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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Bittersweet memories - Ludael I :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Mar 7 Déc - 18:33


Bittersweet memories
Ludivine & Azrael

08 avril 2018 - 13h42

Le retour à la réalité avait été compliqué. Pour être tout à fait honnête, Azrael n’était pas encore complètement acclimaté à la vie civile. Cela faisait simplement deux mois qu’il venait de rentrer du Moyen-Orient et avait obtenu un poste de médicomage à Sainte-Mangouste mais tout lui rappelait le front. Les automatismes acquis pendant deux ans et demis étaient compliqués à perdre. Toujours sur ses gardes. Le moindre son suspect le mettait en état d’alerte. Le réflexe de porter sa main à l’épaule où son FAMAS avait l'habitude de se trouver. Par chance, il retrouvait un peu de la violence dans laquelle il avait baigné H24 à l’hôpital. Son expérience dans l’armée avait tout de suite séduit ses supérieurs. Un médicomage qui avait un pied dans chaque monde. Il connaissait à la fois tout des meilleurs sortilèges de guérison, sorti major de sa promotion à l’université, et en tant qu’ancien médecin militaire moldu il n’était pas déstabilisé par les blessures que leurs armes pouvaient engendrer. Le candidat parfait. Parfait si on omettait ses hallucinations auditives et le syndrome post-traumatique qu’il cachait comme il pouvait. Mentir était l’unique option envisageable. Toute sa vie, ou du moins à partir de ses 7 ans, il n’avait jamais été à 100% honnête avec qui que ce soit. Qu’est-ce qui prouvait qu’il pouvait faire confiance et surtout être accepté pour qui il était véritablement ? C’était bien pour cette raison qu’il avait pris certaines des plus difficiles et pires décision de son existence : pour se protéger mais surtout protéger les autres de sa personne.

Afin d’apporter un peu de douceur à son quotidien mais surtout de la compagnie, Azrael décida d’adopter un nouvel animal de compagnie. Le rat qu’il possédait à Poudlard et durant l’université était mort peu de temps avant qu’il ne s’enrôle dans l’armée, maintenant qu’il était de retour c’était l’occasion rêvée. Son choix se porta naturellement sur un petit raton d’à peine un mois au pelage noir avec les pattes blanches. Formol. Un nom en lien avec son domaine professionnel mais surtout sa fascination pour l’univers froid et dénué de vie de la morgue. Petit hic : depuis quelques jours, sa petite boule de poils d’amour avait une attitude étrange. Quelque chose clochait. Azrael, de part sa formation médicale mais également ses capacités observatrices, savait qu’il y avait anguille sous roche. Ni une ni deux, il profita d’un de ses jours de congé pour prendre la direction de la clinique de Zoomagie qu’il avait repéré sur le Chemin de Traverse. Formol sur son épaule, le petit rat s’amusait à farfouiller parmi les bouclettes blondes de son propriétaire qui retombaient dans son cou. Rendez-vous avait été pris pour l’animal la veille, lui assurant de passer en priorité. Hors de question de faire attendre Formol plus longtemps !

Une fois arrivé devant la clinique, Aze récupéra le raton de son épaule pour le placer dans sa petite cage en métal. On sait jamais s’il y a une chouette ou un chat… Vaut mieux rester prudent. Bien trop occupé à vérifier une énième fois l’état global de son animal de compagnie, il ne fit pas attention au nom de famille fièrement affiché sur l’enseigne. Quand il poussa la porte d’entrée, une petite clochette retentit annonçant sa présence. Ils étaient seuls. Ouf ! Un large sourire de soulagement s’afficha alors sur son visage et après avoir confirmé son rendez-vous avec la secrétaire présente, Azrael prit place sur l’un des sièges vides et fit immédiatement sortir Formol de sa cage. Le raton se lova sur les cuisses du médicomage, enfouissant son petit museau tiède dans le creux de sa main. Face à cette attitude qu’il jugeait préoccupante, le sourire solaire du jeune Yaxley s’évanouit. Les sourcils froncés, la mine déconfite, il caressait du bout des doigts le pelage noir luisant du petit rat tout en jetant des coups d’oeil préoccupés vers les salles d’examen. Soudain, une voix féminine l’extirpa de ses idées noires. Formol. C’était leur tour. Il récupéra délicatement l’animal assoupi sur ses cuisses pour le placer dans sa cage avant de se lever. Un petit sourire aux lèvres, il porta enfin son attention sur la zoomage qui allait s’occuper de Formol. Oh merde alors… Pretty Vi ! Sous le choc de revoir Ludivine après toutes ces années, Azrael resta immobile quelques secondes, la détaillant du regard alors que son sourire angélique se dissipait lentement. La surprise était si grande que sa simple vue faisait naître un mélange de joie et de tristesse en lui. Complètement décontenancé par sa classe naturelle, son regard, sa beauté, il en restait sans voix. Elle a pas changé… Toujours aussi belle ! Arrête bon sang !
« Vi… »
souffla-t-il avant de se racler la gorge pour se reprendre. Les vieilles, et agréables, habitudes étaient difficiles à perdre.
« Ludivine… Je ne savais pas que tu travaillais ici ! »
Bredouilla-t-il un peu embarrassé de tomber ainsi sur elle après toutes ces années. Les joues légèrement rosies par la gêne, il peinait à soutenir son regard, profitant de ses mèches blondes qui lui tombaient devant les yeux pour se cacher à moitié. Si leur rupture avait été extrêmement douloureuse, les rares fois où ils s’étaient croisés après, aucun d’eux n’avait eu le courage de ne serait-ce qu’adresser la parole ou même un triste sourire à l’autre. La situation n’était peut-être pas idéale mais Formol passait bien avant ses peines de coeur. Ludivine pouvait clairement comprendre cela, elle était même la personne la plus à même de sauver son raton. D’une certaine façon il était heureux d’être tombé sur elle plutôt qu’un autre zoomage. Le jeune Yaxley savait qu’il pouvait lui faire une confiance aveugle dès qu’il s’agissait de s’occuper d’un animal blessé. Comme pour justifier sa présence ici, Azrael plaça la cage du raton contre son torse, la serrant doucement comme on le ferait pour un bébé souffrant.
« Je… Je viens te voir pour mon raton. Il a un mois et une semaine. Depuis quatre jours son attitude est un peu…différente… Il a la truffe tiède, est moins enthousiaste pour manger et semble un peu apathique. Ça m’inquiète. »
Oui, t’as raison va, parle de Formol. Faudrait surtout pas évoquer à quel point tu es heureux et en même temps gêné de la revoir hein. Tu voudrais que je lui dise quoi au juste ?! Que je regrette ? Que je pense toujours à elle ? Que c’est pour elle que j’ai rompu ? Les choses sont pas si simples ! Tout ça c’est à cause de toi alors laisse moi tranquille pour une fois ! Ce que tu peux être susceptible…  
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Mer 8 Déc - 1:56
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Azrael & Ludivine

« 'Cause it's a bittersweet symphony, that's life. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singin' to me now »
Les journées se suivaient les unes après les autres et se ressemblaient toutes globalement. Je me levais, prenais un café tranquillement en lisant le journal, je nourrissais Mademoiselle. Nous partions ensuite toutes les deux pour la clinique, nous passions la journée à travailler ou à dormir selon on parlait de qui. Retour à la maison, repas, session de toilettage, vaisselle, lecture et tisane avant d’aller dormir. Rien de bien excitant dans ma vie, je devais l’avouer. Moi qui avait déjà été assez bohème pour me promener au gré de mes envies pour étudier les créatures magiques dans différents pays, ne sachant pas quand j’allais partir et ce que j’allais manger le soir, j’étais maintenant une tout autre version de moi-même. Je restais la même fille, mais je m’étais posée et je comptais rester ici. Mes explorations avaient pris fin quand ma mère m’avait contactée en février de l’année dernière, alors que j’étais en Ouganda, pour me dire que mon père était malade. J’avais tout laissé tomber, j’avais ramassé mes affaires et j’étais revenue au pays en quatrième vitesse pour voir mon père qui n’était plus que l’ombre de lui-même. Fini l’homme fringant qu’il était avant, il était maigre, avait le teint blême et était toujours fatigué. Diagnostic ? Cancer des os et on ne savait pas comment ça allait se jouer. Plus question de partir à l’étranger, je voulais profiter des derniers moments que j’avais avec lui. Un peu plus d’un an plus tard, il était encore là et je ne regrettais rien. Ça me manquait , certes, mais je faisais ce que j’aimais en clinique et mon père était toujours là.

Je devais l’avouer, mon retour n’avait pas été simple. Je m’étais installée chez mes parents un petit moment, le temps de me trouver un logement et surtout pour aider ma mère avec mon père et la maison. Je devais me trouver un emploi et c’est en discutant avec mon père que l’idée vint, je pouvais faire comme lui et ouvrir ma propre clinique. Ce n’était pas aussi exotique que de travailler dans la brousse, mais ça payait les factures et je restais en contact avec ce que j’aimais, les soins. Un peu plus d’un an après mon retour à Londres, j’avais une maison, un boulot, ma propre clinique et Mademoiselle qui me suivait comme mon ombre. Ce jour-là, la routine fut la même. Un chemisier bleu clair et un pantalon noir enfilés, je partis et j’arrivai tôt au bureau pour préparer mes dossiers de la journée, regarder les rendez-vous du moment et vérifier si je devais passer des commandes de matériel. La journée semblait plutôt calme, j’aurais donc le temps de prendre des passants s’il y avait des urgences. Je le faisais toujours, c’était évident. Je ne pouvais pas laisser une créature dans ses problèmes parce qu’elle n’avait pas de rendez-vous, c’était ridicule. Comme si on pouvait prévoir quand on allait tomber malade. À l’horaire, ce matin-là je devais voir un crapaud, un hibou, un botruc et un boursouf. Tous vinrent à leur rendez-vous et tout se passa comme il se doit. Le crapaud avait une patte tordue, le hibou une aile cassée, le botruc semblait enrhumé et le boursouf avait un rendez-vous de routine.

Je pris mon temps de repas pour aller marcher Mademoiselle, manger évidemment et pour compléter les dossiers des patients du matin. Mon premier rendez-vous de l’après-midi, un niffleur, ne se présenta pas. Je fis donc un peu de ménage, papotai avec ma secrétaire qui venait de temps en temps pour m’aider et pour préparer ce dont j’avais besoin pour l’après-midi. Mademoiselle, couchée à la réception avec Lizzy, vint m'annoncer l’arrivée du patient en passant la tête par la porte de mon bureau. Je me levai doucement en repoussant une mèche frisée derrière mon oreille. Je grattai la tête de Mademoiselle qui retourna se coucher dans son coin près de ma secrétaire avant d’aller appeler mon patient.

« Je suis prête à recevoir Formol… »

Mon sourire accueillant se dissipa petit à petit alors que je fixais le propriétaire du rat, choquée de le voir là. Ses boucles blondes, ses yeux d’un brun si foncé qu’ils auraient pu en paraître noir, cachés derrière ses cheveux, son visage dont je connaissais les moindres traits... Mon cœur sauta un battement. Il avait vieilli depuis, mais c'était bien lui. Toujours aussi beau. Bou. Je ne lui avais pas parlé depuis des années, depuis qu’il m’avait dit qu’il avait peur de me blesser. Je n’avais jamais compris et je ne comprenais toujours pas. Mon cœur avait été brisé, après cinq longues années de vie en commun, j’avais été chamboulée. Nous nous fixâmes quelques instants tous les deux sans savoir quoi dire ou faire. Une tristesse amère m’enveloppa en même temps qu’une joie que je ne pouvais nier. Il m’avait manqué, depuis tout ce temps, je ne l’avais pas oublié. Comment l’aurais-je pu, il avait été mon premier amour et je n’avais jamais rencontré quelqu’un comme lui depuis. Mes yeux se fermèrent alors qu’il nomma le petit nom qu’il aimait me donner à l’époque : Vi. Ça faisait des années que je n’avais pas entendu sa voix, ce nom. Un pincement au coeur plus tard, j’ouvris les yeux et le regardai, émotive plus que je l’aurais voulu. Il se racla la gorge et recommença. Je lui souris timidement, mi amusée et mi gênée par la situation.

« Oui…c’est ma clinique. On est ici depuis environ un an. »

J’essayai de fouiller des yeux les cheveux du blond, qui cachaient son front, pour y trouver son regard qui semblait loin. Malgré mon coeur brisé et mon incompréhension, je ne lui en avais pas voulu bien longtemps après notre rupture. Il avait semblé aussi démoli que moi alors qu’il était passé à l’acte.J’avais essayé de m’obstiner, de lui parler, de le convaincre, mais rien n’avait fait. Il était resté sur sa décision. J’avais bien vu que quelque chose n’allait pas, mais j’avais été incapable de passer par-dessus le mur qui avait été créé. Les larmes et les suppliques avaient été présentées des deux côtés et ça s’était terminé. Encore là, alors qu’il était devant moi, un peu vieilli, mais toujours le même à mon œil. Je le vis serrer la cage de son rat contre son torse et mon cœur se pinça. J’avais un travail et j’allais le faire, professionnelle jusqu’au bout des ongles. J’écoutai les différentes observations de l’ancien Poufsouffle. Concentrée, le front plissé, je réfléchis aux différents symptômes.

« T’en fais pas, je vais bien m’occuper de toi…de vous. Suis moi dans mon bureau, je vais regarder ça. »

J’entrainai le sorcier à ma suite et je refermai la porte derrière moi quand il fut entré. J’avais toujours considéré que mon bureau était assez vaste, mais là, je le trouvais assez étroit. Je n’avais jamais été seule dans une pièce avec Azrael depuis des années. Professionnelle Ludi ! Tu l’as toujours été et le seras encore. Je jetai un coup d'œil autour de moi, les murs crème agrémentés de quelques cadres, mes diplômes et des bouquins dans une bibliothèque qui était à côté de mon bureau rempli de dossiers empilés de façon ordonnée… Ça paraissait bien. Je voulais faire une bonne impression alors que ce n’était pas vraiment nécessaire, si ? Je me dirigeai vers la table d’examen au centre de la pièce et je m’y appuyai.

« Il y a eu des changements dans la routine de Formol dernièrement ? Je veux dire, en dehors de son côté amorphe et de sa faim. J'essaie de voir si le problème est environnemental ou bien si c’est peut-être un virus. »

Par Merlin, je me trouvais froide, rigide à parler comme ça. Ce n’était pas moi ça. Je passai une main dans mes boucles, regardai mes chaussures le temps d’un battement de cœur avant de retourner mon regard vers Azrael. Autant crever l’abcès tout de suite histoire que nous puissions arrêter de marcher sur des œufs. Nous n’allions probablement pas parler de ce qui s’était passé il y a de ça près de sept ans, mais au moin nous pourrions discuter pour soigner son rat.

« Je suis désolée, j’ai pas été aussi accueillante que je l’aurais dû, je suis contente de te voir, Azrael. J’ai été surprise, je m’y attendais pas, mais je suis contente. »

Je lui souris doucement avant d’aller chercher un calepin sur mon bureau et de revenir à la table d’examen

« Tu permets que je prenne Formol ? »

Je tendis une main vers la cage du rat pour commencer à l’ausculter. Un raton d’un peu plus d’un mois, j’anticipais qu’il soit particulièrement petit et mignon.
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Mer 8 Déc - 22:54


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Ludivine & Azrael

08 avril 2018 - 13h42
La journée avait relativement bien commencé, si on mettait de côté le fait que Formol n’allait pas bien. Azrael pouvait enfin, après un mois et demi de travail intense, prendre un peu de repos. Son petit raton valait bien cela. A vrai dire, si l’état de Formol ne l’inquiétait pas autant, le jeune médicomage avide de faire ses preuves n’aurait pas pris un jour de congé. En bon bourreau de travail qu’il était, Aze n’avait pas trouvé d’autre moyen pour canaliser son esprit que les heures passées à l’hôpital. Ses supérieurs avaient pourtant insisté pour qu’il se repose. Face à ce jeune qui enchainait les tours de gardes, s’occupait à la fois des urgences et des suivis d’interventions, la direction de Sainte-Mangouste ne savait pas vraiment comment réagir. Ancien militaire déployé sur le front pendant des mois entiers, son quotidien avait été intense, violent et éreintant. Passer à un rythme plus doux, presque morne lui provoquait des crises d’angoisse. Azrael avait ainsi développé un besoin maladif de poussées d’adrénaline constantes. Il lui fallait du stress, une surcharge de travail conséquente pour littéralement tomber de fatigue et dormir d’un sommeil sans songes. Une attitude extrême qui s’était développée bien avant qu’il ne s’engage dans l’armée mais ça, le jeune Yaxley ne préférait pas y penser.

