When I see you again

Crystal & Sélénya

07 octobre 2018

Le mois d’octobre avait pris la place de septembre depuis quelques jours, et pourtant, l’automne ne semblait pas encore faire son apparition. Oui, une nouvelle journée commençait sous un beau soleil d'été indien, et la haute température qu'il apportait ne cessait de chauffer un peu plus l’intérieur de la boutique par les rayons qui transperçaient sans mal les parois vitrées. D'ailleurs, j’avais du mal à supporter la chaleur dans ma jupe crayon et mon chemisier, et la transpiration faisait glisser mes pieds dans mes escarpins, me faisant trébucher par moment lors de mes allers-retour d’un bout à l’autre du magasin. Probablement que pour la première fois de ma vie, je n'aurais pas été contre le gonflement de mes pieds. C'était douloureux certes, mais ça m’aurait évité de me ridiculiser devant chacun de mes clients. Quoiqu’à vrai dire, c’était un peu le cadet de mes soucis, en réalité. Lorsque je levais les yeux au retentissement de la clochette ce n’était pas pour vérifier si oui ou non, je pouvais me permettre de paraître ridicule en fonction de l’importance du potentiel client, mais plutôt s’il s’agissait de la venue d’une certaine personne … Je n’avais pas revu Eliael Xanielov depuis la semaine dernière, mais l’envie était si grande qu’elle menaçait de me faire exploser à tout moment. Oui, à chaque coup de cloche, mon coeur faisait un bond dans ma poitrine et je ne pouvais m’empêcher d’espérer que la personne passant la porte de ma boutique soit lui, et personne d’autre …

Plongée dans les retouches d’une robe, je portais instinctivement mon regard vers la porte de la boutique que j’avais laissé ouverte pour faire entrer un peu d’air frais. Oui, c’était complètement idiot et naïf d’agir de cette façon, de croire à n’importe quel moment qu’Eliael ferait son apparition dans l’unique but de venir me voir, moi, de me parler, d’échanger calmement comme nous avions pu le faire pour la première fois la semaine dernière … Mais si je pu apercevoir très clairement une silhouette à quelques mètres de la porte, ce n’était en aucun cas celle massive de l’homme, mais l’ombre bien plus frêle d’une jeune femme que je reconnaitrais parmi une centaine … Comme si j’étais victime de l’apparition d’un fantôme, je laissais glisser mon mètre ruban entre mes doigts avant de venir s’écraser à mes pieds, puis je restais immobile quelques secondes, le regard planté sur elle. A vrai dire, j’avais du mal à me rendre compte de la réalité de l’instant. Peut-être que je rêvais. Peut-être que cela n’était que le fruit de mon imagination. Mais pourquoi en serait-il après toutes ces années ? Certes, Sélénya avait marqué au fer brûlant une partie de ma vie, et même si je lui vouais toujours une certaine importance, je n’attendais plus aujourd’hui de la voir sur le pas de ma porte …

Mais je compris rapidement qu’elle était bien réelle. Que la blonde se tenait réellement devant chez moi, pour une raison que j’ignorai, tandis qu’elle s’enfuyait déjà. Alors sans réfléchir, je fis claquer mes talons en me lançant à sa poursuite, car il était hors de question pour moi de la laisser partir comme ça, sans explication, avant de poser un pied puis l’autre à l’extérieur. « Sélénya attend ! » Et si ce n’était pas elle ? Si je me trompais et qu’en réalité il s’agissait d’une inconnue. Tout cela serait ridicule. Mais moi, j’en étais sûre, je ne pouvais que reconnaître très clairement les moindres traits de son visage, et j’étais certaine de ne pas me tromper. Alors arrivée à sa hauteur, sans aucune hésitation, je tendais une main pour attraper son poignet et la forcer à se retourner avec le plus de douceur possible. « Ne pars pas s’il te plait … » J’ignorai depuis combien de temps elle était de retour, mais une chose était sûre, je ne comptais pas la laisser s’en aller comme une voleuse …

