26.01.19 Travaux pratiques. Pourquoi ?... Parce qu'il faut bien se lancer pour comprendre n'est-ce pas ? Je profite donc de mon droit de sortir à Londres le samedi, maintenant que j'ai plus de seize ans. Et me voilà avec l'air un peu ahuri planté devant une station de métro. Je lève les yeux pour en regarder le nom : Leyton. Je fouille dans la poche de ma veste pour sortir mon plan du métro de Londres. Il y a plein de couleurs, trop de lignes et trop de noms. Mais si je veux comprendre comment cette chose fonctionne, autant explorer de moi-même. Concentré, assis sur un banc à côté de l'entrée, je glisse un mèche de cheveux derrière mon oreille. Je dois aller à Camden, juste parce qu'il paraît que c'est super cool et qu'il y a pleins de jeunes branchés, un peu rock.  

Je glisse mon doigt le long de la ligne rouge celle de central pour tenter de trouver le nom de la station de Camden Town. Mais visiblement.... Je vais devoir faire un changement. Normalement c'est là où il y a des gros ronds blancs pour attraper une autre ligne. Me voilà donc à la recherche de ma station, pour savoir à quel moment changer. Camden est sur la ligne noire, la Northen d'après mon plan. Mais la rouge et la noire ne se croisent pas. Je me gratte la joue en réfléchissant comment faire, et soupire longuement. J'aurais meilleur compte d'y aller en magicobus, mais... ce serait choisir la facilité. Et surtout, je n'aurais pas pris le métro moldu, donc je n'aurais pas expérimenté et rien appris par moi-même. Partir à l'aventure, quelle idée ! Tout seul en plus. J'aurais peut-être dû demander à Heimir de m'accompagner mais il n'aime pas les moldus. Plus loin il s'en tiens mieux il s'en porte ! Et mon arrière grand-père qui étais né moldu est mort depuis bien longtemps, paix à son âme. D'ailleurs, cet arrière grand papa né moldu s’appelait Thaddeus, c'est pour ça qu'on m'a appelé comme lui, en sa mémoire. Visiblement c'est une pratique courante dans ma famille de donner le nom des aïeuls aux enfants.  Si je me souviens bien, grand-mère m'a dit que du coup, mon arrière arrière grand père moldu, le père de Thaddeus premier du nom donc, étais... Charpentier ?... Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, mais bon. Je crois que ça a un rapport avec tout ce qui est construction de poutres en bois dans les bâtiments. Mon arrière grand-père Thaddeus étais devenu secrétaire au magenmagot après ses études à Poudlard, et ma grand-mère a épousé mon grand-père, un Deadman. Elle est donc devenue croque mort, en intégrant la famille. Finalement du côté de mamie, on n'est pas sorciers depuis très très longtemps. Du côté de Papy, c'est un peu plus vieux je crois. Mais les liens des Deadman au monde moldu remontent à il y a bien trop longtemps pour qu'on connaisse vraiment nos voisins. C'est pour ça que même si maman est cracmole, elle est restée du côté magique.

Je soupire face à ce casse tête et continue de me gratter le crâne en cherchant un point blanc reliant la ligne rouge à la ligne noire. Visiblement je dois descendre à Tottenham court road, et marcher un peu. Mais il faut vraiment des yeux supersoniques pour voir en tout petit sur ce plan ! Je ne suis pas bien sur de moi, mais tant pis. Tout en repliant soigneusement ma carte, je cherche mon porte feuille pour sortir de l'argent moldu. Une fois devant le distributeur, je me retrouve bête avec mon billet à la main en face de cet écran tactile. Il me demande comment je souhaite régler, si c'est par carte, ou par pièces. Mais pas en billet. Est-ce que ma mission est déjà avortée ?... Je me retourne pour observer la station. C'est surement ça la carte Oyster bleue dont on m'a parlé. Je dois en acheter une pour prendre le métro, c'est ça ?... Mais dans quel magasin aller ? Bonne question. Je range mon argent, abandonnant le distributeur automatique et commence donc à errer dans la station, essayant de repérer sur la devanture des magasins s'il y a écrit Oyster quelque part. La logique voudraient qu'ils disent où trouver cette carte pour les touristes non ?

