Quoi ? Comment ça s’il lui jetait encore de l’eau ? Il n’avait strictement rien jeté à personne. Et puis jeter de l’eau, c’était totalement puéril comme comportement, Grigori était carrément au-dessus de ça. Bon après, le ton de  la demoiselle n’était pas froid, elle ne semblait pas vraiment sérieuse lorsqu’elle disait qu’elle le ferait regretter si quelqu’un lui versait de l’eau sur la tête. Sans parler de son sourire qui allait dans le sens du fait qu'elle plaisantait. Qu’elle en soit rassurée néanmoins, ce n’était pas l’intention de Grigori que de la mouiller.

Il nourrissait de bien plus grandes ambitions. Ces dernières semaines avaient été pour le moins mouvementées. Un sujet avait réussi à le maintenir éveillé une bonne partie de ses nuits. Il lui fallait une fiancée. Alors oui, il aurait pu attendre que ses parents lui en trouvent une. Après tout, ils avaient bien été capable d’en trouver une pour Dimka. Encore que, il fallait le dire vite ça. Ils n’avaient pas eu à chercher bien loin, il suffisait d’ouvrir les yeux pour se rendre compte de la chose. Bon maintenant, il semblerait que leur… comment qualifier la chose ? entente, ait un peu sombré. Chose que sincèrement, Grigori ne parvenait pas à comprendre. Certaines personnes ne faisaient tout simplement aucun effort, ça devait être usant à la longue.

Si la sang pure avait les yeux fermés lorsqu’elle avait menacé la personne qui lui jetterait de l’eau de représailles, elle avait rapidement ouvert les yeux. C’est mieux lorsqu’on décide de se venger. Polie, elle se redressa pour s’installer sur sa serviette afin de montrer qu’elle était disponible pour une conversation, tant mieux, attendre, ce n’était pas ce qu’il appréciait le plus.
Aucune agressivité dans les propos, ni dans l’attitude de la demoiselle qui souriait. Il avisa la serviette posée à côté de la sienne et d’un mouvement de la tête il questionna « Je peux ? » Néanmoins, il n’attendit pas la réponse. Le droit, il le prenait, tout simplement. Il s’installa donc sur la serviette, prenant bien garde à ce qu’il n’y ait aucun grain de sable sur la surface. Ça allait bien cinq minutes le sable, ça faisait plouc sévère.

Une fois cela fait, il répondit à la question de la sang pure « Je voulais te parler. » Il était donc bien cerné par les gens, n’étant pas un grand bavard, parlant aux gens uniquement lorsqu’il avait besoin de quelque chose. Ce qui pouvait être perçu comme la plupart comme un profiteur en puissance, ce qui n’était pas non plus entièrement faux, utiliser sa salive pour des personnes sans importance, ce n’était pas ce qui le faisait vibrer. Son regard bascula vers l’eau, observant l’espace de quelques secondes les gens perdant leur temps à se baigner avant de revenir se poser sur la demoiselle assise à ses côtés, observant ses cheveux, son maillot et les quelques gouttes d’eaux n’ayant pas totalement séchées. Il y en a réellement qui ont du temps à perdre mais ce n’était pas le moment de faire le moindre commentaire, ce serait totalement contreproductif, voir stupide. Il avait beaucoup mieux et puis certaines choses se régleraient avec le temps. Si les parents de la sang pure étaient trop laxistes, ce n’était pas entièrement sa faute, elle apprendrait.

« J’ai fait le tour des différentes filles appartenant à l’élite de la société ces derniers temps. » Bon au départ il est vrai dans le but de donner la liste aux parents pour qu’ils filent un coup de main mais ça avait pas trop fonctionné, pourtant promis Grigori avait bien écrit, c’était lisible et assez gros mais ils devaient être beaucoup trop occupés avec l’emmerdeur de première et sa fiancée tout aussi emmerdeuse. C’était permis d’ailleurs un couple d’emmerdeur pareil ? ça donnait quoi comme enfant ce mélange ? Sûrement des gamins ne respectant plus les conditions sociales et décrétant qu’ils pouvaient se marier avec n’importe qui… peu importe son sang. Oui, ça fait peur. Quoi qu’il en soit ce qu’il avait retenu c’est que contraindre la fille, ça se faisait, ça oui mais qu’il fallait pas la brusquer de base. Donc il valait mieux, avant de demander aux parents de mademoiselle Sang pure, lui parler.

