Quelle sensation désagréable que celle d’être suivie. D’accord, d’accord, Elise était quelqu’un de suspicieux à la base, un brin parano- tendance naturelle accentuée par quelques évènements de sa vie pas franchement rassurant– et une trouillarde comme rarement observée. Par conséquent, il n’était pas rare qu’elle ait l’impression d’être suivie, accélérant toujours le pas pour déjà ne pas être rejointe mais aussi bien souvent pour constater que non, le monde entier ne la pourchassait pas. Normalement à Poudlard elle n'avait pas de raison de stresser, les gens vivaient leur vie, allaient en cours. Il y avait plus de raison de se faire bousculer par des gamins ou gamines un peu chahuteurs que d’être suivie. D’ailleurs, jamais Elise n’avait ressentie ce malaise qu’elle ressentait actuellement. Il faut dire qu’habituellement, elle ne se sentait pas observée. Elle tourna la tête pour constater qu’une fille la regardait. Oh elle ne la sentait pas vraiment, non pas que la fille soit inquiétante, elle avait le teint un peu blafard, des cernes de trois kilomètres et elle n’était pas immense. Il n’empêche qu’Elise avait la drôle d’impression qu’elle la regardait vraiment, pas juste un coup d’œil rapide et comme elles n’étaient que deux, elle ne pouvait relativiser en disant qu’elle regardait quelqu’un d’autres.

Elise décida de fausser compagnie à cette fille et de monter les escaliers rapidement et cela fonctionna que trop bien. Elle s’arrêta d’avancer au détour d’un couloir de l’étage supérieur pour regarder en arrière et constata qu’il n’y avait personne, elle avait distancé la demoiselle. La fille n’était finalement pas en train de suivre Elise et ne l’avait pas suivi, peut être même qu’elle s’était dit qu’Elise avait une case en moins. Elise ayant prit une direction qui n’était pas la bonne, tout ça pour fausser compagnie à quelqu’un qui ne la suivait même pas – en plus, elle revint sur ses pas, devant refaire tout le chemin inverse puisqu’étant partie n’importe où. Quelle idée de pas aller directement dans la bonne direction. Alors qu’elle avançait d’un bon pas, enfin bon pas, on reste sur du Elise donc ce n’état pas non plus la folie, quelqu’un avait visiblement décidé que ça ne se passerait pas comme elle le souhaitait. Elle se fit plaquer, un peu brutalement contre un mur au détour d’un couloir. AH NON, ça n’allait pas recommencer. Si l’inquiétude était présente, l’action lui ayant rappelé de mauvais souvenirs son esprit s’efforçait de la rassurer, ce n’était pas assez violent comme impact pour que ça soit Greyback et en prime, s’il rentrait sur Poudlard ce serait en pleine nuit, pas en pleine journée. Voilà elle devait se rassurer de la sorte. Son regard peina à détailler la personne qui venait de se croire tout permis. La fille de tout à l’heure, ah comme quoi elle ne l’avait peut-être pas si bien distancé que cela.

Il y eut un moment de silence, les battements du cœur d’Elise peinant à se remettre de leur frayeur. Elle cherchait aussi à comprendre ce qui se passait, cette fille elle ne l’avait jamais vue. Elle ne faisait donc pas partie des médicomages en devenir de l’école. Pour le reste, elle n’était sûre de rien, elle ne connaissait pas tous les Serdaigles de l’école, il faut dire qu’il y en avait trop, elle ne pouvait connaître tout le monde puisqu’elle ne s’intéressait qu’à une poignée de personne. Une chose était donc évidente, cette personne ne l’intéressait pas le moins du monde, elle ne comprenait donc pas qu’elle soit contre un mur et si elle ne voyait pas l’intérêt de se débattre, ne se sentant pas vraiment en danger, se disant qu’elle devrait avoir le dessus assez facilement sur une personne de son âge, sinon à quoi ça servait de s’entraîner, on se le demande bien, la moutarde commençait néanmoins à lui monter au nez… on a pas idée d’aborder les gens comme ça. La demoiselle la libéra, certainement après avoir constaté qu’Elise n’allait pas lui fausser compagnie une seconde fois et elle n’avait pas tort, à part croiser les bras sur sa poitrine, Elise ne fit pas le moindre mouvement. Il faut dire que c’était une nouvelle énigme à résoudre, pourquoi au lieu de lui dire qu’elle voulait lui parler, cette fille l’avait traquée comme un lapin. En plus c’est qu’elle ne semblait pas vouloir prendre la parole, ok, Elise était tombée sur un cas. « Que me vaut cet honneur ? » Oui, elle se payait sa tronche ouvertement et la fille ne devait pas être si con que ça tout compte fait, saisissant parfaitement l’ironie dans les propos d’Elise puisque son regard lançait des éclairs.

