Invible tears are the hardest to wipe away

La rentrée était proche et avoir pu retrouver les vieilles pierres de l’université était une libération. Rentrer en troisième année de médicomagie rapprochait un peu plus Helios de son futur emploi et sa future place au plus haut sommet de la chaîne alimentaire. Chaque rentrée signifiait qu’il était un peu plus mature, un peu plus adulte et un peu plus proche de suivre sa mère chez les Mangemorts. Bientôt, lui aussi aurait à servir l’Augurey, et il serait le plus fervent de ses partisans. L’héritier Carrow n’avait pas le droit à un seul faux pas. Et il ne comptait pas trébucher.

Marchant tranquillement dans les couloirs, le jeune Serpentard s’imprégnait de ce retour en cours. Le mois de septembre avait ce petit goût de nouveauté, il comptait bien en profiter. Avec les soirées d’intégration et autres divertissements étudiants avant que la monotonie d’octobre et les examens de novembre viennent troubler la fête. Il avait quelque peu révisé pendant les vacances mais pas au point de se les gâcher. Il avait un peu voyagé mais rien de bien transcendant. Sa mère était bien trop occupée pour partir avec lui et rester seul, même sur un autre continent, n’enchantait guère le Serpentard.

Il croisa quelques-uns de ses camarades et les salua avec flegme et détachement. Bien qu’il fût absolument ravi de les revoir, il ne fallait montrer à quel point ces vacances l’avaient ennuyé. Attendre avec impatience la rentrée n’était pas quelque chose dont il voulait se vanter. Il croisa Sam, un étudiant en méditation magique de son année avec lequel il avait bien sympathisé. Il fut le seul qui osa s’arrêter pour le saluer.

« Helios ! Ah, ça fait bien plaisir de te voir ! »

« Et bah alors Sam ? Je t’avais manqué ? »

« T’as pas idée ! J’avais personne avec qui critiquer les botrucs boiteaux de sang-mêlés qui viennent de s’intaller à côté de chez moi ! » Répondit le Serdaigle avec entrain.

« Que veux-tu, pour avoir des gens au sommet, il en faut bien à la base. » Répondit en souriant Helios. Sam lui répondit par un rire sonore en lui tapotant l’épaule.

« Je te laisse Carrow, j’ai cours. Ravi de t’avoir revu. On se croise un de ces quatre au pub ? Je te dois une bierreaubeurre de mémoire ! »

«  Je ne vais jamais te contredire sur ce genre sujet ! A plus Sam ! » Termina Helios en reprenant le chemin de ses propres cours. À dire vrai, il avait actuellement une heure à tuer. Sa prof avait mal digéré un Billywig farci la veille et ne se sentait pas de faire cours. Helios avait hésité pour en profiter pour réviser mais l’année n’était pas vraiment encore commencée. Il aurait tout le temps nécessaire plus tard pour avancer. Cette heure serait à la détente et à la découverte de… Le Serpentard se figea. Alors dans un des couloirs du rez-de-chaussée, la fenêtre en face de lui donnait sur le parc. Sélénya Macmillan, la Sélénya Macmillan, était visible de l’autre côté de la vitre. Sa petite amie pendant toute sa sixième année à Poudlard  Enfin une moitié, car l’autre il avait passé à essayer de la conquérir. Avec succès, sans surprise évidemment.

Elle semblait perdue dans cette enclave de verdure. Que lui était-il arrivé ? Des rumeurs avaient circulées dans toute l’université et étaient parvenues jusqu’aux oreilles d’Helios. Il était cependant compliqué de discerner le vrai du faux dans toutes ces histoires. Certains affirmaient qu’elle s’était enfuit avec des moldus, d’autres affirmaient qu’elle avait été purement et simplement enlevée. Enfin on racontait qu’elle avait simplement prit de longues vacances, probablement à cause d’une grossesse à cacher. Helios était perplexe sur la vérité qu’il aurait préféré…C’était toutes de bien mauvaises nouvelles.

Le Serpentard ne savait pas vraiment comment aborder Sélénya, et si d’ailleurs il devait le faire tout court. Après tout, ils ne s’étaient pas quittés en très bon terme, à l’initiative d’Helios certes mais par la faute de Sélénya. Elle n’était simplement pas assez amoureuse de lui et avec le Carrow, c’était tout ou rien. Malgré cette rupture, Helios avait toujours eu une place dans son cœur pour Sélénya. Bien qu’il l’aurait nié sous la pire des tortures, il éprouvait toujours une certaine forme d’affection pour celle qui avait partagé un bout de son adolescence.

Helios sortit et se rapprocha de la Poufsouffle. Elle semblait concentrée sur quelque chose mais il n’arrivait pas bien à voir quoi. Il hésita plusieurs fois à continuer. Mais que lui arrivait-il ?! Pourquoi se retrouvait-il comme à quatorze ans, les genoux tremblant devant une demoiselle ? Il était Helios Carrow, de la famille Carrow et il allait parler avec Sélénya Macmillan sans avoir les genoux en compote ou la gorge sèche. Il connaissait plusieurs de ces amis qui donneraient cher pour le voir aussi peu sûr de lui devant une fille… Restant tout de même à une distance d’un mètre ou deux, il interpella la concernée :

« Sélénya ? Sélénya Macmillan ? Ca fait un bail… »

Se mordant les joues, il tenta de se rattraper : il ne connaissait pas les raisons qui avaient amenée Sélénya à disparaître… Et celles-ci pouvaient être déplaisantes, aussi bien pour elle que pour lui ! Il était donc judicieux pour Helios d’utiliser ses compétences durement acquises dans la haute société aristocratique sorcière pour pouvoir tenir une conversation sans offenser l’interlocuteur dès les premières paroles. Il était déjà agacé par sa propre conduite, cela n’allait pas aller en s’arrangeant.

