Non mais il y a des gens qui ne manque pas de toupet. A quel moment, quelqu’un se prend les pieds dans son propre sac… à moins que ce soit celui d’un autre, franchement aucune idée, Grigori ne passait pas son temps à regarder les boulets qui ne savaient pas marcher. C’est pas le sujet, nous disions à quel moment, un gars trébuchait et sa tête venait heurter violemment la table où était installé Grigori. Quoi comment ça le pauvre, il saigne du nez. Non mais on s’en tape de son nez, le problème est pas là, le problème c’est qu’il venait de bousiller la plume de Grigori. Le Serpentard avait envie, une véritable envie, de lui enfoncer dans la gorge. Tien, là comme ça il pourrait se plaindre qu’il perdait son sang. Non, il fallait se contenir, ce n’était qu’une plume… ouai mais quand même, il y tenait… c’est pas grave, on inspire, on expire, on wooh il venait pas de poser ses mains sur la plume de Grigori là quand même ? Sacrilège « Je crois qu’elle est cassée. » Mais quelle lumière, un futur ministre de la magie au moins. Grigori le fixait sans répondre « Si tu veux en compensation, je te donne la mienne. » Ah non l’idée était pas du tout généreuse, elle était toute pourrie sa plume. Forcément que Grigori eut un petit rire moqueur, sans pour autant lui répondre. Non mais vraiment, il y a des gens qui ont honte de rien, ça va comme s’il n’avait pas assez de gallions pour se payer une plume, où va le monde.

Voilà la raison pour laquelle il se trouvait dans une boutique de papeterie, en pleine semaine, le matin. Pour ne pas avoir à emprunter des plumes à qui que ce soit. Le truc c’est que Grigori, lui les plumes c’était pas vraiment son domaine, il faut bien le reconnaître. Autant, on pouvait lui poser des questions sur les accessoires de balai, il était calé – ce qui ne voulait pas dire qu’il répondrait aux questions des gens d’ailleurs, ça dépendait de la personne – autant les plumes, c’était une catastrophe. Il y en avait de toutes les couleurs, de toutes les formes et ça faisait au moins dix minutes qu’il lisait les petites phrases descriptives pour savoir quelle plume lui conviendrait le mieux. S’il se sentait observé, ça l’indifférait un petit peu, il ne releva d’ailleurs pas la tête pour voir qui le regardait. De toute façon, s’il gênait la personne et bah elle allait ailleurs et elle lui cassait pas les pieds. En parlant de pied, voilà qu’à présent la personne tapait du pied. Bon tout compte fait, c’est lui qui s’en allait, parce que ce son c’était agaçant et qu’en plus, ça l’empêchait de se concentrer sur le choix de la plume. Sans poser un regard sur la personne, il tourna les talons pour aller un peu plus loin, faisant semblant d’être captivé par les plumes.

Le seul petit problème c’est qu’il venait visiblement d’hériter d’un chien qui le suivait dans la boutique, il entendait bien les pas qui le suivait, quand il ralentissait, ça ralentissait, il s’arrêta donc. Il tourna donc la tête à un moment donné pour régler ses comptes et demander c’était quoi le problème exactement, sauf qu’au moment où il allait ouvrir la bouche, la demoiselle, ah c’était une demoiselle, d’accord, le prit de court en s’exclamant son nom de famille, avant d’enchainer. Il la regarda les yeux ronds, sa sœur ? Et c’était quoi ce sourire qu’elle lui faisait comme si c’était ultra important de mentionner une demande en mariage à ce moment-là. Grigori lui fit face, cessant totalement de s’intéresser aux plumes pour regarder zut, elle s’appelait comment, elle déjà. « Elle t’en a parlé, tu dis ? » Elle en aurait pas parlé si elle n’était pas perturbée parce qu’elle avait fait la plus grosse bêtise de sa vie. « Elle regrette d’avoir dit non, c’est ça ? Non mais elle est bête ta sœur aussi de dire non. Franchement, elle pouvait pas espérer mieux comme parti mais elle fait la maligne. » et là, ça percuta. La fille, en face d’elle, c’était la sœur, donc une sang pur, peut être qu’elle serait moins casse couille que les deux autres à qui Grigori avait plus ou moins demandé. Non parce qu’elles étaient chiantes, il avait besoin d’une femme, sang pur pour être le premier de la famille à avoir un héritier, ça va il demandait pas grand-chose mais elles étaient réfractaires, incompréhensible quand il voyait sa mère dire qu’elle avait été marié et basta, elle n’avait pas pris la tête à tout le monde à dire non. « Et toi, tu es fiancée à qui ? » Est-ce que c’était poli de demander son prénom ? Pas forcément, bon, étant donné que Grigori n’était pas dénué d’éducation, il allait l’appeler Macmillan, ça irait plus vite et comme ça elle ne se vexerait pas. Surtout que si ça se trouvait, elle contrairement à sa sœur, elle était pas chiante… quoi qu’en même temps… une fille pas chiante, ça existait pas vraiment… disons qu’elle serait moins chiante que ça sœur ce qui n’était pas tellement difficile vu que sa chieuse de sœur avait dit non à Grigori, alors qu’il s’était forcé à demander gentiment et à ne pas la critiquer, qu’elle, elle avait parfaitement compris comment le monde des sangs pur tournait et qu’attendre le petit sang pur amoureux et bah non ça fonctionnait pas. C’est dingue, les parents Macmillan ils avaient complètement loupé l’éducation de leurs filles si elle était comme sa sœur et qu’elle croyait au grand amour, enfin d’ailleurs est ce que l’autre y croyait où est ce qu’elle avait dit non uniquement parce qu’il l’avait prise au dépourvu. Il n’empêche que ça arrangerait bien ses affaires que Macmillan lui dise que sa sœur était intéressée tout compte fait.

