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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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S'il y a un prix pour manque de jugement [Kiara] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Grigori Dimitrov
Grigori Dimitrov
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Kiara  

Ce vendredi soir avait été un peu particulier pour Grigori. Il avait passé une bonne journée, excellente même, au travail et puis le vendredi ça avait une saveur toute particulière, c'était retrouver Kiara et pouvoir rester deux jours complets avec elle. Peut-être qu'il était trop focalisé sur lui-même, il ne s'était pas attendu une fois dans le lit alors qu'il entreprenait les préliminaires à obtenir un refus. Il ne s'en formalisa pas vraiment, il avait assez souvent exprimé son désaccord pour une relation sexuelle pour pouvoir faire la tronche. Ça arrivait à tout le monde de ne pas avoir envie, Kiara venait de passer une semaine en cours, voire même en stage s'il avait bien suivi, elle avait le droit d'être fatiguée. Le lendemain matin, à la première caresse un peu subjective, elle était sortie du lit sous le regard un peu perplexe de Grigori qui demanda inquiet pour elle « Tu vas bien ? » Après tout ça n’était jamais arrivé mais alors deux fois de suite, c’était à se demander s’il n’avait pas merdé quelque part. Le reste de la matinée se passant à merveille il ne se préoccupa plus vraiment des ennuis

Devant passer chez ses parents vite fait – enfin vite fait une heure ou deux quand même – Grigori décida d'y aller seul. Il faut dire que l'amour de Kiara pour ses beaux-parents ne connaissait pas d'amélioration. Le mieux c'était encore de faire éviter au maximum à Kiara ce genre de rencontres désagréable. En prime, les conversations de ses parents étaient toujours les mêmes et portaient exclusivement sur la grossesse de Kiara, nul besoin d'être deux à se prendre des réflexions. Cette fois-ci, il eut le temps de boire deux gorgées avant que les hostilités ne commencent et que la question fatidique soit posée. Grigori secoua négativement la tête, non, aux dernières nouvelles Kiara n'était pas enceinte. L'expression agacée de son père ne lui échappa pas, s'il évita de rétorquer, sachant que ça ne servait à rien, il aurait voulu lui dire qu'est-ce que tu veux que je fasse de plus ? Ils couchaient ensemble régulièrement, elle ne tombait pas enceinte, ça finirait bien par arriver. Il se renfrogna lorsque son père émit l'hypothèse que Kiara prenne des potions contraceptives « N'importe quoi. »  Au bout d'un moment, il fallait arrêter la paranoïa, Kiara n'était pas ce genre de personnes. Ils en avaient parlé ensemble, si elle n'avait pas eu envie d'arrêter, elle lui aurait dit et ils n'auraient jamais couché ensemble, ça, c'était une certitude. Bon, il l'admettait maintenant, ça aurait été dommage, c'était bien plus que simplement essayer de faire un enfant. Son père semblait perdre patience à ce sujet, Grigori se fermant de seconde en seconde, ça n'était pas le genre de conversation qu'il affectionnait et il n'oubliait pas qu'il n'y a même pas deux mois, son père était prêt à sacrifier Kiara sur l'autel de la supériorité des Mangemorts. Il ne se rendait pas forcément compte mais derrière, non, Grigori n'avait pas sauté sur Kiara. Non, il ne fit pas la remarque, sachant pertinemment que son père n'avait pas la même vision des choses que lui. Les états d'âme de Kiara, il s'en fichait, comme il se fichait de la fatigue de sa propre épouse après la naissance de Dimka, ce qui valait à Grigori d'être là et ce dernier en avait bien conscience. Il ne servait à rien d'évoquer ce sujet, son père trouverait que ça avait été utile et quelque part, Grigori était bien forcé d'être d'accord, à la fois parce qu'il était en vie et qu'il savait que sans ça, il ne serait pas là et à la fois parce que grâce à ça, ses parents n'étaient pas obligés de faire avec Dimka.

Il trempait ses lèvres dans le breuvage et manqua d'avaler de travers en entendant son père lui demander le plus sérieusement s'il était sûr de savoir y faire. Ils en étaient là ? L'espace d'un instant, la colère illumina son regard sous l'insulte à peine voilée. Non mais il ne voulait pas faire des enfants à Kiara à sa place non plus ? Oui, ça, c'était le truc à ne pas dire, il serait capable de dire oui et alors là ils auraient atteint le fond. Le plus jeune s'efforça de garder son calme, ne pas réagir à la provocation, il savait très bien comment ça marchait, n'avait besoin d'aucun conseil. Si ça ne fonctionnait pas, ça n'était pas entre les mains de Kiara et lui. Heureusement que Kiara ne l'avait pas accompagné, elle aurait adoré les critiques, à n’en pas douter. Il se contenta de rappeler, sans trop s'énerver, que tout se passait très bien entre Kiara et lui, merci de s'en inquiéter, oui ça c'était du sarcasme et mal lui en pris vu le regard noir qu'il se prit en retour, qu'ils seraient les premiers informés le jour où Kiara serait enceinte.

Loin, bien loin de se contenter des certitudes de Grigori, son père posa une question étrange « Et ça ne lui arrive jamais de te repousser? »  Par réflexe, Grigori secoua négativement la tête. Jamais ? Sauf hier et ce matin mais c'était exceptionnel pas de quoi s'alarmer. « Même deux trois jours par mois? » Grigori le regarda sans forcément comprendre et même si c'était le cas, si deux, trois fois par jours par mois, elle n'avait pas envie de coucher, quel était le problème ? Les questions qu'il ne posait pas dansaient dans ses yeux « Elle se fout de ta tronche et tu ne captes rien. » Pourquoi, est ce qu'obligatoirement, il voulait que Kiara se paie sa tronche ? C'est fou ça, il ne pouvait pas accepter que ça mette du temps ? Il avait confiance en sa copine « Elle ne se fout pas de moi. » Son père eut un petit rire plein de dédain, blessant, avant de dire « Tu ne verrais rien de toute façon. »  N'importe quoi, c'était lui qui prêtait à Kiara des comportements qui ne lui ressemblait pas. Bien décidé à stopper cette conversation qui ne menait nulle part, il rétorqua froidement « Je ne vois rien parce qu'il n'y a rien à voir. » C'était de sa femme dont il parlait, sa femme dont il dessinait un portrait négatif, il fallait qu'il cesse parce que ça ne passait pas du tout aux yeux de Grigori.

S'il était buté de nature, il semblerait qu'il tienne ce trait de caractère de son paternel, puisque celui était décidé à faire douter Grigori « Toutes les femmes font ça. » Grigori lâcha dédaigneusement « Grand bien leur fasse. Il faut croire que Kiara vaut mieux que les autres filles. » Leurs regards s'affrontaient, il avait conscience de jouer à un jeu dangereux, il rendait fou son père à rétorquer et savait qu'à tout moment que ça pouvait basculer et qu'il pouvait ramasser mais tout le monde, lui y comprit, comptait sur Kiara pour donner une descendance et il ne laisserait personne la salir. Là, où Grigori s'agaçait, son père semblait analyser chacune des réactions de Grigori et cela ne faisait que lui confirmer que ce mariage était loin, très loin d'être un mariage de raison. « Mais bien sûr Grigori, tu es le seul à être bien tombé. » Son ton se faisait mordant à son tour. « T'es surtout un vrai crétin. Elle voulait pas se marier, elle veut finir ses études en paix, elle contrôle forcément ses périodes fécondes en s’esquivant. »  Il lança un regard froid à sa femme plus loin « Et elle s'en sort visiblement mieux que certaines. » Kiara n'était pas comme ça, il avait confiance en elle, c'était un hasard ces deux jours. Forcément le reste du temps qu'il passa là-bas ne fut pas des plus agréables, son père ne lâchant rien. Sans pouvoir dire que le doute habitait Grigori, il était surtout gavé de tout et il fut bien content de partir.

Une fois chez lui, ayant besoin de décompresser, il se servit un verre d'alcool – oui c’est rare mais ça arrive -, marmonnant qu'ils commençaient tous à le gonfler. Pourquoi, il n'arrivait pas à mettre enceinte Kiara ? Qu'est-ce qu'il faisait mal ? Son verre à la main, il partit à la recherche de Kiara, se doutant de l'endroit où il la trouverait. Bingo, elle était installée dans la bibliothèque, il se laissa glisser à ses côtés sans la déranger jusqu'à elle délaisse son livre. A partir de là, il posa ses lèvres sur les siennes pour un léger baiser, il resta silencieux un moment à juste profiter de sa présence. Avant qu'elle ne cherche la confirmation comme quoi ça s'était mal passé ou qu'elle veuille savoir ce qu'il s'était dit, il souffla dépité « Mon père a une nouvelle lubie, il pense à la fois qu'on ne sait pas faire l'amour. »  Il reprit pour être plus honnête avec elle « Ou plutôt que je ne suis pas capable de te mettre enceinte. » Dans son regard brilla le doute et si c'était vrai? « Il pense aussi que tu prends des potions ou que tu surveilles ton cycle » Il roula des yeux exaspéré « Franchement, vivement que tu tombes enceinte et qu'il me lâche la grappe parce que c'est pas agréable du tout. »  Oui il savait qu'elle n'y était pour rien mais il perdait patience, ils étaient mariés depuis plusieurs mois à présent, ils couchaient depuis encore plus longtemps et s'il avait été rassuré qu'elle ne soit pas enceinte avant le mariage, il aurait dû se méfier un peu plus de ce qu'il souhaitait réellement parce que maintenant, tout était problématique.

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Kiara Dimitrova
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Installée dans le sofa de la bibliothèque, Kiara dévorait son roman, les pages se tournant à une vitesse grand V. La poufsouffle avait toujours aimé lire, elle avait toujours aimé se plonger dans d’épais ouvrages qu’elle avait du mal à lâcher avant d’arriver à la dernière page. Le manoir qu’ils avaient acheté avec Grigori renfermait de nombreux secrets mais la bibliothèque était sans conteste la pièce que Kiara préférait le plus. Les anciens propriétaires, probablement peu attachés aux livres, avaient laissé là des étagères entières pleines de trésors et lorsque Kiara ne travaillait pas, elle y passait le plus clair de son temps, surtout maintenant que l’automne s’était bien installé et que la météo était devenue beaucoup moins clémente. La pluie battant son plein la plupart du temps, le feu dans la cheminée donnait à la pièce une ambiance cocooning dans laquelle Kiara se plaisait beaucoup. Avec une tasse de chocolat chaud sur la table basse, tout était parfait. Alors qu’elle entamait un nouveau chapitre de son livre, elle entendit du bruit dans les pièces d’à côté et sut que Grigori était rentré de Russie. Étrangement, elle se joignait assez peu à ses visites pour le moins grotesques et malaisantes ; elle ne parvenait toujours pas à trouver sa place dans la famille Dimitrov même si elle en portait désormais le nom. Et en réalité, elle ignorait toujours si elle voulait la trouver : sa place était auprès de Grigori, auprès de son mari. Pas de ses parents. En tout cas, c’était toujours aussi pénible de constater que ses beaux-parents n’avaient aucune affection pour elle. À vrai dire, Kiara n’en avait pas non plus mais elle aurait aimé que les choses soient différentes, que les choses changent après leur mariage mais en définitive, il n’y avait pas eu grande amélioration.

En entendant la porte de la bibliothèque s’ouvrir, Kiara tourna la tête vers Grigori, fronçant les sourcils en le voyant un verre à la main. Grigori n’était pas du genre à boire, vraiment pas. Il détestait ce que l’alcool faisait à l’esprit quand il était consommé en de trop grandes quantités et même si un verre, ce n’était rien, cet acte n’était pas anodin. Le regard soucieux qu’il portait sur son visage ne plut pas du tout à Kiara qui l’accueillit à ses côtés sans plus attendre. Leurs lèvres se trouvèrent et Kiara fut surprise d’y retrouver le goût de l’alcool, voilà qui était inhabituel. Posant son livre, elle le regarda quelques instants.  « Tout va bien? » chuchota-t-elle en posant sa tête sur son épaule, attrapant sa main, liant leurs doigts. Ce n’était pas commun de voir son mari ainsi et Kiara craignait que quelque chose de grave ne soit arrivé à sa famille. Certes, elle ne les portait pas dans son cœur, mais elle savait bien que Grigori était attaché à eux (même si à son avis, cette attachement révélait plutôt une forme d’emprise) donc elle ne leur souhaitait aucun mal. Elle attendit que Grigori parle et les mots qui s’échappèrent de sa bouche dépassèrent toutes ses attentes. « Quoi ??! » s’étrangla-t-elle, offusquée, gênée, tandis que le rouge lui montait brusquement aux joues à l’idée qu’ils évoquent ensemble leurs relations sexuelles. Elle ne voyait pas bien en quoi tout cela les regardait, en quoi tout cela les concernait en fait. Pourquoi tenait-il tant à s’immiscer dans leurs vies ? Mais leur vie la plus intime ? Tout cela dépassait Kiara et elle se sentit nauséeuse rien qu’à imaginer Grigori et son père échanger tranquillement sur la manière dont ils procédaient durant leurs rapports. Alors que Kiara allait rétorquer que tout cela ne le regardait en rien, Grigori reprit en disant que son père l’avait reproché de ne pas savoir la mettre enceinte. Encore... Cette histoire de descendance, bien sûr… Faisant immédiatement le lien dans sa tête, le visage de Kiara redevint impassible. Tout cela n’était pas la faute de Grigori, non. Aucunement. C’était bien la sienne. Elle le laissa terminer, réfléchissant à toute vitesse. Un et un font deux. « Ne doute pas de toi, tu n’y es pour rien. » furent les mots qui sortirent de sa bouche en premier, tentant de le rassurer, le temps de former une pensée cohérente pour la suite. « Je te promets que je ne prends plus la potion, je t’ai dit que je ne la prenais pas, je ne la prends pas. » D’accord, ça c’était facile, c’était vrai. Par contre pour le reste…

Grigori allait tomber de haut, elle le savait, il allait lui en vouloir, il allait la haïr, la détester. Elle ignorait encore quelles seraient les conséquences de ce petit détournement de vérité. Elle n’avait jamais menti, jamais. Mais elle n’avait pas été non plus tout à fait honnête avec lui. Les évènements de la veille et du matin même avaient dû lui mettre la puce à l’oreille car après tout, Kiara n’avait jamais vraiment refusé ses avances… Les mois précédents le mariage, elle s’était toujours arrangée pour passer quelques jours chez ses parents ou chez Sélénya lors de ces périodes fécondes, au mois de septembre elle était convalescente donc la question ne s’était pas posée. Mais maintenant, quelle excuse avait-elle ? « Grigori… » Elle ferma les yeux, ses mains débutant un ballet tortueux ; Elle n’avait pas vraiment besoin d’en dire plus, elle était certaine qu’il avait compris et à aucun moment elle n’avait envie de voir la déception dans son regard quand elle lui dirait que son père avait vu juste. « C’est vrai que je surveille mon cycle. » Rouvrant les paupières, les yeux fixant ses mains triturées et elle dit : « J’ai essayé de te le dire plein de fois. » Elle releva les yeux vers lui doucement : « Ne me déteste pas. » C’était illusoire que de dire ça. Elle le savait mieux que quiconque. Elle était sa femme, elle connaissait ses besoins, ses envies, ses désirs. Mieux que personne.


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All wrapped in one, he was so many sins
Would have done anything, everything for him
And if you ask me, I would do it again
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Grigori Dimitrov
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Ne pas douter de lui, ce n’était pas si simple. Elle se rendait bien compte qu'ils couchaient ensemble depuis des mois, alors certes pas comme si c'était la chose le plus importante au monde de faire un garçon mais quand même assez régulièrement. Il ne se sentait pas vraiment à la hauteur des attentes familiales, pourtant il y mettait vraiment du sien. Il ne voulait pas non plus la culpabiliser, lui faire porter ses attentes à lui, sachant qu'elle ne pouvait rien faire de plus. Raison pour laquelle il ne lui demanda pas pourquoi ça ne fonctionnait pas, elle n'avait pas les réponses à ses questions et il le savait. Un sourire se dessina sur ses lèvres en entendant Kiara lui dire qu'elle ne prenait pas de potions « C'est ce que j'ai affirmé, ne t'en fais pas. » Son père était parano au sujet de Kiara mais Grigori connaissait son épouse, elle n'avait aucune raison de faire des choses dans son dos, ils se disaient tout. Ça n'était pas parce que tout ne se passait pas comme les gens le souhaitaient, comme il le souhaitait aussi, que tout de suite il y avait tromperie et manipulation.

Lorsqu'elle l'appela par son prénom, il se concentra sur cette voix dont l'intonation était différente de d'habitude. Il glissa délicatement sa main sur la sienne pour l'empêcher de stresser, amusant qu'ils aient un peu le même genre de tics, il copiait l'attitude que Kiara avait avec lui lorsqu'il était en stress. C'était plus facile que de mettre des mots sur ce qu'il pensait, étant peu friand des confidences et des mots pour rassurer l'autre. Lorsqu'elle reprit la parole, ce fut pour tout détruire. Il resta immobile, les yeux dans le vide, enregistrant l'information avec difficulté, un froid immense l'envahissant. Sa main se retira de celles de sa femme presque dans la foulée, tandis qu'un rire nerveux le secouait « Tu te fous de moi? » Oh, c'était une question rhétorique, il savait qu'elle était tout à fait sérieuse, elle ne plaisanterait pas là-dessus, ce serait bien la dernière chose à faire. Elle surveillait son cycle, mais dans quel monde c’était possible qu’elle fasse ce genre de choses ? Il ne comprenait pas ce qui lui tombait dessus. Elle l’avait mené en bateau. Elle avait fait de lui ce qu’elle avait voulu et il n’avait rien vu. La raison, il la connaissait et ça faisait mal, il l'aimait. C'était tout simple, il lui faisait confiance parce qu'il l'aimait. Il le savait pourtant que c'était la porte ouverte à la manipulation, aux moyens de pressions, que c'était une erreur de l'être, en premier lieu, et de l'avoir communiqué. Il l'avait défendu avec ferveur, il n'avait rien voulu entendre des critiques, sa femme n'était pas comme ça. Quelle désillusion, il ne la connaissait pas, elle était là la vérité. Il l'avait suivi sur le chemin de l'égalité, avait essayé de toutes ses forces de la rendre heureuse sans penser une seconde qu'en retour elle le piétinerait comme si ses envies étaient ridicules, comme si ce qu'il voulait n'avait pas la moindre importance à ses yeux. Il sentait l'amertume et une envie de la fracasser le gagner de secondes en secondes. Dans un effort immense, alors que ça l'aurait certainement apaisé, il se leva pour ne pas lui tomber dessus. Ça n'était pas que son affection pour elle qui parlait, il devait y avoir de l'affection là dessous,  bien sûr, mais il y avait surtout une volonté que personne, en particulier elle, ne puisse lui reprocher de l'avoir touché à des fins punitives, pour se venger.

Loin de se douter de ce contre quoi il se battait mentalement, elle s'adressa à lui pour lui balancer qu'elle avait essayé de lui dire plein de fois. C'est plein de hargne qu'il rétorqua « Ne te cherche pas d'excuses ! » Non mais ça c'était la meilleure, elle avait essayé de lui dire ? Mais lui dire quoi, qu'elle se foutait de sa gueule depuis des mois ? Que la bonne nouvelle qu'il attendait tous les mois ne viendrait jamais parce qu'elle l'avait décidé ? Que toutes ces nuits où il se remettait en question n'avait pas lieu d'être ?  Que les critiques de son père étaient fondées et que lorsqu'il disait que toutes les filles étaient pareilles et que Grigori s'entêtait, quitte à se mettre son père à dos, c'était pour mieux passer pour un débile ensuite ? La peine le submergeait sans qu'il ne puisse l'endiguer, son alliée de ces dernières années venait de lui planter sa baguette dans le dos, sans qu'il ne comprenne la raison. Il prit une profonde inspiration pour remettre de l'ordre dans ses pensées et ignorer son cœur en lambeaux. Il se concentra sur la dernière phrase qu'elle prononça, sentant une colère sourde le gagner « BOUCLE LA! Tais-toi ! Tu peux pas me dire ça ! » Combien de fois il avait évoqué leur descendance avec elle ? Combien de fois avait-elle dû se moquer de lui ? Avait-elle évoqué ce point avec ses amis, ses proches ? Les avait-elle tous rassurés suite à l'évocation de son mariage sur le fait qu'il n'aurait pas d’enfants ? Chaque question qu'il se posait ne faisait que remonter une amertume certaine pour la fille qui partageait sa vie. Il était hors de lui, ayant envie de lui hurler dessus, de l'étrangler pour qu'elle sache ce que ça faisait de se faire trahir. Il prenait sur lui pour garder une voix calme, peut-être un peu plus grave que d'ordinaire « Tu veux donc la jouer comme ça ? » Un sourire hypocrite se dessina sur ses lèvres tandis qu'il la regardait avec une véritable haine dans son regard « Très bien, on jouera selon tes règles. » Comme toujours avait-il envie de dire « Profite bien de tes études parce que je te louperais pas derrière. » Une faible partie de lui était prête à bafouer sa propre parole en représailles, elle était sa femme, il avait tous les droits sur son corps. Il voulait cet enfant, il voulait prouver au monde entier - à son père surtout - qu'il était capable d'avoir un héritier et ça faisait trop longtemps qu'il se prenait des réflexions pour ne pas avoir envie de la faire à l'envers à son épouse mais il restait fidèle à ses principes à ce qu'il lui avait promis, il la laisserait finir ses études, il se débrouillerait avec les critiques de son père en attendant.

Il prit la direction de la porte, n'ayant plus rien à lui dire, réellement blessé par ce manque de considération. Si encore, il s'était montré insistant pour coucher avec elle mais même pas, c'est elle qui était venue le chercher. Il aurait dû se douter, quand c'est trop beau pour être vrai, c'est que c'est faux. Il trouvait la leçon de vie bien cruelle. Il se devait de prendre les bonnes décisions maintenant, il était évident qu'ils n'avaient pas les mêmes envies. « Wipsy » L'elfe arriva en courant, c'est fou comme elle n'avait pas de prestance. En moins de dix secondes qu'elle était là, elle donnait des envies de meurtres à Grigori avec sa voix nasillarde, ses courbettes qu'elle faisait extrêmement mal. Comme il se contentait de la regarder sans dire un mot, elle s'immobilisa, regardant tour à tour les deux sorciers avant de lisser ses haillons, oui bon... Grigori déteignait sur son foyer, c'était un fait. « Déplace mes affaires dans une autre chambre. » « Laquelle? » Comment ça laquelle, non mais sérieux? Il s'en fichait. « La beige? » Il souffla « Si tu veux. » « La bleue? »  « WIPSY ! PRENDS MES AFFAIRES ET RANGE LES DANS N'IMPORTE LAQUELLE ! C'EST PLUS CLAIR LÀ ? » Signe que Grigori était loin d'être le sorcier le plus serein du monde, l'elfe ne sursauta même pas face à l'éclat de voix, se contentant de couler un regard vers la maîtresse de maison « Et vous maîtresse » Grigori la coupa avant qu'elle aille au bout de sa question « Elle reste dans sa chambre, elle peut même dormir à Poudlard si elle a besoin de calme pour ses études, je m'en moque. » Cette pensée le fit sourire, ironiquement, c'est pas comme si elle n'allait pas être au calme ici. Ces propos avaient au moins le mérite d'être clair, Poudlard ou ici, elle n'avait pas intérêt à aller ailleurs parce que ce qu'il lui avait dit en septembre, dans le but de la protéger à ce moment, était toujours valable, il pouvait l'enfermer et alors elle pouvait le détester, le maudire, ça lui faisait une belle jambe, comme ça ils étaient deux. L'elfe ne chercha pas à en savoir plus, elle s'éclipsa pour faire ce que Grigori demandait, au moins un truc qui fonctionnait bien.


