UN JOUR SANS PLUIE ENFIN! Alors, certes, ça caille, y'a des nuages partout, il fait probablement assez froid pour qu'il neige MAIS pas de pluie! C'était une belle victoire pour ce mois de février qui s'installait doucement. Et comme nous étions samedi, et que Marco ne travaillait pas, et qu'il pleuvait pas, et qu'il faisait froid, il était temps d'aller faire les boutiques, et de trouver n'importe quel prétexte pour se trouver au bar à 14h. Dans la bonne humeur ceci dit! Il était passé au Chaudron Baveur quelques jours à peine donc pensait à changer d'horizon, un peu, il n'aimait pas la routine. Evidemment il y était passé pour rentrer dans la rue, mais n'avait même pas aperçue Vicky, elle devait bosser ailleurs.

De toute façon il avait décidé de s'acheter des fringues d'abord. Il avait voulu appeler le tailleur de son père, mais ce dernier avait râler, disant qu'on pouvait pas toujours tout faire sur mesure, blablabla... Bon bah tant pis, et puis au pire il choisira un joli tisse et pis c'est tout. Il s'en fiche de toute façon il a pas besoin de son père pour être beau. Et puis au final,  chose qu'il n'avouera pas, ça lui faisait du bien de sortir. La rue était bondé, il était bientôt midi, aussi décida-t-il de s'arrêter chez un petit marchand prendre un vulgaire sandwich. C'était rare qu'il se laisse vivre aussi simplement, mais ça lui plaisait. Croquant dans son bout de pain à la viande, il se mit à contempler les allées et venus des gens. Pas de doute en revanche, c'était un des mieux lotis des sorciers qui se baladaient ce samedi, et ce sentiment de supériorité lui plu.

Une affiche attira son regard cependant. Quel était ce rose criard et pourquoi une telle ineptie colorée? Le mois de février... Il soupira. Chaque année c'était la même chose. Du rose, de l'amour, des filtres à n'en plus pouvoir... C'était chiant à mourir. Les filles seules étaient en larme ou cherchaient à vite se caser avant le jour-J, elles étaient reloues à toujours parler au lieu d'écarter les cuisses, il n'y avait que le 14 que la Saint Valentin était supportable au final: celle qui s'était faite abandonnées cherchaient à se venger de leur compagnons et c'était la fête à la partouze! Mais ces deux semaines étaient looonnnngues à attendre... Un visage familier lui apparut soudain, au coin de la rue, et le laissa tout confus, planté comme un piquet avec son sandwich. Les neurones tâchèrent de bouger, et réussirent enfin à s'activer au bout de quelques secondes de combat acharné. Il jeta son sandwich à un clochard qui traînait là et tâcha de traverser la foule.

Où était-elle? Est-ce que c'était elle au moins? Vraiment? Combien de temps cela faisait-il? Elle ne devait pas être arrivée depuis longtemps... Bon, il était logique qu'elle ai suivi ses cousins, au final. Mais quelles étaient les chances pour qu'il la croise? Un mec gueulait et tâchait de vendre ses fleurs. Marco lui arracha un bouquet et lui jeta trois mornilles, il n'avait aucune idée du prix mais s'en foutait, il n'avait vraiment pas le temps! Après quelques minutes de recherches acharnées, il la revit. Elle était de dos mais il était sûr que c'était elle. D'un pas sûr il s'avança vers elle, bouquet en avant. Oui, pour la Saint Valentin, c'était elle qu'il allait avoir, il en était sûr! Depuis des années qu'il la voulait, il était temps, il était plus que prêt, et elle était sur son terrain désormais!

Beckie ma jolie! Je ne pensais pas te revoir un jour! Joyeuse fête, ma douce! Enfin, quelques jours à l'avance, mais tu me connais avec les dates... Ne chipotons pas.

Il lui fit un grand sourire, qui s'effaça quelque peu lorsqu'elle se retourna enfin. Était-ce vraiment elle?

Le sourire de Melchione s'effaça totalement lorsqu'il entendit de l'italien derrière lui. Pas de doute oui, ça venait de derrière... La blondinette à laquelle il faisait face le regardait, à la fois étonnée et flattée apparemment. Ouais elle était blonde ouais, et petite un peu aussi... Boooonnnn de dos de loin c'était pareil... Non? Alors qu'elle s'apprêtait apparemment à dire quelque chose, il lui jeta un regard de dédain et fit volte-face, sans même lui expliquer la situation, pour se planter devant Rebekah. Là il la reconnaissait bien! Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait pas vue, elle aussi. Rah ces petits cachottiers de Zabinis, ils auraient pu le prévenir! Le doux sourire charmeur de Marcello revint sur son visage, tandis que le gros bouquet de fleur les séparaient et laisser échapper Rebekah  à un baiser volé. Tout contre elle, il lui susurra doucement.