« Je… Je voulais dire que ça faisait longtemps… Hum… Comment vas-tu ? »

« De mieux en mieux dis donc ! » pensa Helios. Il en était persuadé, elle allait être ravie qu’il l’ait quitté quelques années plus tôt. Qui pourrait vouloir s’intéresser à un sorcier qui perdait tous ses moyens en des instants aussi banals ?! Il allait devoir s’endurcir un jour… Il posa son regard sur Sélénya. Elle était toujours aussi magnifique et il se surprit un instant à se perdre dans ses yeux, le contour de ce nez et de ses lèvres qu’il avait eu l’honneur d’effleurer, il y a un temps qui lui semblait extrêmement lointain.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

« Salut Helios, tu as raison, ça fait longtemps, une autre vie. »

Ne sachant comment réagir, Helios se contenta d’un sourire poli. Effectivement, seulement trois ans qu’ils s’étaient quittés. Et pourtant en cet instant, ils n’étaient que deux vagues connaissances, comme deux anciens d’une même promotion étudiante se retrouvant après trente ans à la réunion des anciens élèves. Seulement trois ans. Que s’était-il passé ? Lui avait-il autant brisé le cœur ? Le Carrow en était un peu peiné. Tout ce temps, Helios n’avait jamais vraiment oublié Sélénya, il avait même un peu aurait espéré, un tout petit peu, qu’elle aurait cherchée à reprendre contact. Rien qu’un mot. Juste un contact. Un seul. Sans information sur les activités de la Macmillan ces deux dernières années, il se demandait bien si les évènements de sa vie étaient à l’origine de ce silence ou si cela avait été un choix réfléchi et décidé.

« Ça va bien et toi ? Tu n’as pas cours ? »

A question creuse, réponse creuse. Que pouvait-il s’attendre à avoir comme informations en lui demandant simplement comment elle allait ? Tout le monde répondait la même chose. Une convention sociale. Helios se convint qu’il fallait bien un moyen de commencer une conversation et qu’il n’y en avait pas quarante mille si une ancienne relation voulait éviter de paraître particulièrement folle ou grossière.

« Ça va bien merci. » C’était vrai. Lui avait une vie plutôt sympathique, des projets, une mère aimante, des amis. Bref, tout allait pour le mieux. En regardant dans les yeux de Sélénya, il ne put s’empêcher de se sentir quelque peu coupable. Pourquoi ce sentiment ? « J’ai une heure de libre. Comme toi je suppose ? Une prof malade, tu sais ce que c’est… » Répondit-il avec un petit sourire entendu. Cela leur été arrivé quelques fois, lorsqu’ils étaient ensemble et qu’une heure de pause se profilait, de s’isoler pour se raconter ce que peuvent se raconter des adolescents amoureux. Il repoussa prestement les souvenirs doux et sympathiques qui remontaient à la surface. Il ne voulait pas ressentir d’éventuels regrets d’avoir mis fin à cette relation. Hors de question.

« Tu as choisi quel cursus ? »

Il resta silencieux devant Sélénya, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Medicomage était-ce assez ? Serait-elle impressionnée ? Il eut envie de se gifler. Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Tentait-il véritablement de se mettre en avant devant la Poufsouffle ?

« Raconte-moi. »

Leur relation était terminée, sur son choix, et il était hors de question de revenir en arrière et repartir de zéro. Que n’arrivait-il pas à comprendre là-dedans ? Peut-être était-ce sa nature même : Hélios désirait se faire bien voir de tous. Y compris son ex.

« Qu’est devenu Helios Carrow ! » Il sourit à la prononciation de son nom. Cela lui avait manqué.

« Médicomagie. Fraichement débarqué en troisième année ! Un jour je sauverai le monde… Ou au moins deux trois patients à Sainte-Mangouste. Du coup hésite pas si un jour tu as besoin de mes services… Enfin non, je ne te le souhaite pas bien sûr c’est juste… »

Et voilà, de nouveau, Helios en perdait ses moyens. Sélénya avait ce quelque chose qui lui faisait tourner la tête et mélanger tous les mots qu’il connaissait. Il tenta d’analyser les sentiments qui le submergeaient : non, il n’était pas amoureux de la jeune demoiselle. Il l’avait été pour sûr. Mais ici, il ressentait plutôt du regret et de la compassion. Il avait véritablement envie de s’arrêter discuter avec elle. Elle avait toujours su le calmer. Une espèce de superpouvoir qu’il n’arrivait pas à s’expliquer. Cette fille était tellement gentille et douce qu’il se laissait toujours avoir. Pendant un instant, il eut juste envie de se blottir dans ses bras et de fermer les yeux. Pour se souvenir du bon vieux temps.