Le silence se prolongea quelques instants supplémentaires, chose agaçant parfaitement Elise. Non mais si elle savait pas quoi dire ou comment le dire mais qu’elle vienne pas faire chier Elise, c’était quoi son problème à celle là. Elise regretta de ne pas avoir fait le moindre mouvement pour s’extirper de cette situation lorsqu’elle commença avec une phrase des plus mystérieuses « Tu me piques mon copain. » Elise haussa un sourcil, elle faisait quoi ? C’était pas croyable ces filles qui voulaient Aidan et qui pensaient que c’était la faute d’Elise s’il n’était pas avec, elle ne contrôlait ni les agissements d’Aidan, ni ses sentiments et à la rigueur, elle se moquait éperdument de leurs sentiments malmenés. La discussion ne les mènerait nulle part, elle haussa les épaules d’un air je m’en foutisme avant de se dégager pour partir, qu’est ce qu’elle attendait d’Elise franchement, qu’elle dise oh bah je vais casser je voudrais pas empêcher ton bonheur, personne ne fait ça et elle encore moins que les autres. A peine quelques pas la sépare-t-elle qui se croit flouer par la petite Serdaigle, que cette dernière l’apostrophe une nouvelle fois.

Tu ne sais rien de lui, ses paroles n’ont pas grand intérêt, Elise a même un petit rire, cette arrogance quand même qu’a cette parfaite inconnue de croire qu’elle en sait plus au sujet d’Aidan. Et pourtant, l’arrogance ne vient pas de cette fille mais bien d’Elise. Elise qui tourne la tête, revint sur ses pas en entendant parler de Greyback. Se pourrait-il que les rares personnes à qui elle a confier ses problèmes avec un loup-garou en ait parlé ? Possible, mais pourquoi à elle. Quel rapport avec Aidan ? Après le fiasco Erin qu’elle avait accusé d’être un loup-garou, Elise avait cessé de mener l’enquête, n’arrivant pas à la mener à bien, elle ne pouvait se permettre d’accuser tout le monde et d’espérer que ces derniers ne lui en tiennent pas rigueur. La discussion suivante fut plutôt un monologue de la part de mademoiselle j’ai décidé de foutre la merde dans ta vie et je le fais bien – un titre un peu long et pompeux mais tout à fait réaliste – Elise se contentait de garder les lèvres closes, ne posant aucune question, peut être pour laisser à l’autre le loisir de raconter ce qu’elle voulait et  de ne pas la couper avec des questions, mais surtout par lâcheté parce qu’il y a des vérités qu’on voudrait ne jamais découvrir et cette vérité là en faisait partie. Doucement, mais sûrement, elle sentait la colère la gagner, une véritable colère provoquée par la douleur de la déception et de la trahison. Sincèrement, elle aurait adoré réussir à composer un masque d’indifférence face aux propos de la demoiselle qui déballait la vie d’Aidan, une vie de laquelle était exclue – ce qui ne la dérangeait pas vraiment au vue de celle-ci – mais surtout une vie de mensonge. Elle était incapable de ne pas montrer ce qu’elle ressentait.

