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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages


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Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré || EUXI #3 :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Alexis Fawley
Alexis Fawley
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Métier : Cheffe du service de médicomagie légale de Sainte-Mangouste || Responsable d'une étude clinique sur le gène sorcier
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Lumos
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Ven 23 Déc - 23:05
Le cœur est magique
Il recoud ses blessures au fil doré
Les urgences, Juillet 2021, Lendemain de pleine lune || EUXI III

Lexi arqua le sourcil gauche d’un air désapprobateur. « Je ne suis pas franchement convaincue par l’idée. Voyez-vous, je pense que... » Déroulant ses arguments sans aucune difficulté et avec un professionnalisme à toute épreuve,  face à son Directeur, Lexi apparaissait sûre d’elle. Les mois s’étaient écoulés de manière relativement paisible depuis la nomination de Carrow au poste de directeur et Lexi avait du apprendre à faire avec. Si les premières conversations et premiers échanges s’étaient avérés houleux ou glaciaux, les qualifier de courtoises désormais serait du bon sens. Mettant de l’eau dans son vin en admettant qu’il réussissait à faire bouger certaines choses qui n’avaient jamais avancé avec son prédécesseur, Lexi avait au moins reconnu qu’il faisait l’affaire comme supérieur. Certes, elle n’oubliait pas, elle n’oubliait rien. Et en sa présence, elle s’efforçait de maintenir une barrière psychique autour de ses pensées et de ses souvenirs afin de se protéger des éventuelles intrusions. S’il s’était pourtant engagé à ne jamais réutiliser cette pratique sur elle, la confiance aveugle n’était pas dans les qualités de la jeune femme qui continuait de se méfier de lui. Certes, ses qualités professionnelles venaient légèrement adoucir ses traits de caractère indécents mais la jeune médicomage ne se laissait pas endormir par cette apparente politesse et la bienséance dont il savait très bien se parer. C’était un mangemort, pas un enfant de cœur. Alors il lui paraissait très important de demeurer sur ses gardes, surtout lorsqu’elle était seule avec lui. Lors des réunions regroupant les chefs de service et la direction, les enjeux n’étaient certainement pas les mêmes que lorsqu’il venait lui rendre visite dans son propre bureau. Cela n’était arrivé que deux fois depuis sa nomination lorsqu’il avait eu besoin de traiter avec elle des candidatures retenues pour le poste d’assistant et de chargé de recherche qu’elle réclamait depuis plusieurs mois. Les médicomages sélectionnés sur le papier étaient ceux que Lexi avait également plébiscité et les entretiens d’embauche avec Carrow s’étaient déroulés de manière exemplaire et à l’issue de ceux-ci, ils avaient au final choisi le même profil. Harvey était un nouveau élément prometteur sur lequel la cheffe de service s’était habilement reposée depuis le début. Il avait du faire ses preuves, évidemment. Mais rapidement, se rendant indispensable, Lexi lui avait accordé une certaine confiance et avait pu déléguer certaines tâches ; elle ne pouvait évidemment pas s’empêcher de contrôler le moindre aspect de son travail mais le survoler était suffisant. Il était formé dans le même moule qu’elle ; la perfection, la méticulosité, la rigueur étaient ses maîtres mots. Bref, les précédents choix de Carrow avaient conforté Lexi qu’elle ne pourrait pas le mettre en porte-à-faux comme son prédécesseur, du moins pas sur ses compétences managériales. Alors, comme dit précédemment, elle faisait avec.

Buvant sa tasse de café, alors qu’ils analysaient ensemble les dernières données issues de la recherche de Lexi et qu’ils commentaient l’intérêt d’intégrer de nouveaux sujets d’étude à l’analyse longitudinale, la secrétaire du service de médicomagie frappa deux coups à la porte. Agacée d’être dérangée pendant son rendez-vous, Lexi souffla : « Oui ? » La porte s’ouvrit lentement sur la jeune femme qui se savait en faute. Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Lexi trancha : « Je pensais pourtant avoir donné l’ordre de nous déranger sans aucun prétexte. » Sa voix était incisive, sans nuance. Donna se dandinait sur l’un de ses pieds, sa main triturant la poignée de la porte. « Je suis vraiment désolée Dr Fawley de déroger à votre demande, mais les urgences insistent lourdement pour que je vous transmette ce message. » Lexi fronça les sourcils. Putain non, pas encore ce Tosello. Elle se rappelait que trop bien cet abruti d’italien qui avait débarqué à l’accueil avec des fleurs. L’ancienne secrétaire avait osé déranger Lexi durant une autopsie pour lui signifier qu’un homme la demandait, bouquet à la main. Ses doigts frottèrent ses tempes tandis qu’elle soupirait fortement. Il n’avait pas compris la leçon. Soit. « Dites-lui de dégager. » Replongeant les yeux sur son dossier, estimant l’entretien terminé, Lexi s’apprêtait à reprendre la parole lorsque la secrétaire ajouta : « Mais… » Le regard furieux que Lexi lui lança ne semblait pas lui suffire. Elle avait un message à transmettre et elle s’y tenait. La médaille de la bravoure pour oser tenir tête à la jeune cheffe de service devrait être décernée à cette femme pourtant si réservée d’ordinaire. « La jeune fille insiste. » Soudainement intriguée, fronçant les sourcils, Lexi l’encouragea à continuer d’un geste rapide de la main. « Elle dit qu’ils ne veulent être soignés que par vous. » Demandant rapidement : « Ils ont donné un nom ? » Donna expliqua : « Seulement le votre. » Puis elle ajouta : « La jeune fille aurait la vingtaine, elle a l’air d’aller bien. L’homme par contre est dans un piteux état et il refuse qu’on le touche. » Levant les yeux vers le calendrier, comprenant qu’ils étaient un lendemain de pleine lune, les informations ne firent qu’un tour dans son esprit. Maxime et Kesabel. Laissant Carrow en plan sans donner la moindre explication, Lexi prit à toute hâte la direction des urgences, courant dans les escaliers et bousculant ceux qui se trouvaient sur son passage.

Arrivant telle une furie aux urgences, se dirigeant vers le poste de triage, elle reconnut immédiatement la chevelure brune de Maxime qui la regardait comme le Messi (pas messi le joueur, lui c’est un CONNARD) en espérant qu’elle puisse les aider. Évaluant rapidement les blessures de Maxime qui s’avéraient superficielles, elle demanda : « Qu’est-ce qu’il s’est passé ?» Même si elle devinait assez aisément que le lendemain de pleine lune était responsable de ce capharnaüm. « Il a joué aux cons. » Poussant l’un des infirmiers qui essayaient en vain de parlementer avec Kesabel, Lexi regarda son meilleur ami pour la première fois depuis son arrivée. Son teint livide, les blessures évidentes à l’abdomen dont certains organes étaient apparents, les os qui semblaient fracturés donnaient le ton sur la gravité des plaies. Le voir ainsi lui coupa le souffle, sa gorge se serra tandis qu’elle soulevait le tee-shirt pour mieux voir la blessure. « Il me faut un bloc. Tout de suite. » demanda-t-elle à l’un des médicomages. « Mais… » Elle connaissait Brandy de réputation. Il n’était pas tellement doué pour jouer les urgentistes. Levant les yeux vers l’homme qui ne semblait pas bien savoir qui elle était, elle hurla : « Immédiatement ! Ou tu auras sa mort sur la conscience et son nom s’ajoutera à la liste de tes échecs médicomagiques. » Il tourna les talons et s’empressa d’aller préparer le bloc opératoire. Lexi retira le système de frein du lit médicalisé et entreprit de le pousser seule, elle n’avait besoin de personne pour opérer Kesabel. Lorsqu’elle fit tourner le lit à 180°, la figure d’Euron Carrow était plantée devant elle. « Poussez-vous. Ou c’est moi qui vous pousse. » Simple, clair, net et précis. Rien ne se mettra en travers de son chemin maintenant. Certainement pas Maxime qu’il allait falloir dégager rapidement parce qu’elle allait probablement vouloir lui coller au cul. Encore moins Euron Carrow. Lexi n’était pas urgentiste, mais elle était la major de sa promotion ; elle excellait dans tous les domaines et rien ne l’empêcherait de sauver Kesabel. Rien ni personne.

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Graviora manent

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Euron O. Carrow
Euron O. Carrow
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Lumos
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Mer 4 Jan - 11:37

Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré
Lexi + Euron
En des visions de la sombre nuit, j’ai bien rêvé de joie défunte, — mais voici qu’un rêve tout éveillé de vie et de lumière m’a laissé le cœur brisé.

Euron se tenait debout contre le bureau de la jeune médicomage de sang-mêlé. Comme à son habitude, il arborait un costume seyant aux teintes sombres sur une chemise blanche. Jamais il ne dérogeait à cette règle de bienséance et son apparence était toujours irréprochable, ce qui le rendait très facilement reconnaissable lorsqu’il déambulait dans les couloirs. Il n'éprouvait pas ce besoin de changer et de surprendre. Il préférait à cela la sobriété et surtout tenait à rester fidèle à lui-même.
La seule chose que l’on pouvait noter de différent chez lui depuis quelque temps était la barbe brune qu’il avait laissé pousser à ses joues. Il est vrai que cela ajoutait à son apparence une poignée d’années, mais comme pour tout ce qui faisait partie de sa vie, il s'entretenait avec beaucoup de soin et de rigueur.