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Jeu 7 Déc - 14:27


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La gorge serrée, attendant la sentence, Kiara retenait son souffle. Elle connaissait Grigori mieux que quiconque, elle savait à quel point la phrase qu’elle venait de prononcer allait lui briser le cœur. Peut-être même que la colère allait l’envahir. En réalité, elle appréhendait sa réaction parce qu’elle savait à quel point son mari pouvait être des plus impulsifs. Si elle n’imaginait pas un seul instant qu’il puisse lui faire mal physiquement, elle n’oubliait pas à quel point Grigori était doué pour le langage et à quel point les remarques acerbes et piquantes pouvaient sortir de sa bouche à une vitesse déconcertante, touchant là où ça faisait mal. Tout cela, elle le savait. Et elle n’excluait pas le fait qu’il lui hurle dessus. Elle connaissait depuis toujours le désir profond de Grigori d’avoir des enfants. Ou plutôt des garçons, comme il aimait le dire. Comme s’il pouvait véritablement avoir le moindre pouvoir sur ce choix divin. Et pourtant, elle venait de briser son rêve sans préambule, sans avoir cherché à tâter le terrain ou à amener la chose de manière plus subtile. Probablement parce que la culpabilité la rongeait depuis déjà plusieurs semaines et qu’elle savait qu’elle ne faisait que retarder le moment où elle le lui dirait. En réalité, elle avait espéré ne jamais avoir à le faire ; elle avait espéré que les mois passent sans que Grigori ne vienne lui poser la moindre question sur le fait qu’elle ne soit pas enceinte. Cela aurait facilité les choses. Pour elle, évidemment. Pas pour lui. Alors qu’il prenait la mesure des propos qu’elle venait de lui tenir, elle percevait à quel point elle était une déception à ses yeux. L’attitude aimante de Grigori se transforma immédiatement en un mur de glace, un mur dont elle ignorait tout. Pourrait-elle à nouveau passer de l’autre côté avec lui ?

Lorsqu’il retira sa main de la sienne, elle sut que tout était perdu. Elle ne prit pas la peine de répondre à sa phrase, c’était inutile et cela n’appelait aucune réponse. Elle avait mille choses à lui dire, mille excuses à lui fournir. Et pourtant, rien ne sortait de sa bouche, aucun mot ne parvenait à franchir ses lèvres tant elle était désolée de la situation dans laquelle elle mettait son couple, tant elle était désolée du désespoir qu’elle percevait chez son mari. La confiance qu’elle avait pris grand-peine à bâtir venait de s’envoler en une seule phrase et elle savait qu’elle en était la responsable. Immédiatement, sa première pensée fut qu’elle aurait dû mentir. Mais était-ce le genre de mariage qu’elle souhaitait ? Était-ce l’idée qu’elle se faisait d’une union heureuse ? Certes non. Son honnêteté avait été trop forte après des semaines à subir la culpabilité du mensonge. Elle était l’unique responsable de cela et ce fut pour cette raison qu’elle ne chercha aucunement à se défendre. Lorsqu’il se leva, Kiara demeura à sa place, tétanisée, ne sachant pas comment réagir. Tout son corps s’était raidi tandis qu’elle tentait vainement d’expliquer qu’elle avait tenté de lui en parler à de nombreuses reprises. Elle ne voulait pas qu’il la rejette, qu’il la déteste et pourtant… Les mots de Grigori lui déchirèrent le cœur mais Kiara resta digne, gardant le silence, sachant pertinemment qu’elle méritait cette colère, qu’elle méritait qu’il lui parle avec autant de vigueur et de hargne. C’était légitime. Sa réaction n’était nullement disproportionnée, il réagissait à chaud et Kiara n’avait aucunement envie de se défendre, ni de chercher des excuses. Pas maintenant. Elle voulait seulement faire amende honorable. Peut-être lui expliquer pourquoi elle en était arrivée à de telles extrémités. Des raisons, elle en avait mais elle ignorait s’il était en mesure de les écouter maintenant.

Alors qu’elle cherchait le regard de son mari, elle fut surprise d’y déceler une lueur qu’elle n’y avait encore jamais vu. Était-ce de la folie ? Ou bien de la haine ? « Je ne joue pas. » Tout semblait se mélanger alors qu’il prétendait qu’ils joueraient donc selon les règles de la jeune femme. « Il n’y a jamais eu de règles Grigori... » murmura-t-elle doucement alors que ses menaces à peine voilées lui arrachaient un frisson d’angoisse ; reprenant immédiatement le ballet tortueux de ses mains, Kiara ne sut pas quoi répondre. Il n’oserait tout de même pas ? C’était la furie qui parlait, tentait-elle de se convaincre. Il ne pouvait décemment pas penser réellement à cela ? Ce n’était pas le Grigori qu’elle connaissait, ce n’était pas celui avec qui elle avait l’habitude de parler. Elle découvrait là une autre facette de son visage mais elle savait qu’elle avait sa part de responsabilité, une part qu’elle ne pouvait pas négliger. Lui également venait probablement de se rendre compte qu’elle n’était pas celle qu’elle avait prétendu être. Et Kiara se détestait, elle se détestait vraiment de lui faire subir tout cela. Elle avait tellement envie de revenir en arrière, pour faire les choses autrement. Après tout, c’était elle qui avait insisté pour avoir des relations charnelles avant leur mariage, elle qui avait tenu à découvrir Grigori de manière plus intime alors qu’il l’avait pourtant prévenu qu’il ne souhaitait pas avoir des relations sexuelles sans que cela ne soit dans le but de concevoir un enfant. Kiara rêvait d’avoir des enfants. Mieux encore, elle rêvait depuis maintenant plusieurs années d’avoir des enfants avec lui. Et à partir du moment où elle avait accepté sa demande en mariage, elle s’était imaginée porter les enfants de Grigori, les élever, les voir grandir. Mais tout cela avait été si soudain. Mise sous pression par son beau-père avec l’avancée du mariage, Kiara n’avait pas trouvé d’autres moyens de se protéger que d’éviter une grossesse. Au départ, elle s’était simplement dit jusqu’au mariage. Grigori avait tellement peur que la société imagine qu’ils se mariaient parce qu’elle était enceinte, elle s’était alors convaincue qu’elle ne faisait rien de mal. Et ensuite… Il y avait eu l’attaque sur le quai neuf trois quart. Encore une fois, Kiara s’était persuadée qu’elle faisait bien de surveiller son cycle ; si elle avait dû perdre leur bébé… Elle savait dans quel état elle aurait été. Et depuis cela, les semaines avaient passé et Kiara s’était laissée porter. Est-ce que cela faisait d’elle une personne des plus détestables ? Elle l’ignorait, sincèrement.

Ressentant le besoin de lui dire tout cela, Kiara chercha ses mots. Mais Grigori tourna soudainement les talons, la faisant sursauter. Comprenant qu’il ne souhaitait pas rester en sa présence, Kiara hésita à le suivre durant une fraction de seconde afin de lui laisser un peu d’espace mais son amour pour lui la força à se lever. Elle détestait l’idée même d’être en froid avec lui. C’était quelque chose qui lui paraissait inconcevable. Alors qu’il hélait Wipsy qui fit de son mieux pour accourir en peu de temps, la jeune femme resta légèrement en retrait, ne sachant pas bien ce qu’il faisait. Et lorsqu’il demanda à l’elfe de déménager ses affaires, elle eut un mouvement de recul et son dos percuta le mur. Quoi?! Non. NON. C’était les mots qui voulaient sortir de sa bouche mais aucun son n’en émana. Lorsque Wipsy s’adressa à elle, Kiara la regarda d’un air désemparé, lui intimant comme elle pouvait de ne pas répondre aux ordres de Grigori. Mais comme elle ne pouvait pas dire un seul mot, ce fut Grigori qui s’en chargea. Dormir à Poudlard? Ainsi il souhaitait véritablement faire chambre à part, s’éloigner d’elle, ne plus avoir aucun contact avec elle. En plus de cela, il souriait. Mais ce n’était pas le sourire qu’il lui adressait lorsqu’elle disait quelque chose qui le faisait rire. Ce n’était pas le sourire qu’il naissait sur ses lèvres lorsqu’elle venait l’embrasser doucement au saut du lit. Ce n’était pas le sourire qui s’installait sur son visage lorsqu’elle se blottissait tout contre lui. Ce sourire-là était bien différent et la jeune Poufsouffle ne reconnut pas son mari. Les larmes silencieuses commencèrent à dégringoler sur ses joues. Il ne voulait plus d’elle auprès de lui, son ressentiment était trop fort, trop intense. Et si elle avait été plus intelligentes, Kiara se serait contentée de ne rien dire, attendant qu’il décolère. Pour autant, elle espérait encore pouvoir éviter sa rage. Il l’aimait, non ? Il devrait être capable de lui pardonner, comme elle lui avait déjà pardonné bien des erreurs et des manques de jugement. Voilà ce dont elle tenta de se convaincre.

Alors que Grigori allait probablement s’en aller le plus loin possible d’elle, elle se jeta sur lui dans un geste désespéré. Arrivant dans son dos, elle enveloppa son buste de ses bras et serra avec grande vigueur pour ne pas qu’il la repousse. Évidemment, il était bien plus fort qu’elle et pourrait se dégager sans aucune difficulté s’il le souhaitait. Très vite, elle chuchota : « Ne me rejette pas, je t’en prie. On peut parler, s’il te plaît, comme on le fait tout le temps… Je peux expliquer… » Qu’allait-il avoir à faire de ses explications ? Mais Kiara voulait tout de même essayer. Cette situation lui pesait. Elle n’était pas fière d’elle. Bien au contraire. Le voir ainsi la déchirait. Elle avait l’impression de l’avoir trahi et en quelques sortes, c’était vraiment le cas. Comment allaient-ils se sortir de cette situation douloureuse ? Kiara était totalement désemparée.
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Grigori Dimitrov
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Elle ne jouait pas, ce n'est pas l'impression qu'elle donnait. Lui il avait l'impression qu'au contraire elle avait joué avec lui comme un chat avec sa proie. Il se sentait tellement naïf de l'avoir cru, elle. Il avait été prévenu par son père, mis en garde même et il n'avait rien écouté, convaincu qu'il pouvait avoir confiance en elle, qu'ils étaient seuls contre tous comme à chaque fois. Il ne parvenait pas à comprendre ce qu'il faisait mal, pourquoi il ne parvenait pas à être assez important ? Là, encore, il avait travaillé sur lui-même pour approcher les attentes de cette fille, qu'est ce qu'elle lui reprochait au juste ? Qu'est ce qu'il avait mal fait ? Ça allait même encore plus loin, elle s'était mariée, elle avait invité tout le monde à son mariage et il avait même cédé sur la pureté du sang dans le seul but de lui plaire. Mais dans quel but avait-elle été aussi loin ? Quelle leçon devait-il apprendre ? Il la fixa froidement lorsqu'elle mentionna qu'il n'y avait pas de règles « J'avais bien compris, tous les coups sont permis tant que tu obtiens ce que tu veux. Tu vas perdre, je ne te laisserais pas me ridiculiser. » Ses parents comptaient sur lui, la famille Dimitrov comptait sur lui, il était enfin sous les projecteurs, il ne laisserait pas une imbécile manipulatrice briser tous ses rêves. Ils étaient adversaires, très bien, il lui apprendrait que peu importe les coups portés, il gagnait toujours, ça pouvait prendre du temps mais il était quelqu’un de déterminé.

Tout d'abord, remettre une distance nécessaire, il y avait bien assez de chambre pour qu'il n'ait pas cette traîtresse sous le nez en permanence. Wipsy semblait clairement avoir choisi son camp aussi, tous des traîtres de toute façon, elle lui posait des questions pour le perdre il se moquait bien de savoir dans quelle chambre il dormirait, tant que c'était loin de son épouse. Ensuite elle voulait savoir ce qu'il en était pour la maîtresse de maison. Il avait eu l'impression d'être clair mais avec les elfes... il précisa donc sa pensée elle restait dans sa chambre ou elle pouvait faire semblant de vouloir travailler à Poudlard. Il lui offrait cette opportunité, qu'elle aille s'occuper de ces merdeux au sang impurs. De son côté, il allait se concentrer sur sa carrière, il réussirait au moins quelque chose comme ça. Voilà c'est ce qu'il devait faire, travailler plus, c'était utile à la fois pour son avenir mais aussi pour ne plus avoir la blondinette sous son nez sans arrêt, parce qu’il ne se faisait pas d’illusions, elle allait rester dans ses pattes par principe, pour le rendre fou.

En parlant du loup, il sentit un impact dans son dos. S'il se crispa, il savait son épouse trop intelligente pour croire qu'elle aurait le dessus, ça n'était pas une attaque sournoise, ça n’était même pas une attaque pour être sincère, il n’y avait aucune violence dans son geste. Non, elle semblait vouloir l'enlacer et il grogna mécontent de ce traitement « Lâche moi! » Il ne fit pas le moindre geste pour se défaire de son emprise, se contentant de la menacer « Si tu ne veux pas souffrir inutilement, je te conseille vivement de me lâcher. Tu as dix secondes. » Loin de tenter le diable, elle desserra sa prise sur lui. Pour la première fois depuis qu'il était avec elle, il lissa le tissu suite à son contact, ronchonnant intérieurement qu'elle venait de froisser son vêtement. « De quoi est-ce que tu veux bien me parler?! Du fait que tu es une garce ? Du fait que tu m'as bien baisé pendant des mois dans tous les sens du terme ? Que tu m'as laissé croire que tu voulais bien porter ma descendance, que peut-être ça allait arriver bientôt alors que tu savais qu'il n'en serait rien ? » Il la regardait sans comprendre, totalement pris au dépourvu et devant faire des efforts pour contrôler sa voix, sa colère, son ressentiment, sa peine, surtout sa peine. « Tu sais quoi épargne ta salive, je n'en veux pas de tes explications. Le seul conseil que tu devrais écouter c'est le suivant tu as intérêt à garder ça pour toi. Si j'apprends que tu en as parlé à qui que ce soit. » Pire encore si son père l'apprenait de quelque manière que ce soit et qu'il en parlait à Grigori avec son ton moralisateur, son je t'avais prévenu que personne n'a jamais envie d'entendre « Je te jure que j'attendrais pas la fin de tes études. » Ayant bien conscience qu'elle pourrait l'arnaquer encore et encore, il ajouta « Et crois moi que s'il faut t'enfermer ici pour être sûr que tu sois enceinte, je le ferais. » De toute façon, à quoi ça lui avait servi à lui de faire les choses bien, à part passer pour un idiot à ses yeux à elle et un incompétent aux yeux de son père.

Jugeant qu'ils s'étaient tout dit, il passa la porte de la bibliothèque « Tu peux envoyer un hibou aux hôtes de la soirée à venir et leur dire que tu ne pourras pas venir, dis leur je sais pas moi que tu es souffrante, de toute façon cacher la vérité c’est ton fort non ? » Pas question de s'encombrer de sa présence et de l'avoir dans les pattes. De toute façon, il la connaissait, il savait qu'elle détestait y aller, qu'elle le faisait par obligation, de quoi c'est une question qu'il ne voulait pas se poser. Autant qu'il ne l'ait pas sous son nez en permanence et elle pourrait réviser ses cours. Des cours si importants pour elle qu'elle avait préféré aller au bout de son idée de coucher avec lui et de se débrouiller pour ne jamais tomber enceinte, tout en jouant la carte de non je ne prends pas de potions. Il aurait dû le deviner, elle était tout aussi ambitieuse que lui dans ce domaine, bien sûr qu'elle ne prendrait aucun risque. Qu'est ce qu'il pouvait être stupide quand il désirait quelque chose, c’était tellement évident avec le recul. Comment il avait pu lui faire confiance aussi aveuglément.

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Elle avait merdé. Elle le savait. Elle en était pleinement consciente. Pour autant, le retour à la réalité était des plus difficiles à encaisser. Voir Grigori dans cet état était insupportable à ses yeux et encore plus puisqu’elle savait qu’elle en était la responsable. Comment avait-elle pu être suffisamment naïve pour imaginer qu’il serait capable d’encaisser une telle information ? Une information balancée sans préambule, qui plus est. Comme si Kiara avait voulu s’en débarrasser, comme pour soulager sa conscience de ce poids trop lourd à porter qu’elle gardait pour elle depuis quelques mois. Cela n’avait pas été si facile pour elle et si elle lui révélait la vérité sans chercher à le lui cacher, c’était bel et bien parce qu’elle l’aimait et que ce semi-mensonge la dévorait de l’intérieur. Elle avait souvent essayé de le lui dire mais n’avait jamais pu, préférant repousser le moment où elle lui avouerait qu’elle était terrifiée par tout ce que cela impliquait. Elle voulait des enfants avec Grigori, c’était certain. Maintenant s’il le souhaitait. Kiara n’avait plus peur. La seule chose qu’elle craignait en réalité, c’était de le perdre lui. Les mots qu’il employait, la colère qui se dégageait de lui était telle que Kiara se sentait brusquement face à un inconnu. Si elle ne le connaissait pas si bien, elle aurait pu avoir peur de lui mais ce n’était pas le cas ; elle savait que sa réaction était celle d’un homme blessé. Il lui avait fait confiance et elle avait trahi cette confiance. Mais si Kiara pardonnait facilement aux autres, elle savait qu’il n’en était pas de même pour son mari. Bien au contraire. « Tant que j’obtiens ce que je veux ? » murmura-t-elle, ne comprenant pas ce qu’il disait, ni où il voulait en venir. Il se sentait floué, elle l’entendait. Mais elle n’avait jamais vraiment obtenu ce qu’elle voulait. Depuis que les parents de Grigori étaient revenus dans sa vie, tout était compliqué, tout était sujet à négociation et la vie avec Grigori était devenue plus difficile. Même si l’ancien Serpentard s’était toujours rangé du côté de sa femme, les relations tendues entre Kiara et sa belle-famille rendaient leurs échanges moins fluides et leurs discussions moins faciles. Kiara avait accepté d’avancer le mariage pour lui, comment pouvait-il dire qu’elle obtenait toujours ce qu’elle voulait ? Quant au fait de le ridiculiser, elle n’en avait jamais eu l’intention. « Je ne veux pas gagner, ni perdre. C’est pas un jeu, c’est nos vies… » tenta-t-elle de dire tout en sachant qu’il allait être difficile de pouvoir faire entendre raison à son mari. La colère l’animait et elle le savait, lorsqu’elle prenait la place de la raison dans l’esprit de Grigori, il n’y avait pas grand-chose à faire.

Il sortit de la bibliothèque, quémandant auprès de Wipsy un changement de chambre. Ils en étaient déjà arrivés là au bout de deux mois de mariage ? Ils allaient faire chambre à part ? Kiara, sidérée par sa requête, ne parvenait pas à bouger, ni même à réagir. Si elle savait que cette discussion ne serait pas simple à appréhender, elle n’avait pas imaginé qu’elle occasionnerait chez Grigori un tel sentiment de rejet. Il rejetait son épouse, il la rejetait elle. Elle qui avait toujours cru en lui, en eux. Le cœur de Kiara se brisa, refusant qu’ils en restent là. Elle voulait son mari, elle voulait l’homme qu’elle aimait, pas celui qui était devant elle et qui refusait toute discussion. L’union de Kiara et Grigori était basée sur les négociations, les échanges, les compromis. Mais à cet instant précis, il n’était nul question de tout cela. Grigori décidait, point. Dans une tentative désespérée, elle tenta de s’approcher de lui mais il lui demanda rapidement de le lâcher sous peine de représailles. Dix secondes. C’était ce qu’il lui offrait. Huit secondes. Elle profita quelques instants de sa chaleur. Cinq secondes. Kiara huma son odeur, sachant fort bien qu’elle ne pourrait pas le tenir dans ses bras avant plusieurs jours. Elle connaissait son mari. Trois secondes. Elle le lâcha, à contre cœur. Elle le regarda lisser son vêtement, ce qui ne l’étonna guère. Par contre, ce qui surprit Kiara, c’était les mots qu’il utilisait pour la définir. Elle voulait lui dire qu’il pouvait la haïr mais qu’il n’avait pas le droit de l’insulter, elle voulait lui dire qu’elle souhaitait toujours porter ses enfants mais il lui demanda d’épargner sa salive. Il lui ordonna de ne rien dire, de garder tout cela pour elle. Comme si Kiara avait quelqu’un pour raconter tout cela. Il y avait Maëlle, évidemment. Mais cette fois-ci, c’était trop intime, trop personnel. Trop honteux. Kiara n’était pas ce qu’elle avait fait et elle détestait la manière dont Grigori réagissait. Si elle avait cru pouvoir compter sur sa compréhension, elle s’était fourrée la baguette dans l’œil. Le reste de ses propos furent d’une violence sans nom, tandis qu’il parlait ouvertement du fait qu’il pourrait la forcer à avoir un rapport avec lui juste pour avoir sa descendance. Kiara avala sa salive, tentant de se persuader que c’était sa rage qui le faisait parler ainsi. Il n’oserait pas, essaya-t-elle de se convaincre. Sidérée par ses paroles, Kiara ne put rien dire de plus. Que pouvait-elle ajouter de toute manière ? La fureur de Grigori n’avait pas d’égale. Elle ne l’avait jamais vu ainsi, ne l’avait jamais connu ainsi. Et pour le dire franchement, cette facette de Grigori lui faisait peur.

