Résumé de la Situation
Toute cette histoire débute en réalité il y a 19 ans de ça, comment ça tout le monde s’en fout ? Si on peut même plus être précis. Partons donc de Septembre 2018, puisqu’on a pas le droit de remonter avant. Septembre 2018, devinez qui est l’espèce d’andouille qui veut faire de l’inceste, mais non regardez pas Elise, sérieux faut suivre un peu ! Adèle, oui cette Adèle là, à qui Elise est attachée actuellement, cette gourdasse n’a rien trouvé de mieux à faire que d’enquiquiner Amaury, forcément qu’Elise a répliqué un peu plus tard en lui balançant de l’encre sur la copie. Hé franchement, elle aurait pu faire bien pire, genre prendre une batte de Quidditch et lui refaire le portrait, non vraiment Elise s’est bien tenue. Sauf que l’autre Froggy là, elle a un peu mauvais caractère et elle a décidé de bousiller les oreilles d’Elise. Ensuite ça a un peu dérapé, quelques paroles pleines de venins, ah pas besoin d’être Serpentard pour envoyer des bonnes piques, demandez aux jumeaux s’ils s’en sont pas sortis admirablement lors de leur joute verbale avec Froggy. Le problème c’est que les deux filles en sont venues aux mains, la faute à qui ? Bien entendu le batracien, c’est toujours lui les problèmes. Là une professeure, très douée vraiment a décidé de se mettre au milieu et forcément, elle s’est mangé un crachat pauvre petite puce, et une baffe rohlala la baffe ça se fait pas !
C’est ainsi qu’elles se sont retrouvées par la faute de cette andouille d’Adèle dans la forêt, attachée l’une à l’autre, pour faire de la cueillette. Déjà ça sentait l’embrouille, mettre deux filles qui s’aiment pas trop ensemble, c’est pas top, mais les deux cousines de Lestang, forcément Adèle a pas arrêté de chercher la merde – comme d’hab- mais en plus quand Elise lui a gentiment proposé de prendre un raccourci par la rivière, franchement riquiqui comme rivière, l’autre a dit non et a glissé dans la rivière, mais oui quelle truffe on est d’accord. Donc Elise trop gentille l’a secourue -manquant de mourir pour elle quand même – derrière Froggy sans compassion l’a tiré partout avant de se dire ah peut être que si elle souffle comme un bœuf c’est qu’elle en peut plus… et ça ? ça devient médecin, grosse blague elle est pas foutue de regarder les autres, oui c’est pas le sujet JE SAIS. Donc après un peu de repos qu’Adèle avait enfin daigné accorder à Elise, même si franchement c’est sûrement parce qu’elle était fatiguée elle aussi. Il y a eut un bruit et Elise a décidé de courir héroïquement pour lui sauver la vie

Maintenant
Ça va, Elise n’avait pas voulu lui dire chut, enfin après ça ne la dérangeait pas spécialement qu’elle se taise. C’est juste que dans ce cas précis, elle disait chut plus pour se rassurer elle-même, pour se convaincre qu’il ne fallait pas faire de bruit que pour intimer à la blonde à ses côtés de la boucler. Après fallait quand même être un peu neuneu sur les bords pour faire du bruit, essayer de communiquer avec Elise, alors que cette dernière faisait tout son possible pour être la plus discrète possible. Ce n’était quand même pas la faute d’Elise si on était en automne, que les arbres et bien ils perdent leurs feuilles en automne et que ces andouilles de feuilles, lorsque quelqu’un marche dessus et bien ça fait un petit bruit franchement pas discret. Donc, ce n’était pas la faute d’Elise si elle était bruyante et un peu désagréable lorsqu’elle parlait. Et puis ce n’était rien de comparable avec Adèle qui ouvrit sa bouche après être arrivé tout proche de l’arbre à gui. Tout d’abord, lors du attends attends, Elise avait tourné la tête directe s’apprêtant à voir une énorme bestiole, genre un hippopotame avec des cornes de rhinocéros et des ailes de chauvesouris, foncer sur elles deux. Sauf que pas du tout, à la place d’une grosse bestiole, il y avait Froggy qui avait décidé d’être chiante, ah bah tien ça avait manqué à tout le monde ça. Elise la regarda comme si elle avait pété un boulon, non mais elle était sérieuse ? C’est quoi cette manière de penser ? Justement, quel intérêt d’attendre de savoir ce que c’était, pour peu que ça soit un truc dangereux, elles avaient gagné de précieuses secondes à courir. Alors oui peut être qu’elles avaient couru pour rien mais d’après Elise, il valait mieux courir pour rien que de ne pas prendre la menace au sérieux et d’attendre qu’une bestiole les éventre. Non parce qu’elle n’avait pas vraiment prévu de mourir. Elle lui lança un regard plein de mépris, elle pouvait pas juste la boucler, non parce que dans l’hypothèse où Elise se plantait, ce qui est possible, d’accord crier n’avait pas le moindre impact, mais dans le cas où la demoiselle avait raison, et bien elle les mettait en danger à crier comme un putois. Elle siffla donc entre ses dents « Baisses d’un ton. »

Elise serra les dents pendant que son idiote de cousine avait décidé de la gonfler, en se foutant assez ouvertement d’elle. L’envie de prendre sa tête et de la lui éclater contre le tronc d’arbre se faisait clairement ressentir. Elle n’y connaissait rien, elle n’avait jamais mis les pieds dans cette foutue forêt et trouvait quand même le moyen de la ramener, c’est dingue de se croire autant supérieure tout en étant autant à côté de la plaque. Elise ne la ramenait pourtant pas, bien que l’envie ne manque pas. Mais si elle ouvrait sa bouche pour envoyer sa cousine sur les roses, elles allaient se lancer dans une joute verbale, à nouveau, et le problème c’est qu’elles feraient encore plus de bruits et Elise essayait désespérément d’être discrète, ce qui n’était pas le cas d’Adèle qui ne pouvait visiblement pas s’empêcher de l’ouvrir.