Rien d’étonnant donc qu’il n’ait pas fait attention au nom présent sur la devanture de la clinique, à la fois préoccupé par l’état de santé de Formol mais également trop exténué pour s’attarder sur ce genre de détails. Il suffisait de voir son look : un vieux jean troué et tâché ici et là accompagné d’un simple tee-shirt blanc partiellement caché par sa chemise en jean délavé, boutonnée de façon complètement erratique. Un bouton avait été manqué ici, un autre mis à la hâte dans la mauvaise encoche et le voilà avec un pan de sa chemise plus long que l’autre. Il n’avait même pas daigné jeter un coup d’oeil dans un miroir avant de partir, laissant sa chevelure blonde ondulée en désordre. Après tout, qui allait-il croiser de suffisamment important pour faire attention à sa tenue ?! Vi. Voilà qui.
Si le son de sa voix ne lui mit pas la puce à l’oreille, redécouvrir sa silhouette après sept longues années lui fit l’effet d’un électrochoc. Force était de constater que malgré les années qui s’étaient écoulées, Ludivine irradiait toujours autant de beauté. Alors qu’il détaillait son visage avec une fascination mêlée de tristesse, Azrael constatait à quel point le souvenir qu’il avait gardé d’elle était fade, ne rendant en rien honneur à la douceur de ses traits. Voilà pourquoi il avait préféré couper les ponts avec elle, allant jusqu’à quitter le pays. La revoir faisait remonter par vagues incontrôlables ses sentiments pour la jeune zoomage. Dès l’instant où il l’avait rencontré à Poudlard, Azrael avait été fasciné par cette adolescente timide mais brillante au sourire éclipsant les étoiles les plus lumineuses. Si leur amitié avait mis quelques années avant de se muer en amour, leur rupture n’avait pas entaché toute l’affection qu’il lui portait. Maladroitement, il ne put s’empêcher de souffler le petit surnom affectif avec lequel il avait l’habitude de l’appeler. Bon, au moins t’es fixé là dessus ! Te revoir et l’idée de votre séparation a l’air toujours aussi douloureux. C’est avec un pincement au coeur qu’il avait remarqué ses yeux se fermer à l’évocation de son surnom, son visage laissant transparaître une émotion vive difficile à camoufler. Pour se rattraper, Azrael préféra s’adresser à elle par son prénom complet. A bien y réfléchir il ne l’avait que rarement fait. Ça avait toujours été Lu, Lulu et plus tard Vi… Ludivine semblait peu naturel dans sa bouche.

L’explication qu’elle lui fournit sur le pourquoi de sa présence ici le fit mourir de honte. C’était donc ça la fameuse inscription supplémentaire sur l’enseigne ?! Son nom. Bah bravo ! Tu passes pour un abruti même pas capable de faire le rapprochement entre son nom de famille et le fait que la clinique lui appartienne. Non vraiment, parfait pour passer pour le dernier des cons ! D’un geste nerveux, Azrael se passa la main sur la nuque avant de tenter de remettre de l’ordre dans sa tignasse indomptée. Il se rendait subitement compte de l’accoutrement dans lequel il était. Idéal pour faire bonne impression… Merde.
« Je suis bête… J’ai un peu la tête ailleurs en ce moment. J’avais pas fait le rapprochement. »
Se justifia-t-il nerveusement avec un léger sourire en coin embarrassé par son manque d’attention. Il se rendait compte d’à quel point ses horaires infernaux à l’hôpital drainaient toute son énergie. À peine en était-il sorti et il n’arrivait plus à reconnaître un nom sur une enseigne ?! Ce n’était pas n’importe quel nom en plus. C’était le sien. C’était pour l’oublier qu’il endurait ce rythme infernal. Oublier à quel point mettre fin à leur relation avait été une épreuve déchirante. S’il avait voulu une preuve de l’amour qu’elle lui portait, Aze n’aurait pas pu mieux espérer. Les pleurs, les longues discussions stériles, les supplications… Vi n’avait eu de cesse de tenter de comprendre et tenter de le convaincre mais en vain. Il avait pris sa décision, il estimait qu’elle serait mieux sans lui, en sécurité s’il n’était plus à ses côtés. Trop tard pour revenir en arrière. Il préféra ainsi évoquer la raison de sa venue, détaillant les symptômes perçus sur Formol. S’il n’était en rien inquiet sur les capacités de Ludivine à prendre soin de son compagnon, sa première tournure de phrase toutefois arrêta son coeur pendant une fraction de seconde. Préférant ne pas s’attarder la dessus, il lui emboîta le pas pour pénétrer dans la salle d’examen à l’ambiance douce, presque apaisante en dépit de sa simplicité.

A présent seul avec elle, il ne put s’empêcher de penser à leur adolescence et ces moments où, dès qu’ils avaient l’occasion d’être en tête à tête, ils étaient comme incapables de ne pas se toucher, se découvrir avec toujours la même passion ardente. Il avait toujours régné entre eux une attirance comparable à celle d’un aimant. Maintenant que leur relation n’était plus la même, être seuls semblait étrange, dangereux presque. Alors qu’il la rejoignait au centre de la pièce pour poser la cage de Formol sur la table d’examen, Azrael faisait son possible pour éviter de croiser ses prunelles noisettes.
« Je l’ai adopté il y a une semaine et demie maintenant et c’est vrai que depuis je n’ai pas été très présent chez moi. J’enchaîne les gardes à l’hôpital il doit peut-être se sentir un peu seul alors qu’il était tout le temps sollicité à l’animalerie. Sinon je suis tous les conseils que tu m’avais donné quand j’avais Crunchy. »
Malgré la situation, quelque chose de familier planait dans l’air. Combien de fois Ludivine l’avait-elle aidé pour bien prendre soin de son vieux rat Crunchy à Poudlard ?! Elle l’avait connu raton, avait suivi ses quelques maladies mais ne l’avait pas vu mourir. Cette dynamique était presque réconfortante, telle une bouée de sauvetage à laquelle Azrael s’accrochait désespérément pour ne pas se laisser aller à la tentation de la détailler du regard. La pause qu’elle marqua lui fit tout de même relever ses prunelles sombres vers elle et si au début ses sourcils se froncèrent légèrement, il ne put contenir un large sourire d’une tendresse infinie. Elle est contente de me voir… Bah bien sûr couillon ! Je te l’avais dit. Vu comment elle te regarde, comment elle réagit, elle t’a pas oublié. Tente un truc, allez. Non ! Je ne peux pas commettre les mêmes erreurs. Je peux pas lui faire ça. T’es pas drôle…

« Ne t’excuses pas voyons ! J’ai été également un peu surpris de te voir même si bon… Avec ton nom sur la devanture j’aurais dû m’en douter ! » Dit-il avec un sourire amusé, son regard se faisant toujours plus tendre alors qu’il retrouvait son aisance passée à ses côtés. « Moi aussi je suis content de te revoir, Ludivine. Ça faisait longtemps… »
Trop longtemps. Il l’observa sans un mot aller récupérer un calepin sur son bureau, prenant un certain plaisir à redécouvrir sa façon de se mouvoir. Comment après sept ans sans la voir pouvait-elle en un claquement de doigts le placer sous son emprise ?! Tiré de ses pensées par sa question, Azrael sursauta presque et ouvrit la petite cage de Formol.
« Oh oui bien sûr ! »
Le raton pointait déjà le bout de son petit nez, ses moustaches s’agitant pour découvrir le nouvel environnement inconnu. Avec une extrême délicatesse, Aze le sortit de la cage et après lui avoir caressé le haut du crâne, il vint le déposer entre les mains de Ludivine. Le contact de son peau lui procura un petit picotement douloureux, amer rappel qu’il était maintenant cantonné à un rôle de simple connaissance, ou au mieux « ami ». Il pouvait dire adieu à la chaleur de son corps, la douceur de son visage, l’odeur enivrante de ses cheveux et de sa peau ou même la tendresse de ses lèvres. Par la barbe de Merlin, que la tentation était forte. Seuls dans cette pièce, la simple table d’examen les séparant, il ne pensait plus qu’à une chose : la prendre dans ses bras pour une dernière étreinte. Non !

« Je suis content pour toi que tu aies pu réaliser ton rêve d’avoir ta propre clinique ! Le lieu est accueillant et on s’y sent vraiment bien… Tes petits patients doivent t’adorer. » Comment ça serait possible autrement ?! « Tu travaillais dans la clinique de ton père avant d’acheter ce local ? D’ailleurs, comment vont tes parents ? »
Demanda-t-il innocemment. Azrael avait toujours adoré la famille de Ludivine. Cette dernière l’avait si bien accueilli qu’il s’y sentait plus l’aise qu’avec son père et son frère. Mutuellement curieux du monde de l’autre, Aze avait adoré passer du temps avec eux et notamment dans la clinique de son père. A présent ils devaient le détester pour avoir ainsi rompu avec leur précieuse fille…
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Jeu 9 Déc - 12:45
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Azrael & Ludivine

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Il y avait un petit quelque chose de plus qui faisait que mes journées se ressemblaient toutes malgré les différents patients qui passaient à la clinique. Oui je me levais à peu près toujours à la même heure, oui je me promenais avec Mademoiselle et oui j’étais d’un ennui à mourir en lisant mon bouquin avec ma tasse de tisane avant d’aller au lit. Il y avait toujours la situation de mon père qui faisait une ombre constante au-dessus de ma tête. Elle rôdait, se faisait oublier pendant un petit moment et me revenait en plein visage quand je m'y attendais le moins, quand j’oubliais et qu’en bout de ligne je me souvenais. J’essayais de rester droite, forte pour soutenir ma mère dans cette épreuve et surtout pour mon père. Je voulais qu’il voit que tout allait bien se passer, je ne voulais pas qu’il s’inquiète plus qu’il ne le faisait déjà. Il en avait assez à gérer avec sa propre angoisse face à sa maladie, je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi en plus. Parfois je parlais avec Soledad, la seule qui voyait vraiment mes états d'âme du moment. Elles me disaient toujours : « Si personne ne te l’a dit, de meilleurs jours arrivent. Je déteste t’entendre pleurer comme ça, querida. Là tu dois être forte, être un soldat pour ton père. » Et moi, quand la noirceur semblait sans fin, je repensais à ses mots. La pluie n’était jamais permanente après tout, un jour, je pourrais me remettre à danser au soleil, mais ce jour n’était pas encore là. J’avais l’impression d’attendre un train qui ne viendrait jamais. Il me fallait seulement attendre que la tempête passe.

Je faisais mes journées et j’oubliais tout dans la frénésie du travail. Cette journée-là n'était pas aussi occupée que les autres, mais la vision d’Azrael face à moi me fit oublier tout le reste. Je portai une main une au bracelet que je portais au poignet gauche. C’était lui qui me l’avait donné à mon anniversaire, le dernier que nous avions passé ensemble. J’aurais peut-être dû arrêter de le porter, mais j’y étais jamais arrivé, surtout dernièrement. Il me ramenait à des temps plus heureux. J’avais mis du temps à ’éloigner le blond de mon esprit. Il n’en était jamais vraiment sorti, pas complètement, il revenait de temps à autres me surprendre et je m'interrogeais sur ce qu’il faisait, où il était et surtout s’il était heureux. Le dernier souvenir que j’avais de lui était un jeune homme défait par sa décision que je ne comprenais toujours pas. L’homme que je voyais face à moi avait changé, il avait vieilli, c’était évident, mais il y avait plus que ça. Ses épaules me semblaient plus larges, son torse plus massif, épais j’aurais même dit. Ses traits étaient tirés, il semblait exténué et son accoutrement me disait la même chose. Son jean semblait sale et sa chemise était usée et boutonnée comme si elle avait été enfilée à toute vitesse. Malgré ces changements, il restait la même personne, il était beau, je retrouvais ses yeux presque noirs cachés derrière des boucles blondes. Moi qui m’était souvent demandée s’il allait bien, j’aurais eu tendance à dire que ce n’était pas le cas et ça m’inquiétait de le voir comme ça. Ne faisant plus partie de sa vie, je tûs mes inquiétudes tout en laissant voir que j’étais soucieuse. De mon côté, j’avais vieilli et changé depuis les dernières années, mais j’assumais qu’il me connaissait assez pour pouvoir le voir. Le ferait-il ? Ça restait à voir.

Je cachai difficilement les émotions qui m’envahirent au petit nom qu’il me donnait à l’époque. Il prononça ensuite mon nom complet, cherchant à réparer la bourde qu’il venait de faire et mon cœur se pinça encore plus. Je n’aurais su dire lequel des deux me faisaient le plus mal. Le souvenir ce qui avait été par le nom Vi, ou le rappel de ce qui n’était plus par Ludivine. Les deux faisaient mal, à leur façon. Il n’y avait pas de porte de sortie ici. Alors que je lui expliquais qu’il était dans ma clinique, je le vis passer une main nerveuse dans ses cheveux en désordre. Ce que j’avais aimé caresser cette tignasse douce, jouer avec les boucles blondes du garçon qui avait longtemps fait battre mon cœur au même rythme que le sien. Avant, je serais venue lui donner un coup de main, là, je le regardais faire. Il m’expliqua qu’il avait la tête ailleurs et je ne pus qu’hocher la tête. Ça se voyait.

« T’en fais pas, ça arrive à tout le monde. Et puis, c’est pas ce qui est important, t’as trouvé quelqu’un pour t’occuper de Formol, c’est ce qui compte. »

Maintenant seule avec Azrael et son rat dans mon bureau, je gardai le focus sur ce qu’il me disait, ne me permettant aucun écart d’esprit vers des souvenirs plus poignants. Ce n’était pas le moment et ces souvenirs bien qu’heureux ne feraient qu’ouvrir une blessure qui avait été longue et douloureuse à fermer. Il me fit le topo sur la situation de façon un peu plus complète. L’acquisition de Formol était très récente alors on ne pouvait pas dire qu’une routine avait pu être bel et bien instaurée. Je retins l’information sur son emploi à l’hôpital, comme il l’avait voulu à l’époque. Il avait réussi et ça me fit sourire doucement alors que je notais quelques informations dans ma tête en me disant que je devrais aller me chercher un calepin pour noter tout ça. J’étais hypnotisée par la vision de Bou qui était là devant moi. La mention de Crunchy,  son ancien rat qui, je le déduisis, devait être décédée maintenant, me fit tiquer. Je l'avais presque oublié.

« Merci, ça m’aide. Et je suis désolée, j’imagine que Crunchy est…parti depuis le temps ? »

Suite à ces quelques paroles qui nous amenaient à la baie des souvenirs, le regard fuyant de l’ancien Poufsouffle vint se poser sur moi alors qu’un sourire doux illuminait son visage. Un poing géant vint écraser ma poitrine. Ce qu’il m’avait manqué, par Merlin. Ça faisait déjà quelques années que nous ne nous côtoyions plus, mais j’avais l’impression qu’hier encore je le voyais me sourire comme ça, heureux. Mes derniers souvenirs de lui étaient douloureux, mais ils n’avaient pas effacé les cinq années de bonheur que j’avais eu à ses côtés. J’aurais souhaité que ce soit plus long, que ça ne se finisse pas. Si ça n’était que de moi, nous y serions encore, mais cette danse se faisait à deux et l’un de nous deux avait perdu pied. Malgré mes efforts pour l’aider à se redresser, à reprendre le rythme, ça n’avait pas été assez, je n’avais pas été assez. Je mordis ma lèvres en secouant la tête pour chasser ses idées et les émotions qui m’envahissaient. Nous semblions prêt à revenir à une aisance plus normale alors que j’avais essayé de chasser l’éléphant imaginaire gigantesque qui prenait tout l’espace de mon bureau. Alors que j’allais chercher mon calepin pour prendre quelques notes et surtout reprendre contenance, il me dit qu’il était content de me voir. Je ne pus retenir mon esprit de retourner à la question qui m’avait longtemps hantée, que s’était-il passé pour qu’on chavire comme ça ? Repoussant la question, je revins près de la table d’examen en souriant tristement.

