TAKING STEPS IS EASY, STANDING STILL IS HARD


D'un pas vif et léger, elle se faufila par l’entrebâillement de la porte pour se diriger dans le plus grand des silences vers le grand escalier qui menait à sa chambre. Elle était en retard, Hestia, elle qui était, d'habitude, si ponctuelle était en retard pile quand il ne le fallait pas. Mais elle n'y pouvait rien, quand elle se trouvait dans la forêt qui bordait leur demeure, à découvrir les plantes étranges qui l'y attendaient, elle ne voyait plus le temps passer. Elle atteignit la porte de sa chambre sans rencontrer âme qui vive et elle s'y engouffra d'un geste souple. Sans attendre, elle ôta ses vêtements qui, grâce à un sortilège habile placé là, allèrent se ranger seuls à l'autre bout de la pièce. Enfiler directement sa robe lui aurait fait gagner un temps qu'elle n'avait déjà plus, mais ses joues rosies par l'air extérieur et ses cheveux décoiffés la trahiraient dans la minute. Pestant en silence, elle fila prendre une douche la plus rapide possible avant de passer ladite robe, une très belle pièce bordeaux qui faisait ressortir la pâleur de sa peau et la profondeur de ses prunelles. Une fois ses cheveux remontés en une coiffure sophistiquée, elle se hâta de sortir.
Un sourire assuré et innocent sur le visage, Hestia alla rejoindre ses parents et sa sœur aînée qui attendaient déjà près de la grande porte d'entrée que les invités arrivent. Comme si de rien n'était, la jeune sorcière vint se placer entre son paternel et sa sœur. Celle-ci ne semblait pas le moins du monde dupée par l'arrivée tranquille de sa jeune sœur, le regard mi-exaspéré mi-complice qu'elle lui lançait le lui indiquait sans mal. Elle ne pouvait rien lui cacher et cela faisait bien longtemps qu'elle y avait renoncé. Tant qu’elle ne disait rien. D'un geste, Thalia retira des cheveux de sa cadette une feuille qui s'y était logée discrètement et n'aurait pas manqué de la trahir. Se pinçant les lèvres pour ne pas afficher un air ironique, Hestia posa furtivement sa main sur le bras de sa sœur pour le remercier. Les choses n’étaient pas toujours simples entre elles, mais au fond, elle pouvait toujours compter sur Thalia. « Bien, te voilà. » La voix de Cyrus Carrow résonna dans le grand hall de la demeure. Il paraissait détendu, mais Hestia savait qu'il ne s'agissait que d'un masque, elle pouvait le sentir sur ses gardes et il n'aurait de toute évidence pas accepté qu'elle arrive quelques instants plus tard. Presque machinalement, elle se redressa. « N'oublie pas Hestia, c'est une soirée importante pour toi. Pour nous aussi. » Comme tous les ans, les Carrow donnaient une grande soirée en l'honneur de la fin de l'été, tous les grands noms du monde sorcier y étaient conviés et chacun savait que c'était là l'occasion de renforcer les alliances entre les familles influentes. De faire briller un peu plus le nom des Carrow qui peinait encore à se remettre de la guerre. Cette soirée-là avait une saveur toute particulière puisqu'Hestia allait faire son entrée à Poudlard dans les jours qui suivraient. « Je sais, père. Poudlard est idéal pour se créer des relations, mais tout commence dès maintenant. » Répondit-elle avec un hochement de tête convaincu. Ce discours, elle l'avait entendu tant de fois qu'elle avait cessé de compter. Tout naturellement, en bonne marionnette qu'elle était, elle l'avait intégré. Dès son plus jeune âge, son éducation avait tourné autour des désirs de grandeur de ses parents. Ils voulaient gravir les échelons, amener leur nom dans la lumière. Le faire briller, encore et toujours plus. La famille Carrow avait toujours joui d'un prestige important, mais ce n'était jamais assez et c'était maintenant au tour de Thalia et d'Hestia d'y apporter leur contribution. De porter leur nom avec fierté et d'en être dignes.
