ma langue et ce n’est pas chose évidente. Je te tiens au courant de tout, je crois. » Pour donner raison à ses propos, Elise parlait, racontait son aventure essayant au mieux d’être clair et de ne pas s’éparpiller en détails qui auraient pu lui sembler important à elle mais qui ne l’était pas pour le reste du monde.

Au fur et à mesure qu’elle avançait dans son récit, elle pouvait voir que cela faisait se poser des questions à Sélénya. La plupart du temps, elle arrivait à garder le silence afin de ne pas perturber Elise dans ses explications mais il y avait aussi des fois où la curiosité était plus forte que la patience et où elle coupait le récit. Ce qui n’était pas plus mal pour la Serdaigle qui en profitait pour faire une pause et reprendre sa respiration.

Visiblement, comme sujet très important et très perturbant pour Sélénya, il y avait le coup du mariage… Oh qu’elle ne se méprenne pas, pour Elise aussi ça avait été perturbant, horrible et tout le tralala. Elle hocha une première fois la tête à la première question, puis une seconde fois à la tête à la deuxième question. Heureusement que ça avait été Aidan, purée déjà qu’Elise avait eu du mal si ça avait été avec une autre personne que son compagnon fictif, ça aurait été un gros problème. Elise retint un petit rire, nerveux celui là, en constatant que Sélénya plaquait sa main sur sa bouche afin d’éviter que ça fasse le tour de l’école… Alors pour le coup, elle n’avait pas tellement à s’en faire, vu le malaise d’Elise à parler de ça, elle avait bien fait attention à ce que personne ne puissent entendre les demoiselles, même en tendant l’oreille. Elle reprit donc la parole « Tu as bien entendu, je lui ai demandé de captiver notre auditoire en me demandant en mariage. C’était sûrement le moment le plus gênant de ma vie. » Elle réfléchit quelques secondes avant de compléter ses dires « Et de la sienne aussi je suppose. »  C’est vrai que dans les trucs les plus importants du monde, il y avait cette histoire de bague. Alors pour le coup, le niveau de gêne d’Elise venait d’augmenter de plusieurs niveaux à la mention de cette merveilleuse bague. Elle regarda son doigt où la bague avait été l’espace de quelques heures, avant de confirmer la question de son amie « Il y avait une bague. » Pour la suite, elle hésita quelques secondes, mais fit preuve de franchise « Je l’ai gardé. » Parce que ça lui avait semblé important de le faire à ce moment-là, qu’elle pensait qu’elle ne pourrait pas repartir dans ce monde avec et le fait de savoir que si, ça lui avait fait plaisir. Cela avait rendu l’expérience réelle « Elle est toujours dans mes affaires, C’est Aidan qui l’a fabriquée pour donner le change alors ce n’est pas la bague la plus exceptionnelle du monde mais je l’aime bien. » Et puis les compliments qu’il avait dit, eux étaient réels et ça faisait un beau souvenir.

Par contre, le sujet Aidan était beaucoup plus compliqué parce que Sélénya creusait, logique qu’elle veuille en savoir plus mais c’était ultra déstabilisant pour la Serdaigle vraiment peu coutumière de ce genre de questions. Alors elle tentait de s’en tirer en rationnalisant. Au moins, ça avait le mérite de faire rire Sélénya, qui se prit quand même un mini regard noir par principe. Avant qu’elle ne réponde à sa phrase par une phrase complètement énigmatique pour Elise qui la regarda les sourcils froncés « Si c’est une manière de dire qu’éventuellement, on aurait pu finir en couple suite à un baiser. Je t’arrête tout de suite. Tu te souviens que… je… euh… c’étaitunpeulapremierefois… donc… euh… pas forcément… euh… sensationnel. » Pourquoi elles étaient pas dans l’herbe pour parler de ça, ils étaient où les brins d’herbes qu’Elise pouvait arracher en toute quiétude  afin de déstresser… Parce que là, c’était pas du tout un sujet qui lui plaisait, pourquoi elles ne parlaient pas études ? même parler bestioles – même si les bestioles c’est craignos – c’était plus agréable pour Elise.

Le sujet bleu dans le dos arrivait donc à point nommé et fut une échappatoire parfaite pour Elise, qui, heureusement pour elle, n’arrivait pas à lire dans les pensées de son amie et ne voyait pas son expression parce que pour sûr qu’une fois de plus ça l’aurait déstabilisé. Au moins, elle était dans le vrai, cet imbécile de sorcier lui avait explosé le dos et dire qu’elle n’avait même pas pu se venger… voire même qu’elle l’avait aidé… décidément certaines alliances se faisaient dans la douleur et pas de gaieté de cœur. M’enfin elle avait choisi le moins pire dirons nous.

Elle esquissa un sourire en entendant qu’elle était la meilleure des amies. Alors pour le coup aucune idée mais elle faisait de son mieux pour ne pas être la pire. En revanche, la meilleure Serdaigle, c’est sûr que ce n’était pas elle, loin de là et pour cause, elle ne cherchait pas à l’être, ne comprenait pas ce qu’elle foutait dans cette maison où il y avait quand même une grande majorité d’emmerdeurs au possible et de gens dont l’intelligence devait être abstraite. Elle reçut le bisou de sa meilleure amie avec un immense sourire plaqué sur le visage… avant de se souvenir que lors de cette aventure, ça n’avait pas été la fille la plus agréable au monde. Elle espérait qu’il s’en était bien remis même si en même temps elle n’avait pas du tout envie d’y retourner dans ce monde de barge.

Bien sûr qu’elle savait que ce que disait Sélénya était juste et emprunt de vérité, ici elle n’avait trahi personne mais tout de même, la personne qui s’était écroulée sous ses yeux, elle était la seule responsable de cela et sûrement que si elle n’avait pas été là-bas pendant quelques heures, il n’aurait rien eu… bon par contre d’autres auraient subi, ce qui n’était pas forcément mieux. « Je suis d’accord avec toi, ici je n’ai trahi personne. » Est-ce qu’elle voulait bien lui en parler ? Oh que oui, elle avait moins de mal à parler de ce qui s’était passé avec ce type que ce qui s’était passé avec Aidan… désolée Aidan. « La rébellion si je puis dire… Enfin surtout le barge qui m’a bousillé le dos avait besoin qu’un des leurs prenne l’apparence du secrétaire de la ministre. J’avais dit oui pour aider… Sauf que le secrétaire était un ami de mon père… Sympathique en plus, il avait l’air perturbé par le fait que j’ai envoyé un hibou alarmiste à mon père… D’ailleurs je sais pas ce qu’avait envoyé Elise, super simple de broder, j’ai adoré. Sans oublier que c’est Aidan qui m’a prévenu que je le connaissais… au moment où cet ami m’a attrapé pour un câlin surprise. Bref pas le meilleur moment de ma vie et je l’ai entraîné plus loin pour que les autres puissent prendre son apparence. Sauf qu’ils l’ont assommé et violemment… Il me faisait confiance et je pense que ça a été ma pire action à ce jour.  Je crois que j’ai été naïve, je pensais que tout pouvait s’arranger pacifiquement mais ces gens étaient opprimés et ils luttaient pour leur survie là où moi… ma seule préoccupation c’était de rentrer dans mon monde où tout se déroulait bien et où les gens que j’aimais se trouvait. » Elise pencha la tête avant de marmonner « En gros, ce n’est pas une expérience que je te conseille… c’est ultra compliqué de s’adapter et c’est que des problèmes en continue. »