◊ ◊ ◊ ◊ ◊ ◊

Ainsi passèrent les jours. Puis les semaines. Si Kiara avait imaginé que Grigori reviendrait vers elle une fois la colère passée, les journées se terminaient et se ressemblaient toutes. La solitude avait envahi la jeune Poufsouffle, tout comme l’apathie. Si elle parvenait à donner le change à Poudlard et au laboratoire de recherche dans lequel elle effectuait son stage professionnalisant, dès qu’elle passait le pas de la porte de leur maison, l’humeur de Kiara changeait. En réalité, elle passait ses soirées à pleurer, à regarder la pluie qui tombait de plus en plus souvent l’automne s’installant, à attendre que Grigori rentre du Ministère et daigne lui adresser un mot, ou même, ne serait-ce qu’un regard. Mais cela n’était pas le cas. Il l’ignorait sans aucune difficulté depuis tout ce temps tandis que Kiara se morfondait dans son coin, son cœur devenant de plus en plus lourd chaque jour qui s’écoulait. Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé son mariage, ni sa vie. Le sourire qui ne quittait jamais ses lèvres habituellement n’était plus. Elle ne savait plus quoi faire, ni comment faire réagir Grigori ; sa présence, ou son absence d’ailleurs, ne l’importait plus. Preuve en était, il n’avait même pas remarqué les fois où elle n’avait pas dormi au manoir, se réfugiant dans le dortoir de Poudlard pour pleurer dans les bras de Maëlle tout en refusant de lui dire les raisons de son tourment, ou allant dormir chez Théo et Sélénya, prétextant simplement que sa sœur lui manquait. Mais en réalité, c’était Grigori qui lui manquait. Le Grigori qu’elle aimait et qu’elle avait choisi d’épouser. Cet homme là avait disparu et Kiara ne savait plus ce qu’elle devait faire. Elle lui avait donné l’espace nécessaire à l’expression de son ressentiment envers elle et elle avait espéré qu’ils retrouveraient une certaine quiétude au bout d’un moment mais cela n’était pas le cas ; et comme Grigori évitait de se retrouver dans la même pièce qu’elle, elle ne pouvait même pas tenter d’initier la conversation. Tout était douloureux désormais ; elle avait mal. Terriblement mal.

Un soir, Kiara rentra tard de Poudlard. Depuis quelques temps, elle prenait toutes les tours de ronde possibles afin d’être le moins longtemps possible seule à la maison. Elle fit le tour du Manoir, remarquant que la veste de Grigori n’était pas rangée à sa place habituelle, elle comprit qu’il était toujours au travail, malgré l’heure tardive. Mais cette fois-ci, Kiara décida de l’attendre, avec la ferme volonté de le confronter. Il fallait qu’ils se parlent, la situation n’était plus tenable. Elle attendit ainsi dans l’entrée pendant une heure. Puis deux. Puis trois. Vingt-trois heures approchant, Kiara perdit patience tandis que les larmes coulèrent sur ses joues. Il faisait toujours chambre à part et en plus de cela, il découchait ? Peut-être était-il en train de s’amuser avec d’autres femmes. Cette pensée fit souffrir Kiara même si sa raison savait que Grigori ne prendrait jamais le risque d’avoir un bâtard avec une autre femme que son épouse. Du moins, c’était ce qu’elle imaginait. Avant. Maintenant, elle n’était plus sûre de rien. Alors qu’elle pleurait encore, la petite voix de Wipsy brisa le silence, lui demandant : «Est-ce que vous voulez quelque chose à manger, Maîtresse Kiara ? » La jeune Poufsouffle se tourna vers l’elfe, si prévenante et si discrète malgré les circonstances. « Non merci Wipsy. » L’elfe lui posait la question tous les jours. En réalité, Kiara n’avait plus d’appétit et elle n’avalait pas grand-chose depuis ces dernières semaines. Ses traits étaient tirés, son visage était plus blafard qu’à l’accoutumée même si elle tentait de dissimuler sa fatigue et ses cernes par son maquillage. Elle ajouta : « Quelque chose à boire peut-être ? » Kiara haussa les épaules et dit : « Oui, d’accord. » La petite elfe sursauta, surprise d’obtenir une réponse positive à sa demande. Un grand sourire aux lèvres, ravie de servir sa maîtresse, elle dit : « Du thé, un café, un chocolat chaud ? » Mais Kiara avait une autre idée en tête. « Non, de la Vodka. La plus forte qu’on ait. » C’était une idée de merde. Une vraie grosse idée de merde. Mais Kiara n’en pouvait plus. Clairement. Elle voulait oublier. Wipsy ne bougea pas, ne sachant probablement pas si Kiara plaisantait ou non, ce qui obligea Kiara à dire : « Maintenant. » L’elfe s’éclipsa et Kiara se dirigea vers le salon d’hiver, le regard perdu vers l’extérieur. La nuit était sombre et tout le jardin était silencieux.

Si la première gorgée de Vodka lui arracha l’œsophage, Kiara n’hésita pas à en boire d’autres. Sans se poser de question, sans écouter la voix suppliante de Wipsy qui lui disait d’aller moins vite. Au bout du troisième verre, Winky devenait de plus en plus insistante : «Maîtresse Kiara, il faut pas. » Tandis que Kiara continuait. « Mais si il faut. » Il le fallait, non ? « Monsieur Grigori n’aimerait pas que vous fassiez cela. » Kiara eut un rire maussade en répondant : « Monsieur Grigori n’en a pas grand-chose à faire, je peux te l’assurer. » Avalant le verre suivant, la tête de la jeune femme se mit à tourner davantage et lorsqu’elle se leva, elle trébucha sur le tapis, se rattrapant à une console, faisant tomber le joli vase en porcelaine qui s’y trouvait, celui-ci se fracassant par terre dans un vacarme des plus assourdissants. « Oh non... » Wipsy se précipita pour nettoyer et Kiara se contenta de porter à nouveau le verre à ses lèvres, tandis que les larmes coulaient sans discontinuer sur ses joues. De toute sa vie, elle ne s’était jamais sentie aussi mal. Et ce n’était pas uniquement à cause de l’alcool. Kiara n’avait jamais été portée sur la boisson, jamais. Pourtant, elle comprenait soudainement ceux qui le faisaient. Elle avait tellement l’esprit embrumé qu’elle n’arrivait plus vraiment à réfléchir, preuve que cela fonctionnait. Kiara posa la bouteille sur la console et se pencha pour aider Wipsy à ramasser les morceaux. Mais ses gestes étant troublés par l’alcool, elle se coupa à la main, laissant échapper un léger cri. « Oh non maîtresse, vous êtes blessée ! » Le sang coulait tandis que Kiara tentant de comprimer la blessure. « C’est rien. » Alors que Wipsy s’éclipsait pour aller chercher la trousse de secours, Kiara retourna à la contemplation de sa bouteille, se disant qu’elle aurait sans doute moins mal si elle buvait encore. Mais la voix de Wipsy s’adressant à quelqu’un d’autre qu’elle la fit sursauter : « Monsieur Grigori, il faut dire à Miss Kiara d’arrêter de boire sinon elle va se faire encore plus mal. » La cafteuse. Kiara leva les yeux vers son mari et croisa son regard ; c’était la première fois depuis des jours. Ne pouvant supporter de l’affronter plus longtemps alors qu’elle souhaitait pourtant ardemment lui parler, Kiara détourna les yeux. Elle était dans un état qu’il ne lui avait probablement jamais connu et tout en elle indiquait qu’elle n’allait pas bien. Elle lui montra la bouteille et demanda : « T’as soif ? Y en a encore assez pour nous deux. » Pitoyable. Jetant un coup d’œil à l’horloge qui indiquait une heure proche de minuit (du moins, c’était ce qu’elle arrivait péniblement à voir), elle ajouta : « Tu rentres bien tard. » Le ton n’était pas accusateur, c’était un simple constat.



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Depuis ce samedi un peu particulier, les choses avaient changé à une vitesse vertigineuse. Si Grigori avait toujours été un travailleur, pouvant aisément oublier l'heure et faire des journées à rallonge, poussé par son ambition de gravir toujours plus vite les échelons, le fait d'avoir quelqu'un qui l'attendait à la maison avait été une source de motivation pour rentrer à des heures décentes et profiter de la présence de son épouse. A présent, ça n’était plus vraiment le cas, il n’y avait aucune motivation à rentrer le soir, personne à retrouver. Enfin si, en théorie, il se doutait bien qu’il y avait quelqu’un à la maison mais il n’avait pas spécialement envie de la voir. C’était d’ailleurs l’avantage d’habiter une grande demeure, ils pouvaient s’esquiver en paix et comme elle avait des études à finir, il comptait sur le fait qu’elle doive se coucher plus tôt que lui. D’ailleurs, au fil des jours il avait pu constater qu’elle avait décidé de le faire suer, plutôt que de dormir à Poudlard, ce que toute personne sensée aurait fait, elle préférait dormir à la maison. Si ça agaçait profondément Grigory, ce n’est pas comme s’il pouvait dire quoi que ce soit, elle était chez elle, elle faisait encore ce qu’elle voulait mais ça avait le don de l’agacer donc étant donné qu’il ne voulait pas se frustrer pour des bêtises, il se débrouillait pour arriver de plus en plus tard. C’était une bataille de nerf qu’il comptait bien gagner.

Il était donc un peu tard lorsque Grigori décida de rentrer chez lui ce jour là. S'il pouvait bien évidemment transplaner directement dans son salon, il avait pris l'habitude de transplaner sur le perron et de regarder la façade de la maison allumée à la lueur des réverbères, une petite fierté personnelle que de contempler sa demeure. Lorsqu'il faisait plus chaud, il prenait le temps d'aller voir si Meringue était de sortie mais là, les températures étaient trop frisquettes pour qu'il s'amuse à faire le tour de la propriété. Il y avait aussi un autre détail qui attira son attention. Les lumières étaient allumées. Alors ça, c'était un peu exceptionnel, il était tard, il n'y avait aucune raison pour que quelqu'un soit réveillé à cette heure.

Il faut dire ce qu'il est, il ne s'attendait pas à se faire alpaguer par l'elfe de maison. Il n'avait même pas eu le temps de poser sa veste que ça y est elle ouvrait sa bouche. Il posa un regard sur l'elfe avant de dire froidement « Wipsy, mêle toi de tes affaires, pas des miennes. » Non mais ce qu'il fallait pas entendre tout de même. Ça, c'était à force d'être sous les ordres de l'ancienne Macmillan, elle prenait ses aises la petite elfe de maison. Grigori prit tout de même le temps de poser sa veste avant de regarder son épouse. Comment la décrire sans paraître trop insultant, eh bien elle n'était pas vraiment l'incarnation de la grâce et de la beauté en cet instant. Rien allait véritablement dans cette scène, des morceaux de porcelaines jonchaient le sol, des gouttelettes de sang sur ce sol, sur le tapis et il semblait provenir de sa femme, merveilleux... En prime, voilà qu'elle lui proposait un verre « Tu peux arrêter de bouger? Tu mets du sang partout. » Alors oui, ça n'était pas lui qui nettoyait mais ça n'est pas une raison. Il se baissa pour regarder les débris, c'était un cadeau de qui ce vase au juste ? Est-ce que ça allait faire un incident d’état ? Il passa une main sur son visage, ça ne lui revenait pas. Il faut dire que des cadeaux ils en avaient eu toute une tripotée. Dans le doute, il exigea auprès de l'elfe de maison « Tu le répareras après avoir nettoyé ce sang. » Comme ça personne ne pourrait grogner qu'ils prenaient pas soin des cadeaux, même si pour le coup, ils n'auraient pas eu tort. Est ce qu'elle l'avait lancé par frustration ? Il ne lui posa pas la question, ça n'avait guère d'importance.

A l'adorable constat sur son heure d'arrivée, il fit remarquer sur un ton des plus froids « Je ne vois pas de quoi tu te plains, tu as trouvé de quoi passer le temps je constate. » Il s'approcha d'elle pour lui prendre la bouteille des mains « Wipsy, empêche la de boire dorénavant. » Il fallait tout lui dire à cette truffe. En prime, elle n'avait même pas soigné sa main. Il vérifia que la plaie n'était pas grave, ce serait quand même une catastrophe si elle se vidait de sang, avant de dire à l'elfe « Si ce n'est pas trop te demander, tu pourrais peut-être la soigner avant qu'elle ne dégueulasse tous nos tapis. » Il attendit que la main soit bandée pour avancer vers les escaliers « Tu as bu combien de verres? » Trop, c'était évident. Il fit un arrêt avant de gravir la première marche « Tu es capable de monter ou tu risques de tomber? » Ce qu'il pouvait détester les ravages de l'alcool sur les gens et puis elle n'était pas raisonnable, elle avait des études à réussir et ça n'était pas en buvant que ça allait fonctionner. « Boire en semaine... Tu n'es pas censée montrer l'exemple à tes précieux camarades ? » Quel exemple montrait-elle? Son attitude était incompréhensible pour Grigori, il avait l'impression que chaque jour, elle se démenait davantage pour lui prouver qu'il  avait eu tort d'y croire, que tout ce qu'il avait souhaité, ses désirs qu'il lui avait communiqué le regard illuminé par la certitude que tout s'imbriquait parfaitement, tout ça n'était qu'un lointain passé. « Tu as l'intention de redoubler? » Oh, il n'y aurait eu aucun jugement dans sa voix si elle faisait cela dans le but de viser l'excellence. Après tout, c'est bien ce qu'il avait fait de son côté. Si c'était la direction prise par l'étudiante, les raisons divergeaient quelque peu de celles de son mari. Il était impuissant face à ses choix, ne pouvant décemment pas aller faire ses examens à sa place. Déjà parce que des vérifications étaient faites pour être certain que personne ne prenait de polynectar et ensuite parce que s'il savait certaines choses du programme de son épouse pour avoir révisé à ses côtés plus d'une fois, il était évident que même alcoolisée, elle demeurait meilleure que lui dans son domaine. Heureusement quelque part, mais ça voulait aussi dire qu'il devait la surveiller et bordel ce que ça pouvait le faire chier.
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Kiara Dimitrova
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Kiara avait toujours été une femme des plus raisonnables. Elle détestait ne pas avoir la maîtrise d’elle-même et n’était pas non plus une grande férue d’alcool. Si elle ne blâmait pas ceux qui passaient leurs soirées à s’alcooliser pour s’amuser, elle n’y avait jamais trouvé un grand intérêt, préférant et de loin conserver les idées claires et un esprit avisé. À Poudlard, elle jouait souvent les chaperons ou bien c’était elle le trouble-fête, venant demander aux autres élèves de baisser le volume de la musique ou de rentrer dans leur dortoir. Après tout, son rôle de préfète-en-chef le lui imposait mais cela n’avait jamais été un soucis pour la jeune Poufsouffle. Kiara aimait le calme, la quiétude, la tranquillité. Elle se rendait parfois à quelques fêtes lorsque c’était l’anniversaire d’un de ses amis ou bien lorsqu’elle n’avait aucun roman à terminer et qu’elle trouvait le temps bien long mais elle n’était pas de ceux qui s’adonnaient à ce type d’activité chaque semaine et encore moins tous les soirs. Alors évidemment, s’alcooliser seule, dans sa propre maison, était un spectacle des plus déplorables. Mais Kiara n’avait pas trouvé d’autres solutions pour pallier à l’absence de son mari et pour tenter d’oublier à quel point elle souffrait. Elle était désemparée, triste à mourir et impuissante. Si elle avait accepté la colère de Grigori lors de la révélation de son mensonge, elle ne pouvait plus supporter son indifférence. Ni son absence. Elle détestait la manière qu’il avait de l’ignorer alors qu’elle-même attendait qu’il daigne lui adresser ne serait-ce qu’un regard. Si au départ c’était pénible, c’était désormais une véritable agonie. Kiara ne l’avait certainement pas épousé pour vivre une telle fracture seulement quelques mois après leur mariage. Pourtant, elle était totalement désarmée face au ressentiment de Grigori et ne savait plus quoi faire, ni comment réagir. Elle avait tenté de lui laisser l’espace nécessaire pour qu’il décolère tout seul, sans succès. Maintenant, oublier était la seule idée qu’elle avait eu pour passer une meilleure nuit, une nuit où elle n’aurait pas besoin de se soucier de savoir si c’était à cela qu’allait ressembler sa vie dorénavant. « Roh ça va, un sortilège et rien n’y paraîtra. » répondit Kiara lorsqu’il lui demanda de ne plus bouger pour ne pas qu’elle salisse davantage le tapis. Comme si c’était super important à ce moment-là. Alors que Grigori inspectait le vase, Kiara regarda ses traits de plus près ; il n’avait pas été aussi proche d’elle depuis des semaines et cela tuait Kiara de constater que malgré son attitude détestable, elle était toujours en adoration devant lui. La gorge serrée, amère de remarquer qu’elle était la seule à ressentir ce manque de lui, elle ajouta, répondant à la question muette qu’il se posait : « Ce sont mes grands-parents qui nous l’ont offert. » Mais de toute manière, rien qu’un reparo ne viendrait à bout. Même Wipsy devrait être capable de le réparer avec sa petite magie. Kiara ne prit donc pas la peine de sortir sa baguette. Elle ignorait si elle était en état de jeter un sortilège, même un sort aussi simple. Il ne valait mieux pas tenter le diable.

Alors qu’elle relevait le fait qu’il travaillait tard, la réponse de Grigori se fit froide et désagréable. Tout ce que Kiara détestait. « C’est vrai que je m’amuse. » dit-elle, ironique, la voix pâteuse tandis qu’elle s’allongeait sur le sol, prenant tout de même soin de ne pas le faire sur les morceaux de verre, portant sa main valide à sa tête qui tambourinait si fort que cela devenait pénible de se concentrer. Et maintenant, elle n’avait plus le droit de boire ? Super. « Contre-ordre Wipsy, je suis pas d’accord. Je bois si je veux. » La pauvre elfe, prise entre deux eaux, préféra ne rien dire pour l’instant, comprenant sans difficulté qu’elle ferait mieux de ne pas prendre partie, ni même d’intervenir. Grigori s’approcha de Kiara et lui attrapa le poignet pour vérifier l’état de la blessure. À son contact, Kiara s’électrisa, réouvrant les yeux qu’elle avait fermé entre temps et garda le silence. C’était douloureux, et cette douleur n’avait rien à voir avec la plaie qu’elle présentait. Son cœur était brisé de voir son mari si fermé et elle ne désirait qu’une seule chose, qu’il reste auprès d’elle. Ce maigre espoir fut anéanti lorsqu’il ordonna à Wipsy de lui faire le bandage alors que Kiara avait une demi-seconde espéré qu’il le fasse lui. Wipsy se précipita vers la jeune femme et cela ne prit guère de temps. Franchement, c’était trois fois rien. Même alcoolisée, Kiara savait qu’elle n’allait pas en mourir. Une fois cela terminé, Wipsy s’écarta de Kiara pour s’occuper des morceaux de porcelaine et du tapis tandis que Grigori s’éloignait déjà, sortant de la pièce. Kiara ferma les yeux à nouveau, espérant que cela soit un cauchemar. Non, elle ne voulait pas que cela se termine ainsi mais elle ne trouvait rien à dire. Seules les larmes semblaient vouloir naître dans le coin de ses yeux et elle faisait tout son possible pour les retenir. Pleurer devant lui n’apporterait rien, peut-être même qu’il en retirerait de la satisfaction de voir à quel point cette situation lui pesait et à quel point elle se sentait coupable.

Alors qu’elle s’apitoyait sur son sort, la voix de Grigori s’éleva à nouveau dans le silence. Combien de verres ? « J’sais plus. » dit-elle, la voix traînante. C’était la vérité. « Quatre ou cinq peut-être. » Quelle importance en réalité. Du moment que l’ivresse lui faisait oublier le reste. Le problème, c’était que cela ne semblait pas bien fonctionner. La preuve, Kiara pensait encore plus à Grigori qu’avant de boire et son cœur battait tellement à tout rompre. Lorsqu’il lui demanda si elle était capable de monter les escaliers seule, Kiara laissa échapper un rire nerveux. Elle avait déjà aucune motivation pour se relever, alors pour grimper tout un étage… Sa tête tournait et elle devait faire un effort surhumain pour se concentrer. « Je vais tomber. » dit-elle simplement. Peut-être que c’était ce qu’il attendait. Qu’elle meurt dans un tragique accident afin de pouvoir se trouver une autre épouse encline à lui faire un enfant immédiatement ? L’alcool embrouillait les pensées de Kiara mais sa raison lui rappelait, pragmatique, qu’il perdrait moins de temps à attendre qu’elle termine ses études plutôt qu’à trouver une nouvelle femme, l’épouser et l’engrosser. Il devait se contenter d’elle, d’une Kiara totalement éméchée et qui était prête à pleurer sur le champ. En réalité, elle attendait seulement qu’il sorte de la pièce, parce que c’était probablement ce qu’il comptait faire. Et Kiara semblait comme résignée. Si elle avait souhaité la confrontation tout à l’heure, elle était désormais totalement démunie, ravagée par l’alcool et son cerveau fonctionnait au ralenti. Pour autant, elle espérait aussi qu’il reste, qu’il reste auprès d’elle, qui l’aide à gravir les escaliers, seulement dans l’espoir de pouvoir à nouveau être à ses côtés, de le toucher, de sentir son odeur caractéristique. « Quels camarades ? » demanda-t-elle, comme pour lui rappeler qu’elle n’avait quasiment plus aucun ami sur qui s’appuyer à Poudlard et qu’elle avait perdu ses soutiens principaux quand Sélénya, Balthazar et lui-même avaient quitté l’école. Fort heureusement pour elle, il demeurait Maëlle et Aodhan. D’ailleurs, grâce à cette dernière, Kiara passait quand même quelques bons moments dans la salle commune, oubliant pendant quelques instants que sa vie personnelle était un désastre. « Ils peuvent pas me voir ici, façon. » Voilà, en plus, personne ne la voyait. Donc autant continuer. Mais Grigori lui avait confisqué sa bouteille. Quelle plaie celui-là aussi ! Il empêchait Kiara de … s’amuser ? LOL Bon, pas tout à fait.

