Est-ce que vous avez déjà entendu le cri d’un goret qu’on égorge ? Non ? C’est vrai que c’est peut-être pas le cri qu’on entend le plus souvent en temps normal, sauf si on a des parents éleveurs de cochons ce qui n’était pas le cas d’Elise hein. Pas de gorets dans la famille, une grenouille ça ouai mais pas de goret, pas encore. Puis d’ailleurs il n’y avait pas de goret dans l’école, en théorie, personne n’avait encore vu débouler un petit animal avec la queue en tirebouchon couiner parce qu’il était poursuivi par qui ou quoi que ce soit. D’où venait donc cet horrible bruit ? Ah c’est une très bonne question, c’est même la question que se posait Elise dans la curiosité dans ce monde n’est plus à prouver. A quel moment l’université avait basculé ? Personne ne l’avait mise au courant que c’était une école de cinéma et que d’après ce qu’elle pouvait entendre un cochon se faisait égorger en musique.

« Tu viens avec moi ? On va voir ce que c’est que ce bruit bizarre ? »

Oui alors peut être que du coup, elle avait loupé quelques phrases de Sélénya, ça va c’est pas qu’elle ne s’intéressait à ce que sa camarade disait, c’est juste qu’avoir le bruit d’un cochon qu’on égorge dans les oreilles mais c’est carrément impossible de se concentrer. Il manquerait plus que ce soit un membre de sa merveilleuse promotion de gros boulets, en vrai ça ne serait pas étonnant que ce soit ça, elle les avait en si basse estime les gens de sa classe qu’il valait mieux ne plus être surprit, ah parce que c’état du très haut level cette classe.
Quant à la question tu viens avec moi, c’était du Elise pure souche ça, le courage, si elle savait très bien sa définition dans le dictionnaire, pour ce qui était de la mise en pratique, zéro sauf quand sa vie était en jeu là oui l’instinct de survie la rendait courageuse. Il faut quand même reconnaître qu’un goret ce n’est pas ce qu’il y a de plus dangereux au monde mais bon à deux c’est mieux hein, sait-on jamais, un goret-garou pour sûr que ça doit exister et Elise ne voulait pas le rencontrer mais la curiosité était plus forte.

Elle s’avançait donc vers le bruit en question, pas loin de sa camarade, se retenant vraiment de lui attraper la main, au cas où c’était dangereux, en plus il faisait sombre dans cette partie de l’école, normal qu’Elise flippe. Sauf qu’attraper la main de Sélénya, c’était risquer qu’elle flippe – si ce n’est taper Elise-. Si elle flippait et qu’elle sursautait, Elise allait encore plus flipper, non mauvais plan, à la limite peut être se glisser discrètement derrière elle ? Ouai non ça se fait pas on est d’accord. Surtout que c’était un peu de la faute d’Elise si elles étaient dans ce genre d’endroit. Il faut comprendre qu’Elise est une curieuse de base et qu’après avoir essayé de visiter le château avec un peu tout le monde, une fois balancée dans un nouveau lieu pour les études, il faut bien le visiter. Si pendant les premiers mois, Elise avait beaucoup d’autres occupations et que c’est surtout la feignasse du siècle quand il s’agit de bouger ses fesses. Aujourd’hui, grand miracle elle avait envie de bouger et qui de mieux pour partir à l’aventure – et quelle aventure attention – que Sélénya ? Si tout un tas de prénom vient à l’esprit, c’est normal mais bon la dernière fois qu’Elise était partie à l’aventure avec quelqu’un, elle avait fini par dormir à la belle étoile donc elle en était arrivée à la conclusion qu’il valait mieux une partenaire digne de confiance Oui bah désolée Enola ^^ qui ne risquait pas de l’entraîner dans des plans encore plus dangereux. En plus motiver Sélénya, hyper simple, enfin faut dire que c’est du haut level de gentillesse bon sauf quand par malheur Elise lui sautait dessus pour un câlin, là étonnamment elle sortait de la case gentille. Depuis ce malencontreux accident, Elise faisait gaffe à toujours respecter ses distances de sécurité pour ne surtout pas stresser sa camarade et en toute honnêteté – et vantardise – elle s’en sortait grave bien, jusqu’à aujourd’hui où les distances étaient quasi nulles.

Comment dire que la mission coupa court quand les deux demoiselles tombèrent sur le goret en question. Ah non mais clairement, c’est quoi cette voix, Elise le fixait en clignant des yeux, incapable de dire le moindre mot. Il y a des gens à qui il faudrait tout simplement interdire de chanter. Tout d’un coup Elise comprenait mieux pourquoi son père, qu’elle avait quand même cordialement détesté ce jour-là, avait balancé sa flûte dans le jardin. Si elle jouait aussi bien de l’instrument que le préfet en chef chantait, ça expliquait beaucoup de choses. Même si franchement, Elise était convaincue que son père y mettait de la très mauvaise volonté, elle était douée, c’est juste une note qu’elle avait foiré, lui il avait bien foiré l’héritage de la famille, quel égoïste, c’était à cause de lui et de son manque d’élocution que les jumeaux se retrouvaient sans une immense fortune – oui et d’un grand père casse bonbon mais le grand père casse bonbon il a pas jeté la merveilleuse flûte de la future Chopin du 21ème, père indigne -. Pour en revenir à Hyacinthe et oublier Elise et ses rêves de flûtiste, pas de doute si un jour il voulait se lancer dans une carrière de doubleur, oui pour un sorcier c’est peut-être pas le choix de carrière numéro un mais dans l’hypothèse où il voulait rater sa vie, Hollywood allait se l’arracher, Hyacinthe le grand doubleur de goret qu’on égorge. Est-ce qu’il fallait lui demander un autographe au cas où il perçait, ouai non mauvaise idée, il allait croire qu’il chantait bien, pour sûr que ça faisait des années que tout le monde lui mentait et Elise c’est pas qu’elle ne savait pas mentir c’est juste qu’elle ne voyait pas l’utilité d’enjoliver la réalité, surtout dans ce cas de figure, ça faisait mal au crâne. Elle poussa légèrement du pied Sélénya avant de lui murmurer.

« Il nous a pas vu, viens on se tire. »

Non mais après il allait croire elles étaient des fan et Elise était plus fan du fait de l’étouffer pour qu’il arrête de lui briser les oreilles qu’autre chose.