Ah je dois peut-être aller demander au bureau de l'office du tourisme. J'ai vu ce nom quelque part une fois, c'est là où visiblement les moldus vont se renseigner pour savoir ce qu'il y a a visiter dans le coin. Mais comme j'ai besoin d'aide pour prendre le métro et visiter, ils peuvent m'aider non ?... Seulement, nouveau problème : En fait, ça ressemble à quoi une office du tourisme ? C'est marqué en grand sur le dessus de la porte ? Est-ce qu'il y en a au moins une dans le coin d'ailleurs ?... Totalement confus, je soupire et lève de nouveau les yeux, à la recherche cette fois-ci d'un plan du quartier. Tout en continuant de déambuler comme une âme en peine dans la station de Leyton, je me marmonne à moi-même :« J'aurais dû demander où trouver cette fichue carte Oyster avant... » Honnêtement je crois que j'ai passé l'âge de trouver les jeux de piste amusants. Là, c'est juste la grosse galère et je me demande comment font les moldus dans leur vie pour supporter ça ! Honnêtement c'est beaucoup plus simple de transplaner. Et je commence à me dire que finalement Heimir a peut-être un peu raison, c'est quand même vachement handicapant la vie sans magie...

26.01.19 Le monde moldu est encore plein de mystères et je commence à me dire que j'ai peut-être été un peu ambitieux, de partir comme ça à l'aventure tout seul. Je pensais être à peu près préparé à tout ça, à affronter le terrible métro par moi-même. Mais je dois me rendre à l'évidence, je suis complètement perdu et là tout de suite j'ai juste envie de trouver un coin tranquille pour transplaner et rentrer. Peut-être m'arrêter au chemin de traverse avant, histoire de passer chez Honeydukes et combler mon envie de femme enceinte. ça va faire trois ou quatre jours que j'ai très envie de manger des patacitrouilles, sans raison apparente.

Désespéré, une jeune femme rousse s'adresse pourtant à moi. Enfin je crois. Je regarde autour de nous et constate donc que je suis le seul à avoir l'air perdu. Poli j'esquisse un petit sourire gêné : « Un peu oui. Je cherchais un endroit où faire une carte Oyster pour le métro. » Histoire de faire simple, je suis effectivement perdu et je ne sais pas où aller pour faire cette fichue carte qui pourtant me sera bien utile. Je sais qu'on doit juste demander, donner de l'argent que les moldus mettent ensuite sur la carte, et après c'est bon. Jusqu'à ce que le solde soit épuisé. Je n'ai pas beaucoup d'argent moldu sur moi, j'ai juste demandé vingt pounds à Gringotts pour être large au cas où je me perde dans le métro avec les correspondances. Mais ça devrais suffire non ?...

« C'est la première fois que je vais prendre le métro à Londres seul, mais ça va j'ai tout de même une carte pour me repérer, alors je sais où aller ! » Enfin, normalement je ne devrais pas avoir trop de mal avec mon petit bout de papier plié dans ma poche. Je le sort d'ailleurs de là pour le brandir fièrement devant la demoiselle. C'est un peu froissé, mais je sais qu'il est à jour, je l'ai demandé le mois dernier au comptoir d'une station de métro pas trop loin du chaudron baveur. « Je voulais visiter Camden, il paraît que c'est cool pour les jeunes. C'est ce qu'on m'a dit, je connais pas vraiment, je voulais profiter d'être de passage. » L'excuse du touriste est assez bonne je trouve, pour avoir l'air aussi perdu. Pourtant, je sais très bien que j'ai l'accent typique de Londres, du moins l'accent très poli des bourgeois. Je ne le suis pourtant pas du tout, ma famille gagne bien sa vie avec les pompes funèbres, merci la guerre. Mais tout le monde parle de manière claire et très polie chez moi. ll paraît qu du coup, mon ton de voix donne l'impression que je suis un peu arrogant et snob. Et pourtant... C'est tout l'inverse.

« J'aurais sûrement du demander à ma mère avant de venir, elle aurait su me dire où faire la carte elle ! » Voilà comment justifier mon accent typiquement Londonnien. Maman est d'ici. En soi, ce n'est même pas un mensonge ça pour le coup ! 

