Sofiane se demandait sincèrement ce qu’il foutait là. Il avait toujours aimé faire la fête mais ce besoin maladif d’abreuver son corps de multiples alcools s’était brusquement fait moins prégnant ces derniers mois, comme si remplir son estomac de vives urgences n’était guère utiles pour combler le trou béant qui s’était logé au fin fond de son abdomen. Les mois passaient et la disparition d’Ambrose, couplée aux multiples absences de Charly rendaient Sofiane taciturne.
Oui, plus que d’habitude, apparemment c’est possible mdr. Imaginant qu’il suffirait de retourner dans les lieux qu’il fréquentait autrefois pour raviver d’anciennes habitudes, Sofiane s’était accoudé au bar, ingurgitant verre sur verre, s’attirant les regards de plusieurs femmes dont aucune n’éveillait véritablement son intérêt, il se contentait de penser. Réfléchir n’était pas chose si aisée avec le bruit incessant de la musique dans les tympans mais étrangement, Sofiane ne s’était pas senti aussi bien que maintenant, loin des conversations habituellement tenues au quartier général du Blood Circle. De toute manière, il avait l’habitude de cogiter sous le bruit, lorsqu’il était militaire, il avait parfois fallu prendre des décisions sous les bombardements des tirs ennemis. Alors à côté de ça, la musique pop pouvait bien aller se rhabiller. Les minutes s’égrenaient sans que Sofiane ne s’en rende véritablement compte, surpris de constater qu’à chaque fois qu’il terminait son verre, un autre réapparaissait comme par magie
toujours là quand il faut pas ces sales traîtres et il soupçonnait le barman d’en vouloir à son argent.
Sofiane se réveilla lorsqu’on appela son nom. Ou plutôt lorsqu’on beugla son nom. Sursautant immédiatement, analysant la situation en un quart de secondes, il reconnut Lancaster, le fils.
« Putain. » murmura-t-il en arabe, sa langue natale. Mais pourquoi avait-il si mal à la tête ? C’était quoi ce trou noir dans sa soirée ? Sofiane avait pourtant l’habitude de s’alcooliser mais il s’était toujours évertué à s’arrêter
pile à la limite.
Il s’était passé quelque chose. Il se reconcentra sur l’énergumène debout devant lui, qui semblait admirer la décoration et renifler les draps. Sofiane n’avait que peu de liens avec lui ; autant il appréciait Maxwell pour les qualités incontestables qu’il possédait, autant il ne connaissait que très peu Victor, n’ayant pas vraiment eu affaire à lui. Et ce n’était pas comme si Sofiane avait besoin d’avoir un ami
lol. Encore moins d’un ami
nu.
Remarquant sans peine qu’il était lui aussi en tenue d’Adam, Sofiane regarda autour de lui à la recherche de ses vêtements, de son téléphone et du reste de ses affaires mais il n’y avait rien dans cette chambre, à part Lancaster et lui ; quoi qu’un bruit tout à fait étrange semblait émaner de la pièce d’à côté. Mais Sofiane n’en avait que faire. Le coupable était probablement là, devant lui. Alors il se leva rapidement, ne se préoccupant absolument pas du fait qu’il était nu, il attrapa violemment Victor par les épaules ; le poussant contre le mur, plaçant ses doigts autour de son cou, il siffla :
« Qu’est-ce que t’as foutu Lancaster ?? » Victor commença à se débattre, évidemment, il voulait fuir, ce lâche. Sofiane le scruta avec attention quelques secondes et relâcha sa prise sur lui ; rien dans son regard ne lui disait qu’il était l’instigateur de tout ça. Au contraire, il semblait tout aussi surpris de se retrouver ici. Mais bon, un petit coup de pression, ça ne pouvait pas faire de mal. Et puis, Sofiane devait s’assurer.
« C’est quoi cet endroit putain ? On dirait une maison de passe. » Non pas que Sofiane soit adepte de ce genre de pratique mais il était déjà allé dans un de ces endroits.
- Citation :
- Oui - La porte de la salle de bain s'ouvre et c'est un mec, un petit gros tatoué de partout, à l'allure de motard qui a plus bu de la bière que monter sur une moto qui sort, il est d'une élégance peu commune, sent mauvais et n'est pas très poli
Oui bon j'ai lancé les dés dans le mauvais sujet mais chut c'était un oui.
Non - La porte de la salle de bain s'ouvre et c'est une jolie fille qui en sort, peut-être elle pourra aider les deux garçons à se souvenir de la fin de la soirée
Alors que Sofiane continuait de fouiller sa mémoire, la porte de la salle de bain s’ouvrit. S’attendant à tout, sauf à
ce gars, Sofiane scruta l’homme de haut en bas. Tatoué quasiment de la tête au pied, un bandana rouge sur son crâne rasé, il n’était pas très grand, plutôt proéminent, et sa panse était si large que Sofiane s’imaginait qu’il pouvait aisément tenir son plateau repas dessus. Il rota comme un porc et même s’il sortait de la salle de bain, compte tenu de l’odeur qu’il dégageait, il était loin d’avoir pris sa douche.
Mais le pire dans tout cela, c’était qu’il portait
sa chemise. La chemise de Sofiane. D’ailleurs, le syrien se demanda comment il avait pu faire rentrer ses énormes bras dans sa chemise si étriquée.
« Vous avez une sale gueule les mecs. Vous étiez plus beau à la lumière des stroboscopes. » Sofiane avait beau être en Angleterre depuis des années, il n’avait aucune idée de ce qu’était un stroboscope et de toute manière, c’était pas vraiment la question. De la même manière qu’il avait poussé Victor, il se jeta sur le mec et il pestiféra :
« C’est toi qui nous a fait ça ??? » Et
ça quoi d’ailleurs ?
Les droguer ? C’était l’explication la plus plausible.
Les violer ? Sofiane frissonna et contracta son anus. Non c’est bon, ça avait l’air d’être normal.