Hyacinthe, on sait que t'es occupé avec ta fac et tout le reste en Angleterre, mais t'aurais moyen de nous pondre un truc pour le single ? Qu'est-ce qu'ils feraient sans moi. Je ne suis pas officiellement parti du groupe. Je n'ai pas non plus officiellement arrêté la musique. J'ai juste abdiqué face à ma mère pour rentrer au Royaume-uni et reprendre de études sérieuses. Mais je n'ai jamais dit que je laisserai tomber ma passion. Maintenant avec l'internet moldu, on peut s'envoyer des trucs à distance, pour travailler ensemble sur la musique, sans être dans la même ville ni le même pays. Il faut que je me sorte les doigts des fesses, puisqu'on essaye de sortir un single et de prévoir une tournée cet été peut-être. On va bien voir qui veut de nous en Norvège, ou au Royaume-uni. Je vais devoir me renseigner pour ici, mais j'peux toujours poser la question à la vieille MacGillian à Glasgow, j'vais souvent me saouler dans son bar après tout quand je suis là-bas.  

J'ai pas mal de travail en ce moment avec la fac. Mais ENFIN j'ai un petit moment de libre cet après midi. Normalement j'aurais du réviser à la bibliothèque avec Uta. Dans le silence le plus total, sans que nous nous adressions la parole pendant des heures. On pourrais croire de l'extérieur qu'on ne s'aime pas, mais nous apprécions tous les deux ces moments de calme à réviser chaque un dans notre coin. Dès fois, il me demande de lui expliquer un mot qu'il ne comprend pas dans un texte, l'anglais n'étant pas sa langue maternelle. Mais autrement, on a le nez dans un bouquin et on s'ignore l'un l'autre. C'est sans doute bizarre pour les autres, qu'on ne fasse pas comme d'autres couples qui vont à la bibliothèque pour se rouler des galoches dans un coin un peu planqué.

Mais aujourd'hui, j'ai annulé notre petit rendez vous : désolé, je vais pas pouvoir. Je dois bosser quelque chose à la guitare et je préfère être seul avec ma créativité. J'ai demandé à Madame O'Hara, directrice de Poufsouffle et professeur d'arts, si je pouvais emprunter la salle de musique cet après midi, puisqu'il n'y a pas cours. Elle n'y a pas vu de problème, si bien que me voilà installé là-dedans, avec ma guitare trafiquée. L'électricité ne fonctionne pas ici, mais c'est hors de question que je joue sur une guitare sèche. Comment vous voulez avoir un son typique du black avec une acoustique ?... Nan, impossible. Si bien que j'ai amené ma gratte électrique dans un magasin de musique sorcier pour pouvoir l'ensorceler et la rendre utilisable sans électricité moldu.

Assis sur une chaise, je commence à m'échauffer les poignets, à revoir l'accordage minutieusement. J'y passe une bonne vingtaine de minutes, rien que pour m'assurer que tout sonne comme il faut, mais aussi pour me détendre le cartilage et pouvoir jouer rapidement. On ne fait pas du doom, le black, c'est rapide et nerveux, il faut un bon coup de poignet. Sans mauvais jeux de mot, je vous vois venir. Une fois correctement échauffé, voilà que je commence à m'échauffer la voix aussi. Je suis loin d'être un professionnel, je le sais bien. En bon rat de bibliothèque, j'ai surtout lu des livres pour apprendre à chanter, ou du moins à faire du bruit. Si je suis capable de chanter correctement et normalement, vu le style de musique, je suis plus habitué à pousser des hurlements dignes d'un démon. Ou d'un phacochère selon mon père. Mais il n'y connaît rien celui-là de toute manière.

Mon parchemin sous les yeux, me lunettes sur le nez pour y voir clair, voilà que je commence à pratiquer ce que j'ai commencé à écrire. J'essaye de caler comme il faut les paroles sur la partie de guitare, sur le rythme. J'improvise différents cris, pour coller le mieux possible et me voilà donc hyper concentré à hurler comme si j'étais possédé. Du moins ça doit ressembler à ça de l'extérieur. Puisque j'entend quelqu'un rigoler. Je me stope donc et relève les yeux pour voir qui se fout de ma gueule. Deuleustan et MacMillan. Je hausse un sourcil, les regarde toutes les deux et pose ma guitare en croisant les bras sur mon torse. Je me racle la gorge et décroise aussi les jambes pour m'asseoir normalement sur ma chaise:

« Un problème, les filles ? » Je préfère demander, faire comme si de rien n'étais. Faut pas que je me laisse démonter, j'sais bien que c'est particulier comme style musical et que ça ne plaît pas à tout le monde. Loin de là, c'est une minorité qui écoute ça. Je connais assez MacMillan pour savoir que c'est pas vraiment son truc. Du rock ok pourquoi pas mais ça c'est vraiment trop agressif pour ses oreilles je suppose. Deuleustan, j'en sais rien. J'dirais que c'est pas son truc non plus, vu la tête qu'elle fait. « J'suis ravi que ma musique vous apporte... De la joie. C'est pas trop la réaction habituelle des gens, de rigoler, en général ils se tapent dessus ou bougent la tête en rythme. Mais au moins... ça vous fait passer un bon moment. »

Mais non… mais c’est quoi cette pote en carton… Quand Elise proposait de filer en douce, c’était clair dans sa tête, uniquement dans la sienne du coup, il fallait être discret et là Sélénya mais elle était tout sauf discrète, donnant envie à Elise de plaquer sa main sur ses lèvres pour qu’elle arrête de se bidonner… Elle se moquait d’elle là on est bien d’accord ? Elise roula des yeux en l’écoutant se bidonner, résistant tant bien que mal à l’envie de lui dire que son but à la base c’était quand même de trouver un goret, pas un chanteur en carton. Sans oublier le fait que maintenant, vu comme Sélénya faisait de gros efforts pour se faire discrète, c’était foutu.
Son regard se rempli d’incrédulité sous la question de son amie, pas exactement... elle n’était certainement pas venue pour jouer les groupies de Hyacinthe, elle ouvrit la bouche pour nier les faits et expliquer sa vision des choses sauf que c’était inutile, elle ne ferait que s’enfoncer davantage et puis elle n’avait pas envie que l’expression mort de rire devienne réelle et que Sélénya y passe. Elle se contenta donc de la regarder essayant de se la jouer hypnotiseuse – un échec cuisant – pour qu’elle arrête de les faire remarquer. Tout ça jusqu’à la phrase suivante de la blondinette qui fit déglutir longuement Elise. Oh, la boulette, effectivement, maintenant que sa camarade le lui faisait remarquer, elle l’avait empêché de terminer son histoire pour l’entraîner à la recherche d’un Hyacinthe définitivement beaucoup trop motivé pour exploser les oreilles d’Elise… ça devait être un pote à Adèle et Siobhan, les deux briseuses d’oreilles en puissance – bien qu’Elise n’ait pas vraiment grand-chose à leur envier dans ce domaine – Une expression penaude se peignit donc sur ses traits tandis qu’elle lui glissait le plus sincèrement du monde « Je sais, je suis désolée. » Elle fit marcher sa mémoire quelques secondes afin de se souvenir du sujet de la conversation en question, secondes qui furent fatale puisque l’autre chanteur de pacotille trouva que c’était pile poil le bon moment pour s’arrêter de chanter, bah oui après les oreilles, c’est génial de casser les pieds.

