Tu es réveillé très tôt ce matin. Ton téléphone sonne. Presque personne n’a ton numéro, tu n’as un téléphone que pour les banalités non-maj liées à ton activité, achats en ligne, contact avec les fournisseurs, assurance… Il te sert également à te fondre dans la masse du monde non-maj. Beaucoup de sorciers font ça désormais, mais tu as la chance de connaître le monde sans magie, de pas ton ascendance. Tu regardes dehors ; il ne fait pas encore jour. Tu finis par céder et décrocher. Tu regardes l’heure sur le téléphone : cinq heures passées.

«Allo… ? Oui, c’est moi. Quoi ?! J’arrive.»

Tu te lèves d’un bond. Ce que tu entends te glace le sang. Ta boutique a été prise pour cible par des sorciers ; des voisins ont appelé la police qui est allée sur place. Tu sors du lit et t'habille en hâte, sans prendre le temps de te laver. Tu observes ta baguette en te demandant si tu dois la prendre. Si tu devais te battre contre des sorciers, tu aimerais l’avoir avec toi, mais cette affaire risque de faire l’objet d’une enquête du Blood Circle à ton encontre et il ne vaudrait mieux pas qu’on te surprenne avec ce genre d’objet sur toi. Aujourd’hui, tu es à 100% non-maj.

Grâce aux dieux, ton malheur passe ton espérance. Arrivé sur place, tu constates, à la lumière naissante du jour, que le rideau de fer du magasin est éventré sur le trottoir, la vitrine est brisée et sur la devanture les mots “Sang-de-Bourbe” écrits en Rouge recouvrent ceux de ton enseigne. L’officier de police te parle mais tu ne l’écoutes pas. Tu es hypnotisé par le cadavre de ta boutique qui se présente devant toi. Tu vois de l’eau qui s’écoule de l’entrée et en regardant à l’intérieur, tu constates que de la fumée s’élève du sol. Ils ont cramé tes livres. Tu encaisses le coup. Le policier t'interpelle.

«Oui, pardon ?»

Il t’explique que l’incident à eu lieu tard dans la nuit, que les voisins avaient été réveillés par des bruits et des lumières venus de dehors. Ils ont d’abord vu un symbole dans le ciel, un oiseau vert, avant d’être attiré par le mouvement en bas. Ils se sont empressés d’utiliser la nouvelle application TRACE (Toute RéACtion est Efficace) pour prévenir les autorités. L’homme te demande si tu connais l’application.

«Oui, oui. Je… je ne l’ai juste pas encore installée, mais je vais me pencher dessus, ne vous en faites pas.» Plutôt mourir que de faire ça, mais tu dois donner le change. «Les coupables ont été attrapés ?»

Tu ne sais pas ce que tu espères… D’un côté, ils doivent payer pour ce qu’ils t’ont fait… De l’autre… - Tes yeux se posent sur l’inscription rouge sang - … Ils risqueraient de te dénoncer comme sorcier et de te jeter en pâture au Blood Circle, s’il ne l’ont pas déjà fait. L’officier te répond que le temps d’arriver, les vandales étaient déjà partis, mais tout laissait supposer que ce sont bien des sorciers qui sont responsables de ce désastre. Les pompiers sont arrivés rapidement pour éteindre les flammes.

«Un miracle que seuls les livres aient cramés, et pas les murs et l’immeuble entier.»

Un miracle. Ou les sorts de protections que tu as lancés. Tu as des choses à cacher dans cette boutique, des choses précieuses. Tu promets de passer dans l’après-midi pour faire une déposition, mais que tu voulais mettre un peu d’ordre avant et que tu voulais faire un état des lieux pour l’assurance. L’homme se montre compréhensif, mais il est de moins en moins tôt, et la rue est de plus en plus active, bientôt d’autres gens viennent vers toi, te demander ce qui est arrivé à ton magasin. Tu réponds le peu que tu sais, officiellement, et lorsque ce fut le tour de Billie de venir vers toi, tu n’avais toujours pas eu l’occasion d’entrer voir l’étendu des dégâts.

«Tout ce qu’on m’a dit, c’est qu’il semblerait que ce soit des sorciers qui ont fait le coup. J’en sais pas plus. J’ai pas encore eu l’occasion d’entrer…»

Bien sûr que tu en sais plus. Et de ce fait, tu t’en veux un peu de mentir à Billie. Pire encore, de l’impliquer indirectement dans cette histoire. Les mangemorts n’ont clairement pas dû apprécier ta présence et ton intervention lors des élections. Ils ont voulu faire passer un message. Ils veulent te faire comprendre que tu ne seras pas en sécurité à Londres et que tu ferais mieux de partir. Le message est passé, mais verra bien qui traquera qui.

Vous finissez par entrer dans la boutique. Tu pensais que tout avait été en proie aux flammes, mais les mangemorts ont simplement utilisé un feu magique sur les livres pour les brûler, sans chercher à toucher au reste. Tu supposes que ça doit être amusant de brûler du papier, ça s’enflamme vite, c’est facile et ça emmerde le propriétaire. Ton ordinateur de travail a été explosé sur le mur d’en face, et tu constates que les vitrines qui contenaient les figurines de collection n’ont pas subi un meilleur sort. Rien ne semble avoir été volé, mais cela ne t'étonne pas ; les mangemorts n’ont que faire d’objets ou d’argent non-maj. Leur unique but était de détruire, saccager, intimider.

«Je suis pas certain que l’assurance couvre les attaques magiques… Mais on verra bien.»

Silencieusement, tu te diriges vers l’arrière boutique, qui a été un peu plus épargnée. Les cartons n’ont pas été incendiés, eux, seulement renversés sur le sol. Tu en déduis que les autorités non-majs venaient tout juste d’arriver quand ils ont voulu s’en prendre à cette pièce et qu’ils n’ont pas eu le temps d’agir. Tu n’aurais jamais parié que le Blood Circle te sauve les miches.

«Je dois faire une déposition cet après-midi. Je suis claqué, on m’a tiré du lit juste après la fin du couvre-feu. Je sais pas comment encore je vais gérer ça… Tu devrais rentrer chez toi Billie, comme ça tu pourras te reposer pour moi»

Tu ne sais pas comment tu vas arranger tout ça. Il va te falloir beaucoup de temps et pas mal d’huile de coude pour remettre tout en ordre. En tout cas, hors de question d’utiliser la magie pour te simplifier les choses. Tu te doutes qu’on va t’avoir à l'œil, et si tu répares tout trop rapidement, trop facilement… Tu sais que ça se verra. Ça va te coûter une blinde en temps, en énergie et surtout en argent, mais tu n’as pas le choix : tu devras faire ça entièrement à la non-maj.