Ho, un nouveau bruit, le regard d’Elise quitta aussitôt le visage de sa cousine pour se poser d’où venait le bruit sans qu’elle ne fasse le moindre commentaire sur le fait qu’elle avait raison et qu’Adèle aurait dû l’écouter. Faire preuve de vantardise, ça ouai, elle connaissait bien mais pas lorsqu’elle était potentiellement en danger de mort, là c’est fou mais la vantardise elle était bien planquée. Elle hocha rapidement la tête à la phrase de sa cousine, ah oui oui, grimper quelle bonne idée. Et alors là, les gens sortez le champagne parce qu’Adèle fit la proposition du siècle, elle allait faire la courte échelle à Elise. Oui, oui, c’était invraisemblable et pourtant, c’était la française qui venait de le proposer et pour le coup Elise validait carrément. Elle essaya donc de passer outre les commentaires fortement exigeants de mademoiselle la relou, essayant de se hisser sur une branche, avec l’aide d’Adèle. Enfin aide, faut le dire vite hein, parce que forcément l’autre là, c’était un boulet en puissance ! Déjà, elle était stressante, Elise n’était pas un écureuil hein, elle n’avait pas eu de formation pour grimper dans les arbres et se faire agresser littéralement ça n’aidait pas à aller vite. Mais en plus est ce qu’on en parle du fait que Grincheuse là, elle se plaignait qu’Elise lui écrase les doigts ? Bah ouai poser un pied sur une main, forcément qu’elle allait lui écraser les doigts ! COMMENT ÇA LA VACHE ?! Non mais alors s’il y a bien quelqu’un qui n’est pas gros c’est Elise, d’abord Papa il disait de sa fille que c’était un poids plume alors hein elle allait pas commencer la cousine de pacotille. En tout cas, Elise était occupée à ronchonner dans son coin, plutôt que sur son escalade dans l’arbre. La mousse humide, elle ne la vit pas – en même temps qui met de la mousse sur les arbres hein – elle eut un mouvement de recul, normal hein la mousse humide c’est pas des plus agréable.  Sauf qu’avoir un mouvement de recul, c’est sympa, sauf quand celle qui soutient en dessous c’est Adèle, cette grosse quiche d’Adèle qui du coup glissa, forcément qu’Elise s’écrasa sur le sol à son tour et qu’elle s’excita dessus, parce qu’elle avait mal aux fesses « Mais t’es pas douée toi aussi ! » Puis c’était pas assez chiant, Adèle elle avait pas un peu l’impression d’être égoïste, voilà qu’elle reculait tirant Elise au passage qui regardait ses mains, dégoutée, elles étaient toutes boueuses. Elle tourna la tête en apercevant un machin couleur nuage dans son champ de vision et se mis à hurler en croyant que c’était un loup garou avant de constater que pour un loup, il était vraiment bizarre. Oui parce que ce loup là, il avait des sabots, une grosse corne, une crinière, ah oui ça ressemblait plus à Maximus qu’aux loups de la reine des neiges. C’était très rassurant pour le coup, même si elle ne fit pas l’affront à Adèle de prétendre qu’elle avait deviné qu’elles ne risquaient rien, là c’était trop gros. En revanche, elle se releva, entraînant Adèle au passage et ne put s’empêcher de faire remarquer à cette dernière « Un peu gros ton lapin si tu veux mon avis. »

Les licornes ? Même pas peur, enfin un peu quand même parce qu’Elise n’était pas forcément des plus rassurées lorsqu’elle voyait un truc pointu sur la tronche d’un animal. Un accident est si vite arrivé et puis elle avait pas du tout envie d’être embrochée, mourir aux côtés d’Adèle, berk, quelle idée pourrie. Elle s’approcha donc de la licorne avant de reconnaître. « Les animaux c’est pas spécialement ma tasse de thé, par contre, je t’avoue que l’idée d’être installée sur un cheval pour faire cette cueillette débile me plait beaucoup. Donc si tu es douée avec les animaux, ce qui serait bien la première fois où tu es douée pour quelque chose d’utile, vas y c’est le moment de lui demander si on peut grimper sur son dos. Après tout tu as vécu toute ta vie dans un château, les contes de fées c’est ton domaine, quoi de mieux pour la petite princesse de la famille qu’avoir pour destrier une licorne. »

Oui d’accord, c’était pas malin d’envoyer quelques petites piques par ci par là, mais en même temps, cette andouille d’Adèle l’avait bien traité de vache. En tout cas, la licorne ne semblait pas du tout effrayée par les deux jeunes filles, ce qui est quand même hyper surprenant, ce n’était pas sensé être un machin craintif ? Où est Mathie quand on a besoin d’elle et de sa culture sur les bestioles fantastiques – pas du tout intéressante en temps normal –. Puis même sans parler d’un animal très craintif, comment un animal herbivore pouvait venir voir les deux sorcières qui se braillaient dessus, franchement soit elles étaient l’attraction de la forêt – ce qui est une mauvaise chose – soit cet animal avait pas le moindre instinct de survie, faut être bête pour ne pas avoir d’instinct de survie. Elise quand il y avait du danger, c’était la première à se carapater. Il n’empêche qu’elle venait de poser sa main sur la robe blanche de l’animal qui frémit sous ses doigts, oh ouai, franchement ce moyen de locomotion l’emballait grave.
Elle n’avait d’ailleurs pas le temps d’attendre qu’Adèle se ridiculise en essayant de parler licorne, elle prit appui sur le dos de l’animal avant de dire très ironique à sa cousine « Et là ? Tu accepterais de me faire la courte échelle pour que je grimpe ? »

Est-ce qu’elle avait l’air de parler licorne ? Elise lui jeta un regard pour l’observer, par pure politesse, ah non pardon, effectivement, Adèle elle parlait Grenouille c’est vrai, petite erreur d’inattention de la part de la de Lestang et oui, ça arrive même à la meilleure. Elle se trompait de cousine, ah bah oui c’est ce qu’elle disait depuis un mois mademoiselle Elise, qu’il y avait erreur sur la cousine, qu’ils avaient hérité de la pire. Au moins si Anna aimait les contes de fées, ça faisait un sujet de discussion convenable. Quoi qu’elle ne devait pas connaître les mêmes contes de fées. Pas sûr que dans la famille Froggy, ils aient eu l’éducation contes de fées, pour sûr que La Princesse et la Grenouille, elle ne connaissait pas Anna. Toute cette culture que les cousines n’avaient pas, c’était déplorable tout de même. Le savoir et la connaissance, c’est le pouvoir d’après Elise, mais bon ce n’était peut être pas le moment, surtout qu’Adèle venait de prononcer trois mots, trois de trop. Elise roula des yeux, ne pouvant retenir un petit rire moqueur avant d’ironiser.  « Parce qu’il y a quelque chose dans ce monde que tu ne détestes pas ? A part ta petite personne, bien entendu. »