Un problème qu’il disait ? Ah mais non pas le moins du monde, avoir un chanteur comme ça dans l’école c’était un bonheur voyons… Elise poussa un soupir découragée d’avance, puis se tourna vers Hyacinthe puisqu’il se mêlait à a conversation, non sans avoir glissé à son amie auparavant « Mais si j’écoutais, c’est juste qu’il y avait un bruit formidable, je m’en serais voulu de louper ça. Tu me diras ce que machin t’a demandé après ? » Bon d’accord, elle écoutait dans les grandes lignes, la faute à Hyacinthe, oui parce qu’il faut toujours accuser les autres, c’est la règle.
Mauvaise idée, très mauvaise idée que de se tourner vers lui, qu’est ce qu’il était en train de sortir comme bêtise celui là encore ? Son cerveau il avait explosé à force d’écouter sa voix de crécerelle… ou alors tout le cerveau de la famille Chang avait été donné à Nymphéa… fort probable pour le coup. Ah non mais qu’il se méprenne pas, c’était pas du tout de la joie qu’il apportait aux gens si Sélénya rigolait… et empêchait au passage toute retraite d’Elise, c’était juste parce qu’elle devait s’attendre à un truc de folie. Avec un sourire purement factice sur le visage, Elise répondit à Hyacinthe.
« Aucun problème, on se baladait. »

Même pas envie de mentir et de faire croire qu’elle avait entendu de la musique et qu’elle avait décidé de venir, si ça c’était de la musique et bien ça promettait. Il fallait qu’elle en parle à Nymphéa quand même, parce que la pauvre tout ce qu’elle devait subir, Elise était bien contente qu’Amaury soit doué avec un instrument et qu’il ne se soit jamais dit qu’il allait devenir chanteur. En même temps, elle l’aurait sûrement étranglé. Pour en revenir à Hyacinthe… ce mec n’était quand même pas net du tout, il faisait donc de la chanson pour pousser les gens à se battre ? D’accord, chacun ses priorités dans la vie. Elle fronça les sourcils avant de secouer négativement la tête. « Non ça me donne pas envie de taper Sélénya ta musique. » Par contre de le taper lui, ouai ça ouai, mais ça ne se dit pas trop à haute voix. Si elle avait su que c’était lui ce bruit de goret, nul doute qu’elle aurait écouté l’histoire d’Austin. Puisque maintenant il était trop tard pour fuir, merci Sélénya hein, pouvait pas la boucler elle aussi ? Elise pouvait poser des questions, non parce que du coup, elle en avait des tonnes des questions.

« Tu t’es déjà produit en public ? Les gens se tapent vraiment dessus quand tu chantes ? Tu trouves pas ça un peu bizarre si tu fais de la musique et que tout le monde se tape dessus ? Tes parents le vivent bien d’avoir un… artiste dans la famille ? »

Allez c’était parti, la machine à question était en marche. Elle glissa néanmoins un regard à Sélénya, essayant de lui demander silencieusement si elle était la seule à trouver que le combo musique+ chant du préfet était une véritable catastrophe ? Non parce que si ça se trouvait Elise n’avait pas du tout l’oreille musicale – enfin en même temps à cet instant précis, elle n’avait plus d’oreilles du tout – et tout le monde sans exception trouvait que Hyacinthe s’en sortait à merveille. Purée dommage qu’elle n’ait pas enregistré ce fiasco, elle aurait fait écouter à Amau pour savoir s’il pensait comme elle. Pour le moment, elles s’en sortaient bien les minettes, il ne les prenait pas pour des fans et il ne voulait pas leur faire un concert privé suite à la réaction de joie de mademoiselle Macmillan… Heureusement parce qu’Elise n’était pas sûre de pouvoir supporter ça, surtout qu’à la base si Sélénya rigolait, c’était uniquement pour se payer la tête de son amie, c’était certainement pas une réaction au talent de Hyacinthe… et quel talent rappelons-le. Est-ce que c’était encore faisable de fuir en courant et de les laisser tous les deux ensemble… entre fan de musiques ?

Finalement je ne connais pas très bien Deuleustan, qui m'affirme qu'elle n'a pas envie de taper Macmillan. En soi c'est une bonne chose, puis dans les mosh ce sont plutôt des garçons que des filles. En général, on les sort de là pour ne pas qu'elles se fassent mal. On dirais pas comme ça mais la majorité des gars brutaux en concert sont en fait très bien élevés et gentils en vers la gente féminine. Sauf une fois où j'ai arrêté le concert, que je me suis énervé, que j'ai gueulé parce que des abrutis foutaient la merde et ne relevaient pas ceux qui tombaient dans le pit. On relève toujours les gens, et on éloigne les filles si elles se sont retrouvées là-dedans sans le vouloir. Le reste, ils se démerdent, mais ces deux règles là sont importantes et j'y tiens. Macmillan non plus ne veut pas taper Deleustan. Normal entre amies me direz vous, d'un point de vue extérieur. Mais vu le contexte... Ce sont les amis qui se tapent dessus, voire carrément les frères. Je hausse un sourcil surpris au flot de questions de la serdaigle et soupire en passant une main dans mes cheveux : « Premièrement, nous allons dire que c'est culturel de se taper dessus. C'est une dance un peu brutale qui va avec ce type de musique. Ensuite, oui je me suis déjà produit en publique, plus d'une fois, avec mon groupe l'année dernière en Norvège. Et Troisièmement, ça va. Mes parents veulent juste que j'ai quand même un diplôme pour assurer mon avenir, au cas où la musique ça ne fonctionne pas. » J'ai un peu menti sur le dernier point. Maman ne m'a pas vraiment laissé le choix, si ça n'avais tenu qu'à moi, je serais resté là-bas pour continuer ma carrière.

Je me retourne ensuite vers la Poufsouffle, que pour le coup je connais un peu mieux. Quoi que, j'en doute maintenant. Nous nous sommes éloignés, nous avons tous les deux grandi et changé. Alors est-ce qu'on peut dire qu'on est encore amis depuis le temps ?... « Macmillan... Tu risque encore de dire que je suis un Monsieur je sais tout. Mais petit cours express, très simplifié. Ce que je jouais là ça s'appelle du Metal. Du Black metal même. C'est un courant de musique extrême, le descendant du punk et du rock. Il y a des concerts, des CDs, des groupes un peu partout à travers le monde. Et aussi bien des groupes sorciers que moldus, tout le monde en fait. Est-ce que ça te parle le vieux groupe de rock qui s'appelle les Bizar sisters chez nous les sorciers ?... Ce que je fais, c'est un peu pareil mais en trois fois plus violent et agressif au niveau du son. C'est une manière de s'exprimer. Contrairement à la pop et aux chansons tristes d'après rupture avec une voix toute douce, moi je hurle comme un hystérique pour manifester la douleur que tu ressent dans ces moments-là. C'est plus réel. Plus brute. On n'a pas vraiment de filtre dans le metal. Surtout pas pour les émotions. » Hyacinthe Chang, connu pour être aussi souriant qu'un détraqueur et froid comme la banquise qui parle d'émotions. Oui c'est un peu étrange je suppose. Je m'étire les doigts et le dos, un peu engourdi après avoir joué dans une mauvaise position sur mon tabouret.