Financièrement, tu ne sais même pas si ton assurance couvre ce genre d’imprévu. Tu doutes que les assurances se soient mise à jour en prenant en compte le vandalisme par des sorciers. Tu supposes que ça peut passer comme simple vandalisme. Tu auras la réponse ce soir. Tu sais que le Blood Circle va venir fouiner autour de cette affaire. Tu avais toujours craint des actes de vandalismes, mais tu pensais que ça serait l'œuvre des non-maj et de leur peur de la magie. Après tout, tes livres mettaient en avant des héros avec des super pouvoirs ; ça aurait pu être mal vu par le cercle. Tu ne pensais pas que tu serais victime d’un crime magique mais, quelque part, tu as de la chance de l’avoir été. On ne va probablement pas penser à te soupçonner après ça. À moins que le Blood Circle ne sache ce que sang-de-bourbe veut dire, auquel cas, tu serais dans une sacrée merde.

Tu suggères à Billie de rentrer chez lui. Il était là pour s’occuper de ton rayon manga et pour apprendre certaines choses. Il n’a jamais été convenu qu’il apprenne à gérer un sinistre. Toi même, tu ne sais pas comment gérer tout ce foutoir, tu sais juste que tu dois aller à un poste de police cet après-midi. Le jeune homme refuse de partir ; il ne veut pas te laisser gérer seul. Il admet que pour l’aspect administratif, il ne te sera d’aucune idée, mais il peut toujours passer un coup de balai ici et là, et trier ce qui est récupérable de ce qui ne l’est pas.

«Ouais et puis va savoir… Y’a peut-être des tarés qui sont prêts à acheter des trucs cassés par des sorciers. Ça ne doit pas être plus tordu que d’acheter des sous-vêtements sales pour les renifler. Jette pas tout, on sait jamais.»

Sans pour autant faire un trafic d’objets abîmés par des sorciers à prix d’or, tu supposes que des gens seraient intéressés par des figurines en mauvais état pour un prix plus que cassé.

Le jeune non-maj te suggère de dormir un peu. Tu balayes l’idée de la main.

«On va va stopper à midi, j’irais me coucher après ma déposition. On va juste arranger quelques bricoles aujourd’hui, et on fera le grand ménage lundi. Ou une entreprise le fera, si j’ai le droit à des dédommagements. Je vais voir ce que les flics vont me dire, déjà.»

Pour ce qui est du paiement, ça se passera comme vous avez convenu tous les deux pour le stage. Ni plus, ni moins. Il te demande si tu as des produits d’entretien pour nettoyer la devanture. Tu ne comprends pas bien, puis tu réalises qu’il veut nettoyer l’inscription “sang-de-bourbe”. Non. Hors de question qu’il s’en charge. Mais tu ne peux pas lui dire pourquoi, et même si tu lui interdis de le faire, il voudra le faire quand même.

«Pour l’inscription ? Il ne faut pas y toucher. Les flics m’ont dit que le Blood Circle passerait l’inspecter pour être sûr qu’aucun mauvais sort ne soit dedans l’inscription.»

À bien y réfléchir, ton mensonge ne vaut pas un clou niveau logique. Si vous devez attendre une inspection du Cercle, vous ne devriez même pas avoir le droit d’entrer dans la boutique. Par précaution.

«Je crois que la police est tout aussi dépassée que nous, ils ne doivent pas trop savoir comment gérer. En tout cas, pour la devanture, il faut attendre les experts. Ils la nettoieront peut-être eux-même, qui sait ?»

Tu profites que Billie soit occupée pour retourner dans l’arrière boutique. Tu t’assures que le jeune homme ne te cherche pas pour jeter un œil au passage secret qui mène vers le QG du Mage. Tu soupires de soulagement en constatant que le lieu ne semble pas avoir été pénétré. Ton secret est toujours bien protégé. Tu refermes le passage et fait mine de remettre en place les quelques cartons qui ont été renversés.

Billie ne relève pas lorsque tu parles de possiblement revendre des objets abîmés par des sorciers. Tu n’insistes pas. Tout ce que tu sais, c’est que les délires de collectionneurs peuvent être divers et variés et que ça ne te coûte rien de garder quelques trucs. Il ne relève pas non plus lorsque tu lui annonces que vous allez terminer la journée à midi pour que tu puisses faire ta déposition au poste de police. Au moins, il n’insiste pas pour t’accompagner sur place.

Ton stagiaire finit par te demander si tu as de quoi effacer l’inscription qui orne la devanture. Tu sais que c’est ton refus d’obtempérer lors des élections qui t’a mis dans cette situation et il est hors de question que ce non-maj soit un dommage collatéral. Tu utilises le prétexte du Blood Circle qui doit intervenir pour analyser l’inscription, pour s’assurer qu’elle ne comporte aucun mauvais sort pouvant blesser la personne qui chercherait à l’effacer. Ta justification est bancale, mais tu tentes de te rattraper en supposant que la police ne devait pas trop savoir comment gérer cette affaire. En tout cas, Billie ne semble pas s’en formaliser et ça t’arrange. Il faut dire qu’à moins qu’il ne fasse partie lui-même du Cercle, il n’a pas de raisons de mettre ta parole en doute ; et il avait l’air plutôt jeune pour se faire enrôler. Tu sais toutefois qu’il faut rarement se fier aux apparences et tu as déjà vu de tes yeux des gamins, plus jeunes que lui encore, avoir des armes à feu ou des couteaux de combat dans les mains.  

Le jeune homme se propose donc de s’occuper du tri et tu profites qu’il soit occupé pour t’assurer que personne n’a découvert le passage secret vers le QG du Mage. Tu as beau avoir utilisé des sortilèges de protection pour le masquer, tu n’es pas à l’abri d’antisorts plus puissants pour les faire voler en éclats. Les mangemorts n’ont même pas cherché à savoir si tu cachais quelque chose. Ils t’ont sous-estimé et, une fois encore, ça arrange tes affaires.

Tu ne t’attardes pas trop derrière. tu n’as pas non plus pour but de laisser le stagiaire faire le boulot tout seul. Tu pousses un long soupir en regardant le désastre, puis tu finis par te forcer à  sourire.

«Faut voir le bon côté des choses. Je n’ai plus à craindre que le coin manga prenne trop de place. Il n’y a plus de coin manga.»

