Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Dans le dictionnaire, le chagrin est défini comme une intense souffrance morale ou une détresse due à une perte. Une douleur aiguë. Un regret douloureux. Mais dans la vie, les définitions s'appliquent rarement. Dans la vie, le chagrin peut avoir l'air de plein de choses qui ressemblent à une douleur aiguë.
Aiko & la famille ! ;
Ma silhouette se trouvait devant la boutique de livre, amaigri, pâle, une valise dans une main (et deux autres sous les yeux) et la clé de l’appartement qui se situe au-dessus de la boutique, dans l’autre main. J’avais beaucoup de mal à faire le pas en avant, en effet, ça faisait quelques minutes que j’étais ici, mon envie d’avancer était grande, mais ma peur, elle, l’était encore plus.
Je n’avais qu’une seule envie, c’est rejoindre mon antre. Cependant mes parents, ma cousine, sa femme, me tombaient probablement dessus à l’instant même ou je franchirai cette porte. Je savais pour sûr que mes parents avaient élu domicile chez moi en mon absence, attendant le retour de leur enfant… Je passe ma main, celle ou je tiens la clé, sur mon ventre... Vide... Moi aussi, j’attendais un retour, qui n’arrivera jamais. Je soupire, remonte la main vers mon visage et essuie une larme qui vient de perler sur ma joue. J’inspire, avec du mal, et me mets en mouvement. Je m’approche de la porte et porte la clé à la serrure, je la tourne, et pousse la frontière qui me sépare de ma vie.
Pas de réaction, sont-ils absents ? Ce n’est probablement pas plus mal, je serai tranquille. Ça va me permettre de prendre une douche, même si celle-ci n'annule pas l’année écoulée. Je pose ma valise dans l’entrée et prends les escaliers, en arrivant en haut, je me rends compte que tout est plus ou moins comme je l’avais laissé lors de mon départ. Mais sans faire bien plus attention, je me dirige vers la salle de bain. Je ne remarque même pas la présence d’une personne dans l’un de mes fauteuils, assoupi, elle ne constate pas ma présence. Une fois dans la salle d’eau, je ferme la porte, et ouvre le robinet d’eau chaude, la buée ne tarde pas à recouvrir le miroir et la chaleur à créer une vapeur qui fait disparaître la pièce dans un brouillard. Je pénètre, habillé (oui oui) dans la douche, laissant la chaleur embrasser mon corps, mon dos se colle à la paroi de celle-ci, j’ai la sensation que l’année entière est en train de me retomber sur les épaules, même si le mal-être est là depuis quelque temps déjà, je m’autorise enfin à littéralement craquer. Après tout, je suis revenu à la maison pour trouver du soutien, pour ne plus courir après des fantômes... J’ai, je pense, pris la bonne décision, je ne pourrais jamais me sortir d’un tel mal-être seul. J’ai essayé, je n’ai pas réussi...
J’ai besoin d’aide !
Mes jambes lâchent, je glisse le long de la paroi jusqu’au sol de la douche, l’eau coulant toujours sur moi, les larmes, se mêlant à celle-ci... C’est alors que j’entends du bruit à l'extérieur de la pièce, mais je n’ai même pas la force de me relever.
“ Eliott…” Je perçois la voix de ma mère, qui appelle mon père...
“Prévient Abigaïl et Harper... Elle est… Chéri… Elle est de retour… Elle est rentrée... “ La phrase fut compliquée à finir, je pouvais l’entendre, un sanglot de joie, je suppose... Je ne serais même pas en capacité de le dire. Ça n'empêche que je ne bouge pas de cette bulle de chaleur que j’ai créé autour de moi... Je sais bien que je vais devoir les affronter, mais j’ai encore besoin de quelques minutes... Au pire, ça laissera le temps à ma cousine et son épouse de venir jusqu’ici.
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Des astres épars, dont l'on ne revient jamais. Espace sans mémoire. Un jour je partirai.
Abigail MacFusty
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Lun 2 Sep - 12:56
Souffrance de l'âme, produite par une déception, un deuil, un chagrin, une peine, qui compromet plus ou moins gravement la quiétude, le goût, le bonheur de vivre.