Très pris, les Carrow étaient peu présents, mais ils mettaient un point d'honneur à ce que l'éducation de leurs enfants soit irréprochable. Leur héritage était leur fierté et leurs descendantes devaient en être méritantes. Ils étaient exigeants et stricts, les erreurs n'étaient pas permises. La médiocrité était bannie, et même la moyenne n'était pas tolérée. Pour être une Carrow, il fallait briller de tout son être et peu importait si on y perdait son âme. Afin de parfaire son apprentissage, Hestia avait été confiée très tôt à des précepteurs chargés de lui enseigner le savoir-vivre, l'histoire sorcière et les bases de la magie. Elle avait appris à se comporter en société, à avoir de la conversation et à cultiver une apparence parfaite. Mais également à se lier avec les hauts placés et à agir dans les intérêts de sa famille. Car plus que le bien-être de leurs enfants, c'était là l'objectif des Carrow. Et Hestia avait toujours rempli son devoir sans se plaindre. Ces exigences avaient toujours fait partie de sa vie et elle était venue à les considérer comme naturelles. Les Carrow étaient sa famille, son sang, elle était fière de son nom et elle voulait qu'ils soient fiers d'elle. C'était aussi simple que ça. Et elle voulait croire qu'elle réussissait plutôt bien, car même si son caractère était parfois trop vif et sa soif de liberté trop importante, son éducation était sans faute et sa scolarité à Poudlard ne manquerait pas d'être brillante. Elle était vouée à un grand avenir, nul ne pouvait le contredire. Pourtant, le poids des exigences de ses parents pesait déjà sur ses frêles épaules, lui donnant souvent l'impression qu'elle ne valait rien et leurs absences laissaient un vide en elle. Ils lui demandaient tant, mais elle recevait si peu en contrepartie. Elle voulait voir la fierté briller dans leurs yeux, mais il lui semblait que c'était là un idéal qu'elle ne pourrait jamais atteindre. Elle faisait de son mieux pourtant, se perdant dans les exigences de sa famille, s'effaçant pour devenir une vrai Carrow, se couvrant à son tour d'un masque glacial pour se protéger. Mais heureusement sa sœur valait toutes les compagnies du monde. Elles avaient beau être différentes, Thalia était sa meilleure alliée et elle ne l'échangerait pour tous les gallions du monde. Et elle venait de le prouver, car malgré sa réprobation, elle venait de l'aider à camoufler l'unique indice qui pouvait trahir son retard et elle était prête à en faire autant pour elle. Discrètement, Hestia adressa à Thalia un clin d’œil avant de redresser le menton, un sourire assuré éclairant ses traits. Les invités arrivaient et il était temps de montrer ce que porter le nom de Carrow voulait dire.


DON'T GET TOO CLOSE, IT'S DARK INSIDE


« Touche encore à cette potion et je te jure que tu finiras dans le chaudron avec les autres ingrédients. » Sa voix avait claqué, impérieuse et sans appel, dans le brouhaha étouffé du cachot où se déroulait le cours de potions, arrêtant aussitôt sa camarade dans son geste. Celle-ci se figea, presque tremblante, avant de se tourner lentement vers Hestia, découvrant alors qu'elle ne lui accordait même pas un regard. « Mais je... » Le regard glacial que la sorcière  planta sur elle l'arrêta net et ses mots moururent dans sa gorge. S'en aurait été presque risible si ce n'était pas si pathétique. Comment cette stupide sorcière avait-elle pu survivre jusque-là ? Hestia ne prit même pas la peine de cacher qu'elle était déjà irritée par ses paroles. « Ajouter les feuilles d'asphodèle à ce stade de la potion ne servira qu'à faire fondre le chaudron, tu devrais pourtant le savoir maintenant. À moins que tu ne sois assez idiote pour te satisfaire d'un Troll, contentes toi de diluer le sirop d'ellébore. » Assena-t-elle en détachant chacun de ses mots. Ignorant l'air profondément vexé de sa camarade de maison, Hestia attacha ses longs cheveux noirs d'un coup de baguette magique et se pencha sur leur chaudron, réfléchissant déjà à une manière de rattraper les bêtises de sa binôme. Elle avait pourtant prévenu le professeur qu'elle préférait travailler seule, mais il n'avait rien voulu entendre. Soit disant qu'elle aurait besoin d'aide à un moment ou à un autre. Foutaises, les potions étaient son domaine, elle n'avait besoin de personne. Sans avoir besoin de consulter son grimoire, elle passait en revue tous les ingrédients qu'elle connaissait pour choisir les plus adaptés. Elle n'était qu'en quatrième année d'études à Poudlard mais sa passion pour les potions et les ingrédients l'avait poussé à en apprendre toujours plus sur les plantes. Elle était douée en botanique, mais là où elle excellait véritablement, c'était en cours de potions. Apprendre pour apprendre ne l’intéressait pas, tous les sujets n’attiraient pas son attention. Seules les potions avaient su la séduire complètement.