Tu te baisses pour ramasser un livre à moitié calciné. Bande Dessinée asiatique ou orientale, il n’y avait désormais plus aucune différence. Les uns comme les autres avaient été détruits et il ne restait presque aucun ouvrage papier épargné par le feu magique. Tu réalises que tu n’auras jamais assez de sac poubelle sufisemment résistants pour te débarrasser de tous ces livres.

«Je vais chercher des cartons vides. Pour qu’on puisse enterrer les fidèles livres morts au combat. Par enterrer, j’entends les benner à la déchèterie.»

Tu retournes derrière et reviens très rapidement avec un premier carton. Billie t’accoste avec une figurine unijambiste de Flash.

«Ah oui… Il va avoir un peu de mal à courir comme ça. Mais je suis sûr que même à cloche-pied il reste plus rapide que le commun des mortels !»

Pour ce qui était de le garder ou pas. Tu n’en avais aucune idée. Tu n’as aucune idée de ce que tu dois faire, tu improvises. Tu n’as jamais été confronté à ça et jamais tu ne t’es imaginé l’être.

«Mets le de côté. On verra plus tard ce qu’on en fera. Oh et si tu trouves sa jambe, mets là de côté aussi.»

Tu ignores totalement ce que tu vas faire d’un unijambiste et de sa jambe mais tu ne peux pas te résoudre à tout jeter. Et c'était valable pour les livres également.

«Au fait, si t’as des bouquins pas trop cramés qui t’intéressent, tu peux les garder pour toi. Je ne vais pas pouvoir les remettre en rayon en l’état. Autant que ça serve. C'est ça ou on jette. »

Tu te doutes que l'égo du jeune homme pourrait le pousser à refuser, mais ça serait dommage de gaspiller. Tu ne comptes pas te battre pour lui donner de force, s'il veut se servir, il pourra le faire, sinon ça partira malheureusement dans les cartons à jeter.

Billie ne déride pas lorsque tu évoques le coin manga qui est réduit en cendre. Il fallait dire que c’était la principale raison pour laquelle tu avais proposé ce stage au petit. Tu peux lui dire que ce n’est pas grave, tu auras quand même besoin d’un coup de main pour remettre de l’ordre, et que c’est toujours une expérience intéressante pour lui, que c’est le genre de situation auquel personne n’est préparé. Même toi tu n’étais pas prêt à subir ça. Du moins, pas comme ça. Après tu as connu plusieurs situations critiques dans ta vie, comme la perte de tes pouvoirs il y a encore peu de temps.

Tout de même, tu trouves ça incroyable que tu aies été pris pour cible par des sorciers, à une époque où non-maj et sorcier se faisaient la guerre. Ce n’est pas très héroïque comme raisonnement, mais tu aurais préféré que ça soit une échoppe d’un non-maj qui se fasse attaquer, cela ne t’aurait pas mis en avant d’une enquête du Blood Circle.

Lorsque Billie vient te voir pour savoir quoi faire d’une figure de Flash unijambiste, tu trouves difficilement les mots pour rire. Même à cloche-pied, Flash resterait l’homme le plus rapide de la planète. Et il n’en resterait pas moins un héros. Ton stagiaire est d'accord avec toi et il consent également à suivre tes directives lorsque tu demandes à garder la figurine, ainsi que sa jambe si elle est retrouvée. Billie parle de pouvoir la recoller, mais l’un comme l’autre vous ne vous leurrez pas ; Barry ne retrouvera pas sa jambe de sitôt.

Tu n’as que deux envies. Fuir et te venger.

Tu aimerais fuir, loin, retourner chez ta famille et oublier tout ce que tu as vécu en Angleterre. Le Blood Circle, les Mangemorts, le Conseil d’Administration. À tes yeux, ce pays est pourri jusqu’à la moëlle, malgré l’existence d’éléments louables. Tu es venu en héros, mais tu as les mains liées. Les gouvernements non-maj comme sorciers sont les maux qui gangrènent le pays. Tu n’avais personne à qui livrer les criminels. Comment pouvais-tu lutter contre un état criminel ? Tu étais un justicier, pas un chef rebelle. Tu te sens impuissant.

Mais tu ne peux pas fuir. Fuir serait avouer aux salopards qui s’en sont pris à toi qu’ils étaient parvenus à leur fin et tu préférerais mourir que d’avouer une telle faiblesse. Il s’en sont pris à la mauvaise personne. Pour l’heure, tu devais régler les formalités qui encadrent la gestion de ton sinistre. Tu devais endormir la confiance du Blood Circle, qui allait probablement mener leur enquête et possiblement fouiner sur toi. La partie non-maj de ton existence sera ta force, tu connais le monde non-maj, tu as des papiers d’identité non-maj, tu es venu à Londres avec des titres de transports non-maj. Carte d’identité, passeport, visa, permis de conduire. Tu es le parfait non-maj. Tu consommeras ta vengeance quand elle sera froide et tu feras enfin entendre le glas de “la justice du Mage.”

C’est sur un ton plutôt neutre que tu proposes à Billie de récupérer les livres qui ont survécu. Tu sais qu’aucun livre n’avait été épargné ; le moindre petit noircissement par les flammes, la fumée ou les cendres rendait l’article impropre à la vente. La seule destinée possible pour ce genre de produit était la poubelle, et quitte à ce que cela ne te serve plus à rien, tu pouvais bien les céder au jeune homme s’il les voulait. Le non-maj accepte sans se faire trop prier. Tu ignores si cela lui fait tellement plaisir qu’il n’ose pas refuser ou s’il n’ose pas s’opposer à toi.

«Je pense que tu peux t’en tenir à deux piles. Une à jeter et une que tu gardes. Les figurines abîmées c’est pas trop gênant, un livre c’est une autre histoire.» Tu te rends compte de ton cynisme et tu te reprends en souriant. «Enfin, je peux me tromper ! Je te laisse gérer ! Je te fais confiance.»

De ton côté, tu as déjà commencé à remplir des cartons avec les cadavres de certaines de tes séries préférées. Accompagnées par des restes de vêtements, de figurines ou autres accessoires détruits. Vous ne pourrez pas tout nettoyer comme ça, mais la prochaine fois tu reviendras avec des sacs poubelles grandes capacités et de quoi balayer tout ce foutoir.

Billie finit par te demander si tu as une idée de pourquoi on t’a pris pour cible. Tu ne peux pas lui avouer que tu imagines très bien pourquoi on t’a fait ça. Tu ne peux pas lui dire que sang-de-bourbe est une insulte dans le monde sorcier, pour qualifier les gens  qui ne sont pas nés d’au moins un parent sorcier, pour qualifier les gens comme toi. Tu ne peux pas lui dire que le né non-maj que tu es s’est fait remarquer pendant des élections sorcières, en critiquant ouvertement le système de sécurité mis en place. Tu ne peux rien dire de tout ça.