Carrow tenait entre ses mains l’un des dossiers traitant des recherches du domaine médico-légal dont Alexis était la cheffe. Si Lexi était une fidèle adepte de la caféine ce n’était pas le cas d’Euron ou du moins, pas aujourd’hui.
Il était rare que le Directeur descende jusque dans le bureau de la jeune femme, ou dans tout autre bureau des cheffes de service… Il savait que la surprise de son arrivée n’était jamais appréciée et à raison. Il respectait son équipe et ne souhaitait pas alimenter leur hostilité car il avait conscience qu’il n’y avait rien de pire pour la direction d’un établissement. Il voulait leur respect et leur confiance, par leur mépris et leur rancœur. Du fait, s’il avait un jour l’intention de se présenter à leur bureau, il prenait soin à les prévenir à l’avance pour ne pas les prendre en traître. Cela semblait ne pas leur déplaire jusqu’à maintenant. Furent-ils surpris ? Euron Carrow n’était ni hégémonique, ni tyrannique mais parfaitement rigoriste et impitoyable lorsqu’un travail devait être fait. Il fallait juste éviter de le décevoir ou de prendre sa courtoisie pour de la faiblesse…

Les premiers échanges avec Fawley, franchement tendus, avaient progressivement changé pour devenir davantage cordiaux et collaboratifs. S’il souhaitait que tout roule dans le sens qu’il avait prédéfini, il lui était indispensable que sa relation avec elle s’apaise. Puisqu’il comprenait parfaitement son mode de fonctionnement aux vues de ce qu’il avait exploré dans sa tête, et grâce à ses grandes facultés diplomatiques, Carrow avait œuvré dans ce sens. Si tout cela semblait n’être qu’un jeu de manipulation, il s’était finalement surpris à découvrir que cette relation ne lui était pas désagréable. Fawley semblait souhaiter la même chose que lui et avait cessé ses provocations et ses remarques acerbes. Les échanges avec la jeune femme étaient toujours extrêmement professionnels. Rien ne dépassait. Cela plaisait au monomaniaque qu’il était. De leurs discussions ressortaient toujours clairvoyance et efficacité. Peu de choses lui apportait autant de satisfaction professionnelle.

Aujourd’hui, il s’était déplacé dans le bureau de la cheffe de service pour faire le point sur les résultats qu’elle avait obtenus dernièrement. Même si des progrès étaient à faire, leurs avancées semblaient au moins encourageantes. C’était déjà une victoire, bien qu’elle semblait maigre. La recherche demande du temps et Carrow n’était à la tête de l’hôpital que depuis quelques mois à peine. Bientôt, ils allaient enfin pouvoir entrer dans le vif du sujet.

Les deux coups contre la porte lui firent lever légèrement la tête pour observer la secrétaire de Fawley. Son inconfort manifeste ne l’étonna guère et il sembla se désintéresser d’elle en redirigeant son regard sur son dossier. Cela dit, il ne perdait pas une miette de l’échange. Toujours très observateur et impliqué, il considérait que tout ce qui pouvait se passer entre ces murs le concernait… n’en déplaise à certains. Échapper à son influence était peine perdue.

Ainsi, la présence de Fawley était requise aux urgences… cette requête était pour le moins curieuse. La jeune femme n’étant pas urgentiste, il n’y avait aucune raison apparente pour une telle demande. Le Carrow leva un sourcil et son regard froid sur Fawley. Son air changea lorsque la secrétaire lâcha la dernière information : il s’agissait d’une jeune femme et l’homme blessé qui l’accompagnait refusait qu’on le touche… Était-ce possible qu’il s’agisse…

La réaction de la médicomage fut sa seule réponse et elle fût bien suffisante. Il referma le dossier sans attendre. Lorsqu’il passa près de la secrétaire, il le lui tendit et la donzelle le saisit avec un empressement maladroit.

_ Veillez à transmettre ce dossier à ma direction sans attendre je vous prie.

Prestement, à la suite de la médicomage, il se dirigeait lui aussi aux urgences. Sur la route, il croisa quelques personnes qui souhaitaient retenir son attention. Il était rare qu’il déambule dans les couloirs sans être poliment interpellé et il avait beau être un Mangemort, il portait toujours une attention particulière aux gens. N’était-ce pas là son rôle ? Néanmoins, nombreux demeuraient ceux qui osaient à peine le regarder et qui courbaient l’échine sur son passage. Les plus craintifs ou les plus serviles. Ses colères étaient pourtant rares. Depuis qu’il était aux commandes, jamais il on ne l’entendit hausser le ton une seule fois. Ses regards n’en étaient pas moins parfaitement expressifs et il suffisait d’un haussement de sourcil ou d’une contraction de sa mâchoire pour voir le courage de certains fondre comme un flocon de neige au cœur d’un tourbillon de lave.

Mais aujourd’hui, à cet instant précis, il n’avait pas le temps à leur accorder. Il s’excusa d’un geste auprès de plusieurs personnes et malgré cela, lorsqu’il parvint aux urgences, il eut l’impression que Fawley avait véritablement eu des ailes. Par réflexe, il attrapa le brancard qui allait droit sur lui et ne put que constater la situation dantesque qui se peignait devant ses yeux.
Kesabel, dans un état absolument critique, était allongé sur le brancard qui avait manqué de lui rouler dessus et aux commandes il trouva Alexis Fawley dans un état de nerf parfaitement effroyable. A côté d’eux se trouvait Maxime, la jeune amie de Kesabel dans un état de panique tel qu’il la rendait incontrôlable. Le personnel soignant faisait tout pour la calmer et l’inciter à sortir mais rien ne semblait pouvoir la raisonner.
La tension dans la pièce était à son paroxysme, frôlant le chaos. Que dire à part que cela ne lui plaisait pas du tout. S’il y avait un endroit où il fallait garder la tête froide c’était aux urgences, toute autre alternative était impensable et tout le monde allait vite revenir à la raison, de gré ou de force.
Une chose à la fois.
Il lâcha les barres du brancard et laissa Alexis foncer telle une furie au bloc. Il était parfaitement inutile en cet instant d’intervenir et de la faire sortir d’elle-même ou la catastrophe était assurée. Carrow déboutonna sa veste et la colla contre un interne, lui sommant sans lui parler ni ne regarder d’en prendre soin. Cela allait de soi et il valait mieux pour lui qu’il comprenne le message. Se dirigeant vers Maxime, il écarta le personnel présent et leva la main pour les faire taire et se tint devant la jeune femme aux longs cheveux noirs.

_ Maxime !  Il est entre de bonnes mains. Si tu veux qu’il vive tu dois nous laisser faire notre travail.

La jeune femme sembla se calmer et hocha la tête, néanmoins c’était pour ajouter qu’elle souhaitait venir quand-même, juste “au cas où”. Carrow inspira profondément. En temps normal, il n’aurait même pas adressé la parole à la jeune femme. Il l’aurait stupéfixé et aurait houspillé la sécurité pour avoir été obligé de le faire lui-même… mais là il s’agissait de la petite amie de son meilleur ami alors par amitié envers lui, il avait eu cette diligence.
Le Directeur sembla se détendre et la froideur de son visage sembla même se faire plus douce.

_ Très bien. Dit-il simplement.

Un sortilège imprononcé s’extirpa de sa baguette, celle qu’il avait saisi, en toute discrétion, en enlevant sa veste quelques secondes avant. Maxime fut frappée de plein fouet par le “Stupéfix”. Son corps se raidit subitement avant de basculer en arrière. Carrow la retint en enroulant son bras autours d'elle, avant de héler les sorciers chargés de la sécurité.

_ Allongez là ici et quoi qu’il arrive, ne la laissez pas reprendre ses esprits ou je vous assure que vous perdrez le vôtre.

Si les choses ne se passaient pas comme prévu -et c’était souvent le cas- il était exclu qu’il prenne le risque que Maxime s’en mêle et commence à péter un câble au milieu du bloc opératoire. Il ne faisait aucune exception à cette règle. Jamais.
Sans attendre une seconde de plus, il déboutonna ses manches pour les relever jusqu’à ses coudes. Il ne laisserait pas Fawley s’occuper seule de Kesabel. Pas qu’il manquait de confiance en elle mais c’était son ami et il se devait de l’aider. De plus, il avait trouvé la médicomage dans un état de nerf qui ne lui avait pas plu du tout.

En un rien de temps, il se trouva face à Alexis, manches retroussées et baguette à la main. D’un coup d'œil affûté, il fit le point sur la situation. Le jeune Greyback avait perdu énormément de sang mais pas seulement. Les muscles étaient arrachés par endroits et des os s’étaient brisés. Les organes n’avaient pas été épargnés et la seule chose qui retenait encore Kesabel à la vie était la simple force de sa volonté et son inexpugnable opiniâtreté. Pour cela, il méritait leur admiration…

En temps normal il aurait utilisé le sortilège de guérison pour les plaies profondes : Vulnera Sanentur. Le sort était puissant mais devait être utilisé dans l’instant même où la blessure était infligée. Dans ce cas précis, c’était impossible. Les blessures étaient tellement graves que la magie devait être utilisée de façon précise et rapide ou bien le cœur céderait sous la douleur et l’épuisement.

Carrow posa sa main contre le front de Kesabel. “Fuga doloris” Le sort fut à peine murmuré et toute forme de douleur s’envola du corps déchiré du loup-garou.

_ On s’occupe de toi Greyback. C’étaient là les seules paroles qu’il eut pour lui mais elles étaient sincères et pleines de bonnes intentions. Cet homme sur le brancard n’était plus son ami, c’était un patient comme un autre. Aucune émotion ne devait le perturber dans sa tâche.

Dans l’instant, leur patient sombra dans l’inconscience.

De sa baguette, il survolait le corps meurtris, sourcils froncés. Le travail qui les attendait était titanesque. Les plaies devaient être explorées pour s’assurer qu’aucun corps étranger n'empêchait la cicatrisation ou ne provoquerait de surinfection. Ils devaient exciser les tissus contus, morts ou voués à la nécrose. Même si leurs sorts offraient une rapidité d’exécution supérieure aux méthodes moldues, ces étapes n’en restaient pas moins obligatoires pour une rémission totale. Il avait trop vu les dégâts désastreux infligés par des sortilèges donnés à la va vite et il était exclu que Greyback en subisse les conséquences.

_ Plaies délabrantes à l’abdomen, au cou, sur les membres supérieurs et inférieurs impliquant des pertes de substances. Foie apparent. La clavicule droite est fracturée. Côtes deux, trois et cinq fracturées. Le radius a été broyé. Tibia fracturé.

Euron leva son regard azur sur le docteur Fawley. L’énumération des traumatismes était obligatoire pour une prise en charge efficace. Une succession de sortilèges allaient devoir être exécutés avec minutie et patience. Brandy n’était pas loin, attendant les ordres, l’air grave et interdit. On ne pouvait pas lui reprocher sa négligence ou sa passivité, il avait avec lui les poches sang, prêtes pour la transfusion. Il ne manquait plus que le sortilège des deux médicomages pour les utiliser et commencer l’intervention.