Il se passait quelque chose. Elise en était convaincue. Déjà parce qu’elle avait toujours été pour le moins observatrice, sinon comment réussirait-elle à trouver les choses qui blessaient les gens, mais surtout parce qu’à force de fréquenter Sélénya, elle commençait à la connaître tout de même un peu. Ce serait déplorable sinon après tout ce temps passé ensemble que son amie reste une énigme pour elle. Et pour le coup, Elise n’avait pas fait de progrès depuis Septembre, sa curiosité était toujours là, tapis dans l’ombre et ne demandant qu’à bondir afin d’assouvir ce désir de toujours en connaître plus. Sauf qu’elle avait aussi appris à composer avec le fait que les gens ne voulaient pas forcément se confier à la première venue.  Elle devait donc laisser de côté toutes ses interrogations sur pourquoi le comportement de Sélénya changeait à chaque fois qu’Elise faisait mention de l’infirmerie Sérieux qui m’a donné cette truffe, elle comprend rien, je peux changer de perso ?. Un jour ça viendrait, n’est-ce pas ? Si elle ne l’embêtait pas trop, Sélénya finirait par lui faire un peu plus confiance et reconnaître que l’infirmerie et bien ça lui foutait la trouille tout simplement et que c’est pour cela que Sélénya préférait que le point de ralliement soit les toilettes. Ah non mais c’est sûr que là c’était le top du top, il n’y avait que Sélénya pour préférer s’asseoir sur des toilettes que sur un lit bon pas douillet, parce que faut pas rêver les lits de l’infirmerie ce n’était pas le top confort, mais c’était toujours mieux que des cabinets.

Alors c’est fou mais dans l’esprit d’Elise, tout ce qu’elle racontait n’était pas particulièrement positif, d’accord Aidan était sympa, ça elle le reconnaissait sans le moindre mal – encore que – mais alors les aventures qu’ils avaient vécues ensemble, définitivement ne rentraient pas dans la case du positif. Puis alors le pire, c’était quand même que Sélénya avait le chic pour relever que les points stressants pour Elise. Non mais son but à mademoiselle Poufsouffle c’était de déstabiliser au maximum son amie ? ça y ressemblait réellement. Elle faisait exprès d’en rajouter une couche en disant qu’elle aurait aimé voir ça. Elise lui jeta un regard entre désespoir et agacement en voyant que ça la faisait rire en plus « Elle est passée où ta compassion pour ce que j’ai vécu ? » Rien que d’imaginer Sélénya assistant à cela, déstabilisait encore plus Elise.

Evidemment dans le genre grande championne du tendre le bâton pour se faire battre, Elise trouva quand même le moyen d’en rajouter une couche pour bien baigner dans le malaise en précisant qu’elle avait gardé la bague. En voyant l’expression de Sélénya, il était évident qu’elles ne pensaient pas du tout la même chose, là où Elise l’avait gardé en souvenir de cette journée, de la même façon qu’elle aurait pu garder l’insigne de préfet ou un des bracelets qu’elle avait mis, Sélénya semblait à des années lumières de songer à cela. Son sourire, son regard, tout démontrait que les pensées de son amie étaient loin d’être aussi innocentes que celles d’Elise. Et puis alors la question, elle parlait de quoi de la bague ou d’Aidan ? Si c’était de la bague, peu lui importait en fait, c’était un souvenir, une bague faîte sur le moment pour faire illusion. D’ailleurs, elle était sensé ne pas durer dans le temps, Aidan l’avait dit, pourtant elle était toujours là… ça aussi c’était une énigme, au même titre de l’aspiration par un tableau de deux personnes. Elle partit du principe que ce que voulait savoir Sélénya c’était le sujet Aidan. C’était bizarre comme question non ? « Oui. » Sincèrement, elle ne se voyait pas argumenter à ce sujet, Sélénya semblait déjà être prête à organiser son mariage ici, donc autant ne pas lui donner de raisons de faire fonctionner le cerveau de la demoiselle qui fonctionnait beaucoup trop vite pour Elise.
Un sourire apparut sur le visage de la Serdaigle, bien entendu qu’elle pouvait la voir. Là, pour une fois, ce n’était pas un sujet qui la mettait mal à l’aise, raison pour laquelle, elle répondit joyeusement « Ne t’attends pas à un solitaire brillant de mille feux sur une bague en or. J’aurais bien aimé hein, mais non. »

Le retour du sujet angoissant va avoir lieu dans trois… deux… un et voilà au moment où Sélénya prononça le mot attends, c’était foutu, Elise su qu’elle n’esquiverait pas le sujet baiser. Est-ce que feindre qu’elle ne voyait pas de quoi son amie parlait était une bonne solution ? Non probablement pas. Garder le silence semblait être la meilleure chose à faire, avec un peu de chance Sélénya allait oublier de quoi elle parlait ou à l’inverse rembobiner elle-même dans sa tête ce qu’avait dit Elise et hurler, non parce que là c’était même plus crier, sous le regard complètement dépite de la Serdaigle qui avait envie de disparaître, là maintenant tout de suite. Ah non mais le regard d’Elise exprimait à la perfection le désespoir dans lequel Sélénya la plongeait. Et si ce n’était que ça, si elle posait juste une question à laquelle Elise n’aurait même pas besoin de répondre oralement, juste un bref hochement de tête et emballé c’est peser. Mais pas du tout, Sélénya les enchainait sans qu’Elise ne puisse répondre, parce qu’elle allait beaucoup trop vite, sur un sujet qui la déstabilisait complètement.
Son sarcasme qui aurait dû être là, à la phrase tu peux tout me dire sans honte, s’était barré ah mais clairement si en temps normal elle aurait pu répliquer un truc, là elle se contentait de la regarder, complètement paumée. « Je… » Il fallait se concentrer, les faits juste les faits, elle en était capable « Oui. » Une respiration « Après la demande. » Nouvelle respiration, une déglutition pour arriver à faire une phrase complète et non pas des mots lâchés comme si Elise manquait de vocabulaire. Elle planta son regard dans celui de son amie « Je n’ai aucune référence Sélénya. Comment tu veux que ce soit bien, c’est comme tout la première fois qu’on écrit, on écrit mal, la première fois qu’on tient une fourchette, on en met de partout, la première fois qu’on lance un patronus, c’est ridicule. C’était la première fois que j’embrassais quelqu’un. » Et sincèrement, ce n’était pas ce à quoi elle s’était attendue. Peut être qu’elle regardait trop de séries ou de dessins animés mais elle s’était attendue à quelque chose, des papillons, de la chaleur – qui pour le coup était présente mais plus parce que tout le monde la regardait que pour la joie d’un baiser -. Elle ne savait même pas comment expliquer cette déception, en revanche, puisque Sélénya semblait penser que ça venait d’Aidan, Elise secoua la tête « Il n’a rien fait. » Et pour le coup aucune phrase n’aurait pu mieux expliquer la situation qui s’était produite.