«Aucune idée. Peut-être qu’ils ont décidé de frapper au hasard, et j’ai pas eu de chance aux dés. Ou alors ils considèrent que mes livres de fictions sont une insulte à leur magie qui est bien réelle.» Tu soupires. «J’imagine que ça doit être un genre de mafia, ou d'extrémistes religieux de chez eux. Je peine à croire qu’ils sont tous comme ça. J’espère qu’on va vite m’envoyer quelqu’un pour mettre tout ça au clair.»

C’est ton nouveau masque. Tu es Hunter, le libraire non-maj qui s’est fait agresser et qui attend avec impatience l’expertise et la protection du Blood Circle. Tu dois utiliser ce nouveau trait pour te fondre dans ce monde ; et ce même si tu es terrifié à l’idée que ces gens viennent fouiner dans tes affaires.

Comment pourrais-tu connaître les intentions de tes agresseurs ? Tu n’es qu’un non-maj qui vend des bouquins de non-maj. Tu ne sais rien de la magie, si ce n’est ce que le Blood Circle fait circuler, mais tu n’avais jamais rien vu de magique de tes propres yeux. Tu ne peux donc que supposer le pourquoi du comment ta boutique a été visée. L’inscription sang-de-bourbe ? C’est probablement comme ça qu’ils appellent les gens comme toi, les gens sans pouvoir, ils doivent vous prendre pour des choses inférieures, des créatures du bourbier.

Le jeune Billie n’était pas très fort de proposition aujourd'hui. Il n’a rien d’autre à ajouter à la maigre liste de possibilités que tu as dressée sur le pourquoi du comment on a pu te cibler comme ça. Alors qu’il est occupé à continuer de ramasser et trier ce qu’il peut récupérer ou ce qu’il doit jeter, tu lui renvoies la question.

«Après, si t’as des théories, je suis ouvert. Ça change des éternels débats du type “Qui est plus fort entre Batman et Spiderman ?” ou “Si Hulk porte Thor, est-ce qu’on peut considérer qu’il porte Mjölnir également ?”»

Le jeune homme relève la tête en émettant l’hypothèse que tu es un sorcier et que rien de tout cela n’était pas le fruit du hasard. Avant que tu ne répondes, il détourne le regard en direction de la porte de sortie du magasin. Tu ne sais pas s’il a compris quelque chose, s’il plaisante ou s’il te sonde. Le plus probable est que ça soit une simple plaisanterie, pas drôle, étant donné qu’il vise juste. Dans tous les cas, tu ne t’attendais pas à sa remarque. Tu ris dans un premier temps, puis tu prends ensuite un air grave.

«On ne peut rien te cacher. Tu m’as démasqué Billie. Je suis un sorcier. Tu sais, les temps sont durs, j’ai dû fomenté le vandalisme de ma propre boutique pour pouvoir toucher l’argent de l’assurance. Les réparations ne vont rien me coûter, puisqu’avec ma magie j’aurais juste à claquer des doigts pour réparer tout ça. » Tu ris à nouveau, avant de soupirer. «Ça serait pas si con comme idée. Encore qu’il faudrait que je sois sûr que l’assurance couvre tout ça. Puis si j’étais vraiment sorcier, pas sûr que ça soit la meilleure idée au monde que d’attirer le Blood Circle chez moi. Je pense qu’en général, les sorciers évitent d'attirer l’attention sur eux. En tout cas, moi j’aurais pas envie d’être comme un mouton, recouvert de papier cadeau, assaisonné juste comme il fallait avant d’être jeté en pâture au grand-méchant loup.»

Tu décides finalement de taquiner Billie en lui renvoyant la patate chaude.

«Mais si ça se trouve, c’est peut-être toi le sorcier qui en sait plus qu’il ne le prétend. Après tout, tu ne crains pas grand chose d’une enquête, l'enquête se portera sur moi et pas sur toi.» Tu l'observe un instant avant d’ajouter. «Même si je comprends pas trop ce qui aurait pu te pousser à faire ça.»

Tu sais que ce genre d’accusation, et contre-accusation peut rapidement faire monter la pression, même si on n’a rien à se reprocher. Par les temps qui courent, avec le sérum en libre-service des civils, il n’est vraiment pas bon de se faire soupçonner. Personne n’est à l’abri de se prendre une seringue en plein cœur. Sorcier ou pas sorcier, une injection qui se passe mal, et c’est un aller simple pour l'hôpital, ou la morgue. Les gens n’aiment pas les piqûres, alors pratiquées par quelqu’un qui ne maîtrise pas le geste, c’est encore moins rassurant.

Tu ris lorsque Billie s’offusque du débat sur le fait que porter le porteur de Mjölnir pourrait revenir à porter le marteau lui-même. Lui, il était totalement contre cette théorie.

«Et tu prêches un convaincu. »

Il avait raison, là n’était pas la question. La question était : “Pourquoi des sorciers s’en étaient-ils pris à toi ?” Et tu connaissais la réponse. Ou plutôt, tu avais une vague idée de la réponse. La théorie de Billie te prend de court. Ta première réaction est de rire. Ta deuxième réaction est d'utiliser l'ironie pour relever la stupidité de l’accusation du non-maj. Tu as beau mettre en avant l’aberration de se faire vandaliser ta boutique si tu étais vraiment sorcier, ça reste précisément ce qu'il s’est passé pour toi. Tu tiques sur les propos de Billie. À l'entendre, on pourrait croire qu’il connaît les sorciers. Ils ne sont pas tous intelligents, certains aiment attirer l'attention et attiser la haine entre les deux mondes. Jusqu’à maintenant, tu pensais que Billie était trop jeune pour appartenir au Blood Circle ; mais tout jeunot qu’il est, il a des parents, une famille qui peuvent avoir rejoint les rangs de cette maudite confrérie. S’

Tu décides de retourner les accusations contre lui. Plus pour le taquiner que pour réellement le sonder. Ça ne t’empêchera pas de tout de même voir comment il réagit. Tu sais que personne n’a envie de se faire accuser d’être un sorcier. Avec les civils armés de seringues qui psychotent sur leur voisin, qu’ils étaient déjà prêts à dénoncer avant de pouvoir se défendre, personne ne veut prendre de risques.

Encore une fois, la réaction de Billie t’étonne. Il use un peu du même sarcasme que toi. C’est en voyant sa réaction que tu comprends que ta propre réaction n’était peut-être pas la meilleure. Tu aurais dû bégayer, t’offusquer d'être accusé de la sorte alors que tu es toi-même la victime. Tu ne devrais pas faire de l’ironie de la situation. Le jeune homme met une fois de plus en avant son intelligence que tout le monde ne peut pas avoir.