Est-ce qu’Elise avait besoin de savoir que sa cousine empotée ne savait pas monter à cheval ? La réponse est non, déjà parce que tout le monde s’en fout, mais qu’en plus savoir des choses sur Adèle, ça n’intéressait pas la blondinette. Au contraire moins elle savait de truc sur cette imbécile, mieux elle se portait. Elle voulait en savoir plus sur sa famille dans sa globalité, pas connaître Adèle sur le bout des doigts, non mais bientôt elle allait lui dire qu’elle n’aimait pas les petits pois et que sa passion dans la vie c’était de manger du chocolat. Sauf que voilà, comme dit précédemment, Elise s’en tamponnait d’Adèle et de ce qu’elle voulait ou ne voulait pas faire. Elle lui lança donc un regard dénué de toute chaleur à sa vaine remarque sur le fait que si Elise montait sur la licorne, vu que l’autre boulet était accroché à elle, elle devrait monter derrière. D’ailleurs c’était totalement faux, Elise était carrément partante pour qu’au contraire Adèle ne monte pas sur l’animal et doive courir à côté. Souhait qu’elle avait très envie de voir se réaliser puisque son imbécile de cousine la ramenait sur le fait qu’Elise n’était pas la plus à l’aise dans la forêt. Elle rétorqua sans la moindre chaleur  « Je te conseille de pas trop t’aventurer sur ce sujet Froggy. Je pense que moi sans toi en forêt je m’en sors. Toi sans moi dans la rivière tu ne t’en sortais pas. »

Aie ! Voilà qu’elle recommençait l’autre massacreuse d’épaule en puissance. Un vrai chien de traineau, elle passait son temps à tirer sur Elise qui suivait parce qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Sauf que le destrier de Princesse – non pas l’araignée – était du côté d’Elise, limite s’il ne levait pas son sabot pour faire un high five à la blondinette, qui d’ailleurs aurait pris peur s’il avait approché son sabot de sa main mais c’est un détail. Elle ne put retenir un petit rire en voyant que l’animal magique se mettait sur la trajectoire de Froggy qui essayait quand même de tenter des choses, faisant rouler Elise des yeux  « C’est pas bientôt fini ton cirque ? Tu vois bien qu’il a pas envie de te laisser passer. Tu n’as toujours pas compris que tu ne gagnais pas à tous les coups ? Encore un échec pour Froggy, décidément, tu es pas très douée. » Elle suivit néanmoins le mouvement de sa cousine qui venait ENFIN de comprendre que le cheval magique ne la laisserait pas partir. Mieux encore Adèle essayait de faire copain copain avec. Une grenouille pote avec une licorne, dans quel univers parallèle Elise avait atterrit.

En plus, voilà qu’Adèle lui refilait toute la responsabilité, au cas où ça se passait mal. En réponse à la mauvaise foi plus qu’évidente de Froggy, Elise ironisait  « Oh c’est vrai que c’est tellement mieux d’essayer de fausser compagnie à un animal qui ne veut pas te laisser partir. Tu veux qu’on parle d’idées stupides ? Rappelle-moi à cause de qui on est là, qui est l’andouille qui a pas voulu se présenter à mon frère ? Qui est l’andouille qui a commencé à taper devant des dizaines d’élèves. Non franchement Froggy, des fois tu ferais mieux de te taire ! Et quand je dis des fois, comprends toujours. » Néanmoins, il faut reconnaître que si Elise détestait de plus en plus la demoiselle qui la ramenait toujours pour dire des bêtises, elle s’aida d’elle pour grimper sur l’animal au pelage immaculé avant de l’aider à monter, pas parce qu’elle avait abandonné l’idée de voir Adèle courir derrière, ça lui plaisait toujours autant, plutôt parce qu’elle avait déjà l’épaule bien douloureuse en moins d’une minute qu’elle était sur l’animal, si c’était pour être couché dessus comme une andouille, non merci. A peine son adorable cousine en selle, l’animal fit mouvement, s’élançant à toute vitesse dans la forêt ce qui eut pour conséquence qu’Adèle houspille Elise qui se défendit aussitôt  « Mais rien ! C’est pas ma faute ! C’est pas un vélo d’accord ?! C’est un être vivant et je sais pas si tu as remarqué mais j’ai pas de rênes dans les mains ! Je ne le contrôle donc pas ! »

Que ses deux cavalières se prennent la tête sur son dos ne semblait pas perturber outre mesure l’animal, limite s’il n’aurait pas continué alors qu’elles s’entretuaient sur lui. Elise n’avait pas du tout envie de tuer Adèle, enfin si mais elle n’aurait même pas eu l’idée de la pousser hors du canasson puisqu’elle regardait le sol, cramponnée à la crinière de la bestiole. A la limite, ça aurait été l’inverse, si Adèle avait glissé, elle aurait tout mis en œuvre pour la maintenir sur l’animal et elle aurait bien pu prétendre ce qu’elle voulait, que le poids de sa cousine l’aurait entrainé – ce qui est vrai- et qu’elle serait morte, qu’elle ne voulait pas d’une mort aussi pitoyable pour Froggy. La vérité c’était surtout qu’elle avait beau la haïr de tout son être, une mort reste quelque chose d’effroyable et qu’elle n’en était pas là, même si Adèle était méprisable.