« C'est peut-être pas joli comme manière de chanter, mais c'est réel. Vous n'avez jamais eu envie de hurler comme ça quand vous aviez mal ? » Mon regard se tourne vers l’aiglonne et je rajoute très sérieusement en la regardant droit dans les yeux : « Et par mal j'entend mal au cœur, mal à l'âme. Pas mal parce que tu t'es cogné l'orteil dans un pied de table basse. » L'idéal c'est qu'elles n'en aient jamais eu envie toutes les deux. ça voudrais dire qu'elle n'ont jamais vraiment souffert et en un sens c'est tout le mal qu'on peut leur souhaiter, d'être heureuses dans leurs vies. Mais la vie de quelqu'un n'est jamais parfaite. Certains sont assez chanceux pour avoir une majorité de bons moments, mais une vie avec seulement des sentiments positifs ça n'existe pas. Tôt ou tard, on va tous souffrir de quelque chose. On va perdre un proche, on va connaître une rupture, on va se retrouver bloqué et frustré dans une situation... On va éprouver de la colère aussi. Alors oui, je leur ai peut-être bien cassé les oreilles si elles ne sont pas habituées c'est sur. Mais je sais aussi chanter calmement, si besoin. C'est juste que là, la chanson ne s'y prêtais pas vraiment puisque je parlais de mon ex. Petite vengeance personnelle, j'avoue.Mais j'ai très mal digérer tout ce qu'il m'a fait. Encore moins quand j'ai vu qu'il avais retrouvé une copine, qui me ressemble beaucoup. Blonde, les cheveux longs, un peu le même look. La différence c'est qu'elle a un gros bonnet D. Et que cette grognasse, elle ne pourras pas lui cuisiner des nouilles sautées aussi bonnes que les miennes, dont il raffolait. Il n'avait qu'à pas me plaquer. Il n'avait qu'à assumer d'aimer être avec un mec.  Connard. Soudainement inspiré pour ma chanson par de nouvelles injures, j'attrape ma plume et écris quelques mots sur mon petit carnet avant de les oublier. Hyacinthe et ses petites notes... Oui, beaucoup de gens à l'école m'ont déjà vu faire ça. Je note toujours tout, de peur de ne pas m'en souvenir. Parce que ça peut servir pour plus tard. Je ne sais pas combien j'ai rempli de pages depuis ma première année, mais dans mes notes je pourrais surement retrouver un moyen mnémotechnique pour la potion contre furoncles étudiée au premier semestre de potions en première année. Je suis une personne organisée. Chaque carnet a une utilité, je ne mélange jamais mes pensées de cette manière-là !

« J'ai conscience, que c'est un peu particulier et que ça ne va pas plaire à la majorité des gens. J'ai conscience que je deviendrais pas hyper connu. Mais je reste fidèle à moi-même au moins, et c'est le plus important. D'ailleurs, je ne sais pas faire que hurler si vous vous posez la question. »

Mais quel humour formidable mademoiselle Macmillan, Elise lui glissa un regard noir en l’entendant dire qu’elle savait se montrer très drôle, ce n’étais pas le but recherché. Ouai, elle pouvait bien essayer de l’acheter avec des clins d’œil mais non Elise n’était pas satisfaite de devoir se coltiner un chanteur de pacotille. Enfin, la mauvaise humeur de la blondinette lui passa rapidement puisqu’elle suivit sans la moindre hésitation Sélénya, l’observant pendant qu’elle allait tripoter tous les instruments. Elle savait jouer auquel ? Tous peut-être, un chanteur et une musicienne, Elise se dandina sur elle-même, mal à l’aise, elle ne savait rien faire de tout ça, à cause de papa, bien entendu toujours rejeter la faute sur quelqu’un, la base pour vivre positivement. Un hochement de tête répondit à la première phrase de Sélénya, oui vraiment, elle n’avait pas envie de la taper, puis ce fut un sourire plein de tendresse qui répondit à la phrase numéro deux.

Avant même que Hyacinthe ait eu le temps de répondre aux questions, très peu nombreuses, d’Elise, Sélénya se joignit au jeu des question faisant rouler des yeux Elise. Ah non mais vraiment, sa culture avait beau être déplorable, non mais c’est vrai quelqu’un qui n’a jamais vu un dessin animé disney mais il a complètement foiré sa vie. Bon après, Elise n’y connaissait pas grand-chose en musique, elle devait bien reconnaître que pour ce qui était de la musique classique c’était une quiche et alors pour la musique que faisait Hyacinthe, c’était encore pire, jamais elle n’avait entendu ce genre de musique chez elle ou chez ses grands-parents. Cette pensée la fit même sourire, ses pauvres grands parents s’ils écoutaient ça, elle les imaginait que trop bien et c’est fou mais ce n’était pas une expression d’extase qu’elle imaginait sur leurs visages. Elle répondit à la demoiselle inculte des moldues « En tout cas, ça ne s’écoute pas chez moi. » Merci Elise pour cette participation, le monde ne s’en porte que mieux .

D’où il haussait les sourcils le préfet en carton là, pour une fois que quelqu’un faisait l’effort de lui poser des questions sur sa musique douteuse, ça donnait pas du tout envie de se renseigner. Néanmoins, il fit quand même l’effort et quel effort, de répondre aux questions de la petite curieuse. Ah… c’était culturel de se taper dessus, génial, ils étaient culturellement diminués mentalement, si ça c’est pas la classe. Elle l’observa complètement paumée en l’entendant dire qu’il s’était produit plusieurs fois, ah donc sa musique plaisait à des gens. Et bien Elise était surprise, ce n’est pas pour autant qu’elle lui demanderait des autographes, mais quand même, drôle de surprise… Si lui il réussissait dans la musique et bien Amaury allait être une véritable star. Néanmoins, elle comprenait parfaitement les parents du jeune homme, tous les parents voulaient que leurs enfants réussissent, il y avait donc une logique derrière ça et puis ils devaient avoir entendu Hyacinthe chanter et se dire qu’oulalah il valait mieux qu’il fasse autre chose.