(c) princessecapricieuse


EURON O. CARROW


Underneath it all we're just savages | Hidden behind shirts, ties and marriages | How could we expect anything at all? | We're just animals still learning how to crawl |
©️️ FRIMELDA




Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré || EUXI #3 PLXM0sKF_o
Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré || EUXI #3 BRQMDf6Y_o

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Lumos
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Mon allégeance : va à Kesabel et Euron
Sam 7 Jan - 21:03
Le cœur est magique
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Les urgences, Juillet 2021, Lendemain de pleine lune || EUXI III

La cohabitation entre la jeune Fawley et son nouveau directeur ne s’était pas faite sans heurs. Il fallait bien l’avouer, l’attitude respective des deux adultes immatures n’avait pas vraiment joué en leur faveur, surtout au tout début de leur relation supérieur-subordonnée. En grande partie parce que Lexi avait toujours haï devoir être sous les ordres de quelqu’un, déjà auparavant, et encore davantage depuis que Carrow avait été nommé à ce rôle. Il avait fallu s’adapter et mettre sa rancœur de côté. Certes, rien n’empêcherait jamais Lexi de demeurer suspicieuse, de rester vigilante, de ne surtout pas baisser la garde. Elle savait de quoi cet homme était capable, tant bien même qu’il soit devenu plus conciliant et lui avait promis de ne plus user de son don pour lui nuire. Mais la confiance ne faisait pas partie du vocabulaire de la jeune femme ; et Carrow était un Mangemort alors parler de confiance… C’était exclu. Quoi qu’il ne soit, Lexi avait bien dû se rendre à l’évidence, sa période d’essai était désormais terminée et il était toujours en poste, signe que le conseil d’Administration de l’hôpital l’avait jugé apte à occuper ce rôle définitivement. Devoir le supporter était une chose, devoir admettre qu’il ne s’en sortait pas si mal à son poste lui aurait arraché les lèvres. Pourtant, c’était l’une des raisons pour lesquelles elle avait commencé à être moins agressive et moins sur la défensive avec le quarantenaire. Comprenant aisément que la collaboration sera plus efficace si elle cessait d’être aussi tendue, Lexi avait préféré arborer son habituel ton froid mais néanmoins professionnel en oubliant les pointes ironiques et autres remarques acerbes dont elle était auparavant fort friande en sa présence. Nouant un lien professionnel satisfaisant où l’échange était constructif et rigoureux, admettre qu’il n’y avait guère d’esprits aussi affûtés et brillants que les leurs pour échanger sur des aspects médicomagiques avait rendu Lexi perplexe. Elle se complaisait dans cette relation professionnelle et uniquement professionnelle, gardant bien en tête que sous tous ces aspects de directeur bien propret, se dissimulait un tout autre caractère. Le diable aimait les détails, c’était ce qu’on disait.

Alors qu’ils travaillaient ensemble sur les résultats de sa recherche, on vint les déranger ce qui plongea Lexi dans une profonde exaspération. L’esprit brillant qu’était le sien nécessitait du calme pour exprimer son potentiel et qu’on vienne déroger à ses ordres la contrariait plus que de raison. Imaginant un canular ou une autre intrusion de Tosello, Lexi balaya d’un regard la demande de la secrétaire, prête à se reconcentrer sur son travail jusqu’à ce que son employée insiste, aiguisant soudainement la curiosité de la cheffe de service. L’intransigeance de Lexi n’était plus à faire et était connue de tous alors qu’elle ose ainsi appuyer la demande des urgences était pour le moins étonnant. Suffisamment pour que Lexi daigne accorder davantage d’attention à sa requête. Une jeune fille. Et un homme. Un lendemain de pleine lune. Putain, songea Lexi. Il n’y avait guère besoin d’avoir fait sortilèges avancés pour comprendre de quoi il s’agissait. Ou plutôt de qui. Imaginant déjà le pire, devinant qu’ils avaient probablement d’abord été chez elle avant de trouver porte close, l’instinct de la jeune femme lui supplia de se hâter. Qu’ils viennent tout deux ici en la demandant signifiait qu’ils n’avaient pas pu attendre qu’elle finisse sa journée de travail et donc que les blessures étaient graves. Retrouver Kesabel dans cet état plongea immédiatement sa meilleure amie dans un état d’anxiété certain et l’adrénaline se diffusait dans toutes les parcelles de son corps alors qu’elle prenait les décisions qui s’imposaient.

À savoir pousser les infirmiers et urgentistes qui tentaient d’aider Kesabel depuis qu’ils étaient arrivés -sans succès- puisque Maxime semblait jouer le rôle de la femme-louve et que Kesabel refusait qu’on le touche. La raison était compréhensible ; lorsqu’elle souleva les lambeaux de vêtements qu’il lui restait, constatant les dégâts internes qu’on lui avait infligés, Kesabel devait souffrir le martyre. Demandant un bloc sans plus tarder, elle poussa le brancard elle-même jusqu’à faire face à son directeur, qu’elle avait complètement oublié. Elle l’avait laissé dans son bureau sans la moindre hésitation et elle le clouerait au sol sans hésiter davantage si jamais il se mettait en travers de sa route. Il se contenta de se pousser et la jeune femme se dirigea sans tarder vers le bloc opératoire où l’attendaient déjà plusieurs autres médicomages et assistants qui s’occupèrent de placer magiquement le corps de Kesabel sur la table d’opération. Lexi se dirigea vers l’endroit destiné à la préparation des urgentistes et commença un lavage minutieux de ses mains en prenant soin de respecter la procédure. Gagner quelques minutes sur la désinfection pour qu’au final Kesabel ne meure d’un risque infectieux… Cela serait stupide. Une fois prête, les assistants l’aidèrent à enfiler sa blouse et son masque chirurgical afin de ne rien contaminer ; la porte du bloc s’ouvrit sur Carrow et Lexi ne fut même pas étonnée de le voir débarquer. Après tout, il était également son ami. Ce n’était pas vraiment le moment de se la jouer solitaire et de faire les difficiles. Au-delà d’être son directeur, Carrow avait été un médicomage renommé à son époque et ses enseignements avaient beaucoup apportés à la communauté médicomagique ; c’était une chance pour Kesabel qu’il soit là. Pas pour Lexi, évidemment qui aurait préféré se débrouiller seule. Mais la situation critique l’obligea à ne rien dire lorsqu’il se prépara également pour l’opération. Ce n’était guère le moment d’effectuer une bagarre de coq. Maintenant qu’elle était prête, elle demanda à l’équipe : « Instruments stérilisés ? » On lui répondit par l’affirmative. « Si jamais la moindre infection nosocomiale est détectée après l’opération, je saurai qui en tenir responsable. » Une des infirmières sursauta et lança un deuxième sortilège de désinfection, par sécurité. Lexi soupira avant de s’approcher de Kesabel. Sa force de caractère l’empêchait de tomber dans l’inconscience et Lexi savait qu’il s’inquiétait de ce qu’il lui arrivait. Ce n’était pas une petite brûlure ou une plaie qu’elle pourrait facilement refermer. C’était sans conteste la blessure la plus importante qu’elle ait été amenée à soigner… Il s’en rendait bien compte. Carrow s’approcha et lui administra le sortilège anti-douleur d’usage en chirurgie afin qu’il puisse être soulagé. On s’occupe de toi, Greyback avait-il dit et Lexi leva les yeux vers son Directeur tout en ravalant sa salive. Elle ajouta : « Je vais t’endormir. » Les yeux de Kesabel s’écartèrent comme s’il refusait mais il ne parvenait pas à parler. « Même si tu ne ressens rien, ton corps risque d’avoir des mouvements réflexes et on peut vraiment pas se le permettre... » L’infirmière lui donna le masque qu’elle glissa autour de la bouche de son meilleur ami tandis que leurs yeux se rencontraient à nouveau : « Tu ne vas pas mourir, je te le promets. » Le regard de Lexi était brillant, comme si elle s’apprêtait à pleurer, trop inquiète de la tournure que prenait les choses. C’était la première fois de sa vie qu’elle se trouvait dans cet état d’angoisse et celui-ci était absolument inémomable. Si Kesabel mourrait, elle ne se le pardonnerait jamais et elle le savait.

Ses doigts glissèrent sur son front et dans ses cheveux, attendant les dix secondes nécessaires à l’endormissement tandis que les deux amis se regardaient sans plus rien dire. Lorsque Kesabel sombra dans un profond sommeil, le regard de Lexi changea. Il était désormais temps d’agir. L’apparente tranquillité de Carrow était en puissante contradiction avec la pile électrique qu’était devenue Lexi mais elle devait se reprendre, elle devait se contrôler, elle devait tout faire pour sauver l’homme allongé sur la table d’opération. L’affection qu’elle ressentait pour lui ne l’aidait pas vraiment à se calmer mais elle le savait, il le fallait. Soufflant profondément, elle écouta la voix de Carrow énoncer à voix haute les lésions qu’elle avait repérées aux urgences et se contenta d’acquiescer doucement. L’équipe médicale attendait les ordres désormais. Les deux médicomages autour du corps n’étaient pas des urgentistes et pourtant, personne n’en faisait mention. « Mr Carrow et moi-même dirigerons l’opération. » Ce n’était plus le moment de jouer à qui fait pipi le plus loin. Personne ne broncha alors qu’il n’était pas commun d’avoir deux chefs d’orchestre au bloc opératoire mais la situation était suffisamment étrange comme cela, autant qu’elle le soit jusqu’au bout.

