Un pli marquait ton front, alors que soucieuse tu quittais le Thestral Motor. Anjelica et Jaeden ne semblaient à l’aise avec toute cette histoire. Toi non plus d’ailleurs. La Cosa Nostra te payait gracieusement pour réussir à les sortir des mauvaises passes quand ses membres s’y retrouvaient mais là tu devais avouer qu’ils avaient fait fort. Ce n’était pas un membre qui était dans la merde mais toute la mafia. Pour travailler au ministère tu savais que les bruits avaient toujours couru sur les Zabini. Des bruits qui n’avaient jamais pu être prouvé. Aucun élément factuels ne venaient prouver quoi que ce soit. Mais le Conseil d'Administration semblait en avoir décidé autrement. William que tu connaissais vaguement venait de leur mettre le couteau sous la gorge. La Cosa Nostra devait à présent s’allier à la cause des sorciers et mettre à profit leur qualité de coursiers. Sinon tout leur trafic s’écroulait par la simple parole d’Ombrage. Et toi tu devais négocier avec un membre du ministère pour mettre tout cela en place le plus proprement possible afin que la Cosa Nostra ne perde pas la face. Ni trop d’avantage. Qu’elle ne se fasse pas manipuler en gros. Tu ne les avais pas remercié sur ce coup là. En sortir un ou deux de procès alors qu’ils étaient pris la main dans le sac, c’était quand même une autre paire de manche.

Déjà que tu étais méfiante de ce Conseil d’Administration, les méthodes dont il usait à l’encontre de tes amis ne te plaisait guère. Tu en avais déduit qu’Ombrage était un présentant Mangemort. Etant toi-même dans l’Ordre du Phénix, tu l’aurais reconnu rapidement s’il avait été des votres. Cette alliance, tu la regardais d’un mauvais oeil. Tu ne la comprenais pas vraiment. Alors bien sûr, agir main dans la main pour faire face aux moldus, tu pouvais l’entendre. Mais tu avais du mal à admettre que tu devrais bosser avec des Mangemorts. Même si vous deviez vous unir, vos façons de faire, vos pensées… elles étaient diamétralement opposées. Alors tu restais sceptique sur tout cela.

Tu avais rendez-vous d’ici une petite heure à présent au ministère. Tu ne savais pas qui serait charger de négocier avec toi. Tu te doutais par avance qu’il s’agirait d’un de ces Mangemorts. Si Ombrage en était, il n’enverrait pas n’importe qui. Surtout que lui et sa femme connaissaient du beau monde. Tu transplanais rapidement chez toi avec tes dossiers. Tu prenais une dernière fois connaissance des éléments qui les constituais et te changeais. Le jean, basket au ministère, cela ne passait pas vraiment. Une chemise en satin gris chiné, un pantalon et des talons. Tu étais à présent parée pour ton rôle de femme de loi. Tu transplanais de nouveau et cette fois tu arrivais dans le hall du ministère. Tu avais rangé tes documents dans ton sac à main et fouillait dans ce dernier pour vérifier où tu devais te rendre. Tu prenais les ascenseurs des lieux te mêlant à la foule grouillante. Tu ne venais que très rarement à présent. Tu avais commencé au département de la justice en tant qu’avocate. Ton temps se séparait entre les tâches qu’on te confiait ici et les dossiers que tu choisissais toi même. Tu étais toujours rattaché au ministère bien sûr, de par ta profession mais ton libre abrite avait depuis longtemps pris le dessus. Tu préférais choisir tes clients. Tu arrivais enfin devant la salle. Avant d’entrer tu prenais le porte-document que tu avais rangé dans ton sac. Tu frappais à la porte pour annoncer ton arrivée et entrais.