Et oui, elle avait beau savoir qu’elle pouvait en parler, qu’elle pouvait l’interroger, elle n’était pas très à l’aise pour le faire, ayant pour le coup l’impression de revenir des années en arrière lorsqu’il avait fallu lui demander de l’aide pour avoir l’air moins pitoyable sur un balai. Elise poussa un soupir de découragement « Je suis bien contente de pas avoir à renouveler l’expérience. Tu sais quoi… rester sur un échec c’est très bien tout compte fait. » Ouai tout plutôt que de devoir se remettre en question une nouvelle fois, voir pire se poser des questions qui n’avaient même pas lieu d’être.

Lorsqu’il s’agissait de parler de l’aventure en elle-même, quand il n’était pas question de ses lèvres sur celles d’une autre personne et bien il faut dire ce qu’il est, ça se passait beaucoup mieux. Elise penchait la tête, effectivement, elle n’avait pas pu anticiper le fait qu’ils seraient tous plus cinglés les uns que les autres là-bas. « De toute façon, je pense que si c’était à refaire, je referais la même chose parce que ça m’a permis de rentrer. » Pensive, elle fit remarquer « Et s’il n’y avait eu aucun moyen de rentrer, que j’étais coincée là-bas… Est-ce que tu penses que j’aurais changé pour coller à ce que ce monde attendait de moi ou serais je rester la même personne ? »
Quelque chose déstabilisa Sélénya, quoi en revanche, Mystère « Tu penses à quoi ? A ce que tu aurais dû faire si tu avais été là-bas ? » Elise la regarda dans les yeux « Tu aurais fait les choses de manière plus pacifique à n’en pas douter. » Elle lui offrit un sourire pour répondre au fait qu’en effet, elle était rentrée et que c’était essentiel. Laisser cette histoire derrière elle, sûrement dans les grandes lignes mais pas uniquement. Là-bas, elle s’était aussi fait un ami et… Elise allait probablement se tenir loin des tableaux afin d’éviter que ça recommence.

Les questions d’Elise étaient perturbantes, elle s’en rendait bien compte en voyant les réactions physiques de Sélénya qui ne comprenait pas tout. Mais, de son côté, elle essayait de comprendre comment deux expériences semblables pouvaient être vécues d’une façon si différente. Elle ne voyait pas trente six solutions pour expliquer cela, les sentiments devaient forcément y être pour quelque chose, ça et le fait que d’être scruté par tout un tas de personne n’avait certainement pas aidé Elise à se détendre, bien loin de là. La seule chose qui avait parcouru son esprit c’était qu’elle voulait fuir, être loin, retourner chez elle et qu’ils avaient donné bien assez de temps à leurs… alliés.
Elle écouta son amie, c’était donc bel et bien cela, elle se pensait amoureuse, là où Elise savait qu’elle ne l’était pas. Elle avait agi pour sa survie, leur survie à tout les deux, ça n’avait rien à voir avec de l’amour. Elle avait fait ce qu’elle devait et non ce qu’elle voulait, là était toute la différence entre les deux demoiselles. Comment aurait-elle pu ressentir des papillons dans son ventre tellement elle était crispée à l’idée que quelqu’un découvre qu’ils étaient des imposteurs ? Impossible de ressentir la moindre chose quand la peur était ancrée autant en elle. En revanche, elle rejoignait Sélénya sur un point, elle avait de l’affection pour Aidan. D’après les dires de Sélénya, la réaction de son amant de l’époque avait été radicalement différentes de celle d’Aidan. Ce qui semblait être la conclusion de Sélénya aussi vu les questions qu’elle posa par la suite. « Je compare, j’essaie de comprendre. Oui, à mon avis il n’était pas d’accord, je ne l’étais pas non plus. Je ne me suis pas dit que c’était le bon moment. Je pense qu’il voulait juste que ça s’arrête mais qu’il ne pouvait pas me repousser parce que s’il le faisait… On était foutu. » Elle réfléchit quelques secondes sur sa réaction à lui avant de reconnaître « Aucun changement, aucune réaction. » Non, pour le coup, elle avait dû le blaser plutôt qu’autre chose. Il faudrait qu’elle s’excuse, mais bon pas tout de suite, le temps déjà pour elle de se remettre.

Faire de l’humour, voilà quelque chose qui fonctionnait beaucoup mieux. Après qu’on la prenne pour une folle, ça ne la dérangeait pas tant que ça, tant qu’elle arrivait à triompher de tout ces gens par la suite, ça serait encore plus honteux pour eux. Bon par contre, ce n’était pas des plus rassurants d’entendre Sélénya, qui était un peu le top du top dans ce domaine, oui comme au Quidditch, dire qu’il en fallait vraiment pour être nul. Oui bah… ça c’est parce qu’elle n’avait jamais embrassé quelqu’un du niveau d’Elise, sinon c’est fou mais son discours aurait été différent. C’est sans aucune conviction, mais voulant lui faire plaisir, même si elle n’avait aucunement l’intention de recommencer, qu’Elise lâcha « Ouai… on verra. »

Oui, elle avait parfaitement conscience que ce n’était pas du Quidditch. Elle était meilleure au Quidditch, c’est dire à quel point elle était naze pour embrasser.  Par contre, ça craignait, comment ils devenaient bons les gens s’ils ne s’entraînaient pas ? « Ouai mais attends, pour bien embrasser il faut plusieurs essais… ou être doué naturellement mais les gens doués naturellement, on va les exclure du cas de figure. Il ne vaut pas mieux s’entraîner avec des gens qui plaisent pas forcément pour que ça soit top le jour où tu embrasses la personne qui te plaît ? » Oui, les sentiments et Elise, ce n’était pas trop trop ça, elle essayait de comprendre le truc, trouvant que s’entraîner ça empêcherait d’être ridicule mais Sélénya ne semblait pas mais alors pas du tout voir les choses ainsi. Pour le sujet promotion canapé, elle lui tira la langue « Je doute le faire un jour, je réussirais parce que je suis la meilleure, pas parce que je couche avec un supérieur. » Certes ça prendrait plus de temps mais pour l’ego, c’était beaucoup mieux. Néanmoins, elle était reconnaissante que son amie  lui dise qu’elle avait le temps pour coucher, mais aussi en sous-entendu que si c’était par intérêt, elle ne jugeait pas, même si Sélénya devait bien se douter que par intérêt, ça n’était pas vraiment du Elise

Bon, elles ne s’étaient pas croisées hier. C’était une bonne nouvelle, enfin Elise avait l’impression en tout cas. Pas sûre que Sélénya aurait adoré croiser la Elise de ce monde un peu bizarre… leur amitié en aurait pris un coup et difficile par la suite de lui dire que ce n’était pas elle. Elle serait passée pour une folle aux yeux de sa meilleure amie et ça ne l’emballait pas des masses de perdre son amitié. « Je n’en ai pas la moindre idée. J’essaie de comprendre, c’est pas évident et ça m’effraie. Si j’ai disparu pendant tout le temps où j’ai été dans ce monde. Imagine ce qui serait arrivé si je n’étais pas rentrée. » Elle lui laissa imaginer la chose pendant quelques secondes avant d’enchaîner « Il y a moins d’un mois on se faisait attaquer par des moldus. On sait tous que j’ai des amis moldus pour peu que quelqu’un les accuse, ça aurait été un bordel. » Elle poussa un soupir « Et en même temps, si l’autre truffe avait pris ma place dans ce monde, je n’ose même pas imaginer le problème que ça aurait été. »