« Brandy, perfusion. Poche de sang SP-LG. » Première chose à effectuer. Brandy releva les yeux vers elle avant de perfuser Kesabel avec du sang-pur destiné aux loups-garous. Le plus proche biologiquement de celui de Kesabel, évidemment.  « Aspiration. » demanda Lexi à l’une des assistantes afin que les différents fluides qui s’étaient mélangés dans le corps de Kesabel ne gênent plus la visibilité. Se penchant vers la plaie béante, l’esprit de Lexi se déconnecta. Ce n’était plus Kesabel, ce n’était plus son meilleur ami. C’était un patient dont la moitié des boyaux s’était fait la malle et sortait de son abdomen. « 10mg d’antihistaminique et une gamme complète d’amoxicilline-clavulanique. » demanda-t-elle, constatant les griffures sur la peau de son ventre. Probablement un animal… Mais lequel… La gamme complète permettra de limiter les risques infectieux liées à une créature qu’elle soit magique ou non. Se rapprochant enfin du corps, Lexi releva les yeux vers Carrow qui faisait probablement le même constat qu’elle. Il fallait agir vite et débuter par le plus urgent, à savoir, les plaies de l’abdomen. Les fractures pouvaient attendre. « Écarteur chirurgical. » Celui-ci leur permettra d’accéder plus facilement aux zones profondes. « Lame de 10. »

Après avoir en premier lieu incisé les tissus sains du haut de son cou jusqu’à les plaies afin de déceler les éventuelles traces d’hémorragie, l’intervention débuta. Pendant les premières quarante-cinq minutes, un silence de plomb s’était installé dans le bloc, uniquement brisé par les ordres donnés par l’un ou par l’autre. Euron et Lexi avaient réussi adroitement à exciser les tissus contus, ainsi qu’à recoudre le gros intestin, négligemment déroulé au niveau des hanches de Kesabel afin qu’ils puissent travailler plus aisément sur le haut du corps. Le rein droit avait retrouvé sa place dans le corps de Kesabel. La concentration était maximale et aucun faux pas n’était à déplorer. Malgré la gravité de la situation, la résistance de Kesabel jouait en sa faveur et son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Lexi ne pouvait s’empêcher de relever les yeux toutes les dix secondes vers le moniteur cardiaque et surveillait le moindre changement de rythme. Alors qu’ils travaillaient pour replacer le rein gauche, un détail attira l’attention de Lexi qui exigea : « Décalez la lumière de trente-cinq degrés sur la droite au niveau de la dixième côte. » Quelque chose n’allait pas. « Je n’aime pas la couleur de la rate, regardez. » Alors qu’ils se penchaient tout deux pour mieux voir, un des clamps sauta et l’abdomen fut de nouveau aspergé d’hémoglobine tandis que le cœur s’emballait. Réagissant immédiatement, Lexi attrapa un autre clamp afin de stopper temporairement le flux sanguin et attendit que le rythme cardiaque revienne à la normale afin de pouvoir continuer mais le palpitant de Kesabel, soumis à de rudes épreuves depuis presque une heure, ne tenait plus. Après l’accélération brutale, le cœur s’arrêta et le bip incessant signifiant un arrêt cardiaque résonna dans la pièce tandis que la panique s’emparait de la jeune femme qui ne semblait même plus savoir comment elle s’appelait. « Non ! » Attrapant les pinces du défibrillateur, Lexi les plaça directement dans la cage thoracique de son ami et lança le choc. Une fois. Le regard fixé sur le moniteur magique, toujours plat, elle recommença. Deux fois. Trois fois. Au bout de la quatrième fois, elle se figea, soudainement tétanisée par ce qui était en train de se passer. En état de sidération, elle ne parvenait plus à faire les gestes qu’il fallait, elle ne parvenait plus à réfléchir tandis que son esprit se vidait de toute émotion. Kesabel était en train de mourir. Devant elle.

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Euron O. Carrow
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Mer 11 Jan - 20:24

Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré
Lexi + Euron
En des visions de la sombre nuit, j’ai bien rêvé de joie défunte, — mais voici qu’un rêve tout éveillé de vie et de lumière m’a laissé le cœur brisé.

Le temps. Combien en avaient-ils passés dans ce bloc. Euron en avait perdu toute notion. Son attention était focalisée sur ses tâches et son lien avec la magie devait être continu et il ne devait surtout pas être interrompu. Brandy et son équipe le savaient et veillaient à ce que cela n’arrive pas. Quoi qu’il arrive, il ne devait pas relâcher sa concentration, c’était une question vitale pour ce patient. Seule Lexi, son binôme était autorisée à lui adresser la parole en cas d’urgence.

La baguette au-dessus du corps meurtri, le lien qu’il construisit avec lui permettait de schématiser dans sa tête le travail en cours. Les fluides, la chair, les muscles, les divers tissus et les os étaient des éléments liés en eux et pourtant distincts qu’il visionnait, qu’il ressentait. Il percevait chaque anomalie et par Merlin il y en avait tant… S’y retrouver demandait une rigoureuse organisation visuelle, émotionnelle et logique.


La façon de procéder des deux médicomage était très différente mais il était surprenant de constater qu’ils parvenaient à synchroniser leurs gestes avec précision. Lorsque l’un découpait les tissus morts, l’autre les retirait. Lorsqu’elle clampait une artère, lui régulait le flux de cette zone pour que le sang ne gêne pas son entreprise. Lorsqu’un élément était recousu, il activait la cicatrisation pour qu’elle soit définitive. Les organes reprenaient doucement leur place et leur intégrité. Le sang administré par Brandy alimentait doucement de nouveau le corps de Kesabel dont le cœur sembla tenir bon.


Tenir des sorts sans discontinuité pendant des heures était éreintant, quel que soit le sorcier, mais tout était une question d’endurance et de détermination. Lors de grosses interventions, les médicomages se relayaient pour maintenir le lien magique et ne surtout pas perdre le contrôle de l’opération et permettre au binôme de se reposer car ils en sortaient généralement vidée d’énergie et de force. Carrow, en bon maniaque du contrôle, refusait l’idée de céder sa place. Néanmoins, il n’était pas prêt à mettre la vie de Kesabel en danger pour protéger son orgueil. Il savait que si la nécessité s’en faisait ressentir, il inviterait Brandy à le remplacer, lui laissant ainsi sur les épaules une charge que le médicomage en question, bien que compétent, préférait éviter d’avoir et cela se comprenait aisément.

Mais la question ne se posait pas actuellement. Malgré les quelques traces de sueur sur son front, son bras ne tremblait pas. Euron Carrow pouvait encore tenir.

Ils progressaient à une belle allure mais quelque chose n’allait pas. La tension en lui, bien que maîtrisée, monta d’un cran. Euron sentit l’anomalie poindre dans l’abdomen, juste avant que Fawley n’attire son attention sur la rate. C’était un travail particulièrement compliqué. Il dut ralentir sa concentration sur la régénération des tissus pour tenter de contrôler un afflux anormal dans cette partie de l’abdomen. Très vite, il réalisa qu’il ne pourrait pas la contenir. La pression était trop forte. Il devait faire un choix en une poignée de secondes à peine. Puisqu’il ne pouvait pas empêcher l’hémorragie alors il décida de la localiser à un endroit précis que sa partenaire pourrait juguler. Le clamp sauta brusquement et le sang se rependit dans l’abdomen. Lexi clampa immédiatement l’artère hépatique, lui laissant ainsi le champ libre pour régénérer la membrane qui était un élément absolument vital.

Malgré tout, l’épreuve fut celle de trop pour le cœur dont les pulsations trahirent l’état d’urgence en s’emballant… avant de cesser. Tout sembla s’éteindre et la tâche se compliqua davantage pour Euron. Le sang devait absolument continuer à circuler et à irriguer le cerveau et ce jusqu’à ce que le cœur ne reparte pour éviter les conséquences neurologiques. Il sentait sa chemise blanche coller à son dos et à son torse. L’effort fourni pour forcer un corps humain à fonctionner alors que sa pompe avait lâché était maintenant une épreuve de force. La main qui se tenait statique au-dessus du corps se mit à trembler.

Brandy, qui observait la scène, se saisit de sa baguette, prêt à remplacer son Directeur si celui-ci venait à flancher alors que les autres attendaient les instructions. La pièce semblait maintenant bien trop petite pour soutenir la pression psychologique qui y régnait. Un drame était en train de se dérouler sous leurs yeux à tous et même si le personnel soignant n’était pas directement impliqué, il mesurait sans mal les répercutions que la mort de cet homme engendrerait.

Carrow eut un tic nerveux au niveau de ses yeux, brûlés par une goutte s’y insinuant. Les muscles de ses bras se raidirent sous la pression constante que la magie lui imposait et très vite, il put sentir le mal remonter à ses épaules larges, traverser ses cervicales qui se nouèrent pour alors irradier sa boîte crânienne d’une douleur indescriptible. Ce n’était pas normal. Depuis quand le corps de Kesabel était-il en état d’arrêt cardiaque ? Six ou sept secondes ? On lui aurait annoncé « une éternité » qu’il aurait pu le croire tant il était déconnecté. Quoi qu’il en soit c’était bien trop long. Il ne pourrait pas tenir ainsi bien longtemps. Son corps, déjà éprouvé par la chirurgie, lui hurlait de mettre fin à cette torture, de lâcher prise, mais il ignorait ses suppliques, même lorsque son propre coeur se mit à accélérer sa fréquence cardiaque. C’était à lui de décider quand lâcher et le Mangemort s’y refusait catégoriquement. D’autant plus que l’état de Kesabel était si critique qu’il ne supporterait certainement pas la transition avec un autre médicomage.

Ca ne pouvait pas se terminer comme ça, c’était inacceptable.

_ Fawley… sa voix n’avait plus rien de son ton habituel. La douleur et l’épuisement s’y lisaient sans mal. Parler était un supplice de plus mais il n’avait pas le choix. Adrénaline… Pourquoi rien ne se passait ? Il ne parvenait plus à voir malgré ses yeux grands ouverts. Un voile gris tomba devant ses prunelles acier, comme l’écran d’un vieux téléviseur moldu mal réglé.

_ Fawley… Qu’il répéta encore avec désespoir. Son intellect ne pouvait pas renoncer. Ses mains tremblaient. Clairement, il crevait de chaud.

_ Lexi !!!! Cette fois sa voix, tonitruante, résonna dans le bloc, faisant sursauter l’une des assistantes qui en laissa tomber un plateau d’acier rempli de pansements imbibés de sang. J’ai besoin que tu m’aides… Reste avec…. Moi... ou il est perdu. Son corps ne semblait plus lui répondre, même s’il ne bougeait pas d’un pouce, et son esprit commençait lâcher prise. Euron Carrow, Directeur de l’hôpital de Sainte Mangouste, membre du Conseil du Ministère de la magie, Mangemort, médicomage, ancien professeur de médicomagie, c’était là ce que les gens connaissaient de lui mais sans le connaître, lui. Mais à cet instant, en ce moment précis, il n’y avait plus de manies, plus de voile, plus de contrôle. La personne qu’il était véritablement se tenait là, juste devant elle et du sang s'échappait de son nez.

