Il détestait toujours autant les hôpitaux, et en particulier St. Mangouste. Rien n’avait changé depuis les années qu’il avait passé ici à curer la démence mineure implantée par l’anxiété et l’angoisse de l’époque désastreuse de 98 ; les murs étaient toujours aussi blancs, l’air tout aussi irrespirable et saturé d’une magie de guérison qui ne pouvait que témoigner du nombre de patient que l’hôpital recevait chaque jours. Beaucoup trop, cela va sans dire. Eddy croisa les bras et regarda autour de lui, les sourcils froncés et la posture rigide, tandis qu’il était assis calmement d’apparence sur un siège dans la salle d’attente de la section médicomagie. En réalité, il était agité et mal à l’aise au possible. L’attente aurait été moins désagréable s’il avait été de bonne compagnie ou plutôt de compagnie consentante. Il jette un regard à la bouille délabrée à côté de lui, maigre de semaine et de semaine de ‘grippe’ impossible à soigner, quelles que soient les potions qu’il pouvait lui concocter ; évidemment, il savait bien que c’était loin d’en être une, mais la femme à côté de lui bien qu’adulte depuis quelques années déjà ne voulait cesser de se comporter comme une enfant. Il avait dû improviser un plan comme presque machiavélique pour qu’elle daigne ne serait-ce que regarder en direction de l’hôpital.

Il le conçoit, certes, ce n’était pas vraiment la plus sympathique des idées. Cependant l’état de sa meilleure amie l’inquiétait énormément, tant que parfois il se surprenait à penser à elle alors même qu’il supervisait son cours ; si d’habitude Livia n’apportait avec elle que pensée sympathique, cette fois-ci ça n’avait été que myriades et myriades de « et si » ou de « pourquoi? ». Bien que dense, Eddy était loin, bien loin d’être stupide, en particulier lorsque cela concernait Livia. Si même un maître des potions comme lui ayant baigné dans le domaine depuis des années et des années n’arrivait pas à trouver un remède pour soulager une simple grippe, c’était sans aucun doute que la patiente n’avait simplement pas une simple grippe. Et l’idée qu’elle ait pu couver une infection depuis autant de temps lui glaçait le sang jusqu’à la tête. Il en avait une migraine. Il tourna légèrement les yeux vers son amie à côté de lui lorsque pour la énième fois elle lui exprima son mécontentement et leva finalement le bleu de ses yeux au ciel lorsqu’elle remit sur la table le mythe de la terrible grippe qui ne lâche pas prise de son organisme, ce qui lui valu un pic de douleur sur les tempes. Eddy souffla et se massa la tête, susurrant un « Mais bien sûr Livia… » entre ses lèvres et laissant le bruit incessant de l’hôpital noyer ses pensées, espérant s’assoupir en attendant que le médicomage les reçoive pour ne plus ressentir ce pique de stress à chaque fois qu’il entendait la respiration difficile de son amie ou qu’il regardait trop en direction de son ami, se rendant compte à chaque regard d’à qu’elle point elle a maigri. Il avait envie de passer un bras sur ses épaules mais s’il était honnête avec lui-même, il était en colère contre elle. D’accord, il n’avait aucun droit de la forcer à consulter comme il l’avait fait mais s’il ne l’avait pas fait, qu’est-ce qu’il adviendrait d’elle ? Perdrait-elle un os, puisqu’apparemment sa ‘grippe’ lui avait déjà prit ce qu’il y avait à prendre ? Il était inquiet. Il ne pouvait pas s’en empêcher et qu’importe ce qu’elle dira, il la protégera et s’occupera d’elle maintenant ; dans une silencieuse promesse, il a juré à Jake qu’il compensera pour toutes ces années où il ne l’a pas fait. La porte s’ouvrit et il entendit des pas se diriger vers eux. Eddy ayant les sens en alerte, était déjà à moitié debout lorsque le médicomage demanda à Livia de le suivre. Il nota avec surprise que le médecin ne lui demanda pas d’attendre dehors alors même qu’il suivait Livia comme son ombre. Son anxiété s’accentua. Etait-ce si grave que cela pour que le médicomage autorise la présence d’un proche lors de la consultation ?