26.01.19 Ah oui mon accent forcément. Je rigole à sa question de manière enjouée, comme à mon habitude. C'est dans mon caractère d'être toujours positif, de voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. « Ah, ma famille est de Londres, mais on a déménagé à Dublin quand j'étais petit. C'est pour ça que je ne connais pas vraiment bien la capitale ! » Encore un demi mensonge, puisque j'ai effectivement des cousins qui habitent à Dublin. Une de mes tantes s'est mariée à un Irlandais rencontré lors de ses études à Poudlard, et du coup elle s'est installée là-bas avec lui. C'est en faisant des demi mensonges que l'on s'en sort le mieux dans la vie non ?... J'ai horreur de ne pas dire la vérité, mais c'est nécessaire parmi les moldus qui ne doivent pas savoir qu'en réalité, leur vieille voisine qu'ils pensent un peu sénile à recueillir tous les chats errants du quartier, est en fait une sorcière. Tous ne comprendraient pas forcément que nous ne sommes pas si différents finalement, que nous ne sommes pas tous des êtres malveillants. Il suffit de voir les chasses aux sorcières du moyen âge pour voir à quel point la paranoïa et la peur de la différence peut engendrer de la haine. Mais quand je rencontre un camarade aux origines moldues avec qui tout se passe bien dans sa famille, ça me redonne tout de même de l'espoir.

Finalement, la demoiselle m'amène au comptoir et s'excuse pour répondre à son téléphone portable, tout en me demandant de voir avec la dame de l'acceuil pour faire ma fameuse carte. Je me retoure pour la regarder s'éloigner par dessus mon épaule, puis sort mon porte monnaie avant de sourire poliment de toutes mes dents : « Bonjour Madame, je voudrais faire une carte Oyster s'il vous plaît. » Rien de plus simple finalement. Elle semble contente de voir quelqu'un qui soit poli et enjoué, je l'ai toujours dit : soyez bon avec les gens et la vie vous le rendra, c'est le karma tout ça. Elle se saisit d'une carte de couleur bleue et blanche, l'inscription Oyster dessus. Quand elle me demande combien je souhaite mettre dessus, je sors mon billet moldu : « Dix livres s'il vous plaît. » Autant garder un peu de monnaie si jamais j'ai envie de me balader un peu dans camden town tout à l'heure, pour aller prendre une bière par exemple, histoire de visiter un peu les Pub moldus.

La demoiselle rousse reviens, et j’acquiesce en montrant fièrement ma nouvelle carte, toujours le sourire sur le visage. Je remercie poliment la dame du comptoir qui me rend ma monnaie, et lui souhaite également une bonne journée. « Ah, tu vas là-bas aussi ? C'est super, on pourra discuter un peu pendant le trajet alors, à moins que tu doives passer un appel encore. » C'est tout de même pratique les téléphones portable, mais je n'ai pas trop confiance. Les ondes et tout le reste, il paraît que c'est tout de même sacrément nocif en fait ! Je range bien proprement mon porte monnaie dans la poche de me sweat et la suit donc jusqu'aux portiques. Je l'observe passer sa carte, puis fait exactement la même chose pour entrer. Ouf, pour le moment tout semble se dérouler plus ou moins sans encombres. « Tu as rendez-vous avec des amis à Camden Town ? »

Je croyais que c'était un quartier un peu alternatif, mais la demoiselle n'a rien de bien extravagant. C'est bien la diversité je trouve, finalement c'est peut-être bien plus multi culturel que je ne le pensais ce quartier ! D'ailleurs, je ne sais toujours pas son prénom. Debout à côté d'elle sur le quai pour attendre notre métro, je me mordille un peu la lèvre nerveusement puis me présente en tentant d'être sympathique, comme à mon habitude : « Au fait, moi c'est Thaddeus, mais tu peux m'appeller Thadd. Et toi ? »  