La chevauchée se déroulait convenablement jusqu’au merveilleux moment où ce ne fut plus de la forêt à perte de vue mais du vide. Euh ? Il se prenait pour un pégase le machin ? Elise évita de montrer sa trouille à l’idée qu’il saute dans le vide et les tue au passage, non parce que si c’était pour se faire charrier par une Adèle totalement débile qui n’avait aucune conscience du danger, merci. Si ça passait avec Enola, ça ne passait pas avec Froggy, parce qu’Elise voulait bien se faire enquiquiner par quelqu’un qu’elle appréciait mais pas par la grenouille française. Fort heureusement pour les deux cousines, l’animal s’arrêta à un bon mètre du vide. D’ailleurs Elise apprenait dans un même temps que cette forêt n’était pas toute plate. Elle se laissa glisser au sol afin, tout compte fait ouai, c’était une idée débile et puis il y avait aucune plante qui les intéressait et ce canasson était la pire monture du monde. Elle s’apprêtait à s’éloigner du précipice, voulant pester au passage de cette perte de temps, elle allait vraiment passer la journée avec Adèle, youhou. Elle n’eut pas le temps de faire dix pas que déjà cheval de mauvais poil était devant elle à l’empêcher d’avancer la faisant soupirer et pousser la corne de la main pour que l’animal évite de l’embrocher. Sauf qu’en faisant ça, les naseaux de l’animal furent à la hauteur de l’épaule de la demoiselle et voilà qu’il la poussait vers le vide, la faisant devenir beaucoup moins agréable « Stupide bestiole, lâche-nous ! » Son regard se posait de plus en plus vers le vide qui se rapprochait un peu trop, alors comme ça à vue de nez il devait y avoir 60 mètres… voilà ça donnait pas envie de se faire pousser. Quelque chose capta son attention, un éclair doré, non pas le vif d’or, un peu plus gros, avec quatre pattes, des crins, une petite queue et une petite corne, sur une petite corniche à quelques mètres des deux filles et de leur geôlier qui n’était rien d’autre qu’un canasson.

Elise observait le petit animal prostré contre le mur, alors ouai c’est mignon les bébés licornes, mais là personnellement, elle votait pour la sélection naturelle, s’il était trop bête pour pas voir un ravin, elle n’y pouvait rien et qu’il meurt quoi. Non mais c’est vrai, elle n’avait pas envie de se rompre le cou pour un foutu poney, surtout qu’elle était accrochée à Adèle et vu comment s’était passé l’escalade, elle n’avait pas envie de s’essayer au rappel. Sans décrocher son regard de l’animal doré en-dessous, elle s’adressa à sa cousine. « Il est hors de question qu’on se mette en danger pour ce machin. »

« Mon erreur c’est surtout de t’avoir sauvé la vie. J’aurais mieux fait de te bloquer la tête sous l’eau pour que tu la boucles définitivement ta grande bouche de grenouille. »

Froide, elle n’avait même pas haussé le ton, lâchant ça comme si c’était la vérité universelle, dardant son regard plein de mépris sur la demoiselle qui faisait de ses études supérieures un enfer. Leur pause était définitivement terminée et si elles s’entraidaient ce n’était plus vraiment parce qu’elles faisaient preuve d’humanité mais uniquement parce que ce lien qui les liait, les empêchait d’agir comme elles le souhaitaient. Raison pour laquelle Elise ne se retrouva pas les fesses par terre, ce qui aurait été intolérable tout de même. Ce fut aussi la raison pour laquelle, elle aida son imbécile de cousine incapable de fermer sa bouche plutôt que de lui donner un coup de pied dans le ventre. Oui dommage, son pied était pile à la bonne hauteur, mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut.
Alors pour l’information hyper utile, la dernière fois qu’Elise avait du faire du cheval remontait à une dizaine d’années et à l’époque le poney était pas grand, super papa tenait la bride donc elle se sentait protégée. Là, niveau protection c’était clairement pas ça et savoir qu’Adèle ne savait pas en faire, c’était le truc à faire encore plus flipper, surtout que c’est fou mais cette fille elle finissait toujours cramponnée à Elise et ça ne plaisait guère à la demoiselle. Clairement, elle n’avait pas digéré le fait que dès qu’Adèle n’avait plus eu besoin d’elle après la baignade, elle l’avait laissé dans la merde, alors certes pour après aider, mais ça démontrait quand même que cette fille était détestable au plus haut point. Et puis zut pourquoi elle ne savait pas monter à cheval, c’est pas un truc de bourge ça ? Ah bah non, visiblement dans la famille de Lestang, ils avaient le carrosse de cendrillon tiré par Major, par contre apprendre à monter sur Major, ah mais pourquoi faire.
Une fois sur la terre ferme, et bien Adèle était fidèle à elle-même et après c’était elle qui osait se foutre de la tronche d’Elise ? Non mais St Mangouste qui se fout de la charité quoi, vu les castagnettes que ses jambes jouaient, elle ne semblait pas respirer la confiance en elle. Mais bon Elise avait pas le temps de se foutre de la tronche de cette andouille vu qu’elle regardait son truc doré en contrebas. Si ça se trouve, il était mort… voilà c’est ça qu’il faut dire, désolée maman licorne… ou papa on ne juge pas, ton bébé il est dead… Ah non merde, il vient de bouger… Mais quelle poisse. Si encore elle avait été avec Enola, elle aurait laissé la Gryffondor monter un plan hyper tordu, elle lui aurait dit que c’était pourri mais elle l’aurait fait avec. Là avec Adèle, la seule chose qu’elle voulait faire c’était rentrer au château. Ouai, tout de suite c’est pas le même délire. Surtout que merci Adèle et les petites interventions grotesque, sa cousine l’observa de bas en haut avant de rétorquer.

« C’est marrant, je t’avais dit aussi de fermer ta bouche mais t’arrives pas à retenir deux choses à la fois ? C’est trop compliqué pour ton cerveau ? Mais c’est bien si tu ressors les phrases que je dis, tu vas passer pour quelqu’un d’intelligente, c’est formidable, ce sera moins la honte de porter le même nom de famille. »