Prête à travailler, je demandai la permission pour prendre le raton et le blond m’ouvrit la petite cage. Voyant la bestiole pointer le bout de son museau, je le regardai en souriant doucement. Azrael le prit délicatement, comme je le lui avais montré dans une autre vie, lui caressa le crâne avec tendresse et vint le déposer dans mes mains. Sa peau frôla la mienne et fut à la limite de me faire basculer dans d’autres souvenirs que je ne pouvais me permettre d’avoir, pas là, pas avec lui dans la pièce. Je ne voulais pas penser à ses doigts me frôlant, me caressant, je ne pouvais pas. Il me sauva de ses pensées en me ramenant sur un terrain moins glissant, c’est ce que je pensais à tout le moins. Je souris poliment en écoutant les multiples questions du sorcier. Je savais qu’il ne voulait pas mal faire, qu’il voulait être poli et prendre des nouvelles, mes ses questions me firent l’effet d’un poignard dans le corps. Je pris une grande inspiration, plaquant un sourire sur mes lèvres qui ne le voulaient pas vraiment.

« C’est gentil, j'apprécie. Non, quand j’ai fini mes études je suis partie, j’ai fait de l’étude terrain. Je revenais de temps en temps et je l’aidais à la clinique, mais ce n’était pas vraiment officiel. Je suis revenue l’année dernière…mon père est malade, un cancer des os. Je pouvais plus me permettre d’être loin donc…je suis là. »

Mon père avait adoré Azrael, tout comme ma mère à vrai dire. Il fallait dire qu’il n’y avait que peu de gens qu’ils n’appréciaient pas et généralement le sentiment allait dans les deux sens. Eux aussi n’avaient pas compris ce qui s’était passé et ils avaient eu un deuil à faire, pas le même que moi, mais il restait que mes parents avaient perdu le fils qu’ils n’avaient jamais eu. Il restait toujours Jonas, c’était évident, mais ça restait qu’une partie de leur famille était partie. Ne voulant pas me laisser aller à l’émotion, je passai mes yeux un peu plus vitreux que voulu vers Formol qui apprenait à me connaître en sentant l’odeur de mes paumes. Je le caressai sous le menton avant d’ouvrir un tiroir de la table d’examen d’une main pour prendre un thermomètre à infrarouge qui était beaucoup plus rapide que ceux plus classiques que les humains se mettaient dans la bouche. La petite créature était un peu chaude. Je le posai sur la table qui me séparait de son propriétaire et pris en note sa température qui était à 37.8. Ce n’était énorme, mais avec le reste des symptômes que le sorcier m’avait nommés, je voyais un peu mieux ce qui se passait. Ce n’était probablement qu’un simple rhume.

« Tu l’as entendu éternuer ou tousser ? Formol est effectivement un peu chaud…mais c’est rien d’épouvantable, t’en fais pas. »

Je me rendis vers mon armoire pour prendre un pot contenant un peu de nourriture pour le rat. Revenue à la table, j'ouvris le pot et versai un mélange de céréales sur la table pour voir l’appétit du petit être. Je le regardai aller sentir ce que je venais de lui ouvrir tout en demandant à son propriétaire.

« Tu sais s’il a mangé aujourd’hui ? Et tu lui donnes quoi à manger normalement ? Les mêmes trucs que Crunchy ?»

Les rats étant omnivores, ils mangeaient à peu près n’importe quoi. Ça pouvait autant aller des graines, aux céréales, aux fruits séchés jusqu’aux moulés toutes préparées d’avance. En autant que tout restait équilibré et que la créature mangeait, tout devait bien se passer.

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Jeu 9 Déc - 18:54


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Ludivine & Azrael

08 avril 2018 - 13h42
Revoir sa douce petite Vi était bien la chose qu’il désirait et redoutait le plus. Même quand il avait été sur le front plusieurs mois d’affilés, à devoir être vigilant à chaque instant il ne s’était pas senti aussi stressé qu’il ne l’était à présent. Si sept années s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus, Azrael n’avait plus rien du tout du jeune adulte de presque 19 ans qu’elle avait connu. Agé de 24 ans, médicomage comme il l’avait toujours souhaité, ancien médecin militaire décoré d’une médaille d’honneur, les marques du temps sur sa silhouette pouvaient presque passer inaperçues pour un oeil peu aguerri. Sans compter sur celles que ses vêtements dissimulaient des regards indiscrets. Toutefois, Ludivine le connaissait suffisamment bien pour déceler les changements qui s’étaient opérés sur son ancien amour de jeunesse. Bien loin de porter une quelconque attention à sa propre apparence, Azrael ne disposait pas du recul nécessaire pour constater à quel point il avait changé. Si son caractère était le même, peut-être un peu moins gamin infernal prêt à tout pour faire rire la galerie, il avait incontestablement gagné en maturité, sérieux et surtout gestion de ses pulsions macabres. L’armée l’avait profondément transformé, aussi bien physiquement que mentalement. Peut-être la meilleure décision qu’il ait jamais prise…

A peine était-il rentré à Londres qu’il s’était empressé de prendre un poste à l’hôpital, incapable de se laisser aller à un peu d’oisiveté. Sa nature hyperactive plus exacerbée que jamais après l’armée, il avait un besoin maladif de compenser son manque cruel d’adrénaline. Sans compter qu’à présent de retour sur son sol natal, Vi hantait à nouveau ses pensées. Tout était bon pour l’en extraire. Si le stress constant du front lui avait permis un peu de répit pour panser les plaies de son coeur meurtri, il retombait dans ses vieux travers. Quelque peu résigné, c’est tout naturellement qu’il s’était tourné vers le travail, s’y jetant corps et âme. Au moins là on avait besoin de lui, là il pouvait aider et servir à quelqu’un sans craindre de leur faire le moindre mal. La souffrance dans laquelle arrivaient la plupart de ses patients suffisait amplement à satisfaire sa petite voix et ses pulsions macabres.
Revoir Vi reouvrait donc de vieilles plaies à peine cicatrisées, enfouies au plus profond de lui pour ne surtout pas y penser et laisser les remords l’envahir à nouveau. Malgré tout, malgré la douleur qu’il ressentait à la voir ainsi face à lui sans pouvoir la toucher, l’enlacer et même l’embrasser, une profonde joie se mêlait à la peine. Des sentiments ambivalents avec lesquels il devait jongler de son mieux, plutôt rassuré de constater qu’elle était tout autant perturbée que lui. Au delà du fait qu’elle aussi avait évolué avec l’âge, quelque chose dans son expression le chiffonnait. Elle semblait inquiète. Appréhendait-elle le rendez-vous qui allait se tenir et le fait d’être seule avec lui ? Peut-être aurait-il mieux fait de vérifier le nom de la clinique avant d’entrer pour s’épargner cette torture mutuelle… C’était trop tard pour reculer maintenant. Azrael tenta de justifier sa surprise et ne put réprimer un léger sourire à la réponse que lui tint Ludivine. Pour avoir trouvé quelqu’un ça… Il n’aurait pas espéré mieux pour s’occuper de Formol ! Comme quoi, le hasard fait bien les choses parfois.

Seuls avec Formol derrière la porte de son bureau, Aze fit tout ce qui était en son pouvoir pour se concentrer sur son raton, éludant les souvenirs que sa présence faisait ressurgir. Voilà pourquoi il avait préféré ne pas rester « amis », ne pas la fréquenter après leur rupture. Se séparer d’elle avait été si douloureux, si déchirant que continuer de la voir l’aurait tué à petit feu. En dépit de tout cela, il ne cherchait qu’une seule chose : son bonheur. Même si l’idée qu’elle put trouver un autre homme l’anéantissait, une part de lui s’en serait accommodée, heureux qu’elle ait pu tourner la page là où lui était resté bloqué encore sept ans en arrière. Toutefois, la question n’était pas là. Formol passait avant tout. Il lui expliqua donc les symptômes de son raton avant qu’un maigre sourire un peu triste ne vienne étirer ses lèvres à la mention de Crunchy.
« Oui… Il est mort peu de temps avant mon diplôme de fin d’études à la fac… Il a eu une belle vie cela dit. » conclut-il en croisant un peu nerveusement ses bras sur son torse. Ce qu’il ne voulait pas lui avouer c’était la peine ressentie quand son vieux compagnon de toujours avait poussé son dernier souffle. Il s’était ainsi retrouvé seul avec son deuil. La seule et unique personne qui aurait pu le comprendre, le soutenir et lui apporter un peu de confort ne faisait plus partie de sa vie. Il ne savait même pas comment la joindre ni où elle se trouvait. Par chance, Vi changea de sujet, s’excusant de ne pas l’avoir mieux accueilli. Elle a pas changé… Toujours d’une bonté à crever ! Ma sweet pea. Dis-le lui ! Dis lui qu’elle t’a manqué ! Que tu n’arrêtes pas de penser à elle ! Pour lui faire encore plus de mal ?! Non… Tu l’as dit toi même : elle ne m’a pas oublié. Je peux pas faire ça. Pas à elle. Donc tu préfères souffrir et ne pas lui avouer tes sentiments juste pour la préserver. Oui. Elle passe avant tout. Il accueillit ainsi ses propos avec un large sourire heureux qu’elle ne soit pas agacée de sa présence ici. Malheureusement, les réactions qu’il perçut chez elle lui firent l’effet d’une douche froide. Il n’avait pas encore ouvert la bouche quelle semblait profondément blessée. Etait-ce sa réaction qui lui faisait si mal ? Perdu face à l’évidente peine de Vi, Azrael chercha à la réconforter en lui exprimant à quel point il était heureux de la revoir. S’il se retenait de lui livrer le fond de sa pensée et déverser le flot de sentiments qu’elle réveillait en lui, c’était uniquement pour la préserver. Le revoir ne semblait pas si anodin pour la jeune sorcière.

Par chance, Formol et son petit état de santé était là pour les ramener à la raison, les distraire de leurs retrouvailles douloureuses. A sa demande, il ouvrit la cage et lui confia le raton en le déposant dans le creux de ses mains. Quand sa peau frôla la sienne, il regretta instantanément son geste. La sensation de son contact lui rappelait des images devenues trop pénibles pour qu’il s’y abandonne. Comme pour se prémunir de toute nouvelle maladresse de ce type, Azrael vint enfouir ses mains dans les poches arrière de son jean, l’observant manipuler Formol quand un détail le marqua. Il venait tout juste d'apercevoir le bracelet présent à son poignet après toutes ces années. Non… Elle le porte encore ?! Sérieux ?! Troublé de la voir avec ce qui avait été son dernier cadeau pour elle, son coeur se serra douloureusement en s’accompagnant d’un faible sourire teinté de tristesse. Un profond soupir souleva ses épaules avant qu’il n’évoque un sujet un peu plus générique, comblant le silence qui s’était installé entre eux. Grave erreur. Au moment même où il la vit soupirer et se forcer à sourire, Azrael comprit qu’il avait commis une bourde. Il la connaissait trop bien pour tomber dans le panneau, ses mimiques et expressions n’avaient aucun secret pour lui. Ainsi, bien qu’un léger sourire illuminait ses traits angéliques en apprenant qu’elle avait pu parcourir le monde en découvrant de nouvelles espèces, son visage se décomposa, atterré par ce qui suivit. Non, non, non ! Sans qu’il ne puisse le contrôler, ses iris sombres se voilèrent d’un voile humide, dévisageant Vi de l’autre côté de la table d’examen. Poussé par le besoin viscéral de lui apporter son soutien et un peu de réconfort, il vint délicatement poser sa main sur son poignet, se permettant même de timidement le caresser de son pouce. Son regard planté dans le sien, la gorge nouée et les traits tirés par la dureté de la nouvelle, Aze finit par souffler avec difficulté.
« Par Merlin Lu’, je… Je suis sincèrement désolée… »
Bon choix de surnom ! Moins chargé en souvenirs, plus amical, parfait. Tu veux pas rajouter à sa peine, pas vrai ?! Non… Surtout pas… Dévasté par la nouvelle, il baissa les yeux sur la table d’examen, retirant à contre coeur sa main de sur le poignet de Vi, ses doigts frôlant plus que de raison sa peau à la douceur insupportable. Un cocktail détonant de tristesse et de colère était en train de le consumer de l’intérieur. Azrael se sentait profondément coupable de ne pas avoir été là pour elle à l’annonce de la nouvelle. Sensible à sa douleur, il finit par relever ses yeux vers son beau visage, affichant une certaine détermination mêlée à la peine de la nouvelle.
« Comment je peux t’aider ? Vous aider ? Je pourrais peut-être l’ausculter ou même lui confectionner des potions avec les ressources de Sainte-Mangouste… Ne serait-ce que pour qu’il se sente mieux. Laisse moi vous aider… Enfin… Si tu veux et s’il accepte mon aide. »
Bien conscient que les circonstances de leur séparation avait probablement affecté l’opinion de son père, Azrael ne pouvait supporter de rester à rien faire sachant qu’il souffrait.

En revenir à Formol semblait être leur façon de diffuser l’intensité des sentiments qu’ils se provoquaient mutuellement. C’était plus simple, moins compliqué. Se préoccuper d’un petit être adorable, innocent et souffrant leur offrait l’occasion de souffler un peu pour ne pas perdre pieds. Sans un mot, Azrael l’observa interagir avec lui, un doux sourire se formant progressivement sur ses lèvres en regardant ses gestes.
« Ce matin il a fait une petite crise d’éternuements oui… Sinon hier matin il a fait un bruit bizarre. J’ai cru au début qu’il s’étouffait avec un grain de maïs mais c’était peut-être de la toux. Tu penses lui prescrire quelque chose pour soigner ça ou ça va partir tout seul ? »
Bien qu’elle lui assurait qu’il ne s’agissait de rien de grave, Azrael ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter un peu. Il avait pris l’initiative de l’adopter, cette petite boule de poils sans défenses et alors qu’il venait tout juste de l’ajouter à sa vie Formol tombait malade... Tandis que Ludivine partit chercher de la nourriture, il caressait doucement son pelage sombre, plongé dans ses pensées.
« Il a un peu mangé ce matin mais pas beaucoup. J’essaie de lui donner une alimentation la plus variée possible : graines, céréales et fruits secs. Quand je travaille il peut se balader librement dans mon appartement. J’ai bien pris soin de mettre des filtres de protection sur les prises électriques et les quelques câbles qui traînent mais sinon il peut se promener où il veut. »
Formol se saisit d’une graine de lentille, la grignotant avec avidité avant de se mettre à tousser un peu. Tel un papa poule, Azrael s’accroupit face à la table pour que son regard soit au niveau du raton.
« Bah alors bonhomme… On va te remettre sur pieds ! » Dit-il avec une petite moue peinée alors que Formol se dirigeait vers lui, venant renifler ses boucles blondes avant de s’y agripper pour lui grimper sur la tête. Amusé par l’attitude de son compagnon, Azrael se redressa et récupéra le raton posté dans sa tignasse pour le redéposer sur la table.
« Tu penses que je devrais l’amener avec moi à l’hôpital ? Ça pourrait peut-être réduire son stress et faire une meilleure transition comme je suis pas souvent chez moi… »
A présent occupé à renifler le calepin de Vi, Formol semblait bien décidé à escalader la belle zoomage, enfouissant sa petite tête dans le creux de sa manche, visiblement très intéressé par le bracelet qu’elle portait. Par intervalles, des petits éternuements secouaient sa frêle carcasse. Profondément attendri par l’attitude de son raton, Azrael releva ses prunelles sur le visage de Vi. Bordel de merde… Ce qu’elle est… Magnifique. La vision de ses traits à la douceur infinie lui fit l’effet d’un coup de couteau en plein coeur. Incapable de détourner le regard, son sourire devint progressivement un peu plus triste, réalisant de plein fouet tout ce qu’il avait perdu en voulant la protéger de lui-même. Quand leurs iris s’accrochèrent, Aze déporta son attention sur les étagères de la bibliothèque avec un petit rictus embarrassé.
« Tu as changé… » souffla-t-il en revenant capter ses prunelles. « Tu sembles plus sûre de toi… Plus… Affirmée, forte. Ça te va bien. Tu es… » Plus belle que jamais ? Plus sexy ? Plus rayonnante ? « Tu sembles épanouie même si j’imagine que l’état de santé de ton père doit beaucoup te préoccuper… » Peut-être ce qui expliquait cette fatigue et pointe de tristesse qu’il avait l’impression de déceler en elle. Difficile d’évoquer son bonheur, son épanouissement sans penser à ce qu’ils auraient pu devenir s’il s’était fait confiance. Serait-il encore ensembles à présent ? Il aurait pu être là pour la soutenir à l’annonce du cancer de Maximilien, là pour l’aider à aménager sa petite clinique, là pour constater son évolution… Il aurait fait taire les rumeurs qui les entouraient à Poudlard et à l’université comme quoi la relation entre un sang-pur de son rang et une née-moldue était vouée à l’échec. Pendant un temps Azrael avait voulu croire en leur amour. Son père l’ayant écarté de la succession, il aurait pu l’épouser, envisager un avenir avec elle. A présent il se retrouvait relayé au rang d’observateur extérieur, témoin silencieux de la resplendissante jeune femme qu’elle était devenue sans lui. Comme quoi, peut-être que leur rupture avait été bénéfique pour Ludivine dans le fond…
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Ven 10 Déc - 5:27
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Azrael & Ludivine