Mia bella, tu connais mon humour! Je ne te confondrais pour rien au monde avec personne. Tu as conquis mon coeur et c'est lui qui cherche à te voir partout. Il t'avait sentit tout près de moi...

Il ne s'était jamais donné autant de mal à baratiner qu'avec Rebekah, il était vrai. Leur pari, leur jeu, était tellement ancré dans sa chaire qu'on aurait même pu croire au vrai amour. Mais l'évidence était là: si tôt qu'il l'aurait eu, il ne la voudrait plus. Il le savait et s'en foutait royalement, puisqu'il désirait l'avoir quand-même. Gagner, surtout gagner... Peut-être elle avec le temps avait-elle oublié? Peut-être que la vieillesse réduisait ses conquêtes, et qu'elle aurait besoin de réconfort? Était-elle devenue plus sensible? D'une main, il sortit un bouton de rose du bouquet pour la mettre dans ses cheveux de blé. Sa main descendit ensuite doucement caresser sa joue, et ses yeux demandèrent un baiser. Il n'avait encore jamais réussi à l'embrasser... L'effet de surprise serait parfait!

Tout d'un coup un éclat de voix retentit et il soupira avant de relever la tête, que se passait-il? Il vit l'autre blondasse qu'était pas Rebekah, en larme, précédée par un colosse au moins mi-humain mi-troll.

Eh gros con! Qu'est-ce que t'as dit à ma sœur?

Marco fronça les sourcils et reposa les yeux sur la fausse italienne. Il était vrai que maintenant qu'il le disait, elle n'était pas tellement vieille et super mature, voire quasiment pas majeur, et il espérait vraiment que son âge à lui ne se voyait pas trop, se remerciant intérieurement d'avoir toujours pris soin de sa peau pour qu'elle soit lisse et douce. Peau douce ou pas, il fallait maintenant faire face aux conséquences de ses actes... Ignorant superbement Rebekah dans tout ce qu'elle pouvait vouloir dire ou faire, il lui tourna le dos et se positionna contre elle de façon à la protéger. Il sortit sa baguette de façon menaçante, et alors que plusieurs personnes s'exclamèrent et que certains commencèrent à former un cercle autour des deux protagonistes, il jeta un sort et des milliers de pétales de roses apparurent de nul part former un mur. [fin?] Le frère en colère y mit feu, et lorsque l'écran disparut, il n'y avait plus ni trace de Melchione ou de sa douce. Certains enfants applaudirent le spectacle.

A quelques boutiques de là, ayant fendu la foule, la main cramponnée à celle de Becky, Marcello reprenait son souffle. Il y avait tellement de monde que le vieux colosse ne les retrouverait pas de sitôt. Il n'avait pas préféré transplané avec une Rebekah non conciliante, s'agirait de pas la désartibuler au passage. Il jeta un coup d'oeil aux alentours mais tout le monde semblait se fiche d'eux dans ce coin de la rue, il se retourna alors vers Rebekah, repositionnant le bouquet entre eux.

Où en étions-nous poupée?

Du "bouquet" restait quelques misérables feuilles déchirée, et un oiseau en papier ensorcelé qui ne volait même plus, comme traumatisé par l'incident. Il essaya de sourire pour masquer les dégats.

Il éclata de rire, renversant la tête en arrière, posant ses mains dans le creux des reins de la blondinette. Lorsqu'il reprit contenance, toujours souriant, il replongea ses yeux dans les siens avant de déclarer solennellement:

C'est un compliment tu sais, une douce peau aussi belle que la tienne, de grands yeux bleus tels que les tiens, tu ne peux être réelle... Mais soit, dolce metà, je ne voudrais pas que ma bouche soit souillée si elle doit te toucher...

Il tâcha d'approcher ses lèvres des siennes, mais avant d'être trop près se redressa pour la lâcher, lui pris la main et en baisa le dos.

Mais avant tout ça, nous avons des choses à nous raconter, de nombreuses années sont passées après tout!

