Depuis qu’elle était gamine, la jeune Greengrass avait toujours été attirée par la mode. Fouinant dans le placard de sa mère quitte à se prendre une dérouillée. Mais ce qu’elle affectionnait le plus restait les bijoux. Les pierres précieuses, les matières pures. Déjà enfant, alors qu’elle ne pouvait pas pratiquer la magie, elle soudoyait les elfes de maison pour qu’ils lui donne un coup de main. Malheureusement son enthousiasme artistique n’était pas partagé. Son père n’y accordait pas la moindre importance tandis que sa mère, elle préférait détruire chacune de ses créations dès qu’elle en croisait une. Pourtant l’Etoile n’avait jamais abandonné cette passion. Douée en sortilèges, se débrouillant en potion, elle parvenait à créer des pièces qui pouvaient se mouvoir, changer de couleur, dégager une odeur selon la nature de la peau du porteur. Alcyone débordait d’imagination lorsqu’il s’agissait de s’investir dans ses créations. Quitte à parfois s’abimer les doigts.

Et si sa famille ne croyait pas en son talent, d’autre voyant en elle de l’avenir. Enfin, famille, heureusement, son ainé, Théo, lui, était loin d’être comme ses parents. A eux deux, ils étaient les monstres qu’ils n’auraient jamais voulu avoir. Théo, censé être l’héritier, s’était émancipé ne suivant pas la voie toute tracé que ses parents aurait voulu pour lui. Sous leur houlette, ne restait plus qu’Alcyone qui n’osait pas réellement s’émanciper de leur autorité. Supportant leurs critiques permanentes. Contre toute attente, ils l’avaient malgré tout laissé prendre cette filière artistique à Poudlard. Etrange alors que l’on connaissait leur aversion pour les activités de leur fille. Sa mère avait bien lâché quelque chose comme ‘de toute façon, tu finiras avec un bon mari et tu n’auras pas à travailler’. Alcyone avait lancé un regard sombre à son attention. Majeur depuis quelques années, l’Etoile avait espoir d’échapper à ses traditions primaires. Après tout, ils avaient bien abandonné avec Théo. Si elle avait dû être fiancée, vu son âge, elle aurait déjà été au courant, non ? Sur ces doutes, ils avaient quand même laissé leur fille faire de sa passion ses études. Et certaines personnes avaient eu l’occasion de voir ses créations et étaient bien plus enthousiaste que ses parents. C’est notamment, là où se rendait la brune en cet instant.

Il fallait reconnaitre que les soirées mondaines imposées par les géniteurs avaient pour une fois été enrichissantes. Une femme toute en élégance et grâce l’avait approché pour lui demander où elle avait acheté son bracelet. Légèrement troublée par cette demande, la Greengrass lui avait répondu qu’elle l’avait elle même fabriquée. Et c’est ainsi que Swanhild Yaxley l’avait invité chez elle pour qu’Alcyone lui montre son travail. Elle se sentait fière et légèrement stressée. Ce n’était pas la première fois qu’on s’intéréssait à son travail mais pas de façon si précieux. Swanhild était une Sang Pur de renom. Elle pouvait certainement influencer certaines personnes. C’était une aubaine pour Alcyone, qui malgré son patronyme, n’avait pas ce genre de soutien. Mais plusieurs portes s’ouvraient petit à petit à elle contrairement à ce que pensait ses parents. Madame O’Hara à l’université l’encourageait fortement dans son travail. Soledad avait pris quelques un de ses bijoux dans la boutique. C’était des ouvertures et Alcyone commençait à croire que son talent et à sa probable réussite dans ce milieu. C’est donc le sac emplis de petits pochons et de boites qu’elle arrivait chez la Yaxley.

Alors qu’elle arrive devant la demeure, elle suit les instructions de son hôte et se contente de sonner sans entrer directement. Les aboiements furent la première réponse qu’elle obtint. Elle n’avait pas plaisanté sur la quantité de chiens présents. Rapidement Swanhild arrive pour lui ouvrir et la salue chaleureusement. « Je vous en prie, suivez moi Alcyone ! Nous allons prendre le thé dans le salon. » Alcyone lui sourit en retour. Son regard clair observe un instant le manoir qui se dresse, le chien qui s’éloigne dès que sa maitresse est arrivée. La brune emboite le pas. « C’est parfait Madame Yaxley ! » Elle hésite un instant. Swanhild ou Madame Yaxley ? Essayons d’appliquer les règles de savoir vivre que sa mère lui a inculqué, ou tout du moins, tenté de… Elles traversent alors les lieux, jusqu’à atteindre un petit salon où le thé est déjà servi. D’un mouvement Alcyone désigne son sac qu’elle tient à l’épaule. « Je vous ai emmené quelques pièces que j’ai déjà créé et des dessins pour de futures créations. » La brune ne se lasse jamais. Il n’est pas rare de la voir en train de créer à tout instant. Surtout la nuit alors qu’elle ne parvient pas à dormir alors que ses cauchemars la hantent. « Je pourrais tenter de vous dessiner quelques choses si vous avez des envies particulières. » Alcyone était d’une nature enthousiaste et souriante. Sa passion elle parlait comme elle respirait et pouvait partager dessus sans jamais s’arrêter. Ses amis pouvaient subir ses histoires des heures.

