Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Lumos Je rp en : #cc66ff Mon allégeance : Ordre du Phénix
Sam 22 Juin - 11:40
Raviver la lumière
Premier trimestre 2021
Le voyage de Londres à Paris se déroula sans encombre. Harper emprunta d’abord l’avion, mode de transport moldu, long à souhait pour y aller mais ne pas y aller trop vite, puis un réseau de cheminette jusqu’à l’hôtel des Invalides situé dans le septième arrondissement parisien. Quelle idée d’installer un hôpital sous une nécropole-musée… ah ! c’était un hôpital aussi ? Ils sont vraiment bizarres ces français. Que disait le courrier du père Kersaint-Gilly déjà ? “Faire refléter la lumière pour passer dans le monde d’en-dessous”. Probablement brillante comme cachette, indéniablement morbide. L’or de la nécropole brillait au soleil sous un éclat presque aveuglant. A l’instar de Londres, la ville de Paris était connue pour son mauvais temps et aujourd’hui, la météo démentait tout ce que l’on disait. Son ancien mentor américain lui dit une fois que la météo, dans les livres et les histoires, servait à appuyer les ressentis des gens et rendre plus sombre un mauvais moment ou plus coloré un jour de joie. Le mentor avait précisé qu’il fallait cesser de rendre la météo responsable de nos maux ; d’ailleurs, c’était beaucoup plus cruel d’apprendre une mauvaise nouvelle une journée ensoleillée. Après-en, cette phrase prenait tout son sens. Harper se positionna entre deux lampadaires, prononça le premier sort qui la cachait au moldu, lui permettant d’exposer sa baguette au grand jour puis prononça : – Necropolis riflesso. En un battement de paupière, le monde changea autour d’elle. La ville et son boucan disparurent, laissant place à un jardin verdoyant entourant l’édifice. L’experte en sortilège siffla d’admiration devant le brio de cet enchantement. Puis, elle fondit ses mains dans ses poches pour s’avancer dans le chemin poussiéreux entourée de haie impeccablement taillée et qui menait jusqu’à l’entrée de l’hôpital. Des infirmiers et infirmières promenaient des patients entre les arbres et les bandes fleuries, certains portaient des ombrelles pour les protéger de l’aplomb du soleil. D’autres se balançaient sur des bancs, seuls ou accompagnés d’un proche dont les épaules croulaient d’accablement. Harper avala sa salive. L’hôpital la mettait mal à l’aise ou bien était-ce ses retrouvailles avec Jean ? Après l’échec de trois hiboux, elle avait reçu en début de semaine dernière un surprenant courrier, celui du père de Jean, lui expliquant que Jean était hospitalisé, dans un état dont il ne pouvait en dire plus. Harper préféra ne pas en parler à ses grand-parents pour ne pas les inquiéter plus que nécessaire, admettons qu’ils ne soient pas au courant. Devant la grande porte d’entrée, elle hésita, lu plusieurs fois le nom de l’hôpital inscrit en latin, puis la gryffondor en elle s’énorguelli, releva la tête et entra, se dirigeant vers l’accueil. Évidemment, elle ne parlait pas un mot de français, mais en avait-elle véritablement besoin ? C’était qu’ils n’avaient qu’à se mettre à la page, les français, pour devenir bilingue comme tout le monde. La plus jeune des employées d’accueil conversa dans un anglais impeccable et si Harper ne leva pas les yeux au ciel, c’était uniquement par politesse. La jeune fille lui proposa même de l’emmener elle-même vers le lit de sa sœur. Bien sur, pour vérifier son identité, l’employée procéda à une vérification génétique à l’aide d’un sortilège, avant de la prier de bien vouloir la suivre. Harper ne se souviendra jamais du chemin qu’elles avaient emprunté. Etait-ce dû à un enchantement ou à autre chose ? – Belle journée, Madame, lui dit la jeune employée avant de s’en retourner, tout sourire. Ces mots-là, Harper était capable de les comprendre, et elle prononça même un “merci”. Dans une allée où s’alignaient de nombreux rideaux pour séparer les blessés, elle se retrouvait nez à nez avec le blanc immaculé du rideau derrière lequel Jean se trouvait. Par merlin ! Elle pouvait faire demi-tour et raconter un bobard à Abi. Personne n’en saurait jamais rien. Vraiment ? Harper crispa son visage, fronçant le nez et le front. Elle se remémora ce rêve qui l’avait conduite jusqu’ici. Quand soudain, quelqu’un ouvrit subitement le rideau. Certainement que cette femme aux cheveux grisonnant avait senti sa présence. Les mains toujours dans les poches, Harper se décrispa immédiatement. Harper redevint Harper. – Quoi ? dit-elle effrontément à l’inconnu. Et en anglais qui plus était. Au vu de la tenue, ce n’était pas une soignante, ce qui n’empêcha pas la jeune femme de la contourner comme si de rien n’était. Derrière le rideau, grâce à la magie, l’espace était beaucoup plus grand qu’il n’y paraissait depuis de l’extérieur. Sitôt sur les lieux, Harper stoppa nette devant une luminescence… pas normale. Bien que choquée, elle entendit parfaitement l’autre lui demander : – Qui êtes-vous ? – Détends-toi mamie, seuls la famille et les proches sont autorisés aux visites. C’était tout ce qu’elle avait dire car en vérité, elle avait bien des choses à regarder. Quoiqu’il en était, elle resta là, plantée à l’entrée de l’espace de repos dédié à sa soeur. Qu’avait dit le père Kersaint-Gilly déjà ? Feydemon. Même elle n’avait jamais osé s’en servir. Mais que s’était-il passé ?