Tu ne réalisas pas tout de suite qui se trouvait avec toi. Car d’abord il était de dos. Et puis tu ne t’attendais pas à lui. Tu posais tes yeux sur sa carcasse alors qu’il se tournait vers toi. Ton prénom s’échappa d’entre ses lippes et tu reculas. Bien tu t’étais juste trompée de salle. Cela ne pouvait être que ça. Ton regard sombre l’observa silencieusement sans même prendre la peine de répondre. Les années avaient coulé depuis mais pourtant tu lui en voulais toujours. Il avait été ton premier amour. Un de ceux qui t’avait tendu la main alors que certain te tournait le dos. Et cette main, il avait fini par la lâcher. Brutalement. Lâchement. A cause de ses idéaux de merde. A cause de ses parents. Une honte pour sa famille que de fréquenter une sang-mêlée… Tu faisais quelque pas en arrière, jusqu’à la porte et l’ouvrait pour en vérifier le numéro. Ton regard glissa sur le post-it où tu avais griffonné là où tu devais te rendre. « Et merde ! » Pestais-tu réalisant que tu étais au bon endroit. Tes prunelles se rivèrent à celle de Tobias alors que tu refermais la porte. « Tu t’es pas trompé de salle ? » Demandais-tu avec un espoir non fin qu’une autre personne allait arriver. Aux oubliettes la politesse et le bonjour. Bosser avec lui ? Ca c’était le pompon. Tu avais la rancune tenace, surtout après ce qu’il s’était passé entre vous. Tu avais de nouveau accordé ta confiance. Tu étais même tombée amoureuse de lui. Tu l’avais réellement aimé. Ce rejet, cette rupture ? Elle t’avait encore plus renfermée. Plus méfiante. Plus sauvage. Quelque chose s’était brisé depuis ta relation avec le Towsen. Tu finissais par t’installer en face de lui et posait tes documents sur la table. C’était quoi cette salle en plus ? Elle était minuscule et seule une lumière artificielle l’éclairait. Tu croisais alors les bras et te muais dans un silence tout en l’observant. Tout un tas de souvenirs jaillissaient. Les mauvais comme les bons.

Tu avais toujours eu la rancune tenace. Cela faisait parti de ces défauts controversés qui animaient la Mexicaine que tu étais. Tu avais grandi dans un monde emplit d’avidité. D’envie. De jalousie. Les Santana plus que quiconque peut-être étaient prêt à user de ce don qui t’habitait. Cela avait forgé ta méfiance naturelle à l’encontre des gens. Pourtant plus les années passaient et plus tu apprenais. Si ta confiance était toujours plus difficile à obtenir, tu jouais à présent. Tu les laissais venir à toi. Les laissais penser qu’ils allaient pouvoir profiter, obtenir une réponse du passé, une vérité du futur. Parfois tu mentais. Réalisant de mauvaises prédictions pour les leurrer. Pour les blesser. Un jeu dont tu aimais parfois tirer les ficelles. Une façon pour toi de te protéger. C’était ta carapace. Ta façon de survivre dans ce monde. Alors qu’à Poudlard tu avais perdu nombre de personnes qui se faisaient appeler ‘tes amis’, certains s’étaient démarqués. Par leur présence insoluble. Jaeden avait toujours été là. Ce meilleur ami qui t’accompagnait depuis toujours. Avant, après. Tout comme Soledad. Heureusement ce trio que vous formiez était fort et uni. Il t’avait toujours rassuré. C’était une chose qui n’avait jamais changé les années passant.

Tobias… Lui. Il avait été là après. Il était apparu dans ta vie alors que tu avais perdu une bonne partie de ceux qui étaient censés être tes proches. Malgré les rumeurs, malgré ton don, il n’avait pas reculé. Bien au contraire, vous n’aviez fait que vous rapprocher. Petit à petit tu t’étais ouverte, confiée. Tu te revoyais jeune adolescente il y a une dizaine d’année. Ton palpitant s’embrasant en sa présence. C’était la première fois. La première fois que tu ressentais ça au creux de ta poitrine. Il était un pilier dans ta vie, pendant plus d’un an. Jusqu’à ce qu’il fasse marche arrière. Qu’il rejette ce qui existait entre vous. Comme si ces sentiments étaient effacés d’un revers de la main. Tu n’étais qu’une sang-mêlée. Pas assez digne. Tu n’avais pas imaginé qu’il puisse ainsi un jour te voir. Pourtant lors de ta septième année, peu de temps avant que tu intègre l’université, vos divergences commençaient à peser sur votre couple. C’était lourd et emplit de tension. Tu te voilais lace, t’accrochant à ce jeune homme qui était venu vers toi. Qui avait su te relever alors que tu avais l’impression d’être au plus bas. A l’époque… il t’avait accepté, ton don et ta nature avec. Mais il avait tout plaqué sans se soucier de te blesser. De te faire chuter plus bas que terre une nouvelle foi. Ta confiance en toi, mais aussi en les autres. C’était pire que tout. Tout ça pour des idéaux de merde.

