Mâchant effrontément mon chewing-um, une de mes casquettes vissées à l’envers sur mon crâne, je klaxonnai devant la maison familiale des Velasquez, lieu où Soledad et moi avions décidé de nous retrouver. La maman de Sol me salua au travers de la fenêtre mais restèrent bien à l’abri du vent et de la pluie qui s’étaient abattus sur tout Londres. La météo hivernale n’était pas fameuse mais étrangement, cela ne suffisait pas à me rendre maussade. J’avais broyé du noir pendant déjà trop de temps, désormais, j’étais déterminé. Les évènements de Piccadilly Circus avaient bien failli me voler mon meilleur ami et quand j’avais vu Raphaël baignant dans son sang, je compris que pour vivre mieux, il allait falloir frapper fort. La guerre était trop implantée dans le pays et le Blood Circle gagnait du terrain mais je refusais de perdre espoir ; un jour (quand je ne le savais pas) mais un jour, tout sera plus facile pour les sorciers et les moldus, j’en étais persuadé.

Ce n’était pas Soledad qui allait me contredire si j’en croyais ses fréquentations. Imaginer une de mes plus vieilles amies sortir avec celui que je considérais comme étant un modèle sur terre me rendait parfois nostalgique de ma relation avec Thalia mais j’avais maintenant compris que je devais avancer ; ce temps était révolu. Cela ne m’empêchait pas d’être heureux pour Soledad. En tout cas, aujourd’hui, je ne venais pas la chercher pour parler chiffons. Non, c’était plus que sérieux. L’Ordre m’avait donné une mission des plus importantes : réussir à pirater des ordinateurs du Blood Circle pour en extraire des informations délicates. C’était dans mes cordes, surtout si le Cercle protégeait mal ses données. En réalité, je les voyais pas s’imaginer qu’un ingénieur puisse grossir les rangs de l’Ordre du Phénix. Il fallait l’avouer, c’était atypique. C’était aussi pour ça qu’on m’avait choisi. Soledad ouvrit la porte de la voiture et s’installa à mes côtés.  « Salut ma poule. » ouais j’ai décidé que Sol était une poule.  « Tout roule ? » Derrière mon apparente décontraction, j’étais tout de même assez stressé. En réalité, j’étais heureux que Soledad soit avec moi : c’était mon amie et en plus de cela, je savais à quel point elle était entraînée. Je me disais que je ne risquais pas grand-chose avec elle.

Après avoir pris quelques nouvelles, je demandai :  « J’ai réfléchi, je pense qu’on devrait y aller en bagnole. » A l’origine, on avait plus moins parlé d’y aller en transplanant.  « Si jamais ils ont mis des balises ou d’autres trucs qui brouillent ta magie... On aura quand même un moyen pour partir? » J’ajoutai :  « J’ai bidouillé ma plaque au cas où. » Une fausse plaque ; le parfait délinquant en herbe. J’avais pensé à venir en voiture pour plusieurs raisons. Si certaines planques du Cercle étaient relativement bien dissimulés, celle-ci, ne l’était pas vraiment. Des bâtiments aux alentours, un parc pour enfants et même un parking. Je pourrais me garer facilement et à bonne distance. Même la meilleure caméra du monde n’y verrait rien, surtout avec la pluie qui dégringolait et la nuit qui tombait.  « T’en penses quoi ? »

« Mais une super belle poule, hein ? Une qui pond des œufs d’or. » Bon, ok, valait mieux que je me taise. Je lui demandai comment elle allait tout en me demandant si elle me donnait une réponse honnête ou si elle me disait ça uniquement pour ne pas que je m’inquiète. « Oui, ça roule. » dis-je, en reprenant ses termes, un léger sourire aux lèvres. Je n’étais pas dupe, je savais pertinemment ce que cette question signifiait. Soledad avait été à mes côtés après ma rupture et je lui en étais reconnaissant. « Pour de vrai. » Oui parce que j’avais sciemment menti pendant des mois sur mon état pour éviter que mes proches ne se fassent du mouron. Évidemment, je n’avais pas convaincu tout le monde. Mais maintenant, j’allais de l’avant. Je commençais même à ressortir, refréquenter d’autres filles.

Nul le temps de s’appesantir sur cela, place à la mission. C’était la seconde fois que j’en faisais une. La première avait été un véritable échec, Hunter avait été blessé, Leah avait reçu une injection de sérum. Alors j’espérais qu’avec un membre plus chevronné comme Soledad, celle-ci serait une réussite. L’ordre jouait gros et si je pouvais apporter ma pierre à l’édifice… J’expliquai à Sol que j’étais prêt à me rendre sur le lieu de la mission en voiture afin de brouiller les pistes. « Qu’est-ce que tu racontes, je supporte hyper bien le transplanage maintenant ! » Ok, au début, je vomissais mes tripes quasiment à chaque fois, mais ce n’était plus le cas depuis presque un an. « Mais la voiture, c’est plus sécure ? Et ouais, Jonas l’espion en carton. J’espère t’as pas peur. » Soledad acquiesça finalement mon idée et proposa de changer ma voiture de couleur. « Rose barbie, j’espère ? » dis-je en riant. On roula pendant de longues minutes tout en continuant de discuter, d’affiner notre plan. En réalité, sur le papier, c’était simple. Entrer, prendre les informations, sortir. Mais ça, c’était sur le papier.