Jean se trouvait encore et toujours dans la fournaise. Qu'elle ait repris conscience ou non n'y changeait rien. Les jours et les nuits se ressemblaient tournant autour de Jean comme une affreuse danse macabre. Et son coeur palpitait quand elle se rappelait cet immense oiseau de feu qui avait fondu sur eux. Elle, ceux contre qui elle combattait, ses alliés, peu importaient dans l'enfer de flammes déclenchés par une baguette qui ne répondrait plus de toute façon. A quoi bon se poser des questions ? Sans son instinct de survie et un brin de hasard, Jean aurait fait partie de la liste des victimes. Elle aurait remercié sa réactivité si elle n'avait pas tant souffert.
Après s'être jetée au sol, tout avait tourné autour d'elle. Une terreur primaire s'était emparée d'elle, elle allait mourir seule sans avoir rien accompli. Elle était tombée sans fin dans un four d'une chaleur à mourir. Dans ce four aucune brise, aucune échappatoire, on étouffait sans mourir, des pics de brûlure se rappelaient à vous. Surtout, pas de répit. C'était un instant ou une éternité. Puis l'intensité de la douleur avait tout coupé. Etait-elle morte ? Une paix qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant, un calme qu'elle accueillait et qui l'accueillait, l'impression d'être à sa place, de se glisser dans des nouveaux draps. Le bonheur ? Etait-ce cela ? Le contraste de cette douleur avec ce soulagement n'avait pas de prix. Pourtant l'obscurité sans conscience avait fini par s'interrompre.
Elle avait ouvert les yeux, aspirée vers la vie. Quelque chose en elle-même l'avait ranimée, quelque chose qui lui susurrait qu'elle n'avait pas fini. Cette énergie intérieure boostée par des enchantements, des potions, les médicomages des Invalides en avaient vu d'autres. Ils s'étaient bien penchés sur son cas avec attention, les victimes du feudeymon n'en réchappaient pas souvent mais celle-ci était une ressortissante anglaise et sa cheffe était une casse bonbon de première qui ne les avait jamais lâché, de plus c'était la fille de M.de Kersaint Gilly, bref une tripotée de raisons plus contraignantes les unes que les autres les avaient obligés à se pencher sur son cas pour trouver des solutions.
Jean avait donc ouvert les yeux, comme un noyé reprend sa première bouffée d'air. La nuit l'avait aveuglée. Ses zygomatiques avaient commencé leur laborieux travail, son sourire avait presque commencé à se former. Et pourtant dans la même seconde, sa colonne vertébrale s'était tendue, un long hurlement avait empli ses oreilles. Elle avait mis quelques minutes avant de se rendre compte que ça avait été le sien. Il était rauque la douleur étouffait tout sur son passage, elle tendait ses cordes vocales tordait son visage, ses bras s'étaient recroquevillés immobile. Elle n'avait pas pleuré, elle n'avait même pas pu s'entendre penser. La brûlure. C'était comme une vague, et cela prenait tout son corps. De la lave avait remplacé son sang. La douleur était tellement forte qu'elle en devenait curieuse, elle ne savait plus si elle avait froid ou chaud. Les cauchemars lui apprirent bientôt que le feudeymon avait empoisonné son corps, s'infiltrant en elle comme un maléfice.
Nouvel ennemi dans son propre corps, la guérison serait une bataille comme une autre. Heureusement, elle était bien accompagnée. Les traitements lui offraient quelques instants de répit. Le temps aidait aussi. Elle put s'adosser pour la première fois, parler à Sybille et son père qui la regardaient entre pitié et inquiétude. Jean avait toujours refusé de se voir dans un miroir. Elle avait vu son propre corps. On lui avait bien dit que "cela allait beaucoup mieux, que Mme Auburn s'était très bien remise, qu'il y avait de grandes chances que tout disparaisse et qu'elle n'ait pas de cicatrices". Pas de cicatrices... mais la vue de sa peau qui tombait, fondue, son corps était difforme de tout le côté gauche. Elle n'osait toucher son visage sentant bien que sa joue ne tombait pas du bon côté, que son œil gauche voyait flou. Sa main, si gracieuse lui semblait à la fois décharnée et déformée. Elle ne s'était certes jamais trouvée particulièrement belle mais ça lui mettait un coup quand même. Heureusement, elle avait vu les progrès de sa peau qui revenait à sa place normale, reprenait de sa texture normale jour après jour. Ce qui avait plus de mal à partir, ce qui terrifiait Jean sans qu'elle puisse le comprendre c'était cet entrelac de flammes qui parcourait désormais sa peau. Comme un tatouage indélébile, ses veines ou ses nerfs semblaient faits de ce feu qui l'avait empoisonné. Comme si le feudeymon s'était arrogé le droit de parcourir son corps jour et nuit la mettant au supplice. Quelle torture de ne jamais pouvoir se refroidir en plein hiver. La nuit, les filins de feu la réveillaient soit en pulsant de douleur jusqu'à son cerveau soit par leur lueur constante.
