(01) Impossible de savoir dans quel état on va t'trouver, Noctis. Y a des jours où tu te balade comme une star de cinéma, tenue correcte, costard cravate et lunettes de soleil, tignasse domptée et sourire étincelant pour amadouer ton monde. Puis y a des fois où t'as l'air d'un clochard, avec tes fringues dégueulasses, quand t'es pas torse nu, teint cireux et énormes cernes sous les yeux à l'appui. Y a pas beaucoup d'entre-deux, avec toi. Y en a jamais vraiment eu, en réalité ; il n'y a que dans les soirées mondaines et dans le bordel de luxe ou tu bosses que tu fais l'effort d'être sur ton trente-et-un à coup sûr, que tu t'permets de sauver les apparences. Tes tenues et ton attitude le reste du temps relèvent d'un paramètre horriblement hasardeux, ton humeur. (02) Sans-gêne, t'as tendance à prendre tes aises partout où tu passes, sans te soucier d'l'avis des autres ou des bonnes manières. Faut dire que t'en as en a pas intégré beaucoup, même si on peut féliciter ta famille d'avoir essayé - cela n'a jamais marché. Malpoli, vulgaire et presque nudiste, tu passes le plus clair de son temps à poil quand tu est chez toi, mais même ailleurs ça t'dérange pas, dans l'dortoir des Serpentard vous êtes entre mecs de toute façon. Tu pourrais même te trimballer cul nu dans la rue, cela n'te ferait chaud ni froid. Enfin, peut-être froid, selon la saison. (03) Pour ton honneur, histoire d'avoir au moins une qualité qui t'perce le crâne, t'es quelqu'un de loyal. Tu t'accroches pas souvent aux gens, tu préfères les bêtes, moins connes, plus reconnaissantes, mais t'as quelques potes malgré tout, dont la sécurité passe avant la tienne. C'est pas facile de t'apprécier alors ceux qui le font méritent que tu t'y consacres à fond, parce qu'ils ont mérite de te supporter, avec ton regard de paumé, trop souvent rendu vague par l'alcool, la clope ou la came, avec tes tatouages encrés sur une bonne partie de la peau – même eux pourtant ne sont pas aussi ancrés dans ta chair que ta loyalté et ton affection envers tes potes. (04) Cynique, trashtalkeur, cassant, amateur d'humour noir, qu'ils te qualifient comme ils le souhaitent mais tu tailles les gens à longueur de temps. T'es plus doux avec ceux que tu apprécies pourtant, t'as un timbre de voix affectueux et plus amusé que blessant quand tu les vanne contrairement au ton cassant que t'adoptes quand tu hais une personne ; on dirait qu'tu veux apaiser les premiers même en les insultant mais que tu sais pas comment faire pour être poli même avec eux. T'as l'ironie qui te bouffe le crâne et si tu tentais d'faire des efforts au début pour la contrer, tu as finis par la laisser t'envahir, reléguant aux autres le soin de savoir si tu les apprécies ou les méprise au timbre de ta voix. (05) Aussi studieux et appliqué que tu puisses être durant les cours, tu terminais donc souvent en retenue lorsque tu te trouvais à l'extérieur pendant tes années de collège. D'un naturel fêtard, tu sortais en douce du collège en utilisant ta capacité de métamorphomage pour aller acheter de l'alcool à pré-au-lard sous une apparence d'adulte et organiser des fêtes clandestines, que ce soit dans la salle commune, ton dortoir ou la salle sur demande lorsque tu avais envie d'y réunir des étudiants d'autres maisons. Tu t'en foutais, tu y trouve même désormais un certain avantage ; le nombre d'heures passées à récurer des chaudrons quand tu étais au collège fait que tu te trouves beaucoup moins dégoûtés lorsque tu tentes de créer tes propres potions de soin à l'heure actuelle et que tes tentatives se relèvent infructueuses, t'obligeant à nettoyer de fond en comble un chaudron poisseux ou dégoulinant de saleté. (06) Bisexuel, pansexuel, tu sais pas trop, mais t'aimes tout le monde et personne à l'a fois. Célibataire mais rarement seul, t'es toujours prêt à aller t'perdre entre des cuisses accueillantes. Celles des princesses ofc, mais pas que, tu trouves aussi ton compte chez la gent