Pas une seule seconde elle douta des propos de son interlocutrice, ça n’était pas l’instinct, pas non plus le côté suspicieux d’Elise qui faisait qu’elle sautait aux conclusions hâtives, c’était que les précisions étaient nombreuses, que les pièces de puzzle que cette fille lui donnait s’emboîtaient parfaitement à celles qu’Elise avait collecté et surtout, surtout, la fille avait cet air très fière, fierté d’avoir réussi à semer le doute, oh ça n’était d’ailleurs pas seulement le doute, elle avait distillé son poison mais ça, c’était le cadet des soucis d’Elise, limite, elle pouvait la remercier d’avoir été bien plus sincère envers elle en une fois qu’Aidan sur toute la durée de leur relation, qu’elle soit amicale ou amoureuse. Lorsque mademoiselle eut terminée de raconter son histoire, ce fut elle qui laissa Elise sur place, enfoirée. Une Elise qui resta immobile quelques secondes avec une seule pensée parcourant son esprit, elle allait le buter. Le problème, c’est qu’elle ne pouvait pas le faire face à un public, non pas pour respect pour le secret d’Aidan, oh ça elle s’en fichait un peu. Plutôt par respect pour elle et pour éviter les regards de compassion, de curiosité, déplacé, tout simplement. Elle partit donc à la recherche d’Aidan, crispée, les traits fermés, vérifiant quand même qu’elle avait sa baguette dans sa poche, comme si elle était du genre à l’oublier, il faut croire qu’elle était vraiment troublée pour vérifier des choses pourtant essentielles. Lorsqu’elle parvint enfin à mettre la main sur Aidan, il était entouré, évidemment, pourquoi ça ne se passait jamais comme dans les films et que la personne était seule en train de lire ou d’écrire ou de… bouffer des humains, ouai peut être que c’était pas plus mal après réflexion. Elle s’approcha, n’accorda pas un seul regard aux personnes qui entouraient Aidan, se contentant de s’adresser à lui, s’efforçant d’avoir un ton, non pas chaleureux, il ne faudrait pas trop en demander à Elise tout de même, mais pas trop glacial non plus « J’ai rencontré ton disciple. » ou alors le terme c’était apprenti, merde elle n’avait pas mémorisée, oh c’est pas grave il comprendrait, espérons « Une personne charmante. » oui alors là, vu la façon dont elle prononça le mot, si une personne croyait Elise sincère en cet instant, c’est vraiment qu’elle était conne cordialement bien sûr « Qui en sait beaucoup sur toi, elle. » Et voilà, elle foutait la merde mais tout en finesse et alors, elle ne pouvait que lui conseiller mentalement de faire en sortes qu’ils quittent son groupe d’ami parce que sinon, Elise allait potentiellement  révéler son petit secret.

Parfois dans la vie, il faut faire preuve de self contrôle, un bon gros self contrôle, les gens ne faisaient pas exprès d’être agaçants, c’était juste leur manière d’être. Il ne faisait pas exprès d’être agaçant en ne comprenant pas directement ce qu’elle lui disait, il ne le faisait pas exprès d’être lent, ça ne percutait pas direct. Enfin, ça s’appliquait certainement aux autres personnes, mais là, chaque seconde qui passait ne faisait qu’accentuer la colère d’Elise, il l’avait fait sciemment tout ce temps, il ne s’était pas réveillé en se disant tiens je suis loup-garou. Non pas de panique, ça n’arrivait pas comme ça, elle s’était parfaitement bien renseignée sur le sujet. Il finit par comprendre, ne faisant que décevoir un peu plus Elise au personne, d’accord elle était sûre d’elle, n’avait plus aucun doute mais l’espoir c’est con comme sentiment, même quand on sait que tout est fichu, ce petit sentiment essaie de toujours mettre son grain de sel et de tenter de relativiser. Enfin on parlait d’Elise, niveau je relativise, ce n’était pas exactement son point fort et ce n’était pas plus mal.

Il eut au moins l’intelligence de ne pas la toucher en s’éloignant de son groupe d’ami, elle aurait certainement eu un mouvement de recul, si ce n’est un hurlement de panique. Groupe d’amis qui ne devait rien comprendre et qui poserait des questions par la suite. Ho, ils n’auraient aucune réponse ou des mensonges, des tonnes de mensonges donnés avec un aplomb de la part du Serdaigle, c’était hallucinant. Comme quoi, Elise avait bien envie d’aller chopper Eirian et de lui dire qu’elle lui avait bien dit que les loups-garous étaient tous des fourbes sans foi ni loi.  Pour le moment, elle le suivait, serrant les poings bien comme il fallait. Est-ce qu’elle était inquiète à l’idée qu’il l’emmène dans un coin pour la tuer, oui ça oui, on parlait d’Elise quand même, la peur de se faire bouffer par un loup-garou l’inquiétait toujours mais elle essayait de relativiser, oui ça ne marchait pas vraiment. Elle était dans une école, il était loin d’être aussi idiot que Greyback, enfin Greyback était fou plus qu’idiot d’ailleurs, Aidan était juste un psychopathe de première mais aucune folie ne faisait briller ses prunelles. Elle était plutôt sur d’elle pour le coup. Son esprit, peu convaincu par l’argument lui rappela plein de fourberie qu’elle était sûre qu’il n’était pas loup-garou non plus. Elle sentit son cœur se serrer, oui, elle ne pouvait avoir aucune certitude, étant facile à duper comme personne. En revanche, il ne prendrait pas le risque de l’éliminer ici, tout le monde avait vu qu’il était parti avec Elise… enfin tout le monde, ses potes… ses potes à qui il mentait certainement et qui le défendrait coûte que coûte, hum ça sentait un peu le roussi cette histoire.