La pièce dans laquelle ils entrèrent était semi éclairée et peinte d’un bleu clair pâle fait sans aucun doute pour apaiser les nerfs des patients ; cela ne fit que le contraire pour Eddy, qui ne tenait déjà plus en place. Le docteur prit la parole et la nouvelle qui leur annonça fit l’effet d’une bombe ; Livia allait bien oui, si ce n’est que son appétit était latente, mais surtout elle ne mangeait pas assez pour deux maintenant. Eddy ne savait pas où se mettre, ni quoi penser, ni comment réagir et si sa tête tournait un peu trop pour une simple migraine, il ne le dit a aucunes des deux personnes présente dans la pièce. Livia était enceinte. Elle attendait un bébé, un enfant, comme celui qu’elle a malencontreusement perdu avec feu son meilleur ami Jake. Eddy ne put s’empêcher de regarder le ventre de la jeune femme quelques instants, les yeux ronds de stupéfaction. Il était presque intimidé. Il ne lui fallut pourtant pas longtemps pour se rendre compte de la situation actuelle et lorsqu’il chercha les yeux de sa meilleure amie, il les trouva embués de larmes et perdus dans le vide. Evidemment.
Le professeur compris bien vite qu’il devait prendre la situation en main, puisque visiblement, et ce n’était pas difficile à comprendre, Livia n’était pas en état de le faire. Elle eut à peine titubé quelques mots qu’elle se tut de nouveau, le visage rempli de désarroi. Eddy détestait la voir comme ça. Une grossesse était quelque chose pour laquelle elle aurait sauté de joie il y a quelques années en arrières et la voilà à présent, brisée et trahie par la vie comme beaucoup d’autres l’ont été, tremblant presque de tout son frêle corps. « Attendez, attendez… Docteur êtes-vous sûr de ce vous avancez ? Loin de moi l’idée de remettre en question vos compétences à… comprendre ce genre de choses mais enceinte ? Elle mange à peine ! Elle est dans un état lamentable que ce soit physiquement ou psychologiquement. Ça me parait presque alarmant qu’elle puisse encore… vous savez… porter un… » Il finit doucement sa phrase, ayant presque peur de brusquer la jeune femme à qui il lance de furtifs regards anxieux depuis tout à l’heure. « … un enfant. » Il fixa son regard pour de bon sur Livia et fronça les sourcils. Effectivement, l’arrivée d’un enfant dans cette situation tendue n’était pas vraiment prévue, ni attendue, et ce n’était surement pas une bonne idée d’en faire un tout cours, en fait. Livia avait l’air de plus complètement dévasté et ce n’était pas un petit bout qui allait lui faire un effet, il en est sûr ; cependant, si il s’avérait que les analyses du médecins soient exacts et qu’il n’a pas mal interprété une information, Eddy allait malheureusement devoir aborder le sujet du père et il pourrait le jurer à la Terre entière, il n’en avait pas envie, mais alors vraiment pas. Non, il n’était pas en colère que Livia ait refait sa vie, au contraire, il n’y avait rien de mieux que cela pour se défaire d’un traumatisme passé, du fantôme d’un amour d’autrefois. Non ce qu’il ne comprenait pas, c’était plutôt pourquoi il était là à sa place, pourquoi était-il le seul à s’inquiéter pour elle a en devenir malade et pourquoi était-il le seul à l’avoir forcer à voir un médecin ; et pour de bonnes raisons! Il était évident qu’il allait devoir une discussion avec cet homme avant de lui dire félicitation. En y repensant, Livia semblait lui cacher beaucoup de chose ; et s’il n’était pas du genre curieux à en vomir, il était très certainement possessif. Hors de question qu’il laisse qui que ce soit, envoyé par Merlin ou le Saint Esprit, faire du mal à Livia alors qu’il respire encore sur cette terre mais il pouvait difficilement faire quelque chose sans que son ami ne lui dises quoi que ce soit. Et ça, ça tuait Eddy de la pire des manières, il était dans une impuissance totale alors qu’il mourrait d’envie de réagir ; c’était presque de la torture. Eddy se retourna vers le médicomage, un regard dur sur son visage contrit. « S’il-vous-plaît, je sais que cela peut être une inconvenance pour vous, mais pourriez-vous… pourriez-vous juste revérifier ? Histoire d’être sur et certain. » Eddy avait de l’expérience avec le personnel de St. Mangouste, il les savait professionnel et extrêmement performant dans les travaille et s’il devait être honnête avec lui-même, il savait au fond de lui qu’il n’y avait que très peu de chance pour que le médicomage en face de lui ne se soit tromper. Cependant, il savait aussi à quelle point ils étaient compatissants et aussi, il ne doutait pas de leur bon-vouloir à satisfaire leurs patients, en particulier ceux qui sont au bord de la syncope dans leur bureau.