En revanche, ce fut la phrase suivante qui fit tiquer Elise. Certes les paroles ne s’adressaient pas à elle mais à Sélénya, il n’empêche que c’était bel et bien le cœur d’Elise qui venait de louper un battement avant de se serrer douloureusement. Si elle pensait de Hyacinthe qu’il était un monsieur je sais tout, que pensait elle d’Elise ? Cette interrogation la fit louper le précieux cours de Hyacinthe, cours durant lequel le regard de la demoiselle de Lestang ne quittait plus la silhouette de son amie, incertaine.
Elle secoua la tête afin de se connecter de nouveau au temps présent, aux propos de Hyacinthe, arrivant même à sourire en l’entendant dire que sa musique était un peu plus agressive, que quoi aucune idée mais un peu il était bien gentil, c’était horrible ce truc. Elle pencha la tête avant de demander, pour vérifier qu’elle avait bien compris tout ce qu’il était en train de dire.

« Donc toi quand tu ‘chantes’ c’est pour exprimer ta peine ? Très intéressant, je voyais pas ça comme ça. A mon avis, le chocolat noir reste malgré tout, la valeur sûre en cas de rupture. »

Encore une fois, tout le monde pouvait remercier Elise et sa façon de voir les choses, c’est vrai que niveau rupture, c’était une experte avec zéro rupture à son compteur, aucune excuse pour manger du chocolat noir de son côté, elle répétait juste ce qu’elle avait entendu, n’ayant pas la moindre idée de si ça fonctionnait, glissant même un regard vers Sélénya si elle était plutôt d’accord ou plutôt pas du tout d’accord.
A la question suivante, Elise n’avait pas forcément envie de répondre oui. Alors rupture amoureuse, d’accord elle était pitoyable et ne pouvait même pas imaginer ce que ça pouvait faire. En revanche pour la douleur physique dû à tout un tas de truc, par exemple aux poumons en feu parce qu’elle avait trop couru et bien non, elle n’avait pas envie de hurler, déjà parce qu’elle avait besoin de reprendre son souffle et que c’est compliqué en hurlant. Par contre insulter tout le monde, à ça oui mais bon déjà que la musique de Hyacinthe était pas des plus agréables, s’il y avait des insultes à tout bout de champ, ça ne serait pas forcément mieux. Ah il ne parlait pas de douleur physique, mais de douleur au cœur, bah voyons, comme ça elle était ultra pas légitime pour en parler. C’est dingue ça tout le monde pense aux peines de cœurs et fait des tas de chansons dessus mais personne jamais n’a pensé à faire une chanson sur le fait de s’exploser le petit doigt de pied dans une porte alors que ça pourrait être ultra intéressant comme chanson… sûrement aussi bien que ce que chantait Hyacinthe.
Bref, Elise regardait un peu ailleurs, attendant que la conversation vienne sur un sujet qu’elle connaissait et ça revint plus vite qu’elle n’y pensait puisque Hyacinthe venait de lancer le sujet célébrité et musique moins hurlante. C’est avec sympathie – pour une fois – qu’elle répondit aux propos du blondinet.

« Tant que tu es connu par les gens qui aiment ce que tu fais, c’est le principal tu ne crois pas ? Quelle importance que les gens ne scandent pas ton nom dans la rue si quand tu te produits dans des petites salles ils le font ? » C’est intéressé par la deuxième partie qu’elle demanda joyeusement « Et tu sais chanter quoi d’autres. »

Elle rejoignit Sélénya tout près du piano pour s’asseoir et se tourner… non pas vers les touches pare que sinon c’est Elise qui allait casser les oreilles de tout le monde mais vers monsieur le préfet pour voir ce qu’il savait faire d’autres.

Un jour, Maman a dit que j'étais aussi artistique d'elle étais sportive dans sa jeunesse. Et maman a toujours raison, puisque c'est elle qui m'a mis au monde. Contrairement à elle je n'ai pas trouvé un exutoire sur un balai et sur un terrain de Quidditch, j'ai trouvé le mien dans la musique, l'écriture et le dessin. Surtout dans la guitare, j'ai commencé à en jouer quand j'avais quatorze ans. Je ne suis pas un virtuose, mais ce n'est pas le plus important à mes yeux. Ce qui compte pour moi, c'est avant tout les émotions. Je chante en Anglais, mais aussi en Chinois parfois. Les gens ne comprennent pas forcément ce que je raconte du coup, mais les émotions passent tout de même. Je passe une main dans mes longs cheveux blonds et hoche la tête à la question de Deuleustan, qui me demande si je sais aussi chanter normalement. Je me racle la gorge, attrape une guitare acoustique et prends un petit instant pour me concentrer et me mettre dans le bon état d'esprit. J'ai tendance à devenir très émotif quand je chante des chansons tristes. Surtout quand elles sont calmes.

Le médiator à la main, je commence à gratter quelques accords d'une mélodie mélancolique. J'ai choisi de leur jouer une chanson que je chante en cantonais, pour leur prouver mon point : pas besoin de comprendre les paroles pour ressentir la musique. Après tout, beaucoup d’œuvres classiques n'ont pas la moindre paroles mais restent tout de même fortes en émotion. Comme Sonate au clair de lune de Beethoven. Je n'ai pas la prétention d'être aussi doué que cet homme, mais cette chanson en fait pleurer plus d'un dans les chaumières. Concentré sur ma chanson, je commence donc à chanter d'une voix calme, articulant comme il faut les paroles. Les filles ne comprendrons pas un traître mot de cantonais. Mais j'espère tout de même les toucher avec ma musique. Sans pour autant trop me livrer à elle avec des paroles en Anglais qu'elles pourraient comprendre. C'est un peu contradictoire, de se servir de ses sentiments personnels et de ses expériences pour écrire des chansons, mais de vouloir se cacher en même temps...

Une fois ma chanson terminée, je me racle de nouveau la gorge et relève les yeux vers les deux autres étudiantes, silencieuses. Bon, je crois que j'ai complètement plombé l'ambiance. Ma chanson était triste. Peut-être que je devrais leur traduire ?... « C'est la dernière piste de l'album que j'ai sorti avec mon groupe l'an dernier. Cette chanson, elle parle de ce que l'on ressent quand on se sent seul. Un peu abandonné. Sans repères. La mélancolie et la nostalgie des bons moments avec les gens qui nous manquent et qui ne sont plus là. Pas forcément morts, mais plus dans nos vies. » Je baisse les yeux un peu gêné et me cache derrière mes longs cheveux blonds pour cacher mes joues qui se teintent légèrement sous la gêne. Faut pas croire, même si je n'en ai pas l'air je suis finalement assez timide comme garçon. Et surtout, je ne suis pas sur de moi. J'ai peur que ça ne leur ai pas plu, cette chanson, bien qu'elle soit calme et sans hurlements. J'espère qu'elles ont réussi à ressentir la tristesse dans ma voix et la mélancolie des souvenirs dans la mélodie.