Et alors que tes prunelles sombres heurtaient les siennes, tu comprenais parfaitement pourquoi il était celui qui se trouvait en face de toi. Car Ombrage était un mangemort. Un de ceux qui était à présent au Conseil d’Administration. Il était celui qui mettait la pression sur la Cosa Nostra. Il avait donc envoyé un élément fiable. Fidèle. Merlin savait que tu ferais tout pour protéger cette mafia. Pour Jaeden surtout. Il y avait trouvé une famille. C’est tout ce qui comptait. Tu sentais son regard scrutateur sur toi. Ce visage si impassible qu’il te renvoyait. Le même que lorsqu’il t’avait quitté. Plus durci avec les années peut-être. Tu nous voulais repenser à son charme, à ce qu’il dégageait. A sa personnalité qui t’avait tant attirée à l’époque. Non ton esprit s’accrochait à ses derniers mots, ceux qu’ils avaient prononcé pour te rejeter. Il te répondait avec ce calme olympien comme si cela ne semblait pas le perturber que tu te retrouves devant lui.

Tu observais son bras qui se tendait pour t’offrir ce café. Tu étais de nature méfiante… Il aurait très bien y ajouter un produit quelconque. Tu le prenais malgré tout, frôlant sans le vouloir sa main du bout de tes doigts. Tu réprimas un frisson à ce contact. A sa question, tu lâchais sans le vouloir un rire agacé. Tu posais le café sur cette table ridiculement petite pour vous deux. « Comment je vais ? » Tu reculais, t’enfonçant dans le dossier de ta chaise. Tu étais une âme délabrée. Qui réduisait son cercle social à un nombre de personnes réduits. Tu te méfiais de tous. Régentais ta vie avec dureté pour éviter de te faire bouffer par ton don. « Tu veux dire depuis sept ou huit ans que tu m’as tourné le dos ? » Tes iris sombres accrochèrent les siennes. « Ca va être long à résumer… » Tes mains se mirent à jouer avec l’élastique d’une de tes pochettes. Tu étais amère de le voir si indifférent alors que chez toi, le passé resurgissait brutalement. « Grâce à toi, j’ai compris qu’on ne pouvait faire confiance à personne. Ca m’a permis d’être plus forte. Je me suis consacrée à ma carrière et ça marche bien. » En autre… Depuis tu ne t’attachais plus à personne. Tu fuyais tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à une relation stable. Depuis lui ? Personne n’avait été dans ton coeur. Pourtant tu étais capable de prendre un peu de bon temps mais tu préférais fuir les attaches. « Et toi Tobias ? » Tu l’observas un instant. « Cómo estás? » lui demandais-tu en retour de sa retour propre questions dans ta langue maternelle. Comment vas tu ?

Le travail c’était peut-être la seule chose que tu parvenais à contrôler à la perfection. La maison des Serdaigle alors que tu étais plus jeune te collait à la peau à la perfection. Tu avais toujours été studieuse. Apprendre, rédiger des parchemins, c’était pour toi quelque chose que tu pouvais maitriser. C’était simple. Il fallait reconnaitre que tu avec des facultés d’apprentissage et que cela t’avait toujours aidé. Même à présent dans ton travail, tu avais su te démarquer et pas uniquement par ton don. Il était certes utiles dans des cas extrêmes et pouvait appuyer certaines de tes audiences. Mais si cela était aussi simple, tous les innocents feraient appel à toi. Quand tu pensais à ces sauvages qui avaient voulu que tu mentes pour eux. Faire mentir les morts. Les criminels n’avaient aucun respect. Certains Mangemorts t’avaient d’ailleurs déjà contacté et tu avais strictement refusé de les aider.