26.01.19 C'est de quelle origine ? Je rigole amusé à sa réflexion. C'est sur que c'est un peu moins commun que Lucy, mais surtout beaucoup moins moderne : « C'est Anglais tout simplement, mais c'est un vieux prénom ! Un de mes grand père s'apellais comme ça. Tu sais, il y a des familles où les parents aiment bien donner les noms des grands-parents ou autre aux enfants. Alors du coup, ma mère a choisi Thaddeus. Elle aussi elle a un prénom un peu vieillot, Esther. » C'est la première fois qu'on me dit que mon prénom est un peu bizarre. En général c'est plutôt mon nom de famille qui en laisse plus d'un perplexe. Deadman, on fait un peu plus joyeux quand même, mais il faut croire que ce nom convient bien à ma famille puisqu'ils sont croque morts. Ce n'est certainement pas le hasard qui nous a valu ce nom de famille, je crois qu'autrefois on en attribuais souvent un aux gens par rapport à leur métier, comme les Smith qui étaient forgerons par exemple. Alors, les Deadman doivent être des croque morts depuis un moment, bien plus longtemps que ce que l'on pense. La boutique de l'allée des embrumes que nous occupons encore aujourd'hui date du milieu du XIXeme siècle, quand trois Frères nommés Edgard, Lucian et Matthew ont ouvert E.L.M sorciers, services funéraires & d'embaumement.

Quand le métro arrive, je monte avec la jolie demoiselle rousse et rigole à sa question sur mes études tout en relevant mes manches, pour laisser apparaître mes tatouages. Normalement elle ne devrais pas les voir bouger puisqu'elle est moldue, bien qu'il s'agisse de tatouages à l'encre magique. « J'ai terminé les études déjà. Je suis Fleuriste à Dublin. Ma famille est dans les pompes funèbres, mais c'était pas trop ma vocation, alors j'ai choisi de faire des bouquets. Pour les enterrements c'est sur mais pas que, je préfère en faire pour des mariages ou des anniversaires. »

Encore un demi mensonge mais je ne peux vraiment pas lui dire que j'étudie à Poudlard en écosse. L'avantage de suivre en cours d'étude des moldus, c'est qu'on apprend plein de choses sur eux et que c'est un peu plus facile de mentir quand on les connais. Pour les bouquets c'est vrai, j'en fais régulièrement quand je suis avec ma famille pour décorer les enterrements et les veillées funéraires, mais j'en fais aussi pour mes amies quand c'est leur anniversaire ou quelque chose du genre. Par contre, j'ai menti concernant les mariages je n'ai pas encore eu l'occasion de faire un arrangement floral pour un tel événement. J'ai pour ambition de devenir botaniste, ou tout du mois de voyager pour étudier les plantes et probablement publier un livre, grâce à l'aide de Heimir d'ailleurs qui a quelques contacts. Comme il est lui-même magizoologue, on pourras facilement voyager ensemble quand j'aurais terminé mes études. Je n'ai plus que quelques mois à tirer, ce sera bientôt fini et je serais débarrassé. C'est aussi vrai que ma famille est dans le milieu des pompes funèbres, et que je ne souhaite pas suivre la même voix qu'eux.

La politesse veux désormais que je m'adresse à Lucy, pour lui demander à son tour ce qu'elle fait dans la vie. Vu son physique, elle doit avoir à peu près la vingtaine et elle a mentionné être en retard pour retrouver un ami à Camden, qu'elle doit rejoindre pour travailler ses cours. Ils doivent être ensemble à l'université donc, elle semble trop âgée pour encore être au Lycée. « Et toi tu coup, qu'est-ce que tu étudies avec l'ami que tu dois rejoindre ? »
   

26.01.19 La jolie demoiselle rousse semble surprise que je sois fleuriste, elle ne m'imaginas pas du tout faire ça. Pourquoi pas, comme elle dit, il ne faut pas juger trop vite parfois ! On ne sais jamais ce que sont réellement les gens et les habits ne font pas le moine n'est-ce pas ? Quand elle me demande si ce métier me plaît, j’acquiesce vivement en souriant de manière ravie, comme à mon habitude. Je suis quelqu'un de très positif et de très souriant. Certains pensent que je fais semblant et que je me force, que c'est hypocrite mais... On ne fais sans doute difficilement plus sincère et véritable que moi. « Oui, beaucoup. J'ai commencé tout petit, j'aidais ma mamie à arranger les fleurs pour les enterrements et les veillées funéraires. C'est comme ça que la vocation est venue, et je me suis vite aperçu que j'avais la main verte. On a tout un tas de plantes à la maison, j'adore m'en occuper. » C'est vrai que le funérarium est assez bien fourni niveau plantes diverses et variées. Ma grand-mère apprécie les plantes aussi, si bien qu'elle s'en occupe quand je suis à Poudlard. Mais dès que j'ai l'occasion de rendre visite à mes parents je ne me prive pas d'aller m'occuper des plantes !