Devant la porte de classe qu’il ouvra pour eux, elle eut une hésitation, restant devant l’encadrement, regardant le couloir à droite, puis à gauche avant de prendre sa baguette dans sa main, excès de prudence et volonté farouche de vivre. Etant donné qu’elle était venue jusqu’à lui, elle n’avait pas de raison de se tenir à distance, enfin un peu quand même mais pas tant que ça. Si elle se concentrait suffisamment, elle arrivait à se persuader qu’elle n’avait pas peur. Elle avait survécu à Greyback, elle devrait survivre à Aidan. A la question du loup-garou, Elise eut un soupir dédaigneux avant de répondre « Rien de plus que ce que j’avais deviné par moi-même au fil des mois, n’est ce pas ? » Non parce que des doutes, elle en avait eu, n’ayant cependant jamais imaginé un truc aussi gros ou plutôt elle avait volontairement fermé les yeux sur les indices qu’elle avait par amour ou par bêtise, ou par confort… difficile à dire. Dans tous les cas, le temps des mensonges était terminé mais loin d’apporter de la satisfaction à Elise, il apportait une véritable colère, de la tristesse aussi mais pour le moment cette tristesse était annihilé par la colère qu’elle ressentait « Il faut quand même être un sacré pervers pour faire durer un mensonge aussi longtemps. » Elle n’en revenait pas de l’aplomb avec lequel il lui avait menti durant autant de temps et si lui avait des questions, avait il seulement le droit de les poser d’ailleurs, Elise n’était pas convaincue qu’il lui faudrait assouvir sa curiosité malsaine, elle ne lui devait aucune réponse et comptait bien faire selon son bon vouloir et non pas celui de son ex-copain. « C’est une idée de Greyback ? Il cherchait un autre moyen de m’atteindre et tu t’es porté volontaire ? » Comment c’était possible d’être un si gros enfoiré et de ne jamais se remettre en question ? Comment pouvait-il se regarder chaque matin dans le miroir et bon sang ce qu’elle avait envie de lui sauter dessus et de l’étriper. Bon elle n’en ferait rien parce que le risque de se prendre un coup de dents était très élevé et finir sa vie en loup-garou, très peu pour elle. Au moins, cette histoire lui apprenait une chose, déjà qu’elle devrait écouter un peu plus son instinct et que les réponses que pouvaient fournir les gens n’étaient pas toujours synonyme de vérité, les gens savaient mentir et même des personnes proches d’elle pouvaient lui mentir. Dire qu’elle était persuadée qu’Aidan connaissait l’identité d’un loup et qu’il ne voulait pas lui dire pour protéger le dit loup, quelle erreur, c’était lui le loup. Ah elle le voyait différemment et le pire dans l’histoire c’est qu’il avait l’air stoïque, elle avait envie de l’étriper et lui il était hyper calme comme s’il ne voyait pas le problème, comme si c’était un contretemps qu’il pourrait gérer en un claquement de doigt. Il se trompait lourdement, elle comptait bien lui dire ses quatre vérités en face et ne plus jamais se retrouver dans la même pièce que lui.