Vraiment, Elise avait mis le doigt sur un sujet épineux alors que dans sa tête c’était tout innocent, elle était persuadée que Sélénya disait qu’une demande en mariage serait sympathique à vivre pour une bonne raison… Et maintenant, elle en doutait lorsqu’elle la voyait si mal à l’aise. Ça ne la concernait pas c’est ça ? Elle n’avait pas envie d’en parler avec la Serdaigle. Cette dernière s’apprêtait à lui dire qu’elle regrettait sa question lorsque Sélénya commença à répondre, tout en regardant autour d’elle, comme si quelqu’un allait leur tomber dessus. Ah, loupé elle n’aurait demandé à personne. Elise, très mauvaise enquêtrice visiblement. Mais alors pourquoi elle réagissait comme ça, quelqu’un l’avait demandé en mariage et elle ne voulait pas de cette personne ? ça avait beau être des pratiques courantes chez les sang-purs, la famille de Sélénya n’avait pas l’air d’être des personnes obligeant leurs enfants à épouser tartempion, sang pur depuis quinze générations. Incompréhensible jusqu’au moment où Sélénya précisa qu’il était hors d’atteinte ? Ah non mais si aussi elle s’entichait d’un gars déjà en couple c’est sûr que ce n’était pas simple pour une demande en mariage. Pas simple, mais pas impossible pour autant, même si c’était pas bien de penser comme ça… méchante Elise. Ah, ça durait depuis quelques temps ? Elise fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire un indice… un gars en couple, un gars en couple et que Sélénya regardait assez souvent… Ouai non, rien ne venait. Elle la regarda étonnée en l’entendant lui dire qu’elle ne savait pas comment elle réagirait… non mais ça va… A croire qu’Elise jugeait tout le monde à tout bout de champ. Bon oui c’était exactement ce qu’elle faisait mais pas avec sa pote, son amitié comptait alors savoir qu’elle avait des vues sur un type en couple, franchement Elise s’en fichait. C’est au moment du prénom qu’elle la regarda dépassée, mais vraiment, quoi ? Ah ça sortit tout seul, très rapidement. « Théo, le Serpentard ? il est en couple lui ? Mais il est ultra chiant ! »

Non, il semblerait que ça soit pas ça, pas ça du tout, oui bon ça va qui penserait à quelqu’un dont elle ne prononçait jamais le prénom. Elle eut une demi seconde ou ça percuta dans son cerveau, sa bouche ouverte comme celle d’un poisson pour l’occasion. Elise avala sa salive pour reprendre « Ah, ce Théo-là. » Elise cligna des yeux quelques secondes, le dire c’était encore plus étrange que d’entendre Sélénya le dire. Ses sourcils se froncèrent tandis qu’elle réfléchissait aux mois précédents, à l’histoire de Sélénya avant que finalement, elle reprenne la parole un peu déroutée « Tu savais pas comment je réagirais ? » ça la dépassait totalement « Mais… » Elle ne comprenait pas tellement le manque de confiance pour le coup, mais par contre, elle captait très bien que son amie n’avait pas spécialement envie d’en parler avec elle . De ce fait, Elise n’osait pas trop poser des questions de peur de la voir se fermer. Devait-elle dire qu’elle comprenait ou juste la boucler. Elle prit le parti de changer de sujet pour l’aider, même si elle avait plein d’interrogation en tête, ça passerait, elle tenait à leur amitié et ne voulait pas tout foutre en l’air par curiosité. Sélénya se confiait, c’était juste qu’il lui  fallait du temps et ça apprenait la patience… c’était utile, mais très dur pour les nerfs d’Elise qui n’avaient pas cette vertue.

Autant se concentrer sur les dimensions et les changements de comportements qu’impliquaient ces voyages. « Et bien, je suis bien contente qu’Aidan ne ressemble pas à son meilleur ami… Je pense qu’on se serait entretué là-bas. Ou alors Adèle… j’aurais pas aimé être bloquée avec elle non plus… Elle m’aurait soulée, j’en suis sûre, elle aurait dit non à chaque idée que j’aurais proposée. » Oui bon l’inverse était aussi vrai, l’idée aurait pu être parfaite qu’Elise aurait dit non, uniquement parce que c’était Adèle et que la contredire… c’était merveilleux. « Le tableau m’a épargné des collaborations qui se seraient mal passées. » Elle aimait bien la façon de voir les choses de sa meilleure amie, l’idée que le caractère soit le même mais qu’en fonction de ce qui se passe, on est obligé de modifier nos actes. Ça la soulageait même cette façon de penser, ça prouvait qu’elle n’avait pas forcément mal agi.

Donc, ça venait de là ou alors, Sélénya était une très gentille camarade ne voulant surtout pas qu’Elise se trouve nulle et donc elle essayait de lui remonter le moral. Ce qui, soyons clair, ressemblait parfaitement à son amie. De toute façon, dans l’esprit d’Elise c’était assez limpide, pourquoi diable recommencer quelque chose qui n’était pas utile ? ça n’apportait ni plaisir, ni réconfort, là où clairement par les mots Aidan avait été bien plus utile pour lui remonter le moral et lui donner envie de se battre pour eux deux. Alors voilà, la décision était prise, plus jamais ses lèvres toucheraient les lèvres de quelqu’un d’autres, voilà de la même façon que petite elle avait décrété que plus jamais elle ne mangerait de carottes après qu’on ait osé lui dire que ça la rendrait aimable. Non mais ça c’est une phrase de rageux, ce jour là Elise avait eu très envie de la faire bouffer par les trous de nez à celui qui avait dit ça, et après elle lui aurait demandé si ça le rendait aimable ! C’est dingue ça… bon la comparaison était un peu grossière mais ça démontrait au moins le caractère pourri d’Elise qui quand ça ne marchait pas comme elle le souhaitait et bien mieux valait il que ça ne fonctionne pas du tout. Et puis d’ailleurs, heureusement qu’elle n’en avait pas eu envie, purée ça aurait été un choc terrible que d’avoir cette désillusion. Est-ce qu’il aurait fallu considérer ça comme un râteau ? Est-ce que là aussi c’était un râteau ? Comment ça pouvait être un râteau alors qu’ils n’étaient pas ensemble… quoi que si ils étaient fiancés non ? Ah bordel ! C’était un peu compliqué.

Parlons de la façon de penser d’Elise qui était pas vraiment des plus logiques pour Sélénya. Ça se voyait au regard de la demoiselle un peu perplexe mais aussi à ses sourcils qui venaient de se froncer. Du point de vue de la demoiselle, c’était on ne peut plus logique, elle n’aimait pas l’échec et ça ressemblait quand même énormément à un échec si elle faisait des bisous pourris, qu’à cause de ça son futur petit copain la trouvait naze et la lâchait pour ça. « Oui bien sûr que sur le papier ton idée est mieux. » Elle posa un regard inquiet sur sa meilleure amie « Mais regarde, imagine demain on embrasse le même garçon. » Oui même à Elise cette phrase semblait saugrenue mais il fallait bien une image « Comment tu veux que j’aie l’air crédible ? Je comprends que toi tu aies pas eu besoin de t’entraîner mais si tu embrasses quelqu’un qui n’a jamais embrassé tu le sais ? Tu le ressens et tu le trouves nul non ? C’est pour ça que je parle d’entraînement, c’est pas pour être la meilleure, juste ne pas être nulle.»