Helios avança de quelques pas mais n’osa pas vraiment s’approcher davantage. Elle ne l’avait pas invité à s’asseoir ni à la rejoindre. Un peu perplexe, Helios choisit l’option qui le mettait le moins mal à l’aise, c’est-à-dire s’asseoir en face d’elle, à un mètre environ. Une certaine distance qu’il essayait de garder. Aussi bien physique qu’émotionnelle.

« Je me pose quelques minutes si ça ne te dérange pas ? »

Et maintenant il lui demandait l’autorisation ? Certes il venait quand même de faire l’action énoncée en demandant l’autorisation. Mais demander n’était pas dans ses habitudes. Il ne faisait jamais cela. Helios Carrow s’asseyait où il le voulait quand il le voulait, qu’importe ce que pouvaient bien en penser les gens présents. Plus encore, lorsque les personnes aux alentours étaient des connaissances. Mais était-ce véritablement le cas ici ? Plus il détaillait du regard la jeune femme devant lui, moins il y retrouvait la Sélénya avec laquelle il avait vécu, à son humble avis, une jolie histoire. Cette femme devant lui, avec son sourire qu’il devinait un peu forcé le laissait perplexe. Il savait lire les gens, ou du moins savoir s’il était apprécié ou non. Une nécessité dans la haute société. En cet instant, il ne se sentait pas vraiment le bienvenu. Qui était-elle ? Que lui était-il arrivé ? L’inquiétude était grandissante. Que s’est-il passé ?

« Et toi ? Qu’est-ce que la lumineuse Sélénya Macmillan a décidé de faire de sa vie ? »

Helios n’arrivait qu’à renvoyer la balle. « Et toi ? ». Car comment demander à quelqu’un qui n’a visiblement pas très envie de parler de soi, des choses sur lui-même et son passé ? Commencer petit pour obtenir davantage. Une technique habituelle.

« Tu es chez tes parents en ce moment je suppose ? Comment vont-ils ? » Tenta-t-il pour amener le sujet sur elle tout en ne la désignant pas directement. Cette conversation cordiale le tuait à petit feu. Il sentait bouillir en lui des milliers de questions. Il voulait secouer la Poufsouffle et lui demander ce qu’elle avait bien pu faire de Sélénya, de sa Sélénya.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

« Oui à la différence près qu’aucun de mes professeurs n’est malade, j’ai juste une heure de pause à chaque fois. »

Helios la regarda silence. Une pause d’une heure à chaque fois ? Une particularité de sa filière ? Ou était-ce une dérogation réservée à Sélénya Macmillan ? La perplexité le gagnait de plus en plus sans vraiment réussir à mettre le doigt sur la raison. Enfin si, il s’agissait toujours de la même chose : ou était-elle donc passée pendant tout ce temps ? Helios se doutait que toutes ses questions étaient liées et se liaient dans ces réponses qu’il n’arrivait pas encore à obtenir.

Le rougissement furtif de la jeune femme fit sourire davantage le Serpentard. Alors, elle n’avait pas tout à fait oublié leur temps ensemble.  Son honneur était sauf ! Le contraire l’aurait énormément vexé.

« Merci, c’est gentil. Je suis sûr que tu feras un grand médicomage ! En attendant que tu ais ton diplôme je pense quand même que Monsieur Greengrass s’occupera très bien de moi. »

La première partie de la phrase fit encore davantage grossir son orgueil et son ego –qui au demeurant n’étaient déjà pas petits- mais la seconde fit monter une jalousie qu’il ne pensait plus présente depuis longtemps. Après tant d’années, alors qu’il avait lui-même éconduit la Macmillan, voilà que dès qu’elle prononçait un nom masculin, il en était énervé ? Repoussant cette idée de jalousie, il se rassura en se disant qu’il ne voulait simplement que le bien de Sélénya. Greengrass… L’infirmier de Poudlard… Un ancêtre, plus que la trentaine… Non il n’y avait rien entre eux. Et puis qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Lui aussi avait tourné la page depuis longtemps.

« Non bien sûr que non, je t’en prie installe-toi. »

Helios perçut un léger soulagement lorsqu’il s’installa. N’aimait-elle pas la proximité ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Le jeune homme avait à cœur de protéger les demoiselles et damoiseaux avec lesquel.le.s il pouvait avoir une relation…Pas les traumatiser au point de ne plus pouvoir les approcher… L’épais brouillard dans lequel il semblait s’enfonçait le mettait de plus en plus mal à l’aise.

« Tu ne devines pas ? »

Un peu pris par surprise, il ouvrit la bouche, peu sûr de sa réponse. Oh Helios avait bien connu la Poufsouffle, et il se souvenait de pas mal de choses à son sujet… Surtout le fait qu’elle aimait les petites bestioles mignonnes, celles précisément que ne supportaient pas Helios. Donc peut-être Zoomagie ? Elle n’arrêtait pas non plus de lui montrer le ciel dès que le soleil se couchait. Elle était très douée pour repérer les étoiles ou toute autre constellation. Le Serpentard trouvait cela mignon quoiqu’il ne fût jamais très motivé pour aller s’allonger dans l’herbe humide pendant des heures, dans le froid, pour voir trop pauvres points lumineux dans le ciel… Peut-être que Sélénya avait choisi une voie là-dedans sinon ?