Lucy pour sa part est étudiante en Journalisme. Elle doit faire un questionnaire sur la tabagisme à priori. Intéréssant... Je la regarde en penchant la tête sur le côté assez surpris qu'on puisses leur demander de faire ce genre de choses à l'université moldue. Il faut être sacrément sociable et extraverti donc, pour mener de telles études. S'il faut aller vers les gens, en étant timide, ça doit tout de même être sacrément problématique ! « Personnellement, je ne fume pas de cigarettes. Il y a plein de choses nocives dedans, comme du goudron je crois. Comme c'est avec ça qu'on fait les routes, ça ne me donne pas très envie d'essayer.  » Autre chose, oui, clairement. J'ai ma propre plante, Céleste, mon pied de Cannabis dont Heimir a la garde puisque je ne peux malheureusement pas l'amener à Poudlard avec moi. C'est 100% bio, naturel et écologique. Et avec un gros taux de THC dans ses feuilles, si j'en crois les gens qui ont pu goûter ma chère plante. « Je préfère quand c'est plus naturel, si tu vois ce que je veux dire. Du coup je crois que je ne pourrais pas trop t'aider pour répondre à ton questionnaire malheureusement... C'est dommage, j'aurais bien voulu te rendre un coup de main moi aussi pour te remercier de ton aide ! »

Je lève la tête quand à la station, un groupe de musiciens débarque dans le métro moldu avec leurs instruments de musique. Est-ce que ça arrive souvent ?.... Ils se mettent à jouer un air assez entraînant, mais pourtant tous les autres passagers de la rame font la tête et semblent ennuyés plus qu'autre chose. Pourtant l'air qu'ils jouent n'est pas déplaisant, au contraire, moi ça me rend même assez joyeux ! Je me lève donc, prend la main de l'étudiante en journalisme et commence à danser avec elle sur cet air de Polka, sautillant joyeusement en rythme en sa compagnie au milieu des passagers qui nous regardent d'un air médusé. Les musiciens eux ont le sourire de voir des gens danser, et selon moi, les autres usagers du métro de Londres devraient se dérider un peu aux aussi ! Après quelques minutes à danser, quand le morceau se termine, Lucy et moi avons réussi à redonner le sourire aux Londoniens aigris avec notre petite polka improvisée. Un peu contre son gré à elle au début, je dois l'avouer. Quand on nous applaudit avec le musiciens, je souris et m'incline devant la foule. Malheureusement, nous sommes visiblement bientôt arrivés à Camden, si j'en crois l'annonce du métro... « Oh non, déjà ? »

Tout de même un peu triste de ne pas pouvoir rester plus longtemps à danser, je serre la main que les musiciens me tendent pour me remercier d'avoir participé à leur petit spectacle alors qu'ils ramassent des sous dans un chapeau au près des passagers qui les remercient du spectacle, en donnant quelques livres sterling. Je descend donc sur le quai en compagnie de la rousse et lui adresse un sourire plein de dents : « C'était super de danser la Polka avec toi ! Mais je suis surpris que les autres gens n'aient pas danser comme nous... Ils ont l'air triste ici, à Londres. A l'image de la météo... Mais justement, on devrais tous être plus heureux pour contraster avec la météo un peu pourrie du Royaume-uni ! » C'est très rare que je sois triste, j'ai la joie de vivre, et je le revendique. Tout le monde devrais essayer de sourire un peu plus selon moi... Si c'était le cas, le monde irais beaucoup mieux. Un sourire et de la gentillesse ça ne fais de mal à personne, au contraire même !
   