Bien qu’à présent en arrêt de travail, je ne parvenais guère à me reposer. Les perquisitions à Soay puis à Poudlard, les affaires de braconnages dans les Hébrides, l’angoisse des bêtises que mes collègues allaient me laisser à mon retour de congé maternité, mes fonctions en tant que gérante de la famille MacFusty, tout autant d’éléments qui remuaient mes tripes et mon cerveau et m’empêchaient de rester calme. Malgré les quelques décoctions préparées par Arondella « parce qu’elle veut que sa filleule soit en parfaite santé », je restais nerveuse, et cette tension journalière m’épuisait. Je devenais irritable en plus de mal dormir à cause de mes rondeurs qui rendaient mes nuits impossibles, sans compter que je transpirais tellement par tous les ports que j’avais la sensation de sortir d’un lac quand je m’éveillais tant j’étais en nage. Mon pyjama me collait à la peau à tel point que je devais en changer en pleine nuit. Un enfer. Enfin, voir mon corps changer m’alarmait peut-être plus que ce que j’osais laisser prétendre. Un an auparavant, je me faisais défigurer par un loup-garou, et si aujourd’hui la plupart des marques se résumaient à des filaments sur ma peau, voir mes hanches s’élargir, mon ventre s’arrondir et ma poitrine se raffermir me déprimait. Était-ce seulement possible de ne pas avoir aussi mal aux seins ? Je ne me plaignais que peu, consciente que ces changements physiques indifféraient mon épouse quand d’autres l’enchantaient. La retenue n’en était que plus difficile, et heureusement que notre boite à idées de moments intime était sans fond. Elle déborderait certainement sans cela.
Ainsi donc, en nage, je cessais de tourner en rond dans le salon, trop désespérée par le fait de ne pas pouvoir me vider la tête. Je m’allongeais sur le canapé non sans un soupir d’aise. En dehors de la nuit, la position horizontale devenait ma préférée. Je me calais confortablement contre les coussins et le dossier. Poppy s’invita devant mon visage et ses poils me chatouillèrent le nez. Je remuais le visage jusqu’à ce que Théodor participe aussi au câlin collectif. Son nouvel endroit préféré était le sommet de mon ventre arrondi, et étrangement, sa respiration et le contact de ses petites pattes palmées me détendaient plus que tout le reste. Poppy ronronna. Une certaine quiétude s’empara enfin de moi, alors, je m’autorisais à fermer les paupières quand une rumeur s’éleva des couloirs du château. Les cours de la journée devaient être terminés. Harper ne tarderait pas à rentrer.
Je me sentais flotter, en phase de m’endormir, quand quelque chose de léger mais pointu me tomba sur le visage. Je fronçais les sourcils et rouvrais les paupières. A peine surprise par les grands yeux de Gérard, je ne sursautais pas, mais attrapais plutôt la lettre qu’il venait de me larguer en plein visage. Elle était fermée du sceau de mon oncle et de ma tante, les parents d’Aiko, cousine chère à mon cœur qui avait disparu du jour au lendemain sans laisser de trace. Reconnaître le sceau m’étreignit douloureusement le cœur. La disparition de ma cousine faisait affreusement écho au départ d’Harper quand nous étions adolescentes. Cela avait éveillé en moi des craintes vis-à-vis de mon épouse et de ma grossesse. Je ne supportais pas l’abandon. Une vague de chaleur désagréable me monta des pieds à la tête alors que j’ouvrais la lettre pour y lire de simples phrases. De simples phrases qui me donnèrent envie de vomir. Je me redressais d’un bond en faisant sursauter Poppy et Théodor, ce dernier glissant entre mes cuisses dans un pépiement interrogateur. Mes mains tremblantes lâchèrent le parchemin tandis que la porte d’entrée s’ouvrit sur la directrice des Gryffondor.
— Pas encore. Pas encore…
Murmurais-je avant de me décoller du canapé et, malgré mon front perlé de sueur, je me collais à mon épouse comme une ventouse (ça rime), ou plutôt, comme un koala. Les bras autour de sa nuque, je m’accrochais à elle comme à une bouée de sauvetage, le corps parcouru de tremblement.
— Aïko est revenue, articulais-je avec peine. Aïko est revenue et… on nous demande d’aller à la librairie et…
J’étouffais un sanglot. Pris une profonde inspiration. Une multitude d’émotions se bousculèrent en moi. Peur. Colère. Joie. Tristesse. Confusion. Mais la détermination de protéger ma fille prima sur tout le reste. Je me décollais de Harper et conclus, cinglante et déterminée.
— On n’ira pas. Je n’irai pas.