Lancé de dé a écrit:

0 à 1 : La serrure est coriace, Jonas a du mal, il va falloir passer par l'autre porte finalement ou utiliser de la magie
2 à 3 : La serrure est coriace mais Jonas en vient à bout. Quand il pousse la porte, celle-ci grince.
4 à 5 : La serrure est extrêmement facile. La porte s'ouvre sans difficulté.

Alors que je me garais sur le parking, j’expliquai : « J’opterai pour l’entrée plus discrète. J’ai ce qu’il faut. » Je sortis de mon sac son attirail à crocheter les serrures ainsi qu’une veste et un badge à l’effigie d’une société de dépannage. « J’ai hacké le système de sécurité de leur fournisseur informatique. Pour des informaticiens, c’était pas hyper protégé. » J’enfilai le pull. « Si jamais on nous arrête, je pourrais prétendre faire partie de la société et venir pour dépanner quelqu’un. Toi, tu es mon faire-valoir, évidemment. » dis-je en souriant. Comme si Soledad pouvait être réduite à cela… « Tu es prête ? Tu fais un truc de magie pour qu’on finisse pas saucé ? » Sortant de la voiture, courant sous la pluie jusqu’à la porte, je regardai tout autour de nous. Aucune caméra, parfait. Je m’agenouillai pour regarder la serrure. J’attrapai la pince à crocheter qui correspondait et évaluai la situation. Ça n’avait pas l’air trop dur mais je préférais ne pas crier victoire trop tôt. Au bout de trente secondes, le cliquetis m’indiqua que j’avais réussi. « Les doigts dans le nez. » J’entrouvris la porte. Personne. « Viens. »

Si j’avais une appréhension légitime face à la mission que l’ordre m’avait confié, j’étais néanmoins rassuré d’avoir à mes côtés une sorcière des plus qualifiées. Soledad, au-delà d’être une amie très proche, était une magicienne accomplie et je savais qu’elle pourrait surveiller mes arrières. « Quel dommage. Mais vert c’est bien aussi, ça va avec mes yeux. » Le trajet jusqu’à l’endroit nous permis d’accorder nos violons. Pour ma part, j’avais déjà réfléchi à un plan : pull et casquette à l’effigie d'une boîte de dépannage informatique. Même Soledad paraissait impressionnée. « T’as vu, je me suis bien préparé. » Je ne voulais pas revivre le fiasco de ma dernière mission avec Leah et Hunter... « Oh si tu veux, je peux prendre le rôle du stagiaire. J’ai hâte de voir ta tête quand on va te parler de pare-feu, de VPN et de serveurs saturés. » dis-je en riant. Chacun son domaine de compétences. Même pour les moldus, ces thématiques étaient complexes alors pour un sorcier... « Oh oui, flatte mon ego, appelle-moi Boss. » Cette discussion ayant permis de dédramatiser la situation, on s’élança jusqu’à la porte. Je réussis rapidement à faire céder la serrure et Sol me félicita : « Merci. »  Cela commençait à devenir une habitude.

Citation :

0 à 1 : Stan les accompagne jusqu’au local informatique et commence à toucher à tout, appuie sur divers boutons, surveille TOUT ce que Jonas fait
2 à 3 : Stan les accompagne jusqu’au local informatique, regardant ce que fait Jonas mais n’était pas très attentif
4 à 5 : Stan les accompagne jusqu’au local informatique, il est sage comme une image, il trouve ça même ennuyeux et il s’en va au bout de quelques minutes