Dès son plus jeune âge, elle avait été fascinée par les grimoires dédiés aux plantes magiques qui reposaient dans la bibliothèque familiale. Elle en avait longtemps tourné les pages, presque religieusement, découvrant avec une curiosité de plus en plus grandissante cette faune aux effets si particuliers. Il ne lui avait pas fallu longtemps avant de s’aventurer dans le jardin de leur demeure, de plus en plus loin à chaque fois, jusqu’à atteindre la forêt qui entamait la dernière partie de leur propriété. Elle revenait de ces expéditions les cheveux en bataille et les mains pleines de terre, mais surtout les yeux brillants d’excitation et l’esprit s’acharnant déjà à imaginer les potions qu’elle pourrait créer avec de tels ingrédients. Ses découvertes ne cessaient d’alimenter ses ambitions, elle en voulait toujours plus. Ce comportement impulsif et peu digne de son rang lui avait toujours valu des reproches de ses géniteurs, aussi avait-elle appris à agir avec discrétion et à se faufiler hors du manoir quand tout le monde avait le dos tourné. Quand on l’empêchait d’obtenir ce qu’elle voulait elle pouvait se montrer rusée, Hestia. Quand on lui fermait la porte, elle ouvrait la fenêtre.
C’était à Poudlard que sa passion pour les potions s’était réellement révélée, et surtout, qu’elle avait pu se développer pleinement. Cette matière minutieuse se révéla en parfaite adéquation avec son caractère exigeant et elle développa rapidement un véritable talent. En quelques mois, elle s’était démarquée de ses autres camarades et depuis, elle s’efforçait de maintenir son niveau hors de portée de toute compétition et sortait les griffes dès qu’un autre élève s’octroyait le droit de toucher à ses potions. Sa pauvre camarade venait d’en faire les frais. Dans un silence buté, elle mélangeait rageusement un flacon d’huile d’ellébore avec de l’eau, elle irradiait de colère, mais Hestia n’y prêtait pas la moindre attention. Les états d’âme de la petite sorcière lui importaient peu, même si elle était une de ses camarades de maison. De manière générale, les autres ne présentaient que rarement un intérêt réel pour la jeune Carrow. À Poudlard, il était de notoriété publique qu’il ne fallait pas s’attaquer à Hestia tant son caractère était explosif. Formatée par les exigences sans fin de sa famille, Hestia se montrait froide et distante, méprisante envers ceux qui, selon elle, manquaient de caractère. Depuis toute petite, elle avait dû apprendre à vivre avec un vide, un manque d'affection qui la rongeait de l'intérieur, et ce masque de glace était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne plus souffrir. Elle ne pouvait pas se le permettre. Ça faisait d’elle une sorcière aussi respectée que détestée, mais au fonds, elle s’en fichait bien. Du moins, c’était ce qu’elle s’efforçait de croire.


IT WASN'T THAT STRANGERS COULDN'T HURT YOU. IT WAS SIMPLY THAT THE PEOPLE YOU LOVED COULD DO IT SO MUCH BETTER


« Ça suffit. » claqua la voix à la fois ferme et vibrante de rage de Thalia. Le bruit de verre brisé raisonnait encore dans les oreilles d’Hestia et il lui fallut quelques instants pour assimiler complètement les paroles de sa sœur. Et surtout leur portée. Lentement, la plus jeune des Carrow leva le regard vers son ainée, tout le long de la violente dispute qui avait opposé Thalia à ses parents elle avait gardé ses prunelles rivées sur son assiette, mais quelque chose dans l’intonation de sa sœur la poussait enfin à la regarder. Il y avait quelque chose de différent dans le ton de son ainée, une résolution qu’elle n’avait jamais entendue avant. « Je m’en vais. » Hésitante, Hestia croisa le regard ombragé de sa sœur. Avait-elle bien compris ce qu’elle venait de dire ? Ce que cela impliquait ? Une seconde, il lui sembla que la terre trembla sous ses pieds. À moins que ce ne fût le raclement strident de la chaise que Thalia venait de repousser avec colère en se levant. « Thalia… » Commença Hestia dans un souffle. Mais les prunelles noires de colère de leur père s’étaient posées sur elle avec une brutalité presque physique et les mots étaient morts dans sa gorge. Le silence tomba sur la table, lourd et menaçant. Les lèvres tremblantes, Hestia avait reposé ses prunelles sur son assiette, mais elle pouvait sentir la tension entre sa sœur et ses parents. Il y avait de l’électricité dans l’air, mais l’étincelle nécessaire pour faire exploser le tout avait déjà eu lieu. Désormais, Hestia regardait sa famille devenir un dommage collatéral.