Eddy fit face de nouveau à Livia et tira sa chaise, sans trop d’effort évidemment elle était tellement maigre, de façon à ce qu’elle soit collé à la sienne. Il commença d’abord par essuyé les larmes traitresses des joues de son ami, un geste qu’il faisait beaucoup trop souvent en ce moment, et reposa sa tête contre la sienne après avoir embrassé le point le plus haut de sa tête. Son bras encadra naturellement ses épaules tandis que sa main libre enlaça la sienne. Eddy savait que lorsque Livia était dans cet état là, presque catatonique et absolument stupéfaite, il fallait du contact pour la refaire descendre sur terre. Il l’avait appris à ses dépends après le jour fatidique où elle lui avait annoncé la mort de Jake et de son enfant ainsi que ses traumatismes passés avec Jacob, qui n’a toujours pas intérêt à se montrer, au Trois-Balais. « Tu sais que ça va aller Livia. Je te laisserais pas dans ta galère, t’es pas seule. Tu m’as moi et t’as bientôt une famille maintenant. Un bébé… c-c’est pas magnifique ? » Un bébé. Le mot était presque Alien dans sa bouche. Il se demandait si il aurait la tête dans les nuages et les yeux remplis d’étoiles comme sa mère et un petit sourire se dessina sur son visage. Il l’espérait et il espérait que Livia l’espérait aussi. Une pensée vint cependant effacer ce sourire en un trait. Et si elle ne voulait pas l’enfant ? Bizarrement, cette pensée lui fit mal au coeur. C’est vrai qu’après tout, il l’avait pensé lui même, elle n’était pas vraiment en état et il ne savait même pas où était le père. Au fond de tout ce choc et cette frayeur, Eddy était ravi voir même euphorique de savoir qu’elle attendait un bébé. Mais toute cette histoire, ce n’était pas à propos de lui. Ce n’était pas son enfant ni son combat. Il était juste son meilleur ami et quelque soit sa décision, il la supporterait plus encore que de simple sentiment de tristesse et de pitié devant la possible ‘mort’ d’un enfant qui n’était même pas encore né. Sa prise sur ses épaules se fit plus forte, bien que cette fois il essaya de contrôler sa force. « Mais… tu peux choisir de t’en débarrasser, aussi.. Je te jugerais pas. Si ça va trop vite pour toi, c’est le meilleur choix à faire après tout. Je ne dirais rien, à personne. Personne ne sera au courant que tu en attendais un. Ce secret restera entre toi, et moi. Je te le promets Livia. » Et il le pensait. En fait, s’il y avait bien quelqu’un qui devait le penser, c’était lui et à ce moment même, rien d’autre n’importait que sa décision à elle. Il ne devait pas l’influer, juste être une présence encourageante et apaisante, il le comprenait bien et comptait bien l’être. Cependant, tandis qu’il soupira nerveusement dans les cheveux noisettes de la femme dans ses bras, il ne pouvait empêcher ce sentiment d’impuissance de revenir au galop dans son esprit, le narguant toujours et encore sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Et il le détestait.

La réponse confiante et ferme du médicomage l'avait presque apaisé. Tandis qu'il expliquait le pourquoi du comment de l'état de sa meilleure amie, Eddy sentait une étrange sensation de calme l'envahir. Après la tempête, venait le calme et il se contente de susurrer un simple « Ce n'est pas ma femme. » quand le médecin interprète mal leur relation. Livia est loin d'être son épouse, et il est loin d'être son mari. Le petit bout de femme dans ses bras était déjà bien endeuillé et le renouvellement de son amour était apparemment à l'hôpital après s'être presque vidé de son sang à cause d'un coup de feu, laissant la jeune femme encore une fois dans un désarroi prenant. Comme quoi, certaines personnes étaient mal lotie en amour et malheureusement, c'était tombé sur Livia. Sa Livia. Ton petit bout de bonheur, une femme qui ne ferait pas de mal à une mouche tant qu'on ne tendait pas le bâton pour se faire battre, une amie qu'il a longtemps détesté pendant quelques années et qui est devenue la principale incarnation de son regret lorsqu'il est revenu en Angleterre après des années à s'être exilé – elle et Ishan. Ce qui te frappe le plus dans cette histoire, c'est le temps qui a fallu pour se rendre compte de la grossesse. Quatre mois. Quatre long mois, où le petit bout de chou grandissait lentement dans le ventre de son ami. C'est presque le temps qu'il faut pour connaître son sexe et cette information est hallucinante aux yeux de Eddy. Bien sûr, il avait déjà entendu parler des dénis de grossesse, mais jamais, oh grand jamais il n'aurait imaginé que ça arriverait à un de ses proches. Comme quoi.