"Sybille, je suis un fucking lampion !" aurait-elle aimé lui dire quand elle venait la rassurer, s'asseoir à côté d'elle ou lui ramener des livres. Mais à quoi bon lui dire, Sybille voyait bien que Jean était un fucking lampion. Les visites de son père lui mettaient du baume au cœur. Avec ses enfants, cela égayait un peu un quotidien bien morose. Cependant les visites la fatiguaient aussi, elle puisait toute son énergie pour paraître en meilleure forme qu'elle ne l'était. C'était lors d'une de ses visites qu'elle avait évoqué, sans faire exprès sa sœur. Cela faisait si longtemps... et si Jean ne la revoyait jamais. Cette pensée remontait dans son esprit comme, une bulle venant de très loin, du fond de ses tripes.
Un matin, après une longue nuit peuplée de cauchemars, de réveils en sueur, du coeur palpitant du traumatisme vécu, deux hauts gradés du MAF français étaient venus. Sybille, derrière eux se retenait de leur dire tout ce qu'elle pensait d'eux. Envoyer une jeune dans cette mission avait été suicidaire. Elle se retenait par convenance, car Jean était sincèrement heureuse de les voir, sachant tout l'honneur que cela valait aux yeux de son père, et elle se retenait aussi par honte. Jean était son assistante, c'était à elle d'assurer sa sécurité. La culpabilité la rongeait. Les deux fonctionnaires avaient chaudement félicité la jeune sorcière, la remerciant pour ses services et lui avaient souhaité un prompt rétablissement, sans pour autant la regarder dans les yeux. Elle avait bien vu leur expression, un mélange de choc mêlé au dégoût quand ils avaient passé son rideau. Ils étaient repartis aussi vite qu'ils étaient arrivés, gênés par la situation autant que le corps de Jean. Cela l'avait blessée, alors elle n'y avait plus pensé, sous le tapis la honte. Elle avait simplement rangé sa médaille dans sa table de chevet. Puis, la souffrance était revenue, familière, plus le temps de penser. Survivre.
**
Les rayons du soleil perçaient artificiellement dans ce dortoir, reflet de la belle journée dont bénéficiait Paris. Sybille était venue aux premières lueurs du jour, trouvant Jean déjà éveillée. La nuit était moins douloureuse que les jours de soleil. Elle lisait un manuel de potions et prenait des notes de sa main affaiblie, notes qui ressemblaient à des pattes de mouche, tantôt absorbée par son apprentissage tantôt grimaçant de douleur. Elles avaient discuté, Jean avait de nouveau tanné Sybille de questions quant à sa future reprise et Sybille l'avait tempérée. Puis le feu avait pulsé en elle, lui donnant la nausée et mouillant ses yeux, son teint déjà fort pâle s'était blanchi. Et elle s'était assoupie alors même que Sybille appelait une infirmière.
Ses rêves n'étaient pas si reposants. Ses sourcils se fronçaient souvent, ses doigts secoués de légers spasmes, elle ressemblait à un animal blessé alors qu'elle aurait voulu être une grande sorcière au sommeil paisible, à la récupération facile. Dans son rêve, elle vit Harper, la jeune Harper avant qu'elle ne rentre à l'école. Elles étaient dans une piscine et la piscine chauffait. Sa soeur lui parlait sans qu'elle n'entend ce qu'elle disait. Elle devina les mots sur ses lèvres. "Mamie.." Mamie ?
Pendant ce temps, la véritable Harper qui s'était engouffrée comme une furie dans la chambre pour rester pudiquement sur le palier avant d'invectiver Sybille. Sybille n'était certainement pas du genre à se laisser marcher sur les pieds par une grenouille malpolie et agressive. Elle répondit avec son accent français à couper au couteau après l'avoir regardé de haut en bas. Elle leva les lèvres d'une moue méprisante.