Redoubler ? Kiara pencha la tête vers lui, se demandant s’il était sérieux. Kiara était probablement une des élèves les plus brillantes de sa promotion, peut-être même la meilleure. Redoubler ne faisait pas partie de ses projets. Même lorsque Grigori et elle avaient passé leurs nuits sur les préparatifs du mariage, Kiara n’avait pas négligé ses études et s’en était brillamment sortie. Même maintenant qu’elle était au fond du trou, elle rendait ses devoirs en temps et en heure et leur qualité était irréprochable. Pour être honnête, se plonger dans ses livres scolaires avait permis à Kiara de ne pas totalement sombrer et puis, il fallait donner le change. Si elle s’était allée à verser de nombreuses larmes dans les bras de Maëlle, il était probable que les autres élèves n’avaient rien remarqué de son changement de comportement. Évidemment, elle n’était pas aussi joviale que d’ordinaire et paraissait plus renfermée mais comme elle arrivait le matin et repartait le soir, personne n’avait vraiment l’occasion de s’en préoccuper. Par ailleurs, Maëlle et Aodhan avaient leurs propres cours à suivre donc ils n’étaient pas non plus derrière elle à chaque instant et ils étaient les seuls avec qui Kiara aurait pu se permettre de se laisser aller un peu. Mais en réalité, elle ne voulait pas dire à voix haute ce qui lui arrivait, car le dire rendrait les choses trop réelles. Kiara avait préféré se murer dans un grand mutisme. En plus de cela, Grigori l’avait menacé et lui avait dit de ne rien dire, alors elle n’avait rien dit. C’était aussi simple que cela. « C’est ça qui t’inquiète ? Que je redouble ? » Kiara savait pourquoi il pensait à ça. Parce qu’il voulait son héritier. « J’ai pas prévu de redoubler. On pourra avoir nos enfants. Enfin... si cela est possible un jour. » dit-elle, bouleversée. Tout cela lui paraissait tellement loin maintenant. Grigori ne la regardait plus, ne lui parlait plus, ne la touchait plus. Avoir des enfants avec Grigori avait toujours enchanté Kiara, toujours. Quand ils étaient revenus de leur voyage de noce, elle avait même commencé à agencer la petite chambre attenante à la suite parentale dans cette optique. Mais depuis leur dispute, Kiara n’y avait plus touché. Elle n’y était même plus jamais entrée. Cela la faisait trop souffrir. « Puis si jamais c’est le cas et que je redouble, tu pourras, comment t’as dit déjà ? » Elle chuchota : « Ne pas attendre la fin de mes études et me forcer. » L’âme en peine, Kiara tenta péniblement de se redresser. « Tu peux même essayer maintenant, j’suis bourrée, j’pourrais même pas te résister. Ça sera parfait. » Kiara ignorait pourquoi elle le provoquait comme ça. Peut-être qu’elle avait besoin maintenant de savoir si son existence allait ressembler à cela, si elle allait être malheureuse toute sa vie. Avant qu’il ne dise quoi que ce soit, elle ajouta : « Et si tu veux divorcer, je comprendrais. » Est-ce que le mensonge était un motif légitime pour rompre un mariage ? Peut-être.


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Grigori Dimitrov
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Le problème avec son adorable épouse c’est qu’elle avait toujours réponse à tout. Oui, il était habitué à ce qu’elle ouvre toujours sa bouche quand elle ferait mieux de la garder fermer et si ça ne l’amusait jamais vraiment, ce soir ça passait encore moins. Un sortilège et rien n’y paraîtrait, merci de l’information, heureusement qu’elle était là avec ses analyses poussées. Il ne rétorqua pas, ça ne servait à rien de discuter avec elle, il n’en avait pas envie d’ailleurs. Par contre, il devait reconnaître qu’elle se montra utile pour l’informer de l’identité des personnes leur ayant offert ce vase. Raison de plus pour le faire réparer par l’elfe de maison, il n’avait pas envie de se mettre sa belle famille encore plus à dos. Quoi que, cette pensée n’avait aucun sens, qu’est ce qu’il en avait à faire en vrai ? Faire des efforts pour qui ? pour quoi ? ça ne payait jamais et ça ne paierait jamais.

En prime, alors que très franchement, il ne la faisait suer sur rien, qu’il la laissait vivre comme elle le souhaitait, faire ce qu’elle voulait tant qu’elle ne lui tapait pas la honte, elle se permettait de lui faire des réflexions sur l’heure à laquelle il rentrait. Elle s’occupait bien sans lui, si elle rétorqua avec ironie, il n’eut aucune compassion pour elle « Je ne te demande pas de m’attendre et je ne te demande pas non plus de boire. » Mais ça n’était pas possible, elle s’allongeait sur le sol, elle était catastrophique ce soir. Non mais il fallait se rendre compte de l’état dans lequel elle était, il ordonna donc à Wipsy de ne plus lui donner la moindre goutte d’alcool. Il est vrai, il ne s’attendait pas à se faire contredire et c’était quelque chose qui ne passa pas du tout. Il fusilla sa femme allongée par terre du regard, que Wipsy ne fasse pas l’erreur de le sous-estimer, il allait la pulvériser si elle ne donnait ne serait ce une goutte d’alcool à sa maîtresse sans le consentement de Grigori « Le jour où tu tiendras l’alcool sans être vautrée au sol, tu auras le droit d’ouvrir ta bouche. » En plus, ça n’était pas juste tenir l’alcool, là elle n’était pas bien, mais en prime, elle avait bousillé un vase et elle saignait. D’ailleurs, il vint vérifier l’étendue des dégâts, rien que Wipsy ne puisse pas soigner.

Alors qu’il allait pour monter les escaliers, il l’interrogea sur le nombre de verres qu’elle avait bu. Elle ne savait plus ? Il souffla agacé « Rassure-moi, ça ne va pas devenir une habitude ? » Quatre ou cinq ? mais elle n’était pas sérieuse ? En pleine semaine ? « Tu pourrais éviter de vider notre bar ? » Forcément avec autant de verres dans le sang, elle ne pouvait pas monter les escaliers, elle allait tomber. Il souffla et cessa de monter, l’attaquant verbalement sur le fait qu’elle était censée montrer l’exemple à ses camarades, ceux pour qui il y a quelques mois à peine, elle avait risqué sa vie en allant prendre son train sur la voie neuf ¾. Elle le prit pour un jambon en lui demandant quels camarades « C’est toi la préfète en chef, non ? C’est bien ton rôle d’être exemplaire ? Quel exemple tu vas leur donner d’après toi ? » Elle était irritante à dire qu’ils ne pouvaient pas la voir ici, ah mais heureusement, ce serait une véritable honte qu’elle soit couchée sur le tapis devant des témoins.  « Parce que tu crois que demain matin tu seras en pleine forme ? Tu vas avoir une tête de déterrée… tu peux pas faire attention aux apparences un peu ? » De toute façon, il ne la laisserait pas sortir si elle avait une tronche à faire peur, elle décuverait ici officieusement et, officiellement, elle serait très malade, voilà ça c’était parfait.

Cherchant à comprendre quelle mouche la piquait, Grigori s’inquiéta des études de son épouse. Il confirma d’un hochement de tête, oui, c’est ça qui l’inquiétait, était ce si étrange que cela ? A la bonne heure, elle n’avait pas prévu de redoubler. Ils pourraient avoir leurs enfants, en voilà une bonne nouvelle… oui il fit comme si elle n’avait pas dit si c’est possible, ça l’était. Il leva les yeux au ciel lorsqu’elle chuchota que même si elle redoublait, il pourrait toujours lui forcer la main. « Vas te faire f…» Mais qu’est ce qu’elle faisait ? Mais c’est pas vrai qu’est ce qu’elle pouvait avoir l’air con en cet instant à essayer de se redresser, il la fusilla du regard lorsqu’elle insinua qu’il pouvait profiter du fait qu’elle ait bu pour la violer. Bah quelle bonne idée tiens « Mais oui, c’est ça que j’aurais dû faire dès le départ, te faire boire pour te faire un héritier, quel dommage que je n’y ai pas pensé plus tôt. Oh mais attends, si je sais pourquoi je n’ai pas fait ça, parce que je voulais que ça marche entre nous ! » Non mais sérieusement, elle pouvait pas se taire plutôt que de dire des âneries ? Le pire était encore à venir, elle lui proposait de divorcer. Elle n’avait décidément rien compris à la vie. Il la fixa « Nous ne divorcerons pas, ni maintenant, ni jamais ! » Il avait été clair dès le départ à ce sujet, elle avait accepté, en son âme et conscience de l’épouser, c’était pour le reste de sa vie. Déjà que tout dans sa vie était un fiasco, il n’allait pas en plus divorcer, non non non et non.

Il descendit la marche d’escalier pour la rejoindre et la souleva. Bon ça va, Kiara n’était pas la fille la plus lourde de l’univers, même si là c’était un poids mort « Tu pouvais pas faire ça un vendredi, sérieux ? » Une fois sur le palier, il la mena dans leur chambre, s’arrêtant sur le pas de la porte, ça faisait bien longtemps qu’il n’en avait plus franchi le seuil. Il la regarda quelques secondes… En plus, elle ne s’était même pas mis en pyjama avant de picoler, il grogna mentalement et peut être qu’il bougonna qu’elle était chiante – rien qu’elle ne sache pas déjà d’ailleurs. Il alla jusqu’au lit pour la faire tomber dessus… Oui bon, ça c’était un loupé, il avait voulu le faire délicatement mais il n'avait pas vraiment réussi. Au moins, maintenant, elle était dans le lit, il n’avait plus qu’à la déshabiller « Bouge pas que je défasse tes boutons. » Il fit une pause, ayant une idée, une très mauvaise idée. Il décida de se la jouer provoc à son tour, il se pencha sur elle, posant sa main au niveau de ses reins, appuyant assez fort pour qu’elle soit bloquée sans pour autant lui faire mal « Ou alors je pourrais faire comme tu as suggéré ? Après tout ce serait que deux vêtements à déchirer, t’en as tout un dressing. Et par derrière tu aurais aucun moyen de m’empêcher d’agir. » Signe que ça n’était que des paroles en l’air, en moins d’une vingtaine de secondes, il avait cessé le contact, déboutonné sa robe et il virait les oreillers du lit à la recherche d’un pyjama « Tu l’as mis où ton pyjama ? » Est-ce qu’elle était en capacité de réfléchir, ah ça il n’était pas sûr, il préféra se redresser et annoncer « On va en prendre un nouveau, c’est bien un nouveau. » Bon elle était capable de lui dire je dors nue, surtout en ayant bu, c’était typiquement un truc que les gens bourrés diraient mais alors là, même pas en rêve sa femme dormait nu. Il alla donc fouiner dans ses affaires, toujours en ronchonnant qu'elle était  reloue quand même.

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Jeu 28 Déc - 21:32


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Même au plus mal, Kiara demeurait Kiara. Elle restait la même femme qu’elle avait toujours été. Pour autant, si elle avait toujours eu une personnalité des plus douces, avec Grigori, son caractère pugnace latent s’était intensifié. Peut-être parce qu’elle savait que sinon, il lui aurait marché dessus. Son mari avait la fâcheuse tendance à vouloir décider pour elle, ce qu’elle ne supportait jamais. Elle aimait être libre de ses choix, de ses mouvements, de ses opinions. Si auparavant il s’en était toujours accommodé, non sans lever les yeux au ciel, Grigori semblait aujourd’hui trouver sa femme bien enquiquinante ; et ça, c’était pour être polie. Kiara était consciente d’être probablement à ses yeux une grande déception mais à dire vrai, elle était aussi bouleversée par la manière dont il osait la traiter. Elle savait qu’elle avait joué avec le feu en surveillant son cycle afin de ne pas tomber enceinte tout de suite, et si ce mensonge l’avait rongé à petit feu, elle avait eu assez de courage pour le lui dire. Parce qu’ils s’étaient promis de ne rien se cacher. De tout se dire. Et pourtant, à la seconde où elle avait avoué, il l’avait fustigé. Elle avait espéré un peu plus de compréhension, une fois la colère évanouie. Mais Grigori était ce qu’il était, profondément rancunier. Et si Kiara agissait ainsi ce soir, c’était bien parce qu’elle ne supportait plus la situation. Elle ne s’était pas mariée avec lui pour qu’ils se déchirent ainsi selon deux mois après la cérémonie. Si Kiara croyait encore à leur histoire, sans doute parce qu’elle était résolument optimiste et que cela lui fendait le cœur d’imaginer que tout était fini entre eux, cela ne semblait pas être le cas de Grigori. Il était infect, infernal. Ils ne s’étaient pas adressés la parole depuis des semaines et les seuls mots qu’il prononçait énervaient Kiara ou au contraire, la rendaient triste. À l’en croire, Kiara n’avait pas à l’attendre le soir, ni à boire. Était-il sérieux en disant ça ? Ne se rendait-il pas compte qu’elle se languissait de lui ? Pensait-il qu’elle n’en avait rien à faire que ce mariage parte à vau-l’eau ? « Pourtant avant ça te plaisait que je t’attende. » murmura-t-elle avant de s’allonger sur le sol, désabusée. Grigori rentrait de plus en plus tard du travail depuis qu’ils s’étaient disputés et Kiara savait bien que c’était parce qu’il l’évitait. Avant cela, il prenait garde à rentrer à des heures décentes afin qu’ils puissent passer un peu de temps ensemble. Mais tout cela était révolu. « Et j’ouvre ma bouche si je veux. » dit-elle, entêtée, après qu’il lui ai dit qu’elle pourrait parler quand elle saura tenir l’alcool. « Alcoolisée ou non. » D’ailleurs, c’était même étonnant qu’elle arrive à tenir une conversation décente avec les verres qu’elle avait bus. Elle aurait imaginé qu’avec sa corpulence de crevette, elle serait plus embrouillée que ça. Peut-être fallait-il qu’elle boive davantage. Ou peut-être que le fait de parler avec son mari la faisait décuver plus rapidement. Peut-être simplement que l’alcool la désinhibait. Elle n’en savait rien, elle n’avait jamais bu autant de toute sa vie. Pour autant, si son cerveau continuait de fonctionner presque normalement, quoi qu’un peu ralenti, son corps était aux abonnés absents. Elle se sentait lourde, si lourde. Elle n’avait plus aucune volonté.

En plus, elle sentait le désespoir qui envahissait son cœur au fur et à mesure qu’ils échangeaient. Mais au moins, ils parlaient. C’était même une sacré évolution par rapport à ces derniers jours. Mais pour Kiara, dont l’âme était à la rue, c’était insuffisant. Grigori, quant à lui, ne semblait se préoccuper que de leur stock de boisson. Quelle tristesse. « Je sais pas, ça va dépendre de toi. » dit-elle doucement. « S’il faut que je sois ivre pour que tu me parles, je peux l’être tous les soirs. » Sans hésitation. Kiara ne cherchait qu’à attirer son attention. Cette méthode était des plus déplorables mais pour le moment, elle fonctionnait. Grigori semblait également s’inquiéter de son état, ou plutôt des apparences. De l’air qu’elle aurait le lendemain lorsqu’elle irait à Poudlard. « L’exemple d’une personne qui est faillible. Humaine. » dit-elle simplement.  « Et si t’avais daigné me regarder ne serait-ce que dix secondes ces dernières semaines tu aurais remarqué que ça fait longtemps que j’ai une tête de déterrée. » Même le maquillage ne suffisait plus à masquer ses traits tirés et les cernes qui s'étaient accumulés sous jolis yeux. Elle ajouta : « Rappelle-toi que j’étudie les sciences magiques avec une dominante en potion. Même alcoolisée je suis capable de concocter un filtre revigorant. Je vais pouvoir sauver les apparences, si c’est que ça qui t’inquiète. » Et non pas elle…

En tout cas, Kiara ne voulait plus qu’il l’ignore et elle était prête à tout. Même à le provoquer. En vérité, serait-il réellement capable de la violer ? Son cœur lui disait que non. Ce n’était pas le Grigori qu’elle connaissait. Et pourtant, aurait-elle imaginé un seul instant qu’il pourrait ainsi l’ignorer pendant des jours ? Peut-être qu’elle aurait pu s’en douter. N’avait-il pas agi de la même manière lorsqu’il avait cru qu’elle le quittait après que le paternel Dimitrov l’ait violenté ? La différence avec aujourd’hui, c’était qu’il n’y avait pas eu de discussion pour arranger les choses. Voila pourquoi Kiara cherchait à tout prix à se retrouver en sa présence. Ce silence était assourdissant et elle ne le supportait plus. « Bah si tu veux que ça marche entre nous, arrêter d’éviter ta femme, putain. » dit-elle, énervée. Kiara n’était jamais vulgaire. Peut-être que l’alcool aidait un peu finalement. « ET BAH PARFAIT. » ajouta-t-elle, ronchon, lorsqu’il lui apprit qu’ils ne divorceraient jamais. Façon, elle n’avait jamais pensé qu’il le ferait. Pas parce qu’il tenait à elle, mais parce que cela serait trop honteux. Ça, Kiara le savait fort bien. Il ne pensait qu’aux qu’en dira-t-on. Le genre de chose dont Kiara se fichait comme de son premier chaudron.

Alors qu’elle peinait à se redresser, il fit demi-tour et s’approcha d’elle. Deux secondes plus tard, elle était dans ses bras. Kiara ne chercha pas un seul instant à le repousser, ni-même à l’empêcher de la porter. Un soupir de consolation s’échappa de ses lèvres tandis que sa tête se posait sur son épaule. Elle inspira et expira plusieurs fois, humant le parfum de son mari qui lui avait tant manqué. Cela faisait déjà plusieurs jours que son odeur avait disparu de son oreiller et Kiara en avait été plus qu’affligée. Elle se détendit un peu, profitant juste d’être contre lui, se demandant même si ce n’était pas la dernière fois. Sa chaleur était rassurante alors que tout dans l’attitude de Grigori montrait qu’elle l’agaçait au plus haut point. Même ses paroles étaient incisives. « Bah ça t’aurait moins fait chier. » murmura-t-elle, sans grande conviction.  Franchement, c’était tellement faux. Elle n’avait rien prémédité, elle n’avait rien choisi. C’était simplement le trop plein, l’accumulation d’une douleur sans nom qu’elle n’avait plus réussi à supporter. Rien de plus. Lorsqu’ils arrivèrent dans la chambre, il la lâcha sur le lit sans grande douceur et Kiara se laissa tomber sans chercher à se retenir. Elle ferma les yeux lors que ses mains se posèrent sur elle, n’ayant pas la moindre idée de ce qu’il mijotait jusqu’à que la prise se fasse plus forte. Rouvrant brusquement les yeux, tétanisée, elle l’écouta proférer des paroles abjectes et elle sentit les larmes poindre sans qu’elle ne puisse bouger. Terrifiée par l’idée même qu’il puisse passer à l’acte, comprenant aisément que cela marquerait une rupture dans leur relation et qu’elle ne pourrait plus jamais lui faire confiance, Kiara sentit sa vie lui échapper tandis qu’un bourdonnement incessant s’installait dans ses oreilles, que son cœur tambourinait à une vitesse folle. La panique se faisait sentir tandis que son corps entier se liquéfiait, incapable d’opposer la moindre résistance. Lorsqu’il cessa le contact avec elle, Kiara se mit à respirer à nouveau et elle se rendit compte que sa respiration s’était coupée le temps qu’il joue à son petit numéro ; des larmes coulaient désormais sur ses joues, Kiara ne pouvant supporter la pression qu’il venait de lui faire subir.

Elle le regarda sans bouger virer les coussins et les balancer au sol (voilà qui ne lui ressemblait pas beaucoup), à la recherche d’un pyjama que Wipsy avait probablement déjà lavé et repassé. Au bout de quelques secondes, elle tenta de se redresser. Chamboulée par ce qu’il venait d’essayer de faire, elle eut un haut de cœur. Ne comprenant pas bien si celui-ci était dû à l’alcool ou à la peur bleue qu’elle venait d’avoir, Kiara sentit qu’elle allait vomir. Se précipitant vers la salle de bain attenante, elle se jeta sur la cuvette des toilettes pour rendre la vodka qu’elle avait ingurgité quelques secondes auparavant. Telle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle sentit les doigts de Grigori sur sa nuque pour dégager ses cheveux ; elle sursauta à son contact, encore bouleversée par ce qu’il avait tenté de faire quelques instants plus tôt. Certes, ce n’était probablement que pour la provoquer, mais le mal était fait. Elle l’entendit baragouiner quelques mots comme pourquoi tu bois comme ça et elle attendit la fin des soubresauts pour oser répondre dans un murmure. « Parce que je veux attirer ton attention. » Une fois qu’elle eut terminée, elle se redressa, se sentant mieux, l’estomac moins barbouillé. Elle se rinça le visage et la bouche avant d’attraper le pyjama que Grigori avait trouvé. Elle se déshabilla pour l’enfiler, sans oser le regarder un seul instant. D’habitude, elle était assez pudique mais là, elle s’en fichait totalement. Tout cela ne prit que quelques secondes et elle retourna dans la chambre, commençant les cent pas tandis qu’elle sentait la colère soudainement monter en elle. Si elle n’avait plus le tournis, son esprit continuait d’être embrouillé mais ce n’était pas grave, elle avait simplement besoin de dire ce qu’elle avait sur le cœur. « Et comme je l’ai maintenant, tu vas m’écouter. » Grigori étant Grigori, il pouvait tout aussi bien lui dire qu’il en avait rien à faire de l’écouter et sortir de la chambre tout aussi vite, alors elle commença à débiter. « Tu me soûles Grigori. » Voilà, c'était dit. C’était parti. « J’en ai marre. Je supporte plus la manière dont tu me traites. Tu es infect. J’ai été patiente, je t’ai laissé de l’espace mais là c’est plus possible. » Il n’allait pas être content. Mais Kiara s’en fichait. « Je t’assure, j’ai compris la leçon. On avait dit pas de mensonges. Et quand j’ai osé t’avouer le mien, celui qui me tourmentait depuis plusieurs jours, tu m’as repoussé. Parce que tu ne sais faire autrement que ça quand je fais des choses qui te dépassent, tu me repousses. Tu me le fais payer. Comme quand je suis partie après que ton père m’ait attaqué sans aucune raison. T’as présumé tout seul que je voulais te quitter alors que c’était pas le cas. Là tu me repousses en imaginant que je ne veux d’enfants avec toi et que je t'ai baratiné. » Elle s’arrêta uniquement pour reprendre sa respiration. « J’ai toujours voulu des enfants avec toi Grigori, j’en veux encore. C’est pas la question. Mais tu n’as même pas essayé de te mettre à ma place, pas une seule seconde. Tu n’as pas cherché à comprendre quelles raisons m’avaient poussé à agir ainsi, parce que oui, il y a des raisons, mais tu n'en as rien à faire. Tu t'en fiches, il n'y a que ce que tu ressens toi qui compte. » Elle continua : « J’ai essayé d'attendre que ta colère se dissipe. Je ne suis pas en train de dire que tu n'avais pas à être en colère contre moi, au contraire, je l'ai mérité. Je le sais. Mais j’espérais que tu reviennes vers moi et qu’on puisse en parler, comme on fait toujours, comme on l’a toujours fait. Mais tu restais dans ton ressentiment envers moi, tu m’as tellement ignoré que je m’en suis rendue malade, que j’ai voulu boire pour oublier que ma vie allait peut-être ressembler à ça maintenant, pour oublier que peut-être mon père avait raison et que j’avais eu tort de croire en nous. » Kiara continuait de tourner en rond, pleine de dépit, exaspérée par toutes les émotions qui bouillonnaient en elle, des émotions qu’elle avait tant refoulé et qui voulaient maintenant s’échapper d’elle. « Je crois savoir pourquoi tu agis comme ça… Mais ce n’est pas de ma faute si t’as eu une enfance différente de la mienne Grigori, et c’est pas non plus de ma faute si tes parents t’ont tellement mal traité que tu n’es pas capable d'imaginer qu'on puisse avoir d'autres raisons que simplement te la mettre à l'envers. Je n'avais pas à te dissimuler le fait que je surveillais mon cycle, je le sais. » Elle marqua une pause. Une pause très importante. Elle releva les yeux vers lui, le fixant sans se démonter. « Mais toi, tu as fait bien pire. » Peut-être fallait lui remettre les idées en place et les pendules à l’heure. « Quand j’ai appris pour Hestia, je t’ai pardonné. Quand ton père m’a violenté et que tu as continué de le défendre, j’ai pardonné. Quand j’ai failli mourir en septembre à cause de ton silence et de ton mensonge, j’ai pardonné. Je t’ai toujours pardonné. J’ai toujours essayé de me mettre à ta place, j’ai toujours essayé de te comprendre, d’entendre ton point de vue, tes idées. Mais toi, t’en es incapable. » Elle termina : « Je te trouve égoïste. » Voilà une belle conclusion à ce monologue fort dense. Kiara retint sa respiration. Elle avait dit tout cela très vite et sans s’arrêter parce qu’elle ne voulait pas qu’il l’interrompe, ni qu’il ne quitte la pièce. Alors qu’elle le fixait toujours avec ses grands yeux marrons, Kiara sentit de nouveau les larmes couler sur ses joues mais elle ne chercha pas à les arrêter. Pourquoi faire ? Elle était malheureuse. Extrêmement malheureuse. « Et ça me tue de constater que je suis la seule qui semble perturbée par le fait que notre relation prenne ce tournant. »



