( Rien n'sera plus comme avant ∞ Il est tant d'aller de l'avant )
Un peu plus d’un an. J’ai pas eu le courage jusque là. Les évènements ces dernières semaines m’ont retourné. Il y a trop de tombes dans le cimetière de Tivoli. Trop qui enferment en leur écrin des gens que j’aime. «
Je voulais revenir. J’en avais le besoin. Me rapprocher de toi. Comme si observer cette putain de pierre tombale me faisait me sentir à tes côtés. Je la déteste. Je te déteste d’être parti. Parfois j’en viens à regretter que tu ne sois pas rester en fantôme, pour égoïstement, t’avoir à mes côtés.
Et je suis là. Je regarde ton nom et ces foutues dates. 1993 - 2018. Ca devrait même pas être possible. Ce nom au dessus de ces dates. Ces épitaphes pour toi. Ses fleurs, ses plaques. » Je porte à mes lèvres une liqueur de dragon. Une qui brûle. Comme il les aimait. «
Je vais vomir mes tripes mais ce ne serait pas une soirée avec toi, si ce n’était pas le cas, non ?
Tu me manques. Tout. Ton sourire, ta présence réconfortante, rassurante. Ton humour, tes moqueries. En partant, tu m’as laissé un vide que je ne parviens pas à combler. J’ai mal. Encore. Toujours. Je crois que je suis soûle. Ca tourne autour de moi. Il fait nuit. Je suis rentrée dans ce cimetière en passant par dessus le mur. N’importe quoi. N’importe quoi avec toi comme toujours. J’arrive pas à passer ce cap. Tu sais, celui où le gens te disent : ça ira mieux. C’est faux. Je pense toujours à toi. Et si tu me faisais un peu de place. »
D’une main je pousse quelques plaques et m’assoie sur sa nouvelle demeure. «
Tu en veux ? » Je laisse quelques gouttes de la bouteille s’échapper sur la tombe. «
A la tienne. Je suis remontée. Enfin, j’ai pas eu le choix. C’était ça, ou mourir. Je suis remontée avec le Evans. J’ai pleuré comme une fillette. Tu te serais fichu de moi. Pourtant dès que je pose mon cul sur une moto… C’est toi que je vois. Cette putain de ceinture. C’est ton corps sans vie sur le mien. Andrea… » Je retiens les larmes qui perlent aux bords de mes prunelles. Un instant j’observe le alentour. Silencieux, désert. Bercé par le ciel étoilé. Sans le vouloir, je porte la main sur le tatouage réalisé par Luca en l’hommage d’Andrea. Le symbole de l’homme, dont la pointe en flèche se transforme en un A. Comme son initiale. Comme nos initiales. Je prends encore de longue rasade d’alcool avant de me laisser tomber sur la plaque de marbre. Allongée sur le dos, j’observe les étoiles qui nous surplombent de toute leur beauté. Mes entailles se serrent. J’ai envie de pleurer. De hurler. Je voudrais le faire revenir. Le prendre une dernière fois dans mes bras. Profiter encore un peu de son odeur, de ses yeux pétillants de malices. De ses lippes s’étirant en sourire taquin. Je voudrais juste un peu de lui. Encore un peu. Une dernière fois. Je me recroqueville sur le coté. Une douleur étreint ma poitrine. «
Pourquoi toi ? Pourquoi je suis toujours là moi ? » Et c’est sans me contrôler que les larmes s’échappent, glissant sur mes joues, sur la tombe. Mes yeux se ferment. La bouteille tombe au sol. Un murmure parmi les limbes de la mort. «
Ti amo tanto Andrea... Ciao. »
Rien n'sera plus comme avant
Il est temps d'aller de l'avant
Il est temps de dire au revoir
Mais sur le quai de l'insomnie
Tous les trains me mènent à lui
Donc comme tous les soirs
Oui je roule, roule, roule, roule, roule
Dans les rues de ma ville
L'arme à l’œil, la boule au ventre
Je refais le monde avec des si
Oui je roule, roule, roule, roule, roule
Jusqu'au bout de la nuit
J’accélère
Majeur en l'air