«Tu sais… Quelqu’un de vraiment intelligent n’a pas besoin de le soulever. Mais t’as raison. Il serait idiot de ta part de faire ça ; surtout qu’après tu dois m’aider à nettoyer !»

Tu ne penses pas que Billie soit sous l'influence du Blood Circle. Ça fait longtemps qu’il vient à ta boutique, et il n’a jamais eu vraiment l’air de se montrer hostile envers la magie. Il faut dire que vous avez surtout parlé de Comics, et à ton grand regret, de mangas. Mais la magie est plutôt présente dans ces univers. Pas la Magie de ton monde, mais ce que font les héros de ces livres n’est pas à la portée de n’importe quel humain. Et ça, ce sont des idées qui peuvent déranger. La copropriétaire du witches bazaar t’avait bien prévenu.

Mais même si tu ne penses pas queeee le jeune homme puisse avoir une dent contre les sorciers, tu t'efforces de prendre le moins de risque possible. Tu ne tiens pas à passer le prochain réveillon pour la nouvelle année dans l’une des Cellules d’expérimentations du Blood Circle ; juste à cause de ton imprudence. Tu décides d’ailleurs de changer de sujet.

«Mes parents ont fini de trier mes vieux costumes, encore en état. Ma mère voudrait tes mensurations pour pouvoir les repiquer à ta taille. Tu sais, pour le comic-con. À part Chewbacca et la fourrure que tu refuses te porte, t’as pas d’exigence ?»

En fait, tu as déjà reçu le colis il y a plusieurs semaines et c’est toi-même qui ajustera la taille avec ta magie. Tu comptais prendre ses mesures pendant le stage, en faisant mine de lui faire essayer des costumes, pour réfléchir à l’exposition, mais étant donné qu’ils ont tous brûlés…

Tu as retourné les accusations de Billie contre lui. Bien que sa réaction ne te semble pas des plus naturelles, tu ne penses pas qu’il soit un sorcier. Peut-être un proche du Blood Circle, mais tu en doutes également. Tu le fais avant tout pour détourner l’attention de toi, pour montrer que n’importe qui peut accuser n’importe qui. Vous en concluez qu’il faudrait que Billie soit un idiot, ou un masochiste pour qu’il veuille s’en prendre à toi alors que tu fais de ton mieux pour bien le traîter et qu’après tout cela l june homme est censé te donner un coup de main pour tout remettre en ordre.

«Bah quelque part, t’es pas un peu maso ? T’as quand même accepté de bosser avec moi. C’est une forme d torture en soi, non ? »

Alors que vous vaquez à vos occupations de rangement, de tri et de nettoyage, tu décides de changer de sujet. Tu relances le sujet du comic con et du costume que tu avais suggéré de lui prêter pour l’occasion, plusieurs mois auparavant. Tu as reçu, il y a quelques semaines, le colis de tes parents contenant tes vieux costumes. Tu demandes ses exigences, s’il se contente toujours de juste refuser des déguisements à base de fourrure. Il te faut désormais les mesures de Billie pour pouvoir les ajuster magiquement à sa taille. Tu feins de devoir donner les mensurations à tes parents pour que ta mère puisse ajuster le costume. Billie te répond que le reste ne lui pose pas de problème, qu’il est même prêt à assurer en Wonder Woman. Tu ris.

«Ou alors tu pourrais te peindre en bleu et te faire passer soit pour Mystique. Ou le Schtroumpfs chétif qui a paumé son bonnet. La fourrure c’est valable pour les accessoires aussi ? Parce que je dois avoir un cache-oreille de Bunny Girl, je suis sûr que ça t’irait grave bien.»

Billie se propose de rendre visite à tes parents pour que ta mère puisse prendre elle-même ses mesures. Tu exploses de rire en imaginant le non-maj prendre l’avion juste pour qu’on puisse évaluer son gabarit.

«Alors…» Tu te calmes petit à petit à coup de grande inspiration. «Non… On ne peut pas vraiment dire qu’ils vivent dans le coin. Après, si tu te sens de prendre l’avion jusqu’à Détroit, dans le Michigan, je serais ravi de t’accompagner. Faut absolument que tu goûtes le pain de viande de ma mère !» Tu te grattes l’arrière du crâne «Je pensais t’en avoir parlé, mais je viens des Etats-Unis. Ça ne fait que depuis deux ans que je suis à Londres. À quelques mois près. Et ça fait à peine un an que j’ai cette boutique. Avant ça, j’ai été employé dans une autre librairie le temps de trouver un local.» Tu repenses à ces mois à travailler dans le magasin de Jordan. «Mais bon, c’est de l’histoire ancienne. Ce fumier me vole mes clients, maintenant.»

C’était un petit jeu entre vous. Vous vous accusez l’un l’autre de se faire voler ses clients par l’autre. La vérité, c’est que tous les deux, vous n’avez absolument pas le même type d’articles. Tu étais spécialisé dans les Bandes Dessinées, et leurs produits dérivés, tandis que lui est plus axé littérature.

Un doute te frappe. Et si ceux qui s’en sont pris à toi étaient remontés jusqu’à Jordan ? Et s’ils avaient fouiné et découvert, d’une manière ou d’une autre, que tu avais travaillé pour lui ?

«J’espère qu’on n s’en n’est pas pris à lui non plus.»

Billie ne te contredit pas lorsque tu le traites de maso, d’accepter de bosser avec toi. Tu n’enfonces cependant pas le clou au sujet du vandalisme de ta boutique, tu sais qu’il n’a rien à voir là-dedans et insister sur ce sujet là pourrait attirer ses soupçons sur toi.

Au lieu de cela, tu laisses couler avant de te lancer sur le sujet du comic-con et du costume que tu avais promis de lui prêter. Il ne veut pas de fourrure, mais tu le taquines tout de même pour savoir s’il acceptait les accessoires. Apparemment, les accessoires ne le dérangeaient pas, c’était surtout le fait d’être intégralement recouvert de fourrure.

«Compris, on oublie le costume bleu de Hank McCoy et je te dégote un costume de Wonder Woman avec supplément cache-oreille de Bunny Girl. » Tu ris en imaginant Billie dans cette tenue. Encore que, tu dois admettre que ça ne serait pas si disgracieux que ça. C’est surtout le combo Princesse Amazone et Bunny Girl qui gâcherait tout. «T’en fais pas. Ça sera que du tissu. Pas de fourrure. Et pas de cuir non plus. Ça va être trop long et compliqué à ajuster pour elle. Elle n'est pas couturière, loin de là, c’est sur son temps libre et dieu sait qu’elle n’en a pas beaucoup. Mes parents sont flics.»