Est-ce qu’il fallait envoyer une petite pique sur le fait qu’Adèle avait des idées ? Non trop facile, il valait mieux écouter sans rien dire. Attendez, qui propose une idée en précisant que ça ne lui plait pas, ah non mais s’il faut sauter, c’est mort, Elise préférait encore abattre les deux licornes plutôt que de risquer sa vie, oui tuer un animal pur c’est pas bien, oulalah. Sauf qu’à choisir entre l’animal pur et pur façon de parler, ce poulain il l’avait pas fait avec le saint esprit des licornes alors pour la pureté on repassera, et la vie des deux cousines, le choix est quand même vite fait. Surtout que l’animal n’aidait pas, à peine Adèle avait-elle sortit sa baguette que l’animal tourna la tête vers elle, ce qui fit froncer les sourcils de l’autre blondinette, qu’il essaie juste d’embrocher Adèle et il allait se prendre une Elise dans les dents le canasson. Elle glissa sa main dans sa poche à la recherche de sa baguette, au cas où. Rien ne se passa, Adèle communiquait avec la licorne qui ne semblait pas agressive. En même temps quand on y réfléchit, soit elle embrochait les deux sorcières et elle devrait se débrouiller pour son petit, soit elle leur faisait un minimum confiance et elle pouvait espérer retrouver son poulain en forme. Elise hochait donc la tête, pour confirmer les dire d’Adèle, jusqu’à ce qu’elle prononce son sort.  Woho, comment ça accio balai ? Accio rien du tout ! Non mais elle avait complètement pété un câble la Froggy, à moins que ce soit le petit prodige de Beauxbâton, tien ce serait utile qu’elle soit bonne sur un balai pour le coup. Espoir vain puisqu’Adèle demandait à Elise si elle était douée sur un balai. Douée… c’est un bien grand mot tout de même. Elle était meilleure que la première fois où Sélénya lui avait filé un coup de mains, ça il y a pas à dire. Elle savait tenir sur un balai mais pour être douée il faut s’entraîner et autant quand la Poufsouffle passait du temps avec Elise, cette dernière s’entraînait. Autant maintenant, ça devait bien faire deux ans qu’elle n’avait pas touché le moindre balai... non pas que ça déplaise à Elise, toutes les excuses sont bonnes pour ne pas avoir à toucher un balai.
Et là toute la question se posait, est ce qu’elle devait prétendre être douée au risque de les pulvériser toutes les deux sur le sol ou est ce qu’elle devait reconnaître que ce n’était pas son talent caché, bonne question. Ni l’un ni l’autre… juste des faits.

« ça fait longtemps que je ne suis pas montée sur un balai. Tu te rends compte quand même qu’à deux sur un balai c’est déjà pas le truc le plus prudent au monde, mais deux en étant entravé. C’est étroit un balai. On n’a pas une grande marge d’erreur. »

Si l’idée ne lui plaisait pas du tout, le défi de réussir un truc qui semblait si mal parti, ça emballait bien plus Elise et elle arrivait même à avoir un léger sourire sur les lèvres en songeant qu’après elle raconterait cette mésaventure à Sélénya. Son amie aurait la certitude que toutes ces heures où elle lui avait prodigué patiemment des conseils portaient leurs fruits même si la finalité n’était franchement pas terrible pour Elise, mais connaissant Macmillan, cette dernière trouverait ça cool de sauver un bébé licorne.
Elle hocha une première fois la tête pour confirmer qu’elles attacheraient la bestiole afin de la faire remonter. Et très franchement ça paraissait évident à Elise que les deux sorcières ne s’amuseraient pas à essayer de soulever ce machin, non parce que c’est peut-être très mignon un bébé licorne mais ça doit faire dans les 150 kilos et clairement, même aidée, Elise était bien incapable de tirer ce machin de là. Le problème, c’est que même en attelant la licorne pour qu’elle tracte et fasse remonter son poulain, il risquait de se râper sévère contre la paroi donc il fallait empêcher ça au passage. Dire que ce serait tellement plus simple si elles n’étaient pas accrochées l’une à l’autre, merci à la prof…

Une meilleure idée ? Bien sûr qu’elle en avait une, grimper sur le balai et se tirer fissa, chacun sa merde après tout, ce n’était quand même pas les de Lestang qui avait poussé ce licorneau donc chacun répare ses bêtises… En arriver à cette pensée, c’était presque entendre ses potes Poufsouffles s’insurger, mais qui aime les animaux à part eux ? Un animal ça sert à rien et en plus ça créée des problèmes. Ne pas être égoïste, si ça se trouve, la licorne serait utile plus tard… sur un immense malentendu. Elise attrapa donc le balai qui venait de se pointer vers elles deux avant de prévenir.

« Dans le cas où on abime ton balai, je te préviens avant, je ne suis pas une experte, je fais de mon mieux et si tu te plains je te le fais bouffer. »

Sur ces douces paroles, elle enfourcha le morceau de bois sous le regard de la licorne qui surveillait très attentivement, flippante cette bestiole. Une fois Adèle derrière elle, la nouvelle mission débuta et à côté traverser une rivière à la nage c’était un jeu d’enfant. Mais c’est quoi ce balai pourri franchement, ça tanguait de tous les côtés, alors certes Elise était pas douée mais dans son immense mauvaise foi, elle balancerait sans état d’âme que c’était la faute du balai.  Et si être à 50 cm du sol ce n’était pas l’éclate et qu’Elise peinait tout de même à diriger, peut être parce que diriger à une main ce n’est pas évident ou alors si mais pour les experts en vol ce qu’elle n’était pas, être au-dessus du vide lui donna clairement des suées froides. Se stabiliser ? Un enfer, elle avait l’impression d’être dans des montagnes russes et ce fut plus un véritable hasard et un bon coup de bol, que du talent si elle réussit à se poster à côté du bébé licorne

« J’essaie de nous maintenir droite, essaie d’attacher les cordes sur lui. Fais passer entre ses deux pattes avant pour pas lui exploser la cage thoracique, je n’y connais rien en poney mais je me dis que si sa mère tire comme une grosse brute derrière elle va le tuer et risquer ma vie si la bestiole meurt derrière, ça ne me plait déjà pas. »

Juste au moment où elle prononçait ces paroles, le machin doré là, le crétin par excellence, eut un mouvement, sa patte arrière gauche glissa dans le vide. Ça peut arriver, rien de trop grave vu que les trois autres pattes l’empêchaient de basculer, sauf qu’en bougeant, il effraya Elise qui le voyait déjà leur tomber dessus. Elle fit donc un brusque écart avec le balai manquant au passage de faire perdre l’équilibre aux deux filles « On va y passer, tout ça pour un stupide canasson ! » Se remettre au bon endroit, un calvaire et tout ça c’était parce qu’elle avait préféré les études au Quidditch, dans sa prochaine vie, elle s’entraînerait à ça aussi. Elle mit bien dix minutes avant de se repositionner à côté de la corniche, se râclant la gorge avant de dire à son adorable cousine. « C’est bon, je bouge plus. A toi de jouer. »