« Zoomagie et botanique. En revanche je n’ai pas encore réellement tranché entre l’élevage ou le soin, je suis mitigée. »

« Je m’en doutais. C’était soit ça…Soit les étoiles ! Je pense que tu es un peu comme moi, tu aimes comprendre les choses… Soins pourrait être une belle opportunité. » Répondit-il assez fier d’avoir deviné juste. Il était bon ce garçon dis donc, se félicita-t-il lui-même.

Helios hocha la tête lorsqu’elle parlait de ses parents. Il se souvenait que Sélénya ne cautionnait pas vraiment le métier de son père et cela semblait toujours être le cas. Il se tut cependant, attendant la suite de l’histoire. Elle semblait vouloir ajouter quelque chose alors qu’elle jouait distraitement avec l’herbe. Peut-être allait-elle lui révéler ce qu’il voulait savoir…. Et non. Juste encore plus d’infos sur son père. Il hocha la tête pour approuver ses propos mais au fond de lui-même il se fichait un peu de la dynamique père/fille de la famille Macmillan. Mais Helios n’allait surement pas lui dire le fond de sa pensée. Après tout il était bien trop intrigué par le passé de la jeune femme pour la froisser si vite sans n’avoir obtenu aucune réponse. Il allait falloir se retrousser les manches pour aller chercher ces informations. Très bien, après tout, il n’aimait pas les victoires trop faciles… Mais il espérait que cela n’allait pas durer des heures, la patience n’était pas son point fort.

« C’est au moins une amélioration non ? Tu as réussi à le raisonner un petit peu alors ? »

Le Serpentard posa ses mains sur le sol et s’appuya vers l’arrière en étendant les jambes, légèrement décalé pour ne pas mettre ses pieds en plein sous le nez de Sélénya, il n’était pas si mal élevé !

« Et ça va, tu arrives à te faire à la vie universitaire ? » demanda-t-il innocemment.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

Les chemins de l’existence menaient parfois à des croisements impromptus. Comme en cet instant. Effectivement, le sujet soulevé par Sélénya mettait en lumière à quel point la vie pouvait être cynique : Helios avait séduit Sélénya par défi, parce qu’elle était sang-pur et qu’elle ne semblait pas être intéressée par lui. Et aujourd’hui, il se rendait compte que si leur relation avait tout de même été une pseudo-réussite, ce n’était peut-être pas seulement grâce à cela mais également grâce aux affinités que les deux jeunes gens partageaient. Helios sourit et laissa divaguer son regard dans le jardin.

Parfois, il se laissait aller à des pensées, savoir comment le monde aurait pu tourner et comment son existence aurait pu en être transformée si à un croisement il avait pris une autre voie. Il s’agissait là de réflexions assez étranges pour un jeune homme de 21 ans qui n’avait peut-être pas encore conscience du temps qui passait. Mais avec Sélénya, il s’imaginait à présent ce qui aurait pu se passer s’ils étaient restés ensemble… Helios doutait d’être encore assez important pour que cela puisse avoir eu un impact sur l’univers mais peut-être au moins pour eux deux. Peut-être qu’il aurait su ce qu’il s’était passé pendant deux ans. Et si cela était, comme il le redoutait, de mauvais souvenirs, les empêcher.

« Je n’en ai pas tellement eu besoin, les évènements ont fait que cette discussion est venue d’elle-même finalement »

Oui ! Il touchait au but ! Helios était à présent pendu à ses lèvres, attendant la suite, une explication, quelque chose, même simplement quelques indices permettant de savoir ce qu’étaient « les évènements » en question. Mais Sélénya ne sembla pas pressée de continuer, bien plus encore quand elle saisit l’autre sujet d’Helios pour continuer sur Poudlard. Quel idiot ! La base de toute conversation visant à recueillir des secrets était simple : laisser assez longtemps quelqu’un mal à l’aise pour qu’il se sente obligé d’en parler… Une erreur de débutant. Il avait envie de se frapper… Ou de frapper quelqu’un ou quelque chose de proche pour décharger son agacement. N’ayant que Sélénya à portée de main, il se ravisa. Il était énervé mais il gardait tout de même une once de principe : il ne frappait quasiment jamais et encore moins des amis ou des anciennes conquêtes.

« Mais je pense me plaire ici. »

Helios sourit et acquiesça. Malgré son mutisme avéré, Sélénya se plairait bien à l’université. Elle avait toujours été un peu fêtarde. Et l’université laissait énormément d’opportunités dans ce domaine. En plus d’éventuellement offrir un avenir. Mais les soirées étaient… Légendaires ! Il se souvenait encore de sa première soirée à l’université, là où les étudiants, dont la plupart venaient de Poudlard, se mélangeait avec de toutes nouvelles têtes dans un environnement encore plus nouveau. L’intégration comme cela se nommait. Beaucoup de boissons, de jeux magiques et autres artifices pyrotechniques. Et des rencontres à n’en plus finir, plus ou moins intimes, plus ou moins longues, exacerbées par les nombreuses substances à disposition.