« 'Cause it's a bittersweet symphony, that's life. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singin' to me now »
Je devais l’avouer, je n’avais jamais pensé revoir Azrael après avoir terminé l’école. Je l'avais croisé à quelques reprises dans les couloirs durant nos études universitaires, sans que ni l'un ni l’autre ne nous accordions le moindre regard, du moins qu’il voyait. S’il avait les yeux au sol ou dos à moi, je ne me gênais pas pour le regarder à la dérobée. À chaque fois, c’était la même chose que je voyais, ses épaules voûtées et sa mine basse. Quelque chose avait changé. Il n'allait pas bien et mon cœur se brisait à chaque fois que je le voyais alors que je ne pouvais plus l’aider. Ce qui me faisait le plus mal dans tout ça, c’était les bruits de couloir. C’était une petite université, tout le monde se connaissait ou presque. Poudlard l’avait été encore plus et j’avais souvent entendu murmurer que nous ne pourrions pas durer, qu’un sang pur du nom de Yaxley ne pourrait jamais rester avec une née-moldue comme moi. À chaque fois que j’entendais ces mots, je me taisais, je me disais que nous allions leur montrer que nous étions à l’épreuve du temps et à l’épreuve de nos différents héritages. Azrael valait mieux que ça, je le savais, mais pas eux. Cette rupture, ça ne venait pas de sa famille, j’en avais toujours été convaincue. Je savais que le blond n’était pas particulièrement proche d’elle et que ses idées allaient ailleurs, alors que c’était-il passé ? Je pensais ne jamais le savoir, mais à voir le sorcier près de moi dans mon bureau, je me disais que finalement le monde était plus petit que je le croyais.

Mes chances de le croiser durant mon périple à étudier autour du monde avaient été plus que nulles. Aucune chance que je le croise en Égypte, en Grèce ou bien en Russie. J’avais souvent pensé à lui, en regardant les étoiles au Bostwana ou bien en me promenant dans les Andes, mais il n’était jamais apparu. Cependant, maintenant, je n’étais plus en Ouganda, j’étais de retour à Londres. C’était la ville qui l’avait vu naître, grandir et malgré que la ville soit très grande et bien peuplée, le monde sorcier était plus petit. À moins qu’il ait quitté la ville pour recommencer sa vie ailleurs, j’allais éventuellement tomber sur lui, c’était inévitable. J’étais de retour depuis un peu plus d’un an et ce n’était que ce jour-là que finalement je le croisais. Autant j’en avais eu envie que j’avais craint ce moment. Allait-on nous ignorer comme dans les anciens couloirs dans lesquels nous avions déambulés, ou bien nous allions faire de nous des adultes et nous saluer poliment ? Le destin, l’univers ou je ne savais qui avait pris la décision pour nous, le rendez-vous avait été pris et nous n’avions plus de portes de sortie, nous devions nous parler, nous regarder et voir ce qu’il adviendrait. Pour voir, je voyais. Mes yeux s’abreuvaient à la silhouette du sorcier et comme un assoiffé l’aurait fait en trouvant une source d’eau en plein désert.

Voir que tous les deux, nous ne savions pas sur quel pied danser me rassura un peu. Bien que nous ne soyions plus ensemble depuis quelques années, nous étions encore sur la même longueur d’ondes, seulement dans l’inconfort cette fois. Cette pensée me fit sourire doucement. Qu’ils aillent marcher dans la bouse de dragon ceux qui n’y avaient pas cru, on aurait pu fonctionner, j’en étais certaine. Préférant me concentrer sur autre chose, je portai mon attention sur le bracelet que je portais religieusement au poignet alors qu’Azrael m’expliquait ce qu’était devenu Crunchy, son précédent rat. Il était mort avant la fin de ses études. Je pinçai les lèvres tristement en l’entendant et je levai des yeux désolés vers le jeune homme. J’hochai la tête positivement alors qu’il disait qu’il avait eu une belle vie. Quoi rajouter de plus ? C’était vrai, il s’était toujours très bien occupé de son compagnon à moustaches, il l’avait aimé. Le sorcier croisa les bras sur son torse et je retournai mon attention vers la cage du rat. Je m’excusai, lui dit que j’étais contente de le voir et il fit de même, ce qui mit un baume sur le pincement que j’avais au ventre. Il ne regrettait pas, c’était au moins ça. Le rat en main, je commençai à le regarder, lui sourire et à l’analyser sous toutes ses minuscules coutures, chassant bien loin la sensation de sa peau sur la mienne. Je ne pouvais pas y penser maintenant, plus tard peut-être, mais pas maintenant.

Je levai les yeux un bref moment vers l’ancien Poufsouffle quand il mit rapidement ses mains dans ses poches de pantalon. Nous étions vraiment au même endroit tous les deux, c’était d’une tristesse à pleurer, mais on ne le pouvait pas, ni un ni l’autre. Nous essayions de préserver les apparences ? Mais lesquelles ? Qu’est-ce qu’on faisait ? Triste à cette pensée, je retournai mon regard vers le raton qui était dans mes mains sans remarquer les yeux du blond se poser sur le bijou qu’il m’avait offert il y avait de ça plusieurs années, son dernier cadeau. C’est là qu’il me demanda des nouvelles de ma famille et que je dus placer un sourire factice sur mes lèvres pour faire un résumé rapide des dernières années et pour parler de mes parents et surtout de la situation de mon père. Il avait toujours adoré Azrael, discuter avec lui de sa vie « magique » comme il se trouvait si drôle à le dire. Mes parents étant moldus, la vie « magique » leur était bien inconnue. Ils avaient eu les Velasquez en aide et considéraient Soledad comme leur deuxième fille, mais le point de vue d’un garçon, apparemment, était bien différent selon mes parents. J’étais convaincue qu’ils appréciaient énormément le garçon qu’il était et voulaient seulement s’intéresser à lui, comme ils le faisaient pour tous les gens qui entraient chez eux et qu’ils accueillaient à bras ouverts. C’est comme ça que ma famille était, heureuse, simple, pleine d’amour et bien moldue. Nous étions encore simples et plein d’amour, c’était la partie joie de l’histoire qui avait changé. Maintenant, nous profitions de tous les petits moments qui passaient, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver.

Je posai Formol sur la table d’examen pour m’y appuyer et finir ma brève histoire. Je regardai tristement mon ancien amour alors que son regard se voilait. Je savais qu’il avait toujours bien apprécié mon père, la nouvelle devait le troubler autant que je le pensais. Ne sachant pas quoi faire, je restai là, sur place, les mains sur la table, figée par la tristesse qui m’enveloppait dans son voile. Je levai les yeux vers le plafond pour chasser les larmes qui semblaient vouloir s’y installer. Pas maintenant ! Focus Ludi’ ! Je sentis la main d’Azrael se poser sur mon poignet et son pouce le caresser doucement. Merde ! Je retournai mes yeux vers ceux du blond et il s’y accrochèrent. Je lâchai un soupir pour réprimer un sanglot. C’était trop en même temps. Mon père qui se battait pour sa vie m’emplissait de tristesse et la sensation de la main du sorcier sur mon poignet me transporta dans une époque où tout était plus simple, plus heureux, plus doux. Je lui souris doucement, pleine de reconnaissance. Savait-il seulement le bien que ça me faisait qu’il soit là ? J’aurais tellement voulu qu’il ne parte jamais. Il aurait pu être près de moi quand nous avions reçu la nouvelle, le poids sur mes épaules aurait pu être mieux réparti, plus léger. Les Et si étaient beaucoup trop larges, profonds. Il ne fallait pas que je m’y plonge, parce que je ne savais pas si j’allais pouvoir en sortir. Ma gorge étant trop serrée, je ne pus dire grand-chose sans perdre le peu de contenance qu’il me restait.

« Merci Az’ »

Ses yeux quittèrent les miens, allant se réfugier au sol alors qu’il retirait sa main de mon poignet. Ce simple contact après notre séparation me fit l’effet d’un bras arraché quand il cessa. J’aurais voulu que ça dure, mais je comprenais, il ne fallait pas trop en faire, nous n’étions plus là. Mes mains toujours sur la table, je baissai le regard sur mes mocassins avant de retourner au pauvre raton qui vivait sa petite vie sur la table qui nous séparait Azrael et moi. Je relevai mon regard noisette vers lui alors qu’il me proposait son aide. Intriguée, je l’écoutai sagement en réfléchissant. Un sourire incontrôlable vint se percher sur mes lèvres. C’était ce que j’avais toujours aimé de lui, Malgré l’inconfort, il voulait faire au mieux. J’avais toujours senti que j’avais été une priorité pour lui, je passais en premier, jusqu’à ce qu’il parte. Je retrouvais cette partie de lui et ça m’emplissait le cœur de chaleur. Je connaissais son coeur aussi bien que ses yeux sombres. Malgré les années, la tristesse et notre perte, il était encore là. J’hochai la tête.

« Il est déjà suivi par un oncologue moldu en ce moment, il arrive à la fin d’un traitement donc on devrait voir après ce qu’il en est. Mais s’il y a des ressources sorcières pour ce qu’il a, je peux pas dire non. T’es certain que t’es ok avec ça ? T’es pas obligé de faire ça et je veux pas que ça te donne des problèmes de prendre du matériel de l’hôpital. Je vais lui en parler quand je vais le voir…s’il est d’accord je…je te contacterai ? Lizzy…ma secrétaire a noté une façon de te joindre ? »

Reportant encore une fois mon attention sur le pauvre rat que je délaissais un peu trop pour être qualifiée de professionnelle, je me mis à l'ausculter. J’écoutai ce que me disait Azrael à propos d’une crise d’éternuements qui avait eu lieu et de bruits bizarres non identifiés. Je ramassai mes cheveux frisés rapidement en un chignon lâche à l’aide d’une pince qui trainait sur mon bureau avant de me baisser au niveau du raton. Je ne voulais pas qu’ils soient dans le chemin de ma vision en s’étalant partout. Ramassés plus haut sur ma tête, j’avais le cou et le champ libre pour travailler comme il se doit.

« Le bruit bizarre ça devait être ce petit bonhomme qui toussait. »

Avant de répondre aux autres questions qu’il m’avait posées, je voulais attendre de voir comment allait l’appétit du petit moustachu. Je lui mis quelques grains pour qu’il puisse se régaler tout en me penchant sur la table pour le regarder faire. Je jetai un coup d’oeil  au blond alors qu’il me parlait du régime de son nouvel ami qui faisait la fine bouche depuis quelques jours. Formol prit une lentille pour la grignoter avant de se mettre à tousser. C’est bon, j’avais ce qu’il me fallait, pour le moment à tout le moins. Je me redressai tout en replaçant mon chemisier comme il faut.

« Je comprends que ça t’énerve, mais tu ne devrais pas trop t’en faire. Tu fais tout ce qu’il faut pour que Formol soit bien. Je pense qu’il a attrapé un petit rhume là où tu l’as récupéré. Son corps a dû combattre le virus, mais le stress du changement d’habitat, si je peux dire, ça a dû le fatiguer et ça a pris le dessus. C’est pas dramatique. Ça pourrait partir tout seul, mais je vais te donner une potion que tu pourras mettre dans son eau. Ça va booster son système immunitaire pour qu’il chasse ça de son corps plus rapidement. »

Je regardai Azrael maintenant accroupi face à son raton pour lui parler. Il était toujours plein d’attentions pour ses proches, c’était beau à voir et ça m’émut un peu. Sa présence me faisait sentir à quel point il m’avait manqué. Tous ses petits gestes, ses mimiques, ses attentions, sa façon de se mouvoir, j’avais eu du mal à me retirer tout ça de la peau et je réalisais que je n’avais pas pu le faire complètement. Je ne réagissais pas comme si c’était le cas à tout le moins. La petite bête s’était approchée de lui et s’accrocha à ses cheveux. Profitant du mouvement d'ascenseur du redressement de son propriétaire, il se retrouva bien plus haut que moi et ça me fit sourire. Après seulement un peu plus d’une semaine, il se sentait assez en confiance pour avoir cette proximité avec le blond. Il avait réussi à le mettre en confiance vite, comme il l’avait fait avec moi il y a de ça plusieurs années. J’appuyai une hanche sur ma table alors que je regardais le rat y reprendre sa place. Je relevai mon regard doux vers le médicomage qui me demandait s’il devrait emmener son rat au travail. Je réfléchis quelques secondes avant d’hocher la tête.

« Non, je ne crois pas. Pour ce que j’en vois, la transition semble bien faite. S’il n’était pas bien, il ne voudrait pas te grimper dessus comme ça. Il te fait confiance. Je crois que l’hôpital serait peut-être trop bruyant et vu que tu as l’air bien occupé, il ne verrait peut-être pas plus. Je dis ça, mais je sais pas trop comment ça se passe à Sainte-Mangouste et ce que tu y fais, donc bon, c’est à toi de voir. Je me dis qu’à la maison, dans son environnement, surtout s’il est libre comme ça, il sera mieux et pourra faire ses petites affaires. »

Alors que je répondais, le raton vint vers moi et se mis à vouloir jouer avec le bracelet qu’Azrael m’avait offert. Me disant que ce dernier l’avait peut-être remarqué, je pris la petite créature pour le poser près du tas de graines avant de mettre ma main libre sur le bijou en rougissant. Allait-il me trouver ridicule de le porter encore. Je n’avais jamais été capable de m’en débarrasser. Il était joli et me rappelait de bons souvenirs. Aucune raison de m’en départir s’il ne me donnait que du positif. Je regardai un peu autour avant de reposer mes yeux sur Azrael qui s’était mis à parler. Il semblait triste à me regarder. Mon regard croisa le sien et il le détourna vers des étagères un peu plus loin. Il revint chercher mes yeux alors qu’il parlait et je ne pus me retenir de rougir encore plus aux compliments qu’il me fit. Je ne m’étais pas attendu à ce que notre conversation prenne cette tournure, mais ça me fit plaisir. Recevoir son approbation, savoir que c’était l’impression qu’il avait de moi me rassura. Je pinçai les lèvres quelques instants, ne sachant quel était la bonne façon de réagir. Avant, je n’aurais rien dit et je l’aurais embrassé doucement avant de lui dire merci. Ce n’était plus possible. Je souris timidement, baissant le regards quelques secondes avant de revenir l’accrocher aux iris presque noir d’Azrael.