« Je vous en prie, appelez-moi Swanhild. » Un sourire étira les lippes de l’Etoile à cette demande. Alcyone n’avait jamais été du genre timide. Elle savait se comporter comme il le fallait en société. Les sortilèges parentales avaient su comment lui expliquer la bonne conduite… Pourtant les dérives dès qu’ils avaient le dos tourné n’avait eu de cesse de se faire. Et s’ils restaient aveugles à toutes les digressions de leur fille, les Greengrass n’étaient pas au bout de leur peine. Surtout lorsque leurs enfants se retrouvaient ensemble avec cette solidarité plus forte que tout. Mais en cet instant, elle savait parfaitement quelle attitude il fallait adopter. Comme quoi… cela pouvait parfois s’avérer utile de temps en temps ces vieux préceptes. Alcyone suit alors la silhouette chaloupée de la femme qui l’emmène vers son salon et s’installe en face d’elle dans l’un des fauteuils du salon. « Montrez-moi donc, Alcyone ! Je suis impatiente de pouvoir examiner vos bijoux plus en détail. » Une impatience partagée alors que la brune adore parler de ses créations. Et plus le temps avance, plus la brune sent qu’il y a réellement des possibilités dans ce milieu pour elle.

La Serpentard sort alors de son sac plusieurs pochons en velours et autres écrins ainsi qu’un cahier. Les pages blanches de ce dernier sont emplis de dessins en tout genre et il ne reste presqu’aucune place dans ce dernier. Les prunelles claires de la brune observent les réactions de la jeune femme qui se trouvent en face d’elle alors qu’elle regarde les bijoux. Une envie de connaitre son envie. Une pointe d’appréhension. Et si elle déteste ? Alcyone ne saurait même pas comment elle réagirait face à la critique. « Est-ce que vous avez déjà une idée du prix demandé pour de tels bijoux Alcyone ? » Alcyone s’enfonce légèrement dans le dossier du fauteuil à cette question. Lorsque Soledad a récupéré ses bijoux pour les vendre, elles se sont basées sur le prix de la matière première, de la main d’oeuvre et en avait ainsi déduit une marge. « Cela dépends des matières et des sortilèges ou potions que j’ai pu utiliser. » Alcyone attrape alors un bracelet, celui que Swan regardait quelques minutes plus tôt. Trois chaines ciselées qui se tressent délicatement. Simple en apparence, pourtant, la brune montre alors du bout des doigts que le fermoir pivote. Les chaines se mettent alors lentement à onduler. Sous le jeu de la lumière et des cisèlements, l’objet semble scintiller. « Cela-ci est complexe dans l’étude du sortilège et du montage par exemple. Plus que cette bague par exemple. » Elle montre le bijou tout en le glissant sur son doigt. Les pierres se teintent délicatement assorties aux vernis posés sur ses ongles. « Une amie vends quelques uns de mes bijoux mais je vous avoue que ce ne sont que mes débuts et je n’ai pas encore pensé à tout pour le moment. » L’Etoile a toujours fait preuve de franchise et n’a aucune envie de prendre des airs devant Swan pour se donner une figure qui n’est pas la sienne… « Mes bijoux, jusqu’à peu, étaient surtout portés par mes amis. » dit-elle en un petit rire. Grâce à ses études, Alcyone apprends petit à petit à mettre en avant son travail. Rien que pour se composer un book grâce à la photographie sorcière.

« Je ne vois que des bijoux pour femme, est-ce que vous avez déjà songé ou réalisé des bijoux pour homme également ? Eux aussi ont le droit de se sentir distingués. » Alcyone hoche doucement la tête. C’est vrai qu’elle affectionne particulièrement créer des bijoux pour les femmes mais il lui est déjà arrivé d’en créer. Les premiers ont été pour son frère, Theo. Autant l’avouer, au départ, ce n’était pas des merveilles. Mais le dernier en date était vraiment réussi. Une belle gourmette en acier sombre et masculine. Elle avait aussi offert à Dimka une boucle d’oreille qui s’animait liant la plume de l’Aigle et le corps du Serpent. Alcyone attrape alors le cahier et montre les deux dessins à Swan : « Cela m’arrive effectivement même si j’ai plus d’aisance avec les bijoux féminins. » Du bout du doigt, elle montre la boucle d’oreille, expliquant que cette dernière est elle aussi avec un mécanisme qui permet de l’animer. Alcyone prends alors la tasse de thé entre ses mains et la porte à ses lèvres, laissant Swan observer ce qui se présente sous ses yeux. « Est-ce que vous avez des envies en particulier ? »