Etre appelée cousine par Adèle, quelle drôle de sensation et puis pas des plus agréable, ça picotait la gorge. Etre comparé à une grenouille, non mais dans quel monde, et puis ça sonnait un peu comme une insulte dans sa bouche. Sauf qu’à la limite, c’est pas le sujet du jour, c’est désagréable tout le monde en convient, berk berk, sale grenouille. Mais le truc avec Adèle c’est qu’elle ressemblait à un canari entre les pattes d’un chat, au lieu de fermer sa grande bouche, elle ne pouvait s’empêcher de piailler ce qui donnait encore plus envie à Elise de l’étouffer. Après, est ce qu’Elise était plus intelligente, pas sûr pour le coup, elle aurait sûrement mieux fait d’arrêter de surenchérir, mais c’était pas si facile que ça, surtout face à une Adèle qui se débattait avec l’énergie du désespoir dans ses mots, essayant, en vain, de reprendre le dessus.

« C’était plus de l’espoir qu’une croyance. Un conseil à la limite. Oui je suis d’accord avec toi, il y a une chose sur laquelle j’ai été stupide, j’aurais dû te laisser te noyer. De de cette façon j’aurais pu feindre le traumatisme face au professeur pour éviter cette punition que nous avons uniquement parce que tu es incapable de te tenir en public. Je croyais que c’était fourni avec la pureté du sang le fait de se tenir en public. Ils ont oublié cette leçon ? »Elle secoua la tête négativement comme si c’était trop gros cette histoire, mais c’est  vrai en même temps, à quel moment personne n’avait rien remarqué, mais c’est quoi ces truffes qui prennent toute parole pour vérité absolue. « J’arrive pas à croire que cette mascarade se soit pas écroulée. Ou alors ça y est depuis que mademoiselle n’est plus en France, elle se sent pousser des ailes ? Peu importe dans quel pays tu te trouves, tu n’es rien de plus que le vulgaire pansement que les de Lestang ont décidé d’appliquer pour éviter le déshonneur. »

Et bien heureusement qu’il y avait une occupation autre que celle de s’envoyer des piques au visage parce que sûrement que ça aurait dégénéré entre les deux, plus qu’avec des paroles pleines de mépris, de jugements et ce genre de choses forcément des plus désagréables. Elise trouvait important, tout de même, d’apprendre à Adèle que ses priorités dans la vie, ça n’était pas de savoir voler sur un balai. Elle observait sa cousine en faisant la moue, se retenant réellement de lui proposer de se tirer et d’abattre les deux licornes pour éviter de se faire pourchasser par un animal vengeur, on sait jamais, ça a l’air vachement fourbe ces bestioles et puis ça a des sabots et une corne, si ça c’est pas fait pour blesser les gens, et bien à quoi ça sert.
Adèle essayait de rassurer Elise, non mais elle avait complètement pété un boulon. Est-ce qu’il était nécessaire de rappeler à la blondinette qui avait quand même donné beaucoup trop dans cette rivière et pour un résultat qui lui déplaisait, c’était pire entre elles deux, ce passage, non la réponse est non. Elle baissa néanmoins le regard sur leurs poignets liés avant de pousser un soupir, vaincue par la justesse des propos. Elle planta son regard dans celui de sa cousine avant de reconnaître à haute voix.

« La différence c’est que j’étais responsable tout à l’heure, je savais que je ne pouvais pas compter sur toi. Se noyer on le voit venir, certes c’est horrible comme mort, je te l’accorde mais tu le vois arriver. Sur un balai il suffit d’un faux mouvement, que l’une des deux glisse et c’est fini, il n’y a aucun moyen que tu parviennes à me stabiliser si je tombe du balai et l’inverse est tout aussi vrai. Je trouve ça carrément flippant. Le contexte est tout aussi différent, qu’est ce qu’on s’en fout d’un poney, ça se saurait si j’aimais les animaux. » Pas défaitiste, on respire un grand coup, tout ira bien, elles étaient ensemble, unies sur une cause commune, ça ne pouvait que fonctionner si elles faisaient marcher leurs méninges ensemble… et leurs muscles.« Bien sûr qu’on va y arriver, ça doit être la devise de la famille : La réussite ou rien. »

Ce grand moment de solitude que d’avoir un balai inconnu – bon en même temps Elise aurait pas été foutu de reconnaître son propre balai donc inconnu dans tous les cas – de se dédouaner dans le cas très probable où il allait lui arriver un truc et d’apprendre que ce n’était pas celui d’Adèle. Non mais c’est quoi cette fille, elle n’était pas nette, mais à quel moment elle se disait qu’il valait mieux prendre celui d’un autre ? Elle avait cru qu’Elise c’était le prodige du siècle en balai, elle avait passé le dernier mois où sérieux ? Non parce qu’Elise, le seul sport qu’elle maîtrisait c’était celui consistant à tourner les pages d’un livre et devinez quoi, aucune discipline olympique pour ce sport. Elle déglutit longuement. Danger de vie ou de mort ? Mais elle avait pris son balai à qui ? Puis elle ne pouvait pas l’emprunter à quelqu’un de sympa, non Adèle quand elle empruntait des trucs c’était toujours dans le but de se faire massacrer et de faire massacrer la pauvre cousine qui avait rien demandé.

« Géniale, aucune pression avec toi, c’est cool. »

Dans le genre pression, il y avait aussi le fait qu’elle collait Elise comme si sa vie en dépendait… bon d’accord c’était le cas mais ce n’était pas franchement des plus agréables. Adèle était un peu trop réactive au goût d’Elise, d’accord elle ne dirigeait pas spécialement bien le balai – faut dire que personne ne lui avait donné de cours au cas où elle serait attachée à quelqu’un -. C’était l’enfer ce vol, en plus elle avait tendance à regarder par terre, le truc à ne pas faire, et à calculer ses chances de survies qu’elle estimait à zéro pour faire simple.
Adèle n’aidait pas, limite quand elles se noyaient à moitié c’était plus simple, parce qu’en l’air Adèle était bien réveillée et bougeait, et qu’elle manqua d’étouffer Elise en resserrant sa prise. Très malin ça, si Elise perdait connaissance et bah ce serait bien fait pour Froggy, elle cherchait aussi. A peine avait elle lâchée Elise qu’elle trouvait le moyen de râler, non mais comme si Elise le faisait exprès de lui filer des frayeurs.

