Philynn est née le 27 janvier 2000 dans le manoir irlandais des O'Hailey, famille puriste et froide, loin du cocon d’amour et d’humanité auquel on pourrait s’attendre à la naissance d’un enfant. Fille unique, toujours entourée par des adultes qui avaient d’autres projets en tête que d'élever leur progéniture, elle apprit très tôt à se débrouiller toute seule et à être autonome. D’un père manipulateur et exigeant et d’une mère aux excès de violence fréquents, Phil était une enfant renfermée. Le manoir paraissait toujours vide et silencieux, loin de toute civilisation et de divertissement. Pour Azaro O'Hailey, il était essentiel de se concentrer sur le travail, le concret et ne pas laisser ses idées vagabonder vers des pensées futiles. Seule la musique était une activité qu’il tolérait pour ses sons mélodieux et la créativité qu’elle pouvait enhancer. Phil prit donc très tôt des cours de violoncelle. Tous les jours, la jeune fille jouait, encore et encore, parfois jusqu’à voir du rouge teinter à la surface de ses doigts épuisés par les frottements des cordes qu’elle tentait de dompter, pour tenter de satisfaire un père qui ne le serait pourtant jamais et échapper au silence terrifiant de l’indifférence et de l’impuissance qu’elle ressentait depuis sa naissance. Phil ne connaissait ni les regards affectueux ni la chaleur d’un foyer. Tout autour d’elle le manoir respirait la richesse mais surtout l’enfermement. Phil se sentait souvent piégée dans une cage dorée aux barreaux de fer et d’acier, et dans une demeure où les geoliers avaient un visage familier. Elle redoutait les soirs où la cheminée restait allumée jusqu’à ce que sa mère n’ait finie par se saouler et n’ait que pour désir de lever la main sur elle. En revivant les scènes des années plus tard, Phylinn se souvenait toujours de l’allure de sa mère et de ses yeux empreints d’un éclat de démence. Cainala était grande et élégante, mince et ses robes étaient souvent cintrées, boutonnées jusqu’à col. Elles descendaient jusqu’à ses chevilles pour renforcer son air sévère et sa taille. Lorsqu’elle voulait enseigner une leçon à Phil, lui “inculquer des valeurs” comme elle aimait le formuler, elle se munissait d’un martinet ou simplement de sa baguette. Elle ne révélait jamais cette information mais Philynn savait qu’elle se délectait de ces châtiments corporels et que rien au monde n’aurait pu lui faire entendre raison. Elle déguisait cette torture en tentative soit disant désespérée d’éduquer sa fille à la dure, pour la rendre forte et lui faire comprendre que la vie ne lui ferait pas de cadeaux. Au fond d’elle-même, Phil détestait sa mère mais ressentait les déchirements de celle qui lui avait donné la vie, les déchirements qui n’étaient autres que les stigmates laissés par sa propre éducation.

Le reste du temps, lorsqu’elle n’embétait pas Phil dans son terrain de jeu favori, elle n’avait plus aucun pouvoir et s’effaçait le temps de prétendre être une bonne femme au foyer. Le père de Phylinn, bien que conscient des agissements de sa femme, n’interragissait pas dans la relation tant que Cainala se comportait bien envers lui. Il semblait toujours détaché, toujours impassible. Philynn ne pouvait jamais deviner ses émotions ou ce qu’il pensait d’elle. Elle avait toujours l’impression de le décevoir mais il ne lui faisait comprendre que par la froideur qu’il inspirait à son égard. Il lui rappelait dès qu’il le pouvait de son futur rôle de femme et du mutisme dont elle devrait faire preuve tout au long de son existence en vu du sexe qu’elle avait hérité à la naissance. Il n’avait de cesse que de lui montrer la puissance masculine face à la faiblesse de la femme. Au fond d’elle, Phil intériorisait ces valeurs mais se révoltait intérieurement de toutes ces paroles sexistes. Elle refusait de croire que son sexe allait déterminer sa vie. Et que même si elle devait pour l’instant faire profil bas et subir tous les caractères nocifs et les personnes toxiques de sa famille, elle ne comptait pas rester sous le joug des valeurs des O'Hailey toute sa vie.

Lorsqu’elle eut six ans, la famille décida de déménager à Londres pour que son père puisse obtenir une promotion du Ministère de la magie et gravir des échelons. Evidemment, la famille conserva le manoir irlandais pour les vacances et autres évènements importants. Philynn étudiait par correspondance et ne parlait avec aucune autre figure humaine de son âge que les enfants de la famille Mackeson, qui était très liée à la famille O'Hailey. Philynn, bien souvent seule, pouvait cependant compter sur la présence d’Heather Macksen pour se remonter le moral et faire des activités amusantes. C’est avec Heather qu’elle découvrit sa magie et qu’elle explora les rivières qui s’écoulaient autour du manoir. Elle développa grâce à elle son côté téméraire et sauta plus d’une fois des falaises qui surplombaient les cours d’eau. Elle apprit à nager avec la jeune fille et petit à petit ressentit ses premiers sentiments amoureux. Mais cette complicité se termina par une période sombre et douloureuse. Tout au long de son enfance, son oncle Thaddeus ne cessait de la terrifier. Il rôdait souvent dans le manoir et rendait souvent visite à la famille à Londres. Frère d’Azaro, il semblait posséder les pleins pouvoirs. En effet, en sa présence, Azaro perdait de sa superbe et, tel un pantin, le laisser tirer les ficelles de sa vie. Lorsque Thaddeus voulut violer Philynn pour la punir d’avoir eu des sentiments qu’il considérait comme “déviants”, il resta aveugle tout comme sa femme aux manigances de celui-ci. Philynn ressortit traumatisée de cette expérience, et l’année suivante, lorsqu’elle rejoint les rangs des élèves de Pourdlard, elle fut d’autant plus renfermée. Elle refoula ses sentiments jusqu’à sa cinquième année. Lorsqu’elle se regardait dans un miroir, la jeune fille se dégoûtait de ne pas s’être assez défendue, de l’avoir laissé faire. Plusieurs fois. A côté, le martinet de sa mère semblait bien plus accueillant. La jeune fille fut brisée par ces expériences. Cependant, le dessin et la musique lui permettaient d’y voir plus clair et de trouver un peu de légèreté et de passion dans une univers qu’elle trouvait injuste. Elle n’avait jamais rien fait pour mériter cette vie. Pourtant, malgré tout cela, elle persistait à vouloir rendre ses parents fiers d’elle, à leur montrer qu’elle était bien plus qu’un simple sexe et qu’elle pouvait être digne de leur amour.

Sa scolarité à Poudlard la sauva bien plus qu’elle ne le pensait. Seules les vacances où elle devait retrouver sa famille ajoutaient de l’ombre au tableau car sinon elle se sentait libérée de l’emprise de sa famille. Mais au moment de son entrée à l’université elle se rendit compte qu’elle se voilait la face. Ses parents, fervents défenseurs des idées traditionalistes, étaient des mangemorts. La jeune femme partageait leur sentiment de supériorité vis à vis des moldus mais se fichait du reste. En vérité, cette émotion envers les moldus n’était qu’un résultat de sa socialisation. Mais Phil savait que si elle voulait rester en contact avec eux, que si elle voulait un jour avoir une chance de voir de la fierté dans leurs yeux, elle devrait aussi leur prêter allégeance. Et c’est ce qu’elle fit.