Elle devait se concentrer sur eux. Leur survie. Occulter les cris, les corps qui tombaient au sol et la violence qui explosait devant ses prunelles écarquillées. Si Hestia laissait tout ça l’atteindre alors elle ne pourrait jamais s’en sortir. Chaque scène se gravait sur sa pupille, promettant de ressurgir ultérieurement mais pour le moment elle mettait un rempart entre l’horreur et sa conscience, s’en remettant totalement à son instinct de survie. Alcyone était blessée, ils devaient bouger, se mettre à l’abri, n’importe quoi qui pourrait les sortir de ce cauchemar.

Sauf que les assaillants étaient partout. Dimka s’était à peine accroupi à ses côtés pour aider Alcyone qu’il se faisait emporter par un membre du Blood Circle. Saisie d’un cruel sentiment d’impuissance, Hestia le vit se faire passer à tabac. Elle voulait aider son ami, mais elle ne pouvait pas abandonner la Greengrass qui avait besoin de soins. Son regard affolé passait d’Alcyone à son ami, elle ne savait plus quoi faire. Voir Adèle aux prises avec un autre de ces monstres fut un électrochoc. Son hurlement lui glaça le sang, Hestia ne pouvait pas laisser ses amis souffrir sans rien faire. Elle pressa ses mains sur celles d’Alcyone pour lui intimer de compresser la plaie et saisi sa baguette. L’assaillant de Dimka s’envola presque aussitôt, Hestia ne regarda même pas où il atterri. « Lâchez-là ! » Cria-t-elle à la femme qui s’en prenait à Adèle. Un stupefix la toucha en pleine tête et elle s’effondra.

Jugeant que la française avait l’air d’être en meilleur état que Dimka, Hestia se précipita vers elle, écartant la moldu inconsciente d’un coup de pied. « Adèle ! » Elle se laissa tomber à genou devant son amie. Ravalant la terreur qui lui nouait la gorge, elle l’attrapa par les épaules et la secoua un peu. « Reste avec moi Adèle ! J’ai besoin que tu restes avec moi, okay ?! » Hestia était rude avec Adèle mais il en allait de leur survie. Elle ne pouvait pas gérer ça toute seule, elle en était incapable, pas avec ses amis blessés autour d’elle. Heureusement, le regard embrumé de la blonde retrouva un peu de clarté.

Laissant Adèle reprendre ses esprits, Hestia se releva. Vacillante, le cœur battant à tout rompre, elle forma un cercle rapidement autour de ses camarades, murmurant un Repello moldum qui tiendrait les moldus à l’écart. Puis, elle se tourna vers ses amis et leur jeta un sortilège de désillusion avant de s’en appliquer un à elle-même. « Ça devrait nous faire gagner un peu de temps. » Ainsi parés les moldus commençaient à passer autour d’eux sans les voir, les évitant même machinalement. Hestia poussa un soupir de soulagement, elle ignorait combien de temps les sorts tiendraient mais pour le moment ils avaient gagné un répit. « Comme si j’allais te laisser là. » Grogna-t-elle à Dimka. Il était salement amoché mais ne semblait pas en danger immédiat alors elle l’aida à rejoindre Adèle pour qu’ils puissent s’entraider. Tremblante, repoussant l’état de choc qui menaçait de la paralyser, Hestia retourna aux côtés d’Alcyone et posa une main sur sa plaie et l’autre sur sa taille pour l’aider à se relever. Maintenant ils devaient trouver un moyen de se mettre à l’abri. L’instinct de survie, c’était tout ce qu’elle écoutait, sinon elle ne pourrait jamais avancer.

CODAGE PAR AMATIS

Est-ce que ses sortilèges fonctionnaient ? Hestia n’en avait pas la moindre idée. Elle n’avait pas pris le temps de vérifier, d’ailleurs elle n’avait pas non plus pris le temps d’y réfléchir quand elle les avait lancés. Elle s’était contenté de se laisser porter par son féroce instinct de survie et avait bien l’intention de continuer ainsi jusqu’à ce qu’elle et ses amis soient sortis de ce cauchemar. Ce n’était pas le moment de réfléchir, si elle se laissait atteindre par ce qu’il se passait autour d’elle alors elle finirait paralysée par la terreur et ils seraient tous condamnés. Elle était la seule encore indemne, ce qui voulait dire qu’il était de sa responsabilité d’aider ses amis, elle ne pouvait pas faillir à une telle tâche. Elle n’avait pas le choix, elle n’en avait pas le droit. Heureusement, les sorts semblaient bel et bien fonctionner. Aucun projectile ne vint siffler à ses oreilles et les moldus s’étaient mis à les contourner, même quand ils regardaient dans leur direction ils ne paraissaient pas les voir.

Tout en marmonnant des paroles qu’elle voulait encourageantes à Alcyone pour la maintenir consciente, Hestia l’entraina aussi vite que possible vers les fenêtres du réfectoire, jugeant que les portes étaient trop gardées pour qu’ils puissent passer. Derrière elle, la Serpentarde pouvait sentir la présence de Dimka et Adèle, malgré leurs blessures ils parvenaient à suivre tant bien que mal et elle s’efforça de tirer du réconfort de leur présence. La verte occultait tout le reste, les cris, les détonations, les personnes qu’ils bousculaient dans leur fuite et ceux qu’elle voyait tomber pour ne plus se relever.

Hestia comprit que ses sortilèges avaient cessés de fonctionner quand elle sentit une main se saisir brutalement de son bras. Elle voulut se dégager mais puisqu’elle devait soutenir Alcyone elle ne put rien faire. Impuissante, elle vit un moldu refermer un lourd bracelet sur son poignet gauche. Son sang se glaça immédiatement, elle savait que ce que ça voulait dire, l’horreur de la situation la fit trébucher. Elle voulut ruer, frapper l’homme, mais il était déjà loin. Ravalant l’impression qu’elle allait être malade, Hestia serra les dents le regard fixé sur les fenêtres. « On continu. » Grogna-t-elle, implacable. Elle ne pensait plus à rien d'autre que leur fuite, ce n’était pas le moment de se laisser écraser par l’horreur de la situation. Elle ne pouvait pas s’effondrer, pas maintenant, elle devait être forte, si ce n’était pas pour elle ce devait être pour ses amis. Il y eut un bruit sourd, rapidement suivi par un nuage de poussière. Instinctivement, elle se baissa pour se protéger, forçant Alcyone à suivre le mouvement. Hestia sentit une main se poser sur son bras et elle croisa le regard d’Adèle avant que ses prunelles ne soient attirées par autre chose. Elle prit une profonde respiration, un peu difficile et sifflante, en comprenant que les renforts venaient d’arriver. Enfin cet enfer allait prendre fin.

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