Avril 2022
Atanas Vassilev,
Bureau des Aurores.
Ce matin d’avril, plusieurs jours après la séance d’échange, Lilibeth fut de retour dans les locaux du Ministère de la Magie. Vêtue d’une robe fourreau et d’une chaude veste, ses talons claquaient dans le hall d’entrée où ses frêles épaules frémissaient.
Cette traversée du ministère sans invitation au milieu des sorciers en activité l’impressionnait. L’écoutera-t-on ? Etait-ce une bonne idée ? La grimpée soudaine de son malaise en croissant un groupe d’hommes et de femmes à la mine franchement patibulaire entama son courage. Elle s’immobilisa un instant pour regarder derrière elle. Oui, après tout, elle n’était pas obligée d’aller jusqu’au bout. Personne ne connaissait sa venue ni son objet, elle pouvait aisément reculer, personne ne connaîtra sa lâcheté. Mais le hall était bondé d’employés pressés, et retraverser cette foule mouvante faisait aussi peur que de poursuivre sa quête. Après une grande inspiration et craignant que son comportement ne paraisse suspect, elle reprit sa marche, feignant la légèreté en décochant des sourires en tranches de pastèque à qui voulait bien croiser son regard. En vérité, elle mourait à l’intérieur.
En arrivant devant les bureaux des aurores, un soulagement relâcha ses muscles contrits, elle dessera notamment sa main crispée sur la lanière de son sac. Une main sur la poignée de la porte, elle lu un écriteau à la dérobée.
Entrée sans frapper. Ne dérangez pas la secrétaire. N’agressez pas la secrétaire. Dites bonjour, merci, aurevoir. Ceci n’est pas le bureau des plaintes.
Lilibeth avala sa salive puis poussa la porte.
Ladite secrétaire, installée sur un bureau en chêne massif ne releva pas le nez vers elle. Éclairée par une lampe à huile, elle s’absorbait dans la lecture d’un document que Lilibeth ne prit pas la peine d’identifier. La femme l’avait-elle seulement entendu ? Lilibeth se râcla la gorge avant de se souvenir des indications.
– Bonjour ! claironna-t-elle en s’approchant du bureau.
La femme ne lui répondit pas. Étonnée qu’elle ne respecta pas ses propres règles, elle embrassa du regard la salle autour d’elle : une simple salle d’attente, avec des chaises alignées le long des murs, des portes partout, même au plafond, et de nombreuses affiches aux dessins assez parlants.
– Bonjour ! répéta-t-elle arrivée près du bureau.
– Je vous ai déjà entendu, dit sèchement la secrétaire.
Lilibeth afficha une mine désabusée, presque boudeuse.
– C’est pour quoi ? lui demanda la secrétaire.
– Je souhaiterai voir Monsieur Atanas Vassilev.
– Vous avez rendez-vous ?Zut. Lilibeth arbora son plus beau sourire :
– Non mais il m’a assuré que je pouvais faire appel à lui, si besoin.
Pour preuve, elle ficha la carte de visite sous le nez de la secrétaire. Celle-ci ne prit même pas la peine de la lire. Elle arracha la carte des mains de Lilibeth, la froissa pour la jeter sur le sol. Lili en resta bouche bée.
– Pas de rendez-vous, pas de visite.
Et le nez de la secrétaire replonge sur un parchemin copieusement recouvert de runes.
Dépitée, Lilibeth alla ramasser sa boule de carte de visite, marmonna un “ merci “ puis un “aurevoir “ et détourna les talons en direction de la sortie.