« Et toi ? Est-ce que tu te plais ici ? Combien de règles as-tu déjà contournées dis-moi ? »

Partant dans un éclat de rire, il se surprit lui-même. Elle se souvenait de sa propension à faire vaciller l’ordre établi pour son propre compte, évitant bien sûr toujours de se faire prendre ou rejetant subtilement la faute sur d’innocentes victimes. Cela lui rappelait de bons souvenirs ! Mais un doute s’insinua dans son esprit : s’intéressait-elle vraiment à sa réponse ou tentait-elle encore d’échapper à la conversation précédente ? Helios était dubitatif mais répondit tout de même, par politesse.

« Oui oui, c’est vraiment très sympa. J’adore mes cours et j’ai réussi à me faire quelques amis sans soucis… Tu sais ce que c’est ! Et puis, c’est vrai que la liberté offerte par l’université à quelque chose… D’addictif ! Oh pour les règles… T’as combien de temps ? Parce que la liste est longue ! Je dirai que l’un de mes plus beaux exploits a été de valider une matière en n’ayant jamais été présent… Ou alors l’explosion du crapaud pendant sa dissection… Un grand moment. »

Helios souriait en repensant à la tête de son professeur penché sur le ventre de la grenouille se gonflant de plus en plus. Puis l’explosion et les lambeaux de l’animal sur l’ensemble de sa personne professorale. Sa capacité de poker face durement travaillée sauva le jeune Serpentard lorsque ce qui semblait avoir été un bout de cœur tomba mollement de la joue du professeur et s’écrasa avec un bruit ridicule. Il avait eu tant envie d’exploser de rire… Mais cela aurait très probablement donné un indice sur le coupable. Et Helios Carrow s’en sortait toujours. Après avoir détaillé, chaque étudiant, le professeur avait conclu à une accumulation de gaz dans l’animal… Helios avait été le héros de la journée auprès de ses camarades. Il espérait encore avoir plusieurs opportunités de ce type dans sa vie… Sinon celle-ci serait bien morne.

Le retour au sujet que voulait Helios allait être compliqué à rattraper en étant subtil… Surtout que la curiosité et l’impatience commençait à avoir raison de ses bonnes manières. Décidant de la jouer directe mais avec quand même un soupçon de sympathie et un pincée d’humour, il lança son hameçon à l’aveuglette, espérant en ressortir quelque chose.

« Excuse-moi de revenir en arrière mais… Tu parlais d’évènements avec ton père ? Il a enfin compris quelle merveilleuse fille il avait ? » Demanda-t-il. Ce n’était pas sa meilleure question « directe mais avec quand même un soupçon de sympathie et un pincée d’humour » mais elle ferait l’affaire. Helios se demanda si Sélénya l’avait déjà raconté à quelqu’un ou si beaucoup de personnes avaient osé lui demander. Si oui, alors il n’était qu’un parmi tant d’autres à vouloir la vérité et elle ne s’en offusquerait nullement. Si non, alors il était véritablement un ami dévoué qui désirait savoir où était passée son ex pendant deux longues années. Dans tous les cas il était le gentil garçon non ? Trop facile.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

Un instant, la frivolité, l’innocence et la jeunesse de Sélénya transparurent alors qu’elle énumérait les raisons de vouloir garder sa liberté à l’université. Helios sourit malgré lui alors qu’elle parlait. Tous ces traits de caractère  dont il avait eu tant l’habitude et l’espoir de voir rejaillir l’ancienne Sély disparurent aussi vite qu’ils étaient venus, avec le sourire de la jeune femme. Alors qu’Helios évitait quelque peu étonné le brin d’herbe faiblement envoyé par sa compagne de discussion, il se surprit à regretter sa dernière question. Il voulait savoir mais… Quelque chose dans la posture de Sélénya et la tristesse qui transparaissait à présent dans ses yeux le mirent mal à l’aise. Que s’était-il passé ?

« Dis donc, il a toujours su quelle fille merveilleuse j’étais ! »

« Excuse-moi, je disais cela sur le ton de la rigolade, je ne voulais pas t’énerver. » s’empressa de répondre Helios. Il fallait qu’il rattrape le coup et vite s’il voulait pouvoir reparler à Sély un jour…

« Tu as dû te rendre compte que je n’étais pas là ces trois dernières années n’est-ce pas ? »

«  Oui évidemment. »

« Je sais qu’il y a certaines rumeurs, sans doute que je ne les connais pas toutes d’ailleurs. »

Helios ne dit rien sur les rumeurs. Elle devait les avoir toutes entendues mais il n’était pas personne à les lui répéter. Surtout qu’il allait très probablement avoir le fin mot de l’histoire avant la fin de l’après-midi

« Mais la vérité c’est que j’ai été retenue prisonnière des moldus pendant deux ans. »

La mâchoire du sorcier se décrocha presque devant ce qui lui aurait paru quelques temps plus tôt totalement absurde. Un enlèvement ? Quoi ? Quand ? Comment ? Par ces chiens de moldus ?! Ses poings se serrèrent. De nouveau, sa colère remontait et il ne tarderait pas à vouloir frapper de nouveau quelque chose pour devoir se calmer. Il inspira fortement pour tenter de clarifier ses pensées. Helios en voulait en cet instant à la terre entière : à Sély qui ne lui avait rien dit, ces moldus qui ne méritaient que la mort et à lui-même, qui n’avait pas été présent pour empêcher cela.