« En fait, je... J'ai passé un an en Norvège l'année dernière. J'avais besoin de changer d'air avant de reprendre mes études. Mais par moments, je me sentais seul. Ma famille me manquais, je n'avais pas vraiment de contact avec eux. Pareil pour mes amis. Je me suis totalement coupé du monde magique pendant un an. Et je me sentais nostalgique. C'est quand j'ai vu la neige commencer à tomber en Norvège que j'ai repensé au calme de Poudlard sous la neige. Du coup j'ai repensé à quand on faisait des bonhommes de neiges, qu'on se courrait après pour se lancer des boules de neige entre camarades. J'ai repensé aussi aux décorations de Noël dans la grande salle et aux chocolats chauds qu'on buvait tous ensemble dans ma salle commune au coin du feu, en rentrant trempés et humides de neige. Comme j'étais triste et nostalgique, j'ai décidé d'écrire une chanson qui parlais de ça. Ou tout du moins, de ce sentiment. Je suis pas bête au point de parler de Poudlard dans des chansons  que les moldus écoutent. » Peut-être qu'elles sont un peu surprises de savoir que j'ai vécu comme ça, en dehors du monde magique pendant toute une année ?... En soi c'est un voyage à l'étranger. ça n'a rien de bien étrange, même si généralement on reste plutôt dans la communauté sorcière. Moi, j'ai fait la chose de manière un peu extrême dirons nous. J'ai carrément changé de monde pour fuir la honte d'être renvoyé du ministère de la magie suite à une altercation. « Mais tu as raison, Deuleustan, le chocolat noir c'est bien aussi quand on est triste. C'est juste que parfois, quand on est vraiment malheureux, ça ne suffit pas. » J'esquisse un petit sourire, qui n'est pas sincère mais plutôt amère pour le coup : « Comme le chocolat ça ne suffit parfois pas, on a la musique du coup. Certains en font, d'autres en écoute. Quand tu es un artiste, c'est ton rôle de dire aux gens qui t'écoutent que tu les comprends, que toi aussi tu sais ce que c'est d'être malheureux. Ou joyeux aussi hein, il y a des gens qui font des chansons sur le bonheur, même si ce n'est pas mon cas ! » Il suffit de voir les merdes commerciales qui passent tous les étés à la radio chez les moldus. On prend une fille ou un garçon avec un joli sourire qui se dandine sur une plage au soleil en disant que c'est bien de faire la fête et de profiter du soleil. Mon truc à moi du coup, plutôt que les cocotiers et les plages de sable chaud, c'est plutôt la neige et les températures négatives qui te plombent le moral.  

Mais non Elise ne manquait pas de tact, c’est juste qu’elle ne parvenait pas à comprendre le fonctionnement de tout ça. Et puis au vu des réactions de Sélénya, ce n’était pas des plus évidents pour elle aussi. Elise appuya d’un hochement de tête les dires de son amie, ah non mais que ce soit côté moldu ou sorcier, jamais entendu ce genre musique et en même temps, si elle l’avait entendu et qu’elle s’était battue avec Amaury, pas sûr que les parents aient continué à écouter ça, par contre les jumeaux auraient été puni et là Elise aurait à coup sûr chouiner, c’était ça la rupture dont il parlait ? Pourquoi fallait-il obligatoirement de l’amour physique, une rupture amoureuse, et ho on pouvait triste pour autre chose que quelqu’un qui brise le cœur. Elise était prête à parier toutes ses notes sans exception, qu’une rupture amoureuse la ferait beaucoup moins souffrir que la perte d’Amaury, pas pour autant qu’elle aurait envie de chanter… elle en était persuadée de cela.

Sa camarade vint s’installer tout près d’elle après avoir confirmé les dires d’Elise. Si ça c’est pas une bonne pote, elle reçut donc un magnifique sourire d’Elise ravie d’avoir raison, - même si ça va c’était pas si exceptionnel que ça non plus -. Puis elles attendirent l’artiste, après tout ça ne pouvait pas être pire que ce qu’il avait chanté précédemment, ce qui n’avait pas été une franche réussite par ailleurs, si le but de la musique précédente était de faire se taper les gens, c’était un immense flop puisqu’aucune des deux jeunes filles n’avait tapé sur l’autre et encore heureux, sinon bonjour l’embrouille par la suite.
Alors, il faut reconnaître que c’était mieux, allez lorsqu’il ne braillait pas comme un cochon qu’on égorge et bien la voix de Hyacinthe était quand même beaucoup plus agréable à entendre. En revanche si la voix et la musique étaient cools, pour ce qui est de la compréhension, ah c’était une autre histoire et ça, pour Elise c’était frustrant, elle aimait bien tout comprendre, apprendre tout un tas de choses et la barrière de la langue était un immense problème en cet instant, pire encore, impossible de dire de quelle langue il s’agissait. Si ça se trouve il était en train de leur faire une comptine qui parlait de petits escargots et Elise trouvait ça cool… elle fronça donc les sourcils… par principe… au cas où… pour pas avoir l’air idiote s’il donnait la traduction.

Bon, ce n’était pas le cas, en tout cas d’après Hyacinthe qui expliqua l’histoire de cette chanson, il n’avait vraisemblablement pas de raisons de raconter des histoires aux deux filles qui étaient quand même un public plutôt sympathique puisqu’Elise avait quand même applaudit à la fin de la représentation – et je pense que Sélénya aussi quand même -. Elise jeta un regard sur sa voisine, se retenant de glisser sa main dans celle de la Poufsouffle pour lui signifier qu’elle était contente qu’elle fasse de nouveau partie de sa vie. Elle n’en fit rien se contentant de lui offrir un sourire qui voulait certainement dire autant que les gestes qu’elle aurait pu avoir. Pourtant ce ne fut pas à Sélénya qu’elle s’adressa mais à Hyacinthe.