Point final. Elle était partie en me connaissant presque aussi bien que Kyle et que Harper. Elle était partie en emportant son enfant avec elle. Elle était partie sans un mot, sans un au revoir, sans rien. Par abandon pur et simple, mon épouvantard, ce que je ne pouvais pas supporter. Oh, j’affrontais bien des bêtes et des dangers dans ma vie. Mais ça. L’abandon. Non. Jamais plus. Aïko n’entendrait plus parler de moi. Elle ne faisait plus partie de ma famille. Pour le bien de ma fille, je ne la laisserai pas l’approcher, je ferai en sorte que Jackette soit entourée de personne sur qui elle pouvait compter, et non pas des promesses sans lendemain aussi brèves que du vent. Pour Jackette, je refusais, et décidais d’ignorer le retour ma cousine. Je me recomposais un visage, convaincue par ma propre décision, et me fis enfin plus douce. Les mains posées sur les hanches de mon épouse, je m’approchais pour l’accueillir comme il le fallait en fin de journée, l’embrassant aussi tendrement que goulument. L’abstinence devenait terriblement difficile, et qu’importe que je sois couvert de sueur ! Ce n’était pas ma faute ! C’était les hormones ! Je lui souris.
— Ça va ? Tu as passé une bonne journée ?
Dans mon dos, froissée sur le canapé, la lettre gisait toujours, et Théodor l’agrippa entre ses pattes pour commencer à jouer avec. Secouer du papier, ça fait du bruit. C’est amusant.
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Harper MacFusty
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Lun 16 Sep - 22:00
Les "Aïko" du passé.
Aïko & Abi
Juin 2021
Pas encore quoi ? Pas encore quoi ? Les nausées, les vomissements, les pipis intempestifs, la chiale, des paquets vides dans le placard ? Rien de tout cela forçait les gens à s’enrouler autour du cou de quelqu’un en se prenant pour un paresseux. C’était peut-être un comportement de koala après tout, mais qu’importe l’espèce, je ne suis pas un arbre assez solide pour supporter le poids d’un koala enceinte. En vérité, même un koala pas enceinte… bref ! Le koala transpirant me tord le cou. Tant bien que mal, je m’efforce de ne pas ployer sous son poids, d’abord parce que j’ai une fierté, ensuite pour ne pas laisser tomber le bébé. Est-ce que les femmes sont comme les tartines, elles tombent du côté de la confiture ? Ah ! Voilà autre chose. Le retour d’Aïko. Sa disparition aussi curieuse que soudaine ébranla toute la famille. Pour ma part, elle attisa ma rage envers Aaron et j’inventais milles et une façons de le retrouver pour l’étriper au bombarda. Par l’esprit, certes, mais figurez-vous que les meurtres par l’esprit ne sont pas interdits et qu’ils font le plus grand bien. Si ce départ blessa profondément Abigail autant qu’il ravivait la douleur d’anciennes blessures, je comprenais ce besoin d’air que ma cousine par alliance s’octroyait, me gardant bien de le dire à haute voix. Pour l'heure, je rattrappe Abigail par les hanches pour l’empêcher de fondre sur le sol. Mes paupières clignent entre l’envie de la rassurer et le méli-mélo d’émotions qui m’assaillent à l’annonce de la nouvelle. L’hébètement me plante littéralement dans l’entrée, jusqu’au soudain changement d’attitude de mon épouse qui m’embrasse comme si je venais de rentrer et qu’aucun hibou n’était passé. Théodore agite la lettre d’Eliott comme s’il espérait qu’une pièce dorée en tombe, le mouvement frénétique m’extirpe enfin de mon mutisme. “Abi… Honey…”. Je la repousse doucement par les épaules pour me diriger vers le canapé. Là, j’arrache sans ménagement la lettre des pattes de Théodore qui de toute façon se soumet à toutes les femelles de cette maison. Parcourant rapidement le mot d’Eliott, je soupire avant de m’avancer vers la cheminée : “Ils nous attendent. Allons-y”. Hors de question de laisser l’abcès s’infecter. Abigail règlerait ses comptes avec sa cousine, une bonne fois pour toute et tout rentrera dans l’ordre. Après plusieurs minutes d’insistance où je redouble d’inventivité pour argumenter notre visite, passant par tous les tons (doux, énervé, sévère) et tous les accablements possibles que je m’efforce de dissimuler derrière de grands airs théâtraux, Abigail consent enfin à prendre la cheminette. Ca ne va pas être de la tarte, Aïko, j’espère que tu as préparé ton argumentaire. Ca n’allait pas être de la tarte et, pour je ne sais quelle raison, un mauvais préssentiment me tord les boyaux. Peu habituée aux intuitions, je mets tout ça sur le compte du trop plein d’émotions d’Abigail qui m’affectait. Et je ne suis pas au bout de mes peines. Bien entendu, les parents d’Aïko sont dans tous leurs états. Eliott baragouines quelque chose en rapport avec la salle de bain, nous comprenons alors que la cousine s’est enfermée dedans. Je tends l’oreille contre la porte : “Elle prend simplement un douche, Eliott. Laissez-la s’habiller, elle va bien finir par sortir”. Face à la situation, mon ressentiment s’accentue. Aïko revient après des mois d'absence sans donner de nouvelle pour prendre une douche sans saluer ses parents. Et le bébé, où est le bébé ? Chez une nounou, ce doit être ça. Si je comprends aisément sa disparition, je ne saisis pas la mise en scène de son retour. Ne comprends pas ou bien ne veut pas comprendre.