When I see you again

Crystal & Sélénya

07 octobre 2018

Je ne comprenais pas pourquoi Sélénya agissait de cette manière, pourquoi elle se contentait de m’observer au lieu de venir me voir directement, me serrer dans ses bras, me dire ce qui s’était passé pendant ces dernières années où je n’avais plus eu de nouvelles d’elle. D’ailleurs, depuis combien de temps faisait-elle cela ? Etait-ce la première, ou elle n’en était pas à son premier coup d’essai et je n’avais jamais rien vu ? Peu importe, j’avais eu la chance de l'apercevoir, et je ne comptais pas la laisser partir de cette façon. Parce que oui, ce n’était pas l’envie qui me manquait de la prendre dans mes bras et de lui poser des tonnes des questions. Mais alors qu’elle se dégageait vivement à peine je venais de lui empoigner le bras pour la retenir, je compris que les choses allaient être plus difficiles, et surtout, que quelque chose de trop important avait changé. Sa réaction, cette étrange lueur dans ses yeux et sur son visage … Elle n’était plus celle que j’avais connu quatre ans plus tôt. Elle n’était plus cette fille qui avait su me faire vibrer comme personne avant elle. Elle avait l’air plus vulnérable. Beaucoup plus. Quelque chose était éteint dans ce visage qui avait su éclairer les quelques mois que j’avais passé chez les MacMillan, et c’était ce qui m’alarmait, tandis que j’entendais enfin le son de sa voix, pour la première fois après quatre ans … Pas vraiment poli ? Pensait-elle que j’étais susceptible de lui en vouloir ? Je secouais la tête de manière compatissante, et suppliante à la fois. « C’est pas grave, je t’assure … » Je ne trouvais pas les mots pour lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas, mais encore moins pour lui demander pourquoi elle venait de s’enfuir de la sorte.

Plus j’observai son comportement, plus j’étais à la fois paniquée, mais encore plus peinée de me rendre compte d’à quel point elle n’était plus comme avant. J’étais convaincue que ce qu’il s’était passé n’était pas anodin, que son absence était bien pire que ce que je pensais. Mais comment espérer obtenir une réponse alors qu’elle osait à peine me regarder dans les yeux et me parler ? Lorsqu’elle annonça qu’elle devrait s’en aller, je secouais la tête, tendant une nouvelle fois la main vers elle avant de me raviser, me rappelant de sa précédente réaction. « Non reste … » Bien évidemment que je n’agissais pas de la meilleure façon, que je devrais l’inviter à me suivre à l’intérieur pour discuter, au lieu de rester plantées là, au milieu de la ruelle. Mais en réalité, j’étais encore un peu sous le choc de la retrouver, et qui plus est de cette manière. Cependant, ce qu’elle ajouta me laissa bouchée un instant tant j’étais à la fois touchée mais aussi surprise … Oh oui, à moi aussi, elle m’avait manqué. Elle n’était peut-être pas la première que j’avais désiré, mais ce qui était certain, c’est que depuis que nous nous étions quitté je n’avais jamais éprouvé quelque chose d’aussi fort pour quelqu’un d’autre. D’ailleurs j’avais mis du temps à m'en rendre compte, à l'époque. Ce n’était pas correct de m’amouracher d’une fille aussi jeune, je ne voulais pas trahir ses parents. Parce que c'est ce que j’avais ressenti, l'impression de les trahir, si je touchais à leur fille après tout ce qu'ils avaient fait pour moi. Seulement, je n’avais pas pu refouler mes sentiments éternellement, j’avais finis par craquer, et j’avais mis du temps à m'en remettre quand elle fut sortie de ma vie, le lendemain de cette nuit douce et torride à la fois. Alors même si le temps et l’absence avait fait son travail sur ce que j’avais éprouvé pour elle à l’époque, elle n’avait cessé de quitter ma mémoire et mon coeur. « Je ne sais pas où tu étais passée tout ce temps, mais je n’ai pas cessé de penser à toi … Tu ne veux pas entrer ? Dis-je en montrant la boutique d’un signe de tête. On a des choses à se dire je crois … » Je ne savais pas si elle allait accepter, mais en tout cas, je l’espérais de tout coeur …