Il y eut des bruits de pas et le son d’une porte qui claque à l’étage au-dessus. Lentement, Hestia repoussa l’assiette à laquelle elle avait à peine touché, elle n’avait plus faim de toute manière. Sans oser regarder en direction de ses parents, elle prit sa tête entre ses mains. Dans sa poitrine, son cœur tambourinait avec force et dans sa tête deux petites voix se battaient. La première la poussait à aller rejoindre sa sœur, à essayer de recoller les morceaux, à faire son possible pour garder leur semblant de famille, aussi dysfonctionnelle et froide soit-elle, unie. La seconde lui sifflait qu’elle aurait dû s’y attendre, et que, à y réfléchir, elle pouvait s’étonner que sa sœur n’ait pas craqué avant. Car contrairement aux apparences, il n’était pas simple d’être une Carrow, loin de là. Même plusieurs années après, la famille s’efforçait encore de redorer son image publique après les sordides erreurs perpétrées par Amycus et Alecto Carrow. Tout n’était qu’honneur, apparence, prestige et réputation. Leurs agissements les plus sombres se dérobaient à la vue de tous, surtout d'Hestia. Thalia et Hestia n’avaient jamais eu le droit à l’erreur, et encore moins à celle de croire qu’elles pouvaient penser par elle-même. Depuis leur plus jeune âge, elles avaient vécu sous la pression constante de leurs parents, puisqu’ils n’avaient pas eu la chance de produire un héritier mâle, leurs filles se devaient au moins de faire honneur à leur famille. C’était même leur devoir et elles n’avaient pas leur mot à dire. Si Hestia avait réussi à intégrer ces exigences, Thalia, elle, avait toujours eu plus de mal à accepter les idéaux de leurs parents et elle n’avait pas tardé à le leur faire comprendre. Tout cela avait créé en Hestia des sentiments contradictoires. Une part d’elle admirait profondément sa grande sœur, sa force de caractère, son indépendance, son assurance. Elle aurait aimé être ainsi, pouvoir vivre par elle-même et non pas uniquement dans le but de plaire à leurs parents. Thalia était son modèle, elle aurait voulu lui ressembler un peu plus. Pourtant leur relation restait hésitante et sans cesse remise en question, parce qu’une autre part d’elle, une part plus pragmatique, voyait que le comportement de sa sœur n’apportait que des conflits et réduisait à néants les efforts qu’ils faisaient pour rendre au nom de Carrow sa renommée. Alors Hestia était tiraillée, entre son amour pour sa sœur et son désir de rendre ses parents fiers.
Et ce soir, Thalia avait décidé de lui faciliter la tâche. Thalia avait décidé de faire une croix sur leur famille, et Hestia pouvait en faire une sur sa sœur. Quand elle releva finalement la tête, la jeune sorcière s’aperçut que ses parents avaient également quitté la table sans lui adresser le moindre mot. Elle était seule, complètement seule et cette idée lui déchira le cœur. Pourtant, ce n’était que le début.