Une fois à l’intérieur, Soledad m’indiqua la marche à suivre et nous commençâmes à évoluer dans les couloirs. Agissant de manière naturelle et totalement nonchalante, on progressait rapidement jusqu’à ce qu’on nous interpelle. « Oui c’est exactement ça. » confirmai-je lorsqu'un employé nous demanda si nous venions pour la panne. Je me forçai à ne pas répondre à sa blague totalement nulle sur les russes. Je lui demandai : « Avec plaisir, pouvez-vous nous indiquer la salle des serveurs ? » Après tout, quitte à ce qu’il soit là, autant qu’il aide un peu... J’espérais m’en débarrasser tout aussi sec une fois arrivés dans le local informatique. Il nous escorta jusqu’à la dite-salle et je m’installai de manière totalement détendue derrière l’ordinateur central. « Je vous remercie Stan, vous pouvez retourner à votre poste, j’irai voir votre chef quand la panne sera réglée. » Voilà une manière bien cordiale de le congédier pour que l’on puisse faire nos petites affaires. « Je préfère rester, comme ça je peux regarder ce que vous faites. » J’haussai les épaules, prenant l’air décontracté : « Comme vous voulez, ça risque juste de ne pas être très intéressant. » Je me concentrai sur le premier ordinateur, mes doigts appuyaient sur les touches avec une dextérité certaine. Ces abrutis avaient noté le mot de passe de la session sur un post-it, ce qui n’était pas très malin mais cela me permit de pénétrer sur l’ordinateur sans difficulté. Stan me regardait faire par dessus mon épaule tandis que je faisais mine d’accéder au serveur : « Pourquoi vous faites ça ? » Je relevai la tête vers lui : « Il faut que je lance une analyse du système avant de pouvoir réparer la panne. » Alors que je lançai cette analyse, espérant qu’elle soit longue pour qu’il abandonne, je fus contrarié de constater qu’il restait droit comme un piquet derrière moi. Je mourrais d’envie de lui demander s’il n’avait pas autre chose de mieux à faire mais craignant que cela soit suspicieux, je gardai mon calme. Il allait bien finir par se lasser. « Et là c’est quoi ? » demanda-t-il tandis qu’il appuyait sur l’écran avec son doigt énorme, ce qui me fit vriller. « Ne touchez pas l’écran s’il vous plaît. » Quel self control. Je lançai un regard de biais à Soledad. Ne pouvait-elle pas faire quelque chose ? Un sortilège ou l’occuper ? J’en savais rien.

Cette mission était totalement dans mes cordes. Lorsque l’Ordre m’avait demandé de hacker le système informatique de cette entreprise, je n’avais pas hésité un seul instant. Accompagné de Soledad, je ne risquais pas grand-chose en réalité. C'était une sorcière accomplie et j’avais une grande confiance en elle. Je savais qu’elle serait là pour assurer mes arrières en cas de pépin. Ou pour me débarrasser d’un gros lourd s’il le fallait. Stan était ce qu’on pouvait qualifier d’un beau boulet. Je le voyais avec ces doigts noueux en train de toucher l’écran de l’ordinateur qui n’était pas du tout tactile d’ailleurs, espérant sans doute comprendre ce que j’étais en train de faire. D'ailleurs, je ne faisais rien. Rien de ce que j’étais supposé faire en réalité. Puisque j’avais un énergumène qui me collait aux baskets. Je lançai un regard vers Soledad, lui faisant comprendre que j’avais besoin d’espace. Je ne pouvais pas m’atteler à la mission confiée si l’autre regardait par-dessus mon épaule. Soledad comprit le message 5/5 et tenta d’attirer son attention en prétextant un mal de crâne intense. Le bougre, bien loin de se laisser attendrir, rappela qu’il était interdit de fournir des médocs aux personnes étrangères à l’entreprise. Pour un peu d’aspirine... C’était exagéré mais bon.

Je laissai Soledad s’occuper de Stan, j’étais persuadé qu’elle allait se débrouiller et alors que je faisais semblant de poursuivre une analyse approfondie de l’ordinateur, j’entendis mon amie sorcière lancer un Stupefix. Immédiatement, Stan devient aussi raide qu’une baguette de pain française qu’on a laissé à l’air libre pendant trois jours. Maintenant que j’avais le champ libre, je me lançai immédiatement dans la recherche de la liste des sorciers susceptibles d’être surveillés par le Blood Circle. « Patience, patience. Rome ne s’est pas construite en un jour. » Je me mis à mes recherches et commençai à fouiller tous les serveurs. Maintenant que je n’avais plus Stan derrière mon épaule, je pouvais agir sans avoir besoin de surveiller mes arrières. Je passai au crible un nombre incalculable de dossier, cherchant des dossiers cryptés, des choses inhabituelles dans le code des serveurs, quelque chose qui pourrait m’aiguiller sur la bonne piste.

Lancé de dé a écrit:

0 à 1 : Après plusieurs minutes à fouiller les ordinateurs, la liste qu'ils recherchent ne se trouvent pas dans la salle des serveurs, il va falloir chercher ailleurs
2 à 3 : Jonas cherche et trouve quelque chose mais c'est pas facile, tout est crypté
4 à 5 : Ce sont des amateurs, la liste est facilement accessible, il suffira de bidouiller un peu dans le codage de l'ordinateur

De longues minutes passèrent avant que je relève le nez de l’ordinateur. « Sol. » murmurai-je. « Il n’y a rien. C’est pas là. » Ennuyé, j’effaçai les traces de mon passage et éteignis la session. « Mais regarde. » Je lui montrai le plan d’évacuation de l’immeuble situé au-dessus de l’ordinateur principal. « Le bureau du directeur se situe à cet étage. Si j’avais quelque chose à cacher, je ne le laisserai peut-être pas dans une salle accessible à tous mais dans un bureau où peu peuvent entrer. » En gros, j’étais prêt à aller fouiller un autre bureau. « T’en penses quoi ? » Je n’avais pas envie de renoncer, pas encore. Je n’avais pas envie d’échouer. Mon ego n’allait pas s’en relever. La mission avec Leah et Hunter avait déjà été un échec et je n’avais pas envie que l’Ordre me considère comme un bon à rien, incapable de se rendre utile.