« Nous arrivons tous à un âge où les parents espèrent que l’on se marie et où les familles font des alliances entre elles. Etant donné que tu es une amie de la demoiselle Greengrass, tu n’es pas sans savoir qu’elle est fiancée. » Est-ce qu’il avait vraiment besoin de dire à qui ? Non, pour que Grigori soit au courant, étant donné que machine n’avait pas le moindre intérêt pour lui, bon en vrai son frère non plus mais il y a des informations, quand ça concerne la famille, qu’il s’y intéresse ou non, il était au courant.

« Je me suis donc dit que je devais faire pareil. Ce n’est pas une mince affaire de trouver » Ouai non dire chaussure à son pied ça allait vexer, oui c’était exactement ça mais allez à coup sûr elle allait être susceptible et puis Grigori avait un peu de mal avec le terme demander pardon… Il était clairement pas fait pour les excuses. Il devait trouver donc un autre terme. « la fiancée idéale. » Et encore, sincèrement, il était sympathique quand il disait idéale, il fallait le dire très vite pour que ça passe. « Beaucoup de filles sang pures sont déjà en couple. » Et là, il évitait de dire que la plupart étaient en couples avec des sangs impurs, non mais elles se respectaient pas du tout les demoiselles. C’était une honte et que les parents laissent passer ça, c’était encore pire. Il y en a qui étaient mortes pour moins que ça. « Mais toi, non, personne, pas de copain. » ni de copine mais ça c’était totalement contre nature, donc il allait éviter de le dire. « Tu es une jolie fille. » Non le problème c’était ses fréquentations mais ça aussi il fallait pas le dire… Beaucoup de choses à taire en fait.
« Sportive. » Ce qui donnerait des enfants sportifs et ça c’est important les enfants sportifs, pas question d’avoir des feignasses. « et tu poursuis tes études, ne t'étant pas arrêté à la fin de la septième année » elle était donc en théorie moins stupide que bien des filles… Quoi que ça ne voulait pas dire grand-chose Alcyone aussi avait fait des études supérieures, c’est pas pour autant qu’elle avait autre chose qu’un pois-chiche dans la tête. « Je me suis donc dit que tu ferais une épouse parfaite. »

Tout était parfaitement bien calculé dans sa tête. Les arguments n’étaient certes pas infaillibles, rien est infaillible mais c’était cohérent. Bref Grigori, même s’il avait mis un peu de temps à se lancer, pour bien être sûr de chaque mot qu’il utilisait, avait fini par sauter le pas et commencer à expliquer, non pas le problème mais la logique de sa réflexion. Il avait même appuyé ses propos en utilisant le potentiel futur mariage de son frère. Alors d’accord, ils n’avaient pas choisi, ça va c’était vraiment un détail aux yeux de Grigori de pas avoir le choix, puis ils avaient qu’à se bouger le cul avant aussi les deux imbéciles.  Sauf que si lui utilisait cet argument pour montrer que ça urgeait un peu de se trouver une fiancée, sinon il allait être hors course pour les enfants, tout ça tout ça, ce qui n’avait pas intérêt à arriver. Sélénya prit la parole. Il n’avait pas fini de parler d’accord, il faisait une pause, pour qu’elle comprenne tout bien, comme les filles ont des cerveaux plus petits et qu’ils arrivent pas à suivre les conversations intelligentes, mais il faut croire qu’elle suivait bien. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est ultra futée et qu’il pourrait tenir des conversations avec elle, juste qu’il s’adaptait parfaitement bien à la jeune fille. Le courant passait bien donc. Il passa beaucoup moins bien lorsqu’elle prononça sa phrase, il aimait mieux quand elle disait juste d’accord.