Son regard ne quittait plus la silhouette de Macmillan, elle était pas moche, bon d’accord, elle était belle, faut dire les choses clairement, ce qui était étonnant c’est qu’il n’avait jamais fait gaffe à elle. Il espérait qu’elle ne jouait pas au Quidditch sinon c’était grave, quoi qu’en fait pas vraiment, Sélénya il la connaissait uniquement parce qu’elle était casse bonbon et qu’elle arrêtait les buts des Serpentards, si sa sœur était à un autre poste, c’était tout à fait logique que Grigori n’ait jamais fait attention à elle.

Qu’est ce qu’elle était en train de faire là ? Elle levait le doigt pour demander le silence ? Il cligna des yeux déroutés, mais si elle commençait déjà à chercher les ennuis, ça allait pas ultra bien se passer du tout. Ah non, oups, petite erreur de compréhension, elle énumérait des choses. Quel contrôle de la part de Grigori pour ne pas souffler devant ses réprimandes, incompréhensible. Est-ce qu’ils arriveraient à se mettre d’accord ? Probablement pas, est ce que ça valait la peine de se prendre la tête avec une fille ? Certainement pas, débattre avec des filles, ça ne volait jamais bien haut et Grigori n’avait clairement pas de temps à perdre. Il se contenta d’avoir ce petit sourire qui pourrait se traduire par un cause toujours.
Le reste des propos de la demoiselle était beaucoup plus intéressant et à travers ses propos, il y avait cette lueur d’intelligence, ah non mais c’est tellement rare chez les filles qu’il faut le noter, c’est important. Elle avait raison sur une bonne partie de la ligne, certes, elle ne voulait pas reconnaître que sa sœur n’avait qu’un petit pois dans la cervelle. Mais, sur le fait qu’elle était un bon parti, oui, c’était un fait avéré exact et Grigori hocha la tête, lui concédant cela, sans trop de difficulté. En même temps, Macmillan était certainement bien au courant de la pureté de son sang, donc, elle savait pertinemment que le choix de Grigori venait de là et non pas d’autre chose. D’ailleurs, elle avait ce petit sourire démontrant qu’elle savait parfaitement de quoi elle parlait.

Pour le reste de ses propos, et bien Grigori avait constaté tout seul comme un grand ce que machine lui expliquait maintenant, qu’un mariage arrangé n’était pas des plus emballants pour elle. Alors dans l’idée, il pouvait bien comprendre que ce n’était pas génial, lui non plus, à la base ne s’était pas réveillé un matin en se disant il me faut une femme. Enfin si, c’était exactement ce qu’il s’était dit un matin mais pas par envie, plutôt par devoir. C’était ce que ses parents avaient fait, puis avant eux ses grands parents et ils avaient imposé à Dimka un mariage, alors, oui, personne ne lui avait rien demandé à lui, personne ne lui imposait rien. Mais justement, c’était là le problème, il y avait de la différence, une différence qui pouvait sembler dérisoire mais qui lui le rendait fou. Chez les Macmillan,  il n’y avait pas cette différence, si l’une n’était pas fiancé, l’autre ne l’était pas, ça n’allait pas plus loin dans la réflexion. Une équité parfaite, là où lui se posait sans cesse cette éternelle question à savoir qu’est ce qu’il avait bien pu faire de travers ?

Est-ce qu’il était resté silencieux, plongé dans ses pensées trop longtemps ? Certainement puisque bidule, fallait vraiment qu’il apprenne son prénom, ça craignait les surnoms qu’il lui donnait, venait de reprendre la parole pour lui proposer une plume. De nouveau, il la regarda avant d’aller voir de quelle plume elle parlait. Sincèrement, il s’était dit qu’elle allait le suivre, surtout qu’elle le suivait quelques minutes avant à peine, pour lui dire de quelle plume elle parlait au juste. Mais, pas du tout, voilà qu’elle lui faisait un signe de la main avant de lui tourner le dos. Cette fille était au moins la plus bizarre du monde. Après, pour ce qui était des plumes, il n’y avait pas plusieurs modèles de couleurs vertes, il en concluait donc que ça devait être celle en face de lui, il s’en saisit donc avant de rejoindre la demoiselle qui lui faussait déjà compagnie et de lui montrer « Tu parlais de cette plume-là ? » Il hésita quelques secondes, peu coutumier du genre de phrases qu’il allait dire « Je vais te faire confiance et la prendre alors. » Faire confiance à une fille, non mais même lui ça le choquait, mais bon relativisons, il n’avait aucune idée de quelle plume prendre et puis il faut s’avouer aussi que si ça ne lui convenait pas, il n’aurait aucun mal à accuser la demoiselle.

Etant donné qu’ils étaient tous les deux en train de faire la queue et qu’il n’y avait personne d’autres qu’eux et que la vendeuse – ça ne pouvait être qu’une vendeuse – n’était pas encore à sa caisse, il pouvait continuer à communiquer avec mademoiselle donneuse de leçon et reprendre ses propos précédents. « Je reconnais, vous êtes des bons partis. » Ce qui ne changeait en rien le fait que sa sœur était bête.  « Je n’ai jamais prétendu être un idéal de mari quand je suis venu la voir, je ne pense pas que des mariages heureux, plein d’amour, entre sang pur ça puisse exister et ce n’est pas ce qu’on nous demande, on nous demande de faire perdurer nos lignées. » Et d’ailleurs, l’amour c’était pas une grosse bêtise de base ? Un peu comme le père noël, c’était juste pour faire rêver les demoiselles – et agacer les garçons -. C’est dingue qu’il faille lui expliquer comment ça se passait à son âge. Il y avait cependant quelque chose qu’il ne comprenait pas vraiment, c’était des filles – merci Grigori pour ton esprit de déduction hors pair – c’était pas le but de tout parent que de marier ses filles justement ? « Et vos parents vous laissent faire ? » Il pencha la tête, il y avait peut être un accord tacite entre eux tous, après tout, c’était bien possible de faire des concessions.