« L’été 2015 en août, il y avait une fête moldus à laquelle avec ma sœur nous voulions nous rendre… Ils étaient à attendre dans le noir je… J’ai rien pu faire, j’ai été privée de ma baguette et je… »

Et à présent il lui en voulait également de n’avoir pas réussi à les vaincre. Sély n’était pas la plus grande sorcière de son temps mais elle savait tout de même se servir d’une baguette non ? Surtout si elle était accompagnée de sa sœur ! Qui pouvait être assez idiot pour tomber dans un piège ridicule qui provenait de l’esprit dérangé de vermines moldus ?!

Helios fixait Sély en silence ne savant pas vraiment quoi faire, comment réagir ou que dire. Toutes ses pensées se mélangeaient à présent en un gros fourre-tout dont la colère, l’incompréhension et la tristesse semblaient cependant en être les grands gagnants.

« Je… » tenta d’articuler Helios. Il évitait à présent le regard de Sély, alors que ses sourcils se fronçaient et qu’il se relevait lentement pour faire quelques pas. « C’est… Ouaoh… Je veux dire… Ouaoh… »

Laisser Helios Carrow muet était une prouesse dont peu d’êtres vivants pouvaient se vanter. Il y avait eu Anastasie MacFrayer au début de première année qui avait dénigré avec force son costume tout neuf et, Helios n’avait pas été capable de se défendre tant la situation était nouvelle. Et puis il y avait eu la fois où Meredith lui avait dit de ne plus poser de questions sur qui était son père car elle-même ne le savait pas. Là non plus, il avait encaissé le choc sans vraiment savoir quoi rétorquer. Et puis enfin il y avait aujourd’hui, devant Sélénya Macmillan qui lui annonçait qu’elle avait été enlevée pendant deux ans – deux années ! – par de moldus fanatiques et qu’elle avait été maîtrisée sans trop savoir comment. Une petite voix dans sa tête se moqua légèrement du Carrow : « Tu voulais savoir, maintenant tu sais. Alors ? On fait quoi maintenant ? ».

Helios se força finalement à faire face à Sélénya. Il la dépassait et dut baisser les yeux pour pouvoir plonger son regard dans celui de la jeune femme. Qu’attendait-elle qu’il lui réponde ? La vérité ? Cela pourrait être un début. Mais Helios ne parlait pas de ses sentiments. Ce n’était tout simplement pas normal chez les Carrow. Il se retrancha alors derrière des barrières de politesse et de convention sociale pour rester digne et maître de lui.

« Je suis désolé d’apprendre cela Sélénya. C’est… Terrible. Si j’avais su je n’aurai pas eu l’indécence de te poser la question si… Frontalement. Je te prie de m’en excuser. »

Que ressentait-il au fait maintenant que des mots avaient franchis sa bouche avec succès ? Il était sincèrement désolé pour Sély mais la colère s’était un peu estompée au profit du dégout de la défaite… Il ne put s’empêcher d’en vouloir à Sély de s’être fait prendre... « Comme une débutante ? » demanda la petite voix. « Et si cela avait été toi… T’en serais-tu mieux sorti ? » La réponse était évidente. Évidemment. (La rédactrice est plus dubitative que le personnage à ce sujet).

« Pendant deux ans hein ? Et tu… Et tu vas bien aujourd’hui ? Tu… Aurais pu m’en parler, me dire, m’appeler au secours… Certes nous ne nous sommes pas quittés dans les meilleurs termes mais quand même Sély… Tu… Aurais pu… Du me le dire. »

Et voilà, Helios mettait enfin le doigt sur le fond du problème : il était simplement vexé qu’elle ne lui ait rien dit. D’apprendre cela après toutes les personnes importantes… Comme la dernière roue du carrosse qui finalement ne servait pas à grand-chose. Il en comptait pas se rasseoir tout de suite, il avait encore besoin de faire quelques pas pour tenter de garder les idées claires.  

« Oh Sély… Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? » soupira Helios.

Codage d’après Libella sur Graphiorum

« Ça va, ne t’en fais pas, il en faut un peu plus pour m’énerver. »

Laissant échapper un soupir de soulagement, Helios regarda Sélénya  avec davantage d’intensité. Elle restait malgré tout une Poufsouffle, cela il ne pouvait le nier. Elle n’était pas aussi exubérante et douce que certains Blaireaux mais gardait un véritable bon fond. Ce qui la mènerait forcément à sa perte un jour. Cela, Helios se garda bien de le lui dire. Du moins pour le moment.

« […] Pas même avec le nombre de fois où on m’a forcé d’en parler… »

Helios aurait presque éprouvé de la pitié pour la jeune femme. Raconter des évènements traumatisants ne devait pas être évident. Lui-même avait eu à faire face à des tragédies. Il avait eu beaucoup de mal à parler de Simon, sa première chouette, lorsqu’elle était morte devant ses yeux des suites d’une crise cardiaque propre à son espèce de volatile. Il s’agissait d’un compagnon, loyal, divertissant et efficace. Un grand drame. Il fut sorti de ce moment de mélancolie macabre par le ton presque accusateur de Sélénya.

« T’appeler au secours ? »

Alors que le Serpentard allait lui répondre sur un ton qui aurait été peu agréable, à grand renfort de réponses évidentes, la Macmillan ne lui en laissa même pas l’occasion.

