Qu’est ce qu’est une proie ? Ça peut être tellement de chose, une personne à abattre, un être qu’il faut briser ou détruire, un sorcier à espionner, analyser et étudier, ou encore une vie qu’il faut ramener sur le droit chemin. Sélénya est ce dernier cas, une pièce pour l’échiquier, une jeune femme qu’il faut guider sur la voie de la lucidité en l’aidant à ouvrir les yeux mais surtout en permettant aux autres à découvrir la vérité sur ce monde grâce à elle. Petite damoiselle qui a souffert à cause des moldus, un exemple, un symbole pour le monde futur, une créature emplie de maux qui pourraient permettre aux autres de ressentir la douleur que créé les êtres inférieurs. Rumeurs, des mots qui courent, que ce soit chez les étudiants, les professeurs ou même des contacts au ministère, la petite damoiselle qui semble ne point être du genre à se confier à un passif que je désire posséder et le fait qu’elle soit aussi une de mes élèves facilitera grandement la communication comme mon approche. Ce qui est bien, c’est aussi que j’ai eu le temps d’un peu l’étudier, de la comprendre, de trouver comment l’approcher et la « toucher » pour obtenir les premiers contacts qui m’ouvriront les portes de son âme pour y glisser le poison qui pourrait faire d’elle une personne meilleure.

Certaines personnes ont besoin d’une approche directe, d’autres d’un détournement, pour Sélénya j’ai choisi d’user d’un intermédiaire pour abaisser ses défenses, profiter de quelque chose qu’elle respecte, aime, et affectionne pour qu’elle se retrouve dans une situation plus apaisante. Et cet intermédiaire est ma petite Eris. Je sais que ma proie aime les moments de solitudes auprès de la nature, comme elle apprécie voir les astres, mais pour cette entrée je pense que choisir le jour, la faune et la flore, ce sera le plus adapté et c’est pour ça que j’ai libéré ma petite Eris, lui murmurant quelques consignes en fourchelang pour qu’elle retrouve Sélénya et se glisse à elle. Oh Eris ne comprends pas encore tout, une tête étant totalement d’accord avec ce que je lui demande, une ne disant rien et l’autre ne faisant que critiquer, menacer, juger... Ne cessant même de dire que si je la laisse trop longtemps seule, elle se fera un plaisir de mordre la sorcière. Vraiment incapable de s’entendre avec elle même mais ce n’est pas grave, j’aime ma petite Eris, comme si elle était ma fille. Précieuse créature qui ne renie point sa nature. Doucement je viens la poser à terre pour la laisser serpenter et j’attends, debout dans ces jardins, dans ma tenue habituelle de professeur, un mélange de sérieux et d’aventurier qui correspond assez bien à l’image que je désire donner.

Eris se balade, serpentant dans les jardins, ses têtes regardant autour d’elle alors qu’elles cherchent la proie de son Maitre. Elle rode, tel un prédateur qui n’attend qu’à mordre, glissant sur l’herbe, sur la terre, passant dans les fourrées et buissons, traquant de sa petite taille. Oui heureusement qu’elle est encore jeune sinon ce seraient les jardins qui se plieraient sous sa masse. Elle progresse, les langues battant dans l’air, une tête venant de temps en temps en menacer une autre car elles sont trop proches, et ceci pendant quelques minutes avant de trouver la petite poupée de porcelaine seule dans ces lieux. Furtive, discrète, elle aurait été une parfaite meurtrière, et elle continue ainsi à progresser vers la cheville de la damoiselle qui n’est point en détresse. Créature dont l’intelligence est souvent sous estimée, Eris joue son rôle de Runespoor égarée cherchant sa route pour retrouver son Maitre, glissant contre la cheville de la sorcière, une des têtes la caressant presque de tout son long pour faire sentir sa présence tout en évitant de mordre... Elle doit se battre d’ailleurs contre sa propre nature pour ne point blesser celle que je vise.

Elle continue sa route un instant, fait demi tour pour finalement se dresser et regarder Sélénya de ses trois têtes en lâchant une diversité de sifflement assez chaotique comme si elle cherchait à s’exprimer face à la sorcière, sans que cette dernière ait le pouvoir de comprendre cette mélodie étrange. Une sorte d’appel à l’aide, de demande, une Runespoor égarée voulant jouer sur les émotions d’une passionnée par les créatures pour venir la soutenir. Eris ne cesse de siffler, imitant presque la panique, totalement redressée, une des têtes claquant la mâchoire à coté d’une autre, comme pour lui signifier de faire moins de bruit, elle attend juste que la jeune blonde agisse, fasse un geste envers elle ou se défile, prête à insister et la harceler pour ne point la lâcher alors que de mon coté j’attends encore, j’attends le bon moment pour intervenir et m’en mêler, faire mon apparition miracle, laissant du temps aux deux femelles de faire connaissance. Si je peux dire ainsi.