N'attendant pas la réponse de sa charmante camarade, il reprit la parole « Tu n’es pas fiancée, tu as dit ? » Voilà qui était intéressant. Bon bien sûr, il n’était pas idiot, lui demander sa main maintenant, ce serait complètement débile. Ce qui n’empêchait pas le fait qu’il gardait cette idée en tête. Il fallait juste qu’il change, une troisième fois de stratégie, demander direct à la fille ça ne fonctionnait pas, passer par les parents pour obtenir, ça mettait un froid aussi, il fallait donc un peu plus de subtilité. Elle semblait en mesure de répondre à ses questions, juste il fallait éviter le sujet sœur un peu idiote, parce qu’elle semblait vouloir la défendre contre vents et marées, ça pas de soucis, Grigori pouvait éviter un sujet. Il attendit donc que la vendeuse soit venue leur faire payer leurs achats avant de rejoindre la blondinette et de lui demander, même si clairement, ça le gonflait de demander quelque chose à une fille et pas imposer cette chose, mais bon, pour une fois « ça te dirait de boire un verre avec moi, là maintenant tout de suite et de me dire c’est quoi ton idéal de mari à toi… ah et aussi vers quoi tu es tournée comme mariage ? » Oui, aucune innocence derrière ces questions mais bon, en même temps, il fallait bien commencer quelque part.

Il y avait quelque chose chez cette fille qui était surprenant… un peu bizarre aussi, il est vrai. Elle l’avait suivi pendant quelques minutes, ce qui était ultra flippant en fait, Grigori n’étant pas tellement habitué à avoir des fans en délire… Après réflexion, elle était loin d’être en délire. Sauf qu’il n’avait pas l’impression d’avoir fait grand-chose de mal, ni d’avoir rien dit de détestable. Et pourtant, elle l’avait déjà lâché, passant à autre chose après lui avoir conseillé une plume, à la manière d’une vendeuse. C’était quand même déstabilisant. Non pas qu’habituellement il soit le centre d’attention de tout le monde, non il était invisible… sans la cape qui va avec bien entendu. Mais habituellement c’était transparent de A à Z, sans nuance. Là, à moins qu’il soit demeuré, c’était elle qui était venu lui parler. Il ne parvenait pas à comprendre son fonctionnement, alors il tenta de revenir vers elle, parlant de la plume et du fait qu’il allait lui faire confiance. Elle avait l’air surprise qu’il vienne lui parler et observa la plume avant de hocher la tête. La façon dont elle prononça sa phrase, la réaction physique de Grigori fut instinctive, il esquissa un sourire, sans le moindre faux-semblant pour une fois. Il était amusé de sa réaction et pour le coup, ravi d’apprendre qu’il ne serait pas déçu. En même temps, ça aurait été tout de même bien dommage de lui en vouloir dès le début de leur relation. S’énerver, c’était partir sur un mauvais pied et il l’énerverait sûrement en retour, déjà qu’en une fraction de secondes, elle était passée de la fille qui le suivait, à celle qui faussait compagnie. Non, vraiment, comment trouver une femme, si déjà il était incapable de comprendre le fonctionnement de ces dernières. Il avait l’impression d’avoir à faire à des chieuses en puissance. Personne ne lui avait jamais dit que ça serait prise de tête, qu’aucune ne dirait oui. Tout le monde parlait des mariages arrangés depuis qu’il était enfant, il n’avait pas songé que le monde pouvait changer, les époques changeaient et les filles n’étaient pas aussi docile que ce qu’on lui avait enseigné.

Lorsqu’il vérifia de nouveau qu’elle n’était pas fiancée, elle eut un soupir qu’il interpréta comme le fait qu’elle était un peu déçue de ne pas l’être ! Ah bah voilà ! Enfin une fille normale dans ce bas monde, il était temps. Néanmoins, étant donné qu’il avait, un peu, demandé sa sœur en mariage il y a de cela même pas deux mois, Grigori évita de s’engouffrer directement dans cette ouverture, enfin si mais avec beaucoup de subtilité. Il attendit tout d’abord qu’elle ait payé ses achats, que lui aussi, vérifiant pendant qu’il payait qu’elle ne partait pas. Puis, il revint vers elle et l’invita à boire un verre. Et là, la réaction ne fut pas mais alors pas du tout celle escomptée. Il se heurta à un silence de plomb, elle semblait surprise et hésitait. Ce n’était pas du tout agréable, qu’on ne se mente pas, il n’aimait pas cela, prendre son mal en patience et être dépendant d’une réponse, ça ne lui convenait pas. En temps normal, il aurait sûrement fait marche arrière. Il n’avait jamais été ce genre de personne à harceler les filles pour qu’elles sortent avec lui. Il laissait ça aux autres, lui il s’en moquait, ça venait comme ça venait, il n’avait besoin de personnes dans sa vie. Et pourtant, là, il ne revint pas sur ses propos, se contentant de la regarder, laissant à Bidule le soin de choisir et de bousiller son ego au passage qui n’aimait pas tellement qu’on le fasse mariner. Quand, enfin victoire, elle accepta. Il est vrai qu’il eut un sourire, sans trop comprendre pourquoi il était là celui-là, il aurait tout aussi bien pu l’attraper par le bras et la traîner de force que ça n’aurait presque rien changé. Aussitôt, catastrophe, elle acceptait mais avec condition, par cette condition, elle montrait clairement qu’elle n’avait pas envie de passer du temps avec lui. Ce qui était quand même gonflé, lui il ne savait même pas qu’elle existait il y a une heure et maintenant, elle lui accordait une faveur en l’accompagnant. Ah, très vite, le sourire de Grigori avait disparu remplacé par une envie de l’insulter cette andouille. Et pourtant, il céda à cette condition, si ça se trouve elle ne voulait pas boire de verre avec lui parce qu’elle pensait qu’il était intéressé par sa sœur. Pour le coup, qu’elle se rassure, son idiote de sœur ne l’intéressait pas du tout. « C’est entendu. » Franchement, quels efforts ne faisait il pas, elle n’en faisait aucun, une vraie chieuse… Enfin jusqu’à sa dernière phrase. Elle lui retirait une sacrée épine du pied. Ainsi, sa future fiancée oui non mais il ne doute de rien Grigri se prénommait Kiara. Bon à savoir. Bon, bien entendu, il ne lui dit pas merci, plutôt mourir que d’admettre qu’elle était dans le vrai, au passage.