Qu’est ce qu’elle entendait par profiter au juste ? Sauter toutes les filles pour savoir laquelle lui correspondait le mieux sexuellement ? Non, sans façon, cette compétition ne l’intéressait pas le moins du monde. De toute façon, il ne choisissait pas la future mariée pour ses prouesses sexuelles, uniquement pour son pédigrée et sa capacité à donner des enfants. Il ne voyait pas ce qu’elle sous entendait par là. Le mariage c’était juste la suite logique pour rester dans l’élite et la finalité c’était le fils de sexe masculin, très important le sexe masculin. Et s’il avait deux garçons ? Et bien, là demeurait tout le problème de Grigori, il était partagé entre ce qui était les valeurs familiales et qui laissaient place à une unique personne et ce que lui se rendait compte chaque jour, que parfois, rarement, exceptionnellement, ses parents n’avaient peut-être pas raison sur toute la ligne. Il comprenait parfaitement l’idée que le premier soit le chouchou, il l’acceptait peut-être même un peu, parce que s’il n’acceptait pas que cette idée puisse être possible, c’était toute sa propre personne qu’il remettait en cause et c’était compliqué. Mais est ce qu’il n’était pas possible, de la même façon que les gens avaient deux pieds, deux jambes, etc, d’utiliser ses deux yeux pour voir que le monde ne s’arrêtait pas à un enfant.  Bon après, la question ne se posait pas vraiment si c’était une fille, non mais soyons franc ça sert juste comme un pion les filles, genre un pion blanc qu’on pousserait dans le camp des noirs et pas pour que le pion se fasse prendre rooh, juste pour faire une alliance. Donc voilà, il n’avait pas l’intention de profiter de quoi que ce soit, juste faire ce qu’il devait. Le devoir allait bien au-delà de la volonté d’agir, et cela Grigori l’avait bien compris, trop bien compris même.

Il continua donc ses propos malgré l’interruption de la demoiselle, ne se laissant pas perturber, allant au bout de ses idées. Puis, une fois qu’il eut tout terminé et après reçu un merci, même si en vrai il s’en foutait du merci, lui il voulait un oui mais bon c’est un détail – un détail qui allait avoir son importance dans quelques instants, mais pour le moment, c’était juste un détail. Il attendit donc qu’elle parle, n’eut pas la moindre réaction lorsqu’elle lui dit que c’était gentil. Personnellement être gentil, il s’en moquait, il voulait obtenir, c’est tout. Etonnamment, très rapidement, il sentit que ça n’allait pas exactement se passer comme il l’avait prévu, qu’elle allait le gaver. Comment ça, elle devait l’arrêter tout de suite ? Oui, ça ne sentait pas du tout le oui, ça ne lui plaisait pas du tout. La suite, en revanche, il ne s’y attendait pas du tout. Elle avait quelqu’un dans sa vie ? Grigori s’efforça de se remémorer les rares fois où il avait aperçu Sélénya cette année. Oui bah, faut dire qu’il n’avait pas non plus fait une fixette sur elle. Il n’avait pas souvenir de l’avoir vu une fois avec un mec, ou une fille, non parce que malheureusement, ce genre de chose arrivait aussi, c’est désespérant mais ça arrive. Non, là personne, et contrairement à ce qu’elle disait, ce n’était pas une question d’étaler ou non sa vie privée, c’est juste que là, il y avait un peu beaucoup erreur sur la situation. Forcément, que la première question de Grigori fut la suivante « Tu es fiancée ? » Non mais c’était délirant, et son mec la laissait traîner en maillot de bain sans rien dire ? Il était complètement con t’en fais pas le con l’emmerde aussi. C’était surtout ça le point le plus important, surtout si elle était touchée par sa demande, ça aussi d’ailleurs, c’est un peu comme le fait d’être gentil, qu’est-ce qu’il en avait à faire. Bon si la première phrase était sympathique, le reste n’était pas super. Elle ne se voyait pas épouser quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Il se retint de souffler, difficilement, mais il se retint. Il cherchait comment retourner la chose lorsqu’elle lui tendit une perche, quelque chose dont il ne tarda pas à se servir, dès qu’elle lui laissa l’opportunité de répondre « Et pourquoi je devrais la connaître avant de la demander en mariage, j’ai tout une vie pour apprendre à la » il fit une mini pause, ayant manqué de dire supporter, il reprit après un temps « connaître. Si depuis des générations cela fonctionne ainsi, pourquoi cela devrait-il s’arrêter maintenant ? Pourquoi vouloir changer quelque chose qui fonctionne. Prenons l’exemple du Quidditch, les règles pourraient être modifiées, elles ne le sont pas depuis des décennies, probablement même depuis des siècles. Pourquoi changer les règles des mariages si ça fonctionne très bien ? » Et ça fonctionnait, preuve en est, il existait encore et toujours des sangs purs.