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Grigori Dimitrov
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Kiara  

Avant ça lui plaisait qu’elle l’attende. Il posa sur elle un regard sans joie, elle avait raison. Avant, c’était même le meilleur moment de la journée, se raconter ce qu’ils avaient fait, l’écouter parler, juste l’écouter parler avec cette joie de vivre contagieuse qui était la sienne. A chaque fois, il ressortait de ces soirées avec la sensation d’être un veinard et que le meilleur était à venir. Elle était bien loin cette sensation à présent, maintenant, moins de temps il passait à ses côtés, mieux il se portait et moins il avait de risque de se faire avoir. Il l’avait certainement très mal habituée, il donnait un ordre à Wipsy, elle ordonnait l’inverse et alors qu’il faisait une réflexion sur sa résistance pitoyable à l’alcool, elle rétorqua, faisant serrer les dents à Grigori qui ne répondit pas. Elle voulait le dernier mot, qu’elle l’ait. Lui avait été plutôt clair quant au fait que Wipsy n’avait pas intérêt à faire boire sa femme, mieux valait-il que l’elfe se méfie des réactions de Grigori.
Avoir sa femme alcoolisée à la maison, ça ne lui plaisait pas, il voulait savoir si ça ne risquait pas de devenir une habitude et cligna des yeux lorsqu’elle osa lui dire que ça dépendait de lui. Alors, pas vraiment, il n’était pas avec un entonnoir à la faire boire. Il ne lui parlait pas parce qu’elle était alcoolisée, plutôt parce qu’elle le gonflait là-maintenant, bon d’accord dû au fait qu’elle était alcoolisée. « Je peux aussi faire le choix de t’ignorer parce que tu es trop chiante quand tu as bu. » D’accord, ça ne fonctionnait pas vraiment puisqu’il répondait mais c’est uniquement parce qu’il avait été pris au dépourvu, qu’elle saignait cette andouille, qu’elle avait pété le vase offert par ses grands parents et qu’elle était allongée par terre. Non mais rien n’allait, sa femme était allongée par terre… qui fait ça ? Elle ne pouvait pas au moins aller sur le canapé ? Il s’en fichait d’avoir une personne faillible en tant qu’épouse. C’est l’inverse qu’elle devait renvoyer, elle croyait quoi ? Qu’il respirait la joie de vivre ces derniers temps, non, bien sûr que non et pourtant personne n’avait rien remarqué parce qu’il savait préserver les apparences. Ca faisait des semaines qu’elle avait une tête de déterrée, il marmonna, massant ses tempes « Toi qui es une experte en mensonge, tu n'as même pas réussi à préserver les apparences ? » Bien sûr que si elle avait réussi, elle était une bonne élève, elle savait donner le change grâce à ces études, elle ferait une potion pour sauver les apparences, en voilà une bonne nouvelle. Oh il se doutait que le c’est ça qui t’inquiète était une pique mais il fit comme si de rien était, se contentant de dire « Oui c’est ce qui m’inquiète. » C’était la seule chose qui comptait à présent, les apparences, oublier au plus vite ses propres sentiments pour ne plus avoir à souffrir mais ça n’était pas facile, surtout quand elle était sous son nez comme ce soir. S’il avait eu besoin d’une preuve de tout le mépris qu’éprouvait son épouse pour lui, elle venait de le démontrer, un violeur, elle ne voyait en lui qu’un violeur, pourquoi ? S’il n’était pas sûr que ça soit utile, il tenta de lui rappeler que lui il avait voulu que ça marche. La réponse fut des plus étonnantes, depuis quand elle disait des gros mots ? Non mais le monde ne tournait décidément pas rond. Il ne répondit rien, il se fichait totalement que ça marche entre eux et il se fit intransigeant sur un détail, ils ne divorceraient pas.

Etant donné qu’elle ne pourrait pas monter et craignant qu’elle ne juge plus intéressant de rester dans l’entrée plutôt que d’être sur le canapé, Grigori prit la décision de la monter dans sa chambre, non sans se plaindre du fait qu’ils bossaient tous les deux demain et qu’elle aurait pu au moins attendre vendredi. Si elle rétorqua, il leva les yeux au ciel, quel programme de merde que de vouloir le faire chier. Elle lui échappa totalement des mains lorsqu’il voulu la poser mais elle était dans un tel état qu’elle ne sembla même pas s’en rendre compte. Ayant été profondément vexé par les accusations à peine voilées de son épouse comme quoi il pouvait toujours la violer afin d’avoir un enfant, surtout quand elle avait trop bu, il prit la décision de lui mettre un coup de pression. Ce qui était terrifiant, c’est qu’elle ne chercha pas une seconde à se dérober. Certes, il avait l’avantage du poids, de la force et il était sobre, mais malgré tout, elle ne faisait rien, ne l’invectivait pas, elle n’avait aucune réaction, comme si c’était tout à fait normal. C’était une véritable catastrophe, rien n’allait, la vision qu’elle avait de lui était déboussolante au possible. Il se concentra sur le fait de trouver son pyjama, c’en était presque vital, le retrouver rapidement, lui donner afin de pouvoir retourner dans sa chambre.

Ça ne se passa pas vraiment comme prévu, il venait à peine de mettre la main sur ce pyjama qu’elle disparaissait de son champ de vision. Vu la vitesse à laquelle elle partit, il savait précisément où elle allait. Grigori la suivit donc sans un mot et après une seconde d’hésitation sur quoi faire, il s’accroupit à ses côtés pour l’empêcher de vomir sur ses cheveux. Il ne la comprenait plus, pourquoi elle faisait ça ? ça n’avait aucun sens de boire comme ça. Il se crispa lorsqu’elle lui souffla qu’elle cherchait à attirer son attention « A quel prix ? » Pourquoi il resta dans la salle de bain une fois qu’elle fut debout, bonne question, certainement qu’il était un peu pris au dépourvu ce soir. Il la regarda, hallucinant totalement en la voyant se déshabiller, puis se rhabiller devant lui. Alors bien sûr que sa femme, il l’avait vu nue plein de fois mais, c’était différent. Lorsqu’elle quitta la salle de bain, il lui emboita le pas et constata qu’elle faisait les cent pas. « Tu devrais peut être t’asseoir ? » Non mais il fallait bien que quelqu’un lui dise… autant parler à une porte, ça aurait le même effet, elle préféra lui dire que maintenant qu’elle avait son attention, c’est le moins que l’on  puisse dire, elle allait l’écouter. « Bon sang, il est tard, je veux dormir. »

Il fit un pas en direction de la porte, bien décidé à ne pas avoir une discussion avec elle en plein semaine, à des heures indécentes et avec une femme ayant plus d’alcool dans son corps que d’eau ! Il rétorqua froidement en l’entendant dire qu’il la soûlait « Oh tu te débrouilles très bien sans moi, je t’assure. » Néanmoins ce qui le fit s’arrêter ce fut les termes choisis, la manière dont il la traitait ? Bon, tout compte fait, il allait rester. Le problème c’est que s’il voulait rétorquer, l’envoyer bouler, l’inviter à fermer sa bouche, elle ne le laissait pas parler. Non mais elle délirait, elle lui avait menti pendant six mois, elle l’avait regardé dans les yeux lorsqu’ils s’étaient promis mutuellement qu’ils ne se mentiraient plus alors qu’elle savait qu’elle lui ferait encore à l’envers les mois suivants et c’était lui le problème ? Il s’imaginait qu’elle ne voulait pas d’enfants ? Il marmonna « Arrête de me prendre pour un idiot. » Il voulait qu’elle arrête de jouer avec lui, il voulait qu’elle lui fiche la paix. Loin de l’écouter, elle affirmait qu’elle avait toujours voulu des enfants avec lui, qu’est ce que ça faisait mal comme mensonge. « Arrête  » Il n’y avait plus spécialement de virulence dans sa voix, juste il voulait qu’elle arrête de le prendre pour un con. Se mettre à sa place ? Elle avait des raisons de faire ça ? Mais c’était possible d’autant se moquer du monde ? Bien sûr qu’il n'en avait rien à faire, ça n’était pas justifiable, à aucun moment. Son père avait raison ? La gorge du jeune époux se serra douloureusement. Donc un type qui avait décidé avant même de le rencontrer que Grigori n’était pas assez bien pour sa fille, cette personne avait raison. Qu’est ce qu’il pouvait répondre à cela, rien. Il n’avait plus envie de lui prouver qu’elle avait tort, qu’elle écoute les avis des autres si ça lui chantait, il n’y croyait plus de son côté. Il n’avait aucune envie de se battre pour elle. Il ne croyait plus aucun de ses mots.

S’il y avait bien un type de discussion qu’il ne voulait pas avoir, c’était bien le sujet enfance même si pour le coup, il aurait renommé cela en éducation et qu’elle se permette de venir mettre son nez là-dedans, ah ça ne lui plaisait pas du tout. « Je n’ai pas été maltraité. » Qu’est ce qu’elle lui chantait là et de quel droit elle critiquait ses parents ? Sèchement, il reprit la parole « Ca suffit Kiara, tu te tais ! » Il se moquait éperdument de ce qu’elle pensait de tout cela, des raisons qui l’avaient poussées à agir ainsi, le résultat était qu’elle s’était bien payée sa tête et qu’elle n’aurait plus jamais l’occasion de le faire à nouveau. Elle sembla délaisser le sujet, le regardant dans les yeux, le calme avant la tempête puis elle reprit la parole pour lui dire qu’il avait fait pire ? Dans quel monde s’il vous plait ? Son regard lança des éclairs à la seconde où elle évoqua Hestia. Cette fois-ci, il répondit « Quand tu as appris pour Hestia ?! Mais tu as appris quoi Kiara ? Je ne t’ai pas trompé, je n’ai pas cherché à épouser Hestia alors que je te faisais des avances. Je t’ai juste prévenu qu’il y avait un contretemps et que j’allais le régler ! Tu n’as rien à me pardonner au sujet d’Hestia ! Je ne t’ai pas menti, je ne t’ai pas trompé et en plus je me suis excusé ! » ça avait été déjà compliqué de le faire, il se souvenait encore de cette sensation ignoble. Alors elle n’allait pas le gonfler à ce sujet. Puisqu’ils étaient lancés sur ce sujet, chose qu’il ne comprenait pas vraiment, d’ailleurs, il ajouta « A mon avis, de toi à moi, celle des deux qui a des choses à me reprocher au sujet des fiançailles avec Hestia, ce n’est pas toi, plutôt elle qui a vu sa vie voler en éclat par ma faute ! » Même si, très franchement, si elle avait dit oui, il ne lui serait rien arrivé du tout… oui bon ça, il allait éviter de le dire à Kiara, elle n’apprécierait pas, à juste titre. Il évita même de la provoquer en lui glissant qu’elle aurait peut-être porté ses enfants sans la lui faire à l’envers, ELLE.

Pour ce qui était de son père, il ne le défendait pas. ça ne lui plaisait pas plus qu’à elle qu’elle se soit pris un sortilège impardonnable en arrivant chez Grigori. Elle oubliait un détail de taille la jeune fille « Moi je l’ai défendu ? C’est marrant parce que j’ai plutôt l’impression que j’ai sauvé tes fesses ce soir-là. Je ne dis pas que la réaction n’était pas excessive, je dis juste qu’on n’a pas idée de ce qu’est Azkaban et on a aucune idée de comment on aurait réagi si dix minutes après avoir survécu à l’enfer quelqu’un venait chez nous alors qu’on n’attendait personne. Moi aussi je t’ai pardonné de t’être tiré ce soir-là alors que j’avais besoin d’être avec toi. » Un temps révolu, il n’avait plus besoin d’elle maintenant. Quant à septembre, il y avait du vrai dans ce qu’elle disait, elle avait failli mourir, c’était la plus stricte vérité, à cause de son silence et parce qu’il n’était pas capable de se faire obéir de son épouse. « Je ne regrette pas mon choix. Si je t’avais dit la vérité, tu serais morte parce que tu aurais ouvert ta bouche ou de chagrin en te sentant responsable de n’avoir rien dit. Je t’ai sauvé la vie et tu sais quoi, tu peux m’en vouloir, ne pas me pardonner, ne pas me comprendre, je m’en contrefiche. » Il était égoïste ? Non mais il découvrait la définition du culot en direct. « Je suis égoïste ? A cause de toi, je passe pour un con qui ne sait pas mettre enceinte sa copine et qui en plus se fait manipuler par elle ! Je rentre chez moi à point d’heure et plutôt que d’aller dormir j’ai une elfe de maison qui me donne un ordre et ça c’est de TA faute si elle prend la confiance ! Sans oublier que je dois m’occuper de ma putain d’épouse que je retrouve alcoolisée et tout ça alors que je dois me lever dans 6h même pas ! » Oh purée, il allait être d’une humeur massacrante demain matin, c’était une évidence. « Je me fiche de ton point de vue et de tes idées, la différence entre ton action et les miennes c’est que moi je n’ai pas fait ça délibérément pour te nuire. Toi, tu savais que je voulais un enfant avec toi, tu savais que j’étais prêt à ne pas coucher avec toi tant que tu prendrais ta potion. Tu as promis de ne pas la prendre dans le seul but de me sauter. Tu m’as regardé espérer, stresser, attendre, douter pendant des mois et tu n’en as rien eu à faire. » Il leva la main pour l’empêcher de se défendre à ce sujet. « Ne dis pas que tu t’en voulais, prendre les gens pour des cons pendant six mois, ce n’est pas s’en vouloir. » Il se fichait totalement de ses larmes, d’ailleurs pour être tout à fait sincère, il ne les comprenait pas vraiment. « Il fallait peut-être y réfléchir avant de me repousser pour être tout à fait sûr que tu ne risquais pas de tomber enceinte de moi. » ça n’était pas tellement de la hargne dans sa voix, bien sûr qu’il y en avait un peu mais il y avait surtout de l’incompréhension, un mal-être et de la peine de connaître son plus bel échec.


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Kiara Dimitrova
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S'il y a un prix pour manque de jugement
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KIRI XI, Manoir Dimitrov, Début novembre 2021



« Oui. » C’était un fait que Kiara découvrait ce soir seulement, elle n’avait pas vraiment l’alcool joyeux. Grigori pouvait dire qu’elle était chiante, c’était la vérité et elle en était pleinement consciente, ne cherchant pas un seul instant à s’en défendre. Pour quoi faire ? Cela s’avérait inutile. Kiara était devenue une de ces personnes qui s’alcoolisaient pour oublier leurs états d’âme et leurs erreurs. Si elle culpabilisait de ce qu’elle avait fait, cela n’empêchait pas la jeune femme de détester le chemin que leur relation prenait ; elle avait imaginé cette discussion des centaines de fois et jamais elle n’avait pensé que cela se déroulerait ainsi ; elle savait qu’il serait en colère et il avait toutes les raisons de l’être mais elle avait espéré qu’ils puissent en échanger ensemble. Après tout, la base de leur couple était érigé sur de longues discussions où chacun pouvait exprimer son point de vue sans craindre d’être jugé. Mais cette fois-ci, Grigori n’avait pas pu entendre ni écouter ce qu’elle avait à dire. Pour lui, elle était la fautive, la menteuse. Celle qui avait osé lui mettre à l’envers. Si elle pouvait comprendre qu’il pense ainsi, le faire changer d’avis avait été son objectif. Mais il ne lui en avait jamais laissé le temps, lui faisant comprendre qu’il ne valait mieux pas qu’elle ne l’approche maintenant. Si Kiara avait respecté son silence, celui-ci était devenu tellement assourdissant qu’elle avait décidé d’y mettre un terme en buvant. Oublier que son mariage était un désastre était sa préoccupation principale lorsqu’elle avait demandé à Wipsy de lui apporter un verre et une bouteille. Elle n’avait pas forcément prémédité qu’elle se retrouvait face à son mari quelques minutes (heures?) après. Elle n’avait pas réfléchi, pas pensé. Elle avait seulement voulu faire taire la douleur lancinante qui ne s’amenuisait pas dans le creux de sa poitrine et qui l’empêchait de respirer chaque jour un peu plus.

Maintenant que Grigori était auprès d’elle, voilà qu’il lui faisait des reproches. Elle les encaissa tout en tentant de lui expliquer qu’elle se fichait des apparences. Elle se fichait que les autres remarquent qu’elle souffrait ; c’était un fait. Elle avait mal. Si elle s’était plongée à cœur perdu dans ses leçons et ses devoirs pour ne pas penser à Grigori, lors de tous ses temps libres, tout la ramenait à lui. Elle ricana faiblement, désemparée, lorsqu’il la traita d’experte en mensonge. C’était donc ainsi qu’il la voyait désormais ? Comme une fichue menteuse ? Comme une femme en qui il ne pouvait pas avoir la moindre confiance ? Elle avait failli une fois, une seule fois. Et pourtant, cela avait suffit pour perdre la confiance acquise au fur et à mesure des années, une confiance l’un envers l’autre qui avait été difficile à bâtir. Pour Grigori, rien n’importait plus que les apparences et selon lui, elle devait savoir dissimuler que leur mariage était un désastre. Qu’elle en soit affectée ou non ne semblait rien changer à ses yeux et Kiara se demanda si c’était ce qu’elle devait faire : feindre que tout allait bien, se maquiller à outrance pour camoufler ses cernes, mettre une couche de vêtements supplémentaire pour cacher le fait qu’elle ne s’alimentait guère, se paraître d’un sourire constant. Mais Kiara n’était pas comme ça, ne savait pas faire ça. Preuve qu’elle était une piètre menteuse, la culpabilité la rongeait depuis des semaines. Un menteur invétéré n’en ressentirait sans doute pas, non ?

Alors que Kiara cherchait comment faire réagir Grigori, il s’approcha d’elle pour la porter jusqu’à la chambre. Si la jeune Poufsouffle profita pendant quelques secondes de leur proximité retrouvée, quel ne fut pas son désarroi lorsque Grigori tenta de mettre ses menaces à exécution en la maintenant contre le sommier. Tétanisée, incapable de réagir, Kiara se laissa faire, engourdie par l’alcool et terrifiée par la peur. Elle n’en croyait pas Grigori capable, se trompait-elle ? Lorsqu’il cessa ses agissements, elle respira à nouveau et les larmes qui s’étaient accumulées sur ses joues ne s’arrêtaient pas. Pour autant, le nœud qui s’était formé dans son estomac était on ne peut plus présent, au point qu’elle courut vers les toilettes pour le soulager de la trop grande tension qu’elle ressentait. Était-ce à cause de la terreur qu’elle venait d’avoir ou de l’alcool ingurgité ? Peut-être un amer mélange des deux. « J’en sais rien. » murmura-t-elle lorsqu’il lui demanda à quel prix souhaitait-elle attirer son attention. En fait, si, elle savait.  « A tout les prix. » Elle aimait Grigori plus que de raison alors il lui était insupportable d’imaginer que leur union se ternisse à ce point. Ils avaient été dans leur bulle pendant si longtemps. À tel point que Kiara en avait oublié le reste. Elle se déshabilla sans chercher à se dissimuler, chose qu’elle n’aurait jamais faite en temps normal et elle enfila le pyjama qu’il lui avait trouvé. Et après cela, elle déballa tout ce qu’elle avait à dire. Peu importait qu’il soit fatigué et qu’il veuille dormir. Elle était furieuse ; elle aussi ne dormait plus depuis des semaines alors il pouvait bien manquer quelques minutes de sommeil, lui aussi. Elle ne répondit à aucune de ses piques comme celui qui disait qu’elle n’avait besoin de personne pour être soûlée et même encore alcoolisée, Kiara comprit le double-sens de ses propos. Elle ne répondit pas non plus au fait qu’il imaginait qu’elle lui avait menti tout du long en prétextant vouloir des enfants ; comment pouvait-il penser cela ? Elle avait toujours été claire sur ses intentions, tout comme lui. Elle avait toujours dit vouloir un mariage d’amour, vouloir s’épanouir en tant qu’épouse puis en tant que mère. La différence résidait probablement dans la temporalité de ces évènements : Grigori voulait des enfants immédiatement après leur mariage, Kiara voulait des enfants après ses études. Mais maintenant, elle ne savait plus ce qu’elle voulait. Elle était perdue. Ce qui l’agaçait, c’était qu’à aucun moment Grigori n’avait tenté de discuter avec elle des raisons de son mensonge afin de mieux comprendre ce qui l’avait poussé à agir ainsi. Il avait d’emblée imaginé qu’elle l’avait baratiné et mené en bateau. Ça aussi, ça faisait mal. Évidemment, Kiara reliait ça à son enfance avec des parents incapables de ressentir le moindre sentiment, ni la moindre émotion positive envers leur enfant. La jeune Macmillan le savait, si Grigori avait trouvé grâce à leurs yeux, c’était aussi parce que Sebastian et Dimka n’avaient pas été à la hauteur. Cela tuait Kiara.