« Merci, c’est gentil. J’imagine que partir toute seule ça m’a forcée à m’affirmer un peu plus, à me faire une place. Je te dirais que mon père prend presque toute la place maintenant. Je travaille, je m’occupe de Mademoiselle, de mon père et si j’ai le temps, je vois Soledad ou Jonas… c’est pas très glamour. »

J’haussai les épaules, en souriant, amusée. C’était comme ça, je n’y pouvais rien. Je pris le temps de regarder le jeune homme face à moi. Tant qu’à être dans les constatations, autant continuer.

« J’ai vieilli, on a vieilli en fait. T’as changé un peu aussi, tu te tiens plus droit, t’as l’air plus dure. Non…c’est pas le bon mot. Solide ? Je sais pas. Tu restes encore le Azrael que je connais, tes yeux n’ont pas changé, ton sourire aussi…Mais t’as l’air très fatigué. L’hôpital ça doit être prenant, mais faut pas que tu oublies de prendre soin de toi de temps en temps, de te reposer, tu sais. T’as souvent eu tendance à t’oublier pour aider…il ne faut juste pas que ça joue sur ta santé. Tu comprends ce que je veux dire ? »

Je penchai la tête sur le côté en souriant tendrement. Il avait le cœur assez grand pour y prendre le monde au complet. À voir son allure, ses traits tirés, je me disais que c’était encore ce qu’il faisait, surtout qu’il m’avait parlé de ses horaires à l’hôpital. Je ne pouvais faire autrement que m’inquiéter pour lui.
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Ludivine & Azrael

08 avril 2018 - 13h42
Azrael se rappelait qu’un jour, alors qu’il venait d’être victime de l’une de ses nombreuses violentes crises de colère où une rage sans nom avait besoin d’être expulsée de son petit corps de gamin de huit ans, son père lui avait dit : « Tout est une question de timing, mon fils. ». Une phrase qui ne l’avait jamais quitté. Si pendant longtemps il n’en avait pas compris la signification, elle faisait sens à présent. Quand il regardait sa petite existence depuis ses sept ans, tout semblait s’être parfaitement imbriqué pour faire de lui un jeune homme plus fort, affirmé et heureux. Tout à une exception prêt : Vi. Elle était le petit grain de sable qui faisait partir en fumée son semblant de bonheur. Il avait bien cherché à faire illusion, feindre que tout allait bien mais comment garder le masque, faire perdurer la mascarade alors qu’il ne pensait qu’à elle. Les études, l’armée et maintenant les gardes à l’hôpital étaient ses solutions de repli pour oublier le fait qu’il avait tué dans l’oeuf ses chances d’un avenir joyeux, pur et épanouissant à ses côtés. Ô bien sûr il avait tenté d’oublier en mettant d’autres femmes dans son lit. Elles n’avaient pas duré plus d’une nuit. Elles n’étaient pas Vi. Elles ne le comprenaient comme elle. Elles étaient si fades, si banales, il n’aurait jamais donné sa vie pour elles… Alors que Vi, aujourd’hui encore il était prêt à tout pour elle, pour la savoir heureuse et épanouie. Découvrir qu’elle possédait à présent sa propre clinique magique lui avait fait chaud au coeur. Un de ses rêves s’était réalisé. Et puis… Il y avait le fait qu’elle soit contente de le voir. Si une once de rancoeur demeurait à son égard, Vi le lui cachait à merveille. En même temps, comment lui en vouloir après la façon brutale dont s’était terminée leur histoire ?!

Incontestablement, il prenait sur lui. Se retrouver dans la même pièce qu’elle et contrôler les pulsions que sa présence suscitait s’avérait plus compliqué qu’il ne l’avait imaginé. Tu veux que je sois honnête avec toi ? Je sais, je sais ! Je te fais chier ! Change de disque à la fin, tu te répètes mec. Il ne pouvait que remercier son entraînement et passif de militaire. On lui avait appris à être plus dur, plus déterminé et fort face à l’adversité. Vi était comme sa dernière épreuve. Le test ultime pour tester sa volonté et force de caractère. Comment pourrait-il revenir en arrière maintenant ? Après toutes ces années ?! Elle avait beau dire être heureuse de le voir, sembler un peu gênée par sa présence, son bref toucher ou encore porter le bracelet qu’il lui avait offert pour son anniversaire sept ans plus tôt, céder à la tentation ne ferait que réouvrir une vieille plaie. Il n’était pas prêt, il avait toujours une peur bleue de ce que cette petite voix qui lui chuchotait les pires horreurs pourrait le pousser à faire. C’est mal me connaître franchement… Et fais pas comme si je te l’avais jamais dit en plus ! Je ne peux pas te faire confiance.  Tu ne veux pas plutôt, toute la différence est là Aze’… Comme pour se changer les idées, il jugea bon d’évoquer avec elle son parcours après ses études, prenant au passage des nouvelles de sa famille qu’il avait longtemps considéré comme la sienne. Des questions si innocente qu’il regretta bien vite quand il comprit par son langage corporel qu’il avait évoqué un sujet sensible. Désemparé face à l’annonce du cancer de son père, Azrael fut obligé de réfréner son envie de venir l’enlacer, se contentant simplement de poser sa main sur son poignet en guise de soutien. S’il ne pouvait reprendre ses bonnes vieilles habitudes, il était tout de même déterminé à lui prouver qu’il était toujours là pour elle. Quoi qu’il arrive. Qu’importe la nature de leur relation, elle était sa seule et unique priorité. Parce que tu l’aimes toujours… Et alors ?! Où est le mal ?! Elle a été une part importante de ma vie, bien sûr que je l’aimes. Non… Tu ne comprends pas, tu l’aimes encore. Tu n’as jamais cessé de l’aimer. Arrêtes tes conneries c’est pas drôle. Très bien…

Bien déterminé à lui apporter son aide quoi qu’il en coûte, il secoua doucement la tête à ses propos, le regard perdu dans le vague, fixant la table d’examen sur laquelle Formol évoluait librement. Comment pouvait-elle douter de sa volonté à aider ?! Du fait qu’il ne ferait pas tout pour son père ?! Ses prunelles sombres vinrent à nouveau rencontrer les siennes, affichant un sérieux qu’elle ne lui connaissait que peu.
« Bien sûr que je veux t’aider et l’aider lui. Il a toujours été comme un second père pour moi. Je l’ai toujours aimé alors si je peux faire quoique ce soit pour lui ça sera avec un grand plaisir. Je refuse de rester les bras croisés sachant qu’il n’est pas bien et que toi aussi tu vas mal… Ne t’inquiète pas pour moi. Je peux facilement me procurer du matériel ou des ingrédients pour des potions et tenter quelques sortilèges sur ton père. Enfin… S’il accepte de me revoir… »
Sa dernière phrase mourut dans un soupir, bien conscient que cet homme avec qui il s’était toujours entendu avait dû être choqué par leur séparation. Visiblement très affecté par cette idée, Azrael finit par redresser son visage vers elle, un maigre sourire triste résidant encore sur ses lèvres.
« Ta secrétaire a toutes mes infos. Hibou personnel et celui de mon service à l’hôpital, numéro de téléphone moldu… N’hésites pas à me contacter s’il y a quoi que ce soit. Ça sera vraiment un plaisir pour moi de pouvoir vous aider. »
Le sérieux de leur conversation s’apaisa légèrement quand ils reportèrent tous deux leur attention sur Formol. Après tout, il était la raison de sa venue. Toutefois, retrouver Vi en ces lieux lui permettait de diffuser un peu plus son inquiétude pour le raton, le tourment de leur relation passée agissant comme une bonne distraction. Il évoqua donc avec elle les quelques épisodes de toux et éternuements constatés chez son petit rat ainsi que l’alimentation qu’il lui fournissait. Heureusement, elle était là pour le rassurer, son professionnalisme prenant le pas sur l’affectif. Azrael esquissa ainsi un léger sourire tout en hochant de la tête quand elle lui annonça que ça n’était rien de grave et qu’il n’aurait qu’à lui donner une potion diluée dans son eau. Il ne lui restait plus qu’à espérer que son compagnon s’en remette rapidement et puisse complètement s’adapter à sa nouvelle maison et rythme de vie. Comme pour un peu plus s’assurer de son état de santé et lui apporter son soutien, il se pencha à son niveau, attendri par la petite créature pour laquelle il s’était déjà pris d’une grande affection. Quand Formol se retrouva sur sa tête, son regard pétillant d’amusement croisa celui de Vi, son sourire prenant tout de suite une dimension plus douce, presque tendre alors qu’il récupérait le rat dans ses mains pour le déposer sur la table.
« C’est vrai qu’il est tout le temps en train de me solliciter… Si je le laissais faire il passerait sa vie dans mon cou ou mes cheveux. » Dit il avec un large sourire amusé, creusant les fossettes de ses joues. « Comme je cours d’un service à l’autre à l’hôpital c’est vrai que ça pourrait être éprouvant pour lui. Même si je le garde dans ma poche ou dans mon cou, il n’aurait pas beaucoup de temps de repos tu as raison… »

Il était tellement plus simple de suivre Formol du regard que de se perdre dans la contemplation des traits et de la silhouette de son amour de jeunesse. Le moindre regard qu’elle posait sur lui, le simple petit sourire qu’elle lui accordait ou encore la beauté de ses traits et de ses formes étaient autant de coups de couteaux qu’il recevait en plein coeur, faisant naître en lui des pulsions qu’il avait mis tant de temps à étouffer. Toutefois, redécouvrir ce bracelet, la signification qu’il avait et constater qu’elle le portait toujours lui mettait du baume au coeur. Il croisa brièvement son regard, observant sans un mot la gêne que cela provoquait chez elle. Comment fait-elle pour être toujours aussi… parfaite. A chaque fois qu’il y repensait, Azrael avait du mal à croire qu’il avait vécu sept ans de bonheur avec cette jeune femme aussi magnifique, douce et extraordinaire qu’était Ludivine. Lui le petit Poufsouffle d’un an de moins qu’elle, le pitre de la classe, toujours prêt à attirer l’attention pour amuser la galerie, se mettant dans les pires situations possibles et au lourd passé… Il avait réussi à la séduire. Mieux encore, elle était tombée amoureuse de lui. Par quel miracle ? Mystère et chocogrenouilles ! Plus il la contemplait, admirant la ravissante et sexy jeune femme qu’elle était devenue et plus il se remémorait les instants d’une douceur infinie à ses côtés. Un petit sourire triste prit lentement place sur son visage et il détourna bien vite son attention d’elle quand il croisa ses prunelles noisettes. Gêné d’avoir été pris sur le fait, il préféra détourner le regard et l’attention, évoquant ainsi les changements qu’il avait constaté chez elle. Incapable de se défaire de ses prunelles bien trop longtemps, il la couva du regard, ses traits s’imprégnant de toute la douceur qu’elle lui inspirait.
« Mademoiselle ? » demanda-t-il avec son petit accent français toujours aussi approximatif en fronçant un peu les sourcils. L’évocation de Soledad et Jonas lui fit un nouveau pincement au coeur, deux personnes de plus qui avaient longtemps fait partie de son entourage et avec qui il avait été forcé de couper les ponts lors de leur rupture. « J’espère qu’ils vont bien… Et puis, au moins tu es entourée des personnes que tu aimes, c’est tout ce qui compte à la fin. Au contraire, je trouve ça beau moi. » Ses paroles s’accompagnèrent d’un triste sourire, bien conscient qu’il n’était plus dans le tableau si paisible, bien qu’en ce moment tourmenté, de sa vie.

Quand Vi entreprit de décrire à son tour les changements qu’elle décelait chez lui, il eut un bref froncement de sourcils aux adjectifs « dur » et « solide », comprenant bien vite de quoi il était question. Toujours plus attendri par ses propos, il baissa un instant la tête en souriant, légèrement embarrassé avant de la relever pour planter ses prunelles dans les siennes. Constater qu’après toutes ces années elle pouvait encore s’inquiéter pour lui le touchait. Leur destins n’étaient plus liés et pourtant… Il avait l’impression que rien n’avait changé entre eux. C’était comme s’ils reprenaient là où ils s’étaient arrêtés.
« Je pense que je vois ce que tu veux dire… C’est l’entraînement militaire ça. On nous apprend à devenir plus fort physiquement et mentalement. La discipline rentre toute seule et est compliquée à perdre par la suite. » Azrael était convaincu qu’il n’arriverait jamais à s’en défaire complètement. L’hygiène de vie que lui avait apporté l’armée s’inscrivait dans un contrôle de son corps et de son esprit qui était devenu vital. Les entrainements sportifs intenses, la rigueur et la discipline de suivre des ordres sans trop se poser des questions et les nombreuses heures passées à apprendre à manier les armes l’avaient façonné. Il n’était plus ce jeune garçon innocent. Les horreurs de la guerre qu’il avait connues étaient bien trop dures pour qu’il ne lui en parle. Il préférait se contenter de vaguement évoquer cette période pourtant si charnière de sa vie.
« Ne t’inquiètes pas pour moi Lu’… Tu me connais, j’ai tendance à faire les choses de façon un peu trop intenses parfois mais ça va je t’assure. J’ai simplement un peu de mal à m’ajuster au rythme de l’hôpital. Je suis rentré il y a seulement deux mois du Moyen-Orient, j’ai juste besoin de me réadapter à la vie de civile et trouver mes marques. »
Ce qu’il se gardait bien de lui avouer c’était les angoisses terribles qui le secouaient dès qu’il se retrouvait seul dans son appartement presque vide avec rien d’autre à faire que se reposer. Combien de fois s’était-il réveillé en sueur dans son lit, animé par un besoin dévorant d’adrénaline. Tel un junkie en manque de son shoot, il ne supportait pas le fait d’être retourné à une vie normale. Pour faire passer ses terreurs nocturnes et camoufler son stress post traumatique, Azrael repartait directement l’hôpital, rempilant sur une nouvelle garde alors qu’il ne dormait qu’à peine quatre heures toutes les trente six heures. Mais ça, Vi ne devait pas le savoir, elle ne devait jamais l’apprendre. Il y avait des choses plus importantes que son état de santé, physique comme mentale, dont elle avait à se préoccuper actuellement.
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Sam 11 Déc - 18:43
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Azrael & Ludivine

« 'Cause it's a bittersweet symphony, that's life. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singin' to me now »
Au fil des années, ma vision de l’avenir avait énormément évolué. Mes premiers souvenirs me montraient travailler aux côtés de mon père dans sa clinique vétérinaire auprès des moldus, comme des partenaires. Plus tard, je m’étais vue au bras d’Azrael, dans ma propre clinique de zoomagie, heureuse. Quelques années plus tard, je m’étais imaginée dans la cambrousse à soigner des créatures exotiques. Maintenant, je ne savais plus trop. Je n’osais plus imaginer quoi que ce soit, tout passait sur mon père en ce moment, je n’avais que très peu de temps pour me perdre dans la contemplation du futur. Il y avait aussi sûrement un peu du fait que l’avenir me faisait peur. Vu l’état de mon père, je me disais que si je pensais au futur, je devrais penser à son décès et je m’y refusais. Je voulais qu’il soit éternel, comme je le pensais quand j’étais enfant. Malheureusement, j’étais une adulte, je savais que la mort était là, qu’elle rôdait un peu partout et prenait qui elle voulait quand elle voulait au gré de ses envies. Certains partaient rapidement, certains avaient une agonie très longue et souffrante et d’autres finissaient par s’en remettre. Dans le cas qui nous concernait, mon père ne faisait pas partie de la première catégorie, c’était certain. J’espérais qu’il soit dans le dernier groupe, mais je ne pourrais pas le savoir avant la fin de ses traitements. Et encore là, l’oncologue nous l’avait dit, un ostéosarcome était très vicieux, il pouvait se métastaser, le problème était là.