Il lui sourit avant de regarder autour de lui, trouver un endroit où se poser seuls tous les deux. A quelques mètres, dans la ruelle, se trouvait une petite enseigne aux couleurs vivaces, peut-être même trop criardes. Du blancs, du rose, du bleu, tout dans des tons pastels. C’était immonde, ça croulait de mièvrerie, c’était parfait, juste parfait. Ils s’assirent à même la rue, dans ce que le commerçant pouvait appeler une terrasse, mais qui n’était pas tant coupés des passants. Cependant, la rangée de table vide qui séparait la leur suffisait à leur donner un peu d’intimité. Qu’était donc l’intérêt de gagner un pari si il n’y avait pas de public pour le voir? Il aurait même pu appeler les journalistes si il avait pu, juste pour que leur premier baiser soit publié dans la gazette et visible par toute l’Angleterre sorcière. Et si les Zab lisaient la Gazette, ce serait le jackpot, imaginez qu’ils sachent que leur cousine chérie flirtait avec lui! Oh oui ce serait si bon. Hélas, il savait aussi que trop de monde risquait de faire fuir la blondinette. Déjà, le café blanc cucul la praline là, c’était un bon petit début de foutage de gueule. Mais il n’avait pas pu résister, il voulait que leur date soit parfait… Parfaitement niais.

Une serveuse se dirigea vers lui, elle portait un énorme noeud rose pâle derrière sa robe verte pâle, elle se fondait parfaitement dans le décor de la manière la plus ignoble qui soit. Elle avait des joues rondes et un air ravi d’avoir des clients, ce qui se devait d’être rare au vu de ses goûts… Sérieusement, qui pouvait prétendre inviter quelqu’un qu’il aime ici? Mais Marco ne tiqua pas et s’enquit de la carte proposée pour de… Jolies retrouvailles. Alors la jeune femme toute ravie de cette belle histoire qui s’annoncer se précipita en cuisine leur préparer son doux thé fleuri: un thé à la violette accompagné de sirop de rose et de crêpes au sucre parfumées de coquelicot. C’était la parfaite petite touche frenchie qui s’ajoutait à cet amas de romantisme écœurant. C’était juste parfait. Le temps que Madame Ladodue leur prépara tout ça, Marco saisit les mains de sa douce et lui demanda avec douceur:

Alors ma chérie, raconte-moi, que viens-tu faire ici? J’espère que tu as laissé derrière toi ces vilains de la mafia, ce n’est pas quelque chose de bon pour une perle si rare… Tu devrais te trouver un endroit calme tu sais. Je te protégerais, ne t’en fais pas.


Il lui sourit d’un air compatissant. En vérité, il savait que pour rien au monde Rebekah ne lâcherait sa famille. Ce qui était le B.A.BA d’une mafieuse, après tout… Et, franchement, elle n’était vraiment pas du genre à être fragile, cela se voyait dès qu’on croisait son regard. Mais un gentleman ne se devait-il pas de toujours sous-estimer sa moitié? Qu’était-ce qu’un homme si il n’avait pas de femme faible pour l’aider à briller?

Voir la tête de Rebecca lui donnait un sourire absolument éblouissant. Le décor était parfaitement le contraire de la blondinette, il le savait, et qu'est-ce qu'il se retenait de rire, tout du long ! Lorsqu'elle parla des autres, il répondit en fouettant l'air de sa main, comme pour effacer les mots qui avaient été dits, tellement ils étaient absurdes.

Allons amor, tu es unique à mes yeux, je ne te traiterais pas comme elles.

C'était bien vrai. Jamais il n'aurait envie d'être ridicule devant quelques d'autre que Rebekah . Parce qu'en plus d'être une cible de choix, c'était aussi une amie de longue date, qui le connaissait très bien. Enfin… Les années avaient certes passées, mais il ne pensait pas avoir tant changé que ça. Même pas tant grandi, son âme d'enfant était toujours bien présente… Un enfant certes… Un peu trop dérangé. Quels enfants buvaient, baisaient, et tuaient autant que lui ? On pouvait espérer aucun, la vraie réponse étant sûrement : très peu. Tout de même.

Alors qu'il se moquait d'elle, la voir remonter ses manches lui fit voir trouble. La rose, le serpent… C'était évident, bien sûr, mais il y avait tout de même bien longtemps qu'il n'avait pas vu ce tatouage, ce signe apposé sur la peau. Le sien avait même été recouvert … Il ne l'avait pas gardé bien longtemps.  L'Augurey qui le recouvrait désormais le frustrait quelque peu. Il n'avait pour l'instant pas fait grand-chose pour les Mangemorts et n'avait aucune envie de s'afficher en tant que telle jusqu'à ce que le temps soit venu, et qu'ils soient en position de pouvoir. Sans être un couard… Ouais non si. Marcello était totalement un gros lâche qui ne se rangerait que du côté des plus forts. Tout compte fait le serpent lui allait bien à l'époque… Mais son père en avait décidé autrement, alors il en serait ainsi. Mais, même en face de Rebekah, il ne remonterait pas ses manches, lui. Il regarda la rose de Behky quelques instants avant de soupire, souriant.