Puisqu’elle avait accepté, de son plein gré, de venir avec lui et de le suivre, au passage, ce qui était pas plus mal. Grigori prit donc les devants, l’entraînant à sa suite dans les différentes ruelles du chemin de traverse. N’étant pas la personne la plus bavarde au monde, le chemin se fit pour le moins silencieusement, il se contentait d’être à sa hauteur, lui jetant de temps à autre un regard, ne parvenant pas à comprendre pourquoi elle n’était pas fiancée. De ce qu’il constatait, elle n’avait pas le tempérament le plus explosif au monde, elle faisait même des concessions puisqu’elle venait alors qu’elle n’en avait pas envie. Même si, bien sûr, ce n’était pas un exploit, Grigori était l’exemple même de la personne faisait des concessions, mettant ses désirs et ses envies de côté pour faire plaisir, sans que ça fonctionne d’ailleurs. Qu’est ce que les parents de Kiara faisaient bon sang, elle n’avait pas l’air trop stupide, il ne comprenait pas.

Arrivé au niveau du bar qu’il avait choisi, un bar peu connu, peu fréquenté. Le gérant étant tout ce qu’il y a de plus louche, Grigori étant le premier à le reconnaître. Ce n’était cependant pas un hasard s’ils étaient là, ce n’était pas le premier sur leur route. Non ce n’était pas pour la stresser, ni pour qu’il lui arrive des bricoles et qu’il lui sauve les fesses, passant ainsi pour un sauveur, non, vraiment pas, il n’était pas ainsi. En venant ici néanmoins, il savait qu’il n’y aurait aucun étudiant, aucune personne sensée en dehors d’eux. Ils ne seraient alors pas dérangés et aucun risque que quelqu’un vienne pour parler à Kiara et tout faire planter.

Il ouvrit donc la porte, restant indécis quelques secondes. Une fois encore, ça se bousculait dans son esprit, son envie première était d’avancer, se fichant pas mal de tenir la porte à une fille. Et pourtant, c’est bien ce qu’il fit s’effaçant pour la laisser en premier, même si ça lui laissait un goût amer en bouche. Quel effort ne faisait il pas là. Ils rejoignirent ensemble leur table propre, hé le bar n’avait pas non plus tout faux. Par contre, Grigori était clairement incapable de se soumettre à ce point et de lui écarter la chaise, la laisser s’asseoir en premier, rien du tout, il s’installa sans se poser plus de questions que ça. Il allait poser sa première question, ou plutôt lui dire qu’il l’écoutait sauf que le gérant vint poser les cartes et restait planté à côté d’eux le temps qu’il choisisse. Ah non mais les astres étaient contre Grigori qui prenait difficilement son mal en patience. Une fois la commande faîtes et les verres arrivés en moins d’un clignement d’yeux… Vraiment personne dans l’établissement. Grigori posa un regard sur sa camarade. « Je t’écoute. »

Etait ce un reproche ? Pourquoi se perdre en tergiversions s’il pouvait aller droit au but ? De plus, vu qu’elle semblait vouloir rester avec lui le temps d’une question et d’une réponse, elle aurait presque pu croire qu’il faisait tout pour écourter ce tête à tête et lui permettre de vaquer à ses occupations de filles.
C’est bien ce qu’il avait demandé en effet, Grigori ne hocha pas la tête pour autant, ça ne ressemblait pas à une question, plutôt une manière de rappeler les faits et de s’en servir comme base. Ainsi, ses parents se connaissaient depuis toujours. Ça, merci s’ils étaient sangs purs tous les deux, c’était fort à parier qu’ils avaient dû se rencontrer étant enfant. Ça n’allait pas du tout à l’encontre de ce qu’il avait dit, bon d’accord, Grigori n’avait pas rencontré sa fiancée étant enfant, ou alors, désolée Kiara mais il n’avait pas été marqué par toi durant sa plus tendre enfance. Ils étaient tombés amoureux donc. Grigori passa une main dans ses cheveux, voilà qui n’arrangeait pas ses affaires, impossible de lui faire comprendre quoi que ce soit. Il se répéta les mots dans sa tête, comme si par miracle, ça allait changer leur sens, mais non. Rien n’y faisait, la seule chose qui à la rigueur pouvait être posée comme question c’est comment tu le sais qu’ils sont amoureux mais ça devait se voir. Et elle était convaincue, ça se voyait à sa façon de parler. En gros, elle croyait au père noël et ça à cause de ses parents ne lui ayant rien dit sur les probabilités de tomber sur the sang pur dont on tombait amoureux. Sauf qu’elle continua et même cette conviction qu’il avait, elle la brisa… pas de sang pur obligatoire. Ils s’étaient choisis… indépendamment de leur sang. Ça y est, c’était trop pour Grigori qui cligna des yeux. Est-ce qu’ils n’étaient pas les pires sangs purs au monde à inculquer ce genre de valeur à leurs enfants, mais ce n’était quand même pas compliqué de mentir pour perdurer la pureté de leur sang. Et puis elle en rajoutait une couche, histoire de bien casser les pieds à Grigori qui se retint de lui envoyer un regard noir, ils étaient toujours amoureux… bah c’est cool pour eux. Le problème c’est qu’elle avait ce sourire un peu heureuse lorsqu’elle parlait de cet amour, il n’osa donc pas l’envoyer bouler, pas tout de suite.