Le timing avait fait qu’au moment où mon père était tombé malade, j’avais pris assez d’expérience pour revenir sans me dire que je manquais de vécu. J’étais assez vieille pour me lancer en affaires, j’avais aussi assez accumulé de galions pour penser m’établir à Londres, me trouver un logement, ouvrir ma clinique aussi pourquoi pas ? J’y avais déjà réfléchi, il y avait longtemps de cela, et je pensais me rendre à cette étape beaucoup plus tard dans ma vie, avec plus d’expériences. Cependant, l’univers, le destin, Merlin ou je ne sais qui avait décidé que ma place n'était pas à l’étranger, elle était ici en ce moment et je lui faisais assez confiance pour dire qu’il y avait une raison pour tout ça. Il fallait seulement que je la comprenne, que je la trouve. Il aurait fallu que je creuse un peu pour voir ce qu’il y avait sous la surface, mais je n’en avais pas envie. Je laissais le temps faire les choses. c’était ce qu’il y avait de mieux à faire considérant que je n’avais aucune prise sur ce qui se passait autour de moi de toute façon. Je m’étais toujours laissée porter par les événements, n’essayant jamais vraiment de prévoir et faisant mon petit bonhomme de chemin dans la vie au gré de ce qui se passait et d’où j’en étais. L’univers avait voulu que je sois là, à ce moment, à la clinique pendant qu’Azrael avait besoin d’aide pour son rat. Je me disais que ça ne pouvait pas être un pied de nez du destin, il y avait une raison pour ça alors une fois le choc passé de le voir, j’essayai de prendre ça avec un grain. Il y avait une raison à tout.

Pendant plusieurs années, le sorcier avait fait partie de mes projets d’avenir qui étaient disparus en même temps que lui. Le revoir me donnait un vent de nostalgie face à ce qui aurait pu être. Mais depuis le temps, j’avais relativisé, nous n’avions aucun contrôle sur les évènements autour de nous, pas complètement à tout le moins. On pouvait influencer, faire de notre mieux, ce n’était pas pour rien que j’étais impliquée auprès de l’Ordre. Nous pouvions influencer des comportements, c’était évident, mais le reste, ce n’était pas possible. La maladie de mon père ? Aucun contrôle, on pouvait essayer de le régler, mais on n’aurait jamais pu le prévenir. Le départ d’Azrael ? J’avais essayé de le faire revenir sur sa décision, mais rien n’avait fait. J’étais donc restée à panser mes blessures et à me remettre sur pied pour arriver ici, encore une fois face à lui, nouvelle. J’avais eu quelques fréquentations au fil des années, mais rien n’avait duré, il manquait toujours quelque chose et il n’en avait pas assez valu la peine pour que je les présente à qui que ce soit. On s’était vu, ça n’avait pas été assez et j’avais laissé tombé. Encore une routine que j’avais maintenant à peu près abandonné. Je ne cherchais plus rien, j’étais trop occupée de toute façon. Si je devais rencontrer quelqu’un de bien, ça se ferait dans le rythme effréné de mes journées.

Le sujet de mon père sur la table, je ne cachai rien. Je n’avais jamais rien caché à Azrael et je ne comptais pas commencer à le faire aujourd’hui. Premièrement, il aurait sûrement senti le mensonge comme un fin limier à la recherche de preuves. L’argument encore plus pesant, je n’en avais pas honte et il méritait de le savoir. Il avait bien connu mon père. Il ne faisait plus partie de sa vie, mais ça n'avait aucune importance. Émue par l’offre du blond, je restai tout de même sur mes gardes. Je ne voulais rendre la situation encore plus compliquée qu’elle l’était déjà. On n’avait beau vouloir bien paraître, nous marchions tous les deux sur des œufs à la coquille bien fine. Les yeux presque noirs d’Azrael vinrent chercher les miens avec un sérieux que je n’avais que très peu vu, c’était nouveau et très rassurant. Il y avait une conviction solide dans ce regard qui me disait que ce qu’il disait n’était pas du toc et ses paroles me le confirmèrent. Je ne pus retenir un sourire sincère. Le cœur sur la main, toujours, même s’il était inconfortable. Il était vraiment un homme bien, pas de changement au tableau. Comment avait-il pu croire qu’il aurait pu me faire du mal ? C’était incompréhensible. Se connaissait-il seulement ? Je pris doucement sa main pour la serrer brièvement. Sa main était moins douce qu’elle l’avait été jadis, plus calleuse, elle avait travaillé fort. Qu’avait-il fait durant les sept dernières années pour être dans cet état ? Ce n’était pas désagréable, c’était simplement différent. Ses mains avaient un vécu qui n’y était pas avant, le temps avait passé, nous avions fait des expériences et nos chemins se croisaient à nouveau.

« D’accord, j’apprécie énormément Aze’. Je vais lui en parler, mais ça me surprendrait qu’il refuse, il t’a toujours beaucoup aimé aussi… Merci…vraiment. »

Les yeux du sorcier avait été se perdre vers le sol quelques instants avant de se redresser vers moi. Il était visiblement mal à l’aise à l’évocation de la décision de mon père. En faisant quelques additions, je compris assez rapidement qu’il craignait que mon père lui en veuille pour ce qui s’était passé. Effectivement, au départ, il avait été choqué et autant dans l’incompréhension que moi. Il lui en avait voulu de m’avoir mise dans cet état, mais il avait assez d’estime pour Azrael pour se dire qu’il n’avait pas décidé de me laisser parce que pourquoi pas. Nous étions tous arrivés à la même conclusion, il y avait une variable que nous n’avions pas qui nous forçait à rester dans le noir. L’eau avait coulé sous les ponts depuis, nous n’en étions plus là. Le sourire triste du jeune homme me fit un petit pincement au cœur alors qu’il me parlait de ses coordonnées que Lizzy avait probablement notées quelque part.

« C’est bon, je pigerai donc dans tout ça pour te contacter quand j’aurai parlé à mon père. »

De retour à l’essentiel du rendez-vous qui avait été pris, mon attention se tourna vers le raton. J’étais convaincue que ce n’était pas grand chose, probablement un petit rhume passager. Une potion pour booster Formol et j’étais certaine qu’après quelque jour il serait en pleine forme sur ses quatre pattes. Je regardai affectueusement le manège entre le sorcier et le rat. C’était pour ça que je faisais ce métier. Nous avions besoin de nos compagnons à quatre pattes, ils rendaient la vie plus légère, dédramatisaient les situations et permettaient de ne pas être seul. C’est bien pour ça que j’avais adopté Mademoiselle quelques mois après mon retour à Londres. Je m’étais trouvé un logement agréable, mais l’écho de la solitude m’avait lourdement déprimé au début. J’aimais la solitude, je la vivais bien en principe, mais là ça avait été trop pour moi de revenir à la maison, soir après soir à regarder les murs, manger en silence ou bien en écoutant la télévision, à lire des bouquins et boire de la tisane. Avec ma chienne, je pouvais parler, même si c’était d’un déprimant à mourir, je prenais soin d’elle, la brossait, la marchait, la nourrissait et puis elle tenait compagnie. Elle faisait ses petites choses de son côté aussi, machouillant un jouet ou en faisant la sieste près de moi. Avoir une présence avec moi me rassurait. Azrael, lui, avait Formol et son regard pétillant me fit comprendre tout de suite que c’était probablement la même chose de son côté.

« Vous êtes beaux à voir comme ça. Je suis contente que vous vous soyez trouvés. »

Le sourire amusé du sorcier me fit craquer, je m’étais ennuyée de ses fossettes. C’est une des premières choses qui m’avait charmée chez lui. Ça et ses cheveux. Je pouvais très bien comprendre Formol de vouloir y rester. J’avais adoré y passer mes mains tranquillement quand nous étions ensemble, entortiller ses boucles entre mes doigts et y remettre un peu d’ordre quand il perdait le contrôle de sa tignasse. J’hochai la tête alors que l’homme confirmait qu’il comprenait ce que je lui avait dit. Le rythme de l’hôpital serait probablement trop éreintant pour cette petite balle de fourrure. Par réflexe, en les regardant tous les deux, je me mis à jouer avec le bracelet que j’avais au poignet. J’y jetai un coup d'œil brièvement en souriant avant de relever les yeux vers un Azrael qui semblait gêné et qui regardait ailleurs en me parlant de l’impression que je lui laissais. Je fis de même, rougissant au passage. Après quelques explications concernant les changements que mon amour de jeunesse observait chez moi, je le vis me scruter comme il l’avait souvent fait quand il m’écoutait parler avant. Je ne savais pas ce qu’il voyait, mais j’aimais l’effet que ça me faisait. Avant, quand il me regardait comme ça, je me sentais comme le centre de son univers. Là, le regard restait le même, mais c’était ridicule de penser la même chose. Nous ne nous étions pas vus depuis sept ans, le centre de son univers devait se trouver ailleurs. Il releva le nom de mon chien que j’avais prononcé en français. Mon père étant français, je maîtrisais très bien la langue et je trouvais que ça faisait distingué pour un chien qui ressemblait plus à un ours qu’à autre chose.

« Oui, pardon. C’est mon chien, tu l’as peut-être vu en train de dormir à la réception, elle ressemble à un ours brun. »

L’accent du blond me fit rire, il avait un paquet de qualités, mais le français n’avait jamais été son fort, mais au moins il essayait. Je lui avais appris deux trois trucs parfois pour qu’il puisse comprendre et, à l’époque en tout cas, il s’en rappelait et les utilisait. Il avait un accent à couper au couteau, mais je trouvais plus craquant qu’autre chose. J’hochai la tête alors qu’il souhaitait qu’ils aillent bien. Tout allait bien, Soledad était toujours aussi solide, elle avait sa boutique et bossait au cirque et le vivait. Jonas, quant à lui, était un garçon de son âge. Il sortait, faisait la fête et passait beaucoup de temps avec Jordan à faire je ne sais pas quoi. Tout le monde était heureux.

« Ouais, ils vont bien. Soledad a sa boutique maintenant et travaille au cirque. Elle fait ce qu’elle aime. Et Jonas…c’est un gars de son âge, il sort avec ses copains et étudie pas mal. Il picole, il sait qu’il est beau, c'en est presque indécent. Il est couvert de tatouages. Il va bien. »

J’haussai les épaules pour lui faire comprendre que je me doutais bien de ce qu’un garçon de 20 ans comme lui pouvait bien faire de ses soirées. Malgré ma gêne de lui parler de ma vie qui me semblait bien ennuyeuse, il relativisa  en disant que j’étais bien entourée. Il avait raison.

« C’est vrai, vu comme ça. »

Je répondis à son sourire par la même. Il fronça les sourcils quelques instants quand je lui dis qu’il semblait plus dur. Clairement, ce n’était pas ce à quoi il s’attendait de ma part. Je fis une grimace maladroite en le réalisant et je changeai de mot, essayant de défaire ma bourde. Il se détendit avant de m’expliquer. Je ne pus cacher ma surprise quand il me dit qu’il avait fait un entraînement militaire. Et ses études de médecine ? Mais les sorciers n’avaient pas d’armée ? Qu’est-ce qu’il avait fait ? Je repoussai une mèche de cheveux qui était tombée de mon chignon tout en essayant de placer les pièces du puzzle de façon ordonnée. Cet entraînement expliquait effectivement ce que j’avais remarqué chez lui depuis qu’il était dans mon bureau. Cependant, je ne comprenais pas pourquoi il avait fait ça. Je voyais bien qu’il était un un morceau, mais s’il était arrivé quelque chose et que je ne l’avais jamais su…

« On n’a pas d’armée…je veux dire…t’as fait l’armée moldue ? Qu’est-ce qu’... Pourquoi ? T’aurais pu… »

Surprise, choquée et limite impressionnée, j’écoutai Azrael me rassurer en me disant de ne pas m’inquiéter. Il avait raison, je le connaissais, il était intense parfois alors oui, je m’inquiétais. C’est là qu’il me dit qu’il n’avait pas seulement fait les entrainements, mais qu’il avait été aussi déployé au Moyen-Orient. Mes yeux s'agrandirent et ma bouche s’ouvrit légèrement sous la surprise. Je n’aurais jamais cru ça possible de sa part. Je me passai une main sur le visage, avant de sourire tendrement à l’ancien soldat.

« Justement, je te connais, c’est pour ça que je m’inquiète… Mais je t’avoue que je suis surprise, je n’aurais jamais pensé que tu ferais ça. »

J’avais l’impression que j’aurais comparé cette nouvelle à une annonce que j'aurais fait pour annoncer que j’allais devenir trapéziste. Cependant, je devais avouer que ce passage de sa vie lui avait donné un je-ne-sais-quoi de plus qui n’était pas là avant. Il avait parlé de discipline, d’assurance. Ça devait être ça. Je le sentais plus mûre, c’était attirant, vraiment.
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Ludivine & Azrael

08 avril 2018 - 13h42
Pour Azrael, il y avait quelque chose d’ironique à se retrouver en présence de Ludivine après toutes ces années. La situation était telle qu’il ne pouvait pas fuir, pas faire semblant de ne pas l’avoir vue ou reconnue pour plus facilement continuer sa route. Il était littéralement bloqué, condamné à passer une bonne vingtaine de minutes au moins avec elle. L’univers semblait lui faire un pied de nez. Il venait tout juste de rentrer de son service au Moyen-Orient, tentait de mettre de l’ordre dans sa vie avec son poste à l’hôpital, son nouvel appartement et la compagnie de Formol mais voilà qu’il recroissait le chemin de sa précieuse petite Vi. Cruelle ironie. Lui qui faisait tout son possible pour la sortir sans succès de son esprit, on lui montrait clairement qu’elle était toujours là, on la réintroduisait de force dans sa vie. Les plaies laissées par leur rupture étaient encore fraiches pour Azrael. Il espérait de tout son coeur qu’il n’en était pas de même pour Ludivine, qu’elle était passée à autre chose, qu’elle l’avait oublié, qu’elle avait trouvé le bonheur auprès d’un autre homme pour tourner la page. A voir ses réactions depuis que leur regards s’étaient croisés dans la salle d’attente, ça n’était pas si simple. Une constatation qui le rendait autant heureux que malheureux. Il avait sacrifié leur amour pour son bonheur sur le long terme, la voir perturbée par sa présence n’était donc pas bon signe.

Si le début du rendez-vous se déroula sans trop d’encombres, quelques politesses étant échangées pour détendre l’atmosphère, il prit une toute autre tournure quand il jugea bon d’évoquer avec elle son parcours et ses parents. Il lui était si naturel de s’intéresser à elle, sa vie, sa famille. Là où il n’avait même pas pris la peine d’informer son propre géniteur qu’il partait faire l’armée moldue, prendre des nouvelles du père de Ludivine était la chose la plus naturelle du monde. Le choc fut d’autant plus conséquent. Il n’osait même pas imaginer le cauchemar que son ancien amour de jeunesse vivait. Cette simple pensée lui fendait le coeur. Savoir qu’il ne pouvait pas être à ses côtés pour la soutenir et l’accompagner dans cette terrible épreuve était déchirant. Azrael souhaita donc lui proposer son aide. Après tout, il avait des compétences et connaissances à faire valoir qui pourraient être d’une grande utilité à Maximilien, du moins c’est ce qu’il espérait. Quand la main de Vi vint doucement serrer la sienne, son coeur manqua un battement, la serrant à son tour en lui souriant tristement. C’était tout ce qu’il était capable de faire : poser sa main sur son bras, serrer sa main… Voilà à quoi le soutien émotionnel qu’il pouvait lui apportait se résumer. D’une tristesse à pleurer. Ses propos lui extirpèrent tout de même un léger rictus à l’évocation de l’affection que Maximilien lui portait. Pour être honnête, il redoutait de le revoir et faire face à son jugement.
« C’est tout naturel voyons… »
Se contenta-t-il de répondre, ne voulant pas trop en dire de peur de la blesser. Il aurait pourtant tant aimé lui avouer à quel point il souhaitait l’aider, la soutenir et soulager un peu de sa peine dans cette terrible épreuve qu’elle vivait. Non. Ça ne l’aiderait pas… Qu’est-ce que tu en sais ?! Tu es toujours là, le problème n’a pas disparu. Rien n’a changé. Cette raison inavouable pour laquelle il avait brutalement arrêté leur relation suscitant l’incompréhension de tous. Rien ne serait plus normal que son père le haïsse malgré tout ce temps. Comment lui en vouloir après tout. Il serait vite fixé de toute façon. S’il acceptait son aide, peut-être était-ce le signe que de l’eau avait coulé sous les ponts depuis. Après lui avoir indiqué que sa secrétaire possédait tous les moyens de le joindre, ils se concentrèrent à nouveau sur la raison de sa venue : Formol.