Elle chercha alors à lui dire que si elle avait failli, lui aussi n’était pas exempt de tout reproches. Mais elle l’écouta démonter chacun de ses arguments un par un et en réalité, elle ne sut pas quoi répondre. Elle glissa néanmoins dans un murmure : « Elle s’en sort très bien sans toi. »  lorsqu’il parla de la vie d’Hestia qui avait soit-disant volé en éclat. À ce que Kiara savait, elle était plutôt bien avec Aodhan donc Grigori n’avait pas à s’en inquiéter. Quant au reste, Kiara encaissa. Concernant son beau-père, si Grigori avait, comme  il disait, sauvé ses fesses, c’était qu’elle était bel et bien en danger mais elle ne crut pas bon de lui répondre. Lorsqu’elle avait commencé son monologue, elle avait oublié qui elle avait épousé : Grigori avait une aisance à l’oral qu’elle n’avait pas, il savait piquer là où ça faisait mal, trouver les arguments qu’il fallait pile au bon moment. Kiara trouverait peut-être quoi lui balancer plus tard quand elle serait allongée dans la froideur de son lit mais là, elle ne trouvait rien à dire. Strictement rien. Elle qui avait cru que cette discussion leur permettrait d’entrouvrir la porte de la réconciliation, Kiara ne voyait finalement que rien de bon ne sortirait de cette conversation. Rien. Il était persuadé qu’elle avait fait cela délibérément, dans l’intention de lui nuire, qu’elle lui avait sciemment menti, qu’elle était, en définitive, rien de plus qu’une hypocrite, qu’une imposteur. Au fur et à mesure qu’il balançait ce qu’il pensait être la vérité, Kiara se décomposa. Elle recula jusqu’au lit et se posa doucement sur celui-ci car elle savait que ses jambes ne supporteraient pas longtemps le poids de son corps. Son cœur battait à la chamade sous le poids des mots durs de son mari ; une partie était vraie, l’autre non. Mais Kiara savait que Grigori ne saurait pas écouter, qu’il ne le pourrait pas. Alors elle garda le silence, sans savoir quoi répondre. La fougue qu’elle avait ressenti après être sortie de la salle de bain était retombée comme un soufflet et elle attendit la suite sans rien dire. Elle ne fut pas surprise lorsque Grigori tourna les talons et quitta leur chambre pour aller dans celle qu’il occupait depuis qu’elle lui avait révélé son secret. Pour autant, elle sentit son âme se déchirer davantage. Ce fut à ce moment qu’elle sut ce qu’elle devait faire. Elle devait regagner sa confiance.

Elle sortit de la chambre et descendit les escaliers, prenant garde à se ternir à la rambarde pour ne pas flancher et se dirigea vers l’aile Ouest. Dans cette partie du manoir, on trouvait le bureau de Grigori mais également une pièce où elle étudiait la plupart du temps. Il y avait là de nombreux manuels de recherche magique, de potions et d'autres grimoires anciens. On y trouvait également un laboratoire de fortune et un assortiment de chaudrons, d’ingrédients, de fioles en tout genre. Se dirigeant vers la réserve, Kiara fouilla parmi les potions qu’elle avait à sa disposition et tomba sur le philtre revigorant. L’avalant immédiatement afin d’avoir les idées plus claires, elle se félicita d’être en spécialité potion et de posséder ici quasiment tous les philtres disponibles sur le marché. Maintenant que sa tête ne tournait plus, elle se mit à la recherche d’un autre flacon et lorsqu’elle le trouva, elle le serra dans sa main, le cœur battant. Elle retourna dans sa chambre afin de se rafraîchir à nouveau le visage ; elle remit également un peu d’ordre dans ses cheveux. Elle paraissait un peu plus présentable désormais pour ce qu’elle avait en tête. Grigori allait la haïr, c’était certain. Elle se retrouva en quelques secondes devant la porte de Grigori, posant sa main sur sa poignée. Elle se demanda durant une fraction de seconde si elle ne ferait mieux pas d'attendre le lendemain mais elle ne le pouvait pas. Elle ne pouvait plus attendre.

Alors elle appuya sur la clenche. Elle s’inquiéta durant un instant que la porte soit verrouillée mais ce n’était pas le cas, donc elle entra pour la première fois depuis qu’ils étaient en froid dans la pièce. Évidemment, son mari était dans son lit ; il allait la maudire. Peut-être même qu’il dormait déjà. Elle ignora les contestations de Grigori et alluma la petite lumière avant de s’asseoir sur le rebord du matelas. Très vite, elle dit : « Je suis désolée. » Elle chuchota : « Je n’ai jamais voulu te faire souffrir, ni te blesser. Quoi que tu en penses, ça n’a jamais été délibéré. Jamais. » Elle venait faire amende honorable. S'excuser. Expliquer. Puisqu'il ne demandait pas pourquoi elle avait fait ça, Kiara allait tenter de le lui dire. C’était les deux raisons de sa venue. Kiara se sentait vulnérable à cet instant, peut-être plus qu’elle ne l’avait jamais été mais elle avait aussi envie d’être franche avec lui. Peut-être pour soulager sa conscience ou pour lui dire toute la vérité. Non, elle n’avait jamais rien souhaité. La voix de Kiara était calme, triste. La colère de tout à l’heure avait disparu. « La première fois qu’on a couché ensemble, c'est vrai qu'on aurait pas dû. Je savais ce que tu voulais. Mais j’étais aveuglée par le désir que j’avais pour toi, par le fait que j’étais contente de me réconcilier avec toi, par le perspective de notre mariage. Je me suis dit que ça serait sans conséquence, qu’on aurait pas forcément d’autres rapports après le week-end. Je n’ai pas pensé au reste. » avoua-t-elle. « Puis... » Ils avaient recommencé. Une fois, cinq fois, dix fois. Ils y avaient pris goût, l’un comme l’autre et Kiara ignorait à partir de quand elle avait compris qu’elle prenait le risque de tomber enceinte. « Au début, je voulais seulement éviter d’être enceinte avant le mariage. Cela semblait t’inquiéter que je tombe enceinte avant qu’on soit marié officiellement et moi cela m’arrangeait aussi, j’étais trop stressée par les examens, par les préparatifs. Par les exigences de ton père. Je voulais pas prendre ce risque. Je voulais être à cent pour cent concentrée. » Elle continua : « Après on est parti en voyage de noce et.. après, il y a eu... » Elle ferma les yeux, se remémorant l’attaque sur la voie neuf trois-quart, ne croyant pas nécessaire d'expliciter davantage ce à quoi elle pensait. « J’étais convalescente. C’était pas le moment non plus. » Et en réalité, Kiara se remerciait d’avoir évité une grossesse à ce moment de sa vie. Elle avait passé de très mauvaises nuits après ce qu’elle avait vécu et cela lui arrivait encore de se réveiller en sursaut dans son sommeil, revivant avec douleur l’intensité et la brutalité de l’attaque. C’était trop frais. « Et ce mois-ci, j’étais préoccupée par tout ça et je me suis dit que je ne faisais rien de mal. Que cela ne changeait rien d’attendre un mois ou deux de plus. Parce que j'avais peur. » Elle leva les yeux vers son mari, confuse. « T’as raison, j’ai laissé mes angoisses prendre les décisions pour moi et je n’ai pas pensé aux conséquences que ça pouvait avoir sur toi. » Elle ajouta, dans un murmure : « Je veux porter tes enfants Grigori, crois-moi, s’il-te-plaît. Maintenant si tu le veux. Je te laisserai décider de tout, des jours où on… le fera. » Kiara était prête à tout. Elle se rapprocha doucement de Grigori et lui tendit la petite fiole qu’elle conservait dans sa main depuis qu’elle était entrée dans la pièce. Elle ne crut pas nécessaire de préciser ce que c’était, il savait lire. C'était noté sur la petite étiquette. Veritaserum. « Je peux la boire. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. Je te répondrai sans que tu ne craignes que je te mente. » Elle avala sa salive, soucieuse. Ce n'était pas dans son caractère de mentir, elle détestait ça. Pourquoi Grigori pensait-il que leur relation n'avait été qu'un leurre ? « Ne te méprends pas. Je n'ai jamais menti sur mes sentiments pour toi. Et je veux ce que toi tu veux. Tu es mon mari. Je t'aime. » Elle capitulait, elle ne désirait qu’une seule chose, que leur relation redevienne ce qu’elle était avant. « Je suis malheureuse sans toi, j’en crèverai si notre vie devait ressembler à l’enfer que nous vivons depuis plusieurs semaines. » Dans un dernier supplice, elle ajouta : « Je t’en supplie Grigori, pardonne-moi. »


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And if you ask me, I would do it again
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Grigori Dimitrov
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Kiara  

C’était si difficile les relations, il y a certainement des gens pour qui c’était super évident, qui savaient exactement quoi faire en toute circonstance, pour Grigori c’était différent. Il était dépassé, ça n’était pas censé se passer ainsi. Les engueulades entre époux, il ne connaissait pas, chez ses parents, tout était fini très rapidement. D’ailleurs, jamais sa mère n’aurait été alcoolisé au point de se coucher dans l’entrée si on a pas compris que ça, il en revient pas, je l’écrirais au prochain post différemment. Si la Poufsouffle avait toujours été chiante, bousculant ses schémas, ses croyances et un peu ses préjugés, ce soir, elle l’était tout particulièrement. En fait, ça allait même plus loin, depuis quelques semaines, il ne la reconnaissait plus et s’il n’avait besoin de personne pour avancer dans ce monde, il faut aussi reconnaître qu’il s’était habitué à tout partager avec elle, certaines fois en étant maladroit ou insultant mais il avait toujours essayé de bien faire les choses. On ne peut pas dire que ça ait particulièrement payé. Si cohabiter avec elle n’était pas le plus dur, parce qu’il rentrait tard et partait tôt ou que les week-ends, il allait à des endroits où il savait pertinemment qu’elle ne mettrait pas les pieds, ce soir, il était difficile de l’ignorer. Il était en conflit avec lui-même, ayant envie de la laisser se débrouiller et étant incapable de le faire. Si on lui avait dit qu’il serait à point d’heure au-dessus des toilettes à veiller à ce que les cheveux de sa femme ne soient pas souillés, il n’y aurait pas cru. Elle était prête à tout pour attirer l’attention, ah bah, ce serait bien d’avoir quelques limites tout de même. Bien plus pudique qu’elle en cet instant, ce fut lui qui détourna le regard lorsqu’elle se déshabilla, où allait le monde.

Alors qu’ils auraient pu en rester là et aller dormir, elle préféra vider son sac. Purée, elle aurait vraiment dû faire ça un vendredi. Ses reproches, il n’en voulait pas et pour le coup, il était prêt à se défendre, s’agaçant face à ses mots et étant bien décidé à l’empêcher de le faire chier plus longtemps. Il se crispa lorsqu’elle rétorqua qu’Hestia s’en sortait bien sans lui. « Oui, comme tout le monde. Je suis au courant. » Au moins, à présent, ses parents comptaient sur lui. Bon, ils ignoraient que le temps n’était pas au beau fixe entre leur fils et leur belle-fille mais à la rigueur, c’était un léger petit détail que Grigori préférait ne pas mentionner… De toute façon, vu qu’il était déjà pris pour un incompétent, six mois de plus ou de moins, ça n’était pas la mer à boire. Puisqu’elle ne trouva rien à lui rétorquer, probablement parce qu’il n’y avait rien à répondre, qu’elle s’était assise, signe qu’elle aussi était un peu fatigué, il prit la direction de sa chambre, oui, sans dire bonne nuit.

S’il s’endormit assez rapidement une fois dans son lit, trop fatigué pour réfléchir à ce qu’ils venaient de se dire et n’en ayant pas envie d’ailleurs, il n’eut pas le loisir de dormir longtemps. C’était très étrange de sentir une présence dans sa chambre, était ce ça qui l’avait réveillé où le bruit de la porte qui s’ouvre ? Il ne savait pas trop mais il était réveillé. Pour ne rien arranger, la lumière s’alluma lui faisant papillonner des yeux pour s’habituer à cette source de lumière un peu trop violente. Il attrapa l’oreiller pour le plaquer sur son visage afin de ne plus être ébloui, se plaignant de ce traitement « Mais pourquoi tu me laisses pas dormir ? Va te coucher. » On ne peut pas dire que sa demande soit prise en compte puisqu’il sentit que le matelas s’affaissait, signe évident qu’elle venait de s’asseoir. « Faut que je te parle en Russe pour que tu comprennes ? » Elle préféra l’anglais, étrange tiens,  pour lui dire qu’elle était désolée. De quoi on se demande bien, il retira néanmoins l’oreiller pour la regarder, il faut dire qu’elle avait baissé d’un ton pour lui dire qu’elle n'avait pas voulu le faire souffrir. Il devait être encore un peu endormi parce qu’il ne comprenait pas comment elle pouvait dire cela ou alors il ne devait pas être clair comme type ? Il n’en savait rien, il ne savait plus rien si ce n’est qu’il voulait dormir. Ils n’auraient pas dû coucher la première fois, il retint un commentaire sur le fait qu’ils n’auraient pas dû coucher ensemble du tout, ni la première fois ni toutes les autres. S’il aurait adoré pouvoir la prendre de haut avec cette histoire de désir, il se rendait compte qu’il n’était plus aussi détaché qu’avant à ce sujet et qu’il aimait coucher avec elle. Alors bien sûr, il y avait toujours eu cette volonté de faire un enfant mais c’est l’acte en lui-même qu’il appréciait. Ce n’était pas une question de devoir, c’est qu’il en avait eu envie lui aussi. Preuve en était, il n’avait même pas attendu d’être sûr qu’elle soit sa femme, ce qui était la décision la plus dangereuse au monde sur le papier. En réalité, ça ne risquait rien vu que sa fiancée faisait attention à ne pas tomber enceinte.  

Bien sûr qu’il avait été stressé à l’idée qu’elle tombe enceinte avant le mariage, que ça se voit, que tout le monde se dise qu’ils ne géraient pas, qu’ils se mariaient uniquement parce que ça avait mal tourné, qu’ils avaient manqué de prudence. Si seulement, sauf qu’il y avait des mois à la courtiser pour qu’elle daigne l’épouser et il n’était pas le genre de débile à sauter n’importe qui. Ça aurait été réducteur et particulièrement vexant pour Grigori. Elle était stressée elle aussi, ça ne l’étonnait pas vraiment cette partie, il connaissait Kiara et surtout il connaissait son père, bien sûr qu’il avait mis la pression à tout le monde. Certainement que le stress de Grigori à l’idée qu’elle tombe enceinte n’avait pas aidé. Sauf que le problème n’était pas là à ses yeux. Il n’était pas du genre à vouloir coucher à tout prix, il pouvait patienter mais il n’avait pas pu le lui prouver puisqu’elle faisait des choses dans son dos. Elle aurait toujours des excuses pour expliquer tout. La vérité était juste sous ses yeux, elle n’avait pas envie d’avoir des enfants avec lui, mais il ne comprenait pas ce qu’il avait mal fait. Il avait eu l’impression qu’elle était d’accord au début, il ne savait plus si elle lui avait menti dès le départ ou s’il avait dit ou fait quelque chose qui lui avait déplu. Mais si c’était le cas, pourquoi ne rien lui avoir dit ? Il ne comprenait décidément rien. Elle avait peur ? « De moi ? » Il se redressa dans le lit. Comment elle pouvait penser ça ? Elle était angoissée à l’idée de porter son enfant ? Elle s’entendait dans tous les cas il était affecté, elle ne voulait pas d’enfant de lui et elle avait peur d’avoir un enfant de lui.  Il l’écoutait attentivement, elle voulait porter ses enfants, est ce qu’il pouvait vraiment la croire, elle s’était bien démenée pour ne pas avoir à s’inquiéter de cela. Alors maintenant, elle pouvait se rassurer, il voulait dormir. Bon, il se doutait que ça n'était pas à prendre au sens littéral mais la finalité était un peu la même, il n'avait pas envie d'être intime avec elle. C'était problématique, il n'y avait pas cinquante solutions pour lui faire un enfant mais elle avait complètement soufflé son envie. Ce qui était fou, ahurissant même pour lui, c'est que le plan qu'elle lui proposait, c'était celui qu'il aurait voulu suivre il y a de cela quelques années. Là, il la regardait comme s'il faisait face à une inconnue. Ça n'était pas un cadeau du tout, enfin si, c’était une offrande de paix, il n'était pas stupide, il s'en rendait compte mais ça ne faisait que montrer qu'ils n'étaient plus en phase. Cela faisait des mois qu'ils couchaient ensemble au gré de leurs envies à tous les deux, il n'avait pas envie de faire ça. Il s'était battu pour que ça marche entre eux, ils étaient devenus les rois du compromis, chaque décision avait été prise ensemble, il s'était habitué à tout cela. Prendre les décisions seul, c'est ce qu'il lui reprochait, ça n'était pas pour faire la même chose et la prendre uniquement comme un réceptacle pour son enfant, même si c'est vrai, c'est légèrement ce qu'il avait insinué... C’était facile de le dire. En revanche, mettre en application, c'était non, tout simplement. Est-ce que ça faisait de lui un mari faible, probablement, une déception, sûrement. Mais il ne pouvait faire autrement, c'était la personne à qui il parlait le plus souvent, celle qui le rendait chèvre régulièrement mais elle était aussi celle qui le faisait sourire de temps en temps. Ne risquait-il pas de perdre plus qu'il n'avait à gagner. Elle avait déjà prononcé le mot divorce, il ne souhaitait pas que ça se réalise.

Lorsqu'elle se rapprocha de lui, il s'apprêta à lui dire qu'il n'avait pas l'intention de coucher avec elle. Il n'en eut pas besoin, elle se contenta de lui tendre une fiole. Par réflexe, il l'attrapa, lisant l'étiquette qu'une fois qu'il l'avait dans la main. Son esprit devait être encore endormi parce qu'il ne comprenait pas pourquoi elle lui donnait. Une fois n'est pas coutume, ce fut elle qui lui donna la réponse à la question. Il haussa un sourcil « Tu ne crois pas que tu assez bu ce soir? » Même si, il l'admettait, elle se remettait drôlement vite, elle semblait  bien plus alerte que tout à l'heure, à moins que ce soit lui qui soit dans un entre deux où il sortait du sommeil et ses pensées avaient quelques difficultés à se former. Il resta à regarder le petit flacon, difficile à fabriquer, à obtenir même. S'il avait songé, plus d'une fois à la mettre sous amortentia pour s'assurer qu'elle ne le laisse pas tomber, jamais il n'aurait imaginé devoir lui faire prendre du véritaserum. Ne pas se méprendre sur ses sentiments alors qu'elle lui avait caché ses intentions tout ce temps ? Ça n'était pas évident du tout. Il leva les yeux au ciel lorsqu'elle mentionna le fait qu'elle voulait ce qu'il voulait, alors dans aucun monde ils voulaient la même chose. Par contre, c'est sans hésiter une seconde qu'il pouvait répondre « Je t'aime aussi. » Ce serait si simple s'il ne l'était pas, les scrupules, la douleur, la peur, tout ça il ne le vivrait pas mais il y a plein de choses qu'il aurait vécu différemment aussi, l'un dans l'autre il savait que c'était mieux même si les trahisons faisaient bien plus mal. Est ce qu'il était malheureux lui aussi d'être sans elle ? Il ne voulait pas répondre à cette question, cette vérité l'effrayait. Ce qui était tout aussi effrayant à ses yeux, c'était les mots qu'elle employait. Il la regardait attentivement depuis qu'elle était dans son lit, probablement parce qu'il n'avait rien à faire d'autres, en dehors d'elle, tout était habituel ici. C'est donc là qu'il perçut exactement que ce n'était pas des paroles en l'air. Il n'avait pas fait attention tout à l'heure mais elle avait fondu. Il n'y avait pas que ça, si effectivement elle avait une tête de déterrée ça n'était pas dû à l’alcool. Elle avait des cernes de folies, jamais la ressemblance avec son patronus n’avait été si marquée, ce qui n’était pas vraiment un compliment. Elle se laissait dépérir ? Cette information ne lui plaisait pas du tout, il n’avait pas envie de la perdre, cela faisait plus d’un an qu’il voulait évoluer à ses côtés et l’idée de s’imaginer avancer sans elle, c’était effrayant. Surtout qu’il serait responsable de cela, il était responsable de son état.

C’était compliqué parce que comme il l’avait dit, il l’aimait et en même temps, il lui en voulait de lui avoir fait à l’envers pendant si longtemps alors qu’il avait vraiment eu le sentiment qu’elle lui faisait confiance sur toute la ligne. « Est-ce que tu as peur que je sois un mauvais père ? » Ca allait même plus loin que ça ses interrogations « Pourquoi tu n’as pas confiance en moi ? Tu crois vraiment que ton père a raison sur moi ? » Il la regarda dans les yeux « Je t’ai demandé plein de fois si tu voulais vraiment m’épouser, pourquoi tu as accepté si tu penses que ton père a raison ? » Est-ce qu’il pouvait croire ses réponses ? Il l’avait compris, elle n’allait pas bien, qu’elle soit amoureuse de lui, il n’en doutait pas, pour autant l’amour ne la rendait pas stupide, elle était capable de réfléchir, preuve en était, ce contrôle de son cycle pour ne pas tomber enceinte, elle serait donc parfaitement capable de dire ce qu’il voulait. De la même façon que lorsqu’il y avait ce système de point en place, il contrôlait ses mots pour ne pas perdre de points – même si Kiara avait eu un barème des plus incompréhensibles. Afin d’être parfaitement sûr et de ne pas se méfier de chaque mot qu’elle prononcerait, il lui tendit la potion, sans un mot, se contentant de la regarder dans les yeux.

