In the corner of my eyes there is stardust ft. Hya

Phil avait encore fait un cauchemar. Le matin même, elle avait reçu une lettre assassine de sa mère lui rappelant ses devoirs et la menaçant de punitions corporelles, déguisées comme elle savait si bien le faire par des jolies tournures de phrases et des belles courbes manuscrites couchées sur un papier parfumé au chèvrefeuille. Depuis le temps, Philynn avait appris à lire entre les lignes et à se préparer au pire à chaque vacance. Dès que les cours étaient terminés, la jeune fille était partagée entre le manque que lui procurait l'absence d'Heather et l'appréhension qui ne la quittait pas de revoir une nouvelle fois sa famille et subir le courroux de ses parents aussi exigeants que sévères. Phi n'était pas forcément une mauvaise élève, elle était même plutôt excellente, et notamment en sortilèges. Elle ramenait de très bons résultats à la maison, mais son comportement rêveur et aventureux lui avait fallu de nombreuses fois de passer de longues heures en retenue. Ses parents étaient toujours mis au courant et ne tardaient jamais à lui envoyer des courriers teintés de violence et de sous-entendus. Pourtant, même si leur avis comptait énormément à ses yeux, elle ne pouvait s'empêcher de briser le règlement et partir en exploration dès qu'elle en avait l'occasion, seule comme accompagnée. Aujourd'hui, c'était un mauvais rêve qui l'avait tirée du lit et de sa salle commune. Elle déambulait donc le château, à une heure tardive et surtout non autorisée, non loin de son aile, un carnet de croquis à la main et le coeur lourd de regrets. Cette nuit, elle avait décidé de se vider la tête en redessinant quelques portraits du château pour s'entraîner et améliorer sa technique au fusain. La jeune serdaigle n'avait allumé qu'n faible faisceau de lumière mais c'était suffisant pour ses yeux qui s'étaient habitués à la pénombre pour déceler les formes qui se dégageaient des tableaux qu'elle analysait avec attention. De toute façon, après quatre années passées à Poudlard, plus aucune peinture n'avait de secret pour elle. Evidemment, Philynn faisait bien attention à ne pas déranger le monde environnant qui essayait de dormir. Elle s'était calée une petite table de fortune, les genoux repliés contre son buste et dessinait assidûment, un crayon collé contre l'oreille et l'autre dans sa main rendue noire par le travail artistique qu'elle tentait de réaliser.  Même si la jeune fille était très concentrée pour que le résultat soit le plus fidèle à la réalité, elle faisait tout de même attention aux bruits autours et tendait l'oreille de temps à autre pour vérifier qu'elle était bien seule et qu'un professeur ou un préfet n'allait pas la surprendre hors de son lit dans les couloirs du château.

Pourtant lorsque Phil leva finalement les yeux de son oeuvre, elle se rendit compte que de longues minutes s'étaient écoulées sans qu'elle ne lève la tête de son carnet et que quelqu'un se rapprochait de sa position. Le souffle court, elle cala ses croquis contre sa poitrine avant de choisir de dissimuler son carnet sous son pull et ordonna à sa baguette de s'éteindre, priant intérieurement pour que ce ne soit pas un professeur, ou pire, un des préfets de sa maison. Elle rangea le crayon qu'elle tenait dans la proche arrière de son pantalon, oubliant celui qu'elle avait glissé derrière son oreille. Elle sentait que la présence venait des escaliers, et qu'elle avait été repérée. Réfléchissant à toute vitesse à une excuse pour se sortir de ce mauvais pas, elle se retourna lorsque les bruits de pas s'arrêtèrent près d'elle, et eut une expression de surprise lorsqu'elle se rendit compte que l'individu en question n'était autre qu'un élève de Serpentard qu'elle n'avait jamais vu auparavant.

"L'heure du couvre feu est passée. J'espère que tu as une bonne excuse pour ne pas être dans ton dortoir ? Je suis Hyacinthe Chang préfet de Serpentard, alors tu devrais réfléchir assez vite à un mensonge."

Pendant un bref instant, Phil s'était surprise à espérer. Elle avait espéré que ce ne soit qu'un élève comme un autre, et non pas un préfet, dont la longue chevelure cachait un badge, qui l'avait prise la main dans le sac et à qui elle devrait donner des explications. Elle se pinça les lèvres, s'en voulut de s'être fait avoir aussi stupidement. D'habitude elle était bien plus maligne et faisait attention. Comment avait-elle pu être aussi négligente? Elle redoutait toujours de faire perdre des points à sa maison, mais cette fois-ci elle culpabilisait encore plus parce que ça allait être pour une raison idiote. Mais à présent, la seule chose qui lui restait à faire était d'assumer ses actes. Enfin, tout était relatif, elle devait lui donner une excuse en béton. La jeune fille esquissa un petit sourire pincé face à cet inconnu au style particulier mais qu'elle trouvait intriguant, avant de se racler la gorge pour gagner du temps et préparer son mensonge. Le seul problème, c'était que la serdaigle tête en l'air qu'elle était n'avait aucune idée d'excuse valable. Et puis, avec son carnet collé contre elle, la forme de son pull avait pris un tournure carrée. La bouche à moitié ouverte, s'apprêtant à délivrer un son, elle finit par soupirer et admettre la vérité.

"Je n'arrivais pas à dormir", glissa-t-elle finalement, prêtant attention à sa réaction.

Elle pria juste pour qu'il se montre compréhensif et ne la mette pas dans un bourbier sans nom. Recevoir une autre lettre de sa mère à deux jours d'intervalle, c'était un peu trop pour elle. Philynn ne savait pas si elle devait ajouter quelque chose, mais sa bouche continua d'émettre des sons sans qu'elle n'ait vraiment pris la peine d'y penser. Elle souhaitait que l'inconnu aux longs cheveux ébènes se montre indulgent.

"Je suis plutôt insomniaque, alors des fois, au lieu d'attendre le lever du soleil les yeux grands ouverts, je préfère me balader un peu dans les couloirs. Je sais que je ne devrais pas être là, je suis désolée."

Elle croisa les bras pour cacher le carnet qui commençait à lui échapper, tout en suppliant intérieurement une quelconque force métaphysique de trouver un peu de clémence dans les futurs paroles que prononceraient ce dénommé Hyacinthe C. Chang. En attendant sa sentence, elle cœur battant à tout rompre, elle l'observait avec attention et finit par remarquer un détail qui la fit espérer d'autant plus: le préfet avait les mains dans les poches, ça devait donc dire qu'il était assez décontracté. Non?



Halloween