Le diagnostic était enfin posé, il n’avait qu’un simple petit rhume déclenché potentiellement à son changement de cadre. Bien que rassuré, il ne pouvait s’empêcher de vouloir aider son petit compagnon à quatre pattes de son mieux. Peut-être s’était-il montré égoïste en voulant adopter un rat alors qu’il passait tout son temps à l’hôpital ? Formol devait lui donner une bonne raison de rentrer chez lui, de se changer les idées en jouant et passant du temps avec lui. La solitude dans laquelle il s’était soudainement retrouvé propulsé l’angoissait. Passer d’un environnement où il était constamment entouré au vide le plus total n’était pas facile à supporter. Au moins dans l’armée il pouvait se distraire. Il mettait même un point d’honneur à faire rire ses coéquipiers, apportant toujours de la bonne humeur dans son unité. Azrael s’était ainsi forgé une petite réputation avec le temps. La violence des combats, le stress du terrain et l’horreur de la guerre semblaient plus léger à ses côtés. Il était toujours là pour faire rire, toujours le sourire aux lèvres et la bonne connerie pour détendre l’atmosphère. Tel un poisson dans l’eau, il ne vivait pas leurs missions de la même façon que ses camarades. C’était bien ça qui lui manquait : ce stress permanent et cette violence qui traumatisaient les autres. Il angoissait de se retrouver seul, dépourvu de sa dose d’adrénaline et d’horreur pour canaliser ses pulsions. Voilà pourquoi Formol était entré dans sa vie : pour le distraire et lui apporter de la compagnie. Les quelques mots de Vi lui extirpèrent un large sourire angélique, touché qu’elle puisse constater la complicité qui s’était si rapidement installée entre eux.
« Merci… J’avais besoin de compagnie, mon appartement fait un peu moins vide avec lui à l’intérieur. »  expliqua-t-il.
Soucieux du bonheur de son animal, Azrael ne put qu’être d’accord avec les propos de Vi. L’hôpital n’était clairement pas un lieu adapté pour un jeune rat, encore moins avec les horaires infernaux qu’il avait actuellement. Il allait devoir faire preuve d’une plus grande discipline et se forcer à rentrer plus souvent chez lui s’il voulait apporter tout l’amour nécessaire au bien-être de Formol. Ce fut d’ailleurs ce petit être qui lui fit reporter son attention sur Ludivine et le bracelet qu’il lui avait offert. S’il se perdit dans la contemplation de son doux visage un instant, Azrael ne put s’empêcher de lui avouer à quel point il la trouvait changée. Un compliment qui semblait la toucher car ses joues s’étaient délicatement teintées de rouge, la rendant encore plus belle à ses yeux.

Quand il fut question de Mademoiselle, Azrael fronça légèrement les sourcils avant qu’un large sourire ne revienne se loger sur son visage. C’était donc ça cette masse marron aux côtés de la secrétaire ?!
« Ah oui !!! » s’exclama-t-il dans un léger rire. « Elle a l’air imposante. Au moins tu dois te sentir en sécurité avec elle ! »
Aze ne pouvait s’empêcher de l’imaginer promener Mademoiselle, l’animal si massif qu’il lui suffisait de tirer un peu pour faire décoller Ludivine du sol. Cette simple pensée lui tira un sourire avant de secouer de la tête alors qu’elle évoquait à présent Soledad et Jonas. Deux personnes qu’il n’avait pas revues depuis leur rupture mais qui avaient pourtant beaucoup compté pour lui à cette époque. Certes, ils étaient avant tout les amis de Vi mais le courant était bien passé entre eux jusqu’à ce qu’il ne coupe brutalement les ponts sans la moindre explication. Savoir qu’ils allaient bien le réjouissait, se doutant qu’il serait cantonné à quelques nouvelles de loin, de temps en temps et si tant est qu’il revoit véritablement Vi. Ainsi, il ne put empêcher un faible sourire teinté de tristesse de se loger sur ses lèvres alors qu’il penchait légèrement la tête en avant, sa main glissant dans ses boucles blondes pour les écarter de devant ses yeux dégageant ainsi une partie de son front. Si elle avait toujours des gens sur qui compter, un nouveau compagnon à fourrure, elle lui semblait bien triste. Certes la maladie de son père n’aidait pas mais Azrael sentait quelque chose de plus, comme un non-dit qui planait autour de sa nouvelle vie. Qu’est-ce que tu attends pour lui demander ?! C’est pas ma place ! Je ne veux pas la blesser… Au contraire Aze, tu lui montres que tu t’intéresses à elle, que tu sens qu’il y a ce petit truc qu’elle ne te dit pas. Mais justement ! Si elle me le dit pas c’est pour une bonne raison ! De toute façon, qu’est-ce que tu risques ?! Tu l’as déjà perdue « à cause de moi », arrêtes de tortiller du cul et demande lui ! Un léger sourire perça ses lèvres avant qu’il ne relève la tête vers elle, la mine un peu chiffonnée, visiblement embêté par quelque chose.
« Et pourtant j’ai l’impression que tu n’es pas vraiment satisfaite… »  finit-il par souffler après avoir pris sur lui.
AH PUTAIN ALLELUIA QUOI ! Ta gueule…
« Enfin, désolé si c’est un peu trop personnel, c’est juste que… Je sais pas… J’ai la sensation qu’il y a plus que la maladie de ton père. Comme si quelque chose d’autre te pesait un peu. Ce n’est pas vraiment ma place de te poser la question mais je m’inquiète un peu pour toi… »
T’es pas possible… T’étais vraiment obligé de te justifier comme ça ?! T’es irrécupérable mon pauvre !

Abordant à présent sa propre évolution, si au début Azrael ne comprit pas à quoi elle faisait référence, tout s’éclaircit soudainement. Il évoqua ainsi ses entraînements militaires, provocant la surprise et visiblement le choc chez Ludivine. Incapable de réprimer un sourire amusé, Aze fut attendri de la voir si préoccupée et confuse, son dernier petit « T’aurais pu… » si criant de l’affection qu’elle lui portait encore malgré la façon dont leur relation s’était terminée. En revanche, il était face au fait accompli. Oui il s’était engagé dans l’armée moldue, il avait mis sa vie en danger plus d’une fois, il avait été blessé plus d’une fois mais il était toujours en vie. Il était même revenu médaillé de la guerre. Il avait apporté sa contribution, avait grandi, évolué, appris et murit si rapidement que lui-même avait du mal à se reconnaître.
« J’ai fait l’armée moldue oui… Après avoir obtenu mon diplôme à l’université je me suis engagé et j’ai tout de suite été déployé sur le terrain. J’étais médecin militaire et chirurgien à l’occasion. »  Il marqua une brève pause, ses yeux se déportant sur Formol qui recommençait à s’intéresser aux graines disposées sur la table. « J’imagine que j’avais besoin de me sentir utile, d’apporter mon aide et de me surpasser. L’armée m’a appris pleins de choses. C’était dangereux, certes et oui j’aurais clairement pu mourir là bas mais… »  Ses prunelles sombres revinrent chercher celles de Vi. « Je suis toujours là. »  Conclut-il avec un charmant petit sourire. « J’ai appris énormément de choses sur le terrain. Comment pratiquer la médecine comme les moldus, manier leurs armes, me battre, me défendre, la discipline et suivre des ordres… Autant de choses qui m’aident énormément dans mon travail à Sainte Mangouste maintenant. »  
Azrael pouvait comprendre que la nouvelle choquait et surprenait Ludivine. Lui qui était de nature si gentille, douce à toujours chercher comment diffuser des tensions de façon diplomate pour éviter les conflits avait fait la guerre. Certes son poste de médecin lui donnait une fonction supplémentaire mais il avait porté une arme, il avait tué et torturé comme ses compagnons. Un aspect du travail qu’il se gardait bien de lui avouer tout de même.
« Si toi et moi on n’avait pas… »  Sa gorge se noua difficilement tandis qu’il ferma les yeux, penchant la tête en avant. Juste l’évoquer était extrêmement douloureux pour Azrael qui fit de son mieux pour prendre sur lui. Il releva la tête, lui jetant un petit regard alors que ses prunelles s’étaient voilées de larmes contenues. « Je ne serais jamais parti mais… Les choses ne se sont pas passées comme prévu. J’ai eu besoin d’aventure, un peu comme toi j’imagine. »  Ajouta-t-il avec un maigre sourire un peu triste. « Maintenant que ma dernière mission a été un succès, je sais que je n’y retournerai plus. L’adaptation n’est pas simple mais je n’ai commencé que le mois dernier, je vais trouver le bon rythme. »  Dit-il pour la rassurer avant de porter son attention sur Formol qu’il prit entre ses mains pour le déposer sur son épaule. Automatiquement, le raton se précipita vers son cou et après avoir gratté le col de sa chemise, il se lova entre son cou et ses vêtements pour fermer les yeux et s’y reposer. « C’est pour ça que j’ai pris Formol aussi… Il me donne une bonne raison de quitter le boulot et rentrer chez moi. »
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Lun 13 Déc - 2:19
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Azrael & Ludivine

« 'Cause it's a bittersweet symphony, that's life. I let the melody shine, let it cleanse my mind, I feel free now. But the airwaves are clean and there's nobody singin' to me now »
Il y avait un avantage à ce que les retrouvailles qui avaient lieu à ce moment se fassent à la clinique comme ça. Déjà, en y repensant maintenant, des retrouvailles qui ont lieu sur rendez-vous, c’est quand même cocasse. Cependant, malgré l’étrangeté de la situation, ce n’était pas ça qui retenait le plus mon attention, c’était qu’il y avait une certaine limite de temps à tout ça. Pourquoi ? J’avais d’autres rendez-vous. J’étais au travail et ma journée était loin d’être terminée. Je ne pouvais pas me mettre en retard, pas même pour les jolies boucles d’Azrael. De toute façon, j’allais devoir avoir une bonne réflexion interne après cette rencontre. Toutes ces émotions qui partaient dans tous les sens me rendaient confuse. Il m’avait laissé il y avait sept ans de ça, je pensais pouvoir dire que c’était réglé et derrière moi, mais sa visite ce matin me prouvait que j’avais eu tort. J’avais peut-être enfoui mes sentiments, oublié ce que c’était avec le temps, mais son passage en coup de vent à la clinique avait fait lever le sable fin qui les recouvrait. Nous aurions pu rester au minimum dans les discussions, parler de Formol, faire comme si rien n’était et passer au prochain numéro. Cependant, ce n’était pas ce que avions fait. Nous avions discuté, pris des nouvelles et essayé de rendre la situation la plus simple possible, la moins pénible possible.

Me faire laisser comme ça sans comprendre avait été difficile, très douloureux et j’en avais bavé longtemps par la suite. Cependant, j’avais bien vu que ce qu’il faisait ne lui plaisait pas, il semblait aussi dévasté que moi. Cela avait rendu encore plus irréel ce qui se passait. S’il ne voulait pas me laisser, il n’avait qu’à pas le faire. J’avais eu l’impression qu’il avait eu un fusil sur la tempe, qu’on le forçait à passer à l’acte, à briser, je dirais même détruire ce que nous avions passé des années à construire avec minutie et amour. Parce que c’était ce que nous avions eu. On avait été loin des parties de jambes en l’air occasionnelles que certains autres étudiants que je connaissais avaient. Ce n’avait pas été que physique, nous avions connecté sur tous les niveaux. Autant de la tête, du cœur que du corps. Il avait toujours été souriant, heureux, simple et avait toujours eu le cœur sur la main. Il avait toujours su me faire rire et m’avait fait voir autre chose. J’aurais été du genre à passer entre les murs et la peinture, il m’avait aidé à sortir de ma coquille. Mes parents me l’avaient d’ailleurs régulièrement dit, il m’avait fait du bien, m’avait aidée à me dérider et à ouvrir mes horizons. Cette connexion j’aurais cru que la connexion aurait été brisée complètement, mais elle y était toujours. Je le sentais et ça se voyait bien que lui aussi.

C’était probablement pour ça qu’il avait proposé son aide pour les soins de mon père. Si la connexion n'avait plus été là, il aurait dit qu’il était désolé, je lui aurais donné la potion pour son rat et il serait parti. Mais non, il m’avait proposé son aide et insistait malgré que je lui ai ouvert une porte de sortie évidente. Je le remerciai donc en lui serrant la main en lui souriant tout aussi tristement qu’il le faisait. Un frisson me remonta la colonne vertébrale alors je sentais les callosités que je ne connaissais pas sur la main du blond. Ce dossier étant réglé, nous sommes retournés à l’essentiel de notre rencontre, c’est-à-dire Formol. Alors que je faisais mon diagnostic sommaire, je complimentai le sorcier sur sa relation avec son raton, ce qui le dit sourire comme quand il était plus jeune. Un sourire solaire qui m’avait grandement manqué. Alors qu’il me parlait de son appartement vide, j’hochai la tête tristement. Je comprenais très bien ce qu’il disait. Nous avions le même problème. Revenir à la fin de la journée dans un appartement vide était déprimant au possible. Je comprenais donc qu’avec son temps au Moyen Orient qui avait éclairci ses cheveux et son appartement vide qu’il n’avait personne pour réchauffer son lit le soir. Il n’y avait eu personne d’autre à l’époque et ça semblait toujours être le cas. Incompréhensible, vraiment.

« Je comprends, c’est pour ça que j’ai pris Mademoiselle avec moi. Ça met un peu de vie dans la maison. »

Ouais, mes cartes étaient sur la table. Je ne sais pas si c’était l’objectif, de prendre des nouvelles de notre vie personnelle sans le demander, mais je jouai le jeu. J’étais seule dans ma maison la plupart du temps, avec Mademoiselle. Soledad et Jonas passaient régulièrement, mais autrement, il n’y avait pas grand chose. Sortant de ma tête alors que je recevais les compliments de l’ancien militaire, je rougis avant de lui parler de Mademoiselle qu’il n’avait jamais rencontrée. Il sembla amusé par le nom et le format de mon chien. Il faut dire que c’était une bête assez impressionnante quand on ne la connaissait pas.  

« Elle l’est, mais c’est que de l’apparence. Elle peut faire peur, mais en vrai je ne sais pas si elle attaquerait qui que ce soit. C’est une grosse boule de fourrure et d’amour…mais c’est certain que ça éloigne certaines personnes dans la rue quand on marche, »

J’haussai les épaules, amusée. Je n’avais jamais vraiment réfléchi à cet aspect de Mademoiselle. Je l’avais vraiment prise à la maison pour la compagnie, je ne l’avais jamais vue comme une créature effrayante. Il fallait dire que dans mon métier, un chien ce n’est pas grand chose. Travailler sur des dragons ou bien des acromentules, c’est une autre paire de manches. Ce n’étaient pas des dossiers réguliers, mais ça m’était déjà arrivé de consulter sur le terrain, autant avant que j’ai la clinique quand je voyageais que maintenant dans des réserves par exemple. Alors, pour moi, avoir peur des chiens ce n’est pas une pensée qui me vient souvent. Et puis, je devais l’avouer, je me méfiais des gens qui n’aimaient pas les chiens. Ces créatures ont un instinct assez fort et sentent les intentions des autres, alors je me demande tout le temps ce que ces gens ont à cacher pour ne pas aimer ces boules de poils. La plupart disent que les chiens ne les aiment pas et c’est souvent vraiment le cas. Mais si c’est le cas, c’est qu’il y a une raison pour ça et mon problème là. J’étais assez naïve, mon jugement sur les autres restant très en surface, je donnais une chance à tout le monde tout le temps ce qui pouvait parfois me mettre dans l’embarras, mais Mademoiselle, depuis son arrivée dans ma vie m’aidait dans mon jugement des autres. Elle sentait des choses que je ne voyais pas.