« Tu n’imagines pas combien de fois j’ai crié, j’ai hurlé, pleuré au fond de cette cave sans que jamais personne ne vienne ! Je n’arrivais déjà pas à en parler aux personnes les plus proches de moi, tu aurais voulu que je te dise quoi au juste ? […] mais là où j’étais je n’avais pas vraiment accès à un hibou si tu veux tout savoir.  »

Helios se renfrogna à la fin des paroles de sa camarade qui le blessèrent. Ceci pouvait s’expliquer par la véracité des propos prononcés et la honte qu’ils provoquaient chez le Serpentard, sentiment qu’il n’aimait pas du tout. Pour qui se prenait-elle exactement ? Déjà, elle n’aurait jamais dû se laisser attraper par de vulgaires moldus. Ensuite, elle aurait dû trouver un moyen de s’échapper. Deux ans avait-elle dit ?

« Deux ans c’est très long Helios… Je n’irais peut-être plus jamais bien… Chaque fois que je ferme les yeux je me retrouve dans cette cave… »

Le jeune homme se retint de lever les yeux au ciel. Certes, elle avait vécu quelque chose d’horrible mais il fallait savoir tourner la page. Comme lui avec Simon la chouette. Sélénya était une Sang-Pure, sa puissance et ses capacités devaient être bien supérieures à la moyenne. Alors pourquoi avait-elle échoué à ce point à se sauver ? Peut-être n’était-elle pas Sang-Pure finalement ? Cette idée lui fit grincer des dents alors qu’il repensait à leur temps ensemble ? Mais l’autre possibilité, celle comme quoi les Sang-Purs n’étaient pas meilleurs que le reste du monde sorcier, cette idée-ci était bien plus effrayante pour le jeune Carrow. C’est ainsi qu’il préféra la faire disparaître de ses pensées et se focaliser sur la première option.

Alors que Sélénya abordait le sujet de ce que ces foutus moldus lui avaient fait, Helios ne put s’empêcher de se tendre et d’avoir un bref mouvement de recul. Les moldus avaient-ils souillés son sang avec leurs objets ou technologies étranges et infâmes ? Il avait entendu parler des « progrès » de la medicomagie moldue, parfois même de la bouche de professeurs qui avaient osées leur en présenter à eux, sorciers.

Helios concéda à sa camarade sa capacité à résister à la torture. Il n’en était pas encore lui-même un spécialiste. Il attendait avec impatience sa formation de Mangemort pour pouvoir commencer à apprendre. Bientôt il rendrait la monnaie de leur pièce aux moldus… Mais s’il arrivait trop tard ? Et si les moldus touchaient au but avec leur histoire de gêne magique ? Il s’agissait de dangereuses connaissances acquises par leur ennemi, qui ne devaient surtout pas tomber dans leurs mains. Soudain très intéressé, Helios demanda du tac au tac :

« Tu as pu avoir accès à leur recherche ? Tu as peut-être entendu quelque chose sur ce qu’ils avaient découvert ? »

Le jeune homme marqua une pause. Son esprit de jeune Sang-Pur venait de se calmer pour laisser place au médicomage en puissance et son cerveau fonctionnait à plein régime. Il en venait presque à oublier pourquoi Sélénya s’était retrouvé à proximité des moldus. Pour toute personne décemment constituée psychologiquement, il aurait été de bon ton de questionner la jeune femme sur sa vie après l’enlèvement ou si elle avait besoin de quoi que ce soit. Mais que nenni pour Helios. Il avait à présent cerné le sujet qu’il voulait aborder et n’allait pas lâcher l’affaire. Peut-être s’était-il trop empressé de poser des questions qui pourraient paraître blessante à la Macmillan. Qu’importe. S’il devenait le premier medicomage à rassembler les informations de ces moldus, il pourrait peut-être même recevoir des félicitations de l’Augurey elle-même !

« J’avais presque abandonné tout espoir… J’y croyais à peine lorsqu’ils m’ont enfin trouvée… »

« Qui t’a trouvé Sély ? Ils ont une adresse ? On doit y retourner pour rassembler un maximum d’informations. Cela pourrait peut-être nous permettre de prouver que les Sang-Purs sont supérieurs et… » Helios se tût en regardant la jeune femme qui lui faisait face. Non, elle ne méritait pas qu’il partage ses plans avec elle.

« C’est véritablement horrible ce qui t’es arrivé Sély. Je te souhaite le meilleur… Et peut-être de meilleurs cours de duels pour que cela ne reproduise pas. Ce serait véritablement dommage. » Termina-t-il d’un ton plus dur qu’il ne l’aurait voulu. Helios ne concevait toujours pas que le monde ne puisse pas endurer ce que lui-même pensait pouvoir endurer. Sélénya n’était pas une moins que rien, elle avait après tout partagé sa vie avec Helios quelques temps. Le cerveau d’Helios n’arrivait pas à concevoir cette défaite de la Poufsouffle.

Se rasseyant lentement, il restait à présent pendu aux lèvres de Sélénya, prêt à mémoriser toutes les informations qu’elle pourrait avoir sur ces moldus, le lieu ou les technologies employées. Il tenait sa marche pour entrer dans la cours des grands. Ils l’avaient tous moqués et allaient à présent s’en mordre les doigts.