Il se retint de faire le moindre commentaire sur le fait que toutes les sangs pures n’étaient pas prises. Non mais, il n’avait jamais dit ça, mais il n’avait pas envie d’être marié à la grosse moche et con du coin… Déjà qu’il allait devoir se taper une fille qu’il n’aimait pas toute sa vie, il fallait être un peu élitiste et pas prendre la première qui était libre. « A vrai dire, je pensais que c’était toi qui m’attendait. » Ohlala, ce qu’il ne fallait pas dire, elle avait intérêt à dire oui… sinon il allait avoir un peu de mal à s’en remettre de ses gentillesses, qu’elle ne méritait pas forcément.

Pas facile de tout bien saisir du lien de Sélénya avec son copain ou sa copine. Déjà, Grigori se posait vraiment des questions sur le fait que cette personne existait vraiment. Non mais c’était tout à fait le genre des filles de s’inventer une vie, un copain parfait – qui n’existera jamais hein – pour sortir de sa vie monotone et sans intérêt. Ils n’étaient donc pas fiancés, si tenté que la personne existe. La personne était donc totalement niaise, c’était le risque que quelqu’un demande sa copine en mariage avant, merde il était au courant qu’il était avec une sang pure et qu’il y en avait pas des masses de libres, belles, pas trop chiante… quoi que plus les secondes passaient et plus Grigori se disait que Sélénya était ultra chiante, mais par principe hein. Il ne devait pas être sang pur, voilà, cette niaise s’était entichée d’un sang impur et tout de suite c’était beaucoup plus compliqué pour les mariages. Chose qui rendait dingue Grigori, comment on pouvait oublier le sang qui coulait dans nos veines, mettre de côté tout ce que les ancêtres avaient fait depuis des décennies pour aller batifoler avec des trucs impurs, les parents ça encore, toujours des problèmes d’éducations. « Tu serais prête à faire une croix sur la pureté de ton sang parce que tu es amoureuse de quelqu’un au sang impur ? » Dans la voix du jeune homme, les deux derniers mots n’étaient clairement pas sur le même ton, on pouvait ressentir toute son incompréhension et son dégoût envers les unions qu’il appellerait de lui-même contre nature. Même les moldus – et bon sang ce qu’il les méprisait ces déchets de l’humanité – avaient compris tout l’intérêt de la pureté du sang avec leurs élevages d’animaux, s’évertuant à croiser des bestioles de la même race afin d’obtenir des animaux toujours plus parfaits. Si même des gens avec des cervelles de la taille d’un petit pois – et encore – comment Sélénya ne pouvait pas se rendre compte de cela, elle n’était pas plus bête qu’eux, si ?