YOU CLOSE YOUR EYES AND THE GLORY FADES


Dire que quand elle avait posé les pieds pour la première fois sur le sol de Poudlard, Hestia s'était promis de ne pas y passer plus de sept ans, la gamine de 11 ans qu'elle était alors avait été bien naïve. Parce que c’était bien l’école de magie qui lui faisait face alors qu’elle descendait de la calèche qui les avait amenés, elle et plusieurs de ses camarades, depuis la gare de Pré-au-Lard. Quand il avait réalisé ce que sa fille gagnerait à continuer ses études à l'université, son père l’avait aussitôt convoqué dans son bureau pour lui expliquer longuement pourquoi lui et sa mère attendaient d’elle qu’elle continue ses études. Elle avait obtenu ses ASPICs mais ce n’était pas assez. Ce serait, selon eux, un excellent moyen de lier de nouveaux contacts dans le monde magique tout en continuant de faire honneur au nom des Carrow et en s’assurant une bonne place dans le monde sorcier. Ces cursus en plus voulaient dire de nouveaux professeurs à impressionner et des stages à réaliser auprès de sorciers haut placés dans la société. Hestia ne pourrait que bénéficier de ces années en plus, et leur famille aussi. Tout le monde était gagnant au final. Surtout les Carrow. Pendant que son géniteur lui expliquait ce qu’il attendait d’elle, Hestia s’était contentée de hocher la tête en silence. C’était ce qu’il attendait d’elle. Une obéissance totale et un comportement exemplaire. Elle était leur unique fille désormais, elle se devait de faire honneur à leur nom.
Cela faisait deux ans que Thalia avait quitté la maison des Carrow. Tel un ouragan elle avait tout dévasté sur son passage sans réfléchir aux conséquences. Et c’était Hestia qui s’était retrouvée seule face au désastre. La rage dans laquelle les paroles de l’aînée avaient mis ses parents avait été telle qu’ils n’avaient pas cherché un seul instant à la faire rentrer à la maison. A partir du moment où elle avait franchi le seuil de leur demeure ça avait été terminée. Thalia avait été rayée de leur vie, effacée de l’arbre généalogique qui trônait au-dessus de la cheminée du salon et retirée de l’héritage familial. Elle avait été reniée, purement et simplement. Comme si elle n’avait jamais existé. C’était alors vers Hestia que les regards de ses parents s’étaient braqués, c’était sur elle que toutes leurs attentes étaient retombées. Ils avaient perdu une fille, une fille ingrate, mais ce n’était pas grave, ils en avaient une autre. Contrairement à sa sœur, Hestia ne s’était jamais réellement opposée à ses parents, certes son comportement souvent trop impulsif lui valaient de nombres réprimandes, mais cela n’avait rien à voir avec les nombreux affronts que l’ainée leur avait fait subir.
Lentement, Hestia ferma les paupières, elle ne voulait plus penser à Thalia, se remémorer sa sœur ne lui était d’aucune utilité bien au contraire. Cela faisait deux ans qu’elle avait quitté la maison familiale et tourné le dos à sa famille, jamais Hestia n’avait eu la moindre nouvelle de son ainée. Si elle avait voulu lui faire passer un message elle n’aurait pas pu mieux s’y prendre. Le silence de sa sœur avait été comme un poignard directement dirigé vers son cœur. Acéré et sans hésitation. Alors Hestia avait appris sa leçon. Dès qu’il s’agissait de sa sœur, les sentiments faisaient rage et elle avait du mal à discerner ce qu'elle ressentait exactement. La douleur et la colère se mêlaient dans une valse qui lui donnait le tournis. Elle lui en voulait à Thalia, son absence lui déchirait le cœur et son silence était encore plus insupportable, mais par-dessus tout elle lui en voulait. La tristesse et l’incompréhension des premières semaines s’étaient lentement changées en une rancune sourde. Sa sœur l’avait abandonné sans un regard en arrière. Elle l’avait laissé seule aux mains de leurs parents.
Hestia soupira, elle devait oublier sa sœur, tout comme celle-ci l’avait oubliée elle. Résignée, elle braqua ses prunelles sur Poudlard. Ce que son paternel ignorait c’était qu’elle-même avait pris la décision de continuer ses études des années plus tôt quand elle s'était renseignée sur le cursus sciences magiques. S’il avait choisi d’ouvrir un dialogue avec sa fille, il n’aurait pas eu besoin de lui donner le moindre ordre, mais ce n’était pas ainsi que les Carrow fonctionnaient. Mais pour une fois les objectifs de son géniteur rejoignaient ceux d’Hestia. Retourner à Poudlard était son choix avant tout, elle avait encore beaucoup à prouver.