« Tu ne chantes jamais en Anglais ? »

C’était quand même un peu plus évident de chanter dans la langue qu’ils utilisaient tous les jours, par exemple Elise avait beau maîtrisé à la perfection le français, d’instinct si on lui demandait de parler, elle allait communiquer en Anglais. Ce n’était pas vraiment la façon de penser que semblait adopter Hyacinthe.
Tien, c’était moment confidence ? Elise s’installa donc plus confortablement, appuyant son dos contre les touches du piano. Oh, non conversation dangereuse. Tout compte fait Elise se tassa sur elle-même, regardant ses pieds, ouh qu’ils étaient jolis ses pieds.  Attendez sa chanson parlait des bonhommes de neige, de la décoration de la grande salle et du chocolat chaud ? Déjà on notera qu’Elise n’était pas vraiment à la masse lorsqu’elle avait parlé de chocolat noir pour une rupture, mais en plus que c’étai presque aussi craignos que l’histoire des escargots… et dire qu’elle avait trouvé ça presque cool, heureusement qu’elle n’avait rien dit sinon bonjour l’ambiance. Elle effleura doucement du pied Sélénya pour lui montrer son soutien en premier lieu, puis roula des yeux avant de marmonner

« Personne ne te pense assez bête pour faire ça… On se doute bien que tu es capable de faire fonctionner ta cervelle et que tu évites de parler à tout bout de champ de Poudlard. De la même façon que les sorciers qui fréquentent des moldus ne s’amusent pas à leur dire qu’ils sont sorciers. »

Non mais c’est vrai, il avait l’air de les prendre pour deux imbéciles. Et si encore c’était le pire, mais non en plus de faire ce genre de remarques débiles comme si les deux filles avec lui avaient pu lui demander s’il parlait d’une école magique dans ses chansons, voilà que maintenant il massacrait le nom de famille d’Elise. Inspiration, expiration, ne pas lui casser le nez, ne pas lui casser le nez, inspirer encore une fois… voilà. Aie non, le regard d’Elise était glacial, sérieusement en sept années à Poudlard il n’avait toujours pas réussi à prononcer son nom… ah bah si tout compte fait il aurait été plus que capable de parler d’une école magique dans ses chansons.

« Dis donc Jacinthe, peut être qu’un jour il va falloir retenir mon nom de famille. Après tout, c’est pas la base de tout bon chanteur que d’apprendre à bien prononcer les mots et bien entraîne toi avec mon nom de famille si c’est si compliqué. »

Non mais s’il continuait, le chocolat noir qu’il allait manger ce serait pas par la bouche et certainement pas à cause d’une rupture. Voilà, si c’était pour dire ce genre de choses ah mais qu’il la boucle, tien non qu’il chante comme un goret, au pire ça défonçait les oreilles d’Elise mais ça ne lui donnait pas envie de le cogner… bon si ça un peu aussi mais différemment on va dire et en moins brutal.
Et puis sa leçon de moral à deux balles, qu’il apprenne d’abord à prononcer le nom de famille d’Elise avant de se penser artiste et de croire qu’il avait un rôle à tenir. Crétin.

Je ne suis pas très surpris, mais les filles semblent avoir préféré ma deuxième chanson à la première. Surement parce que c'est plus calme et moins agressif. Je souris amusé en les entendant applaudir ma prestation. Comme ni l'une ni l'autre ne comprend le Cantonais, la bleu et bronze me demande si parfois je chante en anglais : « ça m'arrive de chanter en Anglais. ça dépend les chansons. » Puisque je parle les deux langues ce n'est pas forcément dérangeant. J'ai grandi avec le Cantonais et l'Anglais en même temps. J'ai des difficultés en écriture et en lecture en ce qui concerne le Chinois, mais c'est surtout parce que je n'ai jamais vraiment pris de cours sérieux. Je connais les caractères les plus courants, mais si c'est compliqué, je dois chercher dans un dictionnaire. C'est le désavantage d'avoir une langue qui n'a pas le même système d'écriture ! Et puis l'ordre des traits pour écrire c'est une plaie. Mon écriture en Cantonais est déplorable et très très moche, mes caractères ressemblant à des petits pâtés trop tassés et trop carrés.

Seconde question, est-ce que je chante parfois des chansons joyeuses ? Je regarde la jaune et noire et secoue la tête : « Non, jamais. » Ce n'est pas mon but. Ce n'est pas ce dont j'ai envie. Même si j'ai bien entendu des moments heureux moi aussi, je ne tiens pas forcément à les partager. Le Bonheur je vois ça comme quelque chose de personnel, tant disque la tristesse c'est universel. Et Macmillan me le confirme, en annonçant qu'elle se sent désolée que j'ai eu à ressentir des choses... Négatives. En soi ce n'est pas comme si j'avais survécu à la guerre ou été dans un camp de concentration. Mais elle comprend la tristesse visiblement, contrairement à sa camarade de Serdaigle. « Je suis désolé pour toi aussi, Macmillan. »  

Deleustan de son côté s'offusque que je ne prononce pas son nom de famille comme il faut. Je lève les yeux au ciel à a réflexion, lorsqu'elle m'appelle Jacinthe : « Je suppose que c'est Hyacinthe en Français ?... Je préfère Hyacinthe en latin, quitte à choisir. Hyacinthus. » Je repose ma guitare et me lève pour la regarder dans les yeux. Déjà que son frère et moi ce n'est pas le grand amour... Les deux là, sont jumeaux. Ce n'est pas comme moi et Nymphea. Nous sommes très proches en âge, nous avons juste dix mois de décalage. Pourtant nous ne sommes pas très proches. Mais j'imagine que les jumeaux eux, ne peuvent pas vivre l'un sans l'autre. « Tu n'es pas la seule à t'offusquer de ma prononciation des patronymes étrangers. Si tu t’appelais.... Dumont, ça aurais été plus facile tiens. Ou Martin. Mais on ne choisis pas, n'est-ce pas Deu... Delestaane. Non, c'est toujours pas ça ? » Mais quelle idée d'inventer des noms pareils aussi ! Chang au moins même si c'est étranger, tout le monde arrive à le dire en général, je n'ai jamais croisé personne qui n'y arrivais pas. Hyacinthe c'est un peu plus compliqué j'ai remarqué, selon les origines des gens. Mon propre petit ami massacre mon prénom qu'il trouve trop compliqué à prononcer, et préfère m’appeler Hyahya. J'ai horreur de ça. Mais... Je préfère ça à son vieux hiyasinto qu'il m'avais sorti au début. « De-les-taan.. C'est mieux comme ça je crois. Mais tu peux m'appeler Jacinthe si tu veux. »  

Ou tu ne m'appelles pas. C'est bien aussi. Mais je me retiens de le dire, pour ne pas mettre encore plus mal à l'aise notre amie commune de Poufsouffle. Il faut les préserver, les Jaunes. Les bagarres c'est pas vraiment leur truc, les disputes non plus. Je me force à sourire et hoche la tête. Oui j'ai des choses à faire. Elles ne m'embêtaient pas forcément, mais je dois ranger la salle et tout remettre ne place avant de filer à la bibliothèque pour faire mon devoir de Biologie magique. « J'ai effectivement quelques affaires à régler et un devoir à faire pour dans deux semaines. » Je ne suis peut-être pas à Serdaigle, mais je ne néglige pas mes études. « Je vous raccompagne à la porte. » Hors de question qu'on me dise que je suis mal poli avec des filles. C'est impensable, et ma mère m'arracherai les yeux à mains nues si je manquais de respect à une demoiselle. Mon père aussi, n'apprécierais pas... Une fois à la porte, je croise les bras et regarde les deux autres blondes : « Merci d'être passées. Si jamais on arrive à organiser un concert sur Londres un jour, je vous tiendrais au courant. Il faudra juste prévoir les boules quiès Delestan » Je ne sais pas si ça se fera un jour. Et je ne sais pas si elles viendraient vraiment. Peut-être par curiosité ?... Qui sait. Les gens vous surprennent parfois.  