En tout cas, elle ne croyait pas que des couples arrangés puissent marcher. Y croyait-il seulement de son côté ? Il s’en moquait éperdument, le principal, aux yeux de Grigori ce n’était pas de tomber amoureux, il s’en moquait de cette facette des couples, ce qu’il voulait c’était avoir une épouse et des enfants afin de faire perdurer sa lignée. Il la regarda, s’il n’avait pas envie de jouer au jeu des questions réponses, il s’agissait de ne pas la laisser dans l’ignorance, il lui faisait donc la faveur de répondre à ses questions, elle serait moins bête après comme ça. « Parce que tu as l’impression que les couples durent plus longtemps lorsqu’ils sont bâtis sur ce qu’ils appellent l’amour. Qu’est ce que c’est l’amour au juste ? Des pulsions et une envie de se taper l’autre ? Ce n’est pas de cette manière qu’un couple durera longtemps. Au bout d’un moment, comme pour tout l’envie s’évaporera et il ne restera rien. Autant ne pas se voiler la face, non l’amour ne dure pas éternellement. Un mariage arrangé c’est éviter de se mentir à soi et à l’autre en prétextant un amour qui brisera tout sauf la mort. »

L’autre réflexion était plus intéressante. Que se passerait-il si effectivement, il ne supportait pas son épouse. Durant quelques secondes, il observa l’eau, réfléchissant sérieusement à la question, son envie première c’était de dire qu’il la briserait, s’il ne la supportait pas, c’est qu’elle se comportait mal, il ne tenait qu’à lui de la forger tel qu’il la souhaitait. Il ne voulait pas de combats, ça c’était une certitude mais il y avait aussi autre chose à prendre en compte et c’est cela qu’il décida de partager à haute voix « Il faut un temps d’adaptation, comme pour tout. » Il esquissa un sourire, décidant de se servir de l’amour, pour une fois « On ne tombe pas forcément amoureux au premier regard n’est ce pas ? Pourquoi un mariage ça devrait être parfait dès le début ? J’apprendrais et elle aussi. » Voilà et ça complétait sa pensée précédente, s’il fallait qu’elle apprenne avec des coups et bien soit, elle apprendrait avec des coups.

Crépita dans le regard du jeune homme, une lueur d’agacement lorsqu’elle ne céda pas vraiment, pour ne pas dire pas du tout, à ses mots. Elle ne l’attendait donc pas, en même temps, l’inverse aurait été étonnant, il s’en rendait bien compte. Il n’empêchait pas le fait qu’elle était une sacrée emmerdeuse, c’est pas possible.  Elle se rendait bien compte que c’était quand même ultra chiant de se chercher une épouse et elle, elle cassait les pieds « C’est bien dommage. » Ce qu’il retenait de cette conversation, c’est qu’il avait tout intérêt à apprendre de son erreur. Il n’y a que ceux qui n’essaient pas qui n’échouent pas. Lui il pouvait apprendre que de demander à une fille directement, ça ne passait pas. Peut être mieux valait il demander directement aux parents. Pas une seule seconde n'effleura son esprit le fait que la manière la plus simple de se marier, c’était encore de tomber amoureux… et de faire tomber amoureuse la fille, cela va sans dire. Non, ce genre de pensée étaient à des années lumières des calculs que Grigori faisait dans sa tête.

Il y avait quelque chose qui chagrinait Grigori dans cette histoire. En plus du fait qu’il s’était planté visiblement quant au fait que Sélénya était célibataire. Se faire repousser à la rigueur, il s’en moquait, il n’était pas épris d’elle. Certes, il aurait préféré tomber directement sur le sang pur prête à être épousé plutôt que de revoir ses ambitions à la baisse. Néanmoins c’était toujours moins grave à ses yeux que d’être en train de se dire qu’il venait de demander sa main à une fille qui était en couple avec un machin impur… Ahlala mais passer derrière un gars au sang impur, mais c’était un truc à faire des cauchemars la nuit. Alors oui, il avait parfaitement conscience qu’il était insupportable à ce sujet, c’était plus fort que lui, il n’accepterait jamais le fait qu’un sang pur puisse avoir plus d’importance que lui. Fort heureusement pour l’égo démesuré du Dimitrov, Sélénya répondit à la question en sous entendant assez clairement qu’elle était éprise d’un sang pur, enfin un peu de bon sens en la personne de Sélénya, il était persuadé avant cela qu’elle était complètement débile ou qu’elle ne se rendait pas compte du privilège qu’’elle avait en étant sang pur et que ce privilège, il ne fallait pas le gâcher en sortant, se fiançant, épousant, un sang impur.