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Aiko Macfusty
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Lun 16 Sep - 23:33
Aiko Macfusty a écrit:
J'ai mal....
Dans le dictionnaire, le chagrin est défini comme une intense souffrance morale ou une détresse due à une perte. Une douleur aiguë. Un regret douloureux. Mais dans la vie, les définitions s'appliquent rarement. Dans la vie, le chagrin peut avoir l'air de plein de choses qui ressemblent à une douleur aiguë.
Aiko & la famille ! ;
Il se passe une éternité entre la dernière phrase de maman et celle que je reconnais comme celle de ma cousine par alliance, Harper. Je suis toujours sous le flux d’eau chaude, qui commence à devenir quelque peu tiède, ce qui, sans aucun acte de ma part, me ramène à la dure réalité qu’est ma vie actuelle. Le vide reprend sa place, même s’il ne l’avait pas vraiment quitté, la chaleur l’avait simplement étouffé le temps d’un instant. Je dois me lever, je dois faire bonne figure, mais j’en suis totalement incapable, replier sur moi-même, je n’ai aucune envie, aucune énergie me permettant d’affronter ce que j’ai à affronter, je les ai abandonnés sans donner aucune nouvelle, ni même un moindre signe de vie... Ils ne peuvent que m’en vouloir. Les parois de la douche ont des accroches, qui vont me servir pour me remettre sur mes jambes, même si elles ne sont plus aussi solides qu'à mon départ, mon corps est plus frêle. L’anorexie n’est pas là, mais la perte est bien présente et peut commencer à devenir dangereuse pour moi, mais cela je ne m’en souci pas vraiment. Le plus important, je l’ai malheureusement perdu...
Un sanglot s'échappe, tandis que je me hisse sur mes jambes pour sortir de la douche après avoir coupé l’eau... Je soupire, dans le brouillard le plus total et complètement mouillé, je sors de la salle de bain. J’ignore ma mère qui fonce sur moi, et le regard des trois autres personnes présentes dans mon salon. Je me dirige vers ma chambre, laissant sur mon sillage une flaque, ou plutôt une rivière entre la salle d’eau et mon antre. J’ouvre l’armoire et sort un drap de douche, je m'enveloppe dedans. Je ne suis pas bien, mais pas au point de vouloir en finir... Du moins, pour le moment mon corps fait en sorte que je survive, même si c’est un automatisme plus qu’une envie.
Maman m'a suivi, je n’entends pas ce qu’elle me dit, beaucoup trop de sanglots, d’émotions. Je murmure alors ;
“Je vais bien... ” De toute évidence, mon cerveau en grand traître, ne met aucune émotion dans mes mots, comme si un robot moldu avait répondu, un peu comme une IA. Même sourire pour faire semblant, il ne me laisse pas faire. Il envoie des signaux contraires à ceux que j’aimerais envoyer, mon visage est vide et livide. La tête se met alors à tourner, le lit n’étant pas loin, je me rattrape du mieux que je peux, mais loupe celui-ci. Depuis quand je n’ai pas fait un vrai repas ? Je ne m’en souviens plus.
“Ça va...” Je répète quand ma mère tente de m’aider à glisser sans me faire de mal. Je dis cela plus pour me rassurer que pour la rassurer, une sorte de mantra, d’auto persuasion.
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Abigail MacFusty
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Jeu 19 Sep - 20:36
Souffrance de l'âme, produite par une déception, un deuil, un chagrin, une peine, qui compromet plus ou moins gravement la quiétude, le goût, le bonheur de vivre.