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Kiara Dimitrova
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Sam 13 Jan - 13:03


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KIRI XI, Manoir Dimitrov, Début novembre 2021



Si Kiara avait toujours été la reine des arguments, cette fois-ci, son esprit embrumé par les effluves de l’alcool ingurgité, elle ne trouvait rien à redire, absolument rien. Totalement désemparée par les propos tenus par son mari, elle se contenta d’encaisser, s’appuyant sur le lit pour ne pas sombrer. Grigori avait toujours eu le chic pour user des bons mots, au bon moment. Parfois, quand elle l’écoutait, elle se disait qu’il avait raison de vouloir faire carrière en politique, il avait une telle aisance à l’oral, à utiliser le lexique adéquat, trouver la bonne phrase, la bonne accroche, celle qui clouera le bec de son adversaire. Et ce soir, son adversaire était à terre ; Kiara était en KO technique. Et pourtant, lorsqu’il tourna les talons pour se rendre dans sa chambre, dans la chambre qu’il occupait depuis qu’ils s’étaient disputés, Kiara sut qu’elle ne supporterait pas un jour de plus dans ces conditions. La manière dont Grigori venait de parler n’avait aucune équivoque ; il n’était pas près à flancher ni même à lui pardonner. Pas comme ça ; pas encore. Alors Kiara décida d’employer les grands moyens. Mais pour cela, elle devait dans un premier temps avoir les idées plus claires : se rendant dans la pièce où elle travaillait sur ses potions et dans laquelle elle révisait, elle avala un philtre revigorant avant de mettre la main sur la fiole de Véritasérum. Elle n’avait jamais utilisé cette potion, ni sur elle, ni sur un autre. Elle en connaissait évidemment les effets et elle se demanda si cela serait suffisant pour Grigori. Ne serait-il pas capable de dire qu’elle avait trafiqué la potion et qu’elle cherchait à nouveau à se dédouaner ? En proie au doute le plus profond, Kiara se débarbouilla avant de passer la porte de la chambre de son mari ; elle ignora son mécontentement et sa demande. Non, elle n’irait pas se coucher. Pas cette fois. Elle était déterminée à aller jusqu’au bout pour récupérer l’affection de son cher et tendre, pour ne plus avoir à sentir les larmes couler sur ses joues à chaque fois qu’elle se couchait, pour ne plus subir les ravages du chagrin. « Tu peux toujours essayer, mais mon niveau est encore assez médiocre. » chuchota-t-elle. Depuis quelques temps, elle tentait d’apprendre la langue de son époux. Il y avait plusieurs raisons à cela ; après tout, c’était une partie de son héritage familial et peut-être qu’il souhaitera transmettre cette langue à leurs enfants ; et aussi parce qu’elle ne voulait plus jamais se retrouver au dépourvu face à sa belle famille, dépendante de Grigori pour traduire. Non, elle ne souhaitait pas se retrouver dans la même situation qu’en avril, à subir une conversation sans en maîtriser le moindre mot. Mais il fallait l’avouer, l’apprentissage d’une nouvelle langue telle que le russe ne se faisait pas du jour au lendemain. Mieux valait rester en anglais.

Et c’est dans la langue de Shakespeare qu’elle lui demanda pardon. Qu’elle s’excusa platement de ce qu’elle lui faisait vivre. Qu’elle expliqua aussi pourquoi elle avait agi ainsi. Si ces raisons ne pouvaient pas à elles seules expliquer la conduite de Kiara, elle espérait néanmoins que Grigori serait en mesure de les entendre. Grigori l’écouta sans l’interrompre. Sauf quand il demanda : « De moi ? » Kiara fronça les sourcils en répondant immédiatement : « De toi ? » répéta-t-elle pour être certaine d’avoir bien compris. « Bien sûr que non. » Avait-elle déjà eu peur de lui ? Non jamais. Elle avait su dès le début qu’il était Mangemort et elle s’était même habituée très rapidement à la marque des Ténèbres tatoué sur son bras, n’y prêtant même plus attention au fur et à mesure que les années avaient passé. Ce n’était vraiment pas la question, Kiara n’avait jamais craint que Grigori ne lui fasse du mal. Elle avait toujours eu le sentiment qu’elle pouvait lui faire confiance et cela même lorsqu’ils n’étaient qu’« amis ». L’inverse avait-il été vrai pour Grigori ? Alors elle poursuivit ses propos et abattit sa dernière carte en lui montrant la fiole de Véritasérum. Elle était prête à la prendre pour lui, pour lui signifier qu’elle souhaitait qu’il ait de nouveau confiance en elle. Kiara avait eu le temps de réfléchir pendant ces semaines où ils n’avaient pas échangé un seul mot et au-delà de la trahison qu’il devait ressentir, Kiara savait qu’il se sentait lésé, qu’il estimait qu’elle l’avait trompé, qu’elle avait souhaité lui mentir tout du long. Mais ce n’était vraiment pas le cas. Kiara avait plutôt été en proie avec ses propres démons intérieurs et cela n’avait jamais été pour le duper lui. « Une gorgée de plus ou de moins… » dit-elle sans sourciller,  sans qu’aucune expression ne transparaisse sur son visage. Alors qu’il observait le flacon, Kiara lui réaffirma ses sentiments. Elle l’aimait, envers et contre tout et c’était pour ça qu’elle était au plus mal. Elle releva les yeux vers lui lorsqu’il prononça lui aussi les mots tant chéris. Elle ne les avait pas réentendu depuis si longtemps ; si elle exprimait régulièrement son amour pour lui, Grigori avait toujours été plus mesuré. Qu’il le lui dise ce soir, alors que le couple était au plus mal donnait de l’espoir à la jeune Poufsouffle. Posant sa main sur la cuisse de Grigori, elle sentit sa peau au travers le tissu de son pyjama avant de fermer les yeux ; elle inspira puis expira très profondément, soulagée. « Je craignais que cela ne soit plus le cas. » dit-elle faiblement, dans un murmure. Elle avait toujours souhaité un mariage d’amour alors si Grigori ne l’aimait plus, à quoi bon ? Mais malgré tout, même s’ils s’aimaient toujours, Kiara ne pourrait supporter que leur relation ne soit réduite à quelques conversations froides et insipides, ainsi qu’à un évitement certain. Ce n’était pas ainsi qu’elle concevait leur mariage. Elle voulait son pardon, évidemment. Elle voulait que tout redevienne comme avant.

Alors qu’elle attendait qu’il ouvre la bouche, elle le regarda franchement. Dans ses yeux, elle ne percevait que le doute, l’inquiétude qu’elle puisse lui mentir à nouveau. Mais Kiara savait désormais qu’elle n’avait plus aucun intérêt à lui mentir à nouveau, la douleur de leur séparation était trop violente. Ce n’était pas ce qu’elle désirait alors elle se devait de répondre franchement à ses questions. Lorsqu’il lui tendit la fiole, Kiara l’attrapa sans se poser de question. Au fond d’elle-même, elle aurait préféré qu’il lui demande de ne pas de la boire. Non pas parce qu’elle comptait l’entourlouper, mais plutôt parce que cela aurait été un gage de confiance immédiat. En lui donnant le Véritasérum, Kiara comprit qu’elle allait devoir faire en sorte qu’il puisse compter sur elle à nouveau, et ça, c’était difficile. Après tout, elle avait mis des mois et des mois avant que cela ne soit le cas. Mais elle était prête à le faire, la patience était l’une de ses vertus et c’était son prochain objectif. Sans tergiverser davantage, elle déboucha la fiole et avala le liquide transparent. La potion, comme elle s’y attendait, n’avait pas d’odeur, ni aucun goût. Elle respira doucement pendant quelques secondes, se demandant si les effets étaient immédiats ou non. Elle se concentra sur les questions qu’il lui avait posées. « Je commence par le plus facile. J’ai toujours voulu vraiment t’épouser. Quand je t’ai dit oui, quand on s’est fiancé, ça a toujours été définitif pour moi. Je n’ai jamais voulu revenir sur ma décision, même après l’avoir dit à Taz, à mes frères et sœurs, à mes parents. Ils étaient tous opposés à cette idée, mais moi je n’ai jamais écouté. Même après la rencontre avec... Tes parents. C’est toi que j’aime, c’est toi que j’épouse. Point. » Kiara fronça les sourcils, un peu surprise des mots qui sortaient si facilement de sa bouche. En réalité, c’était comme si elle n’avait nullement besoin de réfléchir. Les paroles s’agençaient seules dans son esprit et elle ne pouvait les empêcher de sortir, c’était une sensation très étrange. « Mon père n’a pas raison. Il est inquiet, c’est tout. Il a peur que ses filles soient malheureuses. » Kiara engloba Sélénya dans la phrase parce que ce qu’elle disait ne la concernait pas uniquement. Lasérian Macmillan était bien trop buté pour remettre en question ses opinions sur les Mangemorts, et qui pourrait l’en blâmer ? « Sa fille aînée a épousé un Mangemort alors qu’il s’est évertué toute sa vie à les traquer. Je pense que sa vision de l’ancien monde est encore trop présente dans son esprit. Mais pas dans le mien. J’ai jamais eu peur de toi Grigori. Je ne sais pas pourquoi. Certains Mangemorts me font peur, tu le sais, je te l’ai déjà dit. Je ne sais pas pourquoi tu es différent à mes yeux. Peut-être à cause de mes sentiments pour toi. Mais pas uniquement. » Elle savait que Grigori était amené parfois à faire des choses qu’elle-même ne pouvait cautionner. « J’ai confiance en toi, je te l’ai déjà dit plein de fois. Si cela n’avait pas été le cas, je ne t’aurais pas appelé le soir où tu es venuf me chercher à Pré-au-Lard, je ne serai pas revenue vers toi après ce que ton père m’a fait, je n’aurai pas accepté de t’épouser malgré l’épée de Damoclès qu’il y avait au-dessus de nos têtes quand ton père a décidé d’avancer la date du mariage, je n’aurai pas pardonné ce qu’il s’est passé sur la voie 9 3/4. » Était-ce la potion qui lui faisait reprendre tous ces éléments-là ? Elle n’en savait rien. En dehors du fait que tout était facile à déballer, tout était si simple. « Je sais que tu seras un bon père. Puisque la plupart du temps, tu es un bon mari. » La plupart du temps. Évidemment, ces mots seraient peut-être à expliciter pour Grigori alors elle ajouta : « Quand tu ne fais pas pleurer ton épouse. » Penaude, elle admit : « Même si elle le méritait. »

Reprenant son souffle après ce long monologue, elle ajouta : « Je crois que c’est de moi que j’ai peur. J’ai peur de pas correspondre à tes attentes, à celle de ta famille, ni à la mienne. » Elle ferma les yeux, ne voulant pas croiser son regard. « J’ai peur de pas pouvoir passer mes examens finaux. J’ai peur d’être enceinte au moment de mes examens et que mon stress se répercute sur le bébé. J’ai peur que tes parents soient infernaux et critiquent l’éducation qu’on donnera à nos enfants. J’ai peur de la réaction de mes parents. J’ai peur de ne pas être à la hauteur. » Une larme coula furtivement sur sa joue tandis qu’elle ajoutait : « Je suis déjà médiocre comme épouse, j’ai pas envie d’être une mauvaise mère. » C’était réellement le sentiment qui traversait Kiara ces derniers jours. Elle avait l’impression d’être nulle. Elle avait menti à son mari et elle lui avait fait espérer des choses qui en réalité n’avaient aucune chance d’arriver. Elle se sentait misérable. « J’ai pas envie de te décevoir encore. » Elle s’allongea sur le lit, regardant le plafond, totalement perdue et perturbée par tout ce que la potion lui faisait dire. Il y avait des choses dont elle ne prenait conscience que maintenant, sous l'effet du sérum. C'était absolument perturbant. Son souffle était court et son coeur battait tellement vite.



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Love's my religion
but he was my faith


Something so sacred, so hard to replace
Fallin' for him was like fallin' from grace
All wrapped in one, he was so many sins
Would have done anything, everything for him
And if you ask me, I would do it again
KoalaVolant

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Mar 30 Jan - 21:04
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Kiara  

S'il n'avait pas envie qu'elle vienne le faire suer, qu'il ne savait plus comment lui dire, elle lui rappela que parler en Russe était proscrit, son niveau était catastrophique, oh elle essayait de s'y mettre mais ça ne serait pas demain la veille qu'ils pourraient converser en Russe. Il se doutait de la raison de sa soudaine motivation, ses parents à lui, ils faisaient exprès de l'exclure des conversations et Grigori était un traducteur qui enjolivait la situation. Pour le moment, elle devrait compter sur lui néanmoins... enfin pour l'instant il évitait de l'emmener, surtout ces dernières semaines. Personne ne serait dupe sur le fait qu'ils étaient en froid et il ne voulait surtout pas que son père devine la raison. Il ne voulait entendre aucune critique, ne voulait voir aucun regard amusé quand lui souffrait de cette situation.

Ce fut donc en anglais que Kiara décida de lui casser les pieds. Purée elle ne pouvait pas avoir l'alcool qui la faisait dormir? Non, elle devenait bavarde et elle prenait la tête et lui, plutôt que de mettre l'oreiller sur sa tête, de prendre sa baguette pour éteindre, il l'écoutait. S'il la coupa, ça ne fut que pour demander si c'était de lui dont elle avait peur, ce qu'elle réfuta immédiatement. Il aurait dû s'attendre à ce qu'elle trouve quelque chose à redire après qu'il lui ait reproché de vouloir encore boire, même si cette boisson n'était pas la même, elle le soûla malgré tout. Ce qu'elle pouvait être agaçante à ne jamais savoir quand se taire et il était bien obligé de faire avec. Les sentiments qu'elle éprouvait, il les partageait, bien sûr qu'il les partageait. Il ne se déroba pas lorsqu'elle posa sa main sur lui, se contentant d'analyser ses  réactions sa respiration qui semblait s'apaiser, son regard qui se fermait, pour une peu, il aurait pu croire que c'était le signal voulant dire on dort? Mais non, elle lui parlait. Il mit quelques secondes avant de répondre. « J'aurais trouvé les choses plus simples si les sentiments avaient disparu. » C'est même ce qu'il aurait voulu, ne rien ressentir, jamais, voir tout cela uniquement comme une énigme à résoudre. Ça n'était pas le cas et son père avait raison, ça rendait faible, tellement faible. Il était obligé de ne pas l'avoir sous le nez pour tenter d'oublier. Ce soir démontrait à la fois qu'elle était chiante, ce qu'il avait toujours su, mais aussi que si elle avait besoin d'aide, il était incapable de la laisser tomber... ah ça aurait été plus simple s'il l'avait laissé par terre sur le tapis du bas et qu'il lui avait balancé une couverture... quoi qu'elle aurait trouvé le moyen de venir jusqu'ici pour lui dire que ça ne se faisait pas. Sa femme étant pour le moins têtue.

D'ailleurs, il était évident qu'elle ne lui foutrait pas la paix ce soir tant qu'ils n'auraient pas discuté. Est ce qu'elle n'était pas au moins aussi patiente que lui ? Très bien, il abandonnait la lutte, ils ne dormiraient pas tout de suite, ils allaient discuter. Il lui posa donc des questions, partagea ses craintes, cherchant à comprendre d’où venait les doutes qu’elle avait, son père avait réussi à la convaincre, à quel moment ? Avant le mariage ? Après ? Et comment avait-il pu ne rien voir ? Il était perdu et s’il s’était toujours accroché à ses paroles, à son regard, pour la première fois ça n’était pas vraiment le cas. Elle pouvait lui faire croire n’importe quoi, il était trop impacté émotionnellement pour qu’il puisse se faire confiance et repérer quand elle lui mentait. Afin d’éviter de se faire avoir, encore, il lui tendit la potion après ses questions et il ne fallut pas plus d’une dizaine de secondes à Kiara pour ouvrir la potion et en boire le contenu. Pour le coup, il n’y avait rien de nouveau sous le soleil, ce qui était une très bonne nouvelle pour le jeune époux, cela signifiait qu’elle avait été honnête et que ses proches étaient des empêcheurs de tourner en rond et au passage que si un jour Balthazar passait par une des nombreuses fenêtres du ministère, ça ne serait que justice. Est-ce que lui venait emmerder la copine de ce petit con ? Non, parce qu’il s’en cognait, si elle avait des goûts discutables mais grand bien lui fasse. Bon, d’accord, il n’y avait pas que les proches de Kiara qui étaient problématiques, dans une moindre mesure, ses parents n’avaient certainement pas aidé. Heureusement que Kiara avait cette mentalité là, elle aimait, elle épousait parce que ça aurait pu être bien plus compliqué sinon. Et oui, c’était toujours aussi désolant de constater qu’elle ne faisait pas mention de la pureté du sang, heureusement qu’il était là, elle aurait été capable de souiller son sang avec le premier sang mêlé qui passe. Pour ce qui était du papounet, il était inquiet et avait peur que ses filles soient malheureuses, ah bah ça tombait bien, ils étaient en plein dedans. Si habituellement, Grigori aurait été du genre à répondre et il trouve pas que son comportement c’est ça qui rend ses filles malheureuses, là, vu l’état dans lequel était Kiara physiquement et mentalement, il jugea préférable de s’abstenir de tout commentaire. Il avait passé sa vie à traquer les mangemorts, eh bien ça n’était pas une franche réussite, ils avaient le vent en poupe ces derniers temps. La bonne note à retenir c’est que malgré cette éducation qu’il trouvait un peu délirante, il devait bien l’admettre, préférer prendre le parti de moldus, ne pas prôner la supériorité du sang, alors qu’on était sangs purs, c’était du grand n’importe quoi pour lui, il n’empêche que les sentiments de Kiara aidaient pas mal. Il pencha la tête, elle avait confiance en lui. Si elle le disait sous la potion, c’est que c’était vrai, l’épisode qu’elle énonçait tendait d’ailleurs à prouver ses dires. La confiance était là mais pas au point de lui dire la vérité, cette fille était déconcertante. Il était en pleine réflexion lorsqu’elle lui souffla qu’il ferait un bon père, un sourire pointa timidement le bout de son nez avant de l’entendre dire que la plupart du temps, il était un bon mari. Comment ça la plupart du temps ? Il s’indigna, voulant des explications mais comme bien souvent avec Kiara, elle anticipa ses propos et parla du fait qu’il la faisait pleurer, oui alors, ça n’était pas une volonté de sa part, plutôt les conséquences de ses actions à elle, ce qu’elle reconnaissait.

S’il ne répondit pas, il était plutôt rassuré par les propos tenus mais voilà qu’elle enchainait déjà. Purée, déjà que Kiara, en règle générale c’était une pipelette, sous véritaserum, c’était quelque chose. Ainsi, elle avait peur de ne pas correspondre à ses attentes ? Oui alors autant dire les choses « Tu n'as jamais correspondu à mes attentes. » Ne le savait-elle pas déjà? Elle avait bousculé sa vision du monde, du couple, lui tout simplement. Il ne s'était pas attendu à tout ça, aurait été effrayé si quelqu'un lui avait révélé son avenir et, probablement qu'il aurait tout fait pour l'éviter. Mais, avant d'apprendre que Kiara agissait dans son dos, son mariage lui plaisait ainsi, Kiara lui plaisait ainsi. Pour ce qui était de correspondre aux attentes de leurs parents respectifs, il fit la moue et pris les choses dans l'ordre « Je pensais savoir ce qu'ils voulaient et je ne comprends pas pourquoi ça ne suffit pas. » La détermination fit briller son regard  « Je trouverais. » Il arriverait à les rendre fier d’eux. Il hésita quelque peu avant de poursuivre « Pour ta famille, je crois que le problème, c'est moi. » Il haussa les épaules un brin mal à l'aise, pas facile de pas être soi. Néanmoins, ne pas être la personne sur laquelle on misait, c'était l'histoire de sa vie, c'est toujours aussi déterminé qu'il continua « J'arriverais à les convaincre, sois patiente. » Il écouta ses craintes, beaucoup de craintes. Non mais c'est dingue qu'il faille une potion pour lui arracher la vérité, elle était frustrante comme fille. Il leva les yeux au ciel lorsqu'elle osa dire qu'elle avait peur que ses parents soient infernaux et qu'ils critiquent l'éducation qu'ils donneraient. Il avait bien l'intention de donner une éducation irréprochable à ses garçons. Elle craignait autant les parents de son conjoint que les siens, ce qui agaçait un brin Grigori. Il ignora quelque peu ce qu'elle croyait être la vérité, qu'elle était une mauvaise épouse. Il ignora aussi ses propos sur la déception qu'elle était pour lui. La raison de ces deux choix ? Il ne voulait pas s'engager sur la discussion des sentiments, c'était le type de discussion qu'il n'affectionnait pas vraiment. En attendant qu'il réagisse, Kiara avait visiblement décrété qu'elle resterait ici, s'allongeant sur le matelas. S'il la regarda un peu de travers, il ne la délogea pas pour autant, préférant répondre sur les parents. « C'est à moi que tu es mariée. C'est à moi que tu dois des comptes, pas à eux, parce que tes parents vont mal réagir ? » Il prit une inspiration « Tu me diras, ce sera pas la première fois qu’ils prendront mal quelque chose. » Il entendait bien ses craintes au sujet de sa grossesse, il était assez attaché à ses études pour comprendre cette peur de rater. « Je ne peux pas deviner ce que tu penses, ce que tu ressens et comment tu te projettes si tu ne me dis rien. Je ne peux passer mon temps à te faire boire des potions pour que tu me parles Kiara. Je veux un enfant avec toi, oui mais je sais que les études c’est important. » Il ne pouvait pas dire le contraire, il avait redoublé dans le seul but d’être le meilleur de sa promo. « J’étais prêt à attendre que tu finisses tes études avant que l’on se marie. » . Il se coucha sur le côté pour la regarder « Je suis prêt à attendre jusqu'à la fin de tes études si tu préfères. » De toute façon, pour le moment, il n'avait pas le moins du monde envie de coucher avec elle, ça réglait le problème. Il était prêt à faire un pas vers elle, lui montrer que si elle communiquait avec lui, il essayait et essaierait toujours de l'écouter. « Je sais que tu as une vision du monde différente, je sais que tu voulais attendre avant de te marier, que tout va trop vite entre nous à tes yeux, aux yeux du monde. C'est important pour moi d'avoir ce garçon, si tu me jures que tu ne me la feras pas à l'envers à la sortie de tes études. » Il s'arrêta, pensif, est-ce que c'était assez comme offre? Il avait englobé toutes les situations pour éviter de se faire avoir une autre fois mais elle ? Il ne voulait pas la léser non plus. Il était face à un dilemme, attendre la fin des études de Kiara, ça n'était pas compliqué, il s'y était préparé avant que ses parents ne mettent leur grain de sel dans leur histoire et la pousse aux fesses mais est ce qu'il pouvait lui offrir plus, est ce qu'il était prêt à prendre sur lui, à recevoir des critiques sur son incompétence encore et encore pour elle. Il avait envie de voir la satisfaction dans le regard de ses parents, c'était indéniable mais à quel prix ? Celui de la détresse de Kiara ? Celui d'être en conflit avec elle ? Il poussa un soupir avant de rajouter « Le temps qu'il te faudra pour envisager de devenir mère, je suis prêt à t'attendre si tu me jures que tu veux vraiment un enfant avec moi, que tu n'es juste pas prête pour le moment. » Il avait attendu toute sa vie que ses parents soient fiers de lui, il pouvait bien attendre encore un peu, si elle en avait besoin.