Et lui ? Avait-il réaliser ce qu’il avait prévu alors que vous étiez plus jeunes ? Vous aviez réussi à vous aimer malgré ces divergences d’opinions. Plus le temps filait plus elles vous séparaient. Tu ne le comprenais pas. Avec ses idéaux, ses envies de magies noires. Toi la sang-mêlée dont la mère, sang-pur, avait fuit sa famille pour vivre l’amour de sa vie. Tobias n’était pas comme ta mère. Non il avait cédé à sa famille, cédé à cette pression qui finalement ne lui allait pas si mal. Alors qu’il t’avait rendu ton café, tu avais observé son bras te demandant s’il avait finalement cette marque de l’Augurey sur le bras. A présent, avec le conseil, il n’y avait plus besoin de se cacher. Mangemort ou Ordre du Phénix. Tous se battaient pour la même chose. La survie et la défense des sorciers. Seulement tu restais fermée par rapport à cette alliance. Vous n’aviez pas les mêmes procédés. Les mêmes priorités. Alors oui tu te demandais si l’homme qui se trouvait en face de toi avait changé au point de commettre des atrocités. Il fut une époque où au creux de ses bras tu te sentais en sécurité et en confiance. Mais aujourd’hui tu doutais. S’il avait été choisi par Ombrage, un homme aux méthodes douteuses, c’est qu’il n’était pas mieux non ? Il te répondait que lui aussi se consacrait à sa carrière. Il semblait complètement hermétique à tes remarques. Comme si cela n’avait jamais eu lieu. Tu savais pourtant que lui aussi t’avait aimé. Tu n’avais jamais douté de ses sentiments. Ils n’avaient simplement pas été assez forts pour résister à tout le reste. Peut-être qu’il fait bien de ne pas réagir. A quoi cela servirait d’attiser la flamme de ton écoeurement ? Puis vinrent des mots que tu aurais rêvé d’entendre des années auparavant. Ca perturbe car tu les attendais pas. A dire vrai, tu ne t’attendais pas à le voir. Tu savais pourtant qu’il travaillait lui aussi au ministère mais cela était si vaste que vous ne vous étiez encore jamais croisé. Tes yeux sombres se perdent un instant dans son regard. Comme si tu cherchais à voir ce qu’il pensait réellement. Comme si tu pouvais y voir le reflet de son âme. Comprendre s’il était réellement sincère ou s’il cherchait juste à apaiser la situation.  « Il vaut mieux tard que jamais. » Lachais-tu dans un murmure détournant finalement le regard vers tes documents. Passer à autre chose ? Peut-être. Le pardonner et faire comme si de rien n’était ? Un peu dur. Toutefois, il fallait reconnaitre que le pouvoir et la force des mots pouvaient être impressionnant. Qu’il ne s’attende pas non plus à ce que tu lui proposes d’aller boire un verre après cette séance de travail. Il ne fallait pas non plus abuser.

Tu hochais la tête alors qu’il te proposait de travailler sur le dossier. Il avait raison. Tu ne devais laisser le passé te déconcentrer et t’empêcher d’être efficace. Surtout pour tes amis. Ils étaient rares et précieux. Tu leurs devais bien ça. Tu ouvrais une chemise et sortais le contrat qui avait été soumis à Anjelica. Tu l’avais décrypté sous tous les angles et il y avait de nombreuses zones grises. « Mes clients ont refusé de signer le contrat en l’état. » Tu avais collé de nombreux post-it sur les parchemins. Émargé de tes commentaires certains passages. « Je n’ai pas besoin de te rappeler qu’ils font cela sous la contrainte ? » Tu ancrais tes yeux dans les siens pour observer sa réaction. Tu lui tendais le contrat que tu avais raturé dans tous les sens. « Il n’y a aucune garantie quant au silence d’Ombrage et ses compatriotes dans ce document. » Tu tournais les pages qu’il tenait dans ses mains pour lui montrer chaque passage qui ne correspondait pas. « Ici, il faut rajouter une mention. Ils veulent un droit de regard sur ce qu’ils devront transporter et être en mesure de refuser si cela ne correspond pas à leur éthique. » Tu continuais ainsi soulevant plusieurs points jusqu’à conclure. « Ils veulent favoriser les contacts avec l’Ordre du Phénix et non les Mangemorts Et je me porte garante en tant que membre de l’Ordre pour faire le lien. » Tu relachais le document, le laissant feuilleter à son aise s’il le souhaitait. Tu lui avais ouvertement dit que tu étais membre de l’Ordre du Phénix pour le provoquer, voir s’il se tairait un Mangemort.