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Alexis Fawley
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Mon allégeance : va à Kesabel et Euron
Mer 25 Jan - 20:35
Le cœur est magique
Il recoud ses blessures au fil doré
Les urgences, Juillet 2021, Lendemain de pleine lune || EUXI III
Euron Carrow et Alexis Fawley venaient de se découvrir un ennemi commun. Le temps. Celui-ci jouait contre eux, en leur défaveur et contre la vie de Kesabel. La jeune cheffe de service, qui s’était évertuée à demeurer à distance de son supérieur hiérarchique n’avait pour le moment aucun autre choix. Si elle détestait l’homme, elle reconnaissait le talent médicomagique de celui-ci ; la seule chose qui comptait désormais, c’était sauver leur ami. Et si pour cela Lexi devait ravaler sa fierté, elle le faisait sans l’ombre d’une hésitation. La vie de Kesabel en dépendait et même si elle était extrêmement sûre d’elle et de ses compétences, les blessures et plaies de Kesabel laissaient percevoir qu’ils ne seraient pas trop de deux pour en venir à bout. Commençant méticuleusement l’opération avec une précision digne des plus grands urgentistes, Euron et Lexi trouvèrent sans se parler une certaine forme de complémentarité dans leurs pratiques, l’un se chargeant de certaines tâches, l’autre de certaines autres tandis que l’équipe médicale gravitait autour d’eux, répondant à chacune de leurs demandes et exécutant leurs ordres. Lexi s’afférait aux tâches plus « manuelles » tandis que Carrow s’évertuait à maintenir le lien magique qui lui permettait de travailler en toute sécurité ; visualiser l’organisme en transparence grâce aux différents sortilèges, ressentir chaque douleur pour mieux en comprendre la profondeur… C’était un travail minutieux qui nécessitait une grande concentration. Lexi, plus à l’aise dans la pratique plus instrumentale, en lien notoire avec sa propre position de cheffe de service de médicomagie légale, demeurait sensible à chacune des informations qu 'il lui fournissait et qu’il lui servait à mieux appréhender l’opération. La coopération qui émanait entre les deux était nouvelle mais étrangement naturelle, comme si chacun trouvait sa place et savait avec précision qu’elles étaient les tâches qui lui incombaient. C’était presque plaisant de découvrir la manière dont leurs baguettes s’accordaient sans avoir réellement besoin de parler à voix haute ; on aurait presque pu imaginer qu’ils travaillaient ensemble depuis des années.

Les minutes s’écoulaient et chacune d’elles devenaient de plus en plus difficiles. Habituée à la froideur de la morgue, Lexi n’appréciait guère la température plus élevée des urgences, en plus de la complexité inhérente à l’opération en elle-même. Elle était habituée à devoir mettre à l’épreuve ses capacités de concentration et d’attention mais dans son service, une minute d’inattention ne risquait pas de mettre en péril la vie du patient. Et pourtant, ici, c’était bel et bien le cas. Et ce n’était pas n’importe qui qui se trouvait là. Il s’agissait du corps inerte de son meilleur ami, de son repère, de son port d’attache depuis une dizaine d’années. Kesabel avait toujours été là pour elle et il était la personne dont elle était le plus proche, la personne qui la connaissait le mieux et qui la comprenait sans qu’elle n’ait besoin de prononcer le moindre mot. Et alors que Lexi pointait du doigt la couleur inhabituelle de la rate, l’impensable se produisit. Kesabel était en arrêt cardiaque. Prenant les devants, faisant exactement ce qu’il fallait pour que la situation ne s’éternise pas et que le cerveau de Kesabel puisse continuer de fonctionner décemment, Lexi lança la procédure de défibrillation. Plusieurs fois. Sans succès. Pour la première fois de sa vie, la jeune médicomage perdit pied, l’état de sidération dans lequel elle venait de s’enfermer ne lui permettait plus de réfléchir intelligemment tandis que l’affect prenait place dans son esprit et que son cœur à elle tambourinait dans sa poitrine avec une force phénoménale. Elle sentant son propre sang pulser à l’intérieur de tout son corps tandis que celui de Kesabel demeurait désespérément inerte. Cela ne pouvait pas être sa fin. Pas ici, pas comme ça, pas à cause d’elle et de son incompétence. La mort imminente de Kesabel faisait remonter en elle toutes ses incertitudes, ses angoisses, ses propres failles et l’attachement qu’elle portait au jeune loup l’empêchait soudainement de faire son travail de manière automatique et détachée, ce qu’elle faisait habituellement.

Elle ne bougeait plus, avait les yeux fixés sur le moniteur qui indiquait la plus horrible des nouvelles tandis que sa gorge s’asséchait et que son esprit se murait dans les méandres les plus sombres de son cerveau. Tout devenait noir, rien n’avait plus de sens, le reste n’avait plus d’importance ; hermétique aux appels des autres médicomages et à la tension palpable qui venait de s’installer dans le bloc opératoire, Lexi venait de s’enfermer dans une bulle de protection qui n’appartenait qu’à elle et rien ne la franchissait. Pas même Carrow qui prononçait son nom de famille. Une fois, deux fois. Ce fut lorsque son surnom s’échappa fortement de ses lèvres et qu’un plateau d’acier se fracassa contre le sol dans un boucan tonitruant qu’elle sortit de sa torpeur, sursautant allégrement ; son regard se détacha du moniteur pour fixer son directeur. La scène qui se déroulait sous ses yeux était à peine croyable. Euron était en train de perdre pied, à son tour. Physiquement. Il était allé au bout de ses forces, au bout de lui-même. Les stigmates de la douleur se lisaient aisément sur ses traits tandis qu’un mince filet d’hémoglobine s’échappait de son nez. Si la situation n’était pas si critique, Lexi lui aurait probablement balancé une remarque acerbe et désobligeante mais ce qu’il lui dit après la força à garder le silence. Kesabel. C’était l’unique raison de leur présence ici, à tous les deux. Elle ne pouvait pas se laisser aller, elle ne pouvait pas risquer de le perdre.

Reprenant immédiatement ses esprits, elle lâcha les pinces défibrillantes et plongea sa main dans la cavité béante de Kesabel, pressant son cœur directement entre ses doigts pour qu’Euron puisse relâcher la pression qu’il maintenait sur le sortilège. « C’est bon. Relâche le sortilège. » murmura-t-elle tandis qu’il n’y avait plus un bruit dans la salle. Tant que le cerveau était irrigué, ils avaient une chance. Une petite chance. Mais une chance quand même. De manière mécanique, elle appuyait sur le palpitant de son meilleur ami. Elle avait littéralement sa vie entre ses mains. Cette méthode n’était pas conventionnelle mais que lui restait-il d’autres comme choix ? Ils avaient épuisé les différentes ressources disponibles. D’une voix redevenue placide et directive, elle redemanda : « Adrénaline. » Brandy s’occupa d’administrer le produit à Kesabel et une brève tonalité s’échappa du moniteur tandis que Lexi continuait de masser le cœur de son ami avec méticulosité. Un second son se fit entendre environ six secondes après le premier et elle s’empara immédiatement des pinces défibrillantes, cherchant à s'emparer dans cette perche que Kesabel lui tendait. Elle effectua la manœuvre et immédiatement après, le cœur repartit. Un soulagement immense s’échappa de sa bouche. Peut-être même des autres médicomages de la pièce. Personne n’aimait perdre un patient. Mais pour Lexi, il ne s’agissait pas de n’importe quel patient. Tandis qu’elle surveillait les mouvements sinusoïdales que reprenaient le cœur de Kesabel, elle annonça en regardant Euron : « Je vais te relayer si tu veux. » Inverser leurs places lui permettrait de reprendre des forces magiques. Rien dans cette opération n’était conventionnel. Après sa propre crise de panique et les saignements du directeur, n’importe quel médicomage les aurait fait sortir. Mais personne ne disait mot, personne ne bronchait. Euron et Lexi intervertirent leur place. Sortant sa baguette, usant de toute sa force magique pour continuer l’opération jusqu’au bout, Lexi reprit les rennes de son esprit, se promettant de ne plus jamais retomber dans un tel état de torpeur.

L’opération se poursuivit pendant encore de longues et pénibles minutes. Lorsqu’ils suturèrent la dernière plaie, la fatigue était clairement lisible sur les traits de chaque membre de l’équipe même si Euron et Lexi semblaient être les plus sévèrement touchés. Brandy, après avoir fait les vérifications d’usage, annonça qu’il envoyait Kesabel en salle de réveil. Étant donné la dose qu’on lui avait injecté, il était probable qu’il prenne encore plusieurs heures pour sortir de l’état comateux dans lequel ils l’avaient plongé. Sans un mot, Lexi retira sa blouse usagée, ses gants et se passa rapidement de l’eau sur le visage avant de retoucher sa coiffure dans un tic de nervosité évident. Quittant la pièce pour se rendre auprès de Kesabel, on lui expliqua qu’elle n’avait pas le droit d’être ici et elle rétorqua qu’il faudrait la tuer pour l’empêcher d’être auprès de Kesabel. On la laissa faire. Elle installa un tabouret auprès du chevet de son meilleur ami et ses doigts passèrent négligemment sur sa mâchoire anguleuse. Ses yeux lui réclamaient le repos mais il était hors de question qu'elle le laisse seul. Elle réfléchissait, revivant avec intensité l’horreur de l’opération jusqu’à ce qu’un mouvement derrière elle attire son regard. C’était Carrow. Depuis combien de temps était-il là, elle n’en avait pas la moindre idée. Elle garda le silence pendant un temps avant de dire : « Je vous remercie de m’avoir ramené tout à l’heure. » Cela lui arrachait la bouche de prononcer ces mots. Repasser par le vouvoiement lui sembla naturel après avoir usé du tutoiement par facilité dans le bloc. La tension qui régnait dans la pièce était palpable et Lexi se demandait si cela ne marquait pas un tournant dans leur relation professionnelle mouvementée. « Je ne sais pas ce que j’aurai fait s’il était mort. » Elle n’aurait jamais été en capacité de se pardonner. Jamais.