J’avais refusé de parler. J’avais crié. J’avais pleuré. Mais Harper était la seule au monde à faire de moi tout ce qu’elle voulait après Kyle. Ce dernier n’étant plus de ce monde pour me donner son avis si précieux, je cédais. Aïko faisait partie de ma famille, nous avions le même sang. Vraiment ? Est-ce que cela devait tout pardonner et tout permettre ? Harper pouvait encore souffrir de la méfiance que je lui prêtais, des peurs qu’elle avait elle-même ancrées au fond de mes tripes. Mon seul pilier à l’époque fut ma famille, et en disparaissant, Aïko avait brisé un pacte tacite entre nous deux. Je ne pouvais le tolérer.
Le simple fait de retourner ici m’emballa le cœur. Je croisais les regards affolés de ma tante par alliance et de mon oncle de sang. Ceux-ci eurent l’air soulagés de notre présence, mais ce ne fut qu’une expression fugace en voyant ma mine renfrognée, les sourcils froncés, la bouche pincée, les épaules pliées autour de mon cou et de mes bras croisés sur un ventre chaque jour un peu plus bombé. Évidemment, ils savaient. Eux, ils avaient été présents pour apprendre la nouvelle. Pourtant, je surprends le regard de mon oncle. Cet aller-retour sur mon ventre et sa mine inquiète tandis que mon épouse rejoint ma tante pour écouter aux portes (bande de malpolies !) de la salle de bain. D’instinct, je balayais la pièce du regard, puis fit le tour de chaque pièce, sans résultat. En regardant à nouveau mon oncle, celui-ci secoue légèrement la tête. Un poids leste mon estomac. À tel point que je dois m’asseoir sur le premier fauteuil venu. OK, du calme. Aïko était partie depuis longtemps, si ça se trouve, le bébé était en sécurité. Ailleurs. L’eau cessa de couler. La porte s’ouvre sur un nuage de vapeur et le corps nu et affaibli de ma cousine. Un rictus tord mes traits. Celui qui manifeste de la complexité des émotions contradictoires que je ressentais présentement, guidée par l’amour que je portais à ma cousine depuis notre naissance, inquiète de la voir si mal au point, elle qui voyait toujours la vie du bon côté… et d’un côté, guidée par la peur qui me tordait les tripes, la terreur de l’avoir vue disparaître, elle, en qui j’avais tant confiance. La peur qu’elle inflige une quelconque douleur à ma future fille. Et son bébé, il est où son bébé ?
Mais la peur et la rancune sont plus fortes. Ma cousine part dans sa chambre et ne cesse de murmurer des insanités qui m’agacent au point que j’ai envie de hurler. Mais j’ai encore mal aux cordes vocales de la dernière gueulée envoyée sur Harper à propos de sa sœur, alors je m’abstiens. Je prends une profonde inspiration, essaie de croiser les jambes, n’y arrive pas, alors je remue et m’appuie sans élégance sur l’accoudoir. Dans un geste irréfléchi, je brandis ma baguette magique et invoque la seule chose que je puisse faire de mon état de fragilité intense : une fumée nacrée s’échappe de la pointe de ma baguette pour former un petit koala qui trottine jusqu’à la chambre. Il s’y attarde un instant avant de sortir par la fenêtre en bondissant cette fois.
Moi, je rangeais ma baguette dans la poche intérieure de ma manche et détournais le visage, les lèvres toujours pincées, obstinée dans mon ressenti. La peur de l’abandon, accentué à la disparition mystérieuse du bébé de ma cousine, de mon neveu, ou ma nièce, me tord l’estomac, et j’en ai mal à en crever. Putain, il avait intérêt à aller bien ce bébé ! Inquiète du malheur qui planait sur ma cousine, mais renfrognée et têtue par la peur qui me paralysait le cerveau, je parvenais simplement à ronchonner sur mon fauteuil.
— Si ça va, alors habille-toi et viens nous donner des explications claires et concises.
Le ton était plus dur que ce que je l’avais souhaité, mais hé ! Le trémolo dans ma voix trahissait mon inquiétude et mon effroi latent. Je me positionnais de façon à ce que mes rondeurs soient dissimulées par mes vêtements que je portais à présent, heureusement, plutôt amples afin d’être à l’aise dans mes mouvements. Après quelques minutes, on sonna à la porte. Eliott alla ouvrir sur un médicomage guidé jusque-là par mon patronus qui revenait alors vers moi et qui s’accrocha à ma jambe comme s’il s’agissait d’une branche d’eucalyptus.
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Ven 15 Nov - 7:12
Les "Aïko" du passé.