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Kiara Dimitrova
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Sam 3 Fév - 23:10


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La conversation était des plus déplaisantes mais pour autant, pour Kiara, elle était absolument nécessaire. Elle l’était car elle était la pierre angulaire de leur relation. Ils avaient toujours pu échanger, parler, discuter. Ils étaient rarement d’accord, avec des opinions et des divergences notables; pour autant, ils s’étaient toujours entendus sur ce qui était important. C’était là leur force en tant que couple et maintenant en tant que mari et femme. Kiara et Grigori se soutenaient, envers et contre tous. Alors la  jeune Poufsouffle pouvait comprendre que Grigori ait été plus qu’affligé par la manière qu’elle avait eu de gérer les choses après leur mariage. Surveiller son cycle avait été une façon pour elle de se protéger face à la vive inquiétude qu’elle ressentait face à leur avenir. Pas leur avenir en tant qu’époux, ni en tant que parents. Mais bien en tant que personnes. Leurs proches étaient leurs principaux détracteurs et si Grigori avait toujours assuré à Kiara que ses parents n’auraient jamais rien à redire sur leur relation, il fallait bien se rendre à l’évidence, cela n’était pas le cas. Pour les Macmillan, c’était tout aussi vrai. Voilà pourquoi il fallait que les deux jeunes époux demeurent soudés, en toutes circonstances. Voilà pourquoi Kiara tenait tant à réparer les choses maintenant. Avant qu’elle ne s’effondre davantage.

Évidemment, elle connaissait son mari, peut-être mieux que quiconque, et elle savait à quel point son attitude l’agaçait mais Kiara fit comme si de rien n’était. Elle ne pouvait plus laisser couler, laisser filer le temps, en espérant que la situation s’arrange d’elle-même. Grigori avait pour elle beaucoup de rancune, elle devait alors prendre les devants et s’imposer. Comme elle l’avait déjà fait par le passé. Lorsqu’ils se renouvelèrent mutuellement leur affection, Kiara fut soulagée. « Je suis contente que cela ne soit pas le cas. » dit-elle lorsque Grigori exprima qu’il aurait préféré que son amour pour elle ne disparaisse. Sans doute aurait-il trouvé cela plus facile. Moins contraignant. Comme l’union qu’il espérait avant qu’il la rencontre, avant qu’il ne développe des sentiments à son égard. Elle savait pertinemment qu’il imaginait que l’amour qu’il avait pour elle le rendait faible mais Kiara n’avait jamais réduit l’amour à cela. Bien au contraire. À deux, ils avaient une force insoupçonnée. Grigori ne se rendait peut-être pas encore compte.

Pour autant, à ce moment précis, leur relation était fragilisée, prise dans une situation impossible à gérer. Rétablir leur confiance d’antan nécessitait un acte que Kiara n’aurait jamais cru avoir besoin de faire : avaler une potion de Véritasérum. Néanmoins, boire le liquide ne lui posa aucun problème de conscience. Elle aimait Grigori et souhaitait désormais tout partager avec lui : ses peurs, ses inquiétudes, ses angoisses. Quoi qu’il en coûte. Grigori garda le silence tout le long du monologue de Kiara dur d’en placer une avec celle-là... Lorsqu’elle arriva au bout de ce qu’elle avait à dire, elle s’allongea sur le lit, retenant sa respiration, prête à entendre ce qu’il avait à lui répondre car elle se doutait qu’il y aurait des points qu’il lui faudrait éclaircir, développer ou ajouter. Elle tourna sa tête vers lui lorsqu’il affirma sans prendre de pincettes qu’elle n’avait jamais correspondu à ses attentes. Et même si au fond d’elle, elle le savait, l’entendre était toujours douloureux.  « Celles que tu avais quand on s’est rencontré, c’est certain que non. » admit-elle dans un murmure. Mais aujourd’hui ? Attendait-il toujours la même chose d’elle ? Qu’elle soit soumise, silencieuse, docile ? Kiara savait bien que non, il l’aimait comme elle était, non ? C’était ce qu’elle espérait. Elle espérait vraiment qu’il ne souhaitait pas la voir devenir la femme qu’il aurait souhaité qu’elle soit. Quant à leurs familles respectives, il y avait encore du travail. Grigori s’était fourvoyé lui aussi lorsqu’il avait promis à Kiara que seule la nature de son sang aurait de l’importance pour les Dimitrov. Ce n’était pas le cas, cela paraissait clair désormais : Kiara dérangeait. Elle ne correspondait pas au type de femme qu’ils auraient voulu pour Grigori ; elle était trop indépendante, trop loquace, non-conformiste. Elle pensait par elle-même, elle répondait à Grigori, elle ne lui était aucunement soumise. Bref, à leurs yeux, elle était un élément perturbateur, une véritable emmerdeuse. C’était bien ce que son père avait dit, non ? Et pourtant… Kiara faisait ce qu’elle pouvait pour que cela marche, allant même jusqu’à passer outre ce qu’il s’était passé après leur libération. Elle faisait ce qu’elle pouvait. Véritablement. « J’ai vraiment envie que ça fonctionne moi aussi. » Elle détestait les parents de Grigori mais pourtant, elle avait mis beaucoup d’eau dans son vin, accompagnant Grigori en Russie quand cela s’avérait nécessaire. Pour Grigori, pour son mari. Parce que lui faisait aussi l’effort de venir chez les Macmillan. Pour autant, ce n’était pas pour cela que c’était plus facile. « T’es pas un problème Grigori. » Il faisait tant d’efforts, depuis le début. Il n’avait jamais été désobligeant, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours courtois. Franchement, ils n’avaient rien à lui reprocher. À vrai dire, les Dimitrov n’avaient rien à redire à Kiara non plus ; quand ils étaient ensemble, elle s’évertuait à être la parfaite petite épouse, quitte à faire taire sa véritable nature. Elle n’avait pas le choix, jamais elle ne voulait que se reproduise la situation d’avril dernier. Et pourtant, cela ne semblait pas être suffisant. « Moi aussi j’y arriverai. » dit-elle, déterminée. Elle avait déjà réussi à grignoter petit à petit les défenses de sa mère qui accueillait Grigori avec davantage de chaleur que précédemment. Quant à son père, s’il était égal à lui-même, Kiara percevait de minuscules changements. Évidemment, Poudlard ne s’était pas construit en un jour ; il lui faudrait du temps. Bien plus que quelques mois. Mais Kiara était patiente, plus que quiconque.

Puisque Grigori et Kiara venaient en quelque sort de se promettre que leurs familles respectives ne seraient plus jamais un obstacle à leur relation, Kiara put embrayer sur le reste. Sur ce qui la tourmentait depuis des mois, ce qui l’empêchait parfois de se tourner vers l’avenir. Grigori se demandait quant à lui comment réagirait les Macmillan face à l’annonce d’une future naissance et Kiara ne put empêcher un léger sourire s’installer sur ses lèvres en imaginant la scène. « Maman sera heureuse pour nous. Papa… Je sais pas. » admit-elle. De toute manière la potion l’empêchait de nuancer ses propos. Elle ne disait que la vérité, ou ce qu’elle pensait être la vérité. « Oh je t’en prie… » soupira-t-elle alors qu’il exprimait son mécontentement face aux prises de position de ses parents. C’était déjà suffisamment difficile ainsi. Kiara ne chercha pas à approfondir le sujet, c’était inutile. C’était comme lui demander à elle d’être positive en parlant des parents de Grigori. L’expression donner un coup d’épée dans l’eau n’avait jamais eu autant de sens qu’à cet instant.

Maintenant que l’abcès était crevé, Kiara sentait son cœur battre à tout rompre. Grigori ne se fâchait pas, ne lui demandait pas de partir. Peut-être était-il trop fatigué pour cela. Mais ce que Kiara retenait, c’était qu’il était prêt à échanger. Il ne voulait pas la forcer à boire du Véritasérum à chaque instant, il souhaitait simplement qu’elle lui parle. Il lui rappela qu’il avait déjà été prêt à attendre qu’elle termine ses études pour avoir leurs enfants avant qu’ils ne se marient. Kiara regarda son mari se tourner vers elle et elle résista à l’envie de se rapprocher de lui. Il annonça qu’il était prêt à attendre maintenant. Si tu préfères. Voilà le choix qu’il lui offrait, le choix qu’il lui donnait. Elle avait entre ses mains leur avenir à tous les deux et tandis que leurs regards se croisaient, Kiara avala durement sa salive, consciente du sacrifice qu’il faisait là pour elle. Consciente qu’il allait recevoir de la part de ses parents de nombreuses autres remontrances quant au fait qu’ils ne parvenaient pas à concevoir, Kiara sut qu’il lui renouvelait encore une fois son affection en lui offrant la possibilité de terminer ses études selon ses souhaits. « Grigori… » Qu’est-ce qu’elle l’aimait. Voilà ce à quoi elle pensait tandis qu’il renonçait à ce qu’il voulait pour elle, alors qu’il faisait passer les désirs de sa femme avant les siens, qu’il lui tendait la main sans condition. Elle soupira doucement, soulagée, tandis qu’une larme coulait silencieusement sur ses lèvres. « Grigori, je ne veux pas un enfant avec toi. » dit-elle au bout de quelques secondes. « J’en veux deux, trois, quatre ou cinq. Je veux beaucoup d’enfants de toi. » Elle lui sourit doucement. « Avec toi. » Timidement, sa main alla se glisser tout contre la joue de son mari. « Je te le jure. On aura nos enfants. » La perspective d’avoir une grande famille ravissait Kiara, et ce depuis toujours. Toutefois, elle ne se rendait compte que grâce aux propos de Grigori que tout était allé trop vite entre eux et si elle ne regretterait jamais de l’avoir épousé, il fallait qu’elle se rende à l’évidence, avancer le mariage avait été une grande source d’inquiétudes pour elle. « Je te promets de tout te dire, de ne plus jamais te mentir. » C’était le serment qu’elle lui faisait tandis qu’elle approchait son visage du sien, mêlant leur souffle, sentant son odeur si caractéristique. « C'est toi et moi, Grigori. » D’un geste tendre, elle posa délicatement ses lèvres sur les siennes, scellant sa promesse à l’aide de ce baiser. Elle posa sa tête sur l’oreiller et demanda , d’une voix légèrement chevrotante qui ne lui était pas habituelle : « Je peux dormir avec toi ? » Les battements de son cœur s’accélèrent alors qu’elle attendait sa réponse. Cette discussion avait le goût de la réconciliation mais Kiara ignorait si Grigroi était prêt à lui pardonner dès à présent. « Je déteste dormir sans toi. » C’était pire que ça. « Je veux plus jamais dormir sans toi. » Elle aimait trop le sentir près d’elle, sentir sa chaleur, son corps tiède à ses côtés, son parfum qu’elle affectionnait tant.


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Les sentiments amoureux étaient les pires qui puissent exister, il en était convaincu. Quand tout fonctionnait, ça n'avait rien de désagréable mais quand il y avait des tensions, les choses étaient différentes. Il avait l'impression que toute sa vie était une course effrénée dont il n'arriverait jamais à finir premier et ça n'était pas faute d'y mettre du sien. Ce qui était contrariant c'est qu'il analysait les autres gens, se comparant sans cesse et il n'avait pas l'impression de faire moins bien les choses. Comment en s'investissant autant, il ne parvenait pas à se démarquer. Ses combats l'affectaient et au-delà de ne pas réussir il y avait cette fois le fait de s'être trompé, d'y avoir cru si fort, d'avoir eu la sensation que cette fois, cette unique fois, il avait réussi. La déception était si forte, il aurait préféré ne rien ressentir ne pas s'être brûlé les ailes au passage, s'enlisant dans le mazout des sentiments. Cette envie n'était bien évidemment pas du goût la jeune mariée. Rien d'étonnant à ce constat, il l'aurait démoli s'il n'avait pas été épris d'elle.

N'ayant aucune confiance en elle, il la fit prendre la potion afin d'être certain que tout ce qu'elle lui dirait, il pourrait le croire. Qu'est ce qu'ils étaient devenus pour que la seule façon d'avoir foi en elle, c'était de la faire boire. Après l'avoir écouté attentivement, sans l'interrompre, il revient sur un point, elle ne correspondait pas à ses attentes.  Et si lui s'en accommodait fort bien, ça n'était pas vraiment le cas pour ses parents. Chose qu'il ne comprenait pas le moins du monde, si Kiara avait effectivement du caractère et qu'elle prenait la tête de son mari, à partir du moment où il y trouvait son compte, il n'y avait rien à dire. S'il était prêt à prouver à ses parents que son mariage était une réussite, que sa femme était plus qu'à la hauteur, il eut un timide sourire en entendant Kiara lui glisser qu'elle voulait que ça fonctionne. Au moins, c'était un combat qu'ils mèneraient ensemble. D'après elle, il n'était pas un problème, il marmonna « Tu parles, si demain tu leur annonces que ton mariage est un fiasco et que tu envisages le divorce, ils vont sortir le champagne et tu le sais aussi bien que moi. » Et c'était uniquement par peur de ce qu'il pouvait faire à leur fille. Comme si un gars de l'ordre du Phénix ne pouvait pas être une ordure. Néanmoins, il savait qu'elle se battrait pour les convaincre aussi, c'était d'ailleurs déjà le cas. Kiara étant pour le moins déterminé comme personne, elle y arriverait avant lui, c'était une certitude.

Le sujet principal n'étant pas tellement leurs parents respectifs qui étaient de véritables emmerdeurs, plutôt le fait qu'elle lui fasse des coups à l'envers avec cette histoire de grossesse. C'est sur ce sujet qu'ils revinrent et, Kiara s'inquiétait de beaucoup trop de choses, certainement avec raison mais du coup ça lui faisait poser une question, comment ses parents réagiraient à cette annonce? Ils étaient deux à faire un enfant, il y aurait la moitié de Kiara dans leur fils. Quand bien même le gendre n'était pas leur tasse de thé, ils se doutaient quand même que leur fille n'était pas une petite chose soumise, sinon purée ils la connaissaient bien mal. Sa mère serait contente, s'il n'apportait que peu de crédit à ce qu'elle pensait de lui, quelle déception de se dire qu'elle était sans doute plus futée que son mari. Étant donné qu'il avait lancé une petite pique l'air de rien sur ses beaux parents et leur capacité à tout prendre mal, Kiara s'insurgea quelque peu. Il lui lança un regard l'air de dire quoi c'est vrai sans pour autant répondre, n'ayant nul besoin de se lancer dans un débat avec elle.

Histoire de lui montrer que même s'il ne la comprenait pas toujours, même s'il était rempli d'ambition, il ne la laissait pas sur le côté, il lui proposa une nouvelle fois d'attendre la fin de ses études ou plutôt tout le temps qu'il lui faudrait, enfin si elle avait comme désir d'avoir un enfant avec lui. Parce que oui, il la connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'elle voulait une famille mais toutes les cartes venaient d'être rebattu. Se pouvait-elle qu'elle ne l'envisage pas, ou plus, avec lui. Et si c'était le cas? Cette pensée lui arracha un frisson, il ne voulait pas réfléchir à cela. Pourtant, il allait devoir y réfléchir plus tôt que prévu et pour cause, c'est exactement ce que lui répondit Kiara, le sang battit dans ses tempes face au choc de l'annonce mais avant qu'il n'ait eu le temps de faire fonctionner ses méninges afin de trouver un plan, des idées sur comment s'en tirer avec elle - bien sûr que ça serait elle - elle reprit la parole, le faisant cligner des yeux tellement son cœur faisait les montagnes russes ce soir.  Il la regarda les yeux brillants d'un amour et d'un soulagement certain. Voilà qui était rassurant, ils auraient des enfants ensemble. Il ne se déroba pas lorsqu'elle posa sa main sur sa joue, concentré sur la parole qu'elle lui donnait, un jour prochain, ils auraient leur descendance, impossible d'être dupé cette fois-ci l'avantage de la potion ingurgité.

Sa promesse était la bienvenue, il n'avait pas l'intention d'acheter des caisses et des caisses de véritaserum ni de lui en faire faire à la pelle pour savoir ce qu'elle songeait réellement. Il se contenta de la regarder sans dire un mot lorsqu'elle rapprocha sa tête de la sienne, leurs soufflent se mêlant et il lui adressa un sourire lorsqu'elle lui rappela que c'était elle et lui, il semblerait qu'elle ait quelque peu oublié ce point. S'il hésita quelque peu lorsqu'elle vint poser ses lèvres sur les siennes pas convaincu d'en avoir vraiment envie, il savait mieux que personne ce que ça faisait d'être repoussé par l'être aimé. Il la laissa faire, y répondit même.

Ne perdant que très rarement le nord, ce qui était tout à son honneur, Kiara lui demanda si elle pouvait dormir avec lui. « J'ai l'impression que tu as déjà pris tes quartiers dans mon lit. » La déloger aurait été pour le moins compliqué, enfin surtout parce qu'il était claqué, qu'il y avait aucune chance pour qu'il se relève alors la virer par la force, il en était bien incapable et, le voulait-il de toute façon ? Il l'écouta dire qu'elle détestait dormir sans lui, il avait vécu les choses différemment mais il faut dire qu'il faisait des journées de folie et qu'il était trop épuisé pour se poser la moindre question. Trouvant que ce qu'il venait de dire n'était pas suffisant, il se fit plus clair «  Tu peux dormir avec moi. » Histoire de montrer qu'il avait néanmoins bien entendu ses inquiétudes, que vu son état physique, les semaines avaient été pour le moins compliqué, il tendit le bras pour l'enlacer et la ramener contre lui, se doutant qu'il n'y aurait aucune résistance. Il murmura en fermant les yeux « Le reste attendra demain soir, maintenant je dors. »


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Kiara Dimitrova
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« Fort heureusement, je n’ai aucune envie que notre mariage soit un fiasco. » dit-elle en se pinçant les lèvres alors qu’il exprimait son opinion quant au fait que les Macmillan seraient probablement ravis d’apprendre qu’elle envisageait le divorce. « Comme si je cochais toutes les cases qu’il fallait aux yeux de tes parents… Si je disparaissais, probablement qu’ils seraient ravis de te trouver une épouse plus convenable, qui convient davantage à l’avenir qui sera le tien. » Après tout, si Grigori avait toujours imaginé que seul le fait qu’elle soit sang-pur intéresseraient ses parents, ce n’était pas vraiment la sensation qu’elle avait eu lors de leurs dernières rencontres. Kiara savait qu’elle dérangeait, qu’elle était gênante aux yeux des Dimitrov. Et même si elle s’évertuait à jouer le meilleur rôle de composition de sa vie lorsqu’elle était obligée de les côtoyer, elle savait que le père de Grigori n’était pas dupe. Parfois, elle avait l’impression qu’il avait le pouvoir de lire dans ses pensées ; Grigori avait beau lui avoir assuré qu’il n’était pas legilimens, il semblait pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Sans doute parce que Kiara perdait ses moyens dès qu’elle se retrouvait en face de lui. La force de Grigori et de Kiara résidait dans le fait qu’ils se soutenaient, envers et contre tout ; même contre leurs propres parents. Ce n’était pas toujours évident de s’élever face aux personnes qui les avaient élevé mais Kiara savait que les sentiments qui les liaient l’un à l’autre en étaient clairement responsables.

Pour autant, l’amour qu’elle ressentait pour Grigori ne l’avait pas empêché de lui mentir ces derniers mois et si Kiara avait vécu dans le plus grand des brouillards depuis qu’il avait découvert son mensonge, elle voyait enfin une petite éclaircie au bout de ce long tunnel sombre. Le fait qu’elle prenne la potion de vérité avait probablement aidé Grigori à se détendre ; elle le savait, elle avait perdu sa confiance depuis quelques semaines déjà et elle connaissait suffisamment son mari pour savoir que le chemin serait long pour qu’il puisse la lui accorder à nouveau. Si Kiara était d’une nature à pardonner aisément, cela n’était pas le cas de Grigori qui avait la rancune tenace et qui pouvait se complaire dans un silence assourdissant. La preuve en était les semaines qui venaient de s’écouler ; il avait fallu qu’elle agisse d’une façon totalement déraisonnable pour attirer son attention. Mais Kiara n’avait nullement envie que cela se reproduise alors elle chercha simplement à dire ce qu’elle avait sur le cœur. Expliquer à Grigori pourquoi elle avait agi ainsi, lui révéler ses craintes, ses angoisses, ses incertitudes. Elle n’avait aucune inquiétude quant au fait que leur vie future serait belle, bientôt entourés de leurs enfants, mais Kiara craignait davantage tout ce qu’il y avait autour sa future maternité. Toutes ses peurs concernaient sa famille, sa belle-famille, ses études qu’elle souhaitait finir. Les choses allaient vite, trop vite. Bien plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé, bien plus vite qu’elle ne l’aurait souhaité. Si la famille Dimitrov n’était pas étrangère au fait que tout s’était brusquement accéléré entre Kiara et Grigori, la jeune Poufsouffle savait qu’elle pouvait compter sur son époux, en toutes circonstances. Il l’avait toujours défendu et avait toujours cherché à la contenter, pourquoi douterait-elle de lui ? La petite voix dans sa tête qui lui disait régulièrement qu’il était incapable d’aller à l’encontre des volontés de son père ne chercha pas à prendre le dessus ce soir. Ce soir, Kiara n’avait qu’un seul désir, se réconcilier avec l’homme qu’elle aimait le plus au monde, celui qui partageait sa vie et avec qui elle avait choisi de tout affronter.

Partageant un baiser des plus timides, Kiara osa demander à Grigori si elle pouvait rester. Cette chambre n’était pas la leur mais avait été celle de Grigori pendant plusieurs jours. Si leur conversation semblait avoir apaisée les tensions qui existaient entre eux, Kiara ignorait si Grigori était suffisamment calmé pour lui permettre de rester auprès de lui. Kiara ne sut pas quoi répondre quand il lui répondit qu’elle semblait avoir déjà élue domicile. Elle chuchota néanmoins : « Je ne veux pas m’imposer. » Elle était prête à s’en aller si c’était son souhait, s’il voulait encore un peu de temps et d’espace pour réfléchir et penser. Kiara savait qu’ils étaient enfin sur le chemin de la réconciliation et qu’ils avaient fait un grand pas. Que demain serait un jour différent des précédents. Alors qu’elle s’apprêtait à bouger, n’étant pas certaine que la réponse de Grigori valait pour un oui, la phrase qu’il prononça et le geste qu’il amorça pour la ramener tout contre fit envoler les doutes de Kiara. Se retrouvant contre son torse, se blottissant contre son époux, Kiara put enfin respirer plus aisément. Après des semaines passées à se languir de lui, après des semaines à s’imaginer qu’elle avait détruit leur mariage, son cœur s’apaisait enfin. Un léger sourire s’installa sur les lèvres de la jeune femme alors qu’il lui demandait gentiment de se taire en disant que tout le reste attendrait le lendemain ; mais Kiara n’était pas femme qui aimait qu’on lui donne des ordres. Elle se contenta de dire :  « Et demain soir, on dort dans notre chambre. » Elle ferma ensuite les yeux, attrapant la main de son mari qu’elle serra avec tendresse, heureuse de retrouver ce contact, sa chaleur, son odeur.



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