Tu sens son regard alors qu’il a présenté ses excuses. Tu sais qu’en ayant gardé le silence une seconde de trop, il a su percevoir que cela te touchait. Tu n’aimas pas cette sensation qu’il saurait parfaitement entrer dans les failles de ta carcasse. C’était dérangeant quelque part d’avoir à faire à lui. Il était un pan de ton passé. De ton histoire. Et comme tu lui avais dit, son abandonnant t’avait d’une certaine façon renforcée. Tu rejetais toutes formes d’attachement. Tu faisais semblant de sourire aux gens pour leur faire penser que tu les appréciais mais dans le fond, aucun d’eux n’avait d’importance. Ce n’était qu’une façon pour toi d’éviter les déceptions. Tu en avais trop subis et tu ne pouvais plus faire confiance aux gens. Et si Tobias s’excusait en cet instant ? Bien sûr que ça te troublait mais ce n’était pas pour autant que tu allais baisser ta garde. Tu ne pouvais oublier le jeune homme avait qui tu avais passé tant de temps. Ce premier amour. Personne ne peut l’oublier. Ca te marque à jamais dans ta chair. Les suivants passent mais c’est différent. On se souvient toujours des premières fois.

Mais en face de toi, c’était un homme à présent. Ses traits étaient plus matures. Sa façon de parler plus dure aussi. Il semblait rester impassible à tout. Même alors qu’il s’était excusé. Il te demanda s’ils étaient si horrible que ça. Ton regard ambré plongea dans le sien. Il avait dit ‘on’ s’associant aux Mangemorts. Tu avais beau t’en douter, c’était une information qui te semblait difficile à appréhender. « A toi de me le dire… Votre réputation est-elle à la hauteur de ce qu’on raconte ? » Une question par une question. Une provocation par une autre. C’est vrai que c’était ainsi que vous aviez toujours fonctionné. Tu avais du mal à imaginer que ses bras, qui t’avaient tant de fois réconfortée, pouvaient à présent tuer ou torturer comme tous ces Mangemort. Tu l’observais, silencieuse, alors qu’il feuilletait le contrat.