Au moins, les deux filles étaient d’accords sur un point, coucher pour réussir, niet. Heureusement d’ailleurs, ça serait surprenant que leurs caractères diffèrent à ce point sur des choses qui semblaient si vitales à Elise.
Elle réfléchissait, à l’avenir, son avenir dans ce monde, dans l’autre monde, ce qu’il s’était passé pendant son absence ici. Son cerveau n’arrêtait plus les questions, c’était trop invraisemblable, il avait besoin de rationnaliser. Sélénya avait l’air de comprendre qu’Elise se perdait en essayant de comprendre et de mettre des mots, des explications sur ce qu’elle avait vécu, elle prononça un seul mot, qui eut de l’effet à vrai dire. Elise prit une profonde inspiration, respirant de nouveau tandis que Sélénya lui montrait ce qui était important et cela s’arrêtait au fait qu’elle soit de nouveau dans ce monde et qu’aucune catastrophe n’était arrivé ici.

Le sujet dévia sur le mariage de Sélénya, d’accord le terme était mal choisi, non Sélénya n’était pas fiancée, ou alors Elise n’était pas au courant. Là, elles parlaient seulement du si son amie avait eu le choix de la personne à emmener et la personne qui l’aurait demandé en mariage. Et, s’il y a bien une chose qu’Elise n’aurait jamais pu deviner alors que merde c’est flagrant c’était l’identité de la personne que Sélénya aurait choisi. Alors par contre, Elise avait beau être à côté de ses pompes, elle avait bien compris cette fois qu’il ne s’agissait pas d’un nom balancé au hasard. Non, Sélénya avait des sentiments, son regard semblait ne plus vouloir quitter Elise qui ne savait plus trop où se mettre. Elle avait l’impression d’être mise au défi par son amie de dire quoi que ce soit. Sauf qu’elle n’avait rien à dire, elle, la seule chose qu’elle comprenait dans tout ça, c’est qu’elle n’était pas assez digne de confiance. En réalité, elle se méprenait, Sélénya expliqua sa façon de voir les choses après qu’Elise ait posé une question. Elle la regarda dans les yeux avec un sourire franc « Je ne suis pas comme ça. On ne choisit pas ses sentiments pas vrai ? ça vient comme ça veut ces trucs-là. » Pleine de compassion néanmoins, elle rajouta « Je suis désolée que ça soit tombé sur lui en revanche. » Elle se retenait réellement de lui poser les questions suivantes, il est au courant ? Comment tu t’es rendu compte de ça ? Et la question par excellence ça va durer combien de temps tu crois ? Parce que oui c’est vrai qu’on choisit vachement le temps que dur l’amour, merci Elise pour épargner à Sélénya tes questions en carton. Elle évita donc les questions, si Sélénya voulait se confier, elle le ferait, nul besoin d’avoir une Elise curieuse.

La suite, l’échappatoire de Sélénya ce fut de parler des personnes avec qui il ne fallait SURTOUT pas aller là-bas. Genre le pote d’Aidan, bon visiblement, Sélénya ne s’intéressait pas mais alors pas du tout au Serdaigle, ni à son pote visiblement et ce n’était pas plus mal quand on voyait le personnage « Dimitrov. » Autant de mépris dans la voix d’Elise, c’était quand même rarissime. Habituellement quand une personne lui était antipathique, elle l’évitait, l’envoyait bouler et ça s’arrêtait là. Il n’y a que lorsqu’elle était obligée de fréquenter une personne qu’elle n’aimait pas que ça se passait mal et avec le Dimitrov, c’était le cas. Lui, il avait un problème mental, pas qu’un… et il se faisait chier, donc faisait chier les autres et malheureusement, quand Elise était dans les parages, il avait cette espèce de radar… Même en longeant les murs discrètement ça ne fonctionnait pas, il arrivait toujours à venir se mettre face à elle et c’était parti pour des conversations, fort peu agréable. Non vraiment, Elise n’aurait pas aimé se retrouver avec ce type.
Si elle avait parlé de Dimitrov, il y avait aussi Adèle et là, nulle surprise que Sélénya réagisse et se paye sa tête. Chose qui n’était pas dérangeante, malgré la grimace de dégout de mademoiselle Elise qui s’imaginait devoir passer trois heures avec Adèle, rien qu’Adèle en dehors d’une chambre d’hôpital, cela va de soi. Elle se décomposa en entendant la question de son amie. Ah bordel, jamais de la vie elle aurait accepté d’embrasser sa cousine, bon l’inverse devait être tout aussi vrai… Ah non mais pas de doute, la mission aurait été bousillée à ce moment-là. Elise voulait bien faire des efforts mais de là  être la victime de l’imagination débordante d’un tableau, sûrement pas. Elle tira donc la langue à Sélénya qui lui mettait des images IGNOBLE en tête. « Ouai vraiment, Adèle pas mon kiff. »

La nouvelle participation de sa meilleure amie fit sourire Elise. Et bien, contrairement aux deux scénarios précédents, celui ne lui déplaisait pas forcément. Elle glissa donc un sourire complice à sa meilleure amie « J’en suis certaine qu’on s’en serait bien sortie. J’ai confiance en toi. Par contre, je pense que tu aurais révisé ton jugement sur les baisers si on avait dû s’embrasser. » Pour le coup, elle pouvait en plaisanter parce qu’aucun risque ça arrive, pas sûr que si elle s’était retrouvée avec Sélénya là-bas, elle aurait eu un sourire sur le visage. Oh que non, elle aurait sûrement voulu disparaître dans un trou de souris avant le baiser, pendant le baiser et après le baiser, même si elle se doutait que Sélénya était assez compatissante pour ne pas se moquer.

Bon, visiblement, l’exemple d’Elise n’était pas vraiment au goût de Sélénya qui la regardait étrangement. Oui, bon ça va, elle n’était pas en train de dire que c’était ce qui la faisait rêver dans la vie que d’embrasser la même personne que Sélénya. Bien au contraire, c’était ce qu’elle tentait de lui dire, que si ça venait à arriver, Elise était perdante. Qui alors était assez con pour tenter sa chance dans ce contexte. M’enfin, Sélénya ne semblait pas vraiment d’accord avec la façon de penser de sa meilleure amie. Leurs façons de penser différaient beaucoup, Elise écoutait avec beaucoup d’attention ce que disait sa meilleure amie, après tout cette dernière en connaissait bien plus, Elise demeurait une novice… une novice que ça inquiétait réellement. Elle esquissa un réel sourire en entendant ces propos dans la bouche de Sélénya. Solennellement elle répondit à sa camarade « J’en prends note. J’ai comme qui dirait l’impression que si ça venait à arriver, j’aurais une protectrice hors pair pour défendre mes intérêts, je me trompe ? » Elise cligna des yeux… oui alors pour l’attirance, elle n’était pas certaine de répondre à ce critère. En revanche pour ce qui était de la suite, ça aurait été très compliqué de lui cracher dans la bouche puisqu’il n’avait pas la bouche ouverte et puis que même si ça avait été le cas, Elise n’était pas complètement stupide. Après tout, non seulement cracher dans la bouche des gens ça ne se faisait pas, en règle générale… bon cracher tout court c’est vrai, mais surtout, ça aurait totalement pris au dépourvu Aidan et ils auraient eu l’air stupide s’il avait sursauté ou qu’il s’était écarté. Dieu merci, ça n’était pas arrivé. Elise éclata donc de rire « Non, ça va, la seule personne sur laquelle j’ai craché cette année, c’est Adèle et crois-moi sur parole, ce n’était pas dans la bouche. »