" Je vois... Tu dois être Harper. Même bouche mais pas la même langue visiblement. Quelle insolence de la part d'une jeune personne qui vient pour la première fois voir sa petite soeur. J'espère que vous serez un peu plus aimable avec elle, sinon..." vous pouvez encore repartir d'où vous venez... se retint-elle de dire. Mais Jean aurait aimé voir sa soeur, aussi imblairable semblait-elle. Les rares évocations de sa soeur avaient toujours été empreintes de joie. Cela
Elle alluma de sa baguette un cigarillo sans feu, sachant la résonance que la présence d'une flamme pouvait faire aux cicatrices de Jean. Les infirmières lui avaient bien dit qu'elle ne devait pas fumer mais c'était au-dessus des forces de Sybille. D'autant que selon la description faite par Jean... Harper était sa soeur bien aimée avec qui elle avait une relation idyllique même si Harper était très occupée depuis quelques années. C'était tout ce qu'elle avait pu soutirer à Jean, devinant que quelque chose clochait. Vu le comportement de cette soi-disant soeur géniale, elle venait à penser que Jean rapportait un tissus de mensonges auquel elle croyait sans doute elle-même. Jean serra les dents en un crissement qui tira une grimace à Sybille. La vieille sorcière s'approcha de l'alitée et frôla son bras nu, brûlant. Elle lui murmura en français, d'une voix qui tranchait avec celle employée pour Harper et qui montrait qu'une certaine douceur subsistait dans ce personnage à l'allure sèche
" Djin, il y a quelqu'un qui veut te voir. "
La respiration de Jean se ralentit alors, signe qu'elle se réveillait. Un goutte de sueur coula de sa tempe jusque dans sa clavicule. Ses yeux papillonnèrent, d'abord sur Sybille, puis sur Harper sans la reconnaître, puis de nouveau sur Sybille. Son esprit enfumé de cauchemar n'arrivait pas à comprendre. Sa respiration se fit de nouveau plus haletante quand elle reconnut Harper. Ses yeux s'écarquillèrent. Dans un souffle fatigué, dans un souffle où rayonnait un espoir nouveau, un espoir vibrant, l'éclat dans le regard de Jean pétillait de nouveau, elle ne put en dire beaucoup plus.
"Tu es venue !"
" Je vais vous laisser, vous devez avoir des choses à vous dire. Si besoin, appelle moi. "
C'était un peu trop à supporter pour Sybille, les réunions de famille gênantes très peu pour elle. Jean tenta tant bien que mal de se redresser en masquant sa douleur. Arriva alors, un flot de paroles qui s'entrechoquaient les unes les autres, impossible de contenir cette excitation.
"Je ne savais pas que tu viendrais, j'aurais fait autrement, je ne suis pas très présentable. Et puis, tu as fait bon voyage ? Tu sais ce n'était pas la peine de venir me voir, je sais que tu es très occupée... même si ça me fait plaisir. "
Elle se tut brusquement, se rendant compte que cela faisait peut-être beaucoup. Pour elle aussi, son coeur battait la chamade. Son regard se perdit sur sa soeur, essayant de trouver ce qui avait changé de ce qui était resté pareil.
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Dim 7 Juil - 20:56
Raviver la lumière
Premier trimestre 2021
Le paysage n’était qu’une succession de collines grises parsemées d'arbres décrépi par le feu. Entre les girons des collines, une plaine s’étendait, vaste et désolée, au sol craquelé. Harper se baladait seule, éperdue ; elle criait le prénom d’Abigail. Elle était certaine qu’elle était quelque part par-là. Pendant la bataille, elle l’avait repéré aux prises avec plusieurs ennemis. Elle-même s’était débarrassée de plusieurs assaillants avant d’enfin pouvoir la rejoindre. Si tôt s’était-elle précipitée sur le flanc d’une colline que le paysage avait changé ; il n’y avait plus personne et ses pas relevaient tout juste de la poussière tandis qu’elle courait sur la plaine. Peut-être aurait-elle un meilleur point de vue si elle accédait aux collines là-bas, dessinant l’horizon. Sa course lui sembla interminable, elle était incapable d’accélérer son allure mais elle parvint, au bout du compte, à grimper sans s’essoufler. Arriver au sommet, Abigail n’était pas là. D’ailleurs, il n’y avait personne. C’était trop tard, se dit-elle. Trop tard pour quelle raison ? Elle ne s’en souvenait plus ou n’était plus vraiment sur. Elle longea les collines comme si elle parcourait les crêtes de hautes montagnes. Bizarre. Que faisait-elle là déjà ? Enfin, un cri retentit. Elle accouru - du moins lui sembla-t-il courir. Des personnages vêtus de robes noires et de cape toutes aussi sombres faisaient face à une silhouette vêtue en de blanc. – Bombarda maxima. Le sort ricocha sur la terre sèche sans toucher aucun des assaillants. – AVADA KEDEVRA ! s’égosilla-t-elle. Les silhouettes noires se dissipèrent dans un éclat de rire. Les avaient-elles touchées ou avaient-elles disparu de leur plein gré, en transplanant ?