Si elle était avec un sang pur – ce qui est ultra important -. Elle avait décidé de répondre à la question qu’il venait de lui poser et alors qu’il espérait qu’elle ait un semblant de bon sens, ce n’était pas du tout le cas. Comment elle pouvait dire ce genre de choses. Pourtant, aussi tordu que pouvait être l’idée même qu’une sang pure puisse tomber amoureuse d’un sang impur, il arrivait à comprendre cette recherche du bonheur. Chacun le cherchait différemment après tout. Il se contenta donc de demander, tout à fait sérieusement, essayant de relier comme il le pouvait leur vision, très différente du monde, des couples et des alliances. « Je vois. Ne vaudrait-il mieux pas attendre que la personne nous rendant heureuse soit du même sang que nous, ne pas mélanger les cygnes et les canards estropiés. » Peut être qu’il n’aurait pas dû dire estropié, tout de suite, ça faisait très négatif. Mais en même temps c’est aussi ce qu’il pensait et puis vu que cette espèce de débile de Sélénya avait décidé de filer le parfait amour avec son fantôme, il n’avait pas besoin de rentrer dans ses bonnes grâces.

Qu’ils ne soient pas d’accord, cela semblait être quelque chose de récurrent avec eux deux. Il se contenta d’attendre la suite des propos parce qu’elle allait argumenter, sinon autant garder sa bouche close. Le moins que l’on puisse dire c’est que la façon dont elle décrivait les choses. Grigori ne l’avait jamais expérimenté du tout, à aucun moment et alors il n’avait pas mais alors pas du tout envie de l’expérimenter. C’est quoi ce truc qui rendait complètement barré… ah ça expliquait beaucoup de choses tout d’un coup. Il n’avait pas du tout envie de faire passer ses envies après celles de quelqu’un, si c’était vraiment ça l’amour, le fait de se sacrifier pour quelqu’un mais jamais de la vie il tombait amoureux hein. Ah oui non mais d’accord facile à dire, il n’empêche que dans son esprit en cet instant, il se disait que s’il commençait à sentir le moindre sentiment de ce type, le moindre doute, il tuait lui-même la personne lui faisant ressentir ça. Il préférait carrément rester seul que de ressentir une espèce de confiance débile sortie de nulle part pour la dernière des empotées. Non mais un peu de rationnalisme, ça ne devait pas exister, voilà c’est ça, c’était les histoires qu’on sortait aux jeunes filles pour qu’elles attendent le prince charmant et qu’elles aient l’impression qu’il existe quand, enfin, un gars s’intéressait à elle. Voilà, tout s’expliquait. Il ne rajoute donc rien sur le fait qu’elle allait devenir vieille fille avant d’avoir trouvé cette âme complémentaire à la sienne, n’ayant pas du tout envie qu’elle lui prouve par A + B qu’elle l’avait trouvé, oh non sinon bonjour la niaiserie. Il se contenta de lui dire « J’espère pour toi que ça suffira à fonctionner pour toi. » Il n’avait pas besoin de lui souhaiter du malheur, ne la détestant pas, de plus au final elle se marierait avec un sang pur, aurait des enfants sangs purs et peut être qu’il pourrait la faire chier dans quoi…vingt ans… trente allez, pour marier leurs enfants ensemble.

Tandis qu’elle lui souhaitait que ça fonctionne comme il le voulait. Il esquissa un sourire avant de reconnaître, un brin amusé « Et par pitié, ne jamais ressentir ce que tu as décrit, c’est la chose la plus flippante que j’ai entendu de ma vie. » A sa remarque sur sa fidélité à la personne avec qui elle était en couple, il demanda le plus sérieusement du monde « Pourquoi ne pas l’épouser lui alors. Si tu ressens des choses assez fortes pour ne pas vouloir épouser un autre que lui. A quoi ça sert d’attendre ? » Il avait besoin de renseignements à ce sujet, ne comprenant pas l’intérêt de faire durer la période pré fiançailles. Ce n’était pas mieux de se marier rapidement ou alors il était le seul à penser ainsi ?