L’avantage avec Sélénya, c’est qu’elle prenait le temps qu’il fallait pour expliquer les choses, qu’elle ne perdait pas patience ni n’avait l’air de s’agacer des propos qu’Elise tenait et qui semblait aux antipodes de sa manière de fonctionner. Elle essayait de la rassurer semblait-il, ça fonctionnait, à moitié. Du coup maintenant elle était certaine que la personne en face saurait qu’elle n’avait jamais embrassé personne. D’ailleurs, elle avait besoin de savoir « Et moi ? Mon compteur il est toujours à zéro d’après toi où tu considères que j’ai déjà embrassé quelqu’un ? » Ah oui, elle se prenait vraiment la tête pour comprendre. Avait-elle vraiment envie que ça lui arrive réellement, elle n’ en était pas certaine.
Heureusement que la conversation dévia pour Elise. Enfin, la suivante était pour le moins surprenante. Elle ne s’y attendait pas réellement, ça ne changeait en revanche pas ses sentiments pour Sélénya, elle ne l’appréciait pas moins parce qu’elle était tombée amoureuse d’un garçon, quand bien même c’était une personne bien plus âgée qu’elle. Surtout que la première à souffrir de cette situation, ça devait être Sélénya. Elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie et faisait preuve de courtoisie, évitant de poser la moindre question, après tout ça ne la concernait pas réellement et Sélénya n’avait pas l’air de vouloir lui en parler. Pourtant, elle venait de sourire, signe qu’Elise faisait preuve d’un peu de bon sens. Elle hésita quelques secondes avant de poser doucement sa main contre celle de son amie pour faire preuve de soutien. Elle aurait voulu lui dire que ça passerait mais à la réalité, elle n’en savait rien, est ce que les sentiments amoureux disparaissent vraiment un jour ? Elle ignorait tout de cet univers et ne pouvait rien supposer du tout.

En revanche, son avis fut sollicité par Sélénya sur sa perception des choses à ce sujet. Elise fronça les sourcils quelques instants avant de reconnaître « J’aurais peur pour toi. » Elle la regarda avant de continuer « Il est présent pour toi, je le sais très bien j’ai saisi. C’est d’ailleurs probablement ce côté je te viens en aide à chaque fois qui fait que tu es tombée amoureuse, forcément il t’aide, tu te sens protégée, petit à petit tu tombes amoureuses. Mais et lui ? Il resterait avec toi pour ce sentiment de toute puissance, le fait que quelqu’un soit dépendant de lui ? Ou alors pour retrouver sa jeunesse disparue ? » Elle fit une pause avant de murmurer « J’aurais peur qu’il te fasse du mal parce que je t’aime… mais je suppose aussi que ça pourrait arriver avec n’importe quelle personne avec laquelle tu sortirais. » Finalement, elle reconnut « L’âge ne changerait rien. La seule chose qui compte c’est la confiance que tu placerais en lui. Tu es la seule juge Sélénya, je pense que tu es la personne qui connaît le mieux ce que ton cœur veut et que personne ne devrait mettre son nez dans ses affaires pour te dire quoi faire et qui aimer, quand bien même tu te tromperais sur ta relation. » Peut être que ses propos ne seraient pas bien pris par Sélénya mais elle voulait être franche avec elle, ça ne l’empêcherait pas d’être heureuse pour elle si tout se passait bien, mais si les amies ne sont pas faîtes pour s’inquiéter à l’idée que quelqu’un puisse faire du mal à leurs amies, à quoi servent-elles ? Et encore, elle n’avait pas dit à son amie que si elle apprenait qu’un type lui faisait du mal amoureusement parlant, même plus costaud qu’elle, il allait se retrouver avec une hargneuse voulant lui pourrir la vie dans les pattes.

La discussion suivante était différente, très différente et les projetait non pas dans un futur plein de romantisme mais dans l’autre monde et des associations qu’il ne fallait surtout pas faire. Elise pencha la tête sur le côté, songeuse, si en premier lieu elle avait songé à Dimka, parce qu’il était toujours là à la gonfler comme pas permis. Réflexion faîtes, le second n’était clairement pas mieux, ah non mais sûr que lui il aurait trouvé qu’il n’y avait rien à changer. « En fait… les deux gars auraient été une angoisse. Le premier c’est le genre qui aurait joué de la situation en faisant des allusions… j’aime pas ses allusions ! Je ne sais jamais comment rebondir et je suis sûr qu’il le sait et que ça l’amuse, donc ça m’agace, donc c’est un cercle vicieux… il me gave. Quant au second… il n’aurait pas fait le moindre effort pour nous ramener chez nous... juste parce qu’il faut faire alliance avec une fille… Non, vraiment j’aurais préféré faire alliance avec Adèle pour tout te dire. » C’est dire à quel point les Dimitrov, ce n’était pas sa tasse de thé pour vouloir faire une alliance avec Froggy. Même si, l’embrasser aurait été ignoble.

Elle aurait préféré y aller avec Sélénya mais de très très loin, parce qu’elle savait qu’avec elle, il n’y aurait ni entourloupe, ni bataille, elles seraient restées unies, au moins jusqu’au baiser… qui là aurait été un brin plus compliqué. Et pourtant, Sélénya n’avait pas l’air d’y croire, rejetant presque l’échec de ce baiser sur Aidan. Elise secoua la tête négativement « Ce n’est pas un abruti. Pour qu’il y ait chance à saisir, il faut qu’on ait envie d’embrasser l’autre, il n’en avait pas envie, tout simplement. » Chose qu’elle comprenait puisqu’elle n’en avait pas eu spécialement envie non plus.

Cette protectrice était tout bonnement sensationnel. Alors oui, de toute façon, aux yeux d’Elise, tout ce que faisait Sélénya était tout bonnement exceptionnel. C’était certainement son petit côté non pas groupie, parce qu’Elise n’avait jamais vraiment adoré le Quidditch – probablement parce qu’elle était nulle et qu’elle ne pouvait pas aimer un truc où elle était incompétente. Sauf qu’il y avait, bien malgré elle, son côté petite fille qui était ancrée en elle et qui n’avait jamais cessé d’admirer Sélénya, bien avant son retour suite à son enlèvement, chose qui… pour Elise en tout cas qui était ultra partiale, il est vrai, la rendait encore plus incroyable. Savoir que cette même Sélénya la protégerait, elle, ça faisait circuler dans les veines d’Elise un plaisir sincère. Elle lui offrit un sourire sans répondre quoi que ce soit, toute contente, tout simplement.