masculine - en cachette pourtant. Tu n'veux pas que cela s'sache, qu'on t'traite de pédale ou qu'on te pense moins viril parce que t'apprécies autant le service trois pièce que les poitrines plus ou moins fleuries. T'étouffes ce genre de relation, tu les garde pour le boulot quand tu tombes sur un client passif et t'en parles jamais même à tes potes. (07) T'es un grand joueur dans l'âme. Flirter avec le danger, faire appel au hasard, ne plus rien contrôler : tu t'sens vivant, dans ces moments-là. T'es du genre à parier sur tout et n'importe quoi, parfois pour du fric, parfois pour du cul, parfois pour rien du tout, pour le fun, pour le plaisir des potes. Tu t'en fous de c'qui est à la clé - même si tu crache pas dessus. Ce qui compte, c'est l'adrénaline quand l'verdict tombe. Parier sur des conneries avec tes potes, parier sur qui gerbera l'premier, sur quelle meuf l'un ou l'autre réussira à serrer, sur quel cheval remportera la course et sur qui gagnera la partie d'cartes. Peu importe, tu joues, trop souvent avec le feu. Quitte à finir par t'brûler. (08) T'es pas un type silencieux, mais t'es pas le plus bavard non plus. L'plus souvent, tu raconte juste des conneries alors on essaie d'pas t'écouter, d'pas te laisser gagner. Y a de quoi s'dire que t'a vraiment rien dans l'crâne, parce que tu peux passer du coq à l'âne, être en plein repas dans la grande salle en train d'causer politique, équations mathématiques ou médicomagie avec le plus grand sérieux et d'un seul coup te mettre à faire un volcan avec ta purée puis faire la gueule si on réponds « j'sais pas, peut-être » quand tu demanderas si tu as bien façonné les flancs de la montagne . Pourtant ça tourne, là-dedans. C'est un survoltage permanent, les idées qui fusent et s'entrechoquent jusqu'à te faire faire n'importe quoi. Tu penses à tout, tu penses à rien, tu t'prend la tête tout seul et tu t'file la migraine. Même pendant que tu baises, t'es capable de t'demander ce que tu fous là, de t'dire que t'a besoin d'nouvelles pompes, de réaliser que t'as oublié d'fermer la porte en partant, de t'rappeller soudainement qu'un connard te dois du blé et qu'dans dix jours c'est l'anniversaire d'un pote et qu'faut qu'tu charges de la fête. Faut croire que ton cerveau n'est pas foutu de s'mettre en veille tout seul, t'es pas plus intelligent qu'un autre, pas surdoué, juste avec un crâne que t'as trop fait disjoncter et qui fuse maintenant. Pas pour rien que t'es obligé de l'embrumer au quotidien, pas pour rien qu'ta boîte crânienne est un serpent qui s'mord la queue et que plus tu l'enfumeras, plus t'auras besoin de l'enfumer. (09) Petit con aux yeux des autres, déchet de l'humanité dans les tiens, t'assumes, tu t'en fous. Tu acceptes cette charge comme un fatalité, un peu conscient qu'tu n'changeras sans doute jamais parce que si un changement de caractère avait du t'arriver, y a quatre ans avec la naissance de ton gosse. T'attendais cela pourtant, peut-être encore plus que ta famille, t'as espéré et prié pendant presque neuf mois mais rien n'est venu. La paternité ne t'as pas modifié d'un poil et puisqu'il te semble désormais que tu seras toujours coincé dans cette enveloppe d'adolescent immature, tu t'y accroches. T'es né dans un nid de serpents, t'as étudié au milieu des vipères mais t'as toujours la même exuvie que lors de de ta venue au monde, trop con, trop faible, incapable de muer. On s'habitue à tout, surtout à la fatalité. Tu mettras ton poing dans la gueule du premier qui dira qu'on s'habitue surtout à la facilité. (10) T'es un potionniste né. Tu es fasciné par cet art depuis l'enfance, ce qui te facilite la vie pour tes études de médicomagie et tu cherches souvent à créer des propres philtres ou améliorer ceux déjà existants. C'est l'un des rares, peut-être même le seul, talent que tu possède à l'heure actuelle et en conséquence, tu t'y accroches comme une moule à un rocher, comme un homme à la mer à une bouée de sauvetage.