« Je fais aussi vite que je peux. » déclarai-je à Soledad dans le but de la rassurer. Je n’étais en effet pas en train de me tourner les pouces et mes doigts s’activaient à toute vitesse sur le clavier, tentant d’entrer dans le serveur de la société. Une fois que cela fut fait, je dus me rendre à l’évidence, il n’y avait rien ici. J’en informai ma camarade qui laissa échapper un juron et je me mordis la lèvre. Rentrer bredouille était exclu. Il fallait protéger Ludivine, Anjelica, Eirian et tous les autres sorciers qui comptaient pour moi. Quant à Soledad, elle n’avait pas besoin d’être protégée, c’était plus d’elle qu’on devait protéger les autres. Enfin bref. Soumettant l’idée à la mexicaine que la liste pourrait peut-être se trouver dans le bureau du directeur, le compliment qu’elle me lança me fit ricaner. « Tu veux dire que tu ne le savais pas déjà ? »

Lancé de dé a écrit:

0 à 1 : Il trouve la liste mais elle est cryptée, ça va être la merde. En plus, la sécurité est là, ils vont enfoncer la porte. Ils sont au moins trois.
2 à 3 : La liste est cryptée mais c'est du travail d'amateur, ça devrait le faire. Mais stress supplémentaire, ça commence à tambouriner doucement derrière la porte. Le mec est tout seul.
4 à 5 : La liste sera facilement lisible en modifiant quelques paramètres. Quelqu'un frappe à la porte et on entend la femme de ménage bougonner qu'elle ne peut pas entrer. Elle s'en va chercher son pass.

Attrapant le badge de Stan, on quitta la pièce précipitamment. Reprenant les termes employés par mon amie quelques secondes plus tôt, j’ajoutai : « T’es belle et intelligente. Incroyable. » Au moins, je n’aurai pas besoin de forcer l’accès de la serrure. Entrant rapidement dans la pièce, je me dirigeai immédiatement vers l’ordinateur. Hackant le mot de passe en moins de trente secondes (la sécurité laissait vraiment à désirer). Soledad m’informa qu’elle entendait du bruit à l’extérieur alors je me pressai. Jamais je n’avais tapé aussi vite sur un clavier. Je supportai néanmoins bien la pression parce que je ne faisais même pas de faute de frappe. « Je crois que j’ai trouvé un truc... » Le fichier semblait mieux protégé que le reste de l’ordinateur mais quand j’entrais dans le dossier, je compris qu’une alarme venait d’être lancée à distance. « Putain Sol, quelqu’un arrive ! J’y suis presque ! » Tentant de me calmer afin de ne pas faire d’erreurs de débutant, je respirai calmement même si je savais que tout se jouait maintenant. Les pas à l’extérieur semblèrent se rapprocher et une voix s’éleva derrière la porte. « Cet accès est interdit ! Sortez immédiatement ! » L’homme semblait seul. Une aubaine pour nous. Il ne fallait pas qu’il appelle d’autres agents… Travaillant sous pression, il me fallut deux minutes supplémentaires pour décrypter la liste. « C’est bon ! » Ne voulant pas prendre le risque de l’envoyer sur un serveur qu’ils pourraient retracer, je sortis mon téléphone et pris en photo les noms. Il devait bien y en avoir une centaine. On les étudiera plus tard.

Relevant la tête de l’ordinateur, je regardai autour de nous. C’était la seule porte. Je me postai donc derrière celle-ci, mes poings levés, prêt à cogner le vigile qui devait faire probablement le double de mon poids. Mais il y avait un homme derrière le seul moyen de sortir… Le seul ? Peut-être pas… Mon regard fut attiré par la fenêtre. Je me dirigeai vers elle et l’ouvris ; un garde-corps nous empêchait de sauter. Mais j’avais une sorcière avec moi. Je la regardai et demandai : « C’est jouable ou non ? » Faire disparaître ces barreaux et puis amortir notre chute… On était au deuxième étage si je ne me trompais pas vu la hauteur. Si ce n’était pas possible, la solution était d’attaquer l’homme. Mais je le savais, Sol comme moi préférions ne blesser personne…