Est-ce qu’il était vraiment indispensable de le suivre et d’avoir une discussion ? Est-ce qu’Elise avait vraiment envie d’avoir une discussion avec lui ? Pas spécialement en fait, qu’aurait-il à lui dire ? Quelle importance accorder à ses propos, c’est facile de prononcer des phrases sans que ça soit la vérité. Cela lui semblait si simple de pouvoir regarder quelqu’un dans les yeux et de lui mentir sans l’ombre d’une hésitation. Elle était stupide de le suivre, c’est le seul constat qu’elle pouvait faire, stupide et terriblement inconsciente. Elle pouvait bien garder sa baguette dans la main, la vérité c’est que s’il avait envie de l’attaquer, elle en savait assez sur les loups-garous pour avoir la conviction suprême qu’elle n’aurait pas le temps de cligner des yeux qu’il serait déjà sur elle et ça n’avait pas de rapport avec le fait d’être une bonne sorcière, ces sales bestioles avaient des capacités inhumaines, qu’est ce qu’une sorcière pouvait bien faire face à ça. Une fois dans la pièce, à l’écart du monde, parce qu’Elise était un peu stupide sur les bords ou plutôt qu’elle se disait que rien ne la protégerait réellement, il mit de la distance entre eux… donnant à Elise une envie de l’étrangler, ça va, il la prenait toujours pour une débile.

Les premiers échanges furent cordiaux, enfin c’est ainsi que le voyait Elise en tout cas. Elle était crispée, c’était une évidence, agacée, sur le qui-vive mais elle n’agressait pas verbalement, se contentant d’essayer de garder le contrôle de ses émotions, bien qu’insultant légèrement Aidan et sa manière de se comporter, d’être avec elle. Il s’enfonçait dans ses mensonges, c’était une évidence. Il avait voulu lui dire, elle retint à grand peine un rire sarcastique, se contentant de rétorquer froidement « ça me fait une belle jambe de le savoir. » C’est fou comme tout d’un coup elle n’avait pas confiance en ses propos, comme si tout d’un coup, tout ce qu’il pouvait lui dire n’avait plus aucun sens, il pouvait bien lui dire ce qu’il voulait, le constat était là, il n’avait rien dit, pendant tout ce temps.

Alors qu’elle essayait de comprendre pourquoi il s’était rapproché d’elle au juste, mêlant Greyback à la discussion parce qu’elle ne voyait que cette raison pour expliquer qu’il se soit rapproché d’elle, c’était la seule chose à laquelle elle pouvait se raccrocher qui donnerait du sens à tout ce cirque. Son exclamation la fit sursauter, ah mais pourquoi il criait aussi ce crétin. Elle était déjà sur les nerfs, ça n’était peut-être pas le moment de hausser le ton face à elle. Surtout qu’autant ça l’avait fait sursauter, autant sa question l’énerva au plus haut point. « Comment je peux croire une chose pareille, j’essaie de te donner des raisons, des excuses à ton comportement. » mais il n’y avait pas d’excuses, pas de raisons de lui mentir dès le départ. Il ne connaissait pas Greyback, donc il n’avait pas la moindre idée de ce que ressentait Elise pour les loups-garous, il lui avait menti sciemment dès le départ. Ce qui prouvait une fois de plus qu’être un loup-garou était une pathologie et que les personnes atteintes de cette pathologie n’étaient pas dignes de confiance… Aidan n’était pas digne de confiance. Ce constat faisait mal à Elise qui avait l’impression de ne plus pouvoir faire confiance à personne. En arriver à songer cela, ça n’était vraiment pas agréable mais elle ne voyait pas comment faire autrement. Combien de personnes étaient au courant, combien de personnes étaient des loups-garous parmi ses proches, comment les débusquer et se mettre hors de portée d’eux, merde pourquoi fallait-il toujours des épreuves dans sa vie.

S’il disait la vérité, c’était lui qui avait fait le premier pas pour rejoindre Greyback. Il démontrait donc que les craintes d’Elise lui passaient au-dessus, totalement au-dessus, elle avait prévenu qu’il était dangereux, peu importe qu’Aidan soit un loup-garou ou non à la rigueur, elle lui avait dit que l’autre était un malade – chose qu’elle pensait toujours – avait demandé à Aidan de ne pas s’emmêler, avait essayé de lui donner le moins d’informations et il avait balayé ses inquiétudes d’un revers de la main, elle pouvait visiblement penser ce qu’elle voulait, il n’avait jamais eu l’intention de l’écouter. Ses choix, il les faisait sans elle, sans daigner prendre en compte les propos de sa copine, merde c’est bien ce qu’elle avait été ? « Tu n’as jamais voulu me nuire, tu y crois quand tu le dis ? Non parce que tes propos démontrent l’inverse, je t’ai demandé de ne pas y aller de ne pas t’emmêler, tu n’en as strictement rien à faire de ce que je t’ai demandé, m’écoutais tu seulement ou alors le simple fait que je mentionne le fait qu’il y ait une meute avec un psychopathe à sa tête te faisait rêver et tu n’écoutais plus rien de ce que je disais ? Tu t’es précipité pas vrai ? ça va l’entente entre toi et lui ? Un loup-garou à suivre vraiment le modèle du loup-garou. » Et c’était elle qui lui avait donné l’opportunité de rejoindre cette meute, parce qu’elle s’était confiée, qu’à ses yeux, elle n’avait pas de raisons de se méfier d’Aidan, qu’elle l’aimait sincèrement.