Quant au fait qu’une autre était en train de l’attendre. Il n’en savait rien, il n’était pas certain qu’il existe sur cette planète une âme complémentaire à la sienne. Il ne voyait pas une personne sur terre qui ne serait pas capable de trahir toute la confiance qu’il plaçait en elle quand l’occasion se présenterait. Le concept même d’âme sœur lui était complètement inconnu, pas qu’il ne connaissait pas le terme mais il se rendait bien compte que la nature de l’être humain était telle qu’il ne fallait confiance à personne. « Et bien, elle ferait mieux de se dépêcher si elle existe parce que je ne l’attendrais pas moi de mon côté. Je n’ai pas vraiment le temps. » Il avait même l’impression de jouer contre la montre et le problème c’est bien que le temps, il n’avait pas d’emprises sur lui et il était obligé de vivre avec. Donc la potentielle âme sœur – qu’il n’avait d’ailleurs pas du tout envie de rencontrer soyons franc – elle avait intérêt à se bouger le cul pour deux.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y avait une véritable conversation. Ce n’était pas la plus agréable du monde, parce que Grigori avait cette fâcheuse tendance à se dire que sa façon de penser c’était non pas la meilleure, ce qui était déjà bien chiant, mais la seule façon de penser. Pas simple dans ces conditions d’avoir une conversation, encore plus quand la personne avec qui il conversait, était une fille. Et pourtant, pour une fois, alors qu’il aurait eu toutes les raisons du monde d’être grognon, il discutait et il réfléchissait aux questions qu’elle lui posait, réellement, ne balayant pas ses arguments d’un geste de la main en se disant qu’elle le gonflait, alors oui, elle le gonflait dans le sens où le fait que ses réponses à lui ait besoin de réflexions prouvait tout de même que les mots qu’elle disait faisait sens. Il aurait pu lui mentir, ça aurait été facile mais il prit le parti de reconnaître les choses, ça ne lui desservait pas, il n’avait donc pas d’intérêt à mentir. « Je n’en sais rien, peut être qu’on ne tombera jamais sur le sang pur pour qui l’on éprouverait de l’amour. » son mot amour correspondant plus à de la tendresse qu’à de l’amour aux yeux de Grigori d’ailleurs. « et dans ces cas-là, peut être un mariage arrangé serait utile, tu ne penses pas ? » Il tentait de mêler les deux types de pensées, ce qui n’était pas toujours évident. Sa seconde question le fit froncer les sourcils, s’il était tenté de dire non, ce n’était pas injuste, il savait très bien que si, ça l’était et la seule chose qu’il pouvait répondre à cela en toute honnêteté « Si, ça l’est, je suis d’accord, ça l’est. Mais tout est injuste dans la vie. Pourquoi il arrive à certains des merdes alors que d’autres ont toujours de la chance, pourquoi certains enfants perdent leurs parents quand d’autres ont les deux ? Pourquoi certains parents font des préférences ? Pourquoi l’homme est plus fort que la femme d’un point de vue force physique ? Le monde dans lequel on vit est injuste. Soit on le prend comme il est et on se sert des avantages que l’on a, soit on se plaint et on se fait bouffer. » Il la regarda dans les yeux « De mon point de vue, je préfère carrément passer à côté d’une pseudo histoire d’amour avec une sang mêlée que d’avoir ma famille qui me tourne le dos. Et toi ? » Il esquissa un sourire avant de rouler des yeux « J’ai bien compris que ta famille se fichait éperdument du type que tu ramenais. Mais s’ils ne s’en foutaient pas ? Que ferais-tu ? » Il s’arrêta, réfléchissant « Non la vraie question ce n’est pas ça, la véritable question c’est placerais tu tes sentiments pour une personne, une seule personne, alors que tu n’es même pas sûr que ça va durer, au-dessus de tout une famille, de ton devoir ? »