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Jeu 2 Fév - 11:56

Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré
Lexi + Euron
En des visions de la sombre nuit, j’ai bien rêvé de joie défunte, — mais voici qu’un rêve tout éveillé de vie et de lumière m’a laissé le cœur brisé.


Cette opération était une expérience troublante. D’une part parce qu’il était rare qu’Euron officie depuis qu’il était devenu Directeur et d’une autre part parce qu’il était en train de se livrer à cet exercice aux côtés de Fawley. Si on lui avait annoncé ce matin qu’ils allaient partager un moment comme celui-là, le Carrow aurait sans doute arquer un sourcil avec une forte incrédulité. Mais aussi étrange que cela pouvait paraître, les choses improbables se faisaient évidentes lorsque le destin les présente à soi avec force et violence.

Kesabel était entré mourant à Sainte Mangouste. Le corps démoli, les membres en vracs, les organes à l’air et pourtant son cœur battait encore. C’était une force de la nature et Euron était impressionné par sa résistance -et lui faire un tel effet était assez rare. Son ami méritait qu’il se démène, qu’il se dépasse et toute autre solution était inenvisageable.

Fort heureusement, Alexis Fawley était dans le même état d’esprit. Il était étrange de penser qu’ils pouvaient être si proches dans leur façon de travailler et de concevoir les choses. Avant le heurt qu’ils avaient rencontré lorsque la jeune femme était revenue blessée, ils avaient peu échangé et ne se connaissaient pas très bien. Leur personnalité n'aidait pas à l’échange et puis le travail d’Euron -ainsi que sa personnalité- l’empêchaient de passer un temps conséquent à ses loisirs. Alors, contre toute attente, et ce même s’il ne découvrait plus rien d’elle aux vues de son exploration dernière, il la perçut avec davantage de finesse et d’humanité dans son regard. En fait, à bien y réfléchir, ils se ressemblaient beaucoup et c’était cela le plus troublant car Euron ne s’en était pas vraiment rendu compte plus tôt.

Sur la table, ils avaient travaillé comme un seul homme. La seule dissonance dans leur parfait accord avait été cette soudaine et inattendue torpeur de Lexi. Loin de résonner comme de l’incompétence, c’était plutôt son affect pour Kesabel qui l’avait jetée dans une paralysie totale. Fawley cachait si bien ses sentiments que lorsqu’ils avaient fait surface avec la plus implacable violence, sa conscience s’était tout simplement éteinte, comme lorsqu'on appuyait sur un bouton, submergée, coupant les liens avec une réalité que son intellect ne pouvait concevoir. Fort heureusement, Euron était parvenu à briser sa bulle pour la faire réagir. Les dommages sur Kesabel auraient été catastrophiques et définitifs dans le cas contraire.

S’il n’aimait pas montrer ses faiblesses, il y fut cette fois bien forcé malgré tout. Les regards appuyés du personnel en disaient long. Jamais il n’avaient vu leur Directeur agir de la sorte, jusqu’à se mettre en danger pour sauver la vie d’une personne. Qu’on l’ai vu ainsi, lui n’en tirait aucune vanité et il est certain qu’il n’apprécierait guère qu’on lui en parle.

Son corps entier ne semblait tenir que par le lien qu'il avait avec la magie durant ce sortilège. Comme si l’énergie du sort sur Kesabel était le dernier fil qui le retenait de sombrer dans le gouffre béant de l’inconscience. Renoncer n’est pas admis. La voix de Lexi fut pour lui comme une lumière dans l’obscurité la plus totale. Le simple fait de l’entendre le tranquillisa. Puisqu’elle était de nouveau parmi eux, le fil qu’il suivait n’était plus le seul à tenir la vie de leur ami. Il ne vit rien de ce qu’elle fit. Ses yeux voilés ne lui permettaient plus de visionner quoi que ce soit. En revanche, il pouvait sentir le cœur entre ses doigts, comme s’il s’agissait du sien. Le lien magique qui l’unissait à Greyback était presque symbiotique et lorsque le doigts se fermaient sur l’organe sans vie, il en fut troublé et bien davantage lorsque le flux sanguin déferla dans ses artères coronaires à nouveau, la sensation était indescriptible et d’une puissance sans équivalent. La vie reprenait le dessus dans son corps et tandis qu’il se tenait sur le seuil d’une porte obscure, il n’en avait pas passé le seuil et avait reculé pour revenir à la lumière. Après cela tout était possible. Il ne pouvait que s’en sortir et bien qu’Euron Carrow ne se laissait jamais submerger par ses émotions, il ne put retenir un sourire, si ténu sous sa barbe qu’il en était presque invisible, mais il était pourtant bien là.

Lexi a écrit:
« C’est bon. Relâche le sortilège. »

« Je vais te relayer si tu veux. »

Bien qu’il avait confiance en elle, jamais il n’aurait lâché sans avoir davantage de certitudes. Mais il sentait que la situation avait changé et qu’il pouvait dès lors rompre le sortilège, en douceur, pour permettre à Lexi de reprendre pour la dernière ligne droite. Il n’insista pas. Il savait que son esprit pouvait lâcher d’une seconde à l’autre et il était inutile de prendre un tel risque. D’ordinaire, il aurait effectivement repris la place que Fawley lui proposait, néanmoins, ses yeux refusaient de lever le voil gris et il était bien incapable de continuer l’opération.

Lorsqu’il relâcha, la seule chose qui l’empêcha de s’effondrer était son obstination maladive et viscérale. Il déglutit mais laisser entrevoir sa faiblesse lui était clairement inconcevable. Debout, il reposa ses mains sur le bord de la table d’opération, là où Kesabel était allongé. Il reprit son souffle et attendit une poignée de secondes. Malgré ses efforts, ses yeux ne parvenaient qu’à distinguer des ombres, son front était toujours humide et les battements de son cœur irréguliers et forts. Il inspira légèrement, gonflant son poitrail, soulevant ses larges épaules. il devait se rendre à l’évidence, il ne serait plus d’aucune utilité ici.

_ Brandy, prenez ma place.

_ Oui monsieur. Répondit-il simplement.

Le médicomage, opina du chef et s’exécuta prestement. Euron se refusait à dire qu’l ne voyait plus rien et s’évertua à le dissimuler. Lorsqu’il se tourna, il manqua de percuter Fawley dont il saisit la main, instinctivement et lorsqu’il s’en rendit compte, le Carrow fronça ses sourcils sombres en relâchant rapidement sa poigne.

_ Mes excuses… dit-il simplement, presque dans un murmure, avant de se détourner. Mais malgré toute sa bonne volonté, il ne pouvait guère dissimuler son indisposition. Personne ne vint à son aide, fort heureusement, car l’inconscient qui lui aurait proposé ne serait-ce qu’un bras aurait très certainement perdu sa tête.

Puisqu’il était devenu inutile pour la suite de l’intervention, il s’éclipsa, s’aidant discrètement de sa main pour se repérer dans l’espace. La magie était semblable à un fleuve et il était difficile de le maîtriser. Y parvenir demandait parfois au sorcier d’en payer le prix et ce genre d’effet secondaire n’était pas rare. La seule chose qui l’était, c’était d’en arriver à ce point là car d’ordinaire, les sorciers lâchaient plus tôt.

Lorsqu’il fut enfin seul dans une chambre libre, il se posa sur le lit, s’y allongeant un instant. Ses yeux bleus ouverts observaient la mer grisâtre qui dansait au plafond et il lui sembla y sombrer tout éveillé. Lorsqu’il les ouvrit de nouveau, une vingtaine de minutes s’étaient écoulées et ses yeux avaient retrouvé leur fonctionnalité première. Il soupira de soulagement. Même s’il ne se sentait pas encore très en forme car le lien avec Kesabel avait été extrême et épuisant, son corps reprenait doucement le dessus.

Sur ses mains des éclats de sang, et que dire de sa chemise blanche ? Un vrai carnage. D’un revers du poignet, il essuya son front, sec dès lors, puis son nez où le sang avait déjà commencé à coaguler. Le sortilège avait failli lui coûter cher mais il n’en avait aucun regret. Qu’en était-il de Kesabel ? Tout s’était-il bien terminé ? Il devait aller vérifier par lui-même.

Le trajet jusqu’à la salle de réveil fut particulier. les quelques internes qu’il croisa étaient muets et s’écartaient simplement de sa route en tendant de l’observer sans trop d’insistance. Il n’y prêta aucune attention. Pour l’heure, il devait aller voir son ami. Ce dernier venait tout juste d’être déposé en salle de réveil et il croisa Brandy qui leva des yeux étonnés sur son Directeur lorsqu’il passa la porte. Sans doute pensait-il qu’il devait être rentré chez lui ou au moins en train de prendre une douche… c’était son projet bien entendu, mais il avait un fort sens des priorités.

_ Tout s’est bien passé monsieur… puis-je faire quelque chose pour vous ?

Euron observait Kesabel à quelques pas de là, celui dont le corps était cerclé de deux boules lumineuses qui tournaient lentement autour de lui comme un satellite le ferait autour d’une planète. C’était une sortilège visant à maintenir ses fonctions vitales et aider à cicatriser les plaies profondes… et Merlin sait qu’il en avait. Le regard froncé et cerné malgré son bref temps de repos, à la question de Brandy, le Directeur remua la tête négativement avant de se reprendre.

_ Peut-être bien finalement. Faites appeler Miss Bradley pour qu’elle me fasse parvenir une chemise propre je vous prie.

L’urgentiste acquiesça avant de disparaître, laissant le Mangemort seul avec son ami. Il allait devoir affronter Maxime et même si c’était pour lui annoncer une bonne nouvelle, il n’en restait pas moins qu’il s’agissait de… Maxime. Il souhaitait éviter d’aller la voir avec du sang de Kesabel partout sur ses vêtements, c’eut été un grand manque de tact.