Aïko & Abi
Juin 2021
Les yeux écarquillés mais le regard figé, la mère d’Aïko et moi suivions Aïko du regard tandis qu’elle se déplaçait jusque dans une chambre pour déplier un drap de bain. Une rapide analyse ne m’apprit absolument rien du tout : l’amaigrissement de son corps cachait tous les stigmates qu’une grossesse pouvait laisser, je m’assénais le crâne que cela ne voulait strictement rien dire, pourtant, mon regard croise celui de ma tante par alliance, j’y lisais la même crainte amplifiée. Présentement, nous ne savions toujours pas ce qu’il s’était passé mais nous craignions le pire. Je restais en retrait tandis que sa mère allongeait Aïko dans sa perte de connaissance pour ne pas qu’elle se fracassa le crâne. Non, elle était toujours consciente. A l’en croire, c’était les forces qui lui manquaient. Ok, ça ne voulait toujours strictement rien dire, on n’allait pas tirer des conclusions hâtives, n’était-il pas ? La voix d’Abigail, depuis le salon, semblait lointaine. Je clignais des paupières pour m’activer enfin. La tête d’Aïko reposait entre les deux mains de sa mère, et je saisissais la drap de bain pour correctement la recouvrir. Abigail n’était pas bien, je me retrouvais déchirer entre les deux, en équilibre entre incompréhension et l’envie de les secouer tous. On ne pouvait pas rester comme ça, à attendre que la situation empire ? J’avais la sensation qu’Aïko venait de recevoir une balle en plein coeur, qu’elle se vidait de son sang et que nous hésitons sur la conduite à tenir : boucher le trou pour amoindrir l’hémorragie ou continuer de tergiverser en la regardant se vider de son sang ? On sonna à la porte et la tête d’Aïko sauta dans les mains de sa mère, tant ma tante sursauta… et moi aussi. Une main sur le cœur, j’allais accueillir le médicomage puisque les parents étaient penchés sur leur fille et Abigail tenait lieu d’eucalyptus. Quand le médicomage me questionna sur la raison de cet appel, j’eu l’impression que c’était bien ma voix mais qu’elle ne sortait pas de mon corps : “Ma cousine est réapparu après plusieurs mois d’absence dans un état amaigri et… hum”. Je baissais la voix. “A l’époque elle était enceinte. Elle n’a pas bronché, elle nous dit que ça va, c’est tout ce que nous en avons tiré. Elle vient de perdre plus ou moins connaissance”. Le médicomage rentra avec mollesse (encore un qui avait dû enchaîner les consultations) pour se diriger vers Abigail. “Non, intervins-je, pas elle. Aïko est dans la chambre, avec ses parents”. L’homme marmonna un “pardon” puis se dirigea vers la pièce que je lui désignais de la main. Cette fois, je ne me permettais pas d’intégrer leur intimité, préférant rester auprès de mon épouse. Je m'asseyais dans un fauteuil, consciente que le moindre mot prononcé aggraverait la situation. Nerveusement, mes doigts tapotaient sur ma cuisse, j’entendais le médicomage discuter avec les parents : “... il va falloir crever l'abcès, l’entendis-je dire enfin”. Etait-ce une métaphore ou bien Aïko était-elle blessée ? Dans le premier cas, je songeais que si c’était Abigail qui le faisait, métaphoriquement ou pas, ça allait laisser un gros trou. Je décidais alors de prendre les devant, me levait tandis que les parents d’Aïko remerciaient le médicomage. D’un air entendu, j’aidais Eliott à déplacer Aïko vers le salon tandis que sa maman préparait une infusion. Nous l’installâmes sur le divan afin d’allonger ses jambes, face à Abigail, et je crains soudain que cela ne soit pas la meilleure des idées. Crever l’abcès. J’attendais que la mère d’Aïko revint de la cuisine chargé d’un lourd plateau fumant et d’un service à thé, pour prendre place aux côtés d’Abigail, lui saisir la main, et opérer l'abcès : “Que s’est-il passé, Aïko ?” J’empruntais la voix la plus calme dont j’étais capable mais la rapidité de mes mots trahissait ma maladresse. Je me contenais, non sans peine, d’ajouter une question. Ils gardaient le silence, tous autant qu’ils étaient, ils n’allaient tout de même pas me laisser faire ça ? Où est… où est… non mais je ne pouvais pas poser cette question. Pourtant elle me brûlait les lèvres, et honnêtement, dans le genre “crever l’abcès”, c’était assez efficace. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche, Harper. Tourne-là !
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