« Mais attends, ce n’est pas ma faute, c’est ce débile-là, il a bougé, imagine il nous tombait dessus ! »

Toujours accuser les animaux, ça ne peut pas se défendre, aucun risque qu’il agresse verbalement Elise ou alors s’il le faisait en hennissant, comme les deux sorcières ne comprenaient pas ce langage, elles pourraient toujours prétendre qu’il disait merci.
Une fois à nouveau proche du boulet, Elise essaya donc d’être parfaitement immobile pour éviter qu’Adèle en se penchant, bascule dans le vide et c’est même tout naturellement et sans la moindre hargne, pour une fois, qu’elle lui glissa.

« Fais attention à toi, et si tu trouves ça trop dangereux, arrête-toi, ta vie vaut carrément plus que celle d’un animal. »Oui oui c'est une phrase sympa

Très franchement si Elise avait pu maintenir le balai à une seule main, elle aurait certainement agrippé sa cousine pour éviter tout problème. Là, la seule chose qu’elle pouvait faire c’était rester immobile, ne pouvant même pas assister aux opérations de sa cousine. Ça dura longtemps, Elise avait les jointures des mains blanches à force de se crisper sur le balai.
Pour la première fois depuis le début de la journée, Elise se sentit respirer de nouveau uniquement lorsque le bras de Froggy vint l’enlacer de nouveau. Comme si rien n’avait plus d’importance tout d’un coup que cette cousine qui se tenait à elle. Elle ne hocha même pas la tête pour montrer qu’elle avait compris, sa seule préoccupation c’était de remonter là-haut. Pourtant, elle ne démarra pas trop rapidement, reprendre l’habitude des mouvements de ce satané balai après être resté immobile pendant de longues minutes. La remontée fut encore plus compliquée que la descente, elle essayait de pas s’écarter du rebord n’ayant pas vu la longueur de corde qu’Adèle lui avait donné et ça aurait été vraiment le comble qu’après avoir réussi à ne pas bousiller le balai contre la paroi, attaché le poulain solidement qu’elle fasse tout foirer en s’écartant trop, en décollant ce poulain de la paroi et que le poids de ce dernier les fasse chuter tous les trois. Le seul avantage serait que le petit démon qui les tuerait si elles abimaient son balai ne pourrait rien leur faire puisqu’elles étaient mortes.

Elle se posa sur la terre ferme, poussant un immense soulagement. Elle avait réussi ? Sérieux ? Au lieu d’avoir un sourire sur le visage pour accompagner cette victoire, elle tremblait, le contrecoup de l’adrénaline et de la concentration. Si c’était une championne quand il s’agissait de réfléchir, clairement les activités sportives, elle ne validait clairement pas. Elle participa avec sa cousine à le harnachement de la licorne au moins la plus docile du monde. Allez elle fila une première fois sous le regard exaspéré d’Elise qui avait plus qu’envie d’en faire du Findus de ce machin. Je vous épargne Elise qui essaie d’amadouer la licorne tout en l’insultant copieusement.
A force de persévérance et d'insulte, l'animal fut parfaitement harnacher par les deux cousines, qui franchement y mettaient du leur aujourd'hui alors que le monde entier avait décidé de les gonfler ou plutôt les rpgistes

« Il faut qu’on empêche le poulain de se manger la paroi maintenant… Génial on a que ça à faire. Tu sais quoi par contre, la bonne nouvelle c’est qu’on a un balai et que la punition va aller beaucoup plus vite maintenant ! »

Raison pour laquelle en retournant vers la paroi pour aider le poulain – en théorie -, elle se baissa pour récupérer le super balai et le garda dans sa main libre. Alors oui, il est vrai qu’Elise était pas franchement la meilleure sorcière sur balai du monde mais quand on compare entre Elise sur un balai ou Elise qui marche, franchement est ce qu’il ne vaut pas mieux le balai. Afin que la pilule passe mieux, elle essaya même de convaincre Adèle du bienfondé de cette idée.

« Promis, j’en prends soin, il n’aura pas la moindre égratignure. Tu seras plus vite débarrassée de moi comme ça. »

Est-ce qu’Elise était responsable de quelque chose dans cette histoire ? Oui, de la survie des deux cousines dans une rivière. Après est ce que vraiment c’était quelque chose à glisser sur son C.V, la réponse est non, parce que pour peu qu’on lui demande comment elle avait sauvé Froggy, tout suite c’était moins reluisant. Sans oublier qu’il faudrait reconnaître que c’est elle qui avait poussé la grenouille dans l’eau. D’accord, elle ne s’attendait pas à ne trouver aucune résistante, mais le résultat était là malgré tout. Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas quelque chose que l’on est pas responsable lorsque ces choses arrivent.
Elle serra la mâchoire lorsqu’Adèle lui fit la réflexion à haute voix, qu’elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, ça merci cousine, c’est vrai qu’Elise attendait ton autorisation pour penser. Ca faisait 18 ans qu’elle attendait la bénédiction de sa cousine à ce sujet. Sérieusement elle ne se prenait vraiment pas pour de la merde. En revanche sur le sujet responsabilité, elles se partageaient malheureusement la faute. Là où des personnes plus sages se seraient tus psst ça s’écrit comme ça ? abandonnant la lutte, non pas par faiblesse mais par sagesse, ou même encore pour ne pas aggraver l’entente entre les membres de la famille, les deux cousines s’ingéniaient à toujours être pire que la fois précédente. Et pourtant, pour une fois et pour le bien être mentale de la rpgiste d’Adèle quant à la temporalité Elise garda le silence, se contentant de la regarder avec mépris.