When I see you again

Crystal & Sélénya

07 octobre 2018

Je n’aurais jamais dû laisser le temps s’installer entre nous, et détruire ce qui nous avait lié à l’époque. J’avais cru bien faire en sortant de sa vie, en quittant le foyer des MacMillan après cette nuit là. Je pensais que c’était le mieux pour tout le monde, ne pas laisser cette relation secrète devenir un parasite qui détruirait nos relations respectives avec sa famille. Je me rendais compte que j’avais surement fait une erreur, que ce qui lui était arrivé et qui était encore un mystère pour moi n’aurait peut-être jamais eu lieu. Bien sûr qu’on imaginait beaucoup de choses avec des « si ». Que tout n’était qu’hypothèse, et qu’on pouvait se tromper. On ne saura jamais ce qui serait arrivé si nous avions agi différemment. Mais moi, en cet instant en tout cas, je ne pouvais m’empêcher de m’en vouloir en la voyant ainsi. Je voyais son regard éteint, ses traits durcis par un événement qui la nuisait encore, et je ne savais même pas quoi. C’était comme si j’avais râté trois années de ma vie, alors qu’en réalité, en laissant s’installer cette distance, j’avais loupé trois années de la sienne, alors que j’aurai pu être là. J’avais donc envie de comprendre. Comprendre ce qui s’était passé, ce qu’elle avait vécu pour paraître à ce point blessée. Pourquoi n’avait-elle jamais osé passer le pas de la porte de ma boutique avant ça, pourquoi rester dans l’ombre comme je venais de la surprendre aujourd’hui ? J’avais tant de questions à lui poser, mais je savais que ce n’était pas en restant figées dans la ruelle que nous allions parvenir à une discussion plus sereine.

Je venais donc de l’inviter à entrer, et une part de moi était ravie qu’elle accepte. C’était au moins un premier pas. Elle n’était pas tout à fait fermée, cela me rassurait autant que me réjouissait. Cependant, le silence était pesant, tandis que je la conduisais à l’étage. J’avais pris soin de verrouiller la porte de la boutique et de tourner l’écriteau qui annonçait mon indisponibilité. Il était encore un peu tôt, mais je préférais faire passer Sélénya avant, pendant qu’elle était entre mes mains. C’était le moment d’espérer renouer, alors ni moi, ni mes clients n’étions à une heure près. D’ailleurs, c’est elle qui mit fin au silence en premier en m’annonçant que ce n’était pas la première fois qu’elle venait. Bien, déjà une question à laquelle elle répondait sans que je n’eus besoin de lui poser. Cela me faisait quelque chose, qu’elle n’en était pas à sa première fois, et je me sentais moi-même idiote de ne jamais l’avoir remarqué avant. « Je vois … Répondis-je en m’éclipsant dans la cuisine pour nous servir un jus de citrouille. Mais pour être honnête, je ne sais pas non plus ce que j’aurai fait à ta place. » Même si cette inquiétude, je ne la comprenais pas. Je n’étais pas un monstre, et elle le savait, alors de quoi avait-elle eu peur ? Je la rejoignis rapidement, armée nos deux verres, bien déterminée à obtenir cette réponse. Mais je n’eus pas le temps de lui tendre le sien que déjà elle éclatait en sanglant en s’excusant, et ma première réaction fut de me figer, hébétée. Je ne me décidai à poser nos verres sur la table basse qu’après quelques secondes, puis je me précipitai vers elle, toutefois sans vraiment oser la prendre dans mes bras. A la place, mes mains encadrèrent son visage timidement. « Oh non Sélénya, ne pleure pas s’il te plait, repris-je d’une voix compatissante et abattue. Je n’ai pas fait mieux, j’aurai dû chercher à prendre des nouvelles de toi … Mais bon sang … Qu’est ce qu’il t’est arrivé … »