Alors qu’il allait s’exprimer, elle le prit au dépourvu, totalement au dépourvu. Les règles, c’est pourtant elle qui les avait fixés, elle répondait juste à sa question et elle se tirait, en gros il avait compris ça ainsi et certainement que dans la tête de Kiara, c’était un peu la même chose. C’était assez clair comme manière de faire, elle voulait bien répondre à une question mais ça s’arrêtait là, elle ne voulait pas passer plus de temps que ça avec lui, et bien que ça le fasse légèrement suer – non en fait ce n’est pas léger, ça l’agace tout particulièrement – il l’acceptait à moitié. Et pourtant, ce fut bien elle qui relança la conversation, sans que Grigori n’ait répondu à ses propos précédents, ce qui aurait pu l’amener à poser d’autres questions, un échange. Là, elle s’intéressait à lui, de son plein gré, ce qui était un peu étrange. En fait cette fille, ça ne faisait même pas une heure il la connaissait, elle le rendait déjà dingue, il essayait de la comprendre mais elle n’aidait pas beaucoup. Néanmoins, il écouta ce qu’elle avait à dire, l’observant, se sentant légèrement jugé mais bon c’était un peu habituel que les gens le jugent donc rien qui ne le déstabilise là-dessous. Est-ce qu’un mariage pas heureux le rendrait heureux lui ? A vrai dire, il ne se posait pas la question, personne ne lui demandait d’être heureux ou non, juste de faire ce qui devait être fait.

Est-ce qu’il était autorisé de la ramener un peu sur terre ? Mais carrément que oui « Je vois, donc je récapitule… Tes parents se sont trouvés enfant, sont tombés amoureux en dépit de tout, même de leur sang et tu rêves de marcher sur leurs traces. » Grigori fit une pause, cherchant les mots dans sa tête « Tes parents, ton modèle, mes parents, mon modèle, il n’y a rien de plus à comprendre. Tes parents sont l’image du couple amoureux, d’accord, si tu le dis, je te crois ça existe. Mais je te pose la question, combien de mariages de sangs purs sont comme celui de tes parents ? » Est-ce qu’il attendait vraiment une réponse, pas du tout, il enchaîna donc « Très peu. Notre sang est la chose la plus importante qui nous définisse, c’est ce qu’on m’a appris. » ça et le fait que si on voulait de la liberté, on se faisait exclure. Grigori voulait de la reconnaissance, pas se faire exclure, il avait travaillé beaucoup trop dur durant toutes ces années pour tout envoyer bouler, tout ça pour du pseudo bonheur, ça ne valait pas le coup. Son vrai moyen d’être heureux, il le connaissait, ce serait à travers le regard de ses parents, pas à travers le regard d’une épouse. Et puis parlons en les Macmillan et leurs questions sur le bonheur elles étaient graves, même combat les deux. La différence c’est que là où l’une avait été catégorique avec son couple de merde… qui devait exister que dans ses rêves en plus. L’autre, au moins, ne prenait pas Grigori pour le dernier des imbéciles et ne se prétendait pas en couple. Son regard dans celui de la blonde, il attrapa son verre, but une gorgée, hésitant un moment sur la suite avant de finalement dire, sans le moindre sourire pour ne pas qu’elle pense qu’il plaisantait, ce qui serait dommage tout de même « Et qu’est ce qui te dit que notre mariage ne serait pas heureux au juste ? » La question était posée, loin d’être innocente et ne servant finalement qu’à une chose, jauger la réaction de Kiara. Raison pour laquelle il avait le regard rivé sur elle, intéressé, intrigué aussi.

Le temps sembla s’arrêter quelques instants, les deux étaient immobiles, leurs regards ne se quittant plus. Alors non, ce n’était clairement pas un coup de foudre, loin de là. S’ils s’observaient c’était pour essayer de comprendre ce que l’autre ne disait pas. Puis finalement, être resté silencieuse quelques instants, Kiara fini par prendre la parole. Et comment dire que ses premiers propos eurent un véritable effet sur Grigori qui eut ce petit sourire empli de fierté, il avait raison, elle n’en savait rien. Ce n’était donc pas un non qu’elle lui disait, non parce que les filles qui disaient non elles étaient quand même beaucoup plus radical, comme par exemple Sélénya qui s’était empressée – sale petite chieuse – de mettre des barrières et de s’inventer un copain. Non Kiara ne disait pas oui, attention, il comprenait bien que c’est pas dans deux minutes qu’il arriverait à lui mettre la bague au doigt… ou alors de force mais bon, il allait essayer une autre technique parce que sinon elle allait lui casser les pieds jusqu’à la fin de sa vie… pire encore elle allait prendre des potions pour pas avoir d’enfants et il aurait fait tout cela pour rien, de quoi rentrer en dépression et au passage être la honte de la famille, donc il allait faire un petit effort avec elle.