****
Ce rêve revenait sans fin. Et aujourd’hui, il lui revenait particulièrement en mémoire. C’était que la vieille n’était pas commode. Pour la culpabilité, c’était loupé ; par contre, Harper nota sa réflexion qu’elle jugea aigre et fort déplacée. Après tout, jusqu’à preuve du contraire, sa sœur et elle n’avaient jamais été proches. Elle se réservait le droit d’avoir sa vie et ses choix de vie, et une vieille peau aigrie n’avait pas son mot à dire. Au fond d’elle-même, elle savait que Sybille avait raison. Une partie de son âme fut touchée, presque coulée si le culot éhonté - pour ne pas dire franchement honteux - d’Harper ne prenait pas inlassablement le dessus. Sybille disparut pour laisser aux deux sœurs un peu d’intimité. Harper, toujours branchée sur sa réflexion, se pinça les lèvres en se demandant de quoi elle voulait bien parler. Elle qui était persuadée de tenir son sourire en tranche de pastèque de son fracassé de père, elle commençait à se demander si le gène n’avait pas été activé par les deux parents. La brusque prise de parole de Jean l’a ramena à la réalité. Elles ne s’étaient pas revu depuis des années et, malgré l’absence de réponse d’Harper - pour ne pas dire qu’elle avait littéralement ignoré ses courriers, Jean démontra une joie immense à voir sa soeur à son chevet. Les explications du père concernant les blessures de Jean avaient été brève ; Harper ne se doutait de rien quant au métier de sa soeur et des secrets qui résidaient autour. Pour autant, une foule de questions se bousculaient dans sa tête de curieuse ; elle observa Jean depuis sa tête incandescente jusqu’à ses pieds cachés sous les draps avant de lui fournir une réponse : – Toi aussi tu as changé, dit-elle sur le ton de la conversation. Et ce n’est pas dû seulement à ta gueule de guirlande. Ce n'était pas une boutade ni même une critique. Harper se tapota le menton de l’index. – Alors ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Jean n’avait pas beaucoup vécu avec sa sœur. Dès ses 6 ans, Harper était partie pour Poudlard, puis ç’avait été au tour de Jean et le Silence, avec un S majuscule, s’en était suivi. Le silence tonitruant, bien plus dur que la porte qui claquait au nez de Jean pendant les vacances, bien plus dur que les haussements de sourcil de Harper quand Jean lui posait mille et une questions, le silence. Et pourtant, malgré les années, Jean reconnut dans les lèvres pincées une mimique typique de Harper. Elle l’avait tellement regardée, observée cette grande sœur si parfaite à ses yeux. Et elle était là. Elle pouffa de rire, Harper n’avait rien perdu de sa verve, de son énergie. Gueule de guirlande… honnêteté brutale. Jean avait toujours aimé ça chez sa sœur. Elle ne l’avait jamais mal pris, même quand c’était fait pour faire mal. L’alitée, qui avait du mal à accepter son nouveau corps abimé, riait tout de même aux blagues de sa sœur. C’était étrange, irrationnel, mais elle trouva cela rassurant qu’Harper la charrie. Alors, ce n’était pas que dans sa tête, il y avait peut-être encore ce petit lien entre elle. Quant à son changement de tête… bien évidemment. La dernière fois qu’Harper avait vu Jean, elle avait 17 ans, une adolescente.
"Je suis si ridée que ça ? "
Moins que toi… faillit-elle dire mais elle s’en empêcha. Leur lien était si ténu et si précieux qu’elle avait peur de brusquer, peur de tomber à côté de la plaque, qu’Harper se braque ou pire … qu’elle s’en aille. De nouveau. Elle ne quittait pas Harper des yeux, terrifiée qu’elle s’échappe. Il suffisait qu’elle cligne des yeux, et elle s’échapperait. Jean n’était pas sûre de pouvoir le supporter. La douleur des brûlures martyrisait son corps, la souffrance de l’abandon poignarderait son cœur.
Vint la question fatidique. Harper ne répondit à aucune de ses questions et Jean n’en prit pas ombrage. Son regard se voila, son sourire était tendu comme s’il repoussait avec force les souvenirs qui pouvaient l’envahir à tout moment. Evidemment, il n’y avait qu’une échappatoire pour Jean Déni.
"Je me suis pris le sapin à Noël. "
Son sourire était si sincère, si rayonnant. La joie de voir sa sœur menaçait de déborder à tout moment. Et Harper ne s’était jamais souciée de ses blagues, si elle voulait la tenir dans sa chambre plus d’une dizaine de minutes elle devait la jouer finement. Tous les stratagèmes pour intéresser Harper lui revinrent en mémoire.
" C’était… du feudeymon. Rien de très grave, je suis encore jeune, je devrais pouvoir tout récupérer à ce qu’ils m’ont dit. "
Mensonge. Mais mensonge dont elle finirait par se persuader elle-même. Un mensonge tourné vers l’avenir pour échapper aux souvenirs traumatisants qui la poursuivaient.
" Tu veux quelque chose ? Il doit me rester des chocogrenouilles que m’ont ramené Erwann et Loïc. Assieds-toi, si tu as le temps… j’aimerais savoir où tu en es."
Erwann et Loïc étaient ses demi-frères, ce qu’elle garda bien de dire. Son regard était presque suppliant, elle avait l’impression à la fois de voler dans les nuages et de marcher sur des œufs. Rien n’existait qu’Harper, ce qu’elle dirait, ce à quoi elle ressemblait. Toute l’attention de Jean était porté sur Harper, oubliant la douleur et le long cheminement qui l’avait amené sur ce lit d’hôpital, oubliant qu’elle avait survécu. C’était tellement important pour elle. Elle nota mentalement sa tenue, mais aussi sa posture, son regard plus incisif encore qu’avant, elle savourait de l’entendre parler, ses intonations avaient un peu changé, ou alors Jean avait oublié. Elle voulait graver cette image dans son esprit à jamais.