26.01.19 A ma grande surprise, Lucy me confirme que ce que je viens de faire est étrange et inhabituel. Je trouve ça triste de ne pas plus profiter de la vie ! On n'en a qu'une seule et j'en ai bien conscience, si bien que j'ai décié d'en profiter autant que possible avant qu'il ne soit trop tard. On ne sais jamais ce qu'il va nous arriver : demain, je pourrais très bien m'étouffer sur un bout de brocoli et en mourir, ou alors avoir une rupture d'anévrisme, ou faire une mauvaise chute... Il y a plein de moyens soudains de mourir subitement, et même si j'espère tout de même vivre vieux et mourir tranquillement dans mon sommeil à un âge avancé entouré des personnes que j'aime... Je ne suis pas dupe. C'est de toute manière inévitable : le temps s'égraine, plus ou moins vite et la faucheuse viendra pour tout le monde tôt ou tard. Memento Mori, comme les gens disent : souviens toi que tu vas mourir. Mais surtout Carpe Diem : profite de chaque jour.

On n'est pas non plus à l'abri d'une nouvelle guerre et cette idée me terrifie je dois l'avouer. J'avoue que si les choses venaient à devenir sérieuses, je ne saurai pas vraiment quoi faire. Je n'y ai jamais réfléchi, je suis né en temps de paix, juste après la guerre avec celui dont on ne dois pas prononcer le nom. Je n'ai jamais connu l'horreur qu'on subit mes aînés sorciers. Alors... Je me demande bien comment est-ce que je ferais, si on venait à se haïr de nouveau entre nous. Parce que la haine, je ne comprend pas vraiment ce que c'est. C'est quand même fort comme sentiment quand on y pense ! Mais j'aime à croire que l'amour l'est encore plus, et qu'il triompheras. « C'est triste... » Merci pour cette intervention fort utile, Thaddeus.

Je baisse les yeux en tirant la moue et emboîte le pas à Lucy pour sortir du métro. J'observe les alentours de la station. Il y a plein d'affiches, beaucoup de gens, énormément de magasins. Des voitures et des autobus aussi. Nous en avons dans notre monde également des car ! Sauf qu'on appelle ça le magicobus et que ça va trop vite pour que les moldus puissent vraiment le voir. Il peut aussi s'étirer pour se faufiler, ce genre de choses dont les transports non magiques ne sont visiblement pas capables. J'avoue que j'avais fais les gros yeux quand mon professeur d'étude des moldus m'avait dit que non, ça n'allais pas aussi vite qu'un magicobus et que ça ne pouvais pas changer de forme pour passer entre les voitures moldues. Encore plus quand il m'avais vaguement expliqué ce qu'étais le carburant moldu. Chez nous ça fonctionne avec de la magie, on a pas besoin de pétrole comme eux.

Je reviens à moi même quand la demoiselle à la crinière de feu me demande ce que j'avais prévu de faire ici à Camden. Je hausse les épaules, un sourire aux lèvres : « Rien de précis, je voulais juste visiter un peu avant de rentrer. Maintenant grâce à toi je sais quelle ligne prendre pour le métro ! » On devrais tous se parler entre nous, essayer de se comprendre, de se découvrir de manière saine et sans préjugés. Je crois que même si elle me trouve sans doute un peu bizarre à danser la Polka, Lucy ne me juge pas trop. A part peut être pour le cannabis, puisqu'elle a dit que c'était de la merde. Je ne suis pas d'accord avec ça, mais ce n'est pas grave : chaque personne a le droit d'avoir son opinion tant que ça ne porte pas préjudice aux autres. C'est le plus important ça, de se respecter même si l'on est différents. Parce que finalement, on est pas pareils. Qu'importe qu'on soit sorcier ou non, c'est comme le racisme avec la couleur de la peau ou les origines des gens. On peut venir du même endroit et pour autant ne pas être semblables. Même les jumeaux qui sont identiques physiquement ne sont pas forcément pareil d'un point de vue de la personnalité ou des opinons.

« Encore une fois, merci beaucoup Lucy ! » J'hésite un petit peu, jouant avec une longue mèche de cheveux puis la prend dans mes bras pour lui faire un câlin, lui donner une accolade amicale.  C'est la moindre des choses non ? Je ne peux pas faire grand chose de plus pour lui montrer ma gratitude, et les câlins, c'est bien tout le monde aime ça en général ! Pourtant, je sens son corps se raidir entre mes bras, si bien que je m'éloigne immédiatement pour ne pas rendre ça encore plus bizarre et malaisant que ça ne l'est déjà pour elle. Décidément... Les Londoniens sont très étrange si ils sont comme elle!