When I see you again

Crystal & Sélénya

07 octobre 2018

Les larmes de Sélénya me brisaient le coeur. Pour la première fois, elles confirmaient son malheur, ce mal-être qui la rongeait et que j’avais cru percevoir dans ses yeux. Maintenant, je pouvais être certaine qu’il s’était passé quelque chose de grave durant ce long laps de temps où le silence nous avait peu à peu éloignée l’une de l’autre. Et cette peine qui s’écoulait sur ses joues m’écrasait la poitrine comme dans un étau, elle me broyait le coeur parce que voir souffrir la jeune fille était certainement la dernière chose que je voulais. Le pire, c’était que je ne pouvais même pas la prendre dans mes bras. Je devais me faire violence pour ne pas la serrer tout contre moi, la réconforter comme une amie de longue date, lui montrer que j’étais là pour elle. Je n’osais pas, après la manière dont elle s’était dégagée un peu plus tôt dans la ruelle, alors que je l’avais retenu par le poignet. Son geste avait paru si violent sur le coup, que je savais que je ne devais pas recommencer, qu’il y avait quelque chose, que cela avait un rapport. Je me contentais donc de prendre son visage entre mes mains dans un geste tout aussi tendre, pour lui montrer que je n’étais pas insensible, et pour lui faire comprendre qu’elle pouvait se jeter dans mes bras si elle en avait envie. Je ne voulais pas qu’elle fuit encore une fois, qu’elle me file entre les doigts, qu’elle reste avec sa douleur. Du pouce, j’essuyai la larme qui perlait sur la joue de la blonde, et je pouvais déjà sentir les miennes qui menaçaient d’arriver. Mais déjà, elle se dégageait, moins brusque, et s’installer dans le canapé où je la suivis, quand la suite m’horrifia.

Alors qu’elle remonta ses manches le long de ses bras, une multitude de marques apparurent peu à peu, me laissant sans voix. Je tendis l'oreille alors qu’elle se lançait dans son récit, mais mes yeux, eux, butèrent un instant encore sur ses bras qu’elle recouvrit aussi vite. Mon visage se durcit peu à peu à l'avancement de l'histoire, à la colère que je commençais à ressentir en comprenant ce qu’il s’était passé. Je détournai les yeux. Étrangement, c'était trop dur pour que je puisse continuer de la regarder pendant qu'elle racontait. Je fixai un point sur le sol pendant qu'elle me parlait d’un laboratoir, de moldus, de test qu’ils lui avaient apparemment fait subir. Je pouvais ressentir ce qu’elle même avait ressenti à ce moment là, ce qu'elle devait ressentir en cet instant même. Je bouillais de colère, alors que j'entendis au son de sa voix qu'elle pourrait pleurer d’un moment à l’autre, mais j'étais incapable de la regarder. Au lieu de ça, je continuais d'écouter son histoire, que dis-je, son cauchemars, d’imaginer la torture que lui avaient fait subir toutes ces pourritures de moldus, d'enfants de Satan. Plus son récit avança, plus je serrai la mâchoire, me crispai, serrai les poings à m'en enfoncer les ongles dans la paume de mes mains. Quand elle annonça que son père l’avait retrouvé il y a un an, et que ses derniers mots furent pour sa soeur qui par bonheur allait bien, je relevai la tête vers elle, un peu malgré moi, et je découvris avec horreur la douleur qu'elle transpirait, cette souffrance qu'elle laissait s'échapper. Alors je n'eus pas d'autre geste que de poser ma main sur son genoux, d'appuyer pour lui montrer à quel point j'étais là. « J'ose même pas imaginer ce que tu as dû vivre … je suis tellement heureuse de t'avoir là, devant moi … si tu savais ce que je suis désolée .. » Je la tirai finalement vers moi pour le prendre dans mes bras, pour lui montrer que tout était fini, que jamais je ne laisserai faire ça une nouvelle fois, que j'étais là. Pour la première depuis le début de son récit, je laissais mes larmes couler librement tant imaginer sa douleur, sa souffrance, me faisait du mal.