Billie propose de rencontrer ta mère, pour qu’elle puisse prendre les mesures elle-même. Cela te fait rire de bon cœur, bien que tu ne comprennes pas trop pourquoi cela lui pose un souci que tu prennes toi-même les mesures. En tout cas, vous ne pouvez simplement pas prendre l’avion pour que ta mère le fasse, enfin, même si c’était elle qui le faisait.


Tu lui expliques la situation, que tes parents vivent de l’autre côté de l’Océan et que ça reviendrait cher en billet juste pour pour un déguisement pour une convention. Tu en viens à parler de ton arrivée à Londres, il n’y a pas si longtemps que ça, et le cours de tes pensées te ramène à Jordan. Tu t’interroges sur le fait que les mangemorts aient pu remonter jusqu’à lui, et tu espères qu’ils ne s’en sont pas pris à sa boutique, ou à sa personne. Tu laisses échapper tes doutes à voix haute. Billie tente de te rassurer comme quoi tu en aurais entendu parler.

«Je sais pas, j’ai passé ma matinée ici. » Et tu n’as pas eu de nouvelles du non-maj ce matin. Il faut dire que tu n’en as pas donné non plus. S’il est dans la même situation que toi, il doit être trop occupé pour le faire. Ou… mort. Billie soulève que si on s’en est pris à lui aussi, ça prouvera à l’assurance que tu n’as rien à voir là dedans.

«Je préfèrerais quand même être un cas isolé, tant pis si l’assurance a des doutes sur moi »


Tu constates qu’il n’a toujours pas cédé à te laisser prendre ses mensurations et que tu as malgré toi change de sujet.

«Dis donc… Tu profites de la situation pour te défiler, hein ? Tu sais. Si ça te pose un problème que je prenne tes mesures, pour une raison ou une autre, je peux me contenter de les estimer. Ça sera juste pas top confort le jour J mais ça peut se faire. » Après tout, il n’a peut-être simplement pas envie d’être tripoté de tous les côtés. Certaines personnes n’aiment pas être touchées. «T’as des préférences ? En dehors de la fourrure. Je sais pas ce qui à pu être récupéré, ça va être quasi que de l’univers de super-héros. Mais si tu peux en choisir un, ça serait plus DC, Marvel ? Humain ? Alien ? J’ai peut-être des costumes féminin si ça te branche, on sait jamais. C’est arrivé plusieurs fois que ma mère en fasse pour des clients proches. C’est un passe-temps comme un autre » Sauf que c’est ton passe-temps à toi, pas celui de ta mère. «Ou qu’on me refourgue des costumes qui ne servent plus. J’aime bien les garder, ça fait des souvenirs, ça peut servir et… Je suis un peu concon, j’avoue. »

Billie s’offusque que ta mère utilise son temps libre pour confectionner des costumes pour toi et tes amis. Il s’assure que ça ne la dérange pas, car elle doit avoir bien mieux à faire. Tu ris intérieurement. Elle déteste la couture, et elle est toujours mal à l’aise quand tes connaissances la remercient pour le costume qu’elle a confectionné pour eux. Mais elle a toujours joué le jeu. La complice parfaite.

«Que veux-tu que je te dise ? Je suis fils unique. Avec tous les privilèges et les inconvénients qui vont avec. Même à bientôt quarante ans, je suis son petit bébé. Autant en profiter un peu, je peux pas avoir que le côté chiant quand même »

Lorsque Billie propose de la rencontrer, tu lui apprends que tu es venu seul à Londres et que tes parents sont restés dans le Michigan. Tu expliques que tu as dû travailler pour un autre libraire, le temps de pouvoir trouver ton propre local. Le cours de tes pensées te font t’inquiéter pour Jordan. Tu espères oralement qu’il ne lui est rien arrivé, tandis que mentalement tu te dis que si les mangemorts en avaient après toi, ils auraient pu remonter jusqu’à lui pour s’en prendre à toi à travers lui. Mais peut-être es-tu simplement parano. Ton stagiaire fait de son mieux pour tenter de te rassurer, mais il est à des années lumières de comprendre ce qui se trame réellement ; encore que tu dois admettre qu’il avait piffé juste en te soupçonnant d’être sorcier. Tu lui fais remarquer qu’il profite du changement de sujet pour se défiler sur ses mensurations, tu le soupçonnes de ne pas vouloir te laisser faire. Il se confond en excuses, précisant qu’il avait simplement oublié, quand quand tu avais parlé de Jordan, il était passé à autre chose.

«T’inquiète pas, c’est moi. Je passe du coq à l’âne. On parle de… » Tu désignes les cendres et les ruines autour de vous. «De ce désastre, puis je dérive sur ton costume pour le comic con, puis je repars sur… tout ça en te parlant de Jordan.» Tu t’étires avant d’ajouter. «Bon… Je sers à rien aujourd’hui, on finira lundi.» Tu ramasses un T-Shirt à moitié calciné que tu lances dans un carton à jeter. «Papotons costume.»

Tu lui demandes s’il a des préférences, en dehors du fait qu’il ne veut pas de fourrure. Tu pensais qu’il plaisantait avec cette histoire poils, mais il avait l’air très sérieux. Tu veux savoir quel univers le branche le plus, s’il veut des costumes humanoïdes ou plus monstrueux. Tu lui ouvres aussi la possibilité d’avoir un costume féminin. Dans le Michigan, les mecs sont un peu machos qu’à Londres, ils veulent jouer des super héros badass bourré de faux-muscles. T’as pas trop l’impression que Billie soit de ce genre là, et peut-être qu’il ne plaisantait qu’à moitié avec son costume de Wonder Woman. Pour ta part, t’es entre les deux. T’as pas besoin de déguisement pour jouer les super héros. Les muscles et la puissance, tu t’en fiches. Mais, par contre, faut pas déconner, t’es pas prêt à te déguiser en gonzesse. Mais tu es d’avis qu’en terme de déguisement, chacun fait ce qu’il veut.

Billie est plus orienté Marvel. Il semble d’ailleurs réellement intéressé par des costumes féminins. Peut-être que c’est un truc qu’il voulait depuis le départ et qu’il n’osait pas te demander. Que le fait que tu en parles sérieusement, et pas sous le couvert d’une plaisanterie, ou moquerie, l’a mis en confiance. Tu l’ignores. Lui en revanche, n’hésite pas une seconde à faire des traits d’humour sur le sujet.