Spoiler:

Codage d’après Libella sur Graphiorum

« On ne me laissait jamais toute seule. Mais l’équipe qui m’a trouvé ont dû prendre tout ce qu’ils pouvaient avant de détruire l’endroit. Peut-être qu’ils ont trouvés quelque chose, je ne sais pas, j’ai répondu aux questions qu’on m’a posées et ensuite cela ne me regardais plus. A vrai dire je m’en fiche, ils sont morts et c’est tout ce qui compte. »

Helios eut envie de lever les yeux au ciel. Si elle n’était même pas capable de lui donner ces quelques informations, à quoi pouvait bien servir cette conversation ? Une petite voix vint réprimander ces pensées peu empathiques. Elle avait effectivement eut d’autres chats à fouetter que de se préoccuper de ce que l’équipe avait bien pu trouver. Après tout, Sélénya n’était pas médicomage.

« L’endroit a été détruit Helios et t’en fais je pense que les aurors sont déjà sur l’affaire, mon père s’en occupe. C’est lui qui m’a trouvé avec son équipe et l'un des infirmiers de l'université. Il était auror avant et bossait avec mon père, c’est pour ça qu’il était là lui aussi. »

Et voilà, de nouveau cet infirmier. Helios était persuadé que c’était celui-là même dont parlait si affectueusement Sélénya quelques instants plus tôt. Qu’avait-il de si extraordinaires hein ? Le jeune homme ne put réprimer un soupçon de jalousie pour cet infirmier qui avait l’habitude de travailler sur le terrain. Helios aussi espérait, une fois intégré chez les Mangemorts, pouvoir partir sur le terrain. Avec ses nerfs d’acier, il pourrait sans aucun doute gérer toutes les situations qui se présenteraient à lui. Aussi facilement que de dire bonjour ! Il était fait pour ça, il en était certain.

« On n’a rien à faire Helios, à part finir nos études. »

De nouveau, le Serpentard se mordit l’intérieur des joues pour éviter de répondre du tac au tac quelque chose qui aurait pu être déplaisant pour une personne extérieure. Lui si. Il n’allait aps attendre au moins cinq ans avant de faire quelque chose pour changer le monde. Voldemort était à peine majeur lors de ces premiers exploits. Helios était déjà en retard, il n’allait pas encore en rajouter. Avant son vingt-deuxième anniversaire, il espérait bien avoir accompli quelque chose d’incroyable. Et si cela pouvait avoir lieu en présence de beaucoup de témoins, c’était un plus non négligeable. Cela lui ferait du bien à sa confiance en lui mais les félicitations de la populace nourriraient son ego.

« Non, évidemment. J’espère un jour. » Se contenta-t-il de répondre.

Ils continuèrent de discuter et finalement, Sélénya souleva un point intriguant pour le jeune Carrow :

« Si tu veux mon avis, oui les cours de duels sont utiles, mais il me faudrait également apprendre à me défendre physiquement… »

« Je n’avais jamais vu cela sous cet angle… »

Il n’y avait jamais vraiment pensé, se figurant qu’il aurait toujours sa baguette avec lui. Mais il le savait de par le duel : l’objectif premier était de désarmer son adversaire, faire voler sa baguette pour qu’il se retrouve à sa merci. Oui mais voilà, ensuite on s’arrêtait là. Qu’en était-il de moldus qui cherchaient à vous tuer ? Une fois désarmé, un sorcier devenait effectivement une proie sans défense. Cette idée mis mal à l’aise Helios. Celui-ci avait toujours pensé être supérieur au reste du monde mais la possibilité de se retrouver sans défense vis-à-vis d’un moldu venait quelque peu chambouler tout cela.

« En tout cas, je ne souhaite à personne ne vivre ce que j’ai vécu. »

« Je veux bien te croire Sélénya…. Seulement pour que cela n’arrive plus, il faut que certaines personnes prennent les armes ou le commandement pour pouvoir anéantir la menace. »

Le regard d’Helios commençait à brûler d’une flamme « patriotique » pour la « race sorcière ». Il savait que son enrôlement était proche, et telle une jeune recrue bien inconsciente des sacrifices qui lui seraient demandés, attendait avec impatience son premier détachement.

Helios regarda l’heure sur sa montre et émit une moue ennuyée.

« Je ne vais pas devoir trop tarder Sély…. Ma pause arrive bientôt à son terme. » Il releva les yeux vers la blonde qui lui faisait face. « Promets-moi que si tu as besoin de quoi que ce soit que je suis en mesure de t’offrir, tu viendras me voir. Marché conclu ? » Demanda-t-il en souriant.

Il en avait appris beaucoup avec cette simple conversation. Les moldus semblaient être de plus en plus en confiance, ce qui n’était pas forcément une bonne nouvelle pour eux tous. Et Sélénya et lui s’étaient bien plus éloignés que ce qu’il avait cru. Il soupira et détailla les traits de sa camarade pour graver ce nouveau visage dans son esprit. Ce n’était plus la fêtarde qui avait partagé sa vie  Elle était plus grave et plus… Apeurée. Il détestait la voir comme cela.

« Sache que tu as d’autres personnes vers qui te tourner, autre que ton infirmier je veux dire. » Lui dit-il en souriant.

Codage d’après Libella sur Graphiorum