Si c’était aussi horrible que ça Grigori hésita à dire que même faire des cauchemars ce serait mieux. Cet amour, il n’en voulait pas, il voulait que ça lui glisse dessus comme l’eau sur les écailles d’un poisson. S’il ne répondit pas oui tout  de suite, c’est parce qu’il cherchait comment expliquer le fond de sa pensée et finalement, elle l’évita à penser à quelque chose d’autres. Il hésita avant de se confier, parce que ça la concernait pas, réellement pas en plus, parce qu’il n’avait pas spécialement envie de se confier, mais ils ne se reparleraient probablement jamais, ce n’était qu’une discussion entre parfaits inconnus, il pouvait tout aussi bien être sincère. « ça va toujours dans un seul sens. Quelle certitude j’aurais que ce n’est pas comme à chaque fois une tentative pour me planter un couteau dans le dos. » Il relativisa « Enfin personne ne m’a réellement planté de couteau dans le dos, c’est vraiment une image. » Déjà parce qu’il était prudent, ne tournant pas vraiment le dos aux gens, à aucun moment, tenant un peu beaucoup à sa vie et ensuite parce que la personne qui arriverait à lui planter un couteau… s’il était encore là pour en parler, c’est qu’il était venu exploser la tronche de cette personne, ah mais réellement, il l’aurait étranglé de ses mains, sans pression. Faut-pas déconner. « Je ne veux pas prendre le risque de faire à nouveau confiance à quelqu’un si c’est pour que la personne me trahisse. Voilà de quoi j’aurais peur. » Les trahisons, ça le connaissait, il trahissait, il se faisait trahir alors autant éviter que ce soit par une personne pour qui son espèce d’andouille de cœur tomberait en extase… crétin de cœur.

De la même façon qu’elle essayait de comprendre sa manière de fonctionner, il essayait de comprendre aussi celle de Sélénya et le moins que l’on puisse dire, c’est que si lui jouait franc jeu… elle ne faisait pas du tout la même de son côté, non parce que ses réponses étaient quand même sacrément vaseuses, en tout cas la première, la seconde ça allait même si pas sûr que la réponse de Grigori allait convenir « Cela va sans dire, il suffit d’arrêter ses études et tu peux tomber enceinte. » non mais après chacun ses priorités, si elle ne pouvait pas faire les deux, ce qu’il comprenait bien sûr, le devoir de donner des enfants à son mari prenait le dessus. « A quoi ça va te servir un diplôme si au final une fois mariée avec ton sang pur, tu dois être à la fois mère, celle qui dirige sa maison, une épouse avec tout le tralala aimante et aimée. Tu n’auras plus besoin de travailler, est ce que tu ne perdrais pas un peu ton temps ou alors retarde l’inévitable ? Parce qu’au final ce que tout le monde veut c’est une descendance. »

La suite de la discussion l’emmenait au vrai problème, à l’élément déclencheur de toute cette histoire… le fait que son frère soit fiancé, forcément que maintenant, Grigori n’avait d’autres choix que de se lancer à son tour dans la compet… sans aide et en même temps vu le fiasco des fiançailles Dimka et Alcyone, peut être qu’il n’était pas certain de vouloir de l’aide, il allait se débrouiller tout seul. Il fallait juste récupérer quelqu’un avec un plus grand sens de l’honneur que Sélénya… ça ne devait pas être trop compliqué. Il se contenta de la regarder et de lui sortir avec la même hypocrisie qu’elle lui avait sorti quelques minutes auparavant « Des fois, la vie ne nous laisse pas forcément le choix.  » Voilà, elle voulait qu’il joue franc jeu, l’inverse était tout aussi vrai, elle ne pouvait pas lui demander des choses personnelles si derrière elle était seule à avoir des confessions.