Une chaise se trouvait au fond de la pièce. Il s’y dirigea lentement avant de s’y asseoir, les bras croisés sur son torse et les jambes légèrement écartées. Une position décontractée à laquelle il n’était pas habitué en dehors des moments où il était complètement seul. Il reposa l’arrière de sa tête contre le mur et observait Kesabel en train de reprendre des forces. T’es vraiment pas passé loin de la catastrophe mon ami… Il faudra que tu songes à être plus prudent. Pensa-t-il. Les yeux à demi clos, ses pensées s’égarèrent jusqu’à ce qu’un son le ramène au temps présent. Alexis Fawley entra dans la chambre de réa pour se diriger directement au chevet du loup-garou où elle s’installa.

Il était étrange la façon dont elle tenait à lui. Euron savait qu’ils avaient été amants mais le lien qui les unissait était étrangement fort, peut-être un peu trop pour qu’il puisse véritablement le comprendre. Il l’observa en silence. Il n’avait pas envie de troubler ce moment intime et ses yeux se dirigèrent ailleurs car cela ne le regardait clairement pas. Mais c’était sans compter sur sa baguette qui glissa de la poche de son pantalon de costume pour tomber au sol dans un bruit bref. Ce simple son fit plisser son nez. Il avait envie de silence et si la baguette avait été une personne, elle se serait faite houspiller à n’en point douter. Il se pencha pour ramasser l’objet de bois sculpté et croisa le regard de Fawley. Allait-elle le fusiller du regard, comme elle savait si bien le faire ? Contrairement à d’habitude, et ce n’était pas sans le surprendre, son œillade se fit moins féroce et sa voix plus intérieure.

Lexi a écrit:
« Je vous remercie de m’avoir ramené tout à l’heure. »

« Je ne sais pas ce que j’aurai fait s’il était mort. »

Euron tenait la baguette magique entre ses doigts, penché vers le sol et ces mots inattendus le figèrent un instant dans l’espace et le temps et se surpris à trouver cela plutôt agréable. Subrepticement, il fronça ses sourcils et reprit vie en se redressant, baguette en main.

_ Vous n’avez pas à vous poser la question docteur, puisque ça n’est pas arrivé… Grâce à vous. De la même manière que Fawley, le Directeur avait repris sa distance par le vouvoiement et pourtant, ce qu’ils venaient de partager les avait indéniablement rapprochés, d’une façon qu’il ne parvenait pas encore à saisir.

Carrow ne se perdait pas en conjecture ni dans l’imaginaire. Kesabel était en vie. Avait-il frôlé la mort ? Indéniablement. Mais il ne se projetait pas dans une fiction où les choses se seraient passées autrement. Bien que les mots en eux-mêmes pouvaient paraître abrupts, le ton qu’il employa n’en était pas moins doux et réconfortant. Ce n’était pas là une leçon mais un baume et c’était assez rare pour être noté.

Leur échange fut troublé par l’entrée de la petite secrétaire d’Euron : Miss Bradley. La “petite” secrétaire était on ne peut plus vraie. Toujours en tailleur strict, toujours avec un chignon au-dessus de la tête, toujours avec ses lunettes, toujours perchée sur d’immenses talons aiguilles… Bradley dans toute sa splendeur. Carrow avait changé de secrétaire de nombreuses fois avant de parvenir à être satisfait. Si la trentenaire paraissait parfois gauche -ce qui amusait toujours Euron mais cela, personne ne s’en rendait vraiment compte- elle était d’une redoutable efficacité et surtout, relativement digne de confiance.

Il était toujours assez marquant, voire drôle, de les voir réunis. Malgré ses talons qu’elle portait pour se grandir, elle ne parvenait pas à gommer la différence de taille générée par l’imposante stature du Carrow.
Lorsque ce dernier se releva en la voyant, sa largesse d’épaule était telle, comparée à Bradley, qu’il semblait pouvoir la briser comme une brindille en lui soufflant dessus. Mais cela ne semblait pas la déranger… contrairement aux colères froides et silencieuses de son patron qui pouvaient la faire trembler comme une feuille. Néanmoins, elle ne fuyait jamais et faisait toujours son travail quoi qu’il arrive.

Bradley salua Fawley d’un mouvement de la tête en murmurant un “Docteur” et se dirigea directement vers Euron. Elle portait contre elle, avec un soin tout particulier, une chemise immaculée, parfaitement pliée et la lui présenta silencieusement. Elle savait que face à lui il était inutile de palabrer juste pour meubler le silence alors elle garda ses lèvres scellées.

La remerciant d’une œillade, il l’invitait à repartir, ce qu’elle fit dans l’instant, tentant d’être la plus discrète possible malgré le claquement de ses talons sur le sol. Ne perdant pas de temps, le Directeur tourna le dos à Lexi et déboutonna sa chemise colorée de vermeille avant de s’en défaire définitivement.

Sans vêtement sur le dos, elle put détailler un pan entier de son corps qu’il ne laissait jamais entrevoir. Sous une peau imberbe et pâle cheminait une suite de reliefs dessinée par des muscles travaillés avec intensité sous le joug d’une discipline de fer. De cette carrure émanait une force évidente dont il semblait peu user bien qu’elle rayonnait nettement.

Ses épaules et ses cervicales souffraient de nœuds depuis l’intervention. Son corps avait été bien rudement mené et il allait en payer les pots cassés encore quelque temps. Pour soulager la tension, il fit rouler ses épaules et massa brièvement ses trapèzes d’une main en dissimulant une grimace.

Méticuleux, il déplia la chemise avant de s’en parer de nouveau. La fraîcheur du tissu doux et propre sur sa peau était agréable et il l’ajusta avec soin avant de la rentrer de nouveau dans son pantalon. Pour peu qu’on ignorât à quoi il avait passé son temps les dernières heures, on aurait pu penser qu’il venait à peine d’arriver au travail… Repliant rapidement la chemise maculée, il la jeta à la poubelle avant de se tourner de nouveau vers la jeune femme dont il se rapprocha tout en accrochant ses boutons de manchette.

_ Je vais me rendre auprès de Maxime. Dit-il avant d’ajuster une dernière fois sa chemise, laissant le silence intervenir tandis qu’il la regardait dans la quitter des yeux. Cet instant sembla durer plus que ce qu’il n’avait souhaité et dans ce mutisme parfait, plus rien ne lui vint en tête… ou mille choses ? C’était étrange. Une part de lui souhaitait parler et l’autre retenait ses lèvres, les enfermant dans une atonie distraite et il dût se faire violence pour les en sortir. Il finit par rompre le contact visuel avec Fawley pour poser ses yeux bleus sur Kesabel. Se sentait-il gêné ? Cela ne lui ressemblait pas du tout et il fronça ses sourcils, comme pour se raisonner.

_ Vous devriez faire comme lui et vous reposer. Après tout, la journée ne fait que commencer. Son ton était calme, doux, rauque et presque monotone et pourtant, elle put y déceler une pointe de dérision… Puis il amorça le pas pour se diriger vers la sortie. Il avait une jeune femme à rassurer.



(c) princessecapricieuse


EURON O. CARROW


Underneath it all we're just savages | Hidden behind shirts, ties and marriages | How could we expect anything at all? | We're just animals still learning how to crawl |
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Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré || EUXI #3 PLXM0sKF_o
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Alexis Fawley
Alexis Fawley
Sorcier neutre
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Métier : Cheffe du service de médicomagie légale de Sainte-Mangouste || Responsable d'une étude clinique sur le gène sorcier
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IRL

Lumos
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Mon allégeance : va à Kesabel et Euron
Ven 10 Fév - 20:00
Le cœur est magique
Il recoud ses blessures au fil doré
Les urgences, Juillet 2021, Lendemain de pleine lune || EUXI III
On aurait entendu une mouche voler dans le bloc opératoire tant les médicomages opéraient dans un silence religieux. Lexi ne croyait pas en une quelconque instance mystique qui planerait au-dessus de leurs têtes comme les moldus aimaient à se l’imaginer. Elle n’avait foi qu’en elle, en elle et en quelques amis proches qui lui avaient déjà prouvé leur valeur et à qui elle offrait une pleine confiance. Kesabel était l’un d’entre eux, ce qui expliquait pourquoi elle avait réagi avec rapidité lorsqu’elle avait compris ce qui lui était arrivé, ce qui expliquait également pourquoi elle ne pouvait se risquer à le laisser entre les mains de n’importe qui. La vie de Kesabel était précieuse et égoïstement, si Lexi donnait tout ce qu’elle avait pour le sauver, c’était en premier lieu pour elle-même. Il était un rouage dans sa vie à laquelle elle était bien trop habituée pour réussir à s’en passer. Ils étaient amis depuis plus longtemps qu’elle ne saurait le dire et le voir ainsi allongé sur cette table d’opération réveillait en la jeune médicomage des souvenirs bien lointains, emprunts d’une certaine noirceur, datant de l’époque où elle s’était crue seule au monde et où Kesabel et elle avaient noué un lien que peu ne comprenait. Il n’y avait jamais été question de sentiments entre eux, pourtant, Lexi l’aimait plus que n’importe qui en ce monde et elle le considérait comme un véritable membre de sa famille, même si la notion famille n’était clairement pas un critère d’appartenance pour la cheffe de service. Ces notions n’étaient qu’arbitraires et inutiles, tout comme celles sur le lien du sang. Elle n’avait toujours eu que faire de cela et ce n’était pas ainsi qu’elle choisissait les gens dont elle était proche. Peu importait le nom qu’on pouvait donner à leur relation, l’unique chose qu’elle savait, c’était qu’elle refusait de le voir s’éteindre. Sa vie sans Kesabel n’aurait pas la même saveur et elle le savait pertinemment. Alors il fallait à tout prix le sauver pour avoir ensuite le grand bonheur de lui hurler dessus d’avoir osé prendre autant de risques. C’était l’amour vache. Quant à Euron Carrow, étant donné la manière dont il s’était installé dans le bloc, il allait de soi qu’il tenait suffisamment à Kesabel pour oser reprendre le risque de venir la seconder durant l’opération.