Ses propos sur l’envie de le croire arrachèrent un sourire à Elise sans joie. Ce n’était pas qu’une question de volonté, ça s’imposait à elle cela. Elle ne choisissait pas ses sentiments, c’était même tout le problème chez elle et elle regrettait de l’avoir côtoyé, il aurait mieux valu qu’elle ne cherche pas à le connaître, ça lui aurait évité bien des déconvenues. « Que dois je penser Aidan ? Depuis le premier jour tu m’as menti, tout du long tu m’as menti et même quand je mettais le doigt sur la vérité, tu es capable de me regarder dans les yeux et de me mentir et tu voudrais que je te crois ? Tu m’as prise pour une imbécile ! Tu t’es joué de moi ! Je n’ai aucune idée de pourquoi tu es sorti avec moi mais j’ai une certitude, tes raisons n’étaient pas les bonnes. Surtout que tu n’as jamais eu l’intention de me dire la vérité, c’est une parfaite inconnue qui en une fois m’en dit plus sur toi que toi en plus d’un an ! » ce n’était pas les occasions qui avaient manqué pourtant mais bon, ça n’avait pas d’importance, elle se sentait trahie et avait l’impression d’être une idiote pour n’avoir rien su voir malgré tous les indices qu’elle possédait entre ses mains. Une imbécile et un menteur, le duo ne pouvait que fonctionner.

Cette journée était vraiment détestable. Elise aurait adoré se réveiller, foncer voir Aidan pour qu’il se moque d’elle en lui disant qu’elle avait une imagination fertile et que ça n’était qu’un cauchemar mais elle savait que ça n’était pas le cas, que tout était vrai et qu’Aidan était actuellement la dernière personne à aller voir pour être rassuré. Aucun des mots qu’il pouvait prononcer n’avait de sens pour Elise, il pouvait lui mentir sans broncher, elle ne parvenait de toute façon pas à percevoir quand il disait la vérité de quand il mentait. Encore que pour cela, il fallait partir du principe qu’il n’y avait pas eu que des mensonges entre eux mais elle n’était sûre de rien, ayant la sensation de découvrir quelqu’un de nouveau. Elle sentit son cœur se serrer en l’entendant parler de la confiance qu’elle avait placé en lui ce soir-là. Confiance qui n’allait que dans un sens pour ce qu’elle en savait. Il dépassait les bornes avec ses paroles sur sa famille « Donc c’est ma faute si tu y es allé c’est ça ?! Ma famille y serait peut-être allée comme tu dis, mais ma famille ne m’aurait pas fait croire qu’elle ne s’emmêlait pas si elle avait l’intention dès le départ d’agir ! Aucun membre de ma famille n’est un loup-garou ! Aucun membre de ma famille n’a passé plus d’un an à me mentir ! Aucun membre de ma famille ne fréquente Greyback ! » Elle resta stoïque lorsqu’il évoqua le fait que sa condition de loup n’avait jamais été un rêve et pourtant elle avait envie de lui dire sans blague ? Il répondait pourtant parfaitement bien aux critères du loup-garou, indigne de confiance, cachotier et violent. Elle s’en rendait compte à présent mais elle l’avait vu à l’œuvre et sur le moment elle n’avait pas compris, pas cherché à comprendre non plus. Elle avait toujours eu toutes les preuves sous les yeux mais n’avait pas voulu y croire. Il avait passé un marché avec le loup-garou. Si en temps normal, Elise aurait certainement trouvé ça sympathique, peut-être même qu’elle aurait culpabilisé d’avoir infligé cela à Aidan, indépendamment de sa volonté. Là, ça n’était pas le cas, elle se moquait éperdument d’être responsable de cela étant donné qu’elle n’était même pas sûre que ça soit la vérité, qu’il n’avait pas l’air d’avoir subi quoi que ce soit. A la rigueur, elle avait pu constater qu’il était un peu plus fatigué, c’est ça de rejoindre Greyback et de passer ses nuits à traumatiser tout le monde. « Ne vas pas me faire croire que c’est pour moi Aidan. » ça n’était pas une question  qu’elle n’avait rien demandé, ça elle avait bien compris que de toute qu’elle demande ou rien, il agissait « Il y avait un milliard de solutions, si tu as choisi celle-là, c’est que ça te donnait l’opportunité de faire ce que tu avais envie. » Tout en essayant de se faire passer pour le copain idéal… Oui bah visiblement il y a certains critères qui étaient passés à la trappe. C’était de l’abus de confiance point barre, qu’il ait peur qu’elle fuit ou non, il avais abusé de sa confiance pour la garder auprès de lui.