Je donnai des nouvelles de Soledad ainsi que de Jonas à Bou. J’avais abordé le sujet et il avait demandé. Je ne m’étais pas étendu considérant qu’énormément d’eau avait coulé sous les ponts depuis les sept dernières années, tout raconter aurait été trop long, et puis, ce n’était pas l’objectif de la visite d’Azrael. Il était parti, il ne faisait plus de ma vie, tout ça ne l’intéressait probablement plus. Ce n’était pas l’impression que j’avais, mais ça aurait été la chose logique à voir ici non ? Je nageais en pleine zone grise en ce moment, mais je fis comme je le faisais toujours, je laissai aller. Je faisais ce que je croyais être la bonne chose, je faisais ce qui me faisait me sentir bien, je n’avais besoin de rien d’autre. Je vis le sourire de l’ancien Poufsouffle  se perche au coin de ses lèvres tout en ébouriffant encore plus sa crinière bouclée pour dégager ses yeux sombres. Enfin, ils étaient toujours là, les mêmes, profond, prêt à engloutir qui voudrait y plonger. Je l’avais fait, souvent, mais je ne le pouvais plus. Je détournai donc le regard vers ma table de travail pour y prendre quelques ingrédients pour la potion boost pour Formol. De l’astragale, de l’hydraste du Canada, de l’ail, du gingembre, de l’huile de genévrier ainsi que de l’eucalyptus. J’allais commencer à piler les ingrédients quand j’entendis la question de l’ancien militaire. Pilon en main, prête à écraser ce qu’il fallait pour la potion, je posai mes mains sur la table. Il avait raison, je n’étais pas vraiment satisfaite. Mais qu’est-ce qui me dérangeait le plus ? Je n’étais pas si insatisfaite tout le temps, ce n’était pas moi. Je pris quelques secondes de réflexion, les yeux vers mon bureau avant de me retourner pour faire face à Azrael. J’appuyai mes mains sur le bureau derrière moi, regardai le sol quelques instants avant de remonter mes prunelles vers le sorcier.

« Non, je dirais pas que je suis insatisfaite. Disons seulement qu’en prenant du recul je ne suis pas nécessaire où je l’aurais voulu dans ma vie. Les projets que j’avais quand j’étais gamine ne sont plus nécessairement d’actualité. Et puis, te voir là, ça me chamboule Az’, ça me fait réfléchir, ça me rappelle des souvenirs…c’est pas une mauvaise chose, au contraire, je suis contente de te voir, vraiment. Mais c’est peut-être ça que tu sens. Faut pas t’inquiéter, je vais bien. »

J’haussai les épaules en faisant un sourire un peu triste. Il pouvait comprendre ça, non? Je n’étais pas fondamentalement triste, j’avais une belle vie somme toute. Je n’étais pas où je l’aurais voulu, vivant seule dans ma maison avec mon chien à aller au chevet de mon père régulièrement, mais j’étais entourée de gens qui m’aimaient et je les aimais aussi. C’était l'essentiel. Mon amour de jeunesse m’expliqua ensuite, me sortant de ma réflexion profonde, son parcours militaire et me surprenait plus il parlait. Alors que j’étais de plus en plus choquée par ce qu’il évoquait, lui semblait de plus en plus amusé. Je reconnaissais bien le caractère de Bou à s’amuser de tout et rien. Il se mit à répondre à mes questions avec patience et je l’écoutai avec la même attitude. L’armée moldue dès sa sortie de l’université et déployé au Moyen Orient. Sérieuse, j’écoutai son court récit et je ne pus me retenir de sourire tendrement. Il avait appris et ça semblait l’avoir valorisé énormément, alors pourquoi pas ? Ses prunelles vinrent chercher les miennes alors qu’il confirmait ce que j’avais craint, il aurait effectivement pu y laisser la vie, mais il était encore là. J’hochai la tête positivement, contente qu’il le soit effectivement. Il m’expliqua ses nouvelles connaissances et je ne pus retenir un petit rire. C’était loin du doux pitre avec qui j’avais passé plusieurs années. Pour la première fois depuis l’arrivée d’Azrael dans la clinique, un de nous mentionnait le Nous qui n’était plus. Cette mention sembla l’empêcher de parler quelques instants et je me tins en silence, lui laissant le temps de trouver les bons mots. Ses yeux se perdirent le temps de quelques battements de cœur, mais ils finirent par revenir vers moi, plus vitreux qu’ils ne l’étaient avant. Mon cœur se pinça à le voir dans cet état, mais je ne pouvais rien y faire, ça avait été sa décision, mon opinion avait été ignorée à ce moment de nos vies et c’est ce qui nous menait à aujourd’hui.

Le sorcier me fit comprendre qu’il ne serait jamais parti si j’étais restée dans sa vie. Mais il m’en avait exclu. Que voulait-il dire par les choses ne s’étaient pas passées comme prévues ? Il parlait comme si une personne extérieure avait eu du poids dans sa décision. Je fermai les yeux avant de me retourner vers mon bureau pour commencer la potion tout en écoutant le reste de son histoire. Les unes après les autres, je pilai des herbes et des graines que je mis dans un ordre précis dans mon petit chaudron auto-chauffant. J’avais effectivement eu besoin d’aventure, mais surtout de me trouver. Tout avait toujours été tellement clair qu’une fois sortie de l’école, sans mon plan de base qui était Bou, je ne savais plus quoi faire. Après discussion avec mes parents et une intense réflexion, j’avais décidé d’aller prendre de l’expérience sur le terrain, dans des réserves à l’étranger pour rencontrer de nouvelles personnes, voir de nouvelles créatures que je ne connaissais que par les livres et surtout pour me rencontrer, moi. Laissant les herbes bouillir un peu derrière moi, je me retournai avec un sourire triste qui concordait beaucoup avec celui de l’ancien militaire qui mettait son rat sur son épaule alors que je commençais à lui répondre.

« J’imagine que ce n’est plus ma place de demander quel a été cet imprévu ? T’en fais pas… Je peux juste constater que ce passage de ta vie t’as beaucoup emmené, je suis fière de toi. T’as l’air d’avoir trouvé ce dont tu avais besoin. »

Je vis la petite créature se faufiler dans le col de chemise du blond et je ne pus retenir un sourire tendre en penchant la tête d’un côté. Si c’était ce qu’il voulait et qu’il était heureux ainsi, tant mieux. Je me retournai en entendant le chaudron baisser en intensité de chaleur. En principe, la potion devait être prête. Je pris ma baguette qui était posée sur le bureau et fis venir une fiole qui, arrivée face à moi, se remplie du liquide translucide teinté jaune. Je pris la fiole et la donna  au propriétaire du rat.

« Pour que le résultat soit optimal, il faudrait lui donner une à deux gouttes de cette potion une fois par jour à heure régulière. Il y a une pipette sous le bouchon pour t’aider. D’ici trois à cinq jours tu devrais voir une différence. »

Sentant la fin de notre entretien arriver, je regardai l’horloge qui était accrochée au mur derrière mon visiteur. En principe j’avais encore quelques minutes avant mon prochain patient. Je regardai avec nostalgie, paisible et souriante, l’homme qui se tenait devant moi. Je sentais qu’il avait changé, mais je trouvais encore des traces du garçon que j’avais connu il yavaite de ça plusieurs années.

« Est-ce que je pouvais faire quelque chose de plus pour toi ? »

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Lun 13 Déc - 19:39


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Ludivine & Azrael

08 avril 2018 - 13h42
Si Azrael avait décidé de mettre de la distance entre lui et Ludivine lors de leur rupture pour éviter de trop en souffrir, il constatait à présent, non sans un certain soulagement, que le temps avait fait son oeuvre. Il était toujours aussi compliqué pour lui d’être proche d’elle sans ressentir un pincement au coeur mais la peine s’était calmée. Ô bien sûr, elle n’avait pas complètement disparu, loin de là. Elle était simplement devenue supportable à condition qu’il ne reste pas trop longtemps en sa présence. Un rendez-vous de vingt minutes en sa compagnie pour faire ausculter Formol et prendre quelques nouvelles était donc le format idéal. Insolite mais approprié à leur situation. Une opportunité dont ils se saisirent tous deux, chacun leur tour, lentement mais sûrement pour aborder des questions toujours plus personnelles entre quelques examens de Formol. Toutefois, une question demeurait à présent en suspens : et après ? Que ferait-il une fois qu’il aurait franchi la porte de sa clinique ? Que se passerait-il entre eux quand Formol irait mieux et qu’il n’aurait plus de raison apparente de venir la voir ? Reviendrait-ils chacun à leur petit train-train quotidien comme s’ils ne s’étaient jamais revus ? Si Maximilien acceptait son aide, cela signifierait-il qu’il verrait systématiquement Ludivine ? Cette simple pensée angoissait terriblement le jeune médicomage. Comment un banal examen pour son rat s’était transformé en dilemme sentimental ?! Il fallait être aveugle pour ne pas constater que le blondinet éprouvait toujours de forts sentiments pour son amour de jeunesse… Alors la croiser régulièrement… Qu’est-ce que tout cela pouvait bien signifier et impliquer ?

C’est en évoquant les raisons qui l’avaient poussé à adopter Formol qu’Azrael comprit indirectement la solitude dans laquelle se trouvait Ludivine. Elle était très probablement entourée de ses proches et de sa famille mais Mademoiselle était le seul être vivant à l’attendre une fois la nuit tombée. Si d’autres se seraient réjouis de la savoir célibataire, ça n’était pas le cas d’Aze. Plus peiné d’apprendre qu’elle n’avait personne dans sa vie, il en était même surpris. Comment une jeune femme si gentille, généreuse, intelligente et resplendissante qu’elle pouvait être seule ?! C’était un véritable mystère auquel il devait y avoir une explication qui lui échappait. Bien que légèrement pensif à cette idée, Azrael hocha tout de même de la tête, son regard se perdant sur la surface métallique de la table d’examen. Si un petit raton tenant à peine dans la paume de sa main réussissait à combler les maigres attentes du jeune Yaxley, il n’osait même pas imaginer la compagnie et le réconfort que pouvait prodiguer un chien de l’envergure de Mademoiselle. Ainsi, quand Vi prit la peine de lui en parler un peu plus en détails, décrivant le caractère qui semblait adorable de sa chienne, un petit sourire amusé naquit sur ses lèvres, ne pouvant s’empêcher de penser qu’elles s’étaient trouvées toutes les deux.
« Dans la façon dont tu en parles elle a l’air adorable. Vous devez faire un beau duo toutes les deux… Et puis c’est pas négligeable qu’elle puisse impressionner, ça te protèges de certains au moins. »
A défaut que tu ne sois là pour le faire. Non mais tu t’entends parler ?! C’est pas une damoiselle en détresse et je suis loin du preux chevalier sur son cheval blanc. Certes je suis entraîné pour ça maintenant mais je te rappelle que c’est une sorcière, elle sait tout aussi bien manier sa baguette que moi. Mais elle n’a jamais été une grande duelliste. Ça a pu changer… Tu n’en sais rien !
Bien conscient qu’il fallait plus à certains qu’un chien imposant pour en arriver à leurs fins, il était tout de même soulagé de la savoir accompagnée d’une manière comme d’une autre. Mademoiselle devait être une présence réconfortante et rassurante quand Jonas et Soledad n’étaient pas dans les parages. Les quelques nouvelles qu’elle lui donna à leur sujet rendit Azrael légèrement nostalgique. Durant l’époque où ils étaient en couple, les amis et la famille de Vi était également un peu la sienne. Lors de leur rupture, il s’était ainsi coupé d’une partie de ses proches, arrachant violemment des années d’amitié et de bons souvenirs partagés.

Quelque chose clochait légèrement dans le tableau que lui dressait Vi. Sans vraiment réussir à mettre le doigt dessus, il sentait qu’elle éludait quelque chose. Oui, mais quoi ?! Après un débat un peu houleux avec lui-même, Azrael prit finalement son courage à deux mains pour lui dire le fond de sa pensée. Il l’observa se retourner alors qu’elle s’apprêtait à confectionner la potion pour Formol et écouta sagement sa réponse bien que légèrement anxieux d’avoir franchi la ligne invisible qui s’était dressée entre eux à leur rupture. Quand elle évoqua être chamboulée par sa présence, il la lâcha du regard, cherchant désespérément son rat des yeux comme pour se rassurer. Jackpot ! T’es à nouveau dans sa tête… Contrairement à sa petite voix intérieure, Azrael n’était pas heureux de cette nouvelle. Il y voyait plus là l’aveu qu’il faisait ressurgir des émotions amenant à cette triste constatation : elle n’avait pas la vie dont elle avait rêvé. Etait-ce entièrement sa faute ? Probablement pas. Il n’était pas le centre de son monde après tout… Malgré tout, Azrael s’en voulait. D’avoir posé la question, d’avoir pris rendez-vous dans cette clinique en particulier mais surtout d’avoir rompu leur relation de façon si brutale sans lui fournir la moindre explications. Peut-être que s’il le lui avait expliqué sa présence aujourd’hui ne la perturberait pas autant ? Peut-être…
« Je comprends oui… »
Se contenta-t-il de souffler, pensif et légèrement prostré. L’évocation de ses propres changements et notamment son service militaire à l’armée réussit à l’extirper de ses pensées, partageant à Vi son expérience. Bien que conscient du caractère étrange de sa décision, il l’assumait et en était même heureux. Grâce à ces longs mois passés dans des conditions extrêmes il était devenu une meilleure version de lui-même. Plus sûr de lui, posé, discipliné, fort mais également avec une certaine maîtrise de ses pulsions morbides. Cela n’avait plus rien à voir avec les années de tourmentes vécues à l’université où il perdait progressivement le contrôle. A présent il savait ce qu’elle voulait, ce qui réussissait à la satisfaire et la calmer. Malgré tout, lâcher du lest vis-à-vis de Ludivine lui semblait plus que risqué.

Le souvenir douloureux de leur rupture se rappela à lui quand il évoqua une des raisons pour lesquelles il avait décidé de partir dans l’armée, loin de Londres et de tout ce qu’il avait toujours connu. La dureté du terrain, le danger constant, la violence et la mort avaient été des distractions parfaites pour enfouir profondément ses sentiments toujours bien présents pour la belle blonde. Se retrouver ainsi à nouveau face à elle faisait resurgir tout cela par vagues insurmontables. La réaction de Ludivine à ses propos provoqua un profond soupir peiné chez Azrael qui évita méticuleusement son regard. Il était soudain propulsé sept ans en arrière quand elle avait tout tenté pour lui extraire des explications à sa décision. Des justifications qu’il ne lui avait jamais données. Aujourd’hui encore, à ce sous-entendu, Aze était envahi par un profond sentiment de culpabilité.
« Peut-être… J’imagine… »
Se contenta-t-il de répondre dans un léger murmure, pas franchement convaincu qu’il ait exactement ce dont il avait besoin et encore moins qu’il était heureux ainsi. Cela dit c’était son problème maintenant. Vi n’avait plus rien à voir là-dedans, il l’avait volontairement exclu de l’équation. Remettre ainsi son mal-être sur la jeune femme était égoïste et complètement absurde.  A moitié distrait par Formol qui se logeait dans son cou pour trouver un peu de chaleur et piquer sa petite sieste, Azrael attrapa la fiole que lui tendait la zoomage en hochant de la tête à ses indications.
« Très bien. Je vais faire ça et je te tiendrai au courant dans quelques jours donc. »
S’il se doutait bien que chacun de ses patients ne devaient pas l’informer de si leur animal de compagnie allait mieux après leur consultations, il s’agissait surtout là d’une façon de garder un semblant de contact. Il ne voulait pas disparaître complètement tel un fantôme surgissant du passé simplement pour quelques heures. Il avait beau ne pas encore savoir comment leur relation allait s’articuler, il préférait limiter les dégâts ne pas la blesser plus que nécessaire en se volatilisant dans la nature.
« Tout me semble clair. Je vais pas te retenir plus longtemps si tu as des patients après moi… Merci beaucoup d’avoir pris Formol et pour ton aide aussi. »
Dit-il tout en mettant son petit rat dans sa cage par simple mesure de précaution. Ne connaissant pas l’animal qui suivait, mieux valait être prudent. Il releva les yeux une dernière fois vers elle, s’apprêtant à quitter son bureau pour rejoindre la salle d’attente et régler la secrétaire pour la consultation.
« Ça m’a fait plaisir de te revoir Lu. Vraiment plaisir… »
Sur ces derniers mots accompagnés d’un léger sourire un peu gêné, il ouvrit la porte et après l’avoir salué doucement de la main rejoignit le comptoir de l’accueil, le coeur un peu lourd d’avoir à la quitter.
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