When I see you again

Crystal & Sélénya

07 octobre 2018

Tout ça, tout ce que je venais d'apprendre, c'était une histoire de fou, une histoire répugnante. Imaginer Sélénya entre les mains de tous ces enfoirés me donnait la nausée. Comment pouvait-on faire subir tout ça à un être vivant ? J'avais la rage contre tous, j'avais tant envie de les punir pour l'avoir blessée, pour l'avoir fait souffrir. Je m'en voulais d'avoir été impuissante, ignorante face à ça. Je m’en voulais d’être partie, de l’avoir laissé. Je ne pouvais m’empêcher de me dire que si j’étais restée, si j’avais affronté mes peurs, que j’avais assumé, rien de tout cela ne serait arrivé. J'essayais de digérer son récit. J'étais incapable de parler, tellement ça m’écœurait et me ahurissait, me faisait mal, aussi. Une histoire de dingue. Je devais garder mon calme, du moins, le peu qu'il me restait. Sélénya n'avait pas à subir ma colère, elle avait déjà suffisamment traversé. J'aurai tant voulu tout effacer d'un coup de baguette, mais hélas, c’était dans ce genre de moment que je regrettais d’en être incapable. Et puis, de toute façon, la magie, aussi puissante soit-elle, était incapable d'une telle chose. Il ne me restait plus qu'une solution, être là pour elle, la réconforter, être forte pour deux. Je la serrais un peu plus fort contre moi, pour la consoler, pour lui exprimer mon sentiment face à ça, et mon pardon aussi. Je me surpris même à laisser mes larmes couler, mais j'avais si mal pour elle. J'étais tellement désolée de tout ce qui était arrivé, tellement désolée d'avoir laissé faire. Mais sa soudaine réaction me laissa quelques secondes sans voix, me reculant à mon tour, comme elle venait de le faire subitement. Je la toisais d’abord d’un regard surpris et interrogateur. Choqué aussi, de m’avoir ainsi repoussée. Et puis je me souvenus. Avec ses révélations, j’avais oublié sa réaction dans la rue, tout à l’heure, j’avais oublié sa peur, quand je l’avais touché. Je fis alors le rapprochement, et je me rendis compte que j’avais été maladroite de la prendre dans mes bras, de l’avoir serrée. Je ne savais pas ce que cela pouvait lui faire ressentir, la douleur qu’elle pouvait éprouver, mais je pouvais l’imaginer. Certainement pas assez.

Elle tenta alors de se justifier, et ces nouveaux mots me firent une nouvelle fois ressentir du dégoût, et une certaine rage. Certainement que j’étais incapable de réellement concevoir ce qu’elle avait vécu, que c’était au-delà de mon imagination. Cela suffisait à nourrir un peu plus ma fureur et mon envie de vengeance. J’en étais à vouloir bondir du canapé, faire les cents pas dans le salon pour tenter de me canaliser, mais elle me surprit d’un nouveau geste. En quelques secondes, j’avais sa tête sur mes genoux, et je baissais le regard sur elle, confuse. Les mains légèrement relevées, je ne savais pas où les mettre pour ne pas risquer de la toucher, pour ne pas lui faire mal à nouveau. Je savais maintenant la réaction qu’elle aurait à coup sûr, même si son geste lui, était contradictoire. Pourtant, j’en étais aussi à la fois soulagée, et satisfaite. Visiblement, je ne lui faisais peut être pas si peur que ça. Alors je baissai finalement mes mains, l’une posée sur le canapé, et l’autre collée le plus possible contre mon ventre. Je dus retenir mon envie de passer mes doigts dans ses cheveux, de caresser tendrement son front. Je ne bougeai simplement plus, tandis qu’elle reprit, qu’elle disait que je n’y étais pour rien, que je ne devais pas être désolée. Sauf que cela ne suffisait pas à atténuer ma propre rancune envers moi, alors qu’elle ajouta qu’elle aimerait que je la prenne dans mes bras, avant d’expliquer ce que cela lui faisait, et de me demander de lui pardonner, ce qui me brisa le coeur une seconde fois ... « Je comprends Sélénya … J’essaie d’imaginer ce que tu dois ressentir … Je te promets de faire attention, de ne pas te brusquer … Et de faire en sorte que tu guérisses aussi … » Oui, qu’elle aille mieux était tout ce que je souhaitais à présent que je savais, et j’étais prête à être là pour l’aider. « Je ne sais pas ce que tu fais, où tu en es dans ta vie, si on t’attend quelque part … Mais tu peux rester ce soir, si tu veux … » Et l’aider passait par être présente pour elle, par lui vider la tête de toutes ces choses négatives, atroces qui l’avaient blessé, et qu’elle devait à présent oublier …