Elle reprit la parole et là, tout de suite, hop le sourire disparu… Rabat-joie, ça va il la connaissait bien assez pour savoir qu’elle était enquiquinante et qu’elle avait toujours un truc pour briser les rêves des gens… une chieuse en somme, elle était une chieuse. Bon et elle avait un petit peu raison, voir même totalement raison, il ne connaissait pas son prénom avant qu’elle le lui dise. Il se retint de faire de l’humour noir en disant qu’il pouvait toujours l’appeler ma puce hein, non parce que s’il lui disait ça maintenant, il allait tout faire foirer, alors on évite l’humour sur le fait qu’il s’en moquait bien de connaître son prénom tant qu’elle pouvait faire des enfants et se marier. Il ne dit donc pas le moindre mot ni pour infirmer, ni pour affirmer, ce qu’elle disait, de toute façon, elle savait qu’elle était dans le vrai non ?  


Alors qu’elle se rassure, lui non plus n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle faisait dans la vie sinon c’est sûr qu’études de médecines il aurait grincé les dents. Ce qu’il savait en revanche, c’est qu’elle était dans le vrai, il voulait une sang pure, elle avait parfaitement bien saisi le truc et il arrivait à comprendre le fait que ça ne soit pas pareil de son côté. La faute à ces imbéciles de parents qui gâchaient tout, presque tout.  Il est vrai que c’était un tantinet compliqué leur histoire, si lui voyait le mariage comme le début et elle la fin… pardon non pas la fin, le but à atteindre, ça n’allait pas se passer comme sur des roulettes. C’était quand même compliqué parce qu’elle ne disait pas combien d’étapes il y avait avant le mariage à ses yeux et c’est dingue mais ça sentait le beaucoup d’étapes, beaucoup trop même. Il passa une main dans ses cheveux, réfléchissant à la question, est ce qu’il comprenait vraiment ce qu’elle lui disait. Il comprenait ce qu’il avait envie de comprendre surtout, qu’il pouvait obtenir ce qu’il avait envie s’il la jouait fine et il allait la jouer fine. Il hocha la tête pour montrer qu’il avait parfaitement compris ce qu’elle lui disait et fit même l’effort – si si c’est un effort – de relever le détail qui lui semblait le plus important, limite la seule chose qui l’intéressait lui. « Si le mariage n’est pas heureux, tu ne restes pas, j’ai compris. »

Le seul devoir qu’il avait donc à remplir, c’était de la faire tomber amoureuse… ce n’était pas dur en soi… il pouvait bien lui faire ingurgiter des tonnes et des tonnes d’amortentia, jusqu’à la fin de ses jours mais quelque part, il n’avait pas envie d’agir de la sorte, de choisir la voie de la facilité.  Pourquoi avoir des scrupules ? Parce qu’elle n’était pas intéressée par sa vision des choses, il l’entendait dans sa voix, dans la façon dont elle parlait d’amour et pourtant, elle restait, elle parlait, elle ne repoussait pas. Si elle, alors que beaucoup de choses les opposaient était capable de mettre de l’eau dans son vin chose qui est horrible quand on y pense tellement ça gâche le vin. Il était capable de faire de même, de la faire tomber amoureuse dans les règles de l’art, elle ne perdait rien si elle était heureuse elle de son côté et lui pouvait tout aussi bien l’être s’il obtenait son fils en échange, c’était donnant donnant, il pouvait donc tenter de jouer franc jeu.

Et puis, alors qu’il réfléchissait sur le comment du pourquoi l’emmener à réfléchir sérieusement à ce qu’il avait envie lui, elle semblait décider à lui venir en aide. Elle ouvrit la bouche et par ses mots elle lui offrit la solution sur un plateau. Bien entendu qu’il comprenait qu’elle se moquait un peu de lui et il ne s’en formalisait pas, c’était de bonne guerre et il est vrai que c’était un fâcheux contretemps d’être allé voir l’autre Macmillan avant, en même temps si Kiara jouait au Quidditch aussi bien que Sélénya peut être qu’il l’aurait remarqué. « Combien de points me faut-il obtenir pour tu acceptes de m’épouser ? »

Son regard se posa sur elle, ne la quittant plus pour qu’elle comprenne bien qu’il était tout à fait sérieux. Si elle répondait un nombre à cette question, peu importe le nombre, peu importe la difficulté, il savait qu’il s’y tiendrait. Il ressentait le plaisir du jeu l’envahir. Oui, il ne faisait pas les règles, oui il était totalement dépendant de son bon vouloir et du fonctionnement qu’elle imposait mais il était prêt à se lancer de tout cœur dans la bataille. Même si en vrai de savoir qu’il partait déjà avec des points négatifs à cause de cette garce de Sélénya et bien non, ça ne lui faisait pas extrêmement plaisir.

Elle prenait ça pour une blague. Non mais après, il n’était pas tombé sur la fille la plus intelligente au monde, c’est tout – ce qui n’était pas plus mal attention, ça l’arrangeait bien qu’elle soit con – parce que pour sa part, il n’y avait pas le moindre sourire sur son visage, il se contentait de la fixer, attendant qu’elle tilte qu’il n’était pas vraiment le genre de personne à faire ce genre de blagues, en fait à faire des blagues tout court, ce n’était pas sa qualité premier que d’être le petit rigolo faisant rire les gens. Finalement, elle cessa de rire pour poser la question la plus invraisemblable du monde, lui demandant s’il était sérieux. Elle ne semblait d’ailleurs pas attendre de réponse, oui, elle avait compris, il ne formula donc aucune réponse oralement, son attitude était assez clair à ses yeux et semblait, enfin l’être aux yeux de Kiara.