En revanche, pour ce qui était de cracher sur les gens, Elise rappela sa merveilleuse expérience qui lui avait valu une heure de colle avec sa tout aussi merveilleuse cousine. Bon ça ne s’apparentait d’ailleurs pas à un baiser raté tout ceci. En même temps, même Elise qui était une débutante, mais genre du bon gros débutant, elle savait que c’était pas trop le truc à faire. A quel moment quelqu’un se dirait que c’était une bonne idée, erk. Du coup, forcément qu’elle en plaisantait. Lorsque Sélénya répliqua qu’elle espérait pour elle, Elise haussa un sourcil avant de demander moqueuse « Pour moi, ou pour Froggy ? Je ne suis pas sûre d’être la plus à plaindre dans l’histoire si c’était arrivé.» Celle qui crache, bon certes c’est pas la classe comme copine… mais elle est moins à plaindre que celle qui reçoit la bave… Après pour le coup, ça n’aurait sûrement rien fait à Adèle, la bave en tant que grenouille, c’était son truc non ?

La question d’Elise sembla perturber son amie. Il aurait peut être mieux valu ne pas la poser en réalité parce qu’il aurait été beaucoup trop simple que Sélénya réponde oui ou non, c’était beaucoup plus amusant de retourner la question à Elise… Ah non mais vraiment qu’est ce qu’on se marrait tout d’un coup. Et pourtant, docilement, elle tentait de se remémorer le semblant de baiser. Est ce qu’elle avait envie qu’il compte, pour les émotions ressenties, pas vraiment. Parce qu’elle ne s’attendait pas à ça, que ça n’avait pas été voulu, ni réfléchi, plutôt un gros manque de chance de la part des deux Serdaigles qui s’étaient retrouvés projetés dans ce monde sans qu’on leur demande leur avis. S’il y avait que ça, alors oui il n’aurait pas compté. Pourtant, Elise fronçait les sourcils, la seconde partie de la question la rendant bien plus perplexe. Sincèrement, elle aurait aimé pouvoir répondre non et emballé c’était pesé, Sélénya ne poserait pas plus de questions et quelque part ça resterait une aventure qui s’était déroulée avec deux protagonistes et point final. Sauf qu’elle ne disait rien, poussant Sélénya à non pas insister mais à essayer de se faire plus clair, essayant certainement de faire prendre conscience à Elise d’une chose ou d’une autre. Malgré le fait qu’il y ait ce petit sourire sur le visage de la Poufsouffle signe que, quelque part, le fait que ça perturbe tant Elise, ça l’amusait. Finalement après un moment de silence à peser le pour et le contre, Elise se prononça « Il compte. » Cependant, elle leva le doigt pour empêcher Sélénya de faire le moindre commentaire avant qu’Elise ne s’explique. «  Je mets du mien dans tout ce que je fais je crois. Je suppose que si ça ne comptait pas, je n’en aurais pas parlé. » Après est-ce que pour autant c’était une bonne chose, Elise n’en était pas convaincue. Dire cela ne la rassurait pas d’ailleurs, elle était bien loin du rêve de princesse, mais elle vivrait avec et ça aurait pu être bien pire, c’est tout ce qu’il fallait retenir.

Dans le genre on s’éloigne du conte de princesse, Sélénya était pas mal dans son genre non plus… Elle faisait fort pour tomber amoureuse d’un type ayant l’âge d’être son père de l’abus ? Où ça ? Pas simple comme histoire ça encore. Si Elise émettait tout un tas d’hypothèses visant à prévenir Sélénya du potentiel danger  de faire confiance à quelqu’un qui pourrait en jouer, cette dernière lui coupa l’herbe sous le pied en émettant une hypothèse tout aussi crédible que celles de sa camarade Serdaigle. « Si c’était réciproque ? » Elle fronça les sourcils « S’il t’aimait, pourquoi se poser des questions ? Qu’est ce que t’en as à faire de ce que les gens pensent ? De toute façon quoi que tu fasses, qui que tu embrasses, il y aura toujours quelqu’un pour critiquer. Quand c’est pas l’âge, c’est la pureté de sang, c’est le sexe de la personne. Il y a toujours une raison pour critiquer. Sauf que c’est ta vie, c’est à toi de la vivre et à toi de choisir. » Elle posa un regard sur sa meilleure amie avant de souffler « Si mon père s’était conformé à ce qu’on attendait de lui, je ne serais pas là. Même si c’est peut-être une erreur, même si tu accordes ta confiance à la mauvaise personne, au moins tu ne vivras pas avec ce regret de n’avoir jamais tenté. »

Pour autant, elle comprenait ses craintes, Elise avait une façon de penser pour le coup qui différait des autres, parce que quelque part, elle était issue d’un amour qui n’aurait jamais dû exister. Alors oui, ils avaient beaucoup moins de différence, mais de toute façon, l’amour ne se choisissait pas vraiment Oh que ouai sinon Elise elle ne tomberait pas amoureuse d’un loup garou oulalah « Moi je lui dirais déjà, parce que s’il ressent pas la même chose au moins t’es fixée, tu te morfonds pas sur une possible histoire d’amour alors que de l’autre côté t’es juste… euh… » Ouai… elle était quoi au juste pour Greengrass de base ? Une amie ? Une gamine ? Une étudiante qui avait un abonnement à l’infirmerie ? La fille d’un ex collègue ? La poissarde qui s’est fait enlevée et qui faut aider à remettre sur pieds ? Beaucoup d’étiquettes qui pouvaient coller, laquelle était la vraie « pas son coup de cœur. » Vraiment Elise, là t’es top, tu te mets pas dans la mouise continue comme ça ! « Et si c’est réciproque… » Peu probable quand même faut le dire « Vivez votre vie sans se soucier du quand dira-t-on. Les gens qui vous aiment pour ce que vous êtes n’ont pas leur mot à dire, c’est juste du respect à avoir. » Non, Elise se refusait à penser que c’était bizarre. Elle n’avait pas le monopole pour savoir ce qui est bien ou mal et oui, à ses yeux il valait mieux une différence d’âge importante qu’un couple sans sentiment où l’un tape l’autre.

La discussion revint sur quelque chose de plus simple, plus léger pour Sélénya certainement qui devait avoir des difficultés à assumer ses propres sentiments. Oh que ouai, elle aurait préféré faire une alliance avec sa cousine plutôt qu’avec un seul des Dimitrov, ah non mais la brochette de neuneus aux pensées arriérés, pas question ! « Ah non, en effet c’est pas le grand amour. Quoi que le mieux ça aurait été de mettre Adèle… avec un des Dimitrov, comme ça ils n’arrivaient pas à s’entendre et pouf plus d’Adèle et un Dimitrov en moins, tout benef » D’accord, elle était injuste avec Adèle là. Mais après il y a de cela un mois, ça n’aurait pas dérangé Elise de l’envoyer là bas… pas déranger du tout.
Qu’Elise défende Aidan, cela semblait faire sourire Sélénya, si cela surprenait Elise, elle n’arrivait pas à comprendre la subtilité. Elle secoua la tête négativement tandis que sa meilleure amie lui faisait remarquer qu’elle cédait uniquement pour lui faire plaisir « Pas pour me faire plaisir, parce que c’est la vérité. » Elise n’en démordrait pas pour le coup. Défendre Aidan lui semblait important, elle ne voulait pas que son amie ait une vision erronée du jeune homme.