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Jeu 1 Aoû - 10:58
Raviver la lumière
Premier trimestre 2021
Harper haussa les épaules. Peut-être que les pâtes d’oie au coin de ses yeux n’existaient pas. Peut-être n’était-ce dû qu’à la fatigue dont ses blessures étaient responsables. Assurément, Harper ne possédait aucune image de comparaison, sa mémoire lui faisait défaut, se justifia-t-elle intérieurement et un terrible sentiment de honte l’assaillit bien qu’elle n’en montra rien. Elle se contenta de croiser les bras, intéressée surtout parce qu’il s’était passé. Immédiatement, à la réponse inattendue de Jean, Harper s’immobilisa ; c’était bien envoyé et pensé, mais quelque chose empêchait Harper d’éclater de rire, aussi se contenta–t-elle d’un hoquet de surprise. Et la véritable raison finit par arriver. Harper papillonna des cils, enfouit dans son mutisme. Interloquée, les mots lui manquait. Un feudeymon. Quelle merde fallait-il fouiller pour risquer de se prendre un tel sortilège en pleine poire ? L’excentrique professeur de Sortilège qu’elle était ne l’avait jamais envoyé dans les eaux sombres de cette magie, bien qu’elle ne manquait jamais de fricoter avec les magies dangereuses. Toutefois, celles qu’elle employait ne visait jamais à faire du mal, aussi Harper connaissait du feudeymon ce que les grimoires voulaient bien en dire. Et les toiles d’araignées incandescentes sur le corps de sa soeur en disaient long. Harper ne décela pas le mensonge dans la voix de sa soeur ; elle n’était pas du genre à analyser les comportements. Mais elle nota sans difficulté que Jean souhaitait rapidement changer de sujet. Pas de problème, elles auront le temps d’y revenir. Sur ce, elle se dérida et s’installa au bord du lit de la blessée - pas trop près non plus. Sans rechigner, elle accepta les friandises et mordit dans une chocogrenouille, l’air dans le vague (si tant était que cet air puisse lui appartenir). – Qui est–ce, Erwan et Loïc ? Elle prononça le dernier prénom avec difficulté, celui-ci n’appartenant pas vraiment à sa langue d’origine. Puis, elle détourna légèrement son attention avec de répondre en fixant Jean droit dans les yeux : – Je suis professeur à Poudlard. De sortilèges. L'ombre de la honte assombrit soudain son visage. Avant qu'elle ne s'éloigna de sa soeur, c'était bien connu qu'Harper envisageait de devenir auror. Sa honte s'accentua quand elle songea qu'il n'y avait rien de honteux d'échouer, d'autant plus qu'elle avait fini par trouver la voie qui lui correspondait le mieux. C'était même la voie qui était venue à elle. Mais Harper n'avait jamais digéré cet échec. L'ambiguïté de ses sentiments l'agaca, aussi elle ajouta comme pour détourner le sujet de conversation : C’est ton père qui m’a dit où tu étais. Ressentait-elle véritablement le besoin de se justifier ? Une once de lâcheté, sentiment qu’elle connaissait trop bien, commençait à pointer au creux de son estomac, s’apprêtant à empoisonner tout son être.
****
Le paysage était désormais désert ; nulle vie, végétale ou humaine, même les troncs décharnés des arbres morts avaient disparu de sa vision. Avaient-ils seulement existé ? Harper ne se souvenait plus pourquoi elle était là, dans cette plaine dévastée. Ses doigts étaient encore crispés sur sa baguette. Un sort. Elle avait jeté un sort. Sur qui ? Le vague souvenir de silhouette drappée lui revint comme une pensée qui ne lui appartenait pas. Son cœur battait la chamade et elle grimpa le versant de la colline au sommet de laquelle elle se souvenait d’avoir tiré. Quelqu’un gisait sur le sol, inerte, et ce fut sans hésiter ni réfléchir qu’Harper se jeta à ses côtés. Elle attrapa l’épaule de l’inconnue pour la faire basculer sur le dos, avec force et sans ménagement. L’horreur se dépeignait sur ce visage qu’elle connaissait bien. C’était celui de Jean, elle portait les traits de sa jeunesse, ceux dont Harpe se souvenait, les derniers qu’elle portait avant qu’Harper ne mette un terme à leur relation. Sa bouche était ouverte, ses yeux figés dans la mort, le sang coulait ça et là, une blessure sur le crâne maculait ses cheveux. “Est-ce que c’est moi qui ait fait ça ?” se demanda Harper avec terreur. Elle ne se rappelait plus de la lutte à laquelle elle avait assisté. Alors, la silhouette sombrement drapée et sans visage apparut soudainement, si bien qu’Harper retomba sur ses fesses. – Tu as tiré trop tard.
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– J’ai un cadeau pour toi. Avec rapidité, comme si elle craignait de revenir sur ses propos et de s’en aller en laissant sa soeur blessée sur son lit d’hôpital, elle lui tendit une bourse dans laquelle Jean trouvera un diadème : l’ouvrage était plutôt bien réalisé, deux fins dragons d’argent s’entrelacaient pour ceindre entièrement un crâne. On ne savait pas trop si les deux reptiles se battaient ou s’ébattaient, mais c’était le plus beau qu’Harper avait trouvé.