Ce qu’elle fit durant les secondes suivantes était pour le moins surprenant du point de vue de Grigori qui aurait adoré lire dans ses pensées pour l’occasion. Elle avait un léger sourire qui ne donnait aucun indice sur ce qu’elle pensait, se contentant d’aller fouiner dans son sac. A moins qu’il ne se lève pour voir ce qu’elle cherchait, il était bien obligé d’attendre. Apparut petit à petit sur la table, entre leurs consommations une plume, un encrier et du papier. Ah non mais il était complètement perdu, qu’est ce qu’elle faisait au juste. Lorsqu’elle s’adressa à lui pour lui demander une minute, c’est hésitant qu’il répondit « Pas de problèmes. » Oui alors si elle s’était expliquée, l’attente aurait été sûrement plus agréable. Elle venait de sortir son livre et il l’observa l’espace de quelques secondes mais quelle bête l’avait piqué ? Est-ce que c’était vraiment le moment de recopier ses cours et puis d’abord cours de quoi. Il se pencha pour regarder, mais si c’est naturel de vouloir voir ce qu’elle faisait, sauf qu’elle se mis dans une position pour qu’il ne puisse rien voir du tout. Qu’est ce qu’il avait dit déjà, qu’elle était chiante… et bah ça se confirmait. Il posa son coude sur la table, adieu les bonnes manières que les parents lui avaient appris pendant des années, il posa sa tête sur sa main, observant le visage de Kiara et ses mimiques tandis qu’elle écrivait, qu’elle réfléchissait. A cet instant, il avait parfaitement conscience qu’il n’existait plus du tout, ce qui était terriblement frustrant, il détestait être ignoré. Est-ce qu’il devait lui poser la question pour savoir ce qu’elle faisait, il s’apprêtait à lui demander sauf que c’est à cet instant qu’elle cessa d’écrire, levant ses yeux de sa feuille pour le regarder lui et fournir une réponse à sa question précédente.

Il y eut un léger moment de flottement où l’esprit de Grigori disjoncta. Il analysait, les minutes – oui parce qu’une minute, elle avait débordé sur la minute hein la pitchoune – qui venaient de s’écouler avaient été utilisé pour faire un calcul de points. Il eut ce petit sourire victorieux tandis qu’elle commençait à ranger ses affaires, 5000 points, mais ça allait prendre quoi… deux mois grand maximum, il allait l’avoir avant la fin de l’année sa femme. Bon, il n’avait pas vraiment le barème pour gagner des points mais de la même façon qu’il avait toujours su se débrouiller pour en gagner avec les coupes des quatre maisons et avant cela à Durmstrang, il savait qu’il n’aurait aucun mal à les récupérer les points. Sauf qu’aussi rapidement qu’elle faisait naître l’espoir chez Grigori, elle décida de l’achever tandis qu’elle rangeait ses affaires. C’est d’ailleurs ça le pire, elle disait ça naturellement comme si c’était un détail et puis alors bonjour l’escroquerie. Ah non là c’était trop pour qu’il se taise « Quoi ?! 500 points en moins et tu oses dire que tu es gentille ? Non mais t’as la bonne définition du mot gentille c’est tout ! » Ah c’était foutu, il râlait « Non mais attends, qu’est ce que ça peut faire que j’ai fait une demande à ta casse burne de sœur ? Puis d’abord, elle ne pouvait pas la fermer celle-là ? » De très mauvaise foi et il en avait bien conscience, il rajouta « Non mais si encore je l’avais baisé, je dis pas ils seraient peut être mérité, mais là, vraiment pas. C’est beaucoup 500 points, t’es sûre que tu ne voulais pas dire -5 points ? » La négociation il n’y a que ça de vrai. Par contre, ça allait lui poser problème le fait qu’elle fasse sauter des points sur des trucs antérieurs à aujourd’hui. Disons qu’il avait pleinement conscience de pas avoir été un ange les trois quarts du temps et que si elle fouinait un petit peu dans son passé, ne serait-ce qu’en parlant à sa sœur aux fréquentations plus que douteuses, il allait perdre bien plus que 500 points. Il valait peut-être mieux faire le dos rond à cet instant. Il réfléchit quelques secondes, pesant le pour et le contre. De toute façon, ce n’est pas comme s’il avait vraiment le choix s’il voulait arriver à ses fins, rien ne l’obligeait à participer et elle le savait très bien « Vas pour les -500 points. Je veux bien jouer selon tes règles, je sais maintenant qu’il est ultra facile de perdre des points, c’est pas vraiment le côté du challenge qui m’intéresse le plus ne te déplaise, comment je fais pour en gagner au juste ? »

En disant cela, il se rendait compte qu’il y avait un léger détail sur lequel il allait devoir revenir au risque de se faire arnaquer. Il tendit la main vers celle de Kiara qui tenait la plume « Je veux une garantie que je ne fais pas ça pour rien. Que tu restes maîtresse des points que tu mets et que tu enlèves, je l’accepte, je te laisse les pleins pouvoirs à ce sujet. En revanche, si j’ai mes 5000 points. » Il était mignon avec ses si, c’est sûr qu’il allait les avoir.  « Je veux être sûr que tu ne te défileras pas.  Engageons-nous à respecter chacun notre parole, par écrit, si ça te convient, bien sûr. » D’un geste de la main, il l’invita à lui prêter sa plume et le papier, bien conscient que ça n’avait pas de valeur juridique, mais bon déjà s’engager à signer quelque chose, ce n’était pas un acte anodin, si elle hésitait, il pouvait se dire qu’il valait mieux être prudent, c’est qu’elle avait envie de la lui faire à l’envers. Il réfléchissait aussi au fait qu’il fallait qu’il demande que les actes s’étant déroulés avant leur rencontre, en dehors des points qu’il se faisait sucrer à cause de cette espèce de garce qui parlait trop de Sélénya, purée mais ces gens qui se confient, c’est insupportable, soient les seuls points qu’il perdait.