Elle allait se le faire ce préfet de pacotille. Son regard s’était chargé en animosité tandis qu’elle fixait le préfet en chef. Plus rien n’avait d’intérêt tout d’un coup que le fait qu’elle avait envie de lui exploser sa propre guitare dans la tête. Si elle ne s’était pas levée, c’était plus par respect pour Sélénya qu’autre chose. Elle avait vraiment essayé de se contrôler de se dire qu’elle tenait à l’amitié que lui témoignait la jolie blonde. Elle avait presque réussi à se convaincre de ne pas envenimer les choses  - pas trop – surtout parce qu’elle avait peur que le regard de Sélénya à son égard ne change.
Sauf que voilà… le préfet avait décidé de se montrer stupide, plutôt que de laisser couler, il se permettait de faire une remarque. Elise haussa un sourcil avant de faire preuve d’au moins la même hypocrisie que le jeune homme « Aucune idée, je ne parle pas très bien Français. » Bon, venant de la part de la jeune fille capable d’avoir pris la tête avec Adèle en Français, ça n’était pas des plus crédibles, mais l’avantage c’est que les bruits de couloirs n’étaient au final que des bruits de couloirs, elle pouvait toujours prétendre que ce n’était pas la vérité. Et il fallait être franc cinq petites minutes, prendre Hyacinthe pour un con, c’était beaucoup trop tentant pour qu’Elise fasse profil bas. De toute façon, Elise était bien incapable de ne pas rétorquer, Non, vraiment, la sagesse ça n’était pas du tout son truc. Et puis alors qu’il lui fasse un cours en latin, mais qu’il la boucle plutôt. Avant d’apprendre le latin, il devrait peut-être apprendre à prononcer le nom des gens qu’il côtoyait depuis des années. En vrai, elle était sûre en plus qu’il savait le prononcer mais qu’il ne faisait aucun effort et c’était ça qui agaçait le plus la demoiselle. Elle détestait qu’on la prenne pour une idiote pour quelque sujet que ce soit. Et malheureusement pour Elise, ça n’allait faire qu’empirer.

Vraiment, il était en train de se foutre de la tronche d’Elise ? Lui reprocher d’avoir un nom de famille compliqué ? Non mais il était débile ce gars, si c’était trop dur à prononcer pour lui, il y avait un truc génial à prononcer : SON PRENOM ! Mais non monsieur avait décidé de lui prendre la tête pour des raisons qui n’appartenaient qu’à lui et plus il parlait, plus Elise oubliait la présence de Sélénya à ses côtés, se sentant insultée, clairement. Ah non, elle n’était pas du tout partante pour y aller, elle ! Elle voulait régler le compte de Hyacinthe quitte à lui bousiller le nez. Bien sûr qu’elle sentait le regard de son amie sur elle, qu’elle arrivait à sentir le ton plein d’espoir de cette dernière. Et pourtant Elise s’en moquait. De la même façon qu’elle se moquait du fait que monsieur ait quelques affaires à régler. Il les raccompagnait à la porte ? Ah non mais c’était une blague ce type, Elise n’avait besoin d’être raccompagné nulle part. Elle restait d’ailleurs assise pour bien montrer qu’elle n’était pas prête à partir. Sauf que visiblement Sélénya n’était pas de cet avis et qu’elle venait d’avancer de trois pas, forçant Elise à se lever et à la rejoindre, n’y mettant clairement pas de la bonne volonté. Son regard était sombre mais ça aurait pu passer, vraiment c’était à deux doigts de passer. Elle venait de franchir la porte, devant Macmillan même, sûrement que cette dernière avait peur d’un coup tordu d’Elise, comme quoi, elle la connaissait quand même vachement bien.

Ah non mais elles étaient passées uniquement parce qu’Elise avait entendu un animal agoniser, pas par gaieté de cœur. Et alors le mieux c’était sûrement le fit qu’il voulait les tenir au courant s’il y avait un concert, ah mais jamais de la vie Elise irait dans cet endroit, surtout pour voir chanter un gars qui ne savait pas comment prononcer son nom de famille et qui au lieu de faire un effort, ce n’était quand même pas compliqué de faire un effort, il préférait être insultant. Elle se stoppa net en l’entendant l’appeler une nouvelle fois par son nom de famille, le massacrant au passage. Cette fois, c’était trop, elle fit volteface s’apprêtant à lui tomber dessus, sauf qu’en faisant ça elle se retrouva à quelques centimètres de Sélénya dont le regard était assez clair. Elle ne s’écarterait pas. Etait ce un problème pour Elise ? Ah vraiment pas, puisqu’elle ne s’écartait pas, l’insultée s’apprêtait à faire le tour. Est-ce que ça fonctionna ? Pas vraiment puisque Sélénya l’attrapa pour la forcer à obtempérer et à filer. Ah non mais pour quelqu’un qui n’aimait pas vraiment les contacts, elle était sacrément chiante pour le coup, Elise marmonna « Parce que lui il a le droit de dire quelque chose ? Tu ne dis rien mais quand moi je veux me défendre, tu m’en empêches ? » Elle était de mauvaise foi, elle le savait tout au fond d’elle-même que Sélénya ne faisait que lui éviter des ennuis, que frapper le préfet en chef aurait certes été apaisant sur le moment mais que par la suite, elle aurait certainement dû en payer les frais. Il n’empêche qu’elle était agacée et qu’elle se dégagea de la poigne de son amie, sans pour autant lui faire l’affront de revenir en arrière. Elle se contentait de marcher à ses côtés, glissant très ironique pour le coup « Merci de ton soutien. » Elle était injuste avec Sélénya, en avait-elle seulement conscience ? Pas pour le moment, pour le moment sa colère contre le Serpentard l’aveuglait et le fait de n’avoir rien pu faire l’agaçait, ça voulait quelque part dire qu’elle était faible non ? Incapable de se défendre ? ça ne lui plaisait pas du tout cette idée. Mais bon, ça allait passer, la présence de Sélénya aiderait à passer au-dessus de cela et à pouvoir se concentrer sur quelque chose d’autre que cette insupportable andouille. Ils étaient amis ? Vraiment ? Et bah dis donc, Sélénya faisait un tri vraiment très léger sur ses amis.