«Pas fan de Mamzelle Marvel. Enfin, de son costume je veux dire. Scarlet Witch en armure, le costume est canon. Mais j’ai pas souvenir d’avoir ça. On est plutôt dans le classique. Wonder Woman, bien sûr. Oh, une année on avait un costume de Hawkgirl, il était vraiment magnifique. Bon… Ça, ça va pas être possible. Déjà c’est DC , et pas Marvel, et puis les ailes, ça va être compliqué de me les envoyer. » Tu réfléchis «Y’a pas tant de filles connues chez Marvel. Et la plupart n’ont pas vraiment des costumes si emblématiques que ça. Je veux dire, Black Widow, c’est un genre de costume d’espionne. Les X-Women c’est surtout une combinaison. Y’a Mystique qui sort du lot. Mais que ça soit Shadowcat, Jean Grey ou Tornade, le costume est plutôt classique. Emma Frost, je crois pas en avoir déjà vu, ça doit être compliqué à fabriquer un costume à l'allure de diamant. Après j’ai eu une Malicia une fois, mais c’est surtout la mèche blanche qui aide à la reconnaître.»

Tu te sens un peu con. Tu lui demandes ce qu’il veut pour après lui dire qu’en fait, ce qu’il aime ça va être compliqué.

«Tu sais quoi. J’vais venir avec toi à cette convention. On va se trouver des nouveaux costumes sympas qui matchent bien ensemble. Ça te dit ?»

Vous faites une pause sur le rangement et le nettoyage. De toute façon, tu n’as ni le cœur, ni la tête à ça. Il faudra le faire, tôt ou tard, mais tu n’es même pas encore allé au poste de police pour faire ta déposition. Tu n’as pas encore vu avec ton assurance. L’incident est tout frais de ce matin et tu sais qu’il va te falloir des jours, des semaines pour remettre de l’ordre.

Tu parles donc de costume et de comic con avec Billie. Tu te renseignes sur ce qu’il pourrait aimer poster comme costume, pour que tu puisses les ajuster à sa taille. Il est plus branché Marvel, et après quelques échanges, tu comprends qu’il pourrait être intéressé par des costumes féminin. Tu dois admettre qu’avec sa carrure, il est plus proche de la gracieuse Black Widow que de l’imposant Hulk. Mais c’est aussi ça la magie du Cosplay, et du costume. Tu peux devenir ce que tu n’es pas. Même si toi ce n’est pas ton délire, tu n’es pas opposé à ce qu’il porte ce genre de costume, le seul souci, c’est que tu as bien trop peu de costumes féminins à lui proposer. Le jeune homme te fait savoir que ça ne le dérange pas d’avoir une mèche blanche, ou la peau bleu, qu’il lui faudrait juste des lentilles ou une bombe de couleur.

«Bah, après c’est toi qui vois. Les lentilles, c'est clairement pas le truc le plus agréable. Quant aux bombes de colorants, je suis un peu plus adepte des cires de colorants pour cheveux. » Pour être honnête, tu utilises plutôt la magie pour altérer temporairement la couleur, mais ça… Tu ne peux pas le dire devant lui. «Mais si tu t’en tapes de déglinguer tes yeux et tes cheveux, fais fais. »

Tu es désolé d’avoir si peu de choses à lui proposer. Si Mystique ou Malicia étaient les premiers choix de costume pour lui, tu ne serais pas réticent, mais tu supposes que ce sont des choix par défaut, faute de mieux. Tu te proposes donc de l’accompagner, et de trouver des costumes qui vont bien ensemble. Billie te chambre sur le fait que tu te décides finalement à venir.

«Tout de suite… Déjà c’était pas un non catégorique, comme tu le sous-entends. Je comptais pas exposer, c’était une certitude, et y aller, j’étais un peu réticent, à cause de la foire à la saucisse que c’est devenu. D’ailleurs… Interdiction de choisir un costume de manga ou de film, sinon je t’étripe.»

Mais il est vrai que tu n’avais pas prévu d’y aller. Ce genre de conventions ne sont plus ce qu’elles étaient, bien qu’il y ait toujours eu des dérives. Et voir tous ces costumes hors sujet avec le thème principal, ça t’écoeure au plus haut point. Mais cette proposition te permet de surmonter le malaise que tu as de ne rien avoir de décent à lui proposer, après toutes les promesses que tu lui as faites à propos de déguisements. Tu te dis que ça te fera toujours deux costumes de plus pour ta collection, pour une autre occasion. Billie trouve tout de même ça cool que tu viennes, et il te demande quelles sont tes idées de costumes. Joker et Harley Quinn ?

«Euh… J’ai jamais parlé du Joker ou de Harley Quinn. Et puis… T’avais pas parlé de Marvel toi ? » C’est ton tour de le charrier sur ses propos. «Je suis pas fan d’incarner un vilain, mais si ça te branche… Pourquoi pas. » Tu réfléchis néanmoins à des alternatives. «Sinon, y’a Ant-man et la guêpe ? Deux des quatre fantastiques ? Thor et Loki ? »

Tu regardes le cadavre de l’ordinateur de l’autre côté de la pièce.

«Dommage que l’ordinateur soit en panne, on aurait pu trouver des idées, et peut-être les commander. » Tu calcules mentalement. «On a encore plus de deux mois pour s’organiser. On a le temps.»

Tu regardes l’heure sur ton téléphone. T’as encore le temps avant de devoir partir.

«J’ai vraiment pas envie d’aller faire cette putain de déposition. J’vais sûrement aller à Scotland Yard d’ailleurs, je sens le truc qu’un autre poste de police ne sera pas assez qualifié pour cette affaire, ou une connerie du genre.» Tu regardes Billie. «Dis donc le stagiaire, tu veux pas y aller à ma place ?»

Tu conseilles Billie comme tu peux. Les lentilles, si on peut s’en passer, c’est toujours mieux. C’est pas la chose la plus agréable à porter, surtout quand on n’a pas l’habitude. De même pour les cheveux, certains produits sont plus agressifs que d’autres. Même si c’est juste pour une fois, il vaut mieux essayer de prendre de bonnes habitudes dès le départ, parce qu’on ne sait pas ce que l’avenir réserve. Peut-être que Billie va vouloir faire d’autres conventions, autant qu’il évite d’avoir des réflexes qui ne nuiront pas à l’état de ses cheveux dès le départ. Après, tu te contentes de donner tes conseils, et ton point de vue sur le sujet mais le garçon fera ses propres choix en temps voulu. De plus, tu ne connais que l’aspect théorique du problème puisque tu as toujours utilisé la magie pour altérer la couleur de tes cheveux quand tu en avais besoin.