Que dire de la voix de Kiara en cet instant, lui, il était habitué à ce que les gens haussent le ton lorsqu’il s’agissait de  montrer leur mécontentement, par conséquent, elle le déstabilisait totalement en parlant calmement, en le fixant. Pas une seule seconde son regard ne se détournait de lui et il avait bien conscience que ça ne lui avait pas plu. Mais bonjour le travail à faire sur lui-même pour ne pas l’envoyer chier directement, oulalah qu’il n’aimait pas cette façon de devoir la mettre au même statut que lui. Il se retint réellement de dire que si 500 points pour sa sœur, qu’elle le veuille ou non, c’était énorme, comprenant bien que ce n’était pas le moment. Il évita aussi de la ramener sur les potentielles filles qu’il avait possiblement demandé en mariage, sentant que de dire ça va t’es la troisième, ça passerait difficilement. Ce qui passa ultra difficilement ce fut le fait qu’elle était carrément en train de l’engueuler, d’accord sa voix restait calme et elle n’haussait pas une seule seconde le ton sur lui mais elle n’en avait même pas besoin. Dans le regard du jeune homme, certainement qu’elle pouvait lire tout un panel d’émotion, l’envie de l’envoyer chier, l’agacement d’être pieds et poings liés et de devoir se soumettre, bien malgré lui, à cette demoiselle qu’il avait face à lui. Comprenant malgré tout assez bien que c’était un point sur lequel il n’avait pas et n’aurait jamais son mot à dire, il ne répondit rien, se contentant de mémoriser le fait qu’il avait tout intérêt à éviter d’évoquer la sœur de Kiara quand il serait avec cette dernière, afin d’éviter tout problème. Ne pas critiquer les Macmillan tout simplement, il prenait note.

Mieux valait il ne pas s’appesantir sur le sujet, parler de comment gagner ses points c’était bien plus intéressant. De toute façon, qu’elle ne se méprenne pas, il ne se louperait pas et ferait bien attention à ce qu’elle n’annule pas tout.  Il cligna des yeux en l’entendant dire qu’il devait s’intéresser à elle. Mais il en avait rien à faire lui de la connaître, la seule chose qu’il voulait c’était qu’elle l’épouse, pas de savoir sa couleur préférée, ce qu’elle aimait faire ou faisait dans la vie. Et puis c’est qu’elle en rajoutait une couche  en parlant de son avis, mais qu’est ce qu’il en avait à faire de son avis lui au juste, il voulait ses 5 500 points – maintenant que cette merveilleuse Sélénya lui avait fait perdre déjà du temps – sa femme, ses enfants et puis voilà. Il avait presque envie de lui dire que si elle voulait quelqu’un qui s’intéressait à la personne qu’elle était, il suffisait qu’ils fassent un enfant là tout de suite et dans neuf moi pas de soucis, elle aurait quelqu’un qui n’aurait d’yeux que pour elle. Ouvert d’esprit de ce côté-là, génial, il avait que ça à faire de s’intéresser à elle. Non mais si elle, elle n’avait rien à faire entre les cours, c’était très bien pour elle, mais lui avant aujourd’hui, il était plus que pris. Il relativisait du mieux qu’il pouvait, personne ne l’obligeait à s’intéresser réellement à elle, il s’en moquait même éperdument de mieux la connaître, en revanche, s’il fallait faire semblant afin de gagner des points pour pouvoir l’épouser, bien sûr qu’il allait la coller. Pour ce qui était de ne pas faire de crises, alors là, quelque chose lui soufflait qu’il n’avait rien à promettre du tout à ce sujet-là, pressentant d’ores et déjà que les points qu’il allait perdre, ça n’allait pas toujours être justifié à ses yeux à lui. A travers ses mots, il comprenait néanmoins que le risque était d’en perdre bien plus s’il se plaignait, il allait donc devoir travailler là-dessus. En revanche, si tout ce qu’elle disait depuis le début l’agaçait profondément, parce que ça n’était pas clair à ses yeux, qu’il n’avait pas vraiment de grilles, oh il se doutait parfaitement qu’elle savait exactement ce qui ferait perdre et gagner des points, mais lui il était un peu dans le flou de son côté, ce qu’elle faisait à coup sûr volontairement… non mais une chieuse hein cette Macmillan, il en avait bien conscience. Il n’empêche qu’elle avait raison sur un point, le fait de connaître les points qu’elle enlevait et ceux qu’il gagnait, ça aidait grandement Grigori, il lui suffisait de ne pas faire la même erreur deux fois mais par contre de multiplier les choses qui lui faisaient gagner des points.  Pour montrer qu’il saisissait bien ce qu’elle lui disait, quand bien même il n’était pas d’accord sur tout, il reprit la parole « M’intéresser à la fille que je vais épouser. Passer du temps avec à parler. » Oh purée dit comme ça, il sentait déjà que ça allait le gaver… heureusement qu’à la clé il y avait une épouse parce que bon sang quelle perte de temps. « Ne pas s’énerver quand je perds des points. Je prends note. »

Pour le coup, le fait qu’elle tende la plume rapidement, sans un semblant d’hésitation, ça le fit sourire.  Il avait l’impression – totalement erronée en plus – qu’elle ne se défilerait pas, jamais, qu’elle était réellement partante. D’accord, il devrait faire des efforts, beaucoup d’efforts et il s’en rendait bien compte que ça ne serait pas forcément facile, encore moins évident mais elle était d’accord. C’était cette raison qui fit pencher définitivement la balance, il allait se donner à fond pour que cette fille qu’il avait en face de lui, un jour soit son épouse. Il fallait juste qu’il essaie de le faire rapidement, déjà parce qu’il était très compet et qu’il ne voulait pas donner trop d’avance à son frère mais aussi parce qu’il avait conscience que tout cela ne tenait qu’à une unique condition en réalité, qu’elle ne tombe amoureuse de personnes et ça, ce n’était pas une mince affaire et il n’était pas assez influant – malheureusement – pour empêcher les gens de s’approcher de Kiara donc plus il mettait de temps et plus il y avait de risques que le jeu n’en vaille pas la chandelle, pour elle.