Il faisait preuve de désinvolture. Comme si ce que tu avais dit, il l’avait entendu mais le balayait d’une main pour replacer ses propres intérêts. Tu l’écoutais parler et tu devais admettre, que même oubliant votre passé, tu le trouvais agaçant. Parce qu’il pointait parfaitement les failles. Il avait toujours été intelligent, cela ne devrait pas t’étonner dans le fond. Tu esquissais alors un sourire avant de reprendre la parole. Tu posais tes coudes sur la table, te penchant en avant, comme pour le défier. « Des criminels ? » Tu prenais une fausse mine étonnée. « Tu veux dire que le Conseil tient à faire affaire avec des criminels ? Belle image du gouvernement. » Tu jouais évidement avec les mots. Tu prenais quelques notes sur un parchemin. Bien sûr que les Zabini n’étaient pas des enfants de coeur mais ils ne jouaient pas dans la même coure que les Mangemorts. Cela n’avait rien à voir. Et puis… Aux yeux de tous, ils n’étaient qu’une main forte en transports. Les seuls personnes au courant de leurs activités illégales n’étaient pas nombreux. « Des mots n’ont de valeur que s’ils sont couchés sur le papier. Je ne vais pas t’apprendre ça dans ton métier… » Tu refusais de simplement prendre pour compte la parole d’un homme. Que vous ne connaissiez pas assez. Tes yeux glissaient sur le contrat un instant avant de retrouver ses yeux. « Pas de liste, désolée. Ils veulent savoir ce qu’ils transportent et si c’est bien associé au Conseil et pas à autre chose. » Tu avais écouté attentivement chacune de ses paroles. Tu notais quelques mots pour ne pas oublier certains points. Tu réfléchis un instant alors qu’il refusait nettement que tu serves d’intermédiaire. « D’accord pas moi. Comme tu le dis, le Conseil est un ensemble. Et chacun des membres un représentant de ce dernier. » Tu réfléchis à voix haute. Note en même temps. Pose ta plume et fini par prendre le café qu’il t’a préparé. C’est amer. Toi qui est gourmande et qui préfère le sucré, le café a toujours été une boisson difficile à boire. Tu la prenais seulement pour rester éveiller plus que par plaisir. « Donc… ni Ombrage, ni Carrow. Qu’importe dans les autres, vous pouvez choisir. Après tout, ils se concertent avec le conseil, mais l’ordre final ne vient pas d’eux. C’est plus fiable à mes yeux. Question de neutralité. » Tu l’observes de nouveau. Tu sais rester professionnel. C’est important parce qu’en plus ce n’est pas un client lambda. C’est pour aider Jaeden que tu t’es engagée avec les Zabini et la Cosa Nostra. Il a toujours été là. Il ne t’a jamais tourné le dos. Tu regardes un instant Tobias, ses bras croisés, le contrat reposé entre vous. Tu finis par te lever et marcher un peu. T’as jamais trop aimer rester en place. Encore moins dans une salle de réunion si petite. « Cette salle doit être la plus petite du ministère… » Finissais-tu par pester en retirant ta veste. C’était quoi le but, que vous étouffiez la dedans. Il y avait même pas une fenêtre.

Étrangement, cet échange semblait plus constructif que tu ne l’avais pensé. Même si en face de toi se trouvait cet homme qui avait tant marqué ton passé, vous parveniez à mettre de côté le personnel. Comme quoi vous aviez malgré tout encore quelques points en commun comme cette volonté de réussir. De gravir les échelons. Que cela soit lui ou toi, vous aviez de beaux postes. Montrant une certaine habilité dont vous saviez faire preuve. Pourtant les habitudes reviennent facilement. Il te cherche, te trouve et l’inverse semble tout aussi vrai alors que tu joues avec les mots pour le contrer et qu’il en fait de même. C’était sûrement ce qui t’avait plu le plus avec Tobias. Sa vivacité d’esprit, son intelligence. Malheureusement, à tes yeux, il gâchait toutes ses belles capacités en oeuvrant pour les Mangemorts. Ses lippes provocatrices alors que tu lui demandais si leur réputation était vrai t’arrachèrent un sourire en coin alors que tu gardais tes yeux dans les siens. Qui ne dit mot consent, parait-il. Tes doigts tapotèrent un instant la surface plane de la table. Tu te mordis la lèvre inférieure, retenant une remarque. Une question. Dont la réponse aurait pu encore une fois te faire dire qu’il avait radicalement changé. Bien sûr, physiquement… Mais pas que. Il était devenu un homme comme on le disait. Un bel homme mais qu’en était-il de son âme ? Existait-elle encore un peu ? Tu te demandais s’ils avaient commis des atrocités semblables à ses congénères.