La jeune femme sursaute lorsqu'il lui propose de l'enlever, et lui demanda pourquoi elle enlèverait un bout de l'homme qu'elle aimait. Cette réponse le rassura au plus haut point. Autant il aurait respecter le choix de son amie si elle avait décider de le faire, autant il ne supporterait pas l'idée de savoir qu'elle s'enlevait encore une fois le bonheur d'une maternité parce que le temps à sculpter et forger sa peur. Il savait bien au fond de lui que Livia avait toujours voulu être une maman. Eddy n'irait pas jusqu'à dire que c'était dans ses gènes mais depuis l'ère Jake, il savait qu'elle aimerait avoir un enfant ; et c'était dans son droit ! Eddy était persuadé qu'elle ferait une mère formidable, plus encore que ce qu'elle ne le pensait. Il retint cependant son envie d'en savoir plus concernant « Étienne », ne voulant pas plomber encore plus le moral de son ami. Elle n'avait pas besoin de savoir à quel point Eddy était perplexe au sujet de son amant actuellement ; ce sera un sujet pour un autre jour.

Le médicomage s'excuse et Eddy le remercie en partant. Il sent Livia se tendre à ses côtés et lorsqu'il se retourne, ses prunelles sont dans les siennes, son visage toujours aussi humide ; il sent qu'elle va paniquer, les années passées à ses côtés lors de leur époque à Poudlard lui ont appris à développer une sorte de radar à ce sujet. Et il a raison. Les paroles affluaient, toutes aussi négatives les unes que les autres, et toutes dégradant la personne la personne qui les disaient. Un soupir nasal et un nouveau passage de ses mains sur les joues de la belle plus tard et Eddy était accroupis en face d'elle, ses mains dans les siennes. Elle était tellement petit qu'au final son visage était en face du sien, à quelques centimètres près. « Eh eh eh ! Calme toi, calme toi Livia. » Sa voix était chaude de l'affection qui lui vouait et il lui fit un sourire rassurant, libérant une de ses mains pour passer la paume de cette dernière sur sa tempe, où il caressa ses cheveux quelque peu en bataille. « Qui te dis que tu es seule ? Je suis là Livia, je serais toujours là pour toi, n'oublie pas ce qu'on s'est promis à mon retour. Je serais à tes côtés, toujours. La situation avec... Étienne finira par s'arranger et n'ose même pas insinuer que tu dégoûtes Jake, ce serait salir sa mémoire et insulter mes goûts en amitié. Tu sais que je suis susceptible à ce sujet alors attention, c'est pas parce que tu es enceinte que t'échapperas à la fureur d'Eddy le Grand. » Il ricana. Il ne le pensait pas vraiment, évidemment, la seule chose terrible qu'il pourrait lui faire c'était de la prendre par surprise et de la chatouiller, mais il devait absolument détendre l’atmosphère. Il sentait les muscles tendus de son amie sans même les toucher et Eddy pensait déjà au bébé qui grandissait dans son ventre. Ce n'était pas bon pour lui, ni pour elle d'ailleurs. Il continua. « Qui ne serais pas fier de ce petit bout de femme que tu es devenu, Livia ? Tu es forte, plus forte qu'avant, et maintenant tu vas devoir l'être encore plus parce que tu n'es plus toute seule. Tu as un bébé maintenant, et cela fait quatre mois qu'il demande ton attention, tu crois pas que c'est le moment de lui donner, à toi et à lui d'ailleurs? Il est peut-être temps que tu lâches prise Livia. Je suis là pour te rattraper, arrête d'avoir peur maintenant. Tu es trop dur envers toi même et regardes-toi ! Tu penses déjà au négatif et ignore complètement le positif. Tu. Vas. Avoir. Un. Bébé. Avec l'homme que tu aimes, tu l'as dit toi même. Il n'y a pas meilleur récompense non ? On trouvera une solution à tout tes maux, mais on est déjà mal parti si tu te contentes d'avoir peur et de brouter sur les champs du désespoir. Je te le répéterais jamais assez mais je suis à tes côtés, j'ai aucune raison de partir – sûrement pas maintenant – alors détends toi, d'accord?  » Ça faisait du bien, de dire ce qu'il avait sur le cœur. Ça faisait un moment qu'Eddy pensait à tout ça et il mentirait s'il disait que ça ne lui pesait pas sur le moral; Livia était importante après tout, et tout ceux qui lui sont importants passent premier dans sa vie. Maintenant qu'il savait qu'elle ne courait aucun danger et qu'encore mieux, elle allait avoir une nouvelle addition dans sa vie, sa conscience était quelque peu apaisé. Évidemment, ces mots venant du fond de son cœur n'allait pas faire disparaître le poids qu'il avait sur son cœur cumulé en voyant la santé de Livia se détériorer, mais il espérait faire comprendre à son amie qu'il fallait se ressaisir. Bien sûr, qui dit Eddy dit drame après le sérieux. Il continua, prenant un ton léger et dramatique. « T'imagines ? Un mini-toi ! Je crois que ce qui va être le plus dur dans cette grossesse, c'est de rester en ma présence. T'es même pas prête à me supporter Livia, je vais sécher mon compte en banque juste pour lui. Ou elle. Oh mon dieu, une fille. Ça pourrait être une petite princesse ! Aaaaah, j'arrive pas à y croire, toutes ces années de dur labeur pour que je finisse SDF à cause du petit lutin de ma meilleure amie. Même pas mon propre gosse, j'espère que t'es satisfaite ! Une honte ! Un affront ! Tiens, tu sais quoi ? Quand on va rentrer on va se faire un festin ! Ouais, on va bouffer pour trois, puisqu'on est trois, et t'as pas le droit de me dire non ! » S'il pouvait communiquer son extase à Livia, il était sûr qu'elle en exploserait. Malheureusement, ou heureusement, il ne pouvait pas le faire, alors il se contenta de faire ce qu'il savait faire de mieux : exprimer par la parole. Mais aussi par les gestes. Il se redressa un peu et la prit dans ses bras, faisant bien attention de ne pas lui faire mal et de ne pas serrer trop fort. Tempe contre temps, il murmura à son oreille. « C'est peut-être un signe, tu crois pas? Il est peut-être temps de faire notre deuil Livia. Définitivement. »

Même si elle paraissait faites de cristal, même si elle était frêle dans ses bras, même si un coup de vent semblait pouvoir la faire tomber, son étreinte était chaude. Il sent le bout de son nez gelé par les larmes titiller son coup et penche légèrement la tête contre la sienne pour éviter que les guillis viennent titiller sa peau ; il manquerait plus qu'il ruine le moment en se tortillant comme une anguille. Il sourit lorsqu'elle lui demande si c'était Jake qui avait envoyé le bébé et se retient de faire la remarque dénuée de tact qu'apparemment c'était plutôt un certain Étienne qui leur avait fait cadeau d'un petit lutin. Ce n'était peut-être pas le moment de faire du sarcasme. « Ouais. Ouais c'est bien son genre à celui-là. Je suis sûr qu'il sourit de là-haut en nous observant sur son p'tit nuage. Il doit bien se marrer aussi d'ailleurs, Serpentard un jour Serpentard toujours. Mais au-delà de tout ça, j'suis sûr qu'il est heureux pour nous. Il a toujours été en paix quand il nous savait satisfait de son vivant. Et puis, c'est pas moi qui lit dans les étoiles mais elles semblent briller plus que d'habitude ces derniers temps. » Il se détache légèrement d'elle, restant tout de même à proximité et caresse l’auburn de ses cheveux. Ils étaient doux, comme leur propriétaire. « Alors on va aller de l'avant. Ensemble. On va laisser le dur passé et la douleur derrière et on va vivre le présent avec le lutin. On va lui donner la meilleure vie possible, tu vas voir ! Et pour ça…  » Il lui touche le bout du nez et fronce les sourcils, feignant la colère. Il lève un doigt devant son visage. « Il faut que sa maman soit heureuse. Un bébé, ça ressent tout ce que sa mère ressent. Alors plus de stress mademoiselle. » Son visage se détends rapidement et il tire la langue en ricanant. Soudain, il semble pâlir et ses yeux deviennent aussi rond que ceux d'un ornithorynque. « Attends attends attends attends attends, t'as bien dit parrain ?! Moi être parrain ?!  »