Seconder était d’ailleurs un mot bien mal choisi pour décrire l’alchimie troublante émanant des deux médicomages qui œuvraient ensemble dans un but commun. Pourtant, ils n’avaient jamais eu l’occasion de travailler en duo mais tout semblait s’imbriquer sans qu’ils n’aient besoin de dire quoi que ce soit. Leur différent n’existait plus, seule demeurait l’envie d’agir pour sauver leur ami. Le furieux ballet dans lequel ils s’étaient lancés se déroulait à merveille jusqu’à ce que tout dérape brusquement, plongeant Lexi dans une profonde sidération, un état catatonique et les autres médicomages assistaient à cela avec toute leur impuissance. Ils n’avaient jamais vu le Dr Fawley perdre ainsi ses moyens, jamais ils ne l’avaient dans une telle paralysie. Elle apparaissait toujours si sûre d'elle, si froide, si hautaine. Mais à cet instant, elle-même ne parvenait plus à écouter les tambourinements incessants de son cœur, elle n’entendait plus rien. Ce fut Carrow qui la sortit de la léthargie dans laquelle elle s’était enfermée et si elle mit quelques secondes à reprendre le contrôle de son propre esprit, elle perçut presque immédiatement qu’elle n’était pas la seule à montrer signe de faiblesse. Pour Euron, c’était son corps qui semblait le lâcher, tout doucement, la quantité de magie qu’il avait injecté dans l’opération se rappelant à lui comme une vieille et sournoise amie. Devant relayer son directeur afin qu’il puisse se reposer, elle prit sa place comme chef d’orchestre et le lien magique qui retenait Carrow à Kesabel fut rompu une fraction de seconde avant de le remplacer. Une fois connectée magiquement à chacune des parties du corps de son ami, Lexi leva les yeux vers son directeur, s’attendant à ce qu’il prenne sa place à elle pour continuer mais il n’en fit rien, se contentant de poser ses mains sur la table, comme s’il nécessitait du temps pour reprendre des forces. Lexi se garda bien d’un quelconque commentaire, le sarcasme était pourtant l’une de ses lames favorites et elle adorait inciser avec rapidité pour trancher là où cela faisait mal. Qu’il cède sa place à Brandy fit prendre conscience à Lexi dans quel état pitoyable il était, encore davantage lorsqu’il faillit la percuter, se raccrochant à son poignet pour ne pas sombrer. Un frisson la parcourut mais elle ne bougea pas, par crainte de perdre le lien magique avec Kesabel et le laissa sortir sans plus de cérémonie. Si elle voulait que Kesabel s’en sorte, elle devait se concentrer, se reconcentrer, tout de suite et maintenant ; elle ne pouvait pas se laisser le moindre évènement venir perturber son attention fraîchement retrouvée alors elle prit les rennes de la suite de l’opération, menant à bien celle-ci, avec l’aide de Brandy qui exécutait ses ordres sans même se poser une seule question, probablement conscient qu’elle lui hurlerait dessus si jamais il se passait quelque chose de fâcheux.

L’opération terminée, se rendre auprès de Kesabel fut le choix le plus simple qu’elle eut à prendre depuis le début de la matinée. Sa présence était non négociable de toute manière. Elle se fichait bien du reste, de son allure, de la fatigue qui se lisait aisément sur son visage et de ses cheveux en bataille qu’elle venait de lâcher après s’être rincée le visage pour tenter de faire disparaître quelques stigmates des heures passées penchée au-dessus de ses tripes. Bravant les quelques médicomages qui essayèrent de la dissuader d’entrer, elle se dirigea vers son ami sans prêter attention au reste tandis que des boules lumineuses et pellucides tournaient autour du corps de Kesabel afin de finaliser le processus de cicatrisation ou du moins, lui donner un coup de pouce… Alors que ses pensées allaient naturellement vers l’inquiétude ressentie lors de l’opération, un léger bruit attira son attention. « Je me demandais où vous étiez passé. » murmura Lexi lorsqu’elle se rendit compte qu’il s’agissait de son directeur. Elle l’avait presque oublié en réalité puisque son esprit était obnubilé par Kesabel. Pourtant, elle se devait de le remercier. Ce qu’elle fit mais si elle détesta l’idée de paraître aussi vulnérable et aussi fragile face à lui ; cela ne servait à rien de chercher à se dissimuler ou de nier. La manière dont elle avait réagi lorsqu’elle avait cru Kesabel mort parlait pour elle. Elle n’était pas la femme glaciale qu’on décrivait souvent. En présence des gens qu’elle aimait, qu’elle appréciait, elle était quelqu’un d’autres et sa loyauté n’avait pas d’égal. Lorsqu’Euron ne chercha pas à l’enfoncer quant à cet évènement mais précisa que Kesabel était vivant grâce à elle, elle leva les yeux au plafond d’un air désabusé. « Pas uniquement grâce à moi, non. » dit-elle dans un chuchotement, reportant son attention sur son ami. C’était sa manière à elle de lui signifier que sans lui, elle n’y serait probablement pas arrivée. Jamais elle n’aurait pu réaliser l’opération seule, c’était un fait. Elle qui se croyait au-dessus des autres, au-dessus de bien des médicomages de cet hôpital, elle se devait de l’avouer en totale humilité. Peut-être pas à voix haute faut pas abuser non plus, mais à elle-même. Sans Carrow, Kesabel serait mort et Lexi aurait eu le poids de son trépas sur la conscience. Elle ne pouvait pas ne pas y songer, elle ignorait si elle aurait pu le supporter.

Des bruits de talons aiguilles sur le carrelage obligèrent Lexi à quitter la contemplation de Kesabel pour se tourner vers la nouvelle intrus. Elle claqua sa langue contre son palais, passablement agacée par l’habitude qu’avaient certaines femmes à faire cliqueter leurs chaussures sur le sol. Elle ne connaissait Miss Bradley que de vue, celle-ci faisait parfois le lien entre la direction et les chefs de service mais Lexi ne savait pas qu’elle s’occupait également de la blanchisserie personnelle de Monsieur Carrow. Elle lui adressa un bonjour poli et Lexi se contenta d’hocher froidement la tête malpolie. Lorsque Carrow déboutonna sa chemise, elle ne chercha pas à détourner le regard, la nudité ne l’avait jamais dérangé et il l’avait lui-même vu dans un apparat bien peu glorieux il y a quelques mois ; nullement impressionnée par la montagne de muscles qu’il dissimulait habituellement sous un costume toujours très bien cintré, Lexi contempla chaque parcelle de sa peau d’un œil presque désintéressé. C’était amusant comme la plupart des gens pouvaient devenir chèvre à cause d’un peu de musculature mais il suffisait de regarder les proches de Lexi pour comprendre qu’elle avait de quoi se rincer l’œil régulièrement, même si la carrure de Carrow n’avait rien à envier à celles de ses amis ; rien de comparable non plus à celle très fluette de son neveu au cinquième degré d’ailleurs. Elle ne chercha pas à dissimuler le fait qu’elle l’avait regardé quand il se dirigea vers elle, elle avait bien d’autres dragons à dresser que de se préoccuper de choses aussi futiles. « Maintenant ? » demanda-t-elle lorsqu’il lui expliqua qu’il comptait voir Whitefield. Elle releva les yeux vers lui et leurs regards se croisèrent, s’entrechoquèrent vivement pour la première fois. Le silence les engloba comme un linceul tandis qu’aucun des deux ne semblaient vouloir rompre ce moment intense, Lexi sentait son cœur s’accélérer sans comprendre pourquoi elle ne pouvait tout simplement pas se désintéresser promptement de lui en le qualifiant d’un air dédaigneux. C’était peut-être cela finalement la reconnaissance. Elle détestait cet homme du plus profond de son être et pourtant, elle se retrouvait à lui devoir une seconde dette et cela lui était à la fois insupportable et plaisant, dans un curieux entre-deux qu’elle ne saurait expliquer. Elle fut presque soulagée lorsqu’il rompit le contact visuel et qu’elle put poser à nouveau ses yeux sur Kesabel. Lorsqu’il lui conseilla de se reposer puis amorça son départ, Lexi ne put s’empêcher de dire : « C’est amusant ce que vous me dites. J’allais vous suggérer exactement la même chose. » Relevant la tête d’un air audacieux, un vague sourire s’installa sur ses lèvres avant de lui dire : « Vous avez une sale gueule. » Le vouvoiement et la familiarité s’accordaient étrangement dans cette même phrase. « Je suis surprise que Maxime n’ait pas cherché à intervenir dans la salle d’opération, le service de sécurité a dû faire son travail, pour une fois. » Elle connaissait Maxime, sa ténacité et son caractère pugnace, jamais elle n’aurait pu attendre des heures durant sans faire quelque chose. « Quant à moi je suis fort à mon aise ici. » Elle avait réfléchi une demi-seconde à l’accompagner pour parler à Maxime mais rien ne pourrait jamais la dévisser de cette chaise et elle sera probablement clouée ici jusqu’au réveil de Kesabel. « Vous me trouverez ici si jamais vous avez besoin de moi. » L’argent du contribuable innocemment jeté par les fenêtres aujourd’hui et peu lui importait. Lexi ne comptait pas ses heures et si jamais on venait l’emmerder pour qu’elle récupère celles qu’elle perdrait aujourd’hui, elle se ferait un malin plaisir de reporter les heures supplémentaires non payées depuis qu’elle travaillait ici.

Le silence se réinstalla dans la salle de réveil lorsqu’Euron prit congé pour aller parler avec la jeune Gryffondor. Les minutes passèrent sans que Lexi ne se rende compte de combien. Seuls les battements du cœur de Kesabel qui soulevaient doucement sa poitrine avaient de l’importance et Lexi surveillait chacune de ses constantes. Au bout d’un moment, des pas précipités se firent entendre et la médicomage n’eut pas besoin de se retourner pour reconnaître à qui ceux-ci appartenaient tandis que Maxime s’installait en face d’elle. « T’as payé qui pour pouvoir venir ici ? » marmonna-t-elle tandis qu’un sourire s’immisçait sur ses lèvres. Elle pourrait au moins lui discerner la médaille de la persévérance. « J’espère t’as pris du café. » La journée promettait d’être longue. Kesabel pouvait mettre des heures à se réveiller et pourtant, rien ne pourrait empêcher ces deux femmes, si différentes, d'être présentes lorsqu’il ouvrirait les yeux.
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Le coeur est magique, il recoud ses blessures au fil doré || EUXI #3
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