« Je n’appelle pas cela une chance si cela est fait sous la contrainte. » Répondais-tu du tac au tac alors qu’il disait permettre à la Cosa Nostra de se battre pour une bonne chose. Dans le fond, ils avaient refusé la demande d’Ombrage car à l’époque il était uniquement sous la bannière des Mangemorts. A présent, si la demande avait été faite proprement et non sous la menace, ils auraient peut-être tout simplement accepté. Quoi que tu n’en étais même pas certaine. La famille Italienne souhaitait rester neutre dans cette guerre… Mais à choisir, même s’il y avait unification, ils préféraient largement les idéaux des Phénix… Tu te levais pour te dégourdir les jambes. Tu tournais un regard étonné alors que Tobias semblait se souvenir que tu n’aimais pas les lieux trop petits. « Si tu obtiens gain de cause… Je pense qu’ils cherchent à cacher l’objet de notre réunion et que s’ils avait pu nous mettre dans un placard pour qu’on ne nous trouve pas, ils l’auraient fait. » Cette transaction était faite à couvert de l’officiel pour faire de l’officieux. Bien sûr qu’ils ne voulaient que vous soyez trouvé… Tu faisais quelques pas alors qu’il continuaient de parler. « Je sais bien que tu ne peux rien faire sans lui en parler avant. Je te transmets juste l’information. Mes clients ne sont pas à l’aise avec lui et sa simple parole n’est pas suffisante. Tu pourras revoir ce point avec lui. » Tu marquais une pause dans ta phrase et arrêtais de marcher pour retirer ta veste. « Comme je reverrais avec les Zabini pour travailler sur une liste. » Il allait falloir bien la ficeler pour ne pas se faire avoir mais ce n’était pas impossible. Il suffisait de bien penser à toutes les choses qui seraient faisables. Le père d’Anjelica était loin d’être idiot. Il serait un support important pour cette étude. Tu observais un instant Tobias. Comme si tu le considérais pour la première depuis que vous étiez enfermés ici alors qu’il te proposait de faire une pause, retirant lui aussi sa veste. Il finit même par t’arracher un rire avec sa dernière remarque et un sourire se dessina sur tes lèvres. Tu plongeais ton regard dans le sien. « Je ne fais jamais d’erreur Monsieur Towsen. Si vous ressentez le besoin d’une pause, c’est peut-être parce que je vous ai un peu malmené. » Répondais-tu avec un amusement à peine fin derrière ce ton qui se voulait assuré. Tu commençais à rassembler tes affaires. Tu notas les derniers points que vous aviez abordé. « Nous avons terminé je pense de toute façon… Il faudra qu’on se fixe un nouveau point d’ici… fin de semaine prochaine si cela te convient ? » Vous étiez bloqué sur des points qui dépendaient de personne extérieures. Vous ne pourriez rien terminer aujourd’hui de toute manière. Tu refermais une chemise avec tes notes et le contrat que tu avais toi même annoté de ta main. Tu hésitas à sa proposition d’aller prendre quelque chose à l’extérieur. Tu observas un instant l’heure et une excuse, réelle, te permis d’éviter de devoir réellement répondre. Car dans le fond, tu ne sais pas si tu aurais réellement dit non. Peut-être par principe. Par fierté. « J’ai un rendez-vous avec un client de mon cabinet dans quinze minutes. Il faut que je transplane rapidement pour me préparer. » Tu marchais vers la porte pour sortir en même temps que Tobias. « Et bien à la prochaine Tobias… » disais-tu alors que tu glissais ton sac à ton épaule tout en l’observant dans les yeux un instant. Après quelques secondes tu prenais la direction de la sortie du ministère pour pouvoir transplaner à ton cabinet.

Cette rencontre tu ne t’y étais pas attendue. Pas une vision dans ta nécromancie ne te l’avait dévoilé. C’était frustrant d’avoir un don de voyance pour ne pas pouvoir en user pour soi-même. Cette affaire était loin d’être simple mais avec Tobias en face ? Cela le serait certainement encore moins. Même si tu étais parvenue à passer par dessus tes différents avec lui pour avancer sur l’aspect professionnel, ce passif entre vous, tu ne pensais pas que c’était une bonne chose pour mener à bien une affaire. Bien sûr tu avais réussi à faire comme si de rien n’était. Même si ses excuses t’avaient troublées. Même si le fait qu’il se souvienne de tes habitudes étaient perturbant. Et ce jeu… Si propre à votre relation, de vous provoquer, de ne pas lâcher l’affaire… Oui, tu sentais que cela ne serait pas simple…