Ce qui est surprenant c'est qu'elles étaient plus que capable de coopérer, chacune pouvant se reposer sur l’intelligence de la seconde voire même sur ses capacités physiques. Elles étaient incapables de le voir tant chacune était occupée à critiquer la journée, la cousine, la forêt, la professeure. Puis en plus, il fallait aussi rajouter le fait qu’Elise était épuisée physiquement, qu’on le veuille ou non, elle n’était pas sportive et elle avait vraiment donné de sa personne aujourd’hui alors forcément la fatigue musculaire la rendait encore moins patiente que d’habitude et elle s’énervait pour un oui ou pour un non, certainement pour des broutilles en plus. Le balai avait donc été une bénédiction, enfin presque parce qu’Elise n’était pas non plus en train de sautiller sur place à l’idée de grimper sur un balai, encore moins quand quelqu’un était accrochée à ce même balai. Très franchement, elle aurait bien aimé être avec une personne plus douée qu’elle sur un balai et oh bon sang que la liste était longue, à commencer par Amaury. Non parce que quitte à être avec un de Lestang, il aurait mieux valu lui. Par contre… si Adèle avait été en colle avec Amaury, ça voulait dire qu’elle lui avait cassé les pieds et la petite blonde n’aurait pas aimé du tout.

Le sauvetage se déroula donc à merveille, enfin à merveille du point de vue d’Elise. Le balai n’avait pas eu le moindre dommage malgré les manœuvres pas des plus fluides de la blondinette. Le poulain avec une corne était tout ce qu’il y a de plus docile, enfin Adèle n’avait pas eu l’air de galérer ou alors elle cachait hyper bien son exaspération, ce qui était quand même très peu crédible connaissant la Française.
Les ennuis vinrent plutôt de l’animal adulte qui après leur avoir cassé les pieds pour qu’elles aillent chercher son petit en contrebas refusait de se faire atteler comme une bête de somme. Est-ce qu’elles avaient l’air d’être des cow boy voulant refaire leur cheptel ? Non mais au bout d’un moment prendre la tête alors qu’elles avaient risqué leur vie pour son poulain, c’était fortement déplaisant. Sans oublier le fait qu’à chaque fois qu’une des deux filles faisait un mouvement, l’autre ressentait une douleur dans l’épaule, en tout cas du côté d’Elise c’était le cas et Adèle n’était pas plus brute qu’elle pour le coup mais à force d’avoir ce même geste répété, ça faisait des fourmillements dans le bras et des douleurs. Une fois ce travail fastidieux effectuée, le balai de l’illustre inconnue dans la main, Elise aida plus ou moins Adèle à empêcher que le petit se fracasse le crâne contre la paroi. Non parce qu'en vérité, la deuxième sorcière observait leur moyen de locomotion, après tout il fallait bien voir s’il n’avait pas des égratignures avant qu’Elise et Adèle ne grimpent dessus, vu la façon dont Adèle l’avait agressé en lui disant qu’elle n’avait pas intérêt à l’abimer, ça va Elise était soigneuse comme fille et puis très franchement, elle n’avait tellement pas envie de marcher donc elle allait prendre soin de ce balai comme de la prunelle de ses yeux. Ce qui ne l’empêcha pas de rétorquer.

« Non mais je rêve, si tu te crois meilleure que moi, mais dirige-le ce balai. Tant que ce sera moi qui devrais me taper seule ce travail, je ne veux pas de reproches. Et si on l’abime on en rachètera, ça coûte pas si cher que ça un balai si ? C’est un beau balai par contre, la personne à qui tu l’as volé en prend soin, c’est cool ! »

Ouai c’était un bon point, un balai bien entretenu est un bon balai, enfin il paraîtrait, donc la personne avait un bon balai. Est ce que ça voulait dire que le balai coûtait les yeux de la tête ? Raison de plus pour qu’Elise fasse hyper attention à ne pas s’accrocher dans toutes les branches mais Elise elle gérait n’est-ce pas ?
Après cette stupide intervention de la part d’Elise qui n’aimait pas tellement qu’on remette ses capacités en doute, elles s’occupèrent de détacher les deux chevaux et Elise les regarda s’éloigner au petit trot comme si tout d’un coup les sorcières n’avaient plus la moindre importance. Comme quoi Elise avait raison de mépriser les animaux, ils la méprisaient aussi, elle passerait le message à Sélénya que les bestioles c'était le mal.
Elle fut rappelée à l’ordre par Adèle qui s’impatientait, voulant finir l’heure de colle. Oups, trop occupée à regarder les sales carnes s’éloigner elle avait oublié cette punition de malheur. Elle hocha donc la tête avant de grimper sur le balai.

Comment se termina cette punition ? Aussi bien qu’elle avait commencée, la distance à parcourir entre chaque plante était rendue vivante par les petites piques que les deux sorcières s’envoyaient. Elise manqua aussi, plus d’une fois de crasher le balai, la faute aux ombres de la forêt qui faisaient naître dans le cœur de la demoiselle une peur panique et forcément l’empressement combinée au fait qu’elles étaient deux sur le balai – chose qu’elle oubliait lorsqu’elle avait peur – et bien ça n’était pas fameux.
Il vaut mieux ne pas savoir combien d’heures elles avaient passé dans cette forêt, ça les aurait sûrement déprimés. Une chose est sûre, une fois devant le professeur, Elise eut toutes les peines du monde à retenir sa langue, quoi elle voulait juste la remercier pour son intervention miracle lorsqu’elles avaient eu besoin d’elle dans la rivière. Parce que sa punition débile aurait pu coûter la vie de deux élèves si Elise n’avait pas eu un instinct de survie la poussant à se surpasser. Tout ça pour trois brins de passiflores et de muguets, youpi.

Elle poussa un long soupir de soulagement lorsqu’elle récupéra son poignet et qu’enfin elle était débarrassée de la grenouille. Il faut reconnaître une chose aussi, c’est la mémoire des deux jeunes filles qui avaient été visiblement excellente puisque pas une seule seconde elle ne leur fit la remarque qu’il manquait quelque chose dans sa stupide liste de course. Ça aurait été avec quelqu’un d’autre, Elise aurait adressé un sourire à sa partenaire. Là, la seule chose qu’elle lui adressa avant de la laisser pour rejoindre son frère
« En espérant que cette mauvaise expérience te donne envie de rentrer chez toi Froggy et que je ne te reverrais plus jamais, je te dis adieu. »