Elle se sentait flouée, ayant l’impression d’être la victime d’une farce qu’elle trouvait particulièrement bien ficelée, ça c’est sûr mais surtout ignoble. Il n’arrivait pas à apaiser sa colère lorsqu’il évoquait le fait de mentir à tout le monde. Non mais il ne voulait quand même pas qu’elle le plaigne, si ? C’est sans état d’âme qu’elle rétorqua « C’est fou  parce que j’ai l’impression que ta  pote a l’air au courant de tout ! J’ai l’impression que Greyback aussi en sait pas mal sur toi… sur moi aussi au passage. » Chose qu’elle lui reprochait forcément, elle s’était efforcée de protéger ses proches tout du long, essayant de cacher au maximum ses liens… même si ça n’avait pas vraiment de sens, Amaury restant un moyen de pression des plus efficaces pour Greyback. « J’adore votre code d’honneur, mentir au monde mais pas aux autres membres de la meute, loyauté entre loup avant tout. » Il ne lui avait menti que sur le sujet loup-garou, oui c’est ce qu’il lui disait à l’heure actuelle, comme il lui avait dit qu’il n’interviendrait pas, comme il lui avait dit connaître un loup-garou sans jamais se mentionner lui-même, comme il avait dit que c’était l’adrénaline qui l’avait fait triompher lors de leur journée laser game. Comment pouvait elle croire que c’était la vérité qu’il lui sortait actuellement. « Donc mentir aux gens, pour qu’ils restent auprès de toi, ce n’est pas les prendre pour des imbéciles ? » Comment on pouvait se dire amoureux lorsqu’on mentait sur toute la ligne ?

Elise était perturbée autant par le fait que son copain soit un menteur de première que par le fait qu’il était un loup-garou. Aidan était un loup-garou, cette pensée était fortement déplaisante, elle avait embrassé un loup-garou, est ce que ça voulait dire que potentiellement il y avait possibilité de devenir loup-garou ? Oui dans les manuels ils ne parlaient pas de ça, elle en avait lu assez sur le sujet mais quelle personne accepterait sciemment d’embrasser un loup-garou si ce n’est-elle. Encore qu’elle eût été entourloupée dès le départ, on ne la reprendrait plus « Je crois qu’on a plus rien à se dire, tu coches toutes les cases de ce que je déteste pour faire simple et je ne me vois pas faire semblant que tout va bien, que je te pardonne parce que je tiens à toi alors que j’ai plus envie de t’en coller une qu’autre chose. » et qu’elle avait la trouille aussi, soit dit en passant, elle avait beau se dire qu’elle gérait, qu’il n’avait pas l’air agressif, la vérité c’est qu’elle était cramponnée à sa baguette à s’en faire blanchir les articulations et qu’elle était sur le qui vive prête à bondir s’il avait le moindre mouvement suspect et pour ne rien arranger, elle avait mal au ventre parce que la personne qui se trouvait non loin d’elle n’avait pas changé. C’était toujours Aidan mais ce Aidan, elle ne le connaissait pas justement. Le Aidan qu’elle connaissait n’était qu’une invention, le vrai était un loup-garou sanguinaire et Elise savait qu’il valait mieux pour sa santé physique et psychologique, l’éviter. Parfait, c’était dans ses cordes, c’est pas comme s’ils faisaient partis de la même maison, que tout le monde allait poser des questions sur pourquoi ils traînaient plus ensemble… parce que mon copain veut me bouffer c’est bof comme réponse non ?