Les propos d’Elise, bien que fourni avec explication furent accueillis avec un sourire par Sélénya. Pas besoin d’être un petit génie pour comprendre pourquoi elle souriait. Cependant, elle respecta le côté non pas cachotier d’Elise – non parce que des deux, ce n’était certainement pas la Serdaigle qui cachait le plus de choses à l’autre – mais un peu intimidé et mal à l’aise.
Pour ce qui est d’être mal à l’aise, très rapidement la balance s’équilibra, signe que bordel le domaine des sentiments, en plus d’être un sujet incompréhensible pour Elise, c’était vachement galère. Ah on était bien loin des disneys ou pouf rencontre et hop chacun savait que l’autre était l’amour de sa vie. La réalité était tout autre, c’était un enfer à comprendre ce machin, ne fallait pas s’étonner qu’Elise fasse l’autruche et mette sa tête dans le sable, il n’y avait pas de notice clair, pas de règles prédéfinis ! Et puis en plus des fois ça rendait malheureux, non mais c’est quoi l’intérêt d’être amoureux si ça rend malheureux, franchement les cousines et les frères ça s’en chargeait tout aussi bien. Oui bien sûr que les parents aussi, ah les parents de toute façon c’était fait pour frustrer la marmaille, fallait pas chercher plus loin.

Le truc qui était quand même hallucinant quand elle y pensait, c’est que Sélénya lui demandait des conseils. Tout du moins Elise comprenait ça de la sorte et elle avait l’impression que c’était une gigantesque responsabilité pour quelqu’un qui clairement n’était pas foutu de repérer des gens amoureux, quand bien même elle pensait bien connaître la personne. Néanmoins, puisqu’on lui demandait son avis, elle voulait bien le donner. Il lui fallait réfléchir avant, d’ailleurs on en revenait à ce qu’elle avait dit précédemment à propos des parents, ah non mais les parents casses burnes, c’est vrai que c’était tellement plus logique de faire la gueule. De la même façon qu’il était impossible pour Elise de contrôler ses peurs – et bon sang il y en avait pas mal – elle ne voyait pas comment c’était possible de contrôler ses sentiments et de demander à son cerveau de tomber amoureuse de la bonne personne. Bon après, il y avait toujours la méthode qu’Elise faisait sans même en avoir conscience, les étouffer dans l’œuf ces pauvres sentiments. Elle se râcla la gorge, pour se donner un peu de sérieux, faire genre qu’elle savait parfaitement de quoi elle parlait, alors que franchement, c’était juste des ressentis et des suppositions. « Et bien, si ça devait lui coûter sa place ici, je pense que c’est à lui de faire ce choix. Chacun est responsable de ses actes. De la même façon que s’il venait à te dire qu’il n’avait pas envie de risquer sa place pour toi, tu respecterais sa décision, quand bien mal ça te ferait du mal parce que tu es amoureuse. S’il choisit l’inverse, c’est son choix et je serais d’avis que tu n’essaies pas de le convaincre de l’inverse, quand bien même tu as peur. » Bon peur n’était pas vraiment le meilleur mot pour définir les émotions de Sélénya mais c’était celui qui aurait le plus d’impact. « Quant à ta famille, je suis désolée de le dire aussi cash, mais ça ne les concerne pas en fait. S’ils se targuent de principe de tolérance depuis que tu es née mais qu’au premier copain que tu as qui ne leur convient pas, c’est jugement et compagnie. C’est hypocrite. Si tu prends tes décisions en fonction d’eux, tu vas avoir une vie comme ma tante, pas naze, mais clairement pas à la hauteur de ce que toi tu veux. Les seules personnes qui ont voix au chapitre pour ma part, c’est toi et lui. » Pour ce qu’elle pouvait comprendre, Elise aurait été incroyablement triste si parce que les parents de Sélénya avait décrété qu’elle n’était pas une amie digne de ce nom pour leur fille, cette dernière lui tourne le dos, sauf que ce n’était pas évident de faire comprendre les choses à quelqu’un de son point de vue.

Elle cligna des yeux déroutée en entendant Sélénya lui annoncer, comme ça, naturellement, bon d’accord après une immense respiration qu’elle avait reconnu ses sentiments à l’infirmier, mais qu’en plus c’était réciproque. Ah ouai d’accord, donc le côté on dit tout à ses potes avant, chez Sélénya il était archi absent. La confiance en Elise elle était totalement inexistante et cette dernière ne parvenait pas à comprendre ce qu’elle faisait de mal pour que rien ne lui soit révélé. Alors, elle loupa totalement le coche de répondre quoi que ce soit, essayant de chercher dans sa mémoire, quelque chose qu’elle avait pu dire, une façon de penser peut être, qui avait emmené Sélénya à se dire qu’il valait mieux ne rien lui dire, sauf que rien ne venait. Et puis il y eu la nouvelle prise de parole de Sélénya et son soupir où Elise croyait percevoir une sorte de lassitude. « Parce que vous croyez que les risques vont s’envoler ? » Elise ne lui laissa pas répondre à sa question, qui d’ailleurs n’en était pas une, elle reprit. « Des risques il y en a toujours. Quand tu prends les escaliers, il y a toujours le risque que ça glisse, que tu tombes et que tu te rompes le cou, c’est pas pour autant que tu y penses à chaque fois que ton pied se pose une marche. Quand tu montes sur ton balai, il y a toujours un risque de chute, ça ne t’empêche pas d’aimer jouer au Quidditch. Le risque c’est le principe même de vivre. » Elle la regarda dans les yeux. « Vous vous posez la mauvaise question. La vraie question c’est : est ce que le risque en vaut la chandelle ? Est-ce que vous avez envie de passer à côté d’une histoire qui oui peut être arrêté brutalement, oui pourra être frustrante ou est ce que vous préférez vivre avec ce risque mais vous faire assez confiance à l’un et l’autre et à vous-même pour tenter ? Tu n’as pas à me donner une réponse Sely, pose là toi, pose là lui. Le monde ne changera pas, ce sera à vous de vivre avec, en adéquation avec ce que vous êtes au fond de vous. »

Si elle n’y connaissait strictement rien en amour et que son approche de la chose était bien moins plus sentimentale. Ça n’empêchait pas Elise de faire parallèle avec ce qu’elle connaissait et d’essayait d’éclairer Sélénya parce que vivre dans le doute et la remise en question permanente, elle ne connaissait que trop bien et se battait contre cela.

Les discussions changeaient rapidement et il faut bien reconnaître que certaines étaient beaucoup plus simples que d’autres et demandaient moins de réflexions de la part de l’une ou de l’autre. Quand il s’agissait de critiquer les gens, pour le coup Elise était une véritable championne, faire des duos improbables, ça c’était le top. Et puis, avoir le soutien de sa meilleure amie sur ce coup là, ça faisait sourire la petite Serdaigle.
En revanche, beaucoup moins de sourire à sa seconde phrase. Le petit air de Sélénya démontrait à la perfection qu’elle ne changerait pas d’avis sur Aidan, c’était peine perdue pour Elise de la convaincre alors, abandonnant l’idée de la persuader. Elle se contenta de rouler des yeux, n’ayant pas très envie de défendre bec et ongle Aidan et que son amie pense qu’il y avait anguille sous roche, ce qui n’était pas du tout le cas.