Le comportement de Harper était étrange. Il ne lui ressemblait pas, du moins il ne collait pas avec les souvenirs de Jean. Harper était… gênée, elle qui avait toujours repoussé avec force et sans aucun remord sa petite sœur, cette fois-ci elle semblait mal à l’aise. Si Jean n’avait pas été Jean, elle aurait pu se satisfaire d’un sentiment de vengeance, de fierté que les rôles se soient ainsi inversés. Si Jean avait eu la maturité suffisante, un travail thérapeutique derrière elle, si elle avait un jour fait face à ses démons… elle aurait pu comprendre qu’elle se retrouvait sur un pied d’égalité avec Harper. Jean ne ressentait qu’une joie enfantine, de revoir sa sœur. Harper lui apparaissait comme avant, une illusion ouatée, déformée par les désirs de Jean. La petite sœur sentait toujours au fond d’elle cette demande d’attention inassouvie, un trou béant qui embellissait toutes les actions d’Harper, la plaçant sur un piédestal. Un frisson de plaisir la parcourut quand elle vit sa sœur assise au bord du lit. Irréel. C’était si inattendu et irréel, elle voulait s’agripper à cette image, la marquer, la dessiner. Sa grande sœur qui lui posait des questions, assise au bord du lit. Pendant combien d’année, seule dans son lit, elle avait rêvé de ça ? Elle nota, sans jugement la difficulté pour sa sœur de prononcer le prénom Loïc, elle-même savait qu’elle ne le prononçait pas à la perfection. Les bretons savaient rendre la vie compliquée aux grands bretons.
" Ce sont mes demi-frères, les enfants de mon père. Des petits sorciers. "
Lorsqu’Harper lui annonça qu’elle n’était pas Auror, Jean ouvrit la bouche. Et la referma, au vu du regard que lui lançait la sorcière. À n’importe qui,, Jean aurait fait un trait d’humour. Pas sa sœur. Elle lui faisait perdre ses moyens, elle n’était pas assez en confiance pour prendre le risque de la franchise. Néanmoins son visage avait bien évidemment trahi ses pensées. Un air interrogatif qui traduisait cette surprise, Harper avait toujours voulu être Auror. Et vu son regard provocateur les choses n’avaient pas tourné ainsi. Pour Jean, cela n’avait strictement aucune importance. Elle n’avait elle-même fait la carrière qu’elle faisait que pour l’approbation et en suivant les conseils de son père et de la bonne société française, et peut-être pour essayer de se rapprocher de sa sœur en réalisant ses rêves à elle. Dans l’absolu, le prestige de Poudlard était grand et elle trouvait le poste de Professeur de Sortilèges plus enviable que celui d’Auror. Si Harper avait rêvé de faire Professeur de Sortilèges alors Jean aurait trouvé que c’était le poste le plus important du monde. Mais Harper avait rêvé d’être Auror. Alors soit elle avait changé d’avis, soit elle s’était rabattu sur un second choix. Vu son regard Jean penchait sur le second choix. Comme il était donc hors de question que Jean perde ce mince fil qui la reliait à sa sœur, elle ne fit ni blague, ni remarque. Et elle décida, comme à son habitude, de mettre ses lunettes roses, avec un grand sourire et des yeux qui brillaient.
" Woaw. Comme pops. Tu as toujours été douée avec les sortilèges… et à Poudlard. Tu t’en sors bien devant les élèves ? Depuis combien de temps ? "
Elle était sincèrement curieuse et impressionnée. Auror, c’était oublié. Poudlard, nouveau rêve débloqué. Jean grimaça tandis qu’une cicatrice s’illuminait sur son épaule, cela faisait cela de temps en temps. Elle but une gorgée de son philtre calmant. Elle l’aurait bu entière si cela signifiait de passer toute la journée avec sa sœur. Rien ne devait interrompre ce moment car il risquait de s’envoler en fumée.
Lorsqu’Harper lui donna la bourse, son cadeau, Jean en eut le souffle coupé et un coup de chaud. Des gouttes de sueur se formaient à son front tandis qu’elle luttait contre la douleur éveillée par je ne sais quoi. Harper le lui avait donné presque agressivement mais Jean s’était contentée de la regarder sans comprendre. Un cadeau ? Le premier qu’elle eut de sa sœur.
" Mais… tu… je... "
Ses mots butaient.
" Je n’ai rien pour toi moi, je suis désolée. Je ne savais pas que tu venais. "
Si Harper lui avait offert l’emballage, ç’aurait été le plus bel emballage de sa vie. Jean déglutit.
" Mais merci. "
Le mot se perdit à moitié dans sa gorge, elle aurait aimé en dire plus mais elle ne le pouvait pas. Délicatement elle délia les cordons pour prendre le bijou. Il était sublime, deux dragons s’enlaçant sur un diadème. Il devait coûter une fortune. Jean tiqua fugacement en voyant les dragons. Le souvenir du feudeymon était encore vivace.
" Il est magnifique… et d’actualité. Je sais déjà quand je le porterai !"