On ne te refera pas hein ! Je n'en suis pas tant étonné, ceci dit. Même si je sais que tu ne seras pas facile, je pense bien qu'une petite maisonnette au soleil te plairait, non ? Enfin avec moi...

Il lui fit un clin d'oeil appuyé au moment où les mets arrivèrent sur la table, clôturant leur conversation, du moins à ce sujet. Le regard renfrogné de la belle italienne le fit glousser, quel capricieuse dis-donc ! Cependant sa réflexion le laissa surpris, qu'avait-elle ? En quoi pouvait-elle être triste actuellement, certes le service n'était pas fameux, ni la nourriture, ni l'odeur, ni la déco, mais tout de même, il n'y avait pas de quoi pleurer ! Il saisit au vol la main de Rebekah alors qu'elle allait l'éloigner de la sienne et d'un regard moqueur, lançant sur le ton de l'humour :

Allons, c'est si terrible que ça ? Je ne pensais qu'on te maltraiterait là-bas, je croyais le patron chouette, Anto...

Tout son corps se figea, son expression taquine resta plantée sur son visage, telle une statue de cire prise en flagrant délit de… Connerie, sûrement. C'était le cas, et il s'en était rendu compte un poil trop tard. En prononçant le mot Antonio, il ne put s'empêcher de penser à son père, bien que lui ne l'appelaient pas comme ça. Et pensant à son père, et son prénom, il ne put se rappeler que de la scène qu'il avait eu quelques semaines plus tôt. Antonio, qui semblait bien satisfait ce jour-là. A l'interrogation de son cher fils, il s'était esclaffé en expliquant qu'il avait éliminé un rival : un rival de prénom ! Il ne pouvait y avoir qu'un seul Antonio, ici. Du moins un seul qui soit relié à la Cosa Nostra.  Et un Antonio tenancier de bar… Non, il était hors de question que son nom soit sali comme ça !

Le père de Marco pouvait être un salaud. Il n'y avait aucun doute sur le fait que le fils tienne ses démons de lui. Il était intéressant de se demander si il n'avait jamais ressenti quoi que ce soit. De la fierté, peut-être, sûrement, surtout… Du reste, c'était compliqué à démêler. Pouvait-on se consoler en se disant que la fierté est une forme d'amour ? Peut-être. Il fallait que cela suffise en tout cas. Marco avait depuis petit cessé de se poser la question, c'était tellement inhérent à son fonctionnement qu'il n'y pensait même plus. Il avait également calqué le comportement de son père et n'éprouvait rarement quoi que ce soit d'autre que du plaisir, et de la fierté. Un enfant en manque d'attention.

Présentement, il ne voulait pas tant d'attention. Il aurait aimé revenir en arrière, le jeu était moins drôle lorsque l'on avait affaire à une demoiselle endeuillée. Il avait horreur des trop plein de sentiments. Une question cependant se posait ici : savait-elle ? La Cosa Nostra savait-elle que le père Melchione était commanditaire de cette attaque ? Il devrait sans doute lui mentir. Ou sans doute pas. Les instructions n'étaient pas claires à ce sujet, Antonio Melchione voulait-il que son meurtre se sache ? Ou voulait-il les voir mariner ? Que faire ? Il commença par lâcher doucement la main de Rebekah et laissa le silence s'installer, tout d'abord doux, respectueux. Puis il le sentit de plus en plus pesant. Il prit la tasse de thé dans ses mains et en bu une gorgée. C'était brûlant, et par Merlin, beaucoup trop fleuri. Il regardait ça et là, dans la rue, les passants, les oiseaux qui volaient -principalement des pigeons, c'était le centre de Londres hein – ou les plis des petits napperons sur la table. Parfois, son regard passait furtivement sur la blondinette et il pinçait les lèvres, ne sachant absolument pas quoi dire sur le sujet. Au bout de ce qui lui parut une éternité , il se racla la gorge avant de murmurer :

J'ai appris. Désolé.

Il plongea encore ses yeux dans les siens, mais ne put soutenir son regard plus longtemps, il ne savait vraiment pas quoi faire de la tristesse, c'était hors de sa portée. Ses yeux se posèrent sur un flyer, sur la table d'à côté. Foire annuelle de Regent's Park. Très moldu tout ceci, mais cela pourrait désamorcer la bombe qu'il venait de laisser tomber à leurs pieds. Il ne savait pas si elle serait vraiment d'humeur, mais cela valait-il le coup ? Il saisit le prospectus et le lui tendit.

Une barbapapa?