«Bah après, c’est toi qui vois. C’est clair que les bombes, ça a un aspect pratique, mais j’pense pas que ça soit méga sain pour les cheveux. Après une fois, deux fois… C’est pas tant un souci que ça, mais c’est si jamais tu fais d’autres conventions et que tu prends cette habitude. Pour les lentilles… C’est juste que c’est chiant, mais je vois pas d’autres alternatives.»


Tu ris face à la réponse du jeune homme quand tu menaces de l’étriper s’il se pointait à la convention en personnage de Manga.

«Ouais parce que je te voyais venir, à me proposer un duo de costumes Naruto et Susuki. »

Mais bon, il a dit qu’il s’en tiendrait aux comics. Tu doutes que ça soit vraiment ta menace qui ait eu un impact sur cette décision. Billie doit se douter que tu ne vas pas réellement le massacrer. Tu supposes qu’il veut simplement éviter de te blesser. En tout cas, il est partant pour un duo de costumes, il te propose Harley Quinn et le Joker. Tu relèves le fait qu’ils appartiennent à l’univers DC Comics et qu’il semblait, avant ça, plutôt partant pour l’univers de Marvel. Les deux personnages sont très charismatiques… à leur manière… et très appréciés dans le monde du Comics, et même de la Pop Culture en général. Il faut dire que les films des dernières années ont su les mettre en valeur. De ton côté, tu n’es pas un adepte du costume de super-vilain, mais tu peux t’en accommoder si c’est vraiment le désir du jeune homme. Après tout, tu l’empêches bien de se déguiser en Pekomon. Tu suggères néanmoins d’autres duo, de l’univers de Marvel qui te viennent à l’esprit. Ant-Man et la Guêpe n’ont pas trop la côte et leurs costume ne sont pas si intéressants, mais tu proposes au cas où. Thor et Loki, en revanche, semblent donner un coup de coeur à Billie. Tu souris quand tu l’entends s’emballer sur ta carrure pour incarner Thor et le fait qu’il aimerait être un anti-héros.

«D’accord d’accord. Je note tout ça.»

Tu regardes l’heure et tu râles sur le fait de devoir faire ta déposition. Tu penses aller à Scotland Yard, tu as peur que les autres postes de Police ne t’y envoient parce que ça dépasse leur domaine de compétence. Quitte à devoir attendre l’aval du Quartier Général pour ta déposition, autant y aller directement. Tu demandes à ton esclave de stagiaire s’il ne veut pas y aller à ta place. Il semble te prendre au sérieux, puisqu’il affirme qu’il pourrait y aller, mais qu’il risque de te causer plus d’ennuis qu’autre chose.

«Ouais t’as raison, on va éviter.»

Il suggère néanmoins de t’accompagner pour te soutenir.

«Oh mon pauvre. C’est gentil, mais j’vais pas t’infliger ça. Ça va durer des heures, et encore, c’est juste le temps d’attendre qu’on ne s’occupe de moi. » Et tu sais de quoi tu parles, ta famille bosse là-dedans. «Franchement, si tu veux perdre ton temps à faire quelque chose de chiant et inutile, vaut mieux lire des mangas, ou continuer de ranger ici.»

Billie semble prendre à coeur son rôle de stagiaire. Lorsque tu proposes de déléguer ton obligation d’aller faire une déposition au poste de police en lui demandant  d’y aller à ta place, il ne s’offusque pas plus que ça. Il serait même prêt à y aller, bien qu’il avoue lui-même que ça ne soit pas une bonne chose. En revanche, il est prêt à t’accompagner pour ne pas te laisser seul dans cette épreuve. Tu le remercies pour ta gentillesse mais tu refuses sa proposition, lui suggérant que quitte à faire quelque chose de chiant et inutile, il valait mieux lire des mangas, ou continuer de ranger.

Tes propositions ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Il ne faut pas le dire deux fois à Billie et son enthousiasme pour se défiler te fait rire. Étant donné l’heure, il se propose de partir, à moins que tu ne tiennes à ce qu’il reste déblayer pendant ton absence, au moins jusqu’à midi. Il te rappelle que tu lui dois un sandwich. Tu réfléchis. Tu as peur que le petit le prenne mal si tu le congédie, comme si tu n’avais pas confiance en lui, mais tu aurais l’impression de l’exploiter si tu le laisses bosser seul pendant ton absence.

«Comme tu le sens. Si tu te sens capable de gérer le rangement pendant mon absence, je te fais confiance. Mais c’est déjà chiant à plusieurs, alors tout seul. Je pense que le mieux c’est qu’on s’en charge la semaine prochaine. Surtout qu’on sait pas si ces sorciers vont revenir. peut-être que le Blood Cercle mettra un dispositif de protection. Bien que je pense qu’ils ont de plus grandes priorités que cette boutique.»

Pour ce qui est des mangemorts. Tu doutes qu’ils reviennent. Ils n’ont plus rien à casser. S’ils voulaient vraiment te buter, ou éliminer du non-maj, ils seraient venus en pleine journée faire un massacre. Non, ils veulent simplement t’effrayer. T'humilier. Peut-être même te forcer à quitter le pays. Mais tu ne rentreras pas dans leur jeu. Ils ne savent pas à qui ils s’en sont pris. Même si… Toi-même tu ne sais pas encore ce que tu vas faire.

«Et j’oublie pas pour le sandwich. Mais quand même, j’aurais vachement l’impression de te manquer de respect en ne te donnant pas quelque chose de plus consistant. Si tu es si sérieux que ça avec la bouffe, je suis d’avis qu’un bon gros burger serait bien mieux, mais j’veux te forcer en rien. On en reparle la semaine prochaine.»

Tu te diriges vers l’extérieur tout en parlant avec le jeune homme. Tu regardes une dernière fois l’inscription sur la devanture avant de partir.

«Si tu restes, ne touche surtout pas à ce truc. Les flics ont dit que ça pourrait être dangereux et qu’il valait mieux laisser les experts l’analyser. En tout cas, si jamais tu restes et qu'on me cherche, je serai à Scotland Yard.»

Oui, tu l’avais déjà dit, mais tu ne veux vraiment pas qu’il nettoie pour tes erreurs. C’est après toi qu’on en a et le pauvre garçon n’a pas à être mêlé à ça. Tu sors tes clés, regarde le jeune homme, puis l’entrée du magasin, les jette en l'air avant de les remettre dans ta poche.

«Vu l’état de la boutique, je suis pas vraiment sûr que tu aies besoin d’avoir les clés aujourd'hui.»