Elle s’étonnait qu’Harper ait choisi ce cadeau-là en particulier. Après tout, elle ne connaissait plus Jean, elle avait donc choisi quelque chose de joli. L’attention restait particulièrement précieuse aux yeux de Jean. Une pensée s’insinua tout de même dans son esprit. L’arrivée soudaine d’Harper, son changement de comportement, le cadeau… c’était trop beau pour être vrai. Avait-elle quelque chose à lui demander ? Venait-elle lui annoncer quelque chose ? Elle ne se laissa pas envahir par la méfiance mais un doute lui subsistait.
" J’aurais pu te faire visiter Paris, Beauxbâtons ou ce que tu veux, mais ça tombe mal ! C’est dommage… "
L’idée avait déjà germé dans sa tête qu’elle reviendrait peut-être en Angleterre à moyen terme, et voir sa sœur titilla le mal du pays qu’elle avait oublié après toutes ces années.
"Quelle est la situation en Angleterre ? "
Pas la peine d’ajouter « chez les sorciers », cela semblait évident. Peut-être pas pour Harper mais pour Jean qui passait son temps avec des criminels et qui luttait activement pour le Ministère français de la magie, la politique était souvent de la partie.
HRP:
Désolééééééée pour le retard En plus c'est pas mon meilleur post mais voilà ! Je me disais pour dynamiser le RP, tu veux qu'on fasse intervenir un événement extérieur ? Je viens via Discord pour en discuter :D
Lumos Je rp en : #cc66ff Mon allégeance : Ordre du Phénix
Ven 15 Nov - 7:23
Raviver la lumière
Premier trimestre 2021
Des demi-frères. Si mes expressions se figèrent pour ne rien révéler, mon cœur s’assombrit. Un souvenir pénible cognait contre ma cervelle, pour me rappeler à l’ordre, tenter de m’asséner un coup en douce, mais je le repoussais, vaillamment. L’image de ma mère, berçant ce nouveau-né que je n’avais pas le droit d’approcher parce que “trop brusque, trop enjouée, trop touche à tout”, je l’effaçais d’un revers de main pour le dissiper, histoire d’y voir plus clair à travers le brouillard de mon passé. “Je suis rentrée en Angleterre en 2018, j’ai obtenu le poste pour la rentrée de septembre”. Alors que je convoitais celui des Défenses Contre les Forces du Mal. Étonnant la manière dont on insiste pour se réaliser là où on ne nous attend pas. Je me taisais, ne souhaitant plus repousser le moment fatidique et lui offrais le diadème. Jean le manipula entre ses doigts blessés, malades, émerveillé par l’objet. J’étais gênée alors je relevais le menton pour le cacher. “Ce n’était pas pour recevoir quelque chose en retour. Enfin… Si, d’une certaine manière”. Zut ! C’était maladroit. Elle pourrait mal l'interpréter. Trop tard. J’ajoutais précipitamment : “Je sais aussi quand est-ce que tu pourras le porter”. Je me taisais. Quoi ? Harper Auburn faisait preuve d’un manque évident de courage. Se faire courser par un loup-garou en pleine Forêt Interdite un soir de pleine lune aurait été plus facile. La situation en Angleterre ? “L’ombre de l’augurey plane. L’éternelle recommencement des forces obscures et tout le patratra”. Je haussais les épaules. Après tout, la vie n’était qu’une répétition sans fin du passé. A peine vingt ans que Voldemort, de sinistre mémoire, avait disparu, que sa relève venait semer le trouble dans la communauté sorcière. “Avec les moldus en prime et leur groupuscule anti-sorcier”. C’était de loin ce qui l’inquiétait le plus. En tant que né-moldu, j'avais toujours cru que ceux-ci leur seraient utiles si les forces du mal revenaient. Certainement avais-jee lu trop de bande dessinée ou me laissais influencer par le comportement de ses grand-parents qui avaient toujours si bien accepté les conditions sorcières de leurs petite-filles. “J’ai quelque chose à te dire”. C’était le moment de partir au front. Je détournais légèrement la tête. “Je vais me marier”. A ce moment-là, une infirmière entra avec un fauteuil roulant. “Pardonnez-moi pour le dérangement, mais si Madame se sent, peut-être pourrait-elle profiter de la visite de sa soeur pour prendre un peu l’air”. Elle ajouta à mon adresse : “Le fauteuil a un système magique, il faut prononcer Progredi pour avancer et tout simplement stop pour l’arrêter. Retardare pour freiner. – Qu’est-ce que tu en dis ? demandais-je à Jean en la consultant du regard”. Après tout, c’était elle la carte de réseau de cheminette ambulante. Mais qu’est-ce qui avait pu bien lui arriver ? Je me demandais si mon réseau au ministère pourrait me renseigner ; un sortilège pareil, seul des experts pourraient en déceler l’origine. Moi-même en tant qu’experte ne connaissait pas toutes les déclinaison du feudeymon, mais des gens plus versés dans le côté obscur de la force… Je revenais a mes moutons. J’avais enfin annoncé à Jean que je me mariais. J’avais enfin eu le courage de faire un pas en avant.