Eris est maligne, elle faisait parfaitement son travail sans chercher à l’amener directement à moi, prenant le temps pour chasser les soupçons et rendre tout ça plus réaliste. En effet, si elle m’avait retrouvé tout de suite, ça aurait pu paraître suspect, comme prémédité, alors que de cette manière elle fait vraiment la petite Runespoor perdue. Je me doute qu’une de ses têtes doit surement s’impatienter et dire qu’il est temps, que l’autre doit insister pour continuer comme elle pense, et la troisième observer silencieusement. Après tout, je suis habitué de les entendre et surtout de les comprendre... Il faut avouer qu’elles sont capables de rendre fous quand leurs discours deviennent incessants alors que pour la jeune femme ça ne doit être qu’un enchainement de petits sifflements. Je reste à attendre, silencieux, fourbe, écoutant pour entendre la voix de la jeune femme, surveillant ainsi leur progression, m’éloignant à certains moments pour toujours laisser une certaine distance entre nous et éviter que la Poupée de Porcelaine tombe sur moi à un croisement de ce parc, ce qui pourrait être suspect, surtout vu qu’elle m’appelle. Après quelques pas je pose un genou à terre pour laisser croire que j’ai regardé après Eris au niveau du sol, laisser une marque sur ma tenue. J’ai besoin qu’il n’y ait aucune forme de doute raisonnable pour la suite, car je me doute qu’avec son vécu, qu’avec tout ce que j’ai pu entendre ou apprendre sur elle, la méfiance doit être devenue aussi un don de vigilance. Finalement, après un moment, je décide de réagir à l’appel de Sélénya, car après tout apparaître sans jamais avoir répondu n’aurait rien de normal, au contraire ce serait même inquiétant. Mon esprit calculant chaque détail pour éviter les fautes. Ma voix se dévoile, elle s’impose pour signaler ma présence ainsi que la direction à prendre pour me rejoindre, alors que je décide de prendre le chemin me dirigeant vers eux aussi.


Une voix avec une intonation interrogative, après tout je ne suis point censé savoir pourquoi je suis appelé, pouvant certes en douter vu qu’elle n’est pas censée m’avoir remarqué. Mais comme première réaction, elle est naturelle, logique, avant de faire l’homme se reprenant pour offrir de plus amples informations, marchant d’un pas décidé en la direction de la jeune élève.


Mes pas me ramènent alors vers ma proie, toute une mise en scène adaptée pour abaisser des défenses chez la jeune femme, faire en sorte que la méfiance ne soit point trop présente et vu les tendances de cette dernière, faire intervenir Eris était surement l’arme la plus redoutable. Elle qui d’habitude n’aime personne, faire croire qu’elle puisse apprécier une élève, c’est comme sous entendre un événement exceptionnel qui ne la concerne qu’elle. Bref, me dévoilant enfin, approchant d’un pas modéré, mon regard se pose au début sur Eris qui se tend fièrement avant de fixer la jeune élève. Il faut dire que le fait qu’elle soit une de mes élèves facilite pas mal de choses, surtout pour le contact et grâce à sa passion pour les créatures magiques.


Quelques mots libérés sur un ton de politesse suivi d’étonnement alors que je me penche poser ma main à terre pour qu’Eris remonte sur mon bras, l’escaladant jusqu’à mes épaules pour se placer comme à son habitude. Mes doigts passent sur les trois têtes de la Runespoor pour la remercier, la féliciter... Un geste pouvant aussi passer pour celui d’un homme voulant rassurer son compagnon animal.


Les derniers mots sont dits sous un ton plus bas, plus léger, comme pour montrer une forme de discrétion à ce sujet. Une façon de me forcer à respecter un silence sur quelque chose qui pourrait bouleverser la jeune femme, démontrer une connaissance sur un fait. Après tout, beaucoup savent que les créatures magiques sont empathiques, donc il serait facile de faire croire que la Runespoor a ressenti la peine chez Sélénya et y a vu quelque chose qu’elle partageait avec elle. Eris me siffle quelques mots à mon oreille, juste un échange que la sorcière face à moi ne peut point comprendre, mais je reste silencieux, n’y répondant rien d’autre qu’une caresse sur la tête centrale avant de la laisser naturellement m’abandonner, redescendre de ma personne pour rejoindre Sélénya, Eris serpentant au sol pour chercher à grimper naturellement sur elle, remonter sur sa jambe.


Gardant une apparence bien plus souriante et posée que pendant les cours où je suis un professeur strict, froid et sérieux, qui ne tolère point de fautes ou de manques de travail. Eris